Dictionnaire pratique et historique de la musique/Violoncelle
Violoncelle, n. m., abr. en celle ou ital. cello (plur. celli). Instrument à cordes, à manche et à archet, successeur de l’ancienne basse de viole. Il tient la partie grave du quatuor à cordes. Ses 4 cordes à vide s’accordent à l’octave grave de l’alto :
Son étendue est de 3 octaves et une quinte, en sons naturels, de 4 octaves et une quinte, avec les sons harmoniques :
On note sa partie en clef de fa 4e ligne et, pour les octaves aiguës, en clef d’ut 4e et clef de sol 2e lignes, ou simplement en clef de sol : en ce cas le lecteur doit prendre garde que les notes se trouvent souvent écrites une octave au-dessus du son réel. La longueur de ses cordes permet d’atteindre une série élevée de sons harmoniques, dont les 6 premiers suffisent à l’orchestre. On en indique l’emploi dans la notation par le même signe (losange) que pour le violon. (Voy. Sons harmoniques.)
Le doigté, en raison de la longueur des cordes et du manche, est plus compliqué que celui du violon et de l’alto. On y fait usage du pouce. On distingue quatre positions, que l’exécutant doit constamment combiner entre elles.
Le violoncelle fut inventé après le
violone (voy. ce mot), et aussi après
le violon. Wasielewsky dit qu’il fut
d’abord appelé violoncino. Le nom
italien violoncello est interprété à
cause de sa désinence cello comme un
diminutif de violino ou de violone.
Ce nom ne fut pas introduit aussitôt
que l’instrument. C’est sous le nom
de basse de violon, et souvent simplement
de basse, que se répandit le
violoncelle. Il était à l’origine de plus
grand patron que le violoncelle préféré
aujourd’hui. Une basse de Nic.
Amati, aux armes des abbés de
mesure 0 m. 80 de longueur de caisse,
tandis que le grand patron de Stradivarius
n’atteint que 0 m. 76. Tous les
grands luthiers ont fait des violoncelles.
Cependant, un violoncelle antérieur à 1610 est chose excessivement
rare. Un violoncelle d’Andrea Amati,
daté de 1572, orné de peintures aux
Violoncelle de David Trochler.
armes de France, et
qui appartint à
M. Simoutre, mesure
comme longueur
totale de la
caisse 730 millimètres,
plus grande
largeur 430 millimètres,
largeur entre
les échancrures
230 millimètres,
hauteur des éclisses
120 millimètres, longueur
des ouïes 140
millimètres. Les 𝑓 𝑓
sont terminés par
des ouvertures rondes
aussi grandes
en haut qu’en bas,
ce qui est un détail
particulier aux œuvres
d’Amati, Gasparo
da Salo et
Maggini. Il y avait
des joueurs de basse
de violon dans la
bande des Vingt-quatre violons du roi.
Sous Louis XIV, plusieurs musiciens en
donnaient des leçons à Paris. Corelli
et Tartini se faisaient suivre en voyage
de violoncellistes accoutumés à les
accompagner en jouant la partie de
basse de leurs sonates. Pendant longtemps,
le violoncelle n’eut pas d’autres
fonctions ni d’autres prétentions. Cependant
Vandini, l’accompagnateur
de Tartini, avait acquis une réputation
de soliste. On cite comme l’un
des premiers solistes Franciscello, qui
jouait à Naples en 1725. Bertaut, qui
se produisit pour la 1re fois à Paris
en 1739, passe pour le créateur de
l’école du violoncelle en France. Bertaut
fut le maître de Janson aîné, de
Cupis, de Duport aîné, qui révéla particulièrement
en 1761 aux Parisiens
tous les avantages du violoncelle ; il
en fut le premier grand virtuose.
Pareillement élève de Bertaut fut
Tillière qui, avec les précédents rendit
célèbre l’école française du violoncelle.
Duport (1741-1818), en se fixant en
Allemagne, y porta les principes de
cette école et y forma de nombreux
élèves. Tillière fut l’auteur d’une méthode
imprimée à Paris en 1774 et
plusieurs fois réédité. La brochure de
Le Blanc datée de 1740 est un pamphlet
contre le violoncelle et en faveur
de la basse de viole qu’il détrônait.
La basse de viole se défendit
énergiquement. L’auteur du Mémorial
raisonné (1761) la dit « totalement
anéantie » et remplacée par le violoncelle.
On construisit au xviie s. des violoncelles aigus appelés Violoncelle piccolo. Bach a écrit souvent des parties pour cet instrument, qui disparut vers 1770. — Le jeu à double, triple et quadruple corde, est moins fréquent que sur le violon et l’alto, les difficultés du doigté en réduisent l’emploi, dans la musique d’orchestre. Le timbre pénétrant, touchant ou incisif, ou sévère, du violoncelle dans ses divers registres, qui réunissent les caractères des trois voix de ténor, de baryton et de basse, en font un des plus beaux instruments de l’orchestre et des plus aptes aussi bien à l’expression d’une mélodie, qu’au soutien de celle qu’interprète une voix ou un instrument plus aigus. Tous les maîtres depuis Beethoven, ont confié au violoncelle un des rôles les plus importants de leur musique dramatique ou instrumentale. Avant Beethoven, on trouve le violoncelle comme instrument obligé, jouant en solo et dialoguant avec la voix, chez Hændel (Fête d’Alexandre, 1er air de ténor) et chez J.-S. Bach. Haydn, contemporain de sa substitution définitive à l’ancienne basse de viole, et Mozart, ont employé le violoncelle à l’orchestre, mais sans le mettre particulièrement en évidence. Ils n’en ont utilisé toutes les ressources que dans leur musique de chambre. Les compositeurs modernes divisent quelquefois, dans leur orchestre, les parties de violoncelle. L’exemple le plus intéressant en ce genre est celui de la scène I de la Walküre où le thème splendide dit de Siegmund exécuté en solo par un premier violoncelle, est accompagné par quatre parties de violoncelle, tenues chacune en double, et par une partie de contrebasse.