Dictionnaire pratique et historique de la musique/Musette
Musette, n. f. 1. Instrument à vent
à réservoir d’air, qui diffère de la
cornemuse en ce que le sac est rempli
par un soufflet et non par le souffle
Musette.
humain. Le joueur tient
le sac sous la pression
du bras gauche, et actionne
par le mouvement
du bras droit le
soufflet attaché à sa
ceinture. Les bourdons,
au nombre de 4 ou 5,
forment un faisceau en
forme de cylindre. Le
grand et le petit chalumeaux
sont percés respectivement de 7 et de
6 trous. Ses dimensions,
moindres que celles de la cornemuse, et
l’habitude que l’on avait prise de l’orner,
aidèrent à sa vogue prolongée
dans la société française du xviie
-xviiie s. Nul autre instrument, dit
Ancelet (1757) ne peut « lui disputer
l’avantage des pompons, des franges
et des rubans ». Le sac se faisait de
velours ou d’étoffes brodées, recouvertes
de dentelles ou de galons d’or
ou d’argent. Des personnages de marque
se faisaient peindre jouant de la
M. Un magistrat, Borjon, de Lyon,
publia un Traité de la M. (1672).
L’étendue de l’instrument va du fa
moyen, au sol placé deux octaves au-dessus
de la clef de sol. (Voy. Hornpipe.)
|| 2. Pièce de musique qui emprunte
à la M. l’écriture spéciale sur un « bourdon »
ou basse persistante, et dont
les thèmes mélodiques s’inspirent en
général des motifs simples et d’allure
pastorale. La M. n’est ordinairement
écrite qu’à deux parties réelles sur
une pédale ; comme pour les pièces de
composition anglaise dénommées hornpipes,
on rencontre de nombreux
exemples anciens de ce genre. Dès le
xiiie s., les triples (voy. ce mot) de
Pérotin affectent cette forme. Au moment de la grande vogue de la M.
à l’époque classique, on trouve des
pièces sous le vocable dans nombre
de recueils instrumentaux ; des exemples
typiques sont ceux de Dandrieu,
dans son Premier livre d’orgue (vers
1725), de Bach, dans ses Suites anglaises,
qui sont du même temps, de
Rameau, dans ses Pièces pour clavecin.