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Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/CHAMPAGNÉ

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CHAMPAGNÉ, Campania, Campanicus, et mieux Campus pugnœ, champ du combat. Voir plus bas, hist. ecclés., l’étymologie de ce nom. Commune du canton et à 7 kilom. 8 hectom O S. O. de Montfort-le-Rotrou ; de l’arrondissement et à 10 kii. 7 hect. E. N. E. du Mans. Jadis du doyenné et de l’archidiaconé de Montfort, du diocèse et de l’élection du Mans. — Distances légales, 6 et 12 kilomètres.

descript. Bornée au N., par Fatines ; à l’E., par Saint-Mars-la-Bruyère ; au S., par Changé ; à l’O.^ par Yvrél’Evêque ; cette commune, de forme ovale, a 5 kilom. de diamètre environ, du N. au S., et 3 kilom. de l’E. à l’O. — Le bourg, sur la rive gauche de l’Huisne, vers l’extrémité ÏN. O. de la commune, se compose de 9 rues et ruelles, dont deux seules remarquables, l’une se dirigeant de l’E. à l’O. r en longeant léglise au S., l’autre partant de celle-ci et se dirigeant au S. O. Ce bourg paraît avoir été enclos de murs garnis de portes autrefois ; on y aperçoit des vestiges des uns et des autres, et quelques maisons porlent le nom de la porte, qui se trouvaient à côté de l’une d’elles. La maison de la Bretêche, nom qui signifie une petite forteresse, conserve encore sa cour close, l’emplacement de sa porte, et semble être le point de départ des murs d’enceinte dont nous parlons. On y remarque, comme dans plusieurs autres maisons du bourg, ses ouvertures de fenêtres en croix de pierre, d’où est venu le nom de croisée, et qu’on assure ne pas remonter au-delà de la fin du i4 e siècle, à moulures à filets, etc. Une autre maison de ce bourg, semble annoncer par la forme aiguë de sa porte, et par des armoiries sculptées sur un écusson en pierre dégradé, qu’elle a été le manoir du fief que Tordre de Malthe y possédait. La maison du prieuré, proche l’église, est une construction à croisées en croix, flanquée de deux tourelles rondes. — Eglise à ouvertures de différens styles, semi-ogives et ogives avec des quatre feuilles, etc. On croit qu’elle a été incendiée, ce qui explique les différens styles de son architecture : sa porte occidentale et son pignon de ce même côté annoncent une récente reconstruction. Clocher en flèche assez élevée. Dans l’intérieur, on remarque à l’une des croisées du chœur, un tableau d’Assomption en verres coloriés, peu intéressant, au-dessous duquel on voit d’autres très-beaux vitraux, en camaïeu, d’un excellent dessin, dont il ne reste malheureusement qu’une bande de la largeur de la croisée, de i5 centimètres ( environ 6 pouces) de hauteur. — Cimetière à 1/2 kilom. au S. du bourg, clos de murs, dans lequel est une chapelle dédiée à S. Salvateur. Voir plus bas hist. ecclés. On l’appelle le grand cimetière, probablement par comparaison avec un autre qui paraît avoir existé plus anciennement sur la colline au N. O., au milieu des vignes, où l’on rencontre encore des restes de murs et quelques ossemens.

populat. De i56 feux en 1780, on en compte actuellement 228, qui se composent de / t 3o individus mâles, ^5 femelles, total, 875 ; dont 4-64 dans ^ e b° ur g •> l ^° environ au hameau de Villiers, 70 à celui de la Lande et autant à celui des Rochers de Roçay et des Hermites, sur la route du Mans à S.-Calais, où l’on construit une maison, avec l’espoir d’y obtenir le placement d’un relais de poste, et qui s’appelera S.-Hubert-des-Rochers. Sur la route du Mans à Paris, au S. du bourg, le hameau de la Croix-Burin, prend actuellement le nom de Bourg-Neuf de Champagne.

Mouv. décenn. De i8o3 à 1812, inclusivement : mariages, 56 ; naissances, 2.^1 ; décès, 220. — De i8i3 à 1822 : mar., 67 ; naiss., 255 ; décès, 233.

hist. ecclés. Église sous l’invocation de S.—Didier, Desiderarius, vulgairement S. Désiré. Forte assemblée le dimanche entre l’Ascension et la Pentecôte ; une autre le dimanche des Rameaux, jour de la cérémonie des lances ; une troisième le dimanche après le 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge, tient dans la prairie, où l’on danse. — La cure était à la présentation de l’abbé de S.-Vincent du Mans. — La fondation faite en i663, dans l’église de Champagne, en l’honneur du S.-Sacrement, a disparu. — Le jour de la fête patronale de S.-Didier, le curé de Pont-de-Gesnes, son clergé et ses paroissiens, se rendaient processionnellement, la croix à leur tête, à l’église de Champagne. En arrivant sur le pont, on leur distribuait du pain et du vin, aux dépens de la cure de Pont-de-Gesnes, qui avait été aumonée à cet effet, d’un contrat de dixme inféodée, dans le clos des Piloïères de la paroisse d’Yvré—l’Évêque, par un seigneur d’Auvour, terre située audit Yvré. Cette fondation a été aliénée et l’usage a cessé. — La chapelle du Grand-Cimetière, surmontée d’un clocheton, fut bâtie et fondée vers i53o, par Jean Crépon, dont on voit la tombe en pierre au milieu de cette chapelle. Sur cette tombe est gravée en pied l’image de cet ecclésiastique, revêtu d’habits sacerdotaux à l’antique, c’est-à-dire d’une forme qui n’est plus celle actuelle. On lit au-dessus de la tête : « Chapelle de Sainct Salvateur, faïeltc » en l’an MIL V. e XL VIII. » Autour du corps, sur les trois faces des côlés et du dessous des pieds : « Ci-gist messire Jehan Crépon, prestre natif de Champagne qu’il quitta (par l’effet de sa mort sans doute ?) le XXIV septembre M. V e XXX : Amen. » Sur le devant de la chasuble, au milieu d’une espèce d’étole, sont gravés les monogrames, plusieurs fois répétés, « M. J H S. » Tous ces caractères sont en gothique. La tête est représentée appuyée sur un coussin garni de galons et de glands ; le tout passablement exécuté en creux et au trait. D’après les dates de ces inscriptions, la chapelle n’aurait été construite que 18 ans après la mort du fondateur.

Tous les ans, le dimanche des Rameaux, on apporte ou on amène solennellement, de la chapelle du Cimetière dans l’église de Champagne, un grand Christ en bois, posé sur un espèce d’avant-train. Après la messe qui suit cette procession, la jeunesse, à cheval et vêtue à l’antique, allait autrefois tirer la lance sur le poteau seigneurial placé à l’entrée de la lande, dans une espèce de carrefour ; aujourd’hui cet exercice a lieu sur la grande route de Paris, en face le hameau de la Croix-Burin ou du Bourg-Neuf : c’est â-peuprès la même cérémonie que celle qui se pratique au Mans à pareil jour. Il est évident que c’est ce tir ou combat de la lance, qui a donné le nom de Campus pugnœ, champ du combat, à la commune de Champagné, dont le sol n’est point assez généralement calcaire pour que ce nom lui vienne, comme les précédens, de la nature du terrain. On peut juger encore que de campus pugnœ on a pu faire Champagne, par ce vers de la Chronique ascendante des ducs de Normandie, par Robert Wace, (ouvrage qu’il ne faut pas confondre avec son roman de Rou), qui est du i2. e siècle :

« Mainte bataille fist et maint estor champal. »

« champal, combat en champ clos, » dit l’annotateur, M. Pluquet. Cette explication, qui prête tant à l’évidence d’ailleurs, a encore pour elle l’autorité du savant M. Allou, dans ses recherches sur les Monumens de la Haute-Vienne, page 7 de l’Introduction.

Les Rochers et Roçay, où il y avait une chapelle dédiée à la Magdeleine et un hermitage, dépendaient, avec quelques accessoires environnans, du prieur, du cloître et de l’abbé de Saint-Calais.

hist. féod. La seigneurie de paroisse appartenait à l’époque de la révolution, à la maison de Murât, comme étant un membre du marquisat de Montfort. Elle était attachée au manoir de la Brctèchc, espèce de fort, ainsi que nous 1 avons dit, et passa d’un sieur Dorange à la maison de Murât. Un bordage nommé la Vieille-Cour, avait du en dépendre, comme le lieu où se recevaient les hommages, ou 1 on rendait la justice, etc. Les exécutions avaient lieu sans doute dans la Lande de la Justice, où les fourches patibulaires devaient être placées. — Outre le fief seigneurial, il y avait encore sur cette paroisse ceux de Malthe, du Prieure, d Auvour, dont le manoir est en Yvré-1’Evéque ; de la Lande, de la Gâchetière, de la Beuvetière, de Mirçon, du ttocher, de Briolay et de Yilliers.

On connaît peu l’histoire des seigneurs de Champagne, ce nom étant souvent confondu avec celui de Champagne, par nos annalistes. On voyait dans l’église les épitaphes de Jean et de Gabriel Mouray, d’un seigneur d’Auvour, de Marguerite de Vaulogier (ou Baulogier), dame de Champagne : les armes de celle-ci sont encore à la voûte de la chapelle latérale droite du chœur, appelée Chapelle des Seigneurs. — En i4ob, Jean de Baulogier (sic), rend aveu pour un moulin et nets es paroisses de Champaigné et de Changé : il ne parait pas certain que ce fut le fief paroissial qu’il possédât. Dans le 14 ou le i5. e siècle, Anne de Yilliers, fille de Guillaume de Villiers et de Jeanne de Mar, qui épousa Hardouin de Maille, prenait le titre de dame de Champagne. Villiers, gros hameau de la commune, était un fief alors, à ce qu’il parait, dont cette famille portait le nom. Ce fief aurait-il appartenu depuis à Guillaume Becket, qui, aux termes d’un aveu rendu au roi, par l’éveque de Savoisy, en i3g4, était tenu à une foi et hommage envers l’éveque du Mans, « à cause de la terre et appartenances de Yilliers ? » Cela est d’autant plus probable, qu’il doit une autre foi et un autre hommage « pour la terre » de Lourront, près le pont de Parence, » qui en sont peu éloignés. Dans le i6. e siècle, Jacques II de Maillé est seigneur de Bénehart et de Champagne : il était père de Jacques III, qui fut pendu à Yendôme, comme nous l’avons dit a l’article chahaignes.

hist. civ. « En i65 2, lors des troubles de la * ronde, le pont d*e Champagne, sur l’Huisne, fut rompu, ainsi que ceux de Pont-de-Gesnes et d’Yvré. » Ce pont, construit en pierres, est de i3 arches, de forme semi-ogive, pour la plupart. — En i6o3, Gilles Bétrix, curé de S.-Corneille, fonda à Champagne, un collège pour les garçons, dont il reste la maison, servant de salle pour la mairie. Les vicaires faisaient l’école, et avaient droit à la majeure partie des regains des prairies dépendant de la paroisse, droit dans lequel, sur contestation, ils furent maintenus en 1709, par sentence du présidial du Mans : cet usage a cesse. La commune accorde à un instituteur primaire une légère allocation annuelle sur son budjet. — Les Curés, Gabrielle-Anne et Françoise Brossard, fondèrent une école pour les filles, dont il ne reste plus rien. M. Ue le Comte, du Mans, descendante des sœurs Brossard, et M. Paris, curé actuel, ont renouvelé cette bienfaisante institution, par celle de deux sœurs d’Evron qui font les petites écoles aux filles et donnent des soins aux malades à domicile. Ce nouvel établissement consiste dans une maison avec jardin, nommés le Guenbard, et une rente de 3oo fr. — M. Pineau, propriétaire au Mans, a de plus fait don à la commune d’un pré, produisant 70 a 80 fr. de revenu, administré au profit des pauvres par un bureau de charité.

Pierre, fils d’un paysan, que sa science et sa vertu firent choisir pour coadjuteur à l’évêque Engilbert, était ne a Champagne. Voir la biographie.

Le Paige a vanté la qualité et les bons effets du vin blanc de Champagné, dans le traitement des maladies calculeuses ; sa qualité soutient, et ses effets ne se sont pas démentis depuis, suivant l’observation de M. Pans, curé actuel.

hydrogr. La rivière d’Huisne traverse la commune de 1 E au N. O., dans sa partie H, ; le ruisseau de Guenbaid prend sa source à 2 kil. à l’O. du bourg, près duquel il se jette > dans l’Huisne, après avoir recules eaux d’une autre source. Un joli avoir couvert, à l’usage des habitans, est situé sur ce ruisseau _ Moulin du Bourg ? sur l’Huisne, à 3 roues et a Me. Une fontaine, proche le moulin, sur laquelle est construite une petite chapelle, passait pour posséder de grandes vertus eu ratives narce qu’elle était colorée par le grès roussard dont [es roche P s sont côté : elle a presque totalement perdu son crédit.

géolog. Minéral. Sol montueux au N. O., co « po^c roches de grès ferrugineux ; de glaucome sableuse renfermant plusieurs variétés de fossiles telles que Grypbee, Ammoni îes, etc. Huitre carinée, Peigne allonge, Neifce : lisse Galérite cylindrique ?, etc. recouverte dnne couche de sable calcaire, dans laquelle est empâtée la pierre ™™>™^* corné. Marne blanche. —A l’extrémité S. de la commun * terrain élevé, tertiaire, offrant le grès blanc, P"P£ £ pavage et à la bâtisse ; sol plat et de transport, dans, tout le reste de la surface de la commune, présentant une couche^ de petits cailloux roulés ou gravier, au-dessous d un sable mobile, siliceux ; c’est vraisemblablement dans ce dernier terrain, qu’on a observé un Polypier du genre Favosite, converti en silex calcédonieux. Argiles du clos de la Poterie, dont le nom indique une ancienne fabrication, pour laquelle cette argile ne paraît plus propre aujourd’hui.

Plant. rar. Saponaria officinalis, lin.

divis. des terr. En labour, 435 hectares ; vignes, 200 ; jardins. 25 ; prairies, j5 ; pinières, 4° ; landes incultes, 3o ; bois taillis, 4.0 ; superficie des bâlimens, 6 ; eaux courantes, 25 ; routes et chemins, 3j ; Total, 1, 2 83 hectares.

contrib. Foncier, 3, 1^7 f. ; personn. et mobil., 44 l f— î port, et fen., 202 f. ; 16 patentés : dr. fixe, 87 f. ; dr. proport., 65 f. ; Total, 3, 942 f. — Perception d’Yvré-l’Evêque.

cultur. Presque pas d’ensemencés en froment, orge, méteil et avoine ; peu de trèfle et de chanvre ; beaucoup de seigle, de maïs. Culture des melons, de l’oignon, des choux, des haricots, pour exportation, dans les fonds voisins de la rivière, appelés courtils. Médiocrement d’arbres à fruits à cidre ; noyers, beaucoup de châtaigniers, et d’arbres à fruits à noyau. Vignes, dont les 7/8. es en blanc. Peu d’élèves de chevaux et bêtes à corne, beaucoup de chèvres et de porcs. — 6 fermes principales, 20 moyennes ou bordages ; beaucoup de petites closeries ou cultures à bras ; 26 charrues. — Assolement triennal, qui n’admet point de jachères dans les petites propriétés.

comm. agric. Point d’exportation de grains ; celle des vins se borne au Mans et aux communes environnantes ; marrons de trois variétés ; fruits à noyau, noix, peu de cidre, mais estimé ; légumes indiqués à l’alinéa précédent. Bois de pin. Foins de bonne qualité. Beaucoup de porcs vendus gras à 6 mois et quelques uns r vieux, également gras ; beaucoup de chevreaux ; beurre, menues denrées.

comm. industr. La fabrique de toiles, vantée par les géographes, se borne actuellement à 6 métiers à toiles de commande pour la consommation des habitans. Extraction du grès, de la pierre cosse et de la glauconie ou calcaire moellon pour bâtir. Il existait autrefois des tanneries dans le bourg.

march. fréq. Montfort, le Mans ; foires de Bouloire.

rout. et chem. Boutes royales n.os 2 et 157, de Paris à Nantes, et de Blois à Laval, traversant la commune du N. E. au S. O., et de l’E. à l’O. Chemins vicinaux, de facile exploitation dans les sables.

habit. et lieux remarq. L’ancien fief de la Gâchetière, et celui de la Lande, n’ont plus rien de remarquable ; celui de la Beuvetière, de même, si ce n’est ses croisées en croix qui subsistent encore ; le Rocher, maison bourgeoise, peu considérable, à M. le Breton, d’Yvré ; Briolay, construction à deux pavillons, ayant un bois d’agrément, est détruit, hors les pavillons. Villiers est un gros hameau ; un propriétaire de ce nom possédait Réveillon, ancienne maison, détruite en partie ; il y reste une forte fuie en forme de tour. Enfin, le Vivier, dont une partie ancienne, à fenêtre en croix de pierre, une autre rebâtie, est la seule qui puisse compter comme maison bourgeoise. — Des champs et des prés portent le nom des Forges. On ne sait si c’étaient des forges antiques ou modernes ; on n’y trouve point de scories. Trois maisons, dans le bourg, ont nom le Paradis, le Purgatoire et l’Enfer ; on retrouve ces trois noms dans d’autres communes : ici, ces maisons sont situées comme par gradins, la première, plus élevée ; l’enfer, comme dans un gouffre, sur le bord de l’eau.

établ. publ. Mairie, succursale, maison et bureau de charité, instituteur primaire. Bureau de déclaration des boissons, débit de tabac, débit de poudre de chasse. Bureau de poste aux lettres au Mans.

établ. partic. Un vétérinaire ; deux sages-femmes.