Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/BONLIEU (ABBAYE)

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BONLIEU, abbaye de filles de l’ordre de Cîteaux, dans la paroisse de Bannes, de l’élection et à 3 kil. 1/2 au S. E. de Château-du-Loir, sur la rive gauche de la rivière de ce dernier nom. Guillaume des Roches, sénéchal de Touraine, d’Anjou et du Maine, seigneur de la Roche-au-Moine, de Sablé, à cause de sa femme ; de Mayet et de Château-du-Loir, d’abord par transaction avec la reine Bérengère, ensuite par les dons que lui en firent successivement Jean-sans-Terre et Philippe-Auguste, fonda cette abbaye, conjointement avec Marguerite de Sablé son épouse, et leurs filles Jeanne, mariée à Amauri de Craon, et Clémence, veuve de Thibaud, comte de Blois et de Chartres, au mois de mai 1219, dans un lieu nommé Boutigni, Botegneio. Guillaume des Roches étant mort en 1222, ses obsèques eurent lieu au mois de juillet, dans l’abbaye de Bonlieu ; les évêques d’Angers, Guillaume, et du Mans, Maurice, y assistèrent, ainsi qu’un grand nombre de seigneurs, ses frères d’armes, qui, comme il était d’usage alors, firent tous des dons à l’abbaye. Le procès-verbal de cette inhumation ne porte que la date du mois et non celle du jour ; mais l’anniversaire de cette mort était célébré le 17 juillet. — L’abbaye possédait cinq à six mille livres de revenu, et l’acte de fondation lui donne le droit d’usage et de pacage dans la forêt de Bersay, ainsi que d’y prendre le bois nécessaire à son usage ; plus deux moulins et le droit de pêche sur et dans la rivière de Loir, etc. — On compte 22 abbesses depuis sa fondation jusqu’à sa suppression. La première connue est Odeline, en 1232 ; la dernière N… de Murât. La quatrième, Agnès de Champchevrier, était fille d’un chevalier bienfaiteur de l’abbaye ; plusieurs autres appartenaient aux maisons de Blois, de Vendôme, de Dureil, de Broc, de Bueil, de Vanssay, etc. : il s’y trouvait 22 religieuses en 1700. On ne trouve point cette abbaye dénommée, parmi celles qui eurent des représentans à la réunion des trois ordres, pour l’examen et la proclamation de la coutume du Maine, en 1508. — On voyait dans le chœur de son église, le mausolée de Guillaume des Boches, sur lequel il était représenté en relief avec ses deux filles. On y voyait aussi un autre tombeau sous lequel avaient été inhumés Jean de Mathefêlon et Guillaume de Neuvi. Les religieuses prétendaient aussi posséder le cœur de Marguerite de Sablé, épouse de Guillaume des Roches, qui avait été inhumée dans l’abbaye du Perrai-Neuf, en Précigné. — L’église et une partie du monastère de Bonlieu sont détruites ; ce qui en reste forme une habitation bourgeoise actuellement. Le tombeau et la statue du célèbre sénéchal ont été brisés.