Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/France

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FRANCE, Gallia, Gallia Transalpina, un des États de l'Europe occidentale, par 42° 20'-51° 5' lat. N., et 7° 9' long. O. — 5° 56' long E., est bornée au N. par la Manche et le Pas-de-Calais (qui la séparent de l'Angleterre), par la Belgique, le Luxembourg et l'Allemagne; à l'E. par l'Alsace-Lorraine, la Suisse et l'Italie; au S. par la Méditerranée et l'Espagne; à l'O. par l'Océan Atlantique. Étendue : 1064 kil. du N. O. au S. E.; 924 kil. du S. O. au N. E.; superficie : 541 000 kil. carrés; population en 1872 (même après les pertes territoriales de 1871) 38, 067, 091; capitale, Paris. On comprend dans son territoire plusieurs îles qui l'avoisinent : la Corse et les îles d'Hyères dans la Méditerranée; les îles de Ré, d'Oléron, d'Ouessant, Belle-Ile et l'Ile-Dieu dans l'Océan Atlantique. La France possède en outre des colonies dans les diverses parties du monde: 1° en Amérique, les îles St-Pierre et Miquelon, la Martinique, la Guadeloupe, avec les petites îles qui en dépendent, et la Guyane française; 2° en Afrique, l'Algérie, le Sénégal et l'île de Gorée, les îles Bourbon, Ste-Marie, Mayotte et Nossi-Bé; 3° en Asie, les établissements de Pondichéry, Karikal, Mahé, Yanaon, Chandernagor (dans l'Inde), de Saigon (en Cochinchine); 4° dans l'Océanie, les îles Marquises et de Taïti, la Nouv.-Calédonie et les îles Gambier. La France a quelque temps possédé en Amérique la Louisiane, le Canada, St-Domingue, Ste-Lucie et Tabago; en Afrique, l'île de France et partie de Madagascar; en Asie, plusieurs comptoirs, dont le plus important était Surate ; mais elle a perdu toutes ces possessions.

Nous donnerons successivement la description générale du pays, puis les divisions de la France actuelle, celles de la France anc., et enfin l'histoire.

I. Description. Considérée sous le rapport physique, la France offre plusieurs chaînes de mont. dont quelques-unes très-élevées : ce sont, le Jura et les Alpes à 1 E. ; les Vosges au N. O. du Jura; puis, en redescendant au S. E., les mont. de la Bourgogne, du Forez, de l'Auvergne et les Cévennes; enfin, au S. les Pyrénées, qui la séparent de l'Espagne. Elle a cinq grands fleuves : la Meuse (qui n'y a qu'une faible partie de son cours), le Rhône, la Garonne, la Loire, la Seine. La France est en outre arrosée par m grand nombre de rivières navigables (Somme, Orne, Vilaine, Charente, Adour, Aude, Hérault, Var, qui se jettent dans la mer; Yonne, Marne, Aisne, Oise, Allier, Cher, Loiret, Indre, Vienne, Mayenne, Ariége, Lot, Tarn, Dordogne, Isère, Drôme, Durance, etc., qui se jettent dans les grands fleuves); en même temps qu'ils fertilisent le territoire, tous ces cours d'eau facilitent la navigation. Les canaux les plus remarquables sont ceux du Midi, du Centre, du Rhône au Rhin, de Bourgogne, le canal latéral à la Loire, ceux du Cher, de Nantes à Brest, de Niort à La Rochelle, du Loing, de Briare. On compte 28 routes nationales, 97 routes départementales, beaucoup de routes vicinales, et un grand nombre de chemins de fer, qui pour la plupart aboutissent à la capitale. La France possède de riches mines de houille, de lignite, d'asphalte ; le fer, le plomb y abondent aussi ; le cuivre est plus rare, l'argent bien plus encore; l'or ne vaut pas la peine d'être exploité; on y trouve de nombreuses carrières d'albâtre, de porphyre, de granit, de beaux marbres, des pierres lithographiques, des pierres meulières, des pierres à bâtir, des pierres à fusil, des ardoises, du plâtre, du kaolin, de la terre à faïence, de la terre vitriolique et sulfurique, de la terre à foulon, etc; de nombreuses salines, des sources salées et des marais salants, des eaux minérales renommées (Bagnères, Aix, Balaruc, Barèges, Vichy, Mont-Dore, Eaux-Bonnes, Bourbonne, Bourbon-Lancy, Plombières, Forges, St-Amand, etc.). — Le sol, bien que varié, est presque partout fertile et offre de riches plaines à céréales, de belles prairies naturelles et artificielles, des vignobles renommés (en Champagne, Bourgogne, Lyonnais, Dauphiné, Bordelais, Languedoc, Roussillon). On trouve cependant des landes incultes au S. O., sur les côtes de l'Océan, ainsi que dans la Sologne, et de vastes bruyères dans les dép. de l'anc. Bretagne. Les forêts, bien que dévastées depuis 60 ans, occupent encore une très-grande superficie. Outre les céréales et le vin, la France donne, selon le climat, une foule d'autres productions : chanvre, tabac, houblon, graines oléagineuses, plantes tinctoriales, fèves, pois, haricots, châtaignes, pommes de terre, fruits en quantité, olives, truffes; la betterave est un objet de grande culture et fournit immensément de sucre : on élève beaucoup de vers à soie, ainsi que d'abeilles; beaucoup de volailles, de bêtes de somme, de gros et petit bétail (on a introduit depuis peu d'années le mérinos et la chèvre du Thibet). L'industrie est très-florissante : dans le Nord et quelques parties de l'E., elle ne le cède qu'à l'Angleterre ; elle l'emporte sur tous les autres pays pour les arts de goût. La France produit surtout des draps et autres tissus de laine, des soieries magnifiques, des toiles de toute espèce, des batistes, linons, percales, dentelles, tulles, blondes, toiles de coton, cotonnades et mousselines; toiles peintes, gants, rubans, tapis et tapisseries, couvertures, chapellerie, peausserie de tous les genres, porcelaine, faïence, poterie, verrerie, raffinerie, distilleries, brasseries, sucreries, produits chimiques, armes, poudre, quincaillerie, horlogerie, bijouterie, ébénisterie, carrosserie, métallurgie, plaqués, machines, instruments de musique et de science, imprimés, gravure, etc. Le commerce tant intérieur qu'extérieur est des plus considérables. Les principales exportations consistent en soieries, lainages, étoffes de coton, modes et objets de toilette, toiles, vins, eaux- de-vie, liqueurs, huile d'olive, meubles et objets de mode, livres et objets d'art, armes, peaux, instruments de précision ; les importations, en denrées coloniales (sucre, café, coton, tabac, indigo, cacao, cochenille), fil, huiles diverses, potasse, goudron, toiles, or, argent, étain, cuivre.

La nation française est la plus homogène de l'Europe; cependant les Méridionaux diffèrent sensiblement des Septentrionaux, surtout hors des grandes villes; le type allemand apparaît dans ce qui reste à la France de l'Alsace et de la Lorraine; le type gaélique en Basse-Bretagne, le type basque au pied des Pyrénées occidentales. Outre le français, on parle dans quelques provinces l'allemand, le bas-breton ou breyzard, le basque ou escualdanac. La langue française, remarquable par sa clarté, est presque devenue en Europe la langue universelle. Les Français, formés d'un mélange de Gaulois (composés eux-mêmes de Galls, de Kymris et d'Ibères, habitants primitifs du pays), de Grecs et de Romains, et plus tard de Francs, d'Alains, de Goths, de Burgundes, de Suèves, ont néanmoins gardé infiniment du vieux caractère gaulois. Ils sont très-sociables, gais, spirituels, actifs braves, téméraires même; on leur reproche d'être fougueux, inconstants, vaniteux. — Le gouvernement de la France est (depuis 1875) une République avec un président, un Sénat et une Assemblée législative. Toutes les religions y sont tolérées et même salariées ; néanmoins la religion catholique est celle de la grande majorité.

Départements. Chefs-lieux.
Ain, Bourg,
Aisne, Laon,
Allier, Moulins,
Alpes (Basses-), Digne,
Alpes (Hautes-), Gap,
Alpes-Maritimes, Nice,
Ardèche, Privas,
Ardennes, Mézières,
Ariége, Foix,
Aube, Troyes,
Aude, Carcassonne,
Aveyron, Rodez,
Belfort (territoire de) Belfort,
Bouches-du-Rhône, Marseille,
Calvados, Caen,
Cantal, Aurillac,
Charente, Angoulême,
Charente-Inférieure, La Rochelle,
Cher, Bourges,
Corrèze, Tulle,
Corse, Ajaccio,
Côte-d'Or, Dijon,
Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc,
Creuse, Guéret,
Dordogne, Périgueux,
Doubs, Besançon,
Drôme, Valence,
Eure, Évreux,
Eure-et-Loir, Chartres,
Finistère, Quimper,
Gard, Nîmes.
Garonne (Haute-), Toulouse,
Gers, Auch,
Gironde, Bordeaux,
Hérault, Montpellier,
Ille-et-Vilaine, Rennes,
Indre, Châteauroux,
Indre-et-Loire, Tours.
Isère, Grenoble,
Jura, Lons-le-Saulnier,
Landes, Mont-de-Marsan,
Loire, Saint-Etienne,
Loire (Haute-), Le Puy,
Loire-Inférieure, Nantes,
Loiret, Orléans,
Loir-et-Cher, Blois,
Lot, Cahors,
Lot-et-Garonne, Agen,
Lozère, Mende,
Maine-et-Loire, Angers,
Manche, Saint-Lô,
Marne, Châlons,
Marne (Haute-), Chaumont.
Mayenne, Laval,
Meurthe-et-Moselle, Nancy,
Meuse, Bar-le-Duc,
Morbihan, Vannes,
Nièvre, Nevers,
Nord, Lille,
Oise, Beauvais,
II. Divisions de la France actuelle.

Sous le rapport administratif, la France se divise aujourd'hui eu 87 dép. qui tirent presque tous leur nom des fleuves ou des montagnes qui les traversent. Chaque dép. se divise en arrondissements (au nombre de 362), les arrondissements en cantons (2865), et ceux-ci en communes (35 989). Chaque dép. est administré par un préfet; les arrond. par des sous-préfets, d'où le nom de sous-préfectures, qu'on leur donne souvent; chaque commune par un maire. Voici la liste alphabétique des 87 dép., avec les provinces anciennes auxquelles ils correspondent:

Provinces anciennes.
Bourgogne (Bresse, Bugey, Dombes, etc.).
Ile-de-France, Picardie, Champagne (Brie).
Bourbonnais.
Haute-Provence.
Haut-Dauphiné et Provence.
Ancien comté de Nice.
Languedoc (Vivarais).
Champagne (Rhételais, Rémois).
Foix, Gascogne (Conserans).
Champagne, Bourgogne.
Bas-Languedoc.
Guyenne (Rouergue).
Alsace.
Basse-Provence.
Basse-Normandie (Bessin, Bocage).
Haute-Auvergne.
Angoumois, Saintonge, Poitou.
Aunis, Saintonge.
Haut-Berry, Bas-Bourbonnais.
Bas-Limousin.
Corse.
Bourgogne (Dijonnais, Auxerrois).
Haute-Bretagne.
Haute-Marche.
Guyenne (Périgord).
Franche-Comté, comté de Montbéliard.
Bas-Dauphiné.
Haute-Normandie (pays d'Évreux, Vexin Normand).
Orléanais (pays Chartr., part. de la Beauce), Perche.
Basse-Bretagne.
Bas-Languedoc.
Haut-Languedoc, Gascogne (Comminges).
Gascogne (Astarac, Armagnac).
Guyenne (Bordelais, Médoc, Bazadais).
Bas-Languedoc.
Haute-Bretagne.
Bas-Berry, Touraine.
Touraine, Anjou, Poitou.
H.-Dauphiné (Grésivaudan), B.-Dauphiné (Viennois).
Franche-Comté (bailliage d'Aval).
Gascogne (pays des Landes, Chalosse).
Lyonnais (Forez, Beaujolais).
Languedoc (Vélay), Haute-Auvergne.
Haute-Bretagne (Diocèse de Nantes).
Orléanais (Orléan. propr., Sologne, Gâtinais, Beauce).
Orléanais (Blaisois, Beauce), partie du Berry.
Guyenne (Quercy).
Guyenne (Agénais), Gascogne.
Languedoc (Gévaudan).
Anjou.
Basse-Normandie (Cotentin, Avranchin).
Champagne (Brie-Champenoise, Perthois, Rémois).
Champagne (Bassigny, Vallage).
Haut-Maine, Haut-Anjou.
Lorraine (duché de Lorraine, Toulois).
Lorraine (duché de Bar, Verdunois).
Basse-Bretagne.
Nivernais, Orléanais, Bourgogne.
Flandre, Hainaut (Cambrésis).
Ile-de-France, Beauvais (Vexin), Haute-Picardie.

Départements. Chefs-lieux.
Orne, Alençon,
Pas-de-Calais, Arras,
Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand,
Pyrénées (Basses-), Pau,
Pyrénées (Hautes-), Tarbes,
Pyrénées-Orientales, Perpignan,
Rhône, Lyon,
Saône (Haute-), Vesoul,
Saône-et-Loire, Mâcon,
Sarthe, Le Mans,
Savoie, Chambéry,
Savoie (Haute-), Annecy,
Seine, Paris,
Seine-et-Marne, Melun,
Seine-et-Oise, Versailles,
Seine-Inférieure, Rouen,
Sèvres (Deux-), Niort,
Somme, Amiens,
Tarn, Alby,
Tarn-et-Garonne, Montauban,
Var, Draguignan,
Vaucluse, Avignon,
Vendée, La Roche-sur-Yon,
Vienne, Poitiers,
Vienne (Haute-), Limoges,
Vosges, Épinal,
Yonne, Auxerre,

Sous le rapport ecclésiastique, la France et ses colonies sont divisées, pour le culte cathol., en 87 diocèses, dont 18 archev. et 69 évêch.; le culte protest. a un conseil central calviniste et un consistoire super. luthérien; le culte Israélite a un consistoire central.

Archevêchés, avec leurs évêchés suffragants.

Aix, Arles et Embrun. Arras.
Marseille. Chambéry.
Digne. Moutiers.
Ajaccio. St-Jean de Maurienne.
Fréjus et Toulon. Annecy.
Gap. Lyon et Vienne.
Nice. Autun.
Alby. Dijon.
Rodez. Grenoble.
Mende. Langres.
Cahors. Saint-Claude.
Perpignan. Paris.
Alger, Constantine, Oran. Chartres.
Auch. Orléans.
Aire. Meaux.
Bayonne. Versailles.
Tarbes. Blois.
Avignon. Reims.
Nîmes. Soissons.
Viviers. Beauvais.
Valence. Châlons.
Montpellier. Amiens.
Besançon. Rennes.
Verdun. Quimper.
Saint-Dié. Vannes.
Belley. St-Brieuc.
Nancy. Rouen.
Bordeaux. Bayeux.
Agen. Séez.
Poitiers. Évreux.
La Rochelle et Saintes. Coutances.
Angoulême. Sens et Auxerre.
Périgueux. Troyes.
Luçon. Moulins.
La Basse-Terre (Guadel.). Nevers.
St-Denis (Réunion). Toulouse et Narbonne.
St-Pierre (Martinique). Montauban.
Bourges. Carcassonne
Clermont. Pamiers.
Le Puy. Tours.
Saint-Flour. Le Mans.
Limoges. Laval.
Tulle. Angers.
Cambray. Nantes.


Provinces anciennes.
Normandie (les Marches, Houlme), Maine (Perche).
Artois, Picardie (Boulonnais).
Basse-Auvergne (Limagne),
Béarn et Basse-Navarre, Gascogne (Soule et Labour).
Gascogne (Bigorre, les Quatre-Vallées).
Roussillon (Cerdagne), Bas-Languedoc
Lyonnais (Lyonnais propre, Beaujolais).
Franche-Comté (bailliage d'Amont).
Bourgogne (Maconnais, Charolais).
Bas-Maine, Haut-Anjou.
Savoie (Savoie propre, Maurienne, Tarentaise).
Anc. Savoie (Genevois, Faucigny, Chablais).
Ile-de-France.
Ile-de-France (Gâtinais, Brie), Champagne (Brie).
Ile-de-France (Hurepoix, Mantais, Vexin, Gâtinais)
Haute-Normandie (Roumois, pays de Caux, Bray).
Haut-Poitou.
Picardie.
Haut-Languedoc (Albigeois).
Guyenne, Gascogne, Languedoc.
Basse-Provence.
Comtat d'Avignon, Haute-Provence.
Bas-Poitou.
Haut-Poitou.
Haut-Limousin, Basse-Marche.
Lorraine (duché de Lorraine, pays des Vosges).
Bourgogne (Auxerrois), Champagne (Sénonais).

Sous le rapport judiciaire, on compte 27 Cours d'appel, auxquelles ressortissent toutes les causes plaidées devant les tribunaux du première instance. Elles siègent à : Agen, Aix, Amiens, Angers, Bastia, Besançon, Bordeaux, Bourges, Caen, Chambéry, Colmar, Dijon, Douai, Grenoble, Limoges, Lyon, Montpellier, Nancy, Nîmes, Orléans, Paris, Pau, Poitiers, Rennes, Riom, Rouen et Toulouse.

Sous le rapport de l'instruction publique, la France avait été partagée, dès la création de l'Université, en 27 acad., répondant aux 27 cours d'appel existant alors. La loi du 15 mars 1850 créa une acad. par dép. La loi du 27 mai 1854 en réduisit le nombre à 16, auj. 17 : Aix (B.-Alpes, Alpes-Marit., Bouches du-Rhône, Corse, Var, Vaucluse); — Alger (Alger, Oran, Constantine); — Besançon (Doubs, Jura, H.-Saône) ; — Bordeaux (Dordogne, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, B.-Pyrénées); — Caen (Calvados, Eure, Manche, Orne, Sarthe, Seine-Inf.); — Chambéry (Savoie, Haute-Savoie) ; — Clermont (Allier, Cantal, Corrèze, Creuse, Haute-Loire, Puy-de-Dôme) ; — Dijon (Aube, Côte-d'Or, Haute-Marne, Nièvre, Yonne) ; — Douai (Aisne, Ardennes, Nord, Pas-de-Calais, Somme) ; — Grenoble (Hautes-Alpes, Ardèche, Drôme, Isère) ; — Lyon (Ain, Loire, Rhône, Saône-et-Loire) : — Montpellier (Aude, Gard, Hérault, Lozère, Pyrénées-Orient.) ; — Nancy (Meurthe, Meuse, Moselle, Vosges); — Paris (Cher, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Loiret, Marne, Oise, Seine, Seine-et-Marne, Selne-et-Oise) ; — Poitiers (Charente, Charente-Infér., Indre, Indre-et-Loire, Deux-Sèvres, Vendée, Vienne, Haute-Vienne); — Rennes (Côtes-du-Nord, Finistère, Ille-et-Vilaine, Loire-Infér., Maine-et-Loire, Mayenne, Morbihan); — Toulouse (Ariége, Aveyron, Haute-Garonne, Gers, Lot, Hautes-Pyrénées, Tarn, Tarn-et-Garonne).

Sous le rapport militaire, la France est partagée en 18 corps d'armée, dont chacun est commandé par un général de division, et subdivisé en deux divisions :

1er  corps (Nord, Pas-de-Calais), commandt. à Lille.
2e (Aisne, Oise, Somme, arr, de Pontoise, cant. de Saint-Denis et Pantin, 10e 19e et 20e arr. de Paris). Commandt à Amiens.
3e (Calvados, Eure, Seine-Inférieure, arr. de Mantes et Versailles, cant. de Courbevoie et Neuilly, 1er, 7e, 8e, 9e, 15e, 16e, 17e, 18e arr. de Paris). Commandt à Rouen.
4e (Eure-et-Loir, Mayenne, Orne, Sarthe, arr. de Rambouillet, cantons de Villejuif et de Sceaux, 4e, 5e, 6e, 13e, 14e arr. de Paris), Commandt au Mans.

5e corps (Loiret, Loir-et-Cher, Seine-et-Marne, Yonne, arr. d’Étampes et de Corheil, cantons de Charenton et de Vincennes, 2e, 3e, 11e, 12e arr. de Paris), commandt à Orléans.
6e (Ardennes, Aube, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Vosges), commandt à Châlons-sur-Marne.
7e (Ain, Doubs, Jura, H.-Marne, territ. de Belfort, Haute-Saône, cant. de Neuville (Rhône), 4e et 5e arr. de Lyon). Commandt à Besançon.
8e (Cher, Côte-d'Or, Nièvre, Saône-et-Loire). Commandt à Bourges.
9e (Maine-et-Loire, Indre-et-Loire, Indre, Deux-Sèvres, Vienne). Commandt à Tours.
10e (Côtes-du-Nord, Manche, Ille-et-Vilaine). Commandt à Rennes.
11e (Finistère, Loire-Inférieure, Morbihan, Vendée). Commandt à Nantes.
12e (Charente, Corrèze, Creuse, Dordogne, Haute-Vienne). Commandt à Limoges.
13e (Allier, Loire, Puy-de-Dôme, Haute-Loire, Cantal, 7 cantons du Rhône). Commandt à Clermont-Ferrand.
14e (Hautes-Alpes, Drôme, Isère, Savoie, Haute-Savoie, 3 cantons du Rhône, 4 arrondissements de Lyon) Commandt à Grenoble.
15e (Basses-Alpes, Alpes-Maritimes, Ardèche, Bouches-du-Rhône, Corse, Gard, Var, Vaucluse). Commandt à Marseille.
16e (Aude, Aveyron, Hérault, Lozère, Tarn, Pyrénées-Orientales). Commandt à Montpellier.
17e (Ariége, Hte-Garonne, Gers, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne). Commandt à Toulouse.
18e (Charente-Inférieure, Gironde, Landes, Basses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées). Commandt à Bordeaux.


Sous le rapport maritime, la France est divisée en 5 préfectures, subdivisées en arrondissements, sous-arrondissements, quartiers et sous-quartiers :

Préfectures. Arrondiss. Quartiers et s.-quart.
Dunkerque. Dunkerque, Gravelines, Calais, Boulogne, St-Valery-sur-Somme.
1re Cherbourg. Le Havre. Dieppe, Le Tréport, Fécamp, St-Valery-en-Caux, le Havre, Rouen, Honfleur.
Cherbourg. Caen, La Hougue, Isigny, Cherbourg.
St-Servan. Granville, St-Malo, Cancale, Dinan.
2e Brest. St-Brieuc, Binic, Paimpol, Tréguier, Morlaix, Lannion, Brest, Le Conquet, Camaret, Quimper, Douarnenez, Audierne.
3e Lorient Lorient. Lorient, Concarneau, Port-Louis, Auray, Vannes, Belle-Ile-en-Mer.
Nantes. Le Croisic, Redon, Paimbœuf, Pornic, Nantes.
4e Rochefort. Rochefort. Noirmoutier, Ile-d'Yeu, Sables-d'Olonne, St-Gilles-sur-Vic, La Rochelle, Marans, Ile de Ré, Ile d'Oléron, Rochefort, Marenne, Saintes, Royan.
Bordeaux. Pauillac, Blaye, Libourne, Bordeaux, Langon, La Teste, Dax, Bayonne, St-Jean-de-Luz.
Marseille. Marseille.
5e Toulon. Toulon. Antibes, Cannes, St-Tropez, Fréjus, Toulon, Nice, Hyères, La Seyne, La Ciotat, Martigues, Arles, Cette, Agde, Narbonne, Port-Vendres, St-Laurent-de-la-Salanque.
La Corse. Bastia, Rogliano, Bonifacio, Ajaccio.
France ancienne.

Avant 1789 la France était officiellement divisée en gouvernements. Il ne faut pas confondre les gouvernements avec ce que l'on appelait vulgairement provinces. Les provinces devaient leur origine aux fiefs nombreux auxquels la conquête avait donné naissance et elles s'élevaient au moins au nombre de 80 : car on comptait parmi les provinces, non-seulement de grandes contrées, comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Guyenne, mais une foule de petits pays, tels que la Beauce, la Bresse, le Bugey, le Vexin, etc., qui, pour la plupart, étaient compris dans les grandes provinces. Quant aux gouvernements, tantôt ils étaient formés d'une seule province (Flandre, Picardie, Normandie, Bretagne), tantôt ils en comprenaient plusieurs (Lorraine et Barrois, Guyenne et Gascogne, Lyonnais et Forez).

On distinguait de grands et de petits gouvernements; leur nombre varia souvent : depuis 1768, on compta 40 gouvts, dont 32 grands et 8 petits.

Gr. gouvernements. Capitales. Départements.
Flandre française, Lille. Nord.
Artois, Arras. Pas-de-Calais.
Picardie, Amiens. Somme.
Normandie, Rouen. Seine-Infér. Eure. Orne. Calvados. Manche.
Champagne-et-Brie, Troyes. Ardennes. Marne. Haute-Marne. Aube.
Lorraine-et-Barrois, Metz Vosges. Meurthe. Moselle. Meuse.
Alsace, Strasbourg. Haut-Rhin. Bas-Rhin.
Bretagne, Rennes. Ille-et-Vilaine. Côtes-du-Nord. Finistère. Morbihan. Loire-Infér.
Anjou, Angers. Maine-et-Loire.
Maine-et-Perche, Le Mans. Sarthe. Mayenne.
Touraine, Tours. Indre-et-Loire.
Poitou, Poitiers. Vienne. Deux-Sèvres. Vendée.
Aunis, La Rochelle. Charente-Infér.
Saintonge et Angoumois, Saintes. Charente.
Ile-de-France, Paris. Seine. Seine-et-Oise. Seine-et-Marne. Oise. Aisne.
Orléanais, Orléans. Loiret. Eure-et-Loir. Loir-et-Cher
Berry, Bourges. Indre. Cher.
Auvergne, Clermont-Ferrand. Puy-de-Dôme. Cantal.

Gr. gouvernements. Capitales. Départements.
Limousin, Limoges. Haute-Vienne. Corrèze.
Marche, Guéret. Creuse.
Bourbonnais, Moulins. Allier.
Nivernais, Nièvre. Nevers.
Franche-Comté, Besançon, Haute-Saône. Doubs. Jura.
Bourgogne-et-Bresse, Dijon. Yonne. Côte-d'Or. Saône-et-Loire. Ain.
Guyenne-et-Gascogne, Bordeaux. Dordogne. Gironde. Lot. Lot-et-Garonne. Tarn-et-Garon. Aveyron. Landes. Gers. H.-Pyrénées.
Languedoc, Toulouse. Haute-Loire. Ardèche. Lozère. Gard. Hérault. Tarn. Aude. H.-Garonne.
Béarn-et-Navarre, Pau. B.-Pyrénées.
Comté de Foix, Foix. Ariége.
Roussillon, Perpignan. Pyrénées-Or.
Lyonnais et Forez, Lyon. Rhône. Loire.
Dauphiné, Grenoble Isère. Drôme. Hautes-Alpes.
Provence, Aix. Basses-Alpes. B.-du-Rhône. Var.
Petits gouvernements.
Paris, Toul,
Boulogne, Metz et Verdun,
Le Havre, Saumur,
Sedan, Corse.

L'anc. France avait encore deux autres divisions importantes, qui différaient beaucoup des circonscriptions gouvernementales : l'une, sous le rapport financier, en 34 généralités ou intendances (V. GÉNÉRALITÉS); l'autre, sous le rapport judiciaire, en 16 ressorts, dont 13 avaient pour centre un parlement (V. ce mot), et 3 un conseil souverain. Le nombre des diocèses allait à 135, dont 18 diocèses archiépiscopaux et 117 évêchés (112 en terre ferme et 5 en Corse).

Nous ne pouvons donner ici les divisions et subdivisions si variées qu'a reçues la France aux différentes époques de son histoire antérieurement au XVIIIe s. Nous remarquerons seulement : 1° que sous les Mérovingiens la France se divisait en 4 royaumes : Austrasie. Neustrie, Bourgogne, Aquitaine; 2° que sous Charlemagne et son fils elle fut divisée en comtés à peu près au nombre de 80, qui formèrent peu à peu des États presque indépendants; 3° qu'en 987, à l'avénement de Hugues Capet, on comptait 61 fiefs qui ne relevaient que nominalement de la couronne et dont les plus importants étaient : le duché de Guyenne ou d'Aquitaine, le comté de Toulouse, le comté de Roussillon, le comté d'Auvergne, le duché de Bourgogne, le comté de Champagne et de Brie, le comté de Vermandois, le duché de Normandie, le comté d'Anjou, le duché de Bretagne et le comté de Flandre, 4° qu'à partir du règne de Louis VI, les provinces de France se divisent en deux masses : le domaine royal, et les provinces qui ne font pas partie du domaine royal. Sous les derniers Carlovingiens le domaine royal ne se composait que des territoires de Laon, de Reims et de Compiègne; Hugues Capet y ajouta son duché de France, comprenant le comté de Paris,et l'Orléanais; le domaine embrassa alors les 5 dép. actuels de Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise, Loiret. Les autres provinces y furent successivement réunies, savoir :

1082 Vexin, Par réversion.
1180 Artois, Par mariage (aliéné en 1477, définitiv. réuni en 1678),
1185 Amiénois, Par conquête (joint en 1435 au duché de Bourgogne, réuni définitif, en 1477).
1198 Comté d'Auvergne, Par confiscation, puis apanage; définit. réuni en 1610.
1200 Comté d'Evreux. Conquis, puis apanage; réuni définitiv. 1584
1204 Normandie, Par confiscation (possédée par les Anglais de 1346 à 1450 ; souvent apanage de 1332 à 1468).
» Touraine, Anjou et Maine, Confisqués; souv. apanages; définitiv. réunis en 1584.
1205 Poitou, Par conquête (donné souvent en apanage; réuni définitiv. en 1369).
» Berry, Par conquête (Philippe I avait acheté la vicomte de Bourges dès 1100; souvent apanage).
1215 Vermandois et Valois, Par conq. (de 1240 à 1392 le Valois fut un apanage).
1259 Vic. de Nîmes, Par cession.
1286 Comté de Chartres, Par achat (donné depuis plusieurs fois en apanage).
1307 Lyonnais, Par conquête, puis par traité.
1343 Dauphiné, Par cession volontaire.
1361 Champagne-et-Brie, Apportée en dot à Philippe IV dès 1284, mas non réunie dès lors.
» Languedoc (Comté de Toulouse), Les rois de France le possédaient dès 1271, mais comme comt. de Toulouse.
1369 Limousin, Conquis; possédé depuis par les maisons de Blois et d'Albret, réuni par Henri IV en 1589.
1453 Guyenne et Gascogne. Par conquête (déjà possédé par Louis VII de 1137 à 1152).
1477 Bourgogne, Ponthieu, Boulonn. Par héritage, après la mort de Charles le Téméraire.
1481 Provence, Par héritage (l'édit de réunion est de 1486).
1498 Orléans (et Valois), Par l'avén. de L. XII (possédé par les 1ers Capétiens, donné plus. fois en apanage).
1514 Bretagne, A la mort d'Anne de Bretag.
1526 Alençon et Perche, Par réversion, puis apanage; définitivement réunis en 1584.
1531 Bourbonnais, Marche, Dauphiné d'Auvergne, Forez et Beaujolais, Par confiscation (séquestrés dès 1523, mais possédés quelque temps par Louise de Savoie, mère de François I).
1589 B.-Navarre, Comtés de Foix et d'Albret, Béarn, Armagnac et Périgord, Par l'avénement de Henri IV (cependant ce prince ne consentit à reconnaître cette réunion qu'en 1607).
1601 Bresse, Bugey, Valromey, Gex, En échange du marquisat de Saluces.
1642 Roussillon, Par conquête (la France l'avait déjà possédé de 1462 à 1493).
1648 Alsace, Par conq. puis par traité.
1665 Nivernais, Par réversion, après la mort de Charles III de Gonzague, duc de Mantoue.

1668 Flandre, Par conq., puis par traité.
1678 Franche-Comté, Conquise dès 1668, confirmée par le traité de Nimègue (1678).
1766 Lorr. Barrois, A la mort du roi Stanislas.
1768 Corse, Achetée aux Génois.
1791 Comtat Venaissin, Avignon, Par décret de l'Assemblée nationale.

En 1790, un décret de l'Assemblée constituante divisa la France en 83 départements. — En 1804, ce nombre était porté à 107. Les anciens dép. en formaient alors 85 au lieu de 83, par le dédoublement du dép. de Rhône-et-Loire (qui fit le dép. du Rhône et celui de la Loire), et par la division de la Corse en deux dép., le Golo et le Liamone. Les 22 nouveaux étaient :

Départements. Chefs-lieux. Pays correspondants.
Vaucluse (créé dès 1791 par l'Ass. nat.), Avignon, Comtat Venaissin.
Mont-Blanc, Chambéry, Savoie.
Alpes-Maritimes, Nice, Comté de Nice.
Dyle, Bruxelles,
Escaut, Gand,
Forêts, Luxembourg,
Jemmapes, Mons,
Lys, Bruges, Belgique.
Meuse-Inférieure, Maëstricht,
Deux-Nèthes, Anvers,
Ourthe, Liège,
Sambre-et-Meuse, Namur,
Roër, Aix-la-Chapelle,
Sarre, Trêves,
Rhin-et-Moselle, Coblentz, Rive gauche du Rhin.
Mont-Tonnerre, Mayence,
Léman, Genève, Républ. de Genève.
Doire, Ivrée,
Pô, Turin,
Marengo, Alexandrie, Piémont.
Sésia, Verceil,
Stura, Coni,

En 1812, l'Empire français comptait 130 dép., dont 23 nouveaux (la Corse avait été ramenée à un seul départ.; mais le dép. de Tarn-et-Garonne avait été formé en 1808 aux dépens des dép. voisins). Les 23 nouveaux étaient :

Bouches-de-l'Escaut, Middelbourg,
— du Rhin, Bois-le-Duc,
— de la Meuse, La Haye,
— de l'Yssel, Zwoll,
Ems-Occidental, Groningue, Hollande.
Ems-Oriental, Aurich,
Frise, Leuwarden,
Yssel-Supérieur, Arnheim,
Zuyderzée, Amsterdam,
Lippe, Münster, Westphalie.
Bouches-de-l'Elbe, Hambourg, Villes hanséatiques.
Bouches-du-Weser, Brême,
Ems-Supérieur, Osnabrück, Hanovre.
Taro, Parme, Duché de Parme et Plaisance.
Arno, Florence,
Méditerranée, Livourne, Toscane.
Ombrone, Sienne,
Rome, Rome, États Romains.
Trasimène, Spoleto,
Gênes, Gênes,
Montenotte, Savone, États de Gênes.
Apennin, Chiavari,
Simplon, Sion, Valais.

De 1815 à 1860 la France eut 86 dép. En 1860, 3 nouveaux dép. furent formés : Alpes-Maritimes, Savoie et Hte-Savoie; mais les pertes territoriales de 1871 réduisirent les départ, à 87.

IV Histoire. L'histoire de la France ne commence réellement qu'avec le règne de Clovis, petit-fils de Mérovée et véritable fondateur de la dynastie mérovingienne. Les règnes de Pharamond, de Clodion, de Mérovée, de Childéric, n'ont rien d'authentique. A l'avénement de Clovis, en 481, les Visigoths, les Burgundes, les Romains, les Allemands, se disputaient le territoire de la Gaule : Clovis assura la supériorité aux Francs, défit les Romains à Soissons (486), assujettit les Allemands par la victoire de Tolbiac, après laq. il se fit chrétien (496), réduisit les Visigoths à la Septimanie par la vict. de Vouillé (507) et ébranla la puissance des Burgundes, que ses fils détruisirent en 534. Ceux-ci, après la mort de Clovis (511), avaient partagé le territoire conquis par leur père, et de ce partage étaient nés quatre royaumes distincts : ceux de Paris, de Metz, de Soissons et d'Orléans. En 558, Clotaire I réunit tout l'empire des Francs; mais de 561 à 613 ont lieu de nouveaux partages, suivis de guerres civiles qui, après une réunion momentanée, amènent la division de la France en quatre régions : Austrasie, Neustrie, Bourgogne et Aquitaine. Parmi ces quatre régions, l'Austrasie et la Neustrie jouent le principal rôle, et leur puissance se balance quelque temps; mais en 687 l'Austrasie, où s'étaient conservées avec le plus de pureté les mœurs antérieures à la conquête, et qui s'était trouvée le moins en contact avec la civilisation romaine, prend l'ascendant sur la Neustrie. À cette époque l'Austrasie avait cessé d'être une monarchie ; et tandis que les princes mérovingiens régnaient encore en Neustrie, l'Austrasie s'était convertie en une sorte de république féodale, gouvernée par les Héristall avec le titre de ducs. Ces ducs d'Austrasie ne tardèrent point à s'imposer comme maires du palais aux rois de la Neustrie ; la Bourgogne fut soumise à leur obéissance, et l'Aquitaine, en proie à l'invasion arabe, trouva un libérateur dans Charles Martel, l'un d'eux, 732. — Bientôt un autre de ces maires, Pépin le Bref, s'empare de la couronne, 752, par la déposition de Childéric III, dernier roi mérovingien, et commence ainsi la seconde dynastie ou maison carlovingienne. Il subjugue l'Aquitaine et la Septimanie, réunit pour la première fois toute la France, sauf la Bretagne; étend son influence jusqu'en Italie, force Astolphe, roi des Lombards, à respecter le pape Étienne, et donne un territoire à l'Église. Charlemagne, son fils (768-814), soumet l'Espagne septentrionale, l'Italie, la Germanie saxonne, la Bavière, l'Avarie, et forme un immense royaume, qu'il proclame nouvel empire d'Occident (800). Cet empire ne subsiste que jusqu'en 843, époque à laquelle il se démembre et donne naissance aux royaumes particuliers de France, d'Italie et de Germanie. Quant à la couronne impériale, elle devient le partage des lignes italique et germaine de la maison carlovingienne, passe ensuite à des feudataires étrangers, et finit par rester aux Allemands. En France, la décadence des Carlovingiens commence dès 843 ; la féodalité se forme et s'agrandit aux dépens de la royauté. Dès 887 un des grands feudataires de la couronne, Eudes, le premier des Capets, usurpe le trône sur les Carlovingiens qui étaient presque sans domaine et sans force ; deux fois replacés sur le trône (893 et 936), ceux-ci achèvent de perdre leurs domaines et ils tombent définitivement en 987. — Hugues Capet commence la 3e dynastie, celle des Capétiens, et donne pour base à la royauté son vaste duché de France. D'habiles efforts, la longue durée des règnes, la formation des communes, et principalement les Croisades, favorisent l'accroissement du pouvoir royal (987-1108). De 1108 à 1226, le domaine royal s'agrandit rapidement : la Normandie, l'Anjou, le Maine, le Poitou (1204-5) sont repris à l'Angleterre. Le vaste comté de Guyenne et de Gascogne avec toutes ses annexes était sur le point de revenir à la couronne, sans le divorce de Louis le Jeune avec Éléonore d'Aquitaine (1152). Saint Louis (1226-1270) agrandit peu le territoire, mais il fit plus pour la royauté en donnant à la couronne l'autorité morale et la juridiction souveraine. Sous Philippe III (1270-1284), qui réunit le Languedoc, la France intervient dans toutes les querelles des royaumes espagnols chrétiens, et étend son influence jusqu'à Naples. Philippe IV commence à recouvrer les territoires cédés à Lothaire en 843, lutte victorieusement contre l'autorité temporelle des papes, oppose à l'aristocratie et au clergé les États généraux, qu'il assemble le premier, et les parlements, dont il semble être le vrai fondateur. Sous ses fils (1314-28) s'opère une réaction féodale, que ces princes secondent en aveugles; la branche des Valois (1328) les imite d'abord ; en outre, par sa folle témérité, elle met la France à deux doigts de sa perte. Les rois d'Angleterre, unis aux Flamands et aux Bretons, commencent la guerre dite de Cent ans (1337-1453). Vaincue à Crécy sous Philippe de Valois (1346), à Poitiers sous Jean II (1356), la France se relève sous Charles V (1364-80). La minorité, et bientôt la démence de Charles VI (1380-1422), le nombre trop grand de princes du sang, tous pourvus d'apanages et visant ou à la couronne ou à l'autorité, la puissance de la seconde maison de Bourgogne (1361), bientôt rivale de la maison royale, les sanglantes collisions des Bourguignons et des Armagnacs, compromettent de nouveau l'existence de la nation : les Anglais, vainqueurs à Azincourt (1415), possèdent presque toutes les provinces maritimes de la France (Normandie, Guyenne, etc.); mais Jeanne d'Arc commence à changer la fortune (1429) : Charles VII est sacré à Reims; les Anglais, après de longs combats, sont chassés de France (1453). Louis XI, successeur de Charles VII, combat victorieusement la féodalité, et réunit onze grands fiefs à la couronne (1461-83). Charles VIII commence les guerres d'Italie (1494-98) ; Louis XII s'épuise à les continuer; François I, d'abord vainqueur des Suisses à Marignan (1515), mais ensuite défait par les Impériaux à la Bicoque (1522), et à Pavie (1525), où il est fait prisonnier, ne peut qu'opposer une digue à l'énorme débordement de la puissance de Charles-Quint (1515-47). Henri II acquiert les Trois-Évêchés (1552) ; mais bientôt naissent les guerres civiles de religion qui minent la France, et où la maison de Valois périt en la personne de Henri III (1562-89). Henri IV commence alors la branche royale des Bourbons : il termine la guerre civile (1589-94), cicatrise les plaies de la France et prépare sa grandeur (1594-1610). Sous Louis XIII (1610-43), Richelieu, après avoir abattu la faction protestante, écrase les restes de la féodalité et jette les fondements de la monarchie absolue de Louis XIV; ce grand ministre fait jouer à la France le premier rang dans la guerre de Trente ans (I6I8-1648), et lui assure la prépondérance que possédait jadis la maison d'Autriche. Devenue la première puissance de l'Europe par les traités de Westphalie (1648) et des Pyrénées (1659), la France sous Louis XIV prétend en être la dominatrice; elle voit se former trois coalitions contre elle, grandit à Nimègue (1678), reste stationnaire à Riswick (1697), recule à Utrecht (1713), épuisée par la guerre de la succession d'Espagne. Sous Louis XV (1715-1774), elle acquiert la Lorraine et la Corse, mais n'a pas de système politique, se bat en faveur de l'Autriche (1756-1763), laisse démembrer la Pologne (1768-1774), manque la facile conquête de l'Inde (1740-1756), et perd ses colonies. Mais à la même époque elle se place à la tête des nations par sa littérature, et la langue française devient la langue européenne. Sous Louis XVI, la France se venge de l'Angleterre en favorisant les efforts des colonies anglo-américaines, qui se déclarent indépendantes (1775-1783), mais elle la laisse s'étendre et la supplanter dans les Indes orientales. En 1789 éclate la Révolution : l'Assemblée nationale ne veut d'abord que détruire les abus et donner une constitution à la France; mais bientôt elle renverse à la fois l'antique constitution française et la dynastie. En 1792, la France s'érige en république; et pendant plusieurs années elle lutte glorieusement contre l'Europe coalisée; mais en même temps elle est déchirée par les dissensions intestines, et finit par être opprimée par un gouvernement tyrannique et sanguinaire (V. CONVENTION). Elle commence à respirer sous le Directoire (1795-99) ; mais la faiblesse de ce gouvernement la met à deux doigts de sa perte. Lasse enfin de troubles, elle revient sous une nouvelle forme à la monarchie : Napoléon, d'abord consul (1799), est proclamé empereur en 1804. Il rétablit l'ordre à l'intérieur, ramène la victoire et rend pour quelques années toute l'Europe occidentale sujette de la France, mais il perd toute l'élite de ses troupes en Russie (1812), et succombe en 1814. Les Bourbons sont ramenés par l'étranger, et la France est alors réduite à ses anciennes limites. Louis XVIII donne la Charte et établit le gouvernement représentatif; mais son success. CharlesX se perd par son antipathie pour le régime constitutionnel, et en 1830 la branche aînée des Bourbons est remplacée par la branche cadette ou d'Orléans : Louis-Philippe voulut que la Charte fût une vérité. Le 24 févr. 1848, une révolution soudaine rétablit la république, qui fut renversée par le coup d'État du 2 décembre 1851 : le prés. de la rép. L. Napoléon, auteur de ce coup d'État, fut proclamé empereur (Napoléon III) en 1852. Les débuts du nouvel empire furent heureux : la soumission de l'Algérie fut complétée (1851-57); la Russie fut vaincue en Crimée (1854-55); l'Autriche battue à Magenta et à Solférino (1859); etc. L'expédition du Mexique commença une période de revers. Une guerre témérairement entreprise contre la Prusse (16 juillet 1870) acheva de perdre l'empire. Le 4 sept. 1870, une insurrection le renversa et proclama de nouveau la République. Parmi les nombreuses histoires générales de la France, on connaît surtout celles de Mézeray, Daniel, Vely, Anquetil, Sismondi, H. Martin.

Ire race. Mérovingiens.
Pharamond ? 420-427
Clodion, 427-448
Mérovée, 448-458
Childéric I, 458-481
Clovis I, 481-511
Clodomir (à Orléans), 511-524
Thierry I (à Metz), 511-534
Théodebert I (à Metz), 534-548
Théodebald (à Metz), 548-555
Childebert I (à Paris), 511-558
Clotaire 1 (à Soissons, 511-558); seul, 558-561
Sigebert I (en Austrasie), 561-575
Childebert II (d'abord en Austrasie; en Austrasie et Bourgogne depuis 593), 575-596
Théodebert II (en Austrasie), 596-612
Caribert I (à Paris), 561-567
Gontran (Orléans et Bourgogne), 661-593
Thierry II (1° à Orléans et en Bourgogne, 2° en Austrasie, 612), 596-613
Chilpéric I (à Soissons 561), puis à Paris, 567-584
Clotaire II (d'abord à Soissons, puis seul), 584-628
Caribert II (en Aquitaine), 628-631
Dagobert I (en Austrasie, 622, à Soissons, 628, puis seul), 628-638
Sigebert II (en Austrasie), 638-656
Clovis II (Neustrie et Bourgogne), 638-656
Clotaire III (Neustrie et Bourgogne), 656-670
Childéric II (en Austrasie, 656-670), seul, 670-673
Dagobert II (Austrasie), 674-679
Thierry I, ou III (Neustrie, 673-679), puis seul), 679-691
Clovis III, 691-695
Childebert III, 695-711
Dagobert II (ou III), 711-715
Clotaire IV, 717-719
Chilpéric II, 715-720
Thierry II (ou IV), 720-737
Interrègne,
737-742
Childéric III, 742-752
IIe race. Carlovingiens.
Pépin d’Héristall (duc d’Austrasie), 687-714
Théodoald, 714-715
Charles-Martel, 715-741
Carloman (abdique), 741-747
Pépin le Bref (avec Carloman, 741 ; seul, 747), roi de France, 752-768
Carloman, 768-771
Charlemagne (avec Carloman, 768-771) ; seul, 771-814
Louis I, le Débonnaire, 814-840
Charles II, le Chauve, 840-877
Louis II, le Bègue, 877-879
Louis III et Carloman, 879-882
Carloman seul, v882-884
Charles le Gros ou le Gras (empereur), 884-887
Eudes ou Odon (1er roi capétien), 887-898
Charles III, le Simple (proclamé roi, 892, puis seul après la mort d’Eudes), 898-923
Robert I (2e roi capétien), 922-923
Raoul (parent des Capétiens), 923-936
Louis IV, d’Outre-Mer, 936-954
Lothaire, 954-986
Louis V, le Fainéant, 986-987


IIIe race. Capétiens.
Hugues Capet, 987-996
Robert II, 996-1031
Henri I, 1031-1060
Philippe I, 1000-1108
Louis VI, le Gros, 1108-1137
Louis VII, le Jeune, 1137-1180
Philippe II, Auguste, 1180-1223
Louis VIII, le Lion, 1223-1226
Louis IX ou saint Louis, 1226-1270
I. Ligne aînée ou Philippine.
Philippe III, le Hardi, 1270-1285
1o Branche aînée.
Philippe IV, le Bel, 1285-1314
Louis X, le Hutin, 1314-1316
Jean I (le Posthume), 1316
Philippe V, le Long, 1316-1322
Charles IV, le Bel, 1322-1328
2o Branche puînée ou de Valois (issue de Philippe III, par un frère de Philippe IV, Charles de Valois, père de Philippe VI).
Philippe VI, de Valois, 1328-1350
Jean II, le Bon, 1350-1364
Charles V, le Sage, 1304-1380
(a) Rameau aîné de la branche de Valois.
Charles VI, le Bien-Aimé, 1380-1422
Charles VII, le Victorieux, 1422-I461
Louis XI, 1461-1483
Charles VIII, 1483-1498

(b) Rameau cadet de la branche de Valois, ou Valois Orléans (issu de Charles V par Louis, duc d’Orléans, son second fils).

Primogéniture, Orléans-Orléans (issue de Charles, duc d’Orléans, fils aîné de Louis d’Orléans).

Louis XII, 1498-1515

Secondogéniture, Orléans-Angoulême (issue de Jean, comte d’Angoulême, deuxième fils de Louis, duc d’Orléans, et petit-fils de Charles V).

François I, 1515-1547
Henri II, 1547-1559
François II, 1559-1560
Charles IX, 1560-1574
Henri III, 1574-1589
II. Ligne cadette ou Robertine, ou maison de Bourbon (issue de Robert de Clermont, sixième fils de saint Louis et frère de Philippe III).
Henri IV, 1589-1610
Louis XIII, le Juste, 1610-1643
Louis XIV, le Grand, 1643-1715
Louis XV, le Bien-Aimé, 1715-1774
Louis XVI (déclaré déchu du trône le 10 août 1792, décapité le 21 janvier 1793), 1774-1793
Louis XVII (en prison, mais censé roi), 1793-1795
République (proclamée le 21 septembre), 1792-1804
Convention, 1792-1795
Directoire, 1795-1799
Consulat : Bonaparte, 1er consul, puis consul à vie, 1799-1804
Empire : Napoléon I, empereur des Français et roi d’Italie, 1804-1814
Napoléon II (proclamé par le gouvernement provisoire), 1815
Louis XVIII, 1814-1824
Napoléon I (pour la 2e fois, du 20 mars au 24 juin), 1815
Charles X, 1824-1830

2o Branche puînée de la maison de Bourbon, maison d’Orléans (issue de Philippe, frère de Louis XIV) :

Louis-Philippe I, roi des Français, 1830-1848.
République, proclamée de nouv. le 24 févr. 1848.
Louis-Napoléon Bonaparte, élu président le 10 déc. 1848 ; empereur sous le nom de Napoléon III, 1852-1870, m. en janv. 1873.
République (proclamée le 4 septembre 1870, constituée le 20 février 1875.

Outre la France proprement dite et l’Ile-de-France, le nom de France a désigné spécialement un petit pays qui s’étendait de Luzarches à Charenton et de Dammartin à Montmorency. C’est en ce sens qu’on disait au XIIe siècle : St-Denis-en-France.