Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/BRUÈRE

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BRUÈRE (la), Brueriis ; commune cadastrée, dont le nom indique suffisamment quelle était jadis la nature du sol ; du canton et à 14 kil. 1/2 E. du Lude ; de l’arrondissement et à 44 kil. E. S. E. de la Flèche ; à 40 kil. S. S. E. du Mans. Anciennement de l’archiprêtré du Lude, du diocèse d’Angers ; de l’élection de Baugé et de la province d’Anjou. — Distances légales, 14, 39 et 49 kilomètres.

descript. Bornée au N. O. et au N., par le Loir, Vaas et Montabon ; à l’E., par Nogent-sur-Loir ; au S., par Chenu ; à l’O., par S.-Germain-d’Arcé ; sa forme est à-peu-près celle d’un croissant irrégulier, s’étendant du N. N. E. au S. O., et dont la partie rentrante est du S. O. au N. Diamètres du N. N. E. au S. O., 5 kil. 1/2 ; de l’E. S. E. à l’O., 3 kil. — Le bourg, situé à-peu-près au milieu du premier de ces diamètres, et à la presqu’extrémité O. du second, se compose d’un petit nombre de maisons rangées en ligne, au N. de l’église., et formant avec elle une rue que longe le chemin qui conduit de Vaas à S.-Aubin-le-Dépeint (Indre-et-Loire). — Église ancienne, à ouvertures cintrées du genre roman, dont le chœur plus moderne, voûté en pierre, appartient au genre gothique ; très bien décorée. Clocher en flèche. On remarque au fond du tabernacle, où était jadis une adoration des mages en stuc, un tableau peint et donné à cette église, depuis peu d’années, par Madame Petau de Grandcour, d’Orléans, parente de M. de Savonnières ; il représente Jésus dans le temple, au milieu des docteurs, au moment où Joseph et Marie viennent l’y chercher. On pourrait reprocher à ce tableau, qui nous a paru bien exécuté du reste et d’un bon coloris, que Jésus y est peint ayant une adolescence trop prononcée : c’est tout-à-fait un jeune homme, dont la mère ne paraît être que la sœur. Or, on sait que Jésus n’avait alors que douze ans ; par conséquent,

« Son âge touchait à l’enfance ; »

et ce n’est qu’ainsi, en effet, que sa conduite dans cette occasion, peut offrir quelque chose d’extraordinaire, de réellement divin. — Cimetière attenant à l’église, clos de murs bien entretenus. Beau presbytère, qu’on dit être d’une construction aussi ancienne que celle de l’église, vendu pendant la révolution, et racheté par la commune ; le décret qui autorise cette acquisition est daté de Moscou.

populat. Portée anciennement à 85 feux, elle en contient actuellement 90, qui se composent de 170 individus mâles, 394 femelles, total, 364 ; dont 50 dans le bourg. La population de cette commune a diminué d’un quarantième depuis 1804.

Mouv. décenn. De 1793 à 1802, inclusivement : mar, 26 ; naiss., 118 ; déc., 62. — De 1803 à 1812 : mar., 31 ; naiss., 107 ; déc., 80. - De 1813 à 1822 : mar., 36 ; naiss., 107 ; déc., 61.

hist. ecclés. Église sous le patronage de S.-Martin de Tours : point d’assemblée. Il y avait une chapelle au manoir du Grand-Perray ; deux prestimonies, de N.-D. et de Saint-Jacques. Le prévost d’Anjou, présentait la cure à l’évêque d’Angers et nommait aux prestimonies ; le seigneur du Grand-Perray, présentait au même évêque, la nomination de son chapelain.

hist. feod. La seigneurie de paroisse, ancienne châtellenie, appartenait au prévost d’Anjou, qui était un chanoine de S.-Martin de Tours : elle était attachée, à ce qu’on croit, ce qui ne nous paraît pas certain, à la terre du Grand-Perray, où est un château d’ancienne construction, situé au N. du bourg, ayant tours, tourelles, douves, avenues, chapelle, etc. : il appartenait, lors de la révolution, à la famille de Nicolaï. Il y avait plusieurs autres terres seigneuriales et simples fiefs. Parmi les premières, on compte, la Chaise, au N. du bourg, qui dépendait du chapitre de Saint-Martin de Tours ; la Maison-Rouge, depuis fort longtemps à la famille de Savonnières, et qui lui appartient encore On voit dans le cimetière de la Bruère une tombe en ardoise, en forme de table soutenue par quatre pieds, érigée à la mémoire de « Messire Charles- René de Savonnières, chevalier, seigneur de Brullon, de la maison de la province d’Anjou. » On y célèbre « sa naissance, son mérite, l’élévation de son esprit, la noblesse de ses sentimens, la pureté de ses mœurs, la douceur de son caractère, etc. » Il mourut le 7 octobre 1759. La Gagnerie, au S. S. E. du bourg, était un fief inférieur.

La Presvoté d’Anjou, dont nous avons parlé, était attachée au chapitre cathédral de S.-Martin de Tours et y tenait sa juridiction, qui s’étendait sur sept châtellenies. La Flèche et Baugé se disputèrent longtemps les attributions de cette juridiction que des lettres-patentes d’Henri IV, enregistrées le 4 mars 1599, attribuèrent au siège présidial de la Flèche, malgré les oppositions du siège de Baugé.

hydrogr. La commune est arrosée au N., par la rivière de Loir, et par le ruisseau des Halles ou de Pierre-Fine, qui passe aux deux hameaux ainsi nommés, le premier de Vaas, et l’autre de la Bruère, et va se jeter dans le Loir. Un autre ruisseau, venant du hameau le Guignier, au S., passe près et à l’E. du bourg et se jette dans le précédent entre le bourg, la Maison-Rouge et le Grand-Perray : son cours n’est que de 2 kilom. 2 hectom.

géolog. Minéral. Terrain secondaire, plat au centre et au N. de la commune ; montueux aux autres extrémités, de l’E. au N., etc., formant une suite de monticules ou de coteaux qui s’étendent en demi-cercle par le S. L’argile et le sable siliceux forment sa superficie ; le calcaire crayeux ou tuffau, le noyau de ses coteaux, où il est en extraction. Du haut d’un monticule au S., où une ferme porte le nom de Tuffau, on jouit d’une perspective charmante, qui s’étend à plus de 2 myriamètres, à l’E. et à l’O., dans le vallon du Loir, et jusqu’au haut des coteaux qui le dominent au N., sur sa rive droite.

cadastr. La superficie totale de la commune, de 1,146 hectares 26 ares, se divise ainsi qu’il suit : Terres labourable 611 hectares 01 are 80 centiares, divisés en 5 classes, de 5 f. 50 c., 9-60, 15-60, 25-20, et 32 f. 40 c. — Jardins, 30- 63-10, 3 d. : 32 f. 40 c, 40-50, 48-50 — Prés, 171-12- 60 ; 4 cl. : 18 f. 40 c., 39-30, 60 f., 87 f. 60 c. — Pâtures, 173-88-0 ; 4 cl. : 9 f. 10 c, 13-70, 25-80, 36 f. 40 c. — Bois taillis, 22-13-80 ; 3 cl. : 5 f. 30 c., 12 f., 18 f. 10 c — Vignes, 4-65-60 ; à 14 f. 80 c. — Landes, 78-45-50 ; 2 cl. : 2 f. 30 c., 4 f. 60 c. — Pinières, 9-40-50 ; à 6 f. 10 c. — Aulnaies, 8-98-50 ; à 18 f. 20 c. — Terres vag. et vain., 3-22-50 ; à 80 c. — Douves et viv., 1-01-40 ; 3 cl. : 9 f. 60 c., 15 f. 60 c., 32 f. 40 c. — Superficie des bâtimens, 6-31-20 ; à 32 f. 40 c. Objets non imposables : Église, presbyt. et jardins, 0-66-0. — Chemins, 19-29-60. — Riv. et ruiss., 5-45-90. = 90 maisons, en 7 cl., de 9 à 114 f.

Le Total du Revenu imposable de la commune est de 25,063 f. 71 c.

contrib. Foncier, 2,090 f. ; personn. et mobil., 220 1. ; port. et fen., 112 f. ; 7 patentés ; dr. fixe, 38 f. ; dr. proport., 10 f. ; Total, 2,490 f. — Perception de Vaas.

cultur. Sol argilo-sablonneux, médiocrement productifdans les parties en labour, dont on cultive 5 parties en froment, 30 en seigle, 25 en orge et avoine et 2 en prairies artificielles. Les prairies naturelles, situées plus près du bord du Loir, sont de bonne qualité et forment d’excellents herbages ; la vigne est plantée sur les coteaux crayeux, trèfle, pommes de terre, chanvre, arbres à fruits. — Elèves de chevaux, de bêtes à cornes, moutons, porcs, etc. Engrais de bœufs et de porcs. — Assolement triennal ; culture assez bien entendue néanmoins. 60 charrues, pour à-peu-près autant de fermes et bordages ou closeries.

comm. agric. Peu d’exportation de grains ; graine de trèfle, chanvre et fil ; vin, fruits, noix. Chevaux, bêtes à cornes, moulons et jeunes porcs ; bœufs et porcs gras ; volailles, laine, beurre, etc.

comm. industr. Quelques pièces de toiles de commande ; il ne s’en fait plus pour le commerce. Extraction du tuffau, dont les excavations forment des caves à vin.

march. fréq. Château-du-Loir, Vaas.

rout et chem. Grâce aux soins donnes par le maire, m. de Savonnières, à cette branche importante d’administration, il n’est pas de commune dans le département où les chemins vicinaux soient en meilleur état. Cela est frappant au point de distinguer facilement le passage de cette commune, dans plusieurs de celles qui la circonscrivent.

habit. et lieux remarq. Le Grand-Perray, appartenant aujourd’hui à M. Serpin-Dugué, de Château-du-Loir ; à Maison-Rouge, construction moderne, avec avenues ; la Chaise et la Gagnerie déjà nommées. Ajoutons, comme noms remarquables, l’Abbée, le Plessis et Ville-Neuve, fermes et hameaux. Le nom de Pierre-Fine, que porte aussi un hameau, vient, à ce que l’on croit, d’une pierre dure sur laquelle on pouvait passer le ruisseau du même nom dans ce lieu. Cette contrée offre trop fréquemment des monumens druidiques, à Chenu, à S.-Germain-d’Arcé, par exemple, etc., pour que nous n’y voyons pas l’indication d’un peulven, pierre-fite on fiche, en langage de nos pays, qui aura disparu.

établ. publ. Mairie, succursale. Un instituteur primaire avec une légère rétribution communale. Bureau de poste aux lettres à Château-du-Loir.