Dictionnaire pratique et historique de la musique/Tierce
Tierce, n. f. 1. Intervalle de trois
degrés. On distingue : la tierce majeure,
ut-mi, contenant 2 tons ; la tierce
mineure, ut-mi ♭, contenant 1 ton, et
1 demi-ton diatonique ; la tierce diminuée,
ut-mi ou ut ♯-mi ♭, contenant
2 demi-tons diatoniques ; la tierce augmentée,
ut-mi ♯, contenant 2 tons et un
demi-ton chromatique. La théorie de
l’harmonie classe les tierces majeure et
mineure parmi les consonances imparfaites,
ou plus exactement, variables.
L’effet agréable produit sur l’oreille
par l’intervalle harmonique de tierce
et quoique à un moindre degré, par
son renversement, la sixte, a porté
maints compositeurs à en abuser.
Maint duo de chambre ou d’opéra de
second ordre ne se compose guère que
de suites de tierces ou de sixtes. La
monotonie et la platitude de ces successions
sont une des causes du discrédit
dont s’est trouvée atteinte l’ancienne
forme du duo d’opéra avec ensembles.
Les successions de tierces ininterrompues
dans les chants à deux voix
passent pour une pauvreté harmonique.
On en trouve un exemple dans
les Scherzi de Monteverde (1628), que
M. Parry propose de regarder comme
une imitation du style populaire. Mais
cette raison n’existe pas, ou n’est pas
soutenable, car M. Parry cite deux
pages plus loin un passage de La Catena
d’Adone, de Dom. Mazzocchi (1626),
instrumental, qui rentre dans le même
cas. Dans l’harmonie élémentaire et le
style rigoureux, les suites de plus de
3 ou 4 tierces dans le mouvement parallèle
sont prohibées. Leur nombre reste
illimité dans le mouvement contraire.
C’est la tierce, majeure ou mineure,
qui permet de classer un accord dans
l’un des deux modes de la musique
moderne. Les compositeurs emploient
à dessein un accord sans tierce lorsqu’ils
veulent imprimer à une phrase
harmonique, et principalement au
début d’une phrase, un caractère
« flottant, mystérieux et indéterminé ».
Les théoriciens du moyen âge étaient
fort incertains quant au classement de
la tierce. Francon de Cologne (vers
1280) la range parmi les dissonances,
l’Anonyme du ms. de St-Dié parmi les
consonances imparfaites, l’Anonyme
I des Scriptores de Coussemaker déclare
la tierce mineure préférable comme consonance
à la tierce majeure. Le 4e Anonyme (id.),
qui est Anglais, place les
deux tierces dans son tableau des consonances.
Le petit traité français de
déchant du xiiie s. veut que la tierce
mineure se résolve sur l’unisson et la
tierce majeure sur la quinte. || Tierce
picarde, ainsi nommée probablement
du lieu d’origine des maîtres qui en
généralisèrent l’emploi. C’est une
tierce majeure survenant dans l’accord
parfait final d’une pièce en
mode mineur.
2. L’un des jeux de mutation de l’orgue, donnant le cinquième harmonique, ou dix-septième majeure d’un son fondamental. Mersenne l’appelait le Cornet entier, parce que le jeu dit cornet ne comprenait que les octaves supérieures, tandis que le jeu de tierce s’étendait sur toute l’échelle, et que ce jeu, joint aux autres, complète la sonorité du cornet. Ce jeu était l’un des plus estimés au xviie s. On le recommandait pour mettre en relief une des parties centrales de la composition harmonique et spécialement la taille. (Voy. exemple au mot Taille.)
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Dans certaines orgues, on distingue
la grosse tierce, qui parle à la tierce
du prestant, et la tierce proprement
dite qui sonne à l’octave de la grosse
tierce et à la tierce de la doublette.