Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Anneau de Saturne

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Éd. Garnier - Tome 17
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ANNEAU DE SATURNE[1].

Ce phénomène étonnant, mais pas plus étonnant que les autres, ce corps solide et lumineux qui entoure la planète de Saturne, qui l’éclaire et qui en est éclairé, soit par la faible réflexion des rayons solaires, soit par quelque cause inconnue, était autrefois une mer, à ce que prétend un rêveur qui se disait philosophe[2]. Cette mer, selon lui, s’est endurcie ; elle est devenue terre ou rocher ; elle gravitait jadis vers deux centres, et ne gravite plus aujourd’hui que vers un seul.

Comme vous y allez, mon rêveur ! comme vous métamorphosez l’eau en rocher ! Ovide n’était rien auprès de vous. Quel merveilleux pouvoir vous avez sur la nature ! cette imagination ne dément pas vos autres idées, démangeaison de dire des choses nouvelles ! ô fureur des systèmes ! ô folies de l’esprit humain ! si on a parlé dans le grand Dictionnaire encyclopédique de cette rêverie, c’est sans doute pour en faire sentir l’énorme ridicule ; sans quoi les autres nations seraient en droit de dire : Voilà l’usage que font les Français des découvertes des autres peuples ! Huygens découvrit l’anneau de Saturne, il en calcula les apparences. Hooke et Flamsteed les ont calculées comme lui. Un Français a découvert que ce corps solide avait été un océan circulaire, et ce Français n’est pas Cyrano de Bergerac.


  1. Questions sur l’Encyclopédie, première partie. 1770. (B.)
  2. Maupertuis. (Note de Voltaire.)


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