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Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/ANTOIGNÉ (forge)

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ANTOIGNÉ, ANTOIGNY, forge, qui dépendait du château de ce nom, et appartenait au même propriétaire que lui. Elle est située sur la même rive de la Sarthe, à 6 hect. plus près du bourg de S.te-Jame, à 16 k. N. du Mans. L’usine se compose d’un haut fourneau, avec deux petits fours à chaux sur le gueulard ; de deux affineries, une chaufferie, une fenderie simple, un marteau, un bocard à scories et un lavoir à bras. Inactive depuis cinq ans, elle vient d’être remise en activité par M. Drouet, savant naturaliste du Mans.

Dans cette forge, comme dans toutes les autres du département, au nombre de quatre, et même dans celles du même genre de l’ouest et du midi de la France, le mode de travail, dont je vais traiter pour n’y plus revenir, est a-peu-près semblable, et l’affinage est celui dit à la française, ou à une seule opération.

Le minerai employé est un oxide terreux, en roche ou en grains, rendant, terme moyen, 33 pour % à la fonte, excepté celui des Bercons, voyez ce mot, qui rend jusqu’à 45 pour %. Ce minerai, dont l’extraction est facile, parce qu’il se trouve presque à la surface du sol, exige l’emploi de la castine, espèce de carbonate de chaux, pour fondant. On le lave seulement, sans l’emploi des machines, si ce n’est à la forge de Cormorin.

La consommation du charbon est, dans les usines, d’environ 180 parties pour 100 de fonte au haut-fourneau ; et de 120 pour % de fer, à l’affinerie. Ainsi, 150 parties de fonte ne produisant que 100 parties de fer, il faut 390 parties de charbon et 300 parties de minerai, pour obtenir ce dernier produit.

La fabrication est restreinte, pour le haut-fourneau, à celle des gueuses qui sont converties en fer sur le lieu même. On ne moule que les marteaux et les enclumes de la forge et quelques plaques de cheminée, en petite quantité. A la forge on ne fabrique que des fers en barres, dit fer marchand, de gros essieux, gros outils, bandes de roues et fer de fenderie, ce dernier du tiers à la moitié de la fabrication totale.

Le produit moyen des forges du département, ne va pas pour chaque usine, au-delà de 3100 quint. métriq. de fonte en gueuse, et de 2000 q. m. de fer de toute dimension. La durée du fondage est d’ordinaire de 5, 6 et 8 mois au plus.

La qualité de ces fers est généralement fort bonne. Il y en a de très-doux, qu’on nomme fers plians ; d’autres durs et aciéreux, qu’on appelle fers cassans. Ils sont recherchés pour le roulage et l’agriculture, sur-tout pour la fabrication des clous. Leur prix moyen varie de 60 à 65 fr. le quint. metr., pris sur l’usine même.

Ces établissemens ont peu profité des améliorations introduites depuis quelques années dans l’art des forges. L’usage des soufflets à piston n’a encore été introduit que dans une seule de ces usines : on n’a essayé nulle part l’introduction du procédé anglais. Seulement on a construit depuis peu, sur la masse de plusieurs des hauts-fourneaux, de petits fours à chaux semblables à ceux en usage dans le Berry et dans quelques autres parties de la France.

Nos maîtres de forges se plaignent aujourd’hui de la concurrence dans les marchés voisins des produits des forges à l’anglaise, qui s’établissent de tous côtes : cependant cette concurrence est peu nuisible aux forges à fer pliant, les procédés anglais ne donnant en général que des fers cassans.

La forge d’Antoigné tire son minerai des communes de S.te-Sabine, la Chapelle-S.-Fray, la Basoge, S.-Chéron, Rouillon et Aigné. Les bois de la Basoge, les forêts de Lavardin et de Bonnétable, lui fournissent le bois dont elle fait consommation.

Ses débouchés sont faciles, étant situés à 2 k. 2 h. seulement de la route royale du Mans à Alençon : ils le deviendront bien davantage encore, si le projet de navigation de la Sarthe, du Mans à Alençon, et sa jonction avec l’Orne s’exécutait.