Dictionnaire national et anecdotique par M. De l’Épithète/DÉCRETER

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DÉCRETER : dans l’ancien régime c’étoit par les divans, qu’on appelloit en Europe cours souveraines, rendre les fetfa dont nous venons de parler, & qui souvent portoient la peine du cordon[1]. Jean-Jacques, dont l’auguste assemblée nationale invoque souvent le témoignage, Jean-Jacque, vous aussi fûtes décrété sur un requisitoire ; vous ne vouliez point fuir & vous aviez eu tort. 1°. Vous auriez déshonoté la cour qui vous eût fait prendre. 2°. Si vous eussiez été pendu, la lettre à Christophe n’eût point été écrite, la postérité eût eu un chef-d’œuvre de moins, & Christophe une leçon ; nous n’eussions point eu une définition rigoureuse du mot Mandement, car l’épigramme de Piron n’est pas une définition.

Décréter : dans le nouveau régime, c’est rendre un décret ; l’assemblée nationale a seule ce droit : cet axiome vient d’être adopté par la nation.

Les loix que font les représentans de la commune & les districts même, ne sont que des arrêtés ; aussi pour parler juste, on dire, l’assemblée nationale décret, & les districts arrêtent.

  1. L’auteur du dictionnaire national est un peu néologue, & nous aurions retranché le mot fetfa, qui signifie décret rendu par le grand-seigneur, si nous travaillons selon l’ancien régime des littérateurs, où faire l’édition d’un auteur étoit le défigurer. Note de l’éditeur.