Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/ARNAGES

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ARNAGES, ARNAGE ; de arena, sable, rivage, arène ; et de arenosus, sablonneux ; ce qui rend bien la nature du terrain. Joli village ou hameau, dépendant des communes de Pontlieue et de Spay ; situé à 6 k. 4 h. S. S. O. du premier de ces bourgs ; à 2 k. 8 h. E. N. E. du second, et à 8 k. 4 h. S. du Mans. Distance légale, du Mans, 8 kilom.

Traversé par la route de Paris à Nantes, sur les deux côtés de laquelle ce village forme deux rangées d’assez jolies maisons, il est situé sur la rive gauche de la Sarthe, et arrosé en outre par le ruiss. de l’Arche-aux-Moines, qui divise la partie dépendante de Pontlieue de celle de Spay. Arnages et son territoire, outre les deux communes dont il dépend, est entouré de celles de Ruaudin, Moncé-en-Belin et Alonnes, dont il est séparé par la Sarthe, et éloigné de 5 k. au S. S. E.

L’église, que nous décrirons à l’article pontlieue, est succursale ou chapelle, et le desservant vicaire de cette commune.

La population d’Arnages est de 150 individus environ. Tout ce qui concerne son territoire et sa statistique, doit être cherché à l’article pontlieue.

C’est à Arnages, et à une portée de fusil à l’O. du village, qu’est situé le port où se déchargent les marchandises qu’amènent à voiles les bateaux qui, d’Angers, remontent la Sarthe jusque-là. Cette navigation continuait, il y a plusieurs siècles, jusqu’au Mans ; mais, immédiatement avant 1789, elle s’arrêtait à Noyen. Prolongée jusqu’à Arnages depuis la révolution, elle avait comme créé et rendu florissant ce village, qui, en perdant cet avantage par le rétablissement de la navigation jusqu’au Mans, à laquelle on travaille aujourd’hui, va probablement voir décroître le nombre de ses auberges et diminuer une partie des moyens d’existence de ses habitans, que les charrois des marchandises déchargées sur son port, aidaient à faire subsister. C’est un malheur inévitable, dont il serait à souhaiter qu’ils trouvassent le dédommagement dans la fondation de quelqu’autre établissement industriel, tel qu’une verrerie à bouteilles, par exemple, qui y serait convenablement placée sous tous les rapports.

antiq. Si jamais Alonnes a été une ville, un établissement romain important, comme nous croyons l’avoir établi précédemment, serait-il tout-à-fait téméraire de penser que le nom d’Arnages pourrait venir aussi de ce que les arènes romaines auraient été alors établies dans ce lieu ? Spay, qui n’est séparé d’Arnages que par la Sarthe, dont deux hameaux portent encore le nom de port, quoiqu’il n’y existe plus d’établissemens de ce genre, et une ferme celui de la marchanderie ; où, enfin, des médailles du haut et du bas empire, ont été trouvées, ne semble-t-il pas avoir appartenu au territoire d’Alonnes, que l’on circonscrit peut-être trop aujourd’hui? Toutes les voies romaines, que l’on peut encore reconnaître sur le territoire Cénoman, ne se dirigent point sur Subdunum, le Mans, comme on l’a soutenu récemment. La route du Lude, par Pontvallain, offre encore des traces d’encaissemens, qui décèlent le travail de ces grands constructeurs, et qui indiquent une voie conduisant chez les Andegaves, en passant par deux stations que nous décrirons, comme nous l’avons déjà dit, aux articles cré et luché. Cette voie ou ce chemin vient aboutir à Arnages, et sa direction paraît bien indiquer que c’est sur Alonnes qu’il se dirigeait, et non point vers Subdunum.