Dictionnaire raisonné du mobilier français de l’époque carlovingienne à la Renaissance/Dais

La bibliothèque libre.

D

DAIS, s. m. (ciel). Châssis recouvert d’étoffes et quelquefois accompagné de courtines, que l’on plaçait au-dessus d’un trône, d’un siége d’honneur, ou que l’on transportait sur des bâtons au-dessus d’un personnage à pied ou à cheval. Les trônes, dans les vignettes des manuscrits qui datent des XIVe et XVe siècles, sont presque toujours surmontés de dais très-simples de forme, riches comme étoffe. Voici (fig. 1) le trône d’un roi, avec dais, dossier et couverture d’étoffe rouge semés de fleurs de lis d’or[1]. Les dais qui accompagnaient les siéges des personnes souveraines sont ordinairement carrés, sans pavillon : cette forme était d’étiquette ; les dais avec pavillon au-dessus étaient plus particulièrement réservés aux trônes d’évêques. Les autels, les suspensions, les fonts baptismaux, étaient aussi parfois couverts de dais sans pavillon. Voici (fig. 2) un dais royal accompagné de deux courtines relevées[2] ; l’étoffe est pourpre avec dessin or ; le bois du trône est complètement doré. Lors des entrées des princes et princesses, des personnes royales, il était d’usage de faire porter un dais au-dessus de leur tête. « Quand nos Rois et Reines font leur première entrée à Paris, c’est à eux (les échevins) d’apporter le ciel d’azur semé de fleurs de lis d’or, et le mettre et porter parmi la ville par-dessus leurs majestés[3]. » En effet, la figure 3 nous représente l’entrée d’Isabeau de Bavière dans la bonne ville de Paris La jeune reine est montée sur une haquenée ; quatre échevins portent le dais au-dessus de sa tête[4]. On donnait aussi, dans le cérémonial, par extension, le nom de dais à l’estrade sur laquelle montaient et se tenaient les personnes royales pendant certaines solennités ; ce n’était toutefois que lorsque ces estrades étaient couvertes d’un ciel. On disait dais à queue, pour désigner les dais accompagnés de courtines, comme celui représenté figure 2 ; dais sans queue, pour désigner les ciels simples, composés d’un dessus avec pentes ou gouttières, sans courtines. Dans les banquets la chaire du seigneur était couverte d’un dais ; et pendant les plaids royaux le dais était placé sur le trône, à l’un des angles de la salle.

  1. Manuscr. de la biblioth. du Corps législatif, Bible française, no 35 ; date, 1290.
  2. Manuscr. le Miroir historial de Vincent de Beauvais, Biblioth. nat., no 6731 ; date, 1423.
  3. Sauval, Pièces justific., p. 246.
  4. Manusc. de Froissart, Biblioth. nat., fonds Colbert, no 8323, XVe siècle.