Dictionnaire national et anecdotique par M. De l’Épithète/COCARDE NATIONALE

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COCARDE NATIONALE : c’est la livrée de notre liberté ; elle a eu lieu, on l’arbora le jour même que le prince Lambesc osa ensanglanter le palais de son roi ; elle devint le signal de la fraternité patriote, & distingua les bons citoyens des aristocrates qui tramoient notre perte.

Cette cocarde a varié ; elle a été verte 48 heures : mais on foula bientôt cette couleur aux pieds, quand on s’apperçut que les hussards qui poursuivoient nos citoyens dans la plaine de Mont-Rouge & du côté de Saint-Cloud portoient des habits verds, & qu’elle étoit la couleur de nos plus cruels ennemis. On prit celles de la ville de Paris, blanc, bleu & aurore ; à cette derniere on substitua la rouge ; mais à la promulgation de la loi martiale on reprit l’aurore que la couleur du feu a remplacée. Toutes ces cocardes se fabriquoient ordinairement à Paris. Cependant vers le mois d’Octobre, quelques militaires entreprirent d’en élever une manufacture à Versailles ; comme les couleurs n’étoient pas absolument patriotiques, les dames de Paris, non les marchandes de modes, mais les dames dites de la halle, allerent saisir la manufacture. Depuis, Paris est seul resté en possession de faire nos cocardes ; & nous prévenons les gens de provinces que ce sont les bonnes, que Versailles le titre à présent de Paris, parce que les manufacturiers sont parties pour l’étranger.