Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/CHARTRE (CANTON)

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CHARTRE (Canton de la), cadastré ; de l’arrondissement de Saint-Calais, compris entre Je i. er degré 35 minutes et le i. fcr degré 53 minutes de longitude occidentale ; le ^f degré 39 minutes et le 4-7 — e degré 18 minutes de latitude septentrionale ; faisant partie de la petite contrée appelée Vau-du-Loir (voir ce mot), de sa situation sur les bords de la rivière de ce dernier nom ; se compose de 9 communes ou de 10 anciennes paroisses, qui sont ;

Beaumont-la-Chartre, * Lavenay,
* Chahaignes, Lhomme,
* Chapelle-Gaugain ( La), * Marçon,
Chartre (La) et Châtillon, Chef-lieu ; Poncé,
Ruillé-sur-Loir.

Avant l’arrêté du i3 brumaire an x, ce canton qui, d’après iWanisalion de 1790, disait partie du district de Châîeau-du-Loir, ne se composait que de 6 communes, en y comprenant Châlillon, qui en formait une distincte alors. Celles dont les noms sont précédés d’un astérisque *, appartenaient, la première au canton de Chahaignes, dont elle était le chef-lieu ; les trois autres au canton de Besse, supprimé, qui faisait partie du district de Saint-Ca lais. —Le canton de la Chartre, dont l’extrémité N. E. la plus voisine du chef-lieu d’arrondissement, en est distante de 11 kilom., et celle N. O., la plus voisine du chef-lieu de département, de 34 kilom., est borné par les cantons de Lucé-le-Grand et de Saint-Calais, au N. ; par le Loir, qui le limite et le sépare du département de Loir-et-Cher, a IF, ; par celui d’Indre-et-Loire, au S. ; et, à l’O., par le canton de Châteaudu-Loir. Sa forme elliptique, qui s étend du JN.L. au S O et se contourne un peu au S., est fort irrégulière et anguleuse. Son plus grand diamètre, dans le premier sens, est de 22 kilom. ; celui vertical, de 5 kilom. seulement, au centre du canton, tandis qu’il varie de 7 à 9 kilom. également du N. au S., vers l’extrémité ÏN. L. ; et de i4, a la presqu’extrémité S. S. O. Le chef-lieu s y trouve a la prèsqu’extrémité S. du diamètre vertical, et au tiers S. O du diamètre transversal. — Ce canton, dont la superficie est d environ i58 kilomètres, contient d’après les mesures cadastrales, 15, 829 hectares 83 ares 90 centiares, qui se divisent, par nature de terrain, ainsi qu’il suit :

hectar. ares cent.
Terres labourables. 10,155 21 45
Jardins, vergers, avenues, bosquets. ih$ b 7 oJ>
Vignes. 2 49 47 H
Prés, pâtures, parcs herbages. 2, 129 01 Oo
Bois futaies, taillis, aulnaies. 977 ° b J
Partie de la foret royale de Bersay. 214 bi ôo
Landes. ’’,’’^g ^6 6g
Douves, mares, marais, viviers, étangs. 29 77 Oo
Superficie des bâtimens, cours, etc. 104 70 12
Églises, cimetières, propriétés communales. 5 16 77
Routes, chemins, places, rues, etc. 4 2 7 77 8 *
Rivières et ruisseaux. I0 J, .

— 2, 734 maisons, dont 3 qualifiées châteaux, et 1 boutique seulement ; 11 tanneries, écuries et granges ; 108 caves ; 2 5 moulins à blé, dont 1 a été depuis converti en moulin à papier et 1 autre moulin à papier à 4 roues ; 2 moulins à tan ; 3 tuileries, 1 four à chaux.

Montant du Revenu imposable du canton, 024, 006 tr. « b c.

populat. De n, 4o6 individus, repartis en 2, 5o2 feux, lesquels comprennent 5, 34o individus mâles et 6, 066 femelles.

Augmentation de la population depuis i8o4, i, o4-4 individus, ou un peu moins de i/io, e — La superficie du canton étant de i58 kilomètres, et sa population de 11, 4.06 habitans, c’est 72 i/5. e individus par kilomètre carré.

Mouv. décenn. De i8o3 à 1812, inclusivement : mariages, 689 ; naissances, 2, 600 ; décès, 2, 282 — Produit de chaque mariage, 3 2/3 environ. Excédant des naissances sur les décès, 3i8 seulement, ou un peu plus de i/7. e = De i8i3 à 1822 : mar., 838 ; naiss., 2, 5ss5 ; déc., 2, 106 — Produit de chaque mariage, 3, presque juste. Excédant des naissances sur les décès, 4.19, ou i/5. e, à très-peu près..

contrib. Foncier, 56, 923 f. ; personn. et mobil., 8, 217 f. ; port, et fen., 2, 5o3 f. ; 335 patentés : dr. fixe, 2, 801 f. 5o c. ; dr. proport., 1, 117 f. 96 c. Total, 71, 562 f. 4-6 c. ; ce qui fait par individu, 6 f. 27 c. 8/i9— e environ : ajouter 3 f. 4-2 c. 7/n. es additionnels, fait à-peu-près 9 f. 70 c. 1/2 de contributions directes payées par chaque individu. C’est aussi 5 f. 70 c. 1/2 d’impôt foncier, en principal et accessoires, par hectare, ou 5 f. 90 c., impôt des portes et fenêtres compris. Trois percepteurs, ayant leur résidence dans le canton, y sont chargés du recouvrement de l’impôt.

Le canton de la Chartre, de l’arrondissement électoral de Saint-Calais, a fourni aux élections du collège d’arrondissement, en décembre 1827, 10 électeurs ; et 5 au collège de département.

géolog. hydrcgr. Sol découvert, compris en majeure partie dans le vallon appelé Vau-du-Loir, se composant en outre, d’une partie du plateau qui le domine au N., et d’une bien plus petite portion de celui qui est au S. Les principaux cours d’eau qui l’arrosent, outre le Loir, sont la Braye, le Tusson et la Veuve ; les ruisseaux de la.1 aille et d 1 Auvert, lesquels, dans leur cours, du N. E. et du N. au S., sur la rive droile du Loir, coupent le premier de ces plateaux et y forment plusieurs autres vallées ; les autres cours d’eau du canton, sur la rive gauche du Loir, sont la petite rivière de Dème ou Domée et quelques faibles ruisseaux qui coulent du S. E. et un S., au N. O. et au N. — 28 moulins sont établis sur les cours d’eau de ce canton, savoir : 24. à blé dont 1 à 2 roues ; 2 à tan et 2 à papier, dont 1 à 4— roues. — Plusieurs étangs sont situés vers sa partie N. E., dans la commune de Ruillé, où se trouve, près du bourg, la fontaine minérale ferrugineuse dite de Tortaigne, dont il sera parlé plus amplement à l’article de cette commune. = Terrain calcaire crayeux dans toute l’étendue du canton, formant deux bancs horizontaux sur les deux rives dn Loir et parallèles a son cours, en exploitation sous le nom de Tuffeau, (calcaire crayeux grossier), à découvert ou à la surface du sol, sur plusieurs points, particulièrement à Poncé. On y remarque diverses espèces de coquilles pétrifiées, appartenant aux genres Ammonite, Gryphée, Huître, Térébratule, etc. ; des Echinides des genres Ananchyte, Spatangue, etc. Ce terrain offre en outre les marnes blanche et jaunâtre, plus ou moins durcies, à des profondeurs variées qui n’excèdent guère 3o mètres ; le grès, qui s’exploite au N. du chef-lieu. La superficie du sol, argileuse, argilo-sablonneuse, plus sablonneuse vers le S. O., contient beaucoup de cailloux roulés et des masses considérables et abondantes d’un poudingue siliceux, dont les fragmens paraissent à peine liés entr’eux, quoique bien adhérens : ces masses sont superposées au tuffeau, sur les hauteurs, principalement sur celles de la rive gauche du Loir ; elles y portent le nom de perrons. Le tuffeau de Poncé s’exploite en prismes quadrangulaires, d’où le nom de parpaings, qui leur est donné sans doute par corruption des mots par pains. Assez tendre lors de l’extraction, ce calcaire se durcit ensuite, ce qui le rend précieux pour les constructions en plein air ; celui qu’on extrait à Chahaignes y est converti en chaux ; il est aussi employé pour l’amendement des terres, là où la marne ne se rencontre ou ne s’extrait pas facilement. L’argile figuline est employée pour la briqueterie, dans deux communes de ce canton.

Son sol passe pour être extrêmement salubre : c’est celui de l’arrondissement qui fournit au service militaire les hommes les mieux constitués et les plus sains. Les maladies qui semblent y régner plus essentiellement et y prendre l’habitude chronique, y affectent généralement le système lymphatique : ce sont les hydropisies, les maladies glanduleuses indolentes, les chloroses, les scrophules et les dartres ; les affections rhumatismales et nerveuses s’y montrent aussi fréquemment. Suivant les remarques d’un médecin, qu’une longue pratique et l’esprit d’observation ont mis à même de bien juger, M. Lussault de Saint-Calais, les causes de ces affections peuvent être dues à l’usage des eaux de puits et de fontaines, généralement séléniteuses ( contenant de la chaux sulfatée), pour boisson ; à celui de fruits cuits acerbes, ou de fruits crus ramassés avant leur maturité ; et peut-être à la direction des vents qui soufflent la plus grande partie de l’année du S. et de l’O. Du reste, ce médecin confirme l’observation consignée à l’article Champagne, sur le p eu de fréquence des maladies arthritiques dans celte contrée, où le vin blanc doit être et est, en effet, d’un usage presque général.

cultur. Sol argilo-calcaire, argilo-sablonneux et généralement pierreux, médiocrement fertile ; considéré comme pays de vignoble, quoique ce genre de culture n’y occupe que du i3. c au i2. e de la superficie du canton, et ne soit en rapport avec les terres cultivées en céréales que comme i est à 8, environ, et comme 5 à 9 avec les terres en prés et pâtures. Les terres cultivées en céréales le sont dans cette proportion : 5 parties en froment, 6 en orge, 6 en avoine et 10 en seigle, méteil et menus. Le chanvre, le trèfle, les pommes de terre, les citrouilles, la luzerne, etc., font aussi partie de la culture de ce canton. Les vins blancs y sont prédominans ; celui du clos des Janières, peu considérable, en face et au N. de la petite ville de la Chartre, mais dans la commune de L’Homme, jouit d’une réputation méritée, qui s’étend assez loin, même à l’étranger ; c’est le meilleur du département : cependant, celui du clos de Dessous-le-Bois, en Ruillé, lui dispute la préférence et a, dit-on, plus de douceur. Les cépages, dans cette couleur, sont : le Pineau, pour les 7/8. cs ; le Doucin, le Gouais et le Surin. Les vins rouges, qui sont fort bons, se trouvent particulièrement à Poncé et à Chahaignes ; ceux de cette dernière commune sont les plus estimés. Les cépages en rouge sont le Pineau d’Aunis, aussi pour les jf8. es ; le Noble, le Gros-Noir et le Tendrier, pour le surplus. On cultive, comme partout, beaucoup de noyers dans les parties vignobles ; les arbres à cidre, le sont plus particulièrement dans les communes où la vigne est moins abondante, à Chahaignes, Lavenay, la Chapelle-Gaugain : les produits en cidre peuvent équivaloir au 6. e de ceux du vin. Les espèces ou variétés de ces arbres sont, en pommiers : les Fréquin, Côné, Rouge ou Piquet, Gouesme et Locard ; en poiriers : le Guédai. — Les prés ou prairies des bords du Loir sont de bonne qualité ; ils sont médiocres ou tout-à-fait mauvais sur les autres cours d’eau ; marécageux sur plusieurs points : ils occupent un peu plus de 1/7. e de la superficie totale du canton, et sont, comparativement à la quantité des terres en labour, comme 1 est à 5. Une grande partie de ces prairies est divisée en prés clos, qu’on nomme parcs ou herbages, dans lesquels on engraisse des bœufs amenés du Poitou. Aucuns massifs considérables de bois dans ce canton, si ce n’est une petite partie de la forêt de Bersay, qui se trouve sur la commune de Chahaignes, et une certaine quantité de bouquets de taillis dans celle de Ruillé. Quelques landes y subsistent encore, dans la proportion de 1/7 i. e de la superficie totale, ou dans celle de i/45. e au plus de la totalité des terres cultivées ? en labours, vignes et jardins : la commune de Ruillé contient 7 à elle seule, la moitié des terres en cet état. — Elèves d’un certain nombre de poulains, de petite espèce et de médiocre qualité ; d’ânes ; de beaucoup de bétes à cornes, qui se vendent jeunes sous le nom de taurailles ; peu de porcs ; un assez bon nombre de moulons, sans grands troupeaux néanmoins ; beaucoup de chevreaux, de chèvres et de volailles ; quelques ruches, chez les bordagers ou petits fermiers, qui se livrent seuls à cette branche d’industrie agricole. — Propriétés rurales extrêmement divisées : pas plus de 20 fermes de £o à 55 hectares ; celles de moyenne étendue varient de 10 à 3o hectares : il y a ensuite une infinité de bordages, closeries et d’autres petites tenues qu’on pourrait appeler maisonnies, maisonneries, puisque les teneurs se nomment maisonniers, qui varient de 1 à 4 et 5 hectom. Baux à prix d’argent, pour la plupart ; quelques-uns à moitié de toutes récoltes ; conditionnés de 3, 6 et 9 années, ou pour 9 années consécutives. Assolement quaternal, pour les principales fermes : i. re année, froment, seigle et méteil, 2. e, menus, c’est-à-dire orge et avoine, trèfle et pommes de terre, 3. 9, repos ou jachères ; triennal pour toutes les autres : i. re année, gros blés, 2. e, menus, 3. e, repos. Labours à l’aide des chevaux seuls pour les 7/8. es des charrues employées, dont le nombre, de plus de 800 dans le canton, n’excède pas une par ferme, mais se subdivise par demi, tiers et quart de charrue, de sorte que ce nombre sert à l’usage de plus de i5 à 1, 600 cultivateurs. — Les engrais employés sont les fumiers naturels, la marne et le tuffeau : on appelle coursières, les champs où ce dernier est répandu sur le chaume, avant les premiers labours. Les charrées, le plâtre, la chaux, sont peu ou point usités, si ce n’est sur quelques planches de prairies artificielles, en petit nombre, les prés naturels étant suffisamment abondans.

industrie. L’industrie manufacturière, extrêmement restreinte dans ce canton, consiste dans la confection de quelques pièces de toile, façon Château-du-Loir, la plupart de commande pour les particuliers ; de quelques pièces de cotonnades, fabrique de Bessé, et qui s’y vendent : ce genre de travail n’occupe guère que l’hiver ; dans la fabrication des papiers, à la Pointe, commune de Chahaignes, et à Paillard, commune de Poncé : nous en parlerons aux articles de ces communes ; dans l’extraction du tuffeau et de la marne ; dans la cuisson de la chaux, la confection des briques et tuiles, à Chahaignes, à Beaumont-la-Chartre et à la Chartre ; dans la préparation des peaux, aux tanneries de la Chartre. Quelques individus, de la partie N. O. du canton, trouvent de l’occupation dans l’exploitation des bois de la forêt de Bersay, grains étant insuffisantes pour la nourriture des habitans. Les principales ressources du cultivateur consistent dans le produit des bestiaux, de la graine de trèfle, du chanvre et du fil ; et surtout dans celui des vins estimés, qui s’exportent hors du département, même hors de France, en Angleterre, surtout, avec d’autant plus d’avantages que les voyages de mer paraissent contribuer à leur amélioration. (voir sur ce sujet, et sur les vins rouges du Vau-du-Loir, l’article chateau-du-loir (Canton de). Outre ces denrées principales, ce canton vend encore du cidre et des fruits, des noix, du gibier, de la volaille ; laine, beurre, œufs, cire et miel. Le poisson de ses étangs et des rivières de Loir et de Braye, sont aussi un objet de commerce : l’anguille et le brochet s’exportent jusqu’à Paris. Enfin, le charroi des vins est encore une ressource pour les petits cultivateurs, qui le font avec des chevaux de peu de valeur. Le chef-lieu de canton possède seul des foires, au nombre de six ; de forts marchés pour les bestiaux, le premier lundi de chaque mois ; pour le blé et les denrées seulement, les autres lundis*

rout. et chem. La route départementale n.° £, de Châleau-du-Loir à Montoire (Loir-et-Cher), traverse ce canton du S. O. au N. E., en longeant le Loir sur sa rive droite 9 et s’embranchant avec la route n.° 6, qui conduit du Pont-de-Braye à Bessé et à S.-Calais, ou de Tours à la Ferté-Bernard, par la Chartre. Une partie de cette dernière, de la Chartre à Tours, passant par Beaumont-la-Chartre, est encore peu fréquentée, n’étant point finie sur le département d’Indre-et-Loire. Cette partie s’embranche à la Chartre avec le grand chemin qui conduit de cette petite ville à celle de Lucé. Le chemin de Lucé au Pont-de-Braye, passe du N. au N. Ei, sur Ruillé et Poncé.

antiquités, monumens. Il existe sur ce territoire plusieurs monumens celtiques ou présumés tels, dolmens et tombelles ; quelques vestiges de monumens gallo-romains, tels que les restes des arches d’un pont, et la tour des Boches, à Poncé ; des traces d’une voie romaine qui, des ponts de Braye et du camp d’Artins, probablement, remontait au N., par Vancé, pour se rendre dans la cité des Cénomans. Enfin, quelques châteaux et églises remarquables du moyen âge, ainsi qu’un amas considérable d’ossemens humains, enfouis près du chef-lieu, se trouveront indiqués et décrits à chaque article communal.