Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/ARDENAY

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ARDENAY, ARDENAI, ARDENNAY, S.-HILAIRE-D’ARDENAI ; S. Hilarii de Ardeneïo ; du celte ard, arden, qui signifie forêt ; ou d’arduo loco, lieu élevé ; suivant la tradition du pays, d’ardeo, ardere, brûler ; ou d’ardens arena, sable brûlant. Toutes ces étymologies peuvent convenir également à ce lieu, la dernière surtout, les sables y causant des maux d’yeux, qui y sont endémiques. Cependant, la première paraît être la plus naturelle de toutes.

Commune du canton et à 6 kilom. 8 hectom. S. de Montfort ; de l’arrondiss. et à 17 k. E. du Mans. Autrefois du doyenné et de l’archid. de Montfort ; du diocèse et de l’élection du Mans. Distances légales 7 et 20 kilom.

descript. Bornée au N. par S.-Denis-du-Tertre et Soulitré ; au N. E. par le Breil et Bouloire ; à l’E, par Surfond ; au S. encore par Surfond et Challes ; au S. O., à l’O. et au N. O. par Parigné-l’Evêque, Changé et S.-Denis. Son diamètre est de 4. k. du N. au S. ; 3 k. de l’E. à l’O.

Le bourg, situé sur une éminence, regardant le N., à 1/2 k. de la route du Mans à S.-Calais, forme un rang de maisons le long de l’église au N., et quelques unes à l’O. ; il est situé presque au milieu de la commune, un peu plus au couchant.

L’église, qui n’a rien d’intéressant, n’a absolument l’air que d’une chapelle : clocher en flèche. Cimetière, clos de murs, entourant l’église au N. et à l’O.

populat. Portée jadis à 54 feux, actuellement à 82 ; elle se compose de 204 indiv. mal., et 198 fem. ; total 402, dont 80 dans le bourg. Le plus grand hammeau de la commune, au N., nommé le Faulx, en contient 40 environ.

Mouv. décenn. De 1803 à 1812, inclus. : mar., 37 ; naiss., 103 ; déc., 96. De 1813 à 1822, inclus. : mar., 27 ; naiss., 137 ; déc., 96.

hist. eccl. L’église est dédiée à S. Hilaire ; l’assemblée a lieu le dimanche le plus prochain de l’angevine, la fête de la Nativité de la Vierge. La cure était à la présentation de l’évêque du Mans.

On trouvera à l’art. soulitré, la mention de dons faits à l’église du Mans, par Jean d’Ardenay, sur les dîmes de cette paroisse.

Les seigneurs d’Ardenay, de la famille Levasseur, étant protestans, avaient un temple de cette religion près de l’église. Le 21 mars 1665, défense fut faite aux habitans d’Ardenay qui professaient la religion réformée, de tenir le prêche pendant la célébration du service catholique ; de faire les enterremens dans le milieu du jour, mais seulement le matin et vers le soir ; de travailler publiquement les jours de fête, et d’aller au cabaret pendant le service divin ; le tout sous peine de 500 liv. d’amende. Le 14 août de la même année, un arrêt de la chambre de l’Edit, condamna la dame de Voisin, veuve Levasseur, à faire démolir le temple protestant à ses frais, jusqu’à la voûte du caveau qui était destiné à recevoir les corps des seigneurs d’Ardenay et de leur famille. Permet, ledit arrêt, à ladite dame, de conserver environ trois toises dans l’emplacement dudit temple, fermées de murailles de quatre pieds d’élévation, pour servir de cimetière aux protestans, avec défense de l’employer à d’autres usages ; permet, enfin, à ladite dame et à sa famille, l’exercice de la religion réformée dans son château d’Ardenay, ce qui eut lieu jusqu’à la mort de Louis-Gaspard Levasseur, en 1682.

hist. feod. La seigneurie de paroisse était annexée au château d’Ardenay. Le fief de cette seigneurie s’étendait sur la paroisse de Soulitré, à qui il donnait la seigneurie ; sur celle de S.-Denis, dont il était suzerain ; sur S.-Mars-la-Bruyère, Surfond, Bouloire, Thorigné, le Breil, le Pont-de-Gesnes, Connerré et Lombron ; il avait haute-justice. La principale partie de ce fief reportait à Montfort, le reste à S.-Aignan.

La terre d’Ardenay avait donné son nom, comme on l’a vu, à une famille qui existait dans le 13.e et encore dans le 15.e siècle. Cette terre passa par mariage, en 1581, dans la famille Guyot ; puis, encore par mariage, en 1587, dans celle de Lenfernat. En 1654, elle fut vendue par ceux de cette famille, à Suzanne de Voisins, veuve et mère des Levasseur. Une fille de cette famille la fit passer, encore par mariage, dans celle des Huguet de Sémonville, qui la vendit, en 1767, à Jean-Baptiste Leprince, conseiller secrétaire de roi, qui prit le surnom d’Ardenay, et dont les descendans ont été les derniers seigneurs de ce lieu.

hist. civ. On trouvera dans la Biographie un article sur Adet, curé d’Ardenay, qui mourut dans cette paroisse ; et un autre sur M. Leprince d’Ardenay, qui en fut le dernier seigneur.

hydrogr. La commune est arrosée, du N. O. à l’O., par le ruiss. de la Merise ou du Landon, qui coule au bas du bourg, sous un petit pont en pierres ; de l’E à l’O., par celui de Fazone ; du S. E. à l’O., par celui de Sourice : tous les trois vont se jeter dans le Narais. Celui-ci arrose aussi Ardenay à l’O. L’étang de Combray, tracé sur la carte de Cassini, est desséché ; l’Etang-Chaud, à la gauche de la grande route, subsiste ; il nourrit de la carpe et quelques brochets.

Moulins de la Caloyère, sur la Sourice ; Neuf et de Santeau, sur le Narais ; tous trois à blé.

géolog. Un chaînon de montagne qui vient de l’E., se prolonge au S. d’Ardcnay, tourne à l’O. et remonte au N., jusqu’à Connerré et au-delà. Un autre petit chaînon s’avance du S. E. jusqu’à l’entrée du bois du château ; un troisième part du bourg et s’avance au N. E. c’est sur sa pente qu’est construit le château. D’autres buttes et collines entourent également Ardenay au N. et à l’E. L’intervalle existant entre elles et celles du S., forme une vallée que traverse la grande route du Mans à Bouloire, et dans laquelle les vents d’E. s’engouffrent comme dans un entonnoir. Terrain d’alluvion, formant des couches épaisses d’un sable quarteux, des couches d’argile à poterie ou à tuilerie, des bancs de galets et de cailloux roulés ; des poudings à grains de quartz liés par un ciment ferrugineux, de grosseurs variées, depuis celle d’un grain de millet jusqu’à celle d’une noix. Autres terrains, marécageux, tourbeux, infertiles, sur les bords du Narais particulièrement.

hist. natur. Minéralogie. Outre les indications ci-dessus, qui doivent servir de type pour toute la contrée, on trouve une marne blanche durcie ; des sables jaune, rouge et noir, par couches, lesquels forment le sol des coteaux décrits ; des roches d’un ludus quartzeux, rougeâtre ou jaunâtre, couvert de cristaux mamelonnés ou en grappes ; une tourbe terreuse, susceptible d’exploitation.

On a plusieurs articles sur les tourbières d’Ardenay, dans l’Eloge du P. Mersenne, par feu M. Pôté ; et dans le Discours sur les richesses minérales du département de la Sarthe, par M. Daudin.

Plantes rares. Alyssum calicinum, lin. ; Lycopodium inundatum, lin. ; Rosa pimpinellifolia, lin. ; Scleranthus perennis, lin. ; Silene conica, lin. ; Spergula nodosa, lin. ; Thymus acynos, lin.

nosologie. Maux d’yeux endémiques, causés par les sables brûlans apportés par les vents du S., toujours violens à Ardenay, lesquels, après avoir traversé des landes fort étendues, viennent déboucher avec effort entre les buttes de Loudon, décrites plus haut. — Lebrun, Ess. de topogr. médic., p. 27, signale les eaux des marais d’Ardenay comme chaudes en été et très-froides en hiver ; tenant beaucoup d’insectes et de végétaux en putréfaction ; étant troubles, fétides, pesantes, d’un goût fort désagréable ; enfin, causant des exhalaisons qui déterminent des fièvres adynamiques ataxiques.

division des terres. En labour, 1570 hect. ; landes, 765 ; prairies naturelles, 26 ; marais, 2 ; bois taillis et sapinières, 765 ; jardins potag., 5 ; jard. d’agrém., 2 1/2 ; vignes, 7 ;, eaux courantes, 28 ; étangs, 2 1/2 ; chemins, 8 ; total, 3 181 hectares.

contrib. Foncier, 1,484 fr. ; pers. et mobil., 171 fr. ; port. et fen., 73 fr. ; 12 patentés : dr. fix., 53 fr. ; dr. proport., 13 fr. 66 c. ; total 1,800 fr. 66 c. Percept. du Breil.

cultur. Sol argilo-sableux sur les hauteurs S. E., où l’on cultive le froment, l’orge et le méteil ; sablonneux et peu productif dans la vallée, qui produit seigle, maïs, sarrasin, pommes de terre, etc. Les prés ne donnent, à l’aide d’irrigations, qu’un foin de mauvaise qualité ; le marais du Narais sert de pacage aux bestiaux ; les landes nourissent des moutons dont la laine est fine et estimée.

Assolement quadriennal. 4 à 5 fermes principales ; le reste en bordages ; 30 charrues.

comm. agric. Exportation de 50 à 60 hectol. de grains, la 24.e partie des produits ; menues denrées ; porcs gras ; laines qui se vendent à S.-Calais.

march. fréq. Montfort, Bouloire, le Grand-Lucé, le 1.er surtout.

rout. et chem. La grande route du Mans à S.-Calais, par Bouloire, passe au N. et à peu de distance du bourg : elle est bien entretenue. Le sol étant généralement sablonneux, les chemins vicinaux sont d’assez facile exploitation.

habit. et lieux remarq. L’ancien château d’Ardenay, situé à 8 k. S. S. E. du bourg, fut rebâti à la moderne, vers le milieu du siècle dernier. Il est entouré de larges fossés secs, et accompagné d’un grand et beau jardin clos de murs ; d’un taillis bien percé et de plusieurs belles avenues : il appartient toujours à la famille Leprince. Les Asnerais, ferme qui tire son nom de ce qu’on y élevait des ânes, comme nous l’expliquons à l’article Asnières ; la Verrerie, autre ferme, dont le nom semble annoncer qu’il y a existé une fabrique de verre autrefois.

établiss. publ. Mairie, succursale. Bureau de poste à Connerré.