Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française/Acte

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ACTE. s. m. (en lat. actum, d’agere, faire. agir). Il signifie, Accomplissement d’un fait quelconque, effet résultant de l’action d’un agent, opération de la volonté. Acte volontaire, instinctif, instantané, réfléchi. L’habitude ne se forme que par des actes réitérés et presque continuels. (D’Aguess.) Tous les actes de l’entendement qui nous portent à Dieu nous élèvent au-dessus de nous-mêmes. (J.-J. Rouss.)

— Morale. Il se dit de toutes les actions bonnes ou mauvaises. Un acte vertueux, louable, blâmable, coupable, perfide, etc. Un acte de vertu de piété de générosité, de justice, de grandeur d’âme de prudence, de courage, de scélératesse, de perfidie, d’ingratitude, de perversité, etc. Elles suppliaient Oswald de laisser brûler les juifs, avec autant d’éloquence et de douceur que si elles avaient demandé un acte de clémence. (Mme de Staël.) On voit dans le monde beaucoup d’actes d’ostentation, et fort peu de libéralité. (S. Dubay.)

— Il se dit également de diverses actions considérées par rapport à leurs conséquences, à leurs résultats avantageux ou nuisibles. L’acte le plus important de la vie. Réfléchir à l’acte qu’on va faire. Consommer un acte. Etre responsable de ses actes. Les actes de son administration, de sa gestion.

— Preuve, manifestation, témoignage. Faire acte de démence. Faire acte de soumission.

Faire acte de complaisance. Faire par complaisance une chose à laquelle on n’est pas tenu.

Faire acte de bonne volonté. Essayer une chose pour acquit de conscience, sans espérer de succès. Acte hostile ou d’hostilité. Agression entreprise par un parti ennemi.

Acte d’autorité. Action par laquelle on manifeste son autorité. Il se dit d’un particulier aussi bien que d’un pouvoir établi.

Acte arbitrage. Acte de l’autorité, sans égard pour la loi ou la justice naturelle. Les actes d’autorité relèvent un gouvernement les actes arbitraires le ruinent. (Raym.)

Faire acte de présence. Se présenter dans un lieu où les convenances vous appellent.

— Relig. Il se dit de l’action de recevoir les sacrements. S’il n’y a pas dans le premier acte de la vie chrétienne (le baptême ) un mélange divin de théologie et de morale, rien ne sera jamais divin en religion. (Chateaub.) Il exprime plus particulièrement les mouvements intérieurs de l’âme chrétienne manifestés par la prière. Un acte de foi. Un acte de contrition. Un acte d’humanité. || Il se dit aussi des différentes formules de prières. Ce livre contient des actes d’espérance et de charité.

Acte pur. Théolog. dogm. C’est ainsi que les théologiens appellent Dieu, quand ils le considèrent sous le point de vue de l’acte divin, acte simple, éternel et inséparable de l’essence divine.

– Se prend dans le sens particulier de ce qui est réellement, par opposition à ce qui est seulement possible. De l’eau liquide est de l’eau en acte ; elle est en puissance de l’hydrogène et de l’oxygène, c’est-à-dire qu’elle peut se transformer en ces deux gaz.

— Jurispr. Preuve écrite d’un fait, d’une obligation ou d’une convention. Dans le langage de la loi, ce mot reçoit une double acception : tantôt il est pris pour l’écrit constatant un fait quelconque ; tantôt il est pris pour le fait lui-même. C’est dans ce dernier sens qu’on dit faire acte d’héritier, c’est-à-dire, disposer des biens d’une succession en qualité d’héritier. Il ne faut pas confondre l’acte avec le titre. Celui qui a acheté par écrit, mais de mauvaise foi, le fonds d’autrui, a bien un acte, mais il n’a pas de titre son acte ne signifie rien, du moins quant au propriétaire. (Durant.) Passer un acte. Signer un acte. Faire un acte. Clauses, formule, teneur d’un acte.

Acte administratif. Arrêté, décision de l’autorité administrative ; action, fait d’un administrateur qui a rapport à ses fonctions.

Acte authentique. Celui qui émane de divers fonctionnaires publics, qui a été fait dans l’exercice de leurs fonctions, et qui se trouve dans le cercle de leurs attributions. Tels sont : 1re les actes du pouvoir législatif ; 2e les actes de l’autorité administrative ; 3e les actes judiciaires ; 4e les actes notariés.

Actes capitulaires. Ceux faits dans les chapitres et communautés religieuses.

Acte d’accusation. C’est l’exposé du fait imputé à un accusé et des circonstances qui le rendent criminel.

Actes d’avoué à avoué. Ce sont ceux que les avoués se signifient dans le cours d’une instance.

Actes de l’état civil. Ceux destinés à constater les naissances, adoptions, reconnaissances d’enfants, mariages et décès.

Acte de notoriété. Attestation d’un fait par deux ou plusieurs personnes, constatée par un officier public.

Acte de dernière volonté. Se dit quelquefois d’un testament. Acte double. Acte public ou privé, dont on a fait deux originaux semblables.

Acte en brevet. Celui dont il ne reste pas de minute et qu’on délivre en original.

Actes légitimes. On appelait ainsi en droit romain les actes solennels qui ne pouvaient être faits qu’avec certaines formules.

Acte privé ou sous seing-privé. Ecrit passé ou souscrit sans l’intervention d’un officier public.

Acte de procédure. Celui qui est fait pour l’instruction d’un procès.

Acte public. Celui qui émane d’une autorité publique ou est reçu, par un fonctionnaire ayant qualité à cet effet.

Acte récognitif. Celui par lequel un individu reconnait l’existence d’un titre.

Acte respectueux. Celui par lequel un fils âgé de plus de 25 ans, ou une fille âgée de plus de 21 ans, demande pour se marier le conseil de ses père et mère ou autres ascendants.

— Le mot acte se dit aussi d’une déclaration faite devant un tribunal, soit spontanément, soit d’après l’ordre de la justice, et dont on a constaté l’existence. Demander acte. Prendre acte. On lui a donné acte de sa plainte. Acte de désaveu.

— Dans le langage ordinaire, prendre acte de la déclaration, de l’aveu de quelqu’un, c’est déclarer qu’on se prévaudra, dans l’occasion, de la déclaration, de l’aveu qu’il vient de faire.

— Prov. et fig. Je prends acte de ma diligence, de mon exactitude, c’est-à-dire, je suis bien aise que l’on reconnaisse que je suis arrivé des premiers au rendez-vous.

— Il se dit en outre, surtout au pluriel, des décisions, des mesures prises par l’autorité publique. Les actes de l’autorité. Les actes du sénat. Censurer les actes du gouvernement. Actes d’amnistie. On ne gouverne point par des demi-mesures une nation éclairée il faut de la force, de la suite et de l’unité dans tous les actes publics. (Napol.)

— Il se dit aussi des journaux ou mémoires publiés par quelques sociétés savantes. Les actes de la Société de Leipsick.

— Diplom. Dans le langage diplomatique, on nomme actes, les documents réunis dans une chancellerie, les procès-verbaux d’une négociation, les pièces officielles dans lesquelles sont consignées les stipulations résultant de cette négociation.

Acte de proclamation. Acte en vertu duquel les autorités reçoivent le droit d’interdire et de disperser toutes reunions et assemblées illégales ou dangereuses.

Acte d’insurrection. Acte qui, comme le précédent, constitue une espèce d’état de siège.

Actes de la foi. V. auto-da-fé.

Acte additionnel. Hist. polit. Nom donné à une série d’articles par lesquels Napoléon, dans les cent-jours, voulut compléter la constitution de l’empire. Il les présenta le 22 avril 1815 à l’acceptation des Français.

Actes humains. Théol. mor. Ceux que l’homme fait avec réflexion et de propos délibéré. On les divise en naturels et surnaturels, selon qu’ils ont un motif puisé dans la nature, ou qui se rapporte à la révélation.

Actes des apôtres. Livre du Nouveau-Testament où sont racontées les principales actions des apôtres et l’histoire de l’église primitive à partir de l’ascension du Sauveur, l’an 32, jusqu’à l’arrivée de St Paul à Rome, l’an 65, sous Néron.


— On a nommé Actes des apôtres, 1° une pièce de théâtre, représentée anciennement par les confrères de la Passion et conservés jusqu’à nos jours ; 2° un journal contre-révolutionnaire, publié par Rivarol, Bernasse, etc., et interrompu par ordre de Louis XVI.

Actes de Pilate. Actes du procès de Jésus-Christ envoyés à l’empereur Tibère et lus par son ordre dans tout l’empire.

Acte de baptême. Certificat qui constate la réception du baptême.

Actes du consistoire. Déclarations du conseil d’état des empereurs romains.

Acte constitutionnel. Constitution française publiée en 1793 par la Convention nationale.

— Hist. rom. Actes diurnes ou quotidiens, que César substitua aux grandes annales. V. acta diurna.

Actes du peuple. Ceux qui annonçaient les naissances, les mariages, les décès, les jugements, les condamnations, les comices, etc. ; ils différaient des annales ou des fastes, dans lesquels on n’inscrivait que ce qu’ils avait d’important et de glorieux. On disait dans le même sens, actes urbains, actes des affaires urbaines.

Jurer sur les actes de l’empereur, lui prêter serment de fidélité. Du temps de la république, on jurait sur les lois.

acte, ou acte simple. Ant. rom. Mesure géodésique de 120 pieds romains, ou mètres.

Acte carré. Moitié du jugerum, évalué par Ideler à mètres carrés 1257,53.

Acte double. V. jugerum.

— Musiq. Acte de cadence. Mouvement dans une des parties, et surtout dans la basse, qui force toutes les autres parties de concourir à former une cadence ou à l’éviter.

— Art dram. L’une des parties principales dans lesquelles se divise une pièce de théâtre. Une pièce en cinq actes, en trois actes, en un acte. Les actes se divisent en scènes. Les anciens avaient imposé au poète dramatique l’obligation de partager son œuvre en cinq actes. Et chaque acte en sa pièce est une pièce entière. (Boil.) On ne peut guère finir un acte d’une manière plus grande et plus tragique. (Volt.) Cette scène soutient le cinquième acte qui est assez languissant. (Id.)