Dictionnaire pratique et historique de la musique/Liaison
Liaison, n. f. 1. Passage d’un son à un autre sans interruption ni secousse. L’art de lier les sons est un des principaux mérites d’un bon chanteur ou d’un bon instrumentiste. || 2. Série de notes de passage ou dessin mélodique accessoire servant à faciliter un changement de ton :
|| 3. Signe de notation réunissant deux
notes semblables pour les souder l’une
à l’autre et former une tenue. Ce signe
est devenu nécessaire lorsque s’est
établi l’usage des barres de mesure et
qu’il a fallu traduire à l’œil le chevauchement
d’un son sur deux mesures :
Morley (1597) figurait la L. par une
accolade couchée { à laquelle il donnait
la signification de brève et longue
ou de longue et brève selon que la
note de moindre valeur précédait ou
suivait celle de plus longue durée.
Rameau (1731) se servait du signe
en forme d’arc couché qui est resté
en usage et auquel il donnait, comme
aujourd’hui, les deux sens de prolongation
d’un son et de procédé d’exécution
au clavecin. Dans le premier
cas, l’écriture en parties donne aux
signes de L. une acception rigoureuse
que les éditions modernes simplifient
aux dépens de l’orthographe contrepointique :
C’est par le signe en forme d’arc ou par une suite de signes semblables répétés de mesure en mesure que se marquent les tenues et les pédales, dont l’exemple le plus prolongé est la pédale de 136 mesures à 12/8 au début du Rheingold, de Wagner :
Le signe de L. en forme d’arc étendu au-dessus d’un fragment mélodique, sans acception de prolongation d’un même son, n’est pas destiné seulement, comme le croient souvent les élèves, à prescrire une exécution d’une seule respiration, ou d’un seul coup d’archet, mais à indiquer les divisions rythmiques de la phrase musicale. Son emplacement est donc essentiel pour la bonne accentuation du texte musical :