Dictionnaire pratique et historique de la musique/Roi

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Roi [des musiciens, des ménétriers], n. m. * Dès le xie s., et sans doute cet usage est-il plus ancien, on voit figurer des R. des musiciens, portant la couronne, dans les descriptions ou les représentations d’exécutions musicales. À partir du xiie s., l’institution des « cours d’amour », et de « puys » pour la poésie et la chanson valait cette qualité et cette distinction à l’auteur des chants couronnés. La dignité de « R. des musiciens » était dévolue pour un an. Lorsque la corporation des ménestriers eût été fondée au commencement du xive s., son chef ou président portait également le titre de R., qui resta en usage jusqu’à ce que la ménestrandie eût été supprimée en 1773. Le plus ancien « R. des ménestrels du royaume de France » qui soit connu est Robert Caveron, en 1338 ; le dernier fut le célèbre violoniste Guignon, qui garda le titre de « R. des violons et maître de tous les instruments », de 1741 à la dissolution de la corporation. Parmi les divers R. qui s’étaient succédé dans cette charge, on peut distinguer Verdelet, cité en 1416-1417 ; Claude de Bouchardon, hautbois du roi Henri iii ; Claude Nyon, violon de la chambre de Henri iv ; François Richomme, « ordinaire » du roi Louis xiii ; Guillaume Dumanoir, chef des vingt-quatre violons, de 1668 à 1691. Au xvie s., le principal lauréat des puys annuels ne portait plus le titre de R., mais celui de « Prince » : c’est au Prince que les exécutions solennelles, les préparatifs et les frais du banquet de la société incombaient. On peut se demander si le titre de « Prince des musiciens », que l’on voit ajouter au nom de Josquin Després, de Palestrina, d’Orlande de Lassus, ne vient pas effectivement de ce qu’ils auraient été lauréats d’un puy.