Dictionnaire pratique et historique de la musique/Sarabande
la basse-trompette, appelée depuis trombone. La S. fut avec le cornet les premiers instruments qui pénétrèrent dans l’église. Leur participation à une messe est mentionnée en 1503 à Innsbruck. C’était les saquebutes du roi des Romains. — Au Camp du drap d’or, celles du roi de France, François Ier, se firent entendre avec les chantres, pendant la messe en plein air, 1520. La S. servait de basse-contre dans les familles de hautbois, de cornets à bouquin et de flûtes.
Sarabande, n. f. Pièce noble, de mouvement lent, à 3/2 ou 3/4 avec le second temps appuyé. La S., dit Mersenne (1636), « a été inventée par les Sarrasins, ou Mores… ». Il la croit venue d’Espagne. « Elle se danse au son de la guiterre, ou des castagnettes, et ce par plusieurs couplets sans nombre… » L’Orchésographie (1583) ne la mentionne pas. Mais des allusions à cette danse existent chez Shakespeare et chez Cervantès. Celui-ci la distingue de la chacone et de la folie. On trouve chez les Italiens du xviie s. des pièces toutes différentes appelées S. qui se jouaient vite, avec le 1er temps appuyé :
Prætorius ne connaît que la S. courante de forme ternaire simple et gaie. C’est probablement peu à peu qu’elle devint grave et majestueuse, et se rythma à 6 temps, par deux mesures de 3 réunies :
La transformation est accomplie lorsque la S. s’introduit dans les Suites de Hændel, de Bach, dans les Concerts royaux de Couperin. L’air de Rinaldo, de Hændel (1711) est une S. de son opéra précédent, Almira (1704). Les plus anciennes S. allemandes paraissent celles du recueil de Prætorius, Terpsichore (1612). Il y en a deux, qui n’ont chacune qu’une reprise, et partiellement le rythme :
Les Allemands du xviie s., depuis 1660
environ, la mettent souvent dans leurs
Suites. Mattheson distingue les S. à
chanter, à jouer et à danser. Le
caractère grave et lent s’affirme dès
Muffat.
Sarrussophone, n. m. Instrument à vent en cuivre, à tube conique et à anche double, dont le type primitif a été inventé par Sarrus, chef de musique vers 1863. On construit le sarrussophone en huit dimensions échelonnées, dénommées soprano en mi ♭, soprano en si ♭, contralto en mi ♭, ténor en si ♭, baryton en mi ♭, basse en si ♭, contrebasse en mi ♭, contrebasson en si ♭. Le S. se rapproche de près, comme sonorité, des variétés graves de l’ancien hautbois : hautbois de chasse, bombarde, etc. Il fournit une octave et une tierce chromatique en sons fondamentaux, une octave aiguë par la pression des lèvres sur l’anche et par le secours d’une clef qui fait octavier les sons, et quelques degrés supplémentaires enharmoniques. Le S. ou plutôt un ou 2 instruments de ce type, les graves, se sont acclimatés dans la musique militaire française où ils remplacent le basson et le contrebasson. Les 2 types employés sont les S. contrebasse en mi ♭ et en ut, ce dernier remplaçant aussi le contrebasson dans l’orchestre symphonique. Le S. contrebasse en mi ♭ est seul employé dans les musiques d’harmonie. On l’écrit en ut, en clef de fa 4e ligne, il sonne une sixte majeure plus bas. Son étendue est :
avec tous les intervalles chromatiques.
Il remplace ou double les contrebasses
à cordes dans les musiques d’harmonie.
Saint-Saëns a employé le S. dans l’orchestre
de son opéra Étienne Marcel
(1879), Massenet dans Esclarmonde
(1889).
Saut, n. m. Mouvement d’une partie vocale ou instrumentale qui se porte sur un intervalle éloigné ou d’une intonation difficile. La théorie de l’harmonie proscrit, dans l’enchaînement des accords, les sauts de sixte majeure, de septième, de neuvième et au delà, et les mouvements d’une partie vers un intervalle augmenté ou diminué. Ces règles sont constamment enfreintes dans la pratique de la composition