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Dictionnaire portatif de peinture, sculpture et gravure/CINNABRE

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CINNABRE : on en trouve de deux eſpeces chez les Marchands, l’un naturel, & l’autre artificiel. Le premier eſt une ſubſtance minérale rouge, très-peſante, ſans figure déterminée, quand on le briſe ; ſon extérieur paroît grainé, ſtrié ou formé en aiguilles d’un grisâtre argenté. Plus il eſt pur, plus il reſſemble à la pierre hématie d’un rouge brun-pourpre : il n’acquiert la rougeur du vermillon, que par la tritutation. On le trouve, ſuivant M. Henckel, dans le quartz, le ſpath, le mica, la pierre calcaire, le grès, la mine de fer, la mine de plomb en cubes ou galene, la blende, la mine de cuivre, & dans les mines d’or & d’argent.

Le cinnabre artificiel eſt un mélange de mercure & de ſouphre ſublimés enſemble par le feu. On le trouve en poudre & en morceaux : il faut préférer celui-ci, parce qu’on falſifie ſouvent l’autre avec du minium. On le tire de Veniſe, d’Angleterre & de la Hollande. Stahl (Fundam. Chym. T. i. art. i. cap. i. de Sulphur. regni min ; §. 12.) donne la maniere ſuivante de le faire. Mettez une partie de ſoufre en poudre dans un creuſet ſur un feu doux : lorſqu’il ſera fondu, & qu’il fumera, jettez-y quatre parties de bon mercure, & remuez bien le mélange juſqu’à ce qu’il ſe réduiſe en maſſe noire. Triturez-la bien, & la mettez dans une cucurbite au bain de ſable, où vous la ſublimerez à un feu vif dès le commencement ; car on ne doit pas mettre plus de deux ou trois heures pour en ſublimer une demi-livre : ſi on donnoit un feu plus doux, comme le recommande celui qui a fait l’article Cinnabre de l’Encyclopédie, le ſublimé deviendroit à la vérité plus fixe, mais ſa couleur ſeroit encore plus noir qu’auparavant. Ce ſont les termes de Stahl.