Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Jéova

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Éd. Garnier - Tome 19
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JÉOVA[1].

Jéova, ancien nom de Dieu. Aucun peuple n’a jamais prononcé Geova, comme font les seuls Français ; ils disaient Iëvo : c’est ainsi que vous le trouvez écrit dans Sanchoniathon, cité par Eusèbe, Prép., liv. X ; dans Diodore, liv. II ; dans Macrobe, Sat., liv. Ier, etc. ; toutes les nations ont prononcé ïe, et non pas g. C’est du nom des quatre voyelles, i, e, o, u, que se forma ce nom sacré dans l’Orient. Les uns prononçaient ïe oh a, en aspirant : ï, e, o, va ; les autres, yeaou. Il fallait toujours quatre lettres, quoique nous en mettions ici cinq, faute de pouvoir exprimer ces quatre caractères.

Nous avons déjà observé[2] que, selon Clément d’Alexandrie, en saisissant la vraie prononciation de ce nom, on pouvait donner la mort à un homme : Clément en rapporte un exemple.

Longtemps avant Moïse, Seth avait prononcé le nom de Jeova, comme il est dit dans la Genèse, chapitre iv ; et même, selon l’hébreu, Seth s’appela Jeova. Abraham fit serment au roi de Sodome par Jeova, chapitre xiv, v. 22.

Du mot ïova les Latins firent iov, Jovis, Jovispiter, Jupiter. Dans le buisson, l’Éternel dit à Moïse : « Mon nom est Ioüa. » Dans les ordres qu’il lui donna pour la cour de Pharaon, il lui dit : « J’apparus à Abraham, Isaac et Jacob, dans le Dieu puissant, et je ne leur révélai point mon nom Adonaï, et je fis un pacte avec eux[3]. »

Les Juifs ne prononcent point ce nom depuis longtemps. Il était commun aux Phéniciens et aux Égyptiens. Il signifiait ce qui est ; et de là vient probablement l’inscription d’Isis : « Je suis tout ce qui est. »



  1. Questions sur l’Encyclopédie, neuvième partie, 1772. (B.)
  2. Dans le chapitre v de l’Examen important de milord Bolingbroke (voyez les Mélanges, année 1767). (B.)
  3. Exode, chapitre vi, v. 3. (Note de Voltaire.)


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Jéova

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