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Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/BAZOGE

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BAZOGE (la), LA BASOGE ; Bazogia prope Cenomanum, Basilica. Du grec Basilicon, qui signifie la même chose que Regia, en latin, on a fait en français Basoge, Basoche, Bazoge, Bazouges, etc., mots qui signifient un lieu, palais, ou temple royal. Voir plus bas : antiq.

Commune cadastrée du 3.e canton, de l’arrondissement et à 11 kilom. 2 hect. N. N. O. du Mans ; autrefois des Quintes, du diocèse et de l’élection du Mans, et chef-lieu de canton, avant l’arrêté du 13 brumaire an x. — Distance légale, 13 kilom.

descript. Bornée au N., par S.te-Sabine, N.-D.-des-Champs et S.te-Jame ; au N. E., par Souillé ; à l’E., par la Guierche et Montreuil ; au S. E., par Neuville ; au S. et au S. O., par S.-Saturnin et Milesse ; à l’O. et au N. O., par Milesse et la Chapelle-S.t-Fray. Diamètre, du N. au S., 5 kil. ; de l’E. à l’O., 6 k. 2 h. ; plus grand diam., du N. O. au S S. E., 7 kil. La forme de cette commune est celle d’une ellipse irrégulière, dont la direction est du N. O. au S S. E. — Le bourg situé sur la route du Mans à Alençon, sur une élévation, aux 2/5 es du diamètre de la commune vers le S. E., est formé d’une assez longue suite de maisons sur les deux côtés de cette route, et d’une seconde rue partant de celle-ci et se dirigeant à l’E., jusqu’à l’église qui en est à peu de distance. Celle-ci, à ouvertures cintrées et ogives, du genre flamboyant, n’a de remarquable que son grand-autel à la romaine, en marbre, et la balustrade du chœur ; clocher en flèche ; cimetière entourant l’église.

populat. Portée jadis à 217 feux, elle en compte aujourd’hui 480, qui se composent de 986 indiv. mâles, 1,093 fem. ; Tot. 2,079, dont 718 dans le bourg. Les principaux hameaux qui sont les Bottes, les Goulardières, la Louverie et Lansuinière, contiennent de 30 à 50 indiv. chacun.

Mouv. décenn. de 1803 à 1812, inclusiv. : mar., 154 ; naiss., 565 ; déc, 507. — De 1813 à 1822 : mar., 198 ; naiss., 622 ; déc., 556.

hist. ecclés. La cure, l’une des quarante du chapitre de S.-Julien, que l’on appelait les Quintes du Mans, était à la présentation du Scholastique ou Maître-Ecole de ce chapitre. L’église, suivant un titre qui y est déposé, fut érigée en paroisse, en l’an 1120 ; elle est dédiée à la Vierge, et la fête patronale ou assemblée a lieu le dimanche qui suit la fête de l’Assomption ; S.te Barbe, seconde patrone, fête de dévotion, avec procession, dans laquelle un grand nombre de jeunes filles et de femmes portent des cierges allumés — En 1106, l’év. Hildeberg confirmant le monastère de S. Vincent du Mans, dans la possession des églises qui lui avaient été données par des laïques, fait réserve expresse de celles qui appartenaient à des évêques, archidiacres, et archiprêtres, parmi lesquelles est citée Basilgeria.

hist. féod. La seigneurie de paroisse était un membre du marquisat de Lavardin-Tucé, et appartenait à M. le comte de Tessé. Les fiefs de cette paroisse étaient la Fromentière, la Bousselle, le Ménard, la Jousserie.

hist. civ. Dans une histoire manuscrite de la prise du Mans par les calvinistes, en 1562, on trouve le nom d’un sieur Bazoges, sans doute le seigneur de ce lieu, à côté de celui du sieur de Lavardin, parmi les principaux et les plus passionnés du parti protestant.

antiq. Ainsi qu’il a été dit plus haut, le mot Basilicon, dont on a fait Bazoge, signifiait un lieu royal ou impérial. Les romains nommaient ainsi un bâtiment public, construit avec magnificence, de figure oblongue, orné de colonnes et de statues, et destiné à rendre la justice et à faire le commerce. La principale entrée de cet édifice était par un bout, l’autre était ordinairement terminé en demi-cercle. C’était-là que siégeaient les juges ou les magistrats, comme y siégèrent ensuite les prêtres et l’évêque, la face tournée vers l’assemblée, lorsque les premiers chrétiens, après Constantin, purent s’emparer de ces monumens pour le culte public. Les marchands, dans ces basiliques, plaçaient leurs boutiques des deux côtés de l’édifice ; les plaideurs, les avocats, les curieux, les acheteurs, se promenaient dans le milieu, dans la nef, qui servait ainsi de promenade couverte, où le peuple se rendait en foule. — Grégoire de Tours, et les écrivains de son temps, donnent constamment le nom de Basilique, aux bâtimens de fondation royale consacrés au culte chrétien : le mot Eglise n’était jamais employé alors, que pour exprimer l’ensemble, la réunion des fidèles, le peuple et le clergé. La Bazoge, ou Basoche de Paris avait la même étymologie : elle venait de ce que les cours de justice siégeaient dans l’ancien Palais de nos premiers rois, Basilica. Les procureurs ayant été autorisés à se faire assister par de jeunes clercs, qui se formaient sous eux à la procédure, ces clercs se rendirent si utiles, que Philippe-le-Bel les autorisa, pour les en récompenser, à s’élire un roi et à se réunir dans la Basilique du Palais.

Quoiqu’il ne nous reste aucun document historique qui confirme pour la commune que nous décrivons une semblable étymologie, ce lieu était si voisin de la voie romaine qui conduisait de Subdunum, la capitale des Cénomans, à Noiodunum, la capitale des Diablentes, qu’il est très -naturel de croire que le nom de la Bazoge est le dernier vestige d’un établissement romain, du genre de ceux dont je viens de parler, qui a dû y exister autrefois. Le nom de Marqueterie, que porte une ferme peu éloignée de la Bazoge, sur la lisière de la forêt de Lavardin, indique un établissement romain : c’était, suivant M. Bodin, Recherches sur le Haut-Anjou, un bâtiment où l’on inscrivait et où l’on marquait d’une feuille de lierre au bras droit, les Gaulois qui venaient se ranger sous les aigles romaines. — La voie dont je viens de parler, se dirigeait du Mans à Jublains, c’est-à-dire au N. O. ; mais il est probable qu’elle ne s’écartait pas trop, pendant les premiers milles, des bords de la Sarthe, à-peu-près dans la direction de la route actuelle du Mans à Alençon, puisqu’on en voit encore des vestiges, à la gauche et tout près de cette route, dans les bois de Monthéard, en face de Neuville-sur-Sarthe ; à la Croix-de-Villée, au Mortier, dans les bois dits de la Bazoge, enfin, à la Croix-des-Buis, à l’extrémité N. E. de ces bois. C’est en extrayant de la grave pour la route d’Alençon, qu’on a découvert cette voie, dont la largeur paraît être d’à-peu-près 8 mètres, et la longueur de chaque partie découverte de 250 mètres : elle était construite, ainsi que les Romains en avaient l’habitude, en scories de fer bien encaissées. — On a trouvé sur le territoire de la Bazoge des médailles romaines et des scories de forges à bras en monceaux.

hydrogr. La rivière de Sarthe arrose la commune à l’E., en coulant du N. au S., et passe à 2 kilom. 2 hect. à l’E. du bourg ; le Mortier, ruisseau, qui des hauteurs de l’ancien presbytère se dirige à l’E., et se jette dans la Sarthe au-dessus des Guêpières, après un cours de 6 k. ; celui de Pont-Cherrau, au N, N.-E, 4 k. de cours ; celui de Rue-Pierrée, au N. E. ; celui de la Courbe, qui borne la commune au N. O., ayant un cours de 8 k. 5 h. sur son territoire ; enfin, celui de Bellande, qui la borne au N. O., cours 2 k. 6 h. — Moulin à blé de la Courbe, sur le ruiss. de ce nom.

géolog. Terrain irrégulier, coupé par une chaîne de collines qui circonscrit la commune du S, au N, O., par O., et revient la traverser en se divisant en plusieurs ramifications du centre à l’E. et au S. E. ; un autre chaînon, venant du N. E., se termine à l’extrémité N. Terrain tertiaire, ou supérieur à la craie et de forme plus récente.

hist. natur. Minéral. Ce terrain offre plusieurs carrières d’où l’on extrait le grès ferrifère ou roussard, composé de grains quartzeux, liés ensemble par un oxide de fer ; de l’ocre jaune, dans celle des Canones ; mine de fer limoneuse ; hématite brune ; succin jaune, extrait du puits du presbytère ; Ammonites, marne, etc.

cadastr. La superficie totale de la commune, de 2,290 h. 67 ar. 73 centiares, se divise ainsi qu’il suit : — Terr. labour., 1,363 hect. 22 ar. 30 cent. ; en 5 classes, de 7 fr. 70 c., 18 fr. 27 fr. 30 c, 45 fr., 65 fr. 40 c. — Jardins, 32-46-20 ; 2 cl. : 65 fr. 40 c., 87 fr. 20 c — Prés, 184-48-30 ; 4 cl. : 24 fr., 53 fr. 70 c., 89 fr. 40 c., 119 fr. 20 c. — Pâtures, — 47-92-70 ; 2 cl. : 14 fr. 60 c., 29 fr. 10 c. — Landes, 6-17-60 ; à 2 fr. 20 c. — Taillis, 555-60-80 ; 3 cl. : 10 fr. 80 c., 18 fr. 70 c, 29 fr. 40 c. — Futaies, 7-59-60 ; 3 cl. : 10 fr. 80 c., 15 fr. 60 c., 29 fr. 40 c. — Etangs, 0-99-0 ; à 24 fr. 50 c. — Carrières, 0-12-0 ; à 28 fr. 10 c. — Friches, 0-09-0 ; à 20 c. — Superfic. des bâtim., 15-97-70 ; à 65 fr, 40 c. Objets non imposables : Egl., cimet., presbyt., jard., chem., 71-91-48. — Riv. et ruiss., 4-11-05. = 487 maisons, en 10 cl, de 8 à 120 fr. — 3 loges, à 80 c. — 1 moulin, à 160 fr.

Le Total du Revenu imposable, est de 82,788 fr. 36 c.

contrib. Foncier, 10,600 fr. ; personn. et mobil., 1,562 f. ; port. et fen., 429 fr. ; 64 patentés : dr. fixe, 306 fr. ; dr. proport, 106 fr. ; Total, 13,003 fr. — Perception de la Bazoge, seule.

culture. Sol naturellement maigre, ne produisant que du seigle et du sarrazin, que l’emploi de la marne et les soins des agriculteurs ont considérablement amélioré. On y recueille aujourd’hui froment et orge en quantité ; seigle et avoine beaucoup moins ; chanvre, fruits à cidre, à couteau et à noyau. Engrais de porcs assez considérable ; élèves de bestiaux. — 14 fermes, 103 bordages ; 137 charrues. Assolement triennal et quaternal.

comm. agric. Exportation de 14 à 15 cents hectol. de grains ; chanvre, cidre, fruits à noyaux et à pépins ; guignes et cerises cuites, poires tapées, qu’il est à regretter que l’on ne pare pas et qu’on ne mette pas en corbeille comme celles de Troo, ce qui donnerait une bien plus grande extension à ce commerce ; menues denrées. Bestiaux, porcs gras ; bois, charbon, etc.

comm. industr. Extraction du grès roussard, qui s’emploie au Mans en quantité pour les constructions ; de la mine de fer, qui, ainsi que les bois et charbons de la commune, alimentent en partie la forge d’Antoigny. 10 à 12 métiers pour la fabrication de toiles en 2/3 façon Fresnay ou pour particuliers, dites communes ; blanchiment du fil.

march. fréq. Le Mans et Beaumont-sur-Sarthe.

rout. et chem. Outre la route royale, n.°138, du Mans à Alençon, un grand nombre de chemins sillonnent la commune dans toutes les directions.

habitat. et lieux remarq. La Fromentière, château ; la Bousselle, le Ménard, maisons bourgeoises ; l’Homas et l’Hommeau, fermes, dont les noms signifient hameau ; le Cercueil, le Sépulcre, dénominations qui indiquent quelques circonstances historiques dont il ne reste point de souvenir ; Bure ou Burée, non équivalent à celui de villa, et qu’on croit indiquer un lieu de plaisance de quelque grand, peut-être d’origine Normande, dans les 11.e ou 12.e siècles.

établ. publ. Mairie, succursale ; résidence de notaire, de percepteur ; instituteur et institutrice primaires ; débit de tabac ; relais de poste aux chevaux ; bureau de poste aux lettres au Mans.

établ. particul. Un expert, un doct. en chirurgie, une sage-femme.