Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/ARTHUISIÈRE

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ARTHUISIÈRE, ou mieux ARTHUSIÈRE, ancien fief ou château, qui ne consiste aujourd’hui que dans une maison servant de ferme avec une tourelle hexagone au S., dans laquelle est l’escalier, situé sur le sommet du coteau de S.-Germain-du-Val, près la Flèche, à peu de distance à la droite de la route de Paris à Nantes. Cette maison, qui était autrefois enceinte de murs, n’offre plus d’intérêt que parce que la tradition en fait un rendez-vous de chasse, qui aurait dépendu du château de la Flèche, et appartenu à Henri IV ; et parce que S. Louis, marchant à la tête de son armée contre le duc de Bretagne, en 1230, y aurait séjourné plusieurs jours, et s’y serait amusé à chasser.

Ce château, comme on l’appelle, appartenait, à la fin du 13.e siècle ou au commencement du 14.e, à Guillaume Becquet, de la famille de S. Thomas de Cantorbery. Jacques de Maridort, de la famille des comtes de Warvic célèbres dans l’histoire d’Angleterre, se réfugia en France, à l’époque de la disgrâce de sa famille, et y ayant épousé Marie, fille unique de Guillaume Becquet, devint, par cette alliance, possesseur de l’Arthusière, de Château-Sénéchal et de ses autres biens.

Suivant un aveu du 9 juillet 1787, l’Arthusière fut réunie à la baronnie de Créans, dont dépendait la seigneurie de S.-Germain-du-Val, par l’acte d’échange du 16 octobre 1664, entre René, marquis de la Varenne, et Louis de Bourbon, prince de Condé, seigneur de Créans. Voir ce mot. Il n’est donc pas probable que l’Arthusière ait appartenu à Henri IV puisqu’elle ne vint dans la famille de ce prince, que par cet échange, plus de cinquante ans après sa mort.

On remarque à l’Arthusière, l’escalier tournant, dont un pilier, de 30 à 40 décim. de circonférence, lui sert de noyau, et en fait toute la solidité ; les marches ou dégrés, au nombre de 81, d’une pierre de taille tellement dure que, malgré leur vétusté, on n’y remarque encore aucune empreinte des pas ; le donjon de la tourelle, d’où l’on jouit de la vue entière du bassin du Loir, l’une des plus belles perspectives du pays ; enfin la cheminée de l’une des chambres, de construction très-antique et très-agréable tout-à-la-fois.

Le nom d’Artus, Arthur, est Saxon et signifie homme fort. Celui d’Arthuisière, qui se rencontre dans plusieurs autres lieux du département, veut dire propriété ou demeure d’Arthur. On voit, par ce qui précède, que ce nom a pu être donné par des familles anglaises, d’origine saxonne, propriétaires de ces différens lieux.