Dictionnaire pratique et historique de la musique/Phrasé

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Phrasé, n. m. Art de ponctuer le discours musical et d’en faire sentir les divisions, les périodes, les suspensions, les repos, analogues aux césures de la poésie. Dans le chant, l’art de phraser dépend en grande partie de l’art de respirer. Le phrasé, l’art de phraser, dans l’exécution musicale, consistent essentiellement dans l’observation et le rendu de la ponctuation, c’est-à-dire du rythme, qui divise le discours musical en période logiquement scindées et enchaînées. Pendant longtemps, la notation n’a pas ou presque pas indiqué à l’exécutant les divisions du phrasé : le goût du chanteur ou de l’instrumentiste y suffisait. À mesure que la culture de la musique se répandait dans le monde des amateurs, il devint nécessaire de publier des éditions munies de signes spéciaux servant à les guider. Les signes de liaison, étendus sur toute une période mélodique, étaient appropriés à en marquer les divisions, le départ et le repos. On les a trop souvent confondus avec les barres de mesure, et en se bornant à les conformer au retour de celles-ci, on a produit ainsi des contre-sens.

Ex. noté : fragment Sonate 29, no 3 de Beethoven, édit. Köhler, et correction par Combarieu, dans sa Théorie du rythme, pp. 18-19, et 56.


\language "italiano"
porteeA = \relative do' {
  re8[\( dod\turn re mi] fad[ mi\turn fad sol]\) | \once \phrasingSlurDown la[\( sold\turn la si] re[ do! si la]\) | \break
  \override Score.Clef.break-visibility = ##(#f #f #f)
  sol[\( re dod re] sol[ re si' re,]\) | re'2( si4 sol) | \slurUp fad8[( \hideNotes fad])
}
\score {
     \porteeA
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves 
                      \remove Time_signature_engraver }
    indent = 0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
  }
  \midi { }
 }
\header { tagline = ##f}
(Beethoven, Sonate iii, Éd. Kohler.)
(Id., annotation de Combarieu.)

La préface de Frescobaldi pour ses Toccatas de 1614-1616 montre quelle importance et quels soins l’on donnait alors à toutes les nuances de mouvement, et à la distinction des membres de phrase. Couperin, en 1717, se plaint de ce que l’on confonde, en France, la mesure avec la cadence, l’une étant la règle de la quantité et l’autre « proprement l’esprit et l’âme qu’il faut y joindre ». Toute l’expression du jeu reposait alors sur les nuances de durée, puisque les clavecins ne permettaient guère de gradation d’intensité.