Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Étrésillon

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ÉTRÉSILLON, s. m. Pièce de bois destinée à empêcher deux parties d’une construction de se rapprocher. Lorsqu’un mur percé de baies fléchit, se disloque, la première opération à faire est d’étançonner les baies (1). A sont les étançons serrés entre les tableaux des baies sur des couches verticales B.

Dans les maçonneries, les architectes du moyen âge ont souvent admis l’étrésillonnement comme un moyen de construction fixe, ainsi que les arcs-boutants, qui peuvent bien passer pour un étaiement permanent. Le porche sud de la cathédrale du Puy-en-Vélay, bâti vers 1150, présente un exemple très-étrange de l’emploi des étrésillons fixes dans la maçonnerie.


Ce porche s’ouvre par une grande archivolte possédant un arc isolé concentrique (2), absolument inutile, pure décoration qui est maintenue au moyen de trois petits pilastres isolés, destinés à empêcher son relèvement ou sa déviation hors du plan vertical. La coupe A, faite sur le milieu de l’archivolte, indique, en B, le sous-arc isolé et son petit pilastre d’axe C. Avec plus de raison, des roses circulaires, inscrites dans des triangles curvilignes, sont étrésillonnées dans les deux angles inférieurs par de petites colonnettes qui empêchent les claveaux de sortir de la courbe (3).

centréer


On voit une disposition de ce genre adoptée pour maintenir les claveaux des roses des deux fenêtres ouvertes au-dessus des portes latérales de la façade de la cathédrale d’Amiens. Par le fait, les grandes roses de nos églises françaises, à dater du milieu du XIIIe siècle, ne se composent que d’un système d’étrésillonnement de pierre (voy. Rose).