Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/BRÛLON

La bibliothèque libre.
BRUON  ►

BRULON, BRUSLON, BRULLON ; Brulone, Brulonis, Burlonio ; alias PETIT-MANS (?) ; commune chef-lieu de canton, dont nous discutons l’étymologie du nom au paragraphe antiquités ; de l’arrondissement et à 31 kilom. N. N. O. de la Flèche ; à 33 kilom. O. du Mans. En 1790, chef-lieu d’un canton du district de Sablé, et, auparavant, d’un doyenné de l’archidiaconé de Sablé, du diocèse du Mans, et de l’élection de la Flèche. — Distances légales, 38 et 39 kilomètres.

descript. Bornée au N. O., au N. et au N. E., par Saint-Denis-d’Orques et Joué en charnie ; au N. E. et à l’E., par Mareil et S.-Ouen, en Champagne ; au S. E., encore, par S.-Ouen et par Chevillé ; au S., par ces dernières et Avessé ; à l’O. et à l’O. N. O., encore par Avessé ; sa forme est celle d’un hexamètre à côtés irréguliers, un peu allongé du N. au S. Diamètres centraux : du N. au S, 4 kil. 7 hect. ; de l’E. à l’O., 3 kil. 8 hect. — Le bourg, situé sur un monticule très-élevé et arrondi, ayant 8 à 10 hect. de diamètre et dominant le vallon de la Vègre, se trouve placé presque à l’extrémité N. O. du canton, et presque à l’extrémité S. O. de la commune. D’une grande étendue, relativement à son importance, il consiste dans deux places, dont une fort grande, où se trouve l’église et une plantation de tilleuls en quinconce formant promenade : cette place serait très-belle si elle était mieux garnie de maisons. Sur la seconde, est une halle, placée dans un espace trop resserré. Une suite de rues qui aboutissent les unes aux autres, enceignent ces places, de l’E. à l’O. par S. Ce bourg renferme en outre, un prétoire pour la justice de paix, une prison, cinq à six fontaines avec des lavoirs dont plusieurs sont couverts ; l’emplacement de l’ancien château, dont nous parlerons plus loin, et où se trouve actuellement une maison moderne ; un bon nombre d’autres maisons bien bâties, environnées de grands et beaux jardins, dont le presbytère, le collège, la maison de charité, celle de feue Madame Chappe, mère de l’inventeur et des administrateurs actuels du télégraphe, environnée de jardins et de belles promenades ; celle aussi dans les dehors de laquelle M. Foulard, habile horticulteur, a réuni une quantité considérable de variétés des genres Rosier, Dahlia, etc., etc., et une riche collection d’arbres fruitiers. — L’église, passablement grande, dont le chœur, les latéraux et la chapelle du chevet, sont seuls voûtés en pierre, est un mélange de constructions cintrée et légèrement ogive. On y remarque un fort bel autel en marbre, à la romaine, et un tableau de la Magdeleine estimé. Clocher en bâtière. Cimetière à l’O. du bourg et y attenant, clos de haies et de fossés.

populat. De 269 feux anciennement, elle est de 290 aujourd’hui, qui se composent de 678 individus mâles et de 748 femelles ; total, 1,426, dont 835 dans le bourg. 10 ou 11 hameaux ne contiennent que de 20 à 40 individus chacun.

Mouv. décenn. De 1793 à 1802, inclusivement : mariages, 115 ; naiss., 411 ; déc., 301. — De 1803 à 1812 : mar., 99 ; naiss., 398 ; déc., 359. — De 1813 à 1822 : mar., 106 ; naiss., 599 ; déc., 567.

hist. ecclés. Eglise dédiée à S.-Pierre et à S.-Simon ; fêtes patronales avec fortes assemblées, les dimanches les plus prochains des 29 juin et 28 octobre. — La cure était à la présentation de l’abbé de la Couture du Mans.

Burchard ou Bouchard de Brûlon et son épouse Adelaïs, qui vivaient dans le 11.e siècle, fondèrent une chapelle avec 4 prébendes dans le château de Brûlon. En 1068, Geoffroi leur fils, fit don de ces bénéfices à l’abbaye de la Couture qui y envoya quatre religieux pour les desservir : l’évêque du Mans Arnaud, Guillaume-le-Conquérant roi d’Angleterre et comte du Maine, et son fils Robert, furent présens à cette fondation. Cette chapelle fut détruite pendant les guerres des comtes normands dans le Maine, et la plupart des revenus disparurent avec elle : ce qu’il en resta fut uni à la mense du monastère de la Couture, sous l’épiscopat de Guillaume de Passavent, 1142-1186, à la réquisition de l’abbé, et du consentement de Payen de Montdoubleau, seigneur de Brûlon. — Sous l’épiscopat de Hoël, 1008-1097, Patri de Chaources, Chources ou Sourches, seigneur de S.-Aignan, ayant tué par accident, à ce qu’il paraît, le fils de Geoffroi de Brûlon, également nommé Geoffroi, céda au père, pour indemnité, tous les droits qu’il avait sur l’église de Brûlon. Geoffroi employa le produit de cette cession à la fondation du prieuré de Brûlon, dont l’acte fut souscrit par l’évêque Hoël, par le comte Hélie de la Flèche, et par Geoffroi, doyen de la cathédrale. Il paraît que Patri de Chaources donna encore l’église de Bernay, pour indemnité de son meurtre, comme nous l’avons dit à cet article. Il fonda aussi, également en expiation, l’abbaye de Tironneau, (v. cet article et celui S.-Aignan). — Jean Lessillé, seigneur de Juigné-sur-Sarthe, dans son testament dont nous avons déjà parlé, daté du mardi feste de S.-Martin d’hiver, de l’an 1382, « donne et laisse à tous les Rectours de Sablé et de Bruslon, à chacun, 2 sols 6 deniers, à paier une fois, pour dire et célébrer chacun desdits curés une messe pour le salut et remède de l’âme de moi. » Il supplie et requiert, pour la validité de son dit testament, qu’il soit scellé des sceaux desquels on use aux contrats de la Cour du Bourg-Nouvel, « avec le scel duquel l’en use en la Cour de honorable homme et discret le doyen de Bruslon. » On voit par ce fait, la confirmation de ce que nous apprend Ménage, que les Doyens ruraux du diocèse du Mans, avaient juridiction. Brûlon possédait en outre deux chapelles, dites des Hardanges, dont nous parlerons plus bas, hist. civ.

hist. féod. Il nous serait bien difficile d’écrire une histoire exacte et complète des seigneurs de Brûlon. Nous ne pouvons que citer les noms du petit nombre de ceux qu’on trouve relatés à diverses époques, dans différens documens. — Cette seigneurie était annexée, dit le Paige, au château de Viré. Cette assertion me paraît une erreur, comme celle du Cenomania, qui veut que Burchard ait fait don du château de Brûlon à l’abbaye de la Couture, lorsque ce don ne consiste, comme nous venons de le voir, que dans la dotation des prébendes de la chapelle qu’il y fonda. De même, la réunion des seigneuries de Brûlon et de Viré ne dût être que le résultat d’acquisitions. — En 1350, la seigneurie de Brûlon avait le titre de châtellenie. Ménage, dans le supplément manuscrit à son histoire de Sablé, rapporte un acte de cette date, d’après lequel il est rendu hommage, tant lige que simple, à René duc d’Anjou, roi de Sicile, pour cette châtellenie, dépendante de la baronnie de Sablé. En effet, il résulte d’un autre acte daté « du jour et feste de Monsieur Saint-Paul, de l’an de grâce 941, » qu’André de Craon, souche de la première maison de ce nom, prend le titre de sire de Craon et de Bruslon. Il est vrai que Ménage témoigne quelque doute sur l’authenticité de cet acte ; mais, dans un autre, non contesté, donné à Sablé le 28.e jour de janvier 1368, Amauri de Craon, sire de Craon, seigneur de Sablé, prend aussi le titre de chastelain de Bruslon. — Nous avons vu plus haut, au nombre des seigneurs de ce lieu, Burchard ou Bouchard, Geoffroi son fils, et Geoffroi son petit-fils, qui alors en portaient le surnom ; et Payen de Montdoubleau, qui n’était peut-être que seigneur suzerain. La maison de Craon paraît succéder à celle dite de Brûlon. Amauri III de Craon, ne laissant point de postérité, donne la terre de Brûlon à Guillaume de Matefêlon. Il paraît qu’alors le château de l’Isle, (voir son article particulier), peu éloigné de Bruslon, dans la paroisse de Mareil-en-Champagne, était une dépendance de la terre seigneuriale de Brûlon, car, dans un titre du 16 avril 1379, relatif à l’exécution du testament d’Amauri IV de Craon, Guillaume de Matefêlon est qualifié : chevalier, seigneur de l’Isle, près Brûlon. Ou bien encore, Amauri III, n’avait-il donné que la terre de l’Isle à Guillaume, et non celle de Brûlon. — En 1500, la seigneurie de Brûlon était possédée par Pierre de Courthardi, manceau, premier président du parlement de Paris ; elle passa ensuite en celle de Sassenage, qui la posséda longtemps et la vendit à un commerçant de Laval ; puis vint, par héritage, à MM. Maulni, conseiller au présidial du Mans et Vasse, avocat au même présidial, qui la vendirent avec celle de Viré à M. Chesnon du Boullay, alors seigneur d’Avessé. Nous nesavons si c’est de ce Brûlon, que Messire Charles-René de Savonnières prend le titre de seigneur à la date de 1759, dans l’épitaphe que nous avons rapportée a l’article la Bruère. La châtellenie de Brûlon avait ses mesures particulières de capacité, dont nous donnons la comparaison à l’alinéa comm. agric.

hist. civ. L’histoire n’apprend rien sur le sort de Brûlon, pendant les guerres du moyen âge, si ce n’est ce que nous en avons dit à l’article hist. ecclés. Depuis la révolution, l’attachement de ses habitans à la cause royale, fit de ce bourg un centre d’opposition constante aux différens gouyernemens qu’elle créa. En 1793, des troupes républicaines furent placées dans le château, d’où elles pouvaient observer tous les mouvemens des habitans insurgés de cette contrée. Ceux-ci, connus sous le nom de Chouans, qui avaient leur quartier-général dans les châteaux environnans, s’empressèrent, lorsque des besoins plus urgens firent retirer le cantonnement républicain de Brûlon, de livrer le château aux flammes, afin qu’il ne put plus servir de point d’observation à leurs ennemis.

Brûlon possédait une maladerie, située dans le bourg, dont on ne connaît ni l’époque de la fondation, ni celle de la suppression : son revenu est estimé 400 livres dans le Pouillé Diocésain de 1648. - Pierre Hardanges, curé de Brûlon, en fondant en 1553, dans l’église de cette paroisse les deux chapelles de son nom, chargea le titulaire des fonctions de principal du collège auquel il les annexa. Ce collège est tenu aujourd’hui par un instituteur, qui donne gratuitement des leçons à un nombre détermine d’indigens : il occupe la maison et le jardin, restants de l’ancienne fondation — Par son testament du 20 septembre 1788, M. Chesnon du Boullay, alors seigneur de Brûlon, décède le 9 décembre 1791, légua 100,000 livres pour l’établissement de cinq maisons de Charité à Brûlon et paroisses environnantes, qui seraient desservies par des sœurs de la Chapelle-au-Riboul. Les revenus de ces établissemens, constitués en rentes sur l’état 5 pour 0/0, réduites en tiers consolidé, consistent pou la maison de charité de Brûlon en une rente de 500 fr., en 200 fr. pris sur les fonds de la fabrique, celle-ci ayant encore dans ses revenus des immeubles lègues par M. Chesnon du Boullay ; en une belle maison, avec jardin et enclos. Sur cette somme de 700 fr., 150 fr. doivent être employés en achat de médicamens et en secours particuliers, dont les sœurs doivent rendre compte au curé, assisté de deux notables habitans. Cette maison est desservie par quatre sœurs d’Évron, qui sont chargées par l’acte de donation de l’instruction gratuite des jeunes filles des indigens. Elles donnent en outre des soins aux malades à domicile, et tiennent pensionnat. — Un bureau de charité est en outre, doté d’un revenu de 1,400 fr. — Un autre bienfaiteur, M. Picard de l’Isle, avocat au parlement, qui s’était retiré à Brûlon où il était né, ou dans les environs, et y jouissait de 30,000 livres de revenu, en distribuait la plus grande partie aux indigens du pays, ainsi que le constate cette inscription qu’on lit sur une table de marbre encadrée dans l’un des murs de l’église où il fut inhumé. « Ci-gît M. Charles Picard de l’Isle, avocat au parlement, décédé le 18 avril 1768, âgé de 90 ans, 11 mois, 25 jours. — Qui que tu sois, admire et révère cet homme divin. Pendant sa vie il a distribué son revenu aux pauvres. Brûlon, Poillé, Viré, S.-Ouen, Avessé et Chevillé t’apprendront si, dans le combat même de la mort, il n’a pas pensé au soulagement des affligés. » Sa mémoire et celle de M. Chesnon sont en vénération dans le pays.

Le 8 octobre 1508, Marcé Thion, procureur des habitans de Brûlon, assista comme représentant du Tiers-État, à l’examen de la coutume de la province du Maine, promulguée le 15 du même mois.

BrÛlon est la patrie d’Hamon de la Touche, médecin ; de Claude Chappe qui fut, sinon l’inventeur, du moins le premier qui perfectionna et rendit usuel l’usage des signaux nommés télégraphes ; de Jean-Joseph et de Pierre-François, ses frères, le premier directeur et le second inspecteur des lignes télégraphiques. V. la biographie — Un des premiers ballons qui aient parus en France, fut lancé à Brûlon, par l’abbé Chappe, à la fin de l’année 1784. — Nous devons ajouter ici, qu’une partie des renseignemens historiques de cet article, est extraite de notes curieuses que l’ancien curé Beucher avait soin de consigner à la fin de chaque année, sur les registres de l’état civil.

antiq. P. Penouard, dans ses Essais historiques sur le Maine, croit pouvoir assurer que tout le territoire des anciens doyennés de Brûlon, de Sablé et de Laval, faisait partie de la petite nation ou cité gauloise des Arviens, s’appuyant sur ce que nos anciennes divisions ecclésiastiques correspondaient aux divisions créées par les Romains. Pour ne parler ici que de ce qui concerne le doyenné de Brûlon, qui se composait de 28 paroisses, dont 10 font actuellement partie du canton du même nom, et les 6 autres qui sont Fercé, Maigné, Pirmil, S.-Christophe, S.-Pierre et Tassé, de celui de Vallon, ces dernières auraient appartenu au territoire des Cenomans. Cette opinion fondée sur un principe juste, ou du moins généralement admis, ne peut être rigoureusement exacte, sans quoi le territoire des deux peuplades eût manqué d’une ligne de délimitation ; et nous croyons que la petite rivière de Vègre avait dû leur en servir. Cette explication complète ce qui manque sur ce sujet à notre article arviens. On prétend que Brûlon, à cause de son étendue et de son importance anciennes, portait le nom de petit-mans, et que c’est depuis un incendie, dont on ne fixe pas l’époque, qu’il fut appelé de son nom actuel : cependant, les plus anciens documens lui donnent seulement ce dernier nom. Au surplus les noms de Petit-Mans, Vieux-Mans, qui se rencontrent sur plusieurs autres points du Maine, points qui sont toujours élevés, comme l’est elle-même la position de la ville du Mans, ne semblent-ils pas y indiquer un lieu de gîte de repos, un établissement, enfin, appelé mansionile par les Romains ? Ainsi, ne serait-il pas possible qu’en effet Brûlon, si bien situé pour un établissement d’observation, eût porté le nom de Mans, abrégé de Mansion, auquel un incendie aurait fait substituer fort anciennement celui de Brûlon ; de même, par exemple, que Mansigné, situé également sur un monticule, a ajouté à ce même nom de Mans, la terminaison igné, brûlé, qui indique un semblable événement ? Nous pensons que c’est aussi à l’établissement d’une mansion, que se réduit toute l’étymologie du nom du chef-lieu de notre département, si ridiculement cherché dans les ruines de Troye et parmi les premiers auteurs du genre humain.

Il restait peu de chose de l’ancien château de Brûlon, construit sur une motte ou tombelle ou merc, enceinte de fossés, ce qui en faisait un point extrêmement élevé, lorsque M. Chesnon du Boullay, en fit arracher les restes qui ne consistaient plus qu’en vieux murs, extrêmement solides et épais. On y découvrit, en creusant, des souterrains qui renfermaient plus de 150 tombeaux formés chacun d’une seule pierre blanche coquillière, ayant un couvercle de même nature, et remplis d’ossemens de très-grande proportion. Il ne s’y trouva ni armes, ni ustensiles, ni médailles, ni inscriptions ; rien enfin qui pût servir d’indications sur les temps et les peuples auxquels ils appartenaient. Exposés à l’air, ces tombeaux se brisèrent pour la plupart ; quelques-uns qui, dit-on, étaient en grès, résistèrent à l’action de l’atmosphère, mais ont disparu depuis. « Plusieurs tailleurs de pierre, dit la notice qui nous apprend ce fait, prétendirent que ces tombeaux, étaient de composition. » Nous notons cette opinion, parce que nous trouverons l’occasion de la discuter ailleurs. À la maison élevée sur cet emplacement par M. Chesnon du Boullay, et qui fut brûlée par les chouans en 1793, a succédé une maison bourgeoise que fit construire M. Guérin, alors propriétaire, que possède actuellement M. Perrière, de Brûlon, et que l’on appelle toujours le Château.

hydrogr. Brûlon est arrosé du N. E. au S., par la Vègre, qui le sépare de Chevillé et de S.-Ouen ; du N. au S. par 0, par le ruisseau de Roche-de-Poil ; également du N. au S., par celui de Bayet, qui, prenant sa source dans les bois de l’Isle, va se jeter dans la Vègre à 12 hectom. au S. E. du bourg : son cours est de 3 kilom. 1/2 — Moulins de Vert, à 2 roues, et de Pont, à blé, sur la Vègre.

géolog. Minéral. Sol montueux, présentant trois principaux chaînons de rochers, variant de 60 à 80 métrés d’élévation et se dirigeant du N. au S. ; les chaînons les plus à l’E.,appelés rochers de Pisgrel, par contraction sans doute de pisse-grêle, dominent le charmant vallon de la Vègre, qu’occupent de fertiles prairies, et la plaine de la Champagne du Maine. De leur sommet cette vue, pleine de charmes, offre des sites variés et pittoresques, dignes d’exercer les crayons d’habiles paysagistes. Passage des terrains intermédiaires ou de transition, aux terrains secondaires, dans lesquels on trouve le minerai de fer, peu abondamment ; le marbre, de couleur grise, veiné de blanc, qui constitue les énormes rochers décrits ; et le calcaire à bâtir, tous deux employés à faire de la chaux ; enfin, les produits minéralogiques des terrains secondaires, désignés à l’article Avessé.

Plant. rar. Linum gallicum, lin. ; Narcissus biflorus, curt. ; Bubia lucida, lam. ; Iris fœlidissima, l. Sur les rochers de Pisgrel : Arum italicum, mill. ; Carex maxima, scop. ; Lithospermum purpuro-cœruleum, lin. ; Ophris antropophora, lin. Dans les prairies : Trifolium Michelianum, savi ; T. maritimum, huds. ; T. resupinatum, lin.

divis. des terr. Le levé géométrique cadastral, d’après lequel nous avons décrit cette commune, étant seul disponible, nous en donnerons les détails au supplément. Sa superficie peut être divisée provisoirement ainsi : Terres en labour, 840 hectares ; en jardins, 5 ; prés et pâtures, 308 ; bois, 15 ; rochers incultes, 7 ; superficie des bâtimens, 4 ; chemins, 5 ; eaux courantes, 6 ; Total, 1,190.

contrib. Foncier, 7,685 f. ; personn. et mobil., 1,015 f. ; port. et fen., 454 f. ; 90 patentés : dr, fixe, 715 f. 50 c. ; dr. proport., 205 f. 50 c. Total, 100,075 f. — Chef-lieu de perception.

cultur. Sol de médiocre qualité, généralement argilo-sablonneux, très-boisé et couvert de fortes haies ; prairies très-fertiles, grâce à des irrigations bien entendues, donnant abondamment une herbe d’excellente qualité. Les terres en labour produisent seigle et méteil en majeure partie ; froment et orge moins ; peu d’avoine, de trèfle, de chanvre et de lin ; pommes de terre abondamment, ainsi que d’autres légumes ruraux. Beaucoup d’arbres à fruits, à pépins et à noyaux. Grande quantité d’élèves de bestiaux de toutes espèces, faits avec soin. Volailles et oies surtout, en grand nombre, par le motif expliqué à l’article précédent. — Assolements triennal et quadriennal ; 50 charrues ; 30 fermes ou métairies, 60 bordages. — Grand emploi de la chaux comme engrais. — On remarque que la culture de la vigne, qui paraît limitée dans l’ouest, par nos deux rivières de Sarthe et de Vègre, s’étendait bien au-delà de leur rive droite autrefois. Par exemple, il n’existe plus à Brûlon qu’une très-petite plantation de vigne dans l’enclos d’une de ses maisons, tandis qu’on voit, par le titre de la fondation de la chapelle de S.-Catherine de Sablé, faite par Amauri de Craon en 1366, qu’il donne entre autres rentes, pour cette fondation, celles de 24 quartiers de vigne sises dans la châtellenie de Brullon, aux cloux (clos) de Pirommes, de la Fosse, de Chaintrée, de la Cousinière, etc., lesquels 24 quartiers il estime à 8 livres de rente. Il est remarquable encore, qu’il est peu de fermes dans le pays, dont une ou plusieurs des pièces de terre, actuellement en labour, ne porte le nom de la Vigne, de la Vieille-Vigne, de la Vigne-Brûlée, etc. etc.

comm. agric. Exportation du quart au tiers des céréales ; graine de trèfle, chanvre, lin, et fil de ces deux espèces ; bois à brûler ; fruits, cidre de bonne qualité ; poulains de 6 mois, jeunes bœufs et jeunes vaches, porcs gras, oies et autres volailles, gibier, beurre, laine, plume d’oies, etc.

L’ancien boisseau de Brûlon équivaut : comble, à 5 décal. 197 millièmes ; ras, à 4 décal. 613 millièmes. — La pinte, à 1 litre 18 centilitres.

comm. industr. Fabrique de toiles, en lin, façon Laval, de 70 aunes, en 2/3 ; en chanvre, façon Fresnay, en 2/3 et en aune, de commande, pour draps ; en fil et colon, dites siamoises, bleues, de 60 aunes : leur lé varie de 1/2 aune à 3/4. Cette dernière fabrication occupe vingt tisserands. Les matières employées sont teintes sur les lieux. — Extraction du marbre et du calcaire secondaire, pour bâtir ou convertir en chaux dans 3 fourneaux, dont un est chauffé par l’anthracite ; l’extraction du minerai de fer a été abandonnée sur la commune, où elle offrait des produits peu abondans. — Trois moulins à huile de lin, de chenevis, etc. Une tannerie.

foir. et march. Marché tenant le samedi, peu approvisionné en grains et bestiaux ; davantage en toutes sortes des autres denrées du sol. — 4 foires, fixées aux samedis 1.er après Pasques, 1.er de mai, 4.es de juin et d’octobre ; d’un jour, pour bestiaux, merceries et denrées (Décr du 6 sept. 1802) ; moins suivies qu’autrefois. — Les habitans de Brûlon fréquentent en outre les marchés de Loué et les foires de Sablé.

rout. et chem. Il n’y a rien à ajouter ici à ce que nous disons à ce sujet dans l’article précédent, si ce n’est que n’y ayant point de route directe du Mans à Brûlon, on prend pour s’y rendre de cette ville, la route de Laval par Loulans, Chassillé et Joué, jusqu’à la lune ou embranchement de celle d’Alençon à Angers, qui passe à Brûlon. De la Flèche, on prend la route de Sablé, où l’on trouve la même route d’Angers à Alençon.

habit. et lieux remarq. Aux noms déjà donnes au commencement de cet article, ajoutons, quoiqu’il ne soit pas de la commune, le château de l’Isle, en ruines, comme un monument du moyen âge, que le voyageur curieux doit visiter, ainsi que les rochers de Pisgrel, qui le dominent ; le Prieuré, maison remarquable par l’étendue et la solidité de ses constructions ; la Jugerie, le Gibet, la Varenne, Vert ou Vair, de Vairie, probablement, noms de fermes, tous d’origine féodale.

établ. publ. Mairie, justice de paix, cure cantonnale collège, maison et bureau de charité ; résidence d’un notaire, d’un huissier, dont les actes s’enregistrent au bureau de Noyen ; d’une brigade de gendarmerie à pied. Chef-lieu de perception ; bureau de déclaration des boissons, débit de tabac, débit de poudre de chasse. Bureau de poste aux lettres à Sablé.

établ. partic. Instituteur ; deux docteurs en médecine et un chirurgien, une sage-femme ; deux messagers pour le Mans.