Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Table

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Éd. Garnier - Tome 20
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TABLE.

Table, s. f. ; terme très-étendu qui a plusieurs significations.

Table à manger, table de jeu, table à écrire. Première table, seconde table, table du commun. Table de buffet, table d’hôte, où l’on mange à tant par repas ; bonne table, table réglée, table ouverte ; être à table, se mettre à table, sortir de table. Table brisée, table ronde, ovale, longue, carrée. Courir les tables (en style familier) se dit des parasites ; bénir la table, c’est-à-dire faire une prière avant le repas. Tomber sous la table, dernier effet de l’ivresse. Propos de table, traits de gaieté et de familiarité qui échappent dans un repas.

Table de nuit, inventée en 1717 ; meuble commode qu’on place auprès d’un lit, et sur lequel se placent plusieurs ustensiles.

Table à tiroir : mettre papiers sur table. Table d’un instrument de musique, comme luth, clavecin : c’est la partie sur laquelle posent les cordes ou les touches.

Table de verre, signifie le verre plat qui n’a point été souillé, et qui n’est pas encore employé.

Table de plomb, de cuivre : plaque de plomb et de cuivre d’une étendue un peu considérable.

Table de la loi, la loi des douze tables chez les Romains, les deux tables de la loi chez les Hébreux. On ne dit point la loi des deux tables.

Table d’autel, dans laquelle on encastre la pierre bénite sur laquelle le prêtre pose le calice. Sainte table, c’est l’autel même sur lequel le prêtre prend les pains enchantés[1] avec lesquels il va donner la communion. Approcher de la sainte table, communier. On ne dit pas se mettre à la sainte table.

Table isiaque ou table du soleil. C’est une grande plaque de cuivre qu’on regarde comme un des plus précieux monuments de l’ancienne Égypte ; elle est couverte d’hiéroglyphes gravés. Ce monument, qui vient de la maison de Gonzague, est conservé à Turin.

Table ronde (chevaliers de la Table ronde), imaginée pour éviter les disputes pour la préséance, et dont les romans ont attribué l’invention à un roi fabuleux d’Angleterre, nommé Artus.

Table pythagorique, ou de multiplication des nombres les uns par les autres.

Table en mathématique, suite de nombres rangés suivant certain ordre propre à faire retrouver l’un de ces nombres dont on a besoin.

Tables d’astronomie, ou calcul des mouvements célestes.

On a les tables Alfonsines, les tables Rodolphines, ainsi nommées parce qu’on les a faites pour ces deux monarques.

Table des sinus, des tangentes, des logarithmes.

Tables généalogiques, plus communément nommées arbres.

La table d’un livre, c’est-à-dire liste alphabétique ou des noms, ou des matières, ou des chapitres.

Table d’attente en architecture : c’est d’ordinaire un bossage pour recevoir une inscription.

Table de trictrac.

Toutes tables, jeu différent du trictrac ordinaire.

Table de diamant : le diamant est taillé en table quand sa surface est plate, et les côtés à biseaux.

Les deux parties osseuses qui composent le crâne sont appelées tables.

Les trumeaux, cartouches, panneaux, en architecture, prennent aussi le nom de table.

Table de crépi, table en saillie, table couronnée, table fouillée, table rustique.

Table de marbre. L’une des plus anciennes juridictions du royaume, partagée en trois tribunaux : celui du connétable, à présent des maréchaux de France ; celui de l’amiral ; et celui du grand-forestier, qui est aujourd’hui représenté par le grand-maître des eaux et forêts. Cette juridiction est ainsi nommée d’une longue table de marbre sur laquelle les vassaux étaient tenus d’apporter leurs redevances ; chaque seigneur avait une table pareille, et les mots de table, domaine, justice, étaient presque synonymes ; réunir à sa table était réunir à son domaine.

Table rase. Expression empruntée de la toile des peintres avant qu’ils y aient appliqué leurs couleurs : l’esprit d’un enfant est une table rase sur laquelle les préjugés n’ont encore rien imprimé.



  1. L’Académie et Richelet disent pains à chanter. Il est assez singulier que Voltaire emploie ici l’expression de pain enchanté, expression qu’il blâme dans sa lettre à Duclos, du 12 juillet 1761.


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