Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre V
V
N. B. Cherchez par W. ou par U les articles qui ne serait pas ici.
V. Cette lettre, qui en style lapidaire s'emploie pour U, signifie dans les abréviations : Vitellius, Volero, Volusus, Vopiscus, Vesta, Victor, Vir, Urbs (Rome); A. V. C., ab Urbe condita, depuis la fondation de Rome, etc. — Dans les abréviations modernes, V. peut indiquer Valentin, Victor, Vincent.
VAAST (S.). V. WAAST.
VABRE ou VABRES, Vabrincum, bg de l'Aveyron, à 5 kil. S. O. de Ste-Afrique; 1250 hab. Jadis évêché (créé en 1327) et titre de comté.
VABRES-DE-SÉNÉGATS, ch.-l. de c. (Tarn), à 20 kil. N. de Castres ; 2436 hab. Église calviniste.
VACA (Alvar Nunez CABEZA de), nommé en 1540 par la cour d'Espagne gouverneur du Paraguay, se rendit dans cette contrée par terre, traversant tout le Brésil mérid., au milieu des Indiens Guaranis, et n'entra dans la ville de l'Assomption, capitale de son gouvernement, qu'en 1542, après avoir exploré des pays inconnus jusque-là. Sa manière d'administrer ayant excité une révolte parmi ses troupes, il fut mis aux fers et embarqué pour l'Espagne avec son confident, le greffier Pedro Fernandez. A leur arrivée, ils furent condamnés par le conseil des Indes à être déportés en Afrique. Pendant l'instruction du procès, ils publièrent un mémoire justificatif qui contient la description des pays qu'ils avaient visités; c'est le 1er ouvrage qui ait été publié sur le Paraguay (imprimé à Valladolid en 1555). — V. CASTRO (Vaca de).
VACCA, auj. Baga, v. de l'Afrique propre (Zeugitane), sur le Rubricatus, aux confins de la Numidie et la Zeugitane, fut saccagée par Q. Métellus pour avoir égorgé une garnison romaine.
VACCÉENS, Vaccœi, peuple d'Hispanie (Tarraconaise), au S. des Cantabres dont les séparait l’Idubeda, avaient pour villes principales Palentia et Cauca, Ils furent subjagués par Posthumius en 178 av. J.-C, après 14 ans de guerre. Devenus suspects pendant la guerre des Celtibères, ils furent attaqués de nouveau par les Romains en 150 et 136, mais ne furent soumis totalement qu'en l'an 100. Leur pays répondait aux provi nées modernes de Léon et de Vieille-Castille.
VAÇOUDÉVA, radjah indien de la race lunaire, épousa Dévaki, sœur du cruel Kansa, roi de Mathoura, en eut, entre autres enfants, Krichna et Bala-Rama, et réussit à soustraire ses fils aux fureurs de Kansa, qui voulait les faire périr.
VAÇOUS, dieux ou génies hindous qui viennent presque immédiatement au-dessous de Brahma, sont au nombre de huit et ont chacun une des 8 régions du monde sous leur empire : Indra, gardien de l'Est, préside à l'éther et au jour; Iama, gardien du Sud, à la mort, aux enfers; Nirouti, gardien du S. O., aux mauvais génies; Agni, gardien du S. E., au feu; Varouna (ou Pratcheta), génie de l'O., préside aux eaux et à l'Océan; Paoulastia, génie du N., à l'intérieur du globe et aux richesses minéralogiques ; Pavana (autrement Marouta ou Vaiou), préside au Nord-Ouest à l'air, aux vents, aux odeurs; Içania, à la région du Nord-Est : ce dernier est une incarnation de Siva.
VACQUERIE (J. de la). V. LA VACQUERIE.
VADÉ (Jean Joseph), poëte burlesque, né en 1720 m. en 1757, était fils d'un honnête marchand de Ham. Il vint de bonne heure à Paris, où il se livra à la dissipation, fut quelque temps secrétaire du duc d'Agenois, puis occupa un petit emploi dans les finances. D'un caractère jovial, ami du vin et de la bonne chère, il hantait les cabarets, et n'en était pas moins fort recherché, même dans le grand monde; on le regardait comme un plaisant de société. 11 mourut à 37 ans, ayant abrégé sa vie par ses excès. Vadé se créa un genre à part, le genre poissard, en imitant dans ses vers le langage des halles. Il a laissé en ce genre la Pipe cassée, poème épi-tragi-poissardi-héroï-comique, les Lettres de la Grenouillère, les Bouquets poissards, des madrigaux, des épîtres dans le même genre, des opéras comiques (entre autres les Troqueurs, Nicaise, le Trompeur trompé), des parodies qui eurent une grande vogue, et un grand nombre de chansons bachiques. On l'avait surnommé le Téniers de la poésie. Ses Œuvres ont été publiées en 4 vol. in-8, Paris, 1758. On a donné à part ses Œuvres poissardes, 1796, in-4. — Voltaire a publié des contes et des pamphlets facétieux sous le pseudonyme de Guillaume Vadé.
VADICASSES, peuple de la Gaule (Belgique 2e), au S. O. des Suessions, habitait le pays nommé depuis Valois et avait pour v. principales Vadum (Vez) et Noviodunum (Noyon). V. VIDUCASSES.
VADIER (Marc Guill.), homme politique, 1765-1828, était en 1789 conseiller au présidial de Pamiers. Député aux États généraux, puis à la Convention, il se rangea parmi les Montagnards, vota la mort du roi sans appel, pressa la condamnation des Girondins, fit partie du comité de sûreté générale, imagina la conspiration des prisons et dénonça à la Convention la folle Catherine Théot; fut, après le 9 thermidor, condamné à la déportation, mais réussit à se cacher; fut compromis dans la conspiration de Babeuf, mais se fit acquitter par la haute cour de Vendôme. Exilé en 1816, il mourut à Bruxelles.
VADIMON (Lac de), Vadimonis lacus, auj. lac de Bassano, petit lac d’Étrurie, au N. E. de la forêt Ciminienne, est célèbre par deux victoires que les Romains y remportèrent, l'une en 310 av. J.-C. sur les Étrusques, l'autre en 283 sur les Sénonais. Ce lac a des eaux sulfureuses; il se couvre auj. d'une croûte de terre flottante.
VADUTZ, ch.-l. de la principauté souveraine de Lichtenstein, près de la r. dr. du Rhin; 1 800 hab. Château. V. LICHTENSTEIN.
VÆNIUS (OTTO), peintre. V. VAN VEEN.
VÆSTERAS, ville de Suède, ch.-l. du gouvt de même nom, à l'emb. du Swart dans le lac Mælar, à 140 kil. N. O. de Stockholm ; 3 500 hab. Évêché luthérien, lycée. Château royal, cathédrale qui renferme le tombeau d'Eric XIV. Industrie métallurgique. Une diète tenue à Væsteras en 1544 confirma l'hérédité de la couronne en Suède. — Le gouvt de Væsteras, entre ceux de Gefleborg, Stora-Kopparberg, Œrebro, Nykœping et Upsal, a 140 kil. sur 80, et 90 000 hab. VAG ou VAAG. V. WAAG.
VAIGATCH, île de la Russie d'Europe (Arkhangel), dans l'Océan glacial, entre la Nouv.-Zemble et la côte, dont elle est séparée par le détroit de Vaigatch, a 100 kil. sur 150, mais n'est habitée que par quelques familles samoyèdes.
VAI-HOU, dite aussi île de Pâques ou de Davis, île de la Polynésie (Sporades Australes), par 112° long. O., 27° lat. S., a 25 kil. de tour et env. 2 000 hab. Sol fertile, ignames, bananes et patates excellentes. Habitants bien faits et intelligents, mais pillards. — Découverte par Davis en 1686, cette île fut revue par Roggeween le jour de Pâques de 1722.
VAILLANT (Walleran), peintre et graveur, né à Lille en 1623, m. en 1677, était habile dessinateur et bon coloriste; il est le premier qui ait gravé en manière noire : il en tenait le secret du peintre Robert. Il séjourna à Anvers, à Amsterdam, et passa 4 années en France. — Il eut 4 frères, Jean, Bernard, Jacques et André, qui tous furent ses élèves, et qui se distinguèrent aussi, surtout Bernard.
VAILLANT (Jean Foi), numismate, né en 1632 à Beauvais, m. en 1706, quitta la médecine pour l'étude des médailles, fit plusieurs voyages aux frais de Louis XIV en Italie, en Sicile, en Grèce, en Égypte, en Perse, en Hollande et en Angleterre, et rapporta de précieuses récoltes numismatiques, mais non sans avoir couru de graves dangers : pris par les Algériens à son second voyage, il avait été 4 mois et demi esclave. Il fut membre de l'Académie des inscriptions dès la création. On lui doit beaucoup d'ouvrages, tous remarquables par l'exactitude et l'originalité des recherches, entre autres : Historia Ptolemæorum ad fidem numismatum accommodata ; Seleucidarum imperium ad fidem numismatum; Arsacidarum imperium; Numismata ærea imperatorum.... in coloniis; Numismata imperatorum.... a populis romanæ ditionis percussa; Achæmenidarum imperium.
VAILLANT (Séb.), botaniste, né en 1669 à Vigny, près de Pontoise, m. en 1722, fut aide-chirurgien militaire, puis secrétaire de Fagon, premier médecin de Louis XIV, obtint la direction du Jardin des Plantes, y fut nommé professeur et entra en 1716 à l'Académie des sciences. Il avait entrevu le système sexuel des plantes, qui a fait tant de réputation à Linné. Son principal ouvrage est le Botanicon Parisiense, Leyde et Amst., 1727, contenant plus de 300 figures. Il n'eut pas le temps de finir cet ouvrage, qui fut publié par Boerhaave,
VAILLANT (Franç. Le), voyageur. V. LEVAILLANT.
VAILLY ou WAILLY, ch.-l. de cant. (Aisne), sur l'Aisne, à 20 kil. E. de Soissons; 1 619 hab. — Ch.-l. de c. (Cher), à 20 kil. N. O. de Sancerre; 921 hab. VAISE, faubourg de Lyon. V. ce nom.
VAISON, Vasio, ch.-l. de c. (Vaucluse), sur un rocher escarpé, près de l'Ouvèze, à 25 k. N. E. d'Orange; 3 404 h. Anc. évêché. Anc. capit. des Vocontii; importte sous les Romains. Patrie de Trogue-Pompée.
VAISSETTE (dom), savant français, né en 1685 à Gaillac, près d'Alby, m. en 1756, fut d'abord procureur du roi, quitta cet emploi pour se faire Bénédictin afin de se livrer librement à ses goûts studieux, fut appelé en 1713 à l'abbaye de St-Germain, à Paris, et s'appliqua tout entier à la composition d'ouvrages historiques ou géographiques de la plus haute importance. Le plus remarquable est son excellente Histoire générale du Languedoc, Paris, 1730-45, 5 vol. in-f., dont il donna lui-même un abrégé, 1749, 6 vol. in-12, et dont une édit. nouvelle, avec continuation, a été donnée par A. Dumège, Toulouse, 1840. On estime aussi sa Dissertation sur l'origine des Français, 1722, et sa Géographie historique, ecclésiastique et civile, 1755.
VAKHTANG, nom de plusieurs rois de Géorgie, dont l'un fonda la ville de Tiflis au Ve s. Le plus célèbre. Vakhtang V, le dernier de la dynastie des Pagratides, régna de 1703 à 1724. Pour conserver le trône, il feignit de se faire musulman, mais il ne tarda pas à revenir au Christianisme. Il réprima les incursions des Lesghiz et des Tartares du Caucase ; mais, trop faible pour résister au puissant Nadir, il résigna la couronne et se retira a Astracan, où il mourut. Il a laissé une Chronique universelle de Géorgie (dont on conserve plusieurs manuscrits à Rome et en Russie), et une Description des pays caucasiens (en partie publiée par Klaproth).
VALA ou WALA, fils du comte Bernard et cousin de Charlemagne, fut intendant du palais de ce prince, puis quitta la cour pour le cloître, et fut fait abbé de Corbie, tout en conservant, une grande influence à la cour. Louis le Débonnaire lui confia l'éducation de son fils Lothaire. Vala eut le tort d'exciter l'ambition du jeune prince : il le poussa à la révolte contre son père, et eut part à la déposition de Louis en 833. L'empereur, rétabli sur son trône, le fit enfermer dans une forteresse, sur le bord du lac Léman. Il mourut en 836, à Bobbio.
VALACHIE ou VALAQUIE, Ak-Iflak en turc, partie de l'anc. Dacie Trajane ; une des Principautés danubiennes, a pour bornes au N. la Transylvanie et la Moldavie, au S. et à l'E. le Danube qui la sépare de la Bulgarie, à l'O. la Servie et la Hongrie, et s'étend de 17° à 24° long. E.; 2 600 000 h. capit., Bukharest. Elle est arrosée par le Danube, l'Aluta, l'Ardjich, la Jalomnitza, le Sereth. Climat chaud et humide ; montagnes au N., plat au S.; sol varié, fertile en général ; longues et belles vallées, superbes plaines, vastes forêts; grains, légumes, tabac, houblon; riche bétail, chevaux excellents. Les habitants sont du culte grec schismatique ; leur langue est le valaque ou roumouni, formé du latin et du slave. La Valachie est gouvernée par un hospodar, qui, après avoir été longtemps nommé par le sultan, est auj. électif. Elle reconnaît encore la suzeraineté de la Porte et lui paye tribut. La religion grecque est la religion de l’État. — La Valachie, comprise dans la Dacie conquise par Trajan, reçut des colons romains, fut envahie par les Goths vers le temps d'Aurélien (dans la 2e moitié du IIe s.), puis fut successivement occupée par les Huns, les Avares, les Bulgares, les Petchenègues, les Outses; elle forma à partir de 1241 an roy. particulier, qui fut tantôt uni à la Moldavie ou vassal de la Hongrie, tantôt indépendant; la plupart des princes qui occupèrent le trône appartenaient à la maison de Bessaraba. Mahomet II soumit la Valachie au tribut en 1462 et en fit une prov. de l'empire ottoman, mais il lui laissa ses propres lois, et ne garda, outre la suzeraineté, que le droit de nommer et de déposer le chef de l'État (ce chef fut depuis 1716 choisi parmi les Grecs Fanariotes). La dépendance devint de plus en plus complète au commencement du XVIe s. Sous Pierre le Grand (1707), les Valaques commencèrent à nouer des intelligences avec la Russie, et cette puissance n'a cessé depuis de convoiter la possession de leur pays ou du moins d'y exercer une grande influence. La Valachie jusqu'à l'Aluta avait été cédée à l'Autriche par le traité de Passarovitz (1718), mais celui de Belgrade la restait aux Turcs (1739). En 1829, le traité d'Andrinople avait placé la Valachie sous la protection de la Russie : le traité de Paris de 1856 mit fin à ce protectorat exclusif, qui fut dès lors remplacé par la protection collective des grandes puissances. — Auj. la Valachie est un État constitutionnel, gouverné par un prince électif et par une assemblée représentative sur la base de la convention du 19 août 1858. En 1859, la Valachie s'unit administrativement avec la Moldavie sous le nom commun de Roumanie. Un seul prince (le colonel Couza) fut élu par les deux Principautés unies, qui n'eurent plus qu'une seule assemblée et qu'un seul ministère, et, en 1866, formèrent une seule Principauté, la Principauté de Roumanie (V. ce nom). — Parmi les hospodars qui ont gouverné la Valachie, on distingue les Mavrocordatos, les Soutzo, les Stourdza, les Ghika, les Stirbey, les Bibesco. Engel a écrit au dernier siècle l’Histoire de la Valachie. Élias Regnault a publié en 1855 une Histoire des Principautés danubiennes.
VALAIS (le), Wallis en all., Vallis Pennina en lat. 20e canton de la Confédération helvétique, entre ceux de Vaud et Berne au N., d'Uri et du Tessin au N. E. et le roy. d'Italie au S. et à l'E.; 82 000 h. (catholiques); capit., Sion. Tout le pays n'est qu'une immense vallée (d'où son nom), traversée par le Rhône; il est entouré de très-hautes montagnes (mont Rosa, Cervin, Mœnch, Jungfrau, Grimsel, grand St-Bernard, Simplon, etc.). Pays fertile : céréales, safran, légumes, fruits exquis, raisin de qualité supérieure; vins estimés. Beaux pâturages, gibier abondant. Mines d'or, argent, fer, cuivre, plomb, cobalt; houille, marbre. Les habitants appartiennent à deux races, la française et l'allemande. Beaucoup sont goitreux. — Le Valais a successivement appartenu aux Romains, aux Bourguignons, aux Francs, a fait ensuite partie du roy. de Bourgogne Transjurane, puis du roy. d'Arles; il se divisa plus tard en Bas-Valais (appartenant aux comtes de Savoie), et Ht-Valais (à l'évêque de Sion). En 1476, l'évêque de Sion, Walter de Supersax, aidé d'un corps de Bernois, fit la conquête du Bas-Valais. Dès lors les deux parties du Valais se réunirent et formèrent une république, qui fut d'abord l'alliée des 13 cantons suisses, et qui en 1553 entra dans la Confédération. En 1801, cette république, s'étant séparée de la Suisse, se mit sous la protection de la France. En 1810, son territoire forma le dép. du Simplon. qui eut pour ch.-l. Sion. En 1814, elle entra dans la Confédération et forma un des 22 cantons. Le pouvoir législatif est exercé dans ce canton par un grand-conseil, composé de l'évêque et de députés nommés pour 2 ans; le pouvoir exécutif, par un conseil d'État de 5 membres, choisis pour 2 ans par le grand-conseil dans son sein ou en dehors. Tout citoyen âgé de 18 ans est électeur.
VALAQUE-ILLYRIEN (District), district des États autrichiens, dans le gouvt des Confins militaires (généralat du Banat), entre le comitat de Krassova la Servie et la Valachie; 80 000 h.; ch.-l., Karansebes.
VALARSACE, roi d'Arménie. V. TIGRANE II.
VALART (Joseph), humaniste, né en 1698 à Hesdin (Artois), m. en 1781, reçut les ordres, fut professeur et précepteur dans diverses maisons particulières, et enfin préfet des études à l'École militaire de Paris. On lui doit des éditions classiques d'un grand nombre d'auteurs (Ovide, Végèce, Frontin, Horace, Celse, Cornelius-Nepos, Quinte-Curce, César), une Grammaire latine, une Grammaire française, une Prosodie latine et une Prosodie française.
VALAZÉ (Ch. DUFRICHE de), membre de la Convention, né en 1751 à Alençon, fut d'abord lieutenant, quitta le service pour s'occuper d'économie politique, de législation et de littérature, adopta les principes de la Révolution, fut député en 1792 à la Convention par le dép. de l'Orne, prit parti pour les Girondins, rédigea le rapport dans le procès de Louis XVI et vota pour l'appel au peuple, s'éleva contre Marat et Robespierre, fut compris dans la proscription des Girondins le 2 juin 1793 et condamné à mort le 30 oct. par le tribunal révolutionnaire : il se poignarda en entendant prononcer l'arrêt.
VALBONNAIS, ch.-l. de c. (Isère), à 47 k. S. E. de Grenoble; 1307 hab.
VALCARÈS, étang salé du dép. des Bouches-du-Rhône, couvre près de la moitié de la Camargue.
VALCKENAER (Louis Gaspard), philologue hollandais, né en 1715 à Leeuwarden (en Frise), mort en 1785, fut l'élève d'Hemsterhuys, devint co-recteur du gymnase de Campen, professeur de langue grecque, puis d'antiquités grecques, à l'Université de Franeker, professeur de langues et d'antiquités grecques, puis d'histoire hollandaise à celle de Leyde, et forma un grand nombre d'élèves distingués. Il a donné des éditions estimées de l’Hippolyte et des Phéniciennes d'Euripide, des poésies de Callimaque, de Théocrite, du livre d'Ammonius de Vocabulorum differentia et de quelques autres grammairiens grecs, et a laissé divers ouvrages originaux, réunis sous le titre d’Opuscula philologica, critica et academica. — Érudit français. V. WALCKENAER.
VALDAÏ (Monts), chaîne de montagnes peu élevées de la Russie d'Europe (Novogorod), forme la limite entre le bassin de la mer Baltique et celui de la mer Noire. Elles courent env. 500 kil. vers l'O. et le N. O., bornant au N. le bassin du Volga; elles n'ont guère que 300m de haut.
VAL-D'AJOL (le), commune importante du dép. des Vosges, à 16 k. S. O. de Remiremont ; 7249 h. Fabr. de kirchenwasser, de chapeaux de paille; filatures de coton, tissage de calicot, scieries de planches.
VAL-DE-GRÂCE, un des beaux monuments de Paris, à l'extrémité S. de îa rue St-Jacques, était dans l'origine un couvent de Bénédictines dont le nom complet était Val-de-Grâce de Notre-Dame de la Crèche. Il fut fondé par Anne d'Autriche en acquittement d'un vœu qu'elle avait fait pour obtenir la naissance d'un fils (Louis XIV); c'est auj. une église (sous le vocable de Jésus et Marie) et un hôpital-militaire. — Les travaux de construction, commencés en 1645, sur les plans de Franç. Mansard, furent achevés en 1665 par Lemuet et Gabriel Leduc. L'église, la partie principale de l'édifice, est surmontée d'une tour, couronnée elle-même d'un dôme élégant, dont le dessin rappelle, mais dans de moindres proportions, celui de St-Pierre de Rome. La coupole intérieure du dôme, peinte par P. Mignard, représente la gloire des bienheureux. Dans la cour de l'hôpital se trouve la statue du chirurgien Larrey.
VALDEMAR I, le Grand, roi de Danemark, né en 1131, était fils de Canut Lavard, roi des Obotrites ou Vénètes, et petit-fils d'Éric III. A la mort d'Éric V il fut un des 3 compétiteurs qui disputèrent sa succession (1147); il finit par l'emporter sur ses deux adversaires, Canut V et Suénon III, et resta en 1157 seul maître de tout le Danemark. Il entretint des relations amicales avec l'empire, força les princes de Mecklembourg à renoncer à leurs prétentions sur le trône (1166), dirigea contre les pirates de la Baltique une foule d'expéditions glorieuses, conquit l'île de Rugen, où il détruisit le culte d'Hertha et celui de Svantovit (1168); força le roi de Norvège (Magnus VI) à signer un traité humiliant, et fit rédiger les deux codes dits loi de Scanie et loi de Seeland, qui sont encore en vigueur. Il mourut en 1181, laissant 2 fils, Canut et Valdemar, qui régnèrent après lui, et une fille, Ingeburge, qui épousa Philippe-Auguste, roi de France. — II, le Victorieux, 2e fils du préc., succéda en 1202 à son frère aîné Canut VI, conquit le Holstein, se fit confirmer par l'empereur Frédéric II dans la possession de tous les pays slaves au S. et à l'E. de l'Eyder et de l'Elbe qu'avaient acquis ses prédécesseurs ; fit en Suède et en Norvège des expéditions glorieuses, acquit la Prusse en 1210, subjugua une partie de l'Esthonie (1219), y fonda Revel et Narva, et se vit à la tête de la plus puissante marine qui existât alors (1400 bâtiments). Sa bannière ayant été perdue dans un combat, il la remplaça par le Danebrog, étendard qu'on prétendit tombé du ciel. Fait prisonnier en 1223 par le comte Henri de Schwerin, il n'obtint la liberté qu'après deux ans et à des conditions onéreuses. En 1240, il fit réviser les lois de Scanie et de Seeland, et publia un nouveau code pour les autres provinces ; il fit faire un recensement, dont on a encore la relation (Liber census Daniæ). Il mourut en 1241, laissant 3 fils, Eric VI, Abel, Christophe I, qui régnèrent tous trois après lui. — Valdemar III, son fils aîné, qu'il avait de son vivant nommé co-régent (de 1219 à 1231), était mort avant lui. — IV, 3e fils de Christophe II, était en Bavière lorsque son père mourut (1334), et fut quelques années retenu à l'étranger par l'anarchie. En 1340, il vint avec une armée de Bavarois et de Souabes, et rentra successivement en possession du Slesvig, de Seeland et autres îles du Jutland (1340-44), mais il céda au roi de Suède et Norvège Magnus II le Halland, la Scanie, la Blékingie (1343). En 1347, il vendit l'Esthonie à l'ordre Teutonique, et, avec l'argent que lui valut cette vente, il racheta nombre de domaines encore engagés (1348). Les grands, effrayés de son pouvoir, se révoltèrent plusieurs fois (1353 et 1357), et appelèrent à leur secours les ducs de Mecklembourg et de Saxe-Lauenbourg : Valdemar ne parvint à les soumettre qu'en 1360. Il venait alors de reprendre à la Suède les 3 provinces qu'il lui avait cédées ; il conquit encore les îles d'Œland et de Gothland, mais il s'attira ainsi la guerre avec la Norvège et la Suède, avec la Hanse et plusieurs princes allemands. Il réussit à rompre cette ligue en mariant Marguerite, sa fille, avec le roi de Norvège Haquin VII. Une 2e ligue s'étant formée contre lui en 1368, il implora vainement le secours de l'empereur Charles IV, et se vit forcé de faire de grands sacrifices pour sauver ses États. Il mourut en 1375, sans enfant mâle, et laissa le trône au fils de Marguerite, Olof II, déjà roi de Norvège.
VALDEMAR, roi de Suède, le 1er de la dynastie des Folkungiens, fut élu en 1250, à la mort d'Éric XI, son oncle maternel, et gouverna d'abord conjointement avec son père, le célèbre comte Birger. Il se déshonora par ses mœurs dissolues, entreprit, pour effacer ses torts, un pèlerinage à Jérusalem (1272), et confia en partant l'administration à son frère Magnus. Au retour, en 1276, il trouva des trames perfides ourdies contre lui par Magnus, ce qui causa une guerre civile : il fut vaincu, puis il abdiqua, ne se réservant que le duché de Gothie et le Smaland; mais bientôt il reprit les armes, fut encore battu, se réfugia en Danemark (1278), et finit par être arrêté et mis en prison par ordre de Magnus (1288). Il y mourut 5 ans plus tard.
VALDERIES, ch.-l. de c. (Tarn), au pied du Puy St-George, à 15 kil. N. E. d'Alby; 1126 h. Houille.
VALDIVIA, v. forte et port du Chili, sur le Valdivia (affluent du Grand-Océan), à 70 k. S. S. O. de Santiago, au milieu de l'Araucanie, par 76° long. O. et 40° lat. S.; env. 3000 hab. Fondée en 1551 par Pierre de Valdivia, et plusieurs fois détruite et relevée; prise en 1820 par lord Cochrane; ravagée par un affreux tremblement de terre en 1837.
VALDIVIA (Pierre de), un des compagnons de Pizarre, s'était acquis le renom de bon officier en Italie. Il accompagna Pizarre au Pérou, le seconda contra Almagro, eut une part essentielle à la défaite du dernier, obtint à sa place le gouvernement du Chili, dont bientôt il acheva la conquête, et où il bâtit Santiago. Ramené dans le Pérou par les troubles qui agitaient cette province après la mort de Pizarre (1541), il prit parti pour Gonzalès, frère de celui-ci, contre Nunez de Vela, représentant du roi d'Espagne, mais ensuite il rentra dans le devoir, aida La Guasca à triompher des rebelles, et gagna ainsi la titre de capitaine général du Chili et de tout le pays qu'il pourrait soumettre au sud du Pérou. Il s'enfonça dans ces régions encore inconnues, cherchant de l'or et subjuguant les tribus qui se trouvaient sur son passage, fonda les villes de la Concepcion, de Villa Imperiale, de Villarica, de Valdivia, mais il finit par être vaincu en 1559 par les Araucans, qui le rirent prisonnier et l'assommèrent,
VALDO (Petrus de), en français Pierre de Vaux, hérésiarque du XIIe s., était un marchand de Lyon, natif de Vaux, près de cette ville. Devenu très-riche, il quitta le monde, vendit ses biens, en donna le prix aux pauvres, se mit, avec un certain nombre de disciples, à expliquer la Bible au peuple et à dogmatiser, prétendant que chaque fidèle pouvait remplir les fonctions de prêtre, et forma dès 1136 la confrérie des Pauvres de Lyon. On ignore à quelle époque il mourut. Ses disciples formèrent la fameuse secte connue sous le nom de Vaudois.
VALDRADE, sœur de Gontier, archevêque de Cologne, gagna par sa beauté le cœur de Lothaire, roi de Lorraine, fils de l'empereur Lothaire I, qui répudia pour l'épouser sa femme Teutberge. Le pape Nicolas I excommunia les deux époux et força Lothaire à quitter Valdrade et à reprendre Teutberge (865).
VALÉE (le maréchal), général d'artillerie, né en 1773 à Brienne, m. en 1856, fit avec distinction les guerres de la République et de l'Empire, rendit de grands services en Espagne, surtout aux sièges de Lérida, Tarragone, Tortose, Valence, et fut créé comte de l'Empire en 1814; se rallia aux Bourbons dès leur retour et présida le conseil de guerre qui condamna Lefebvre-Desnouettes; fut en 1837 chargé de commander l'artillerie au 2e siège de Constantine ; prit, après la mort du général Danrémont, la direction du siége, et emporta rapidement la ville (13 oct. 1837). Nommé presque aussitôt maréchal de France et gouverneur général de l'Algérie, il étendit la domination française, fit occuper Stora, Milah, Sétif, Koléah, Blidah, et dirigea en 1839, avec le duc d'Orléans, l'expédition des Portes-de-Fer, qui eut un plein succès. Il rentra en France en 1840. M. Molé a prononcé son Éloge funèbre à la Chambre des pairs en 1847. Une statue lui a été érigée à Constantine.
VALENÇAY, ch.-l. de c. (Indre), sur le Nahon, à 41 kil. N. O. de Châteauroux; 3587 hab. Superbe château, avec parc, bâti au XVIe s. par la famille d'Étampes, d'après les dessins de Philibert Delorme, et qui appartint, au commencement de ce siècle, au prince de Talleyrand. Napoléon le donna pour résidence au prince des Asturies (depuis Ferdinand VII), qui y resta de 1808 à 1814. C'est là aussi que séjourna, de 1840 à 1845, don Carlos, le prétendant au trône d'Espagne.
VALENÇAY (Achille D'ÉTAMPES-), dit le cardinal de Valençay, né à Tours en 1589, m. en 1646, se signala d'abord comme chevalier de Malte à la prise de Ste-Maure, dans l'Archipel, puis en France, en Italie et dans les Pays-Bas; il commanda les troupes d'Urbain VIII contre le duc de Parme, fit triompher dans cette guerre les armes du S.-Père et reçut en récompense le chapeau de cardinal (1648). VALENCE, Valentia Edetanorum, v. forte d'Espagne, capit. de la prov. et de l'anc. royaume de ce nom, sur la r. dr. du Guadalaviar, à 2 kil. de la Méditerranée, et à 250 kil. S. E. de Madrid; 260 000 h. Archevêché, université, fondée en 1209, académie des sciences et arts, académie de peinture, société économique, bibliothèque, école militaire de sous-officiers. Superbe cathédrale, la plus riche du roy., beaux quais, bourse, palais archiépiscopal, palais du gouverneur, musée de peinture, fondé en 1836. Belles promenades du Mail et de l’Alameda. Soieries, velours, moires, passementerie, draps, sparterie, chapeaux, ébénisterie, orfèvrerie, fleurs artificielles ; manuf. royale de tabac. Patrie des papes Alexandre VI et Célestin III, de Guilhen de Castro, d'Hugues de Moncade. — Valence était la capitale des Edetani; les Romains en firent une colonie. Les Arabes la prirent en 715 : comprise d'abord dans le califat de Cordoue, elle devint, lors du démembrement de ce califat (1031), la capit. d'un petit royaume. Elle fut enlevée aux Maures en 1094 par le Cid, mais fut reprise par eux après la mort du héros (1102), malgré l'héroïque résistance de Chimène, sa veuve; fut conquise définitivement par Jacques I, roi d'Aragon, en 1238, puis réunie à la Castille avec la couronne d'Aragon. Il était resté beaucoup de Maures à Valence et dans le roy. de ce nom après la conquête ; le nombre s'en accrut encore après la chute du roy. de Grenade (1492); leur industrie et leur habileté en agriculture enrichirent beaucoup le pays : aussi les Valençais s'opposèrent-ils tant qu'ils purent au bannissement des Maures qui eut lieu sous Philippe II et III. Valence est la 1re ville d'Espagne où l'on ait imprimé. Le maréchal Suchet s'empara de cette ville en 1812.
VALENCE (Royaume de), anc. division de l'Espagne, entre la Catalogne au N., l'Aragon et la Nouv.-Castille à l'O., le roy. de Murcie au S. et la Méditerranée à l'E., comprenait les prov. actuelles de Valence, Alicante et Castellon-de-la-Plana, et avait pour capit. Valence. C'est une des plus délicieuses contrées de l'Europe : climat chaud, mais sain, sol fertile, fruits exquis, surtout les oranges qui s'exportent en grande quantité ; vins excellents, kermès, riz, sparterie, etc. ; agriculture bien entendue. Grand commerce, industrie florissante. — Ce pays, habité jadis par les Edetani, et compris par les Romains dans l'Espagne Tarraconaise, fut conquis par les Goths, puis par les Maures (715), appartint aux califes de Cordoue, et forma quelque temps (1031-1094) un petit royaume à part qui eut pour capit. Valence et qui suivit le sort de cette ville. Quoique, sous la domination espagnole, ce ne fût plus qu'une province, on continua de dire Royaume de Valence; cette prov. fut longtemps gouvernée par un vice-roi et conserva sa législation particulière jusqu'en 1707. Auj., elle forme, avec Murcie, la capitainerie générale de Valence-et-Murcie, qui comprend 5 intendances civiles : Valence, Alicante, Castellon, Murcie, Albacète. — L'intend. de Valence, entre l'Aragon au N., la Vieille-Castille à l'O., les prov. d'Albacète et d'Alicante au S., et la Méditerranée à l'E., a 500 000 hab.; ch.-l., Valence.
VALENCE, Julia Valentia, v. de France, ch.-l. du dép. de la Drôme, sur la r. g. du Rhône, à 561 kil. S. E. de Paris par la route, à 617 k. par le chemin de fer; 18 711 hab. Évêché, église calviniste; trib. de 1re inst. et de commerce, école d'artillerie, collège, école normale, biblioth., musée, jardin botanique. Citadelle, belle cathédrale en style roman-byzantin (où se voit le mausolée de Pie VI); palais épiscopal, pont suspendu, belle promenade du Château des Fleurs, statue de Championnet. Gants, toiles peintes, filature de soie. Commerce de vins du Rhône, eau-de-vie, fruits, huile, laines, peaux. — Valence était la capit. des Segalauni. Elle devint de bonne heure colonie romaine et fit partie de la 1re Viennaise. Soumise par les Bourguignons, puis par les Francs, elle fit successivement partie des royaumes de Bourgogne et d'Arles, des comtés de Provence et de Toulouse, fut ensuite gouvernée par ses évêques, qui furent continuellement en guerre avec les comtes de Valentinois, fut réunie au Dauphiné avec le Valentinois, puis à la France avec le Dauphiné. Il s'est tenu 3 conciles particuliers à Valence (374, 584, 855). L'Université de Grenoble y fut transférée en 1454 par Louis XI : c'est là qu'enseigna Cujas; c'est là aussi que siégea la Chambre ardente qui condamna Mandrin, en 1755. Patrie de Pluvinel, de Français (dit de Nantes), de Championnet.
VALENCE, ch.-l. de c. (Gers), à 9 kil. S. de Condom, sur la Bayse: 1642 hab. — Ch.-l. de c. (Tarn), à 25 kil. N. E. d'Alby ; 1303 hab. Bois de charpente.
VALENCE, ch.-l. de c. (Tarn-et-Garonne), à 16 kil. O. de Moissac; 3539 hab. Plumes d'oie, toiles.
VALENCE (Alexandre TIMBRONE, comte de), général français, né en 1757 à Agen, d'une famille ancienne de Guyenne, m. en 1820, était colonel des dragons de Chartres en 1789. Il adopta les principes de la Révolution, servit sous Luckner et Dumouriez, commanda la réserve à Valmy, prit Charleroi et Namur, fut blessé à Nerwinde, fit défection avec Dumouriez, rentra en France sous le consulat (1801), commanda une division de cavalerie en Espagne, en Allemagne, en Russie, défendit la Franche-Comté en 1814, et fut en 1815 un des commissaires qui négocièrent un armistice après le désastre de Waterloo. Sénateur sous l'Empire, il devint pair de France en 1819. Il était gendre de Mme de Genlis.
VALENCIA, v. du Vénézuela, ch.-l. de la prov. de Carabobo, près d'un lac de son nom et à 30 K. S. S. E. de Puerto-Caballo ; 16 000 hab. Entrepôt de commerce entre Caracas et Porto-Bello. On cultive aux environs l'indigo et le coton. — Fondée en 1555. Elle eut beaucoup à souffrir dans la guerre de l'Indépendance; elle fut incendiée en 1814.
VALENCIANA, v. du Mexique (Guanaxuato), au milieu des Andes, près de Guanaxuato; 4000 hab. Immenses mines d'argent exploitées depuis 1768 par Obrégon (depuis comte de Valenciana), auj. envahies en partie par les eaux; de 1771 à 1804, elles avaient produit près de 500 millions de francs.
VALENCIENNES, Valentianæ, ch.-l. d'arr. (Nord), au confluent de l'Escaut et de la Ronelle, à 52 kil. S. E. de Lille par la route, à 68 k. par chemin de fer; 24 966 h. Place de guerre de 1re classe, avec direction d'artillerie, trib. de 1re inst. et de commerce; collège, musée, bibliothèque; académie de peinture; société philharmonique. On remarque la citadelle, œuvre de Vauban, la place d'Armes, l'hôtel de ville, l'arsenal, la salle de spectacle, la statue de Froissart (érigée en 1856). Batistes, linons, gazes, mérinos, calicots, percales, dentelles renommées, dites valenciennes, bonneterie, imprimeries sur étoffes diverses, tissus métalliques, huiles, amidon, sucre de betteraves, forges et hauts fourneaux. Grand commerce. Patrie de Froissart, de Mlle Duchesnois, des peintres Watteau et Pater. Aux environs, mines d'Anzin. On célèbre dans cette ville depuis 1825 une fête dite des Incas, brillante mascarade de bourgeois portant le costume des anciens Péruviens; on y voit figurer d'ordinaire le grand Huascar, ainsi que Christophe Colomb, Cortez, Pizarre. — Cette ville, en 842, échut à Lothaire, et par suite passa à l'empire d'Allemagne. Elle était au moyen âge la capit. du Hainaut et jouissait de grands privilèges communaux. Vainement assiégée par Marguerite de Hainaut en 1254, par Louis XI en 1477, par Turenne en 1656, elle fut prise par Louis XIV en 1677 et lui fut cédée par le traité de Nimègue (1678). Prise par les Autrichiens en 1793, elle fut reprise par les Français dès 1794.
VALENCIENNES (H.), peintre de paysage et d'histoire, né à Toulouse en 1750, m. en 1819. Parmi ses œuvres on distingue : Cicéron découvrant le tombeau d'Archimède, au Louvre. Il a laissé un Traité estimé de perspective et de l'art du paysage (1800 et 1820). VALENCIENNES (Achille), naturaliste français, né à Paris en 1794, m. en 1865 ; professa l’anatomie à l’École normale et au Muséum ; fut le collaborateur de Cuvier pour des travaux d’ichthyologie, et devint membre de l’Académie des sciences (1844). On lui doit l’Hist. natur. des poissons (1829-49, 11 vol. in-4 et in-8), l’Hist. natur. des mollusques, annélides et zoophytes (1833, in-8), et de nombreux mémoires insérés dans les recueils savants.
VALENS (Flavius), empereur romain, né vers 328 à Cibalis en Illyrie, était fils du comte d’Afrique Gratien. Il fut associé en 364 à la dignité impériale par son frère aîné Valentinien, qui lui abandonna l’Orient, et fixa sa résidence à Constantinople. Il étouffa la révolte de Procope (366), et obtint divers avantages sur le roi de Perse. Il avait permis aux Goths, poursuivis par les Huns, de s’établir sur les terres de l’empire et leur avait donné asile dans la Basse-Mésie (376) : l’avidité des agents impériaux ayant réduit ce peuple au désespoir, ils prirent les armes et battirent ses généraux aux batailles de Marcianople et d’ad Salices. Valens lui-même fut défait en personne à Andrinople et périt avec toute sa suite, brûlé dans une chaumière, où il s’était réfugié (378). Ce prince était arien : il persécuta cruellement les Catholiques, surtout les évêques. Il fit aussi mettre à mort, sur de faux soupçons, le comte Théodose (père de l’empereur de ce nom).
VALENSOLE, ch.-l. de c. (B.-Alpes), à 50 k. S. E. de Digne ; 3072. h. Chapeaux, amandes.
VALENTIA (Pierre de), jurisconsulte, né à Cordoue en 1554, m. en 1620 à Madrid, historiographe de Philippe III, était fort instruit dans les langues et la philosophie anciennes. On a de lui, sous le titre d’Academica, sive de Judicio erga verum, un bon ouvrage qui contient l’exposé et la discussion des différentes opinions relatives à la certitude et qui sert de commentaire aux Académiques de Cicéron.
VALENTIE, Valentia, prov. du diocèse de Bretagne, au S. de la Calédonie, s’étendait entre la muraille d’Adrien au S. et celle de Septime-Sévère au N., comprenant les comtés actuels de Northumberland, Durham, Cumberland, Westmoreland, et le N. de celui d’York. Elle avait été soumise par les Romains dès le temps d’Antonin et de Sévère ; mais il fallut, sous Valentinien I, que Théodose, père de l’empereur de ce nom, en fît de nouveau la conquête.
VALENTIN (S.), prêtre d’Italie, subit le martyre à Terni près de Rome vers 306. On l’honore le 14 février. — Un autre S. Valentin, évêque de Trêves et martyr, est hon. le 16 juillet.
VALENTIN, hérésiarque du IIe s., mort en 161, était né à Pharbé dans la Basse-Égypte. Habile dans les lettres et les sciences du temps, il aspirait à être évêque ; n’ayant pu y réussir, il se sépara de l’Église et forma vers l’an 140 une des sectes connues sous le nom de Gnostiques. Il eut des succès en Égypte, mais, s’étant rendu à Rome sous le pape Hygin, il se vit presque isolé et fut excommunié (143). Il retourna alors en Orient et y propagea sa doctrine. Adoptant en partie les erreurs de Basilide, il enseignait une espèce de syncrétisme mystique où l’on trouvait confondus avec les principes du Christianisme quelques dogmes du Platonisme et de la philosophie orientale. Il imaginait deux mondes, l’un visible, l’autre invisible ; dans celui-ci il distinguait un espace infini et lumineux, qui n’était autre que Dieu, du sein duquel émanaient trente essences divines éternelles, qu’il nommait Æons, telles que l’Esprit, la Vérité, le Verbe, la Vie, la Foi, l’Église. Le monde visible devait sa création à un ouvrier de nature secondaire, le Démiurge, seul coupable des imperfections qu’on y remarque. On a de Valentin un livre sur la Foi (pistis), trad. en latin sur un texte copte par Schwartze, Berlin. 1853.
VALENTIN (Basile), célèbre alchimiste, l’un des fondateurs de la chimie et de la pharmacie. En cherchant la pierre philosophale, il a fait quelques découvertes utiles ; il s’est surtout occupé de l’antimoine, dont il a fait connaître les propriétés médicales. On ne sait rien de certain sur sa vie ni même sur son nom. On en fait un moine bénédictin d’Erfurt, qui serait né en 1394. Il est plus probable que ce personnage n’a jamais existé, et que son nom (qui veut dire régule puissant, dénomination du mercure chez les chimistes), n’est qu’un voile sous lequel s’est caché quelque alchimiste du XVe s. Les ouvrages qu’on lui attribue, écrits en allemand, furent traduits en latin et dans plusieurs langues vulgaires. Les principaux sont : De microcosmo, Marbourg, 1609 ; Azoth, sive Aurelia occulta, Francfort, 1613 : il y traite de la pierre philosophale ; Practica, una cum duodecim clavibus, Francf., 1618 (trad. en français sous ce titre : les Douze clefs de la philosophie, traitant de la vraie médecine métallique, 1660) ; Currus triumphalis antimonii, 1624, etc.
VALENTIN (Moïse le), peintre, élève de Vouet, né en 1600 à Coulommiers, alla de bonne heure à Rome, où il se lia avec le Poussin, s’éprit surtout de la manière du Caravage, qu’il suivit avec succès, obtint la faveur d’Urbain VIII, peignit pour ce pontife le Martyre des SS. Processe et Martinien, son chef-d’œuvre, qui mérita d’être reproduit par la mosaïque dans l’église St-Pierre. Il avait déjà produit plusieurs œuvres remarquables lorsqu’il mourut à 32 ans, pour s’être imprudemment baigné dans une fontaine froide au cœur de l’été. Valentin dessine correctement et imite fidèlement la nature ; il a aussi de l’énergie ; mais il ne s’élève pas à l’idéal et pèche par le coloris. Le Louvre possède 11 tableaux de cet artiste.
VALENTINE VISCONTI ou VALENTINE DE MILAN, fille de Galéas Visconti et d’Isabelle de France, épousa en 1389 Louis, duc d’Orléans, frère de Charles VI, et lui apporta en dot le comté d’Asti avec l’expectative du duché de Milan, si la dynastie de Visconti venait à s’éteindre dans les mâles (de là, plus tard, les guerres de Louis XII et de François I pour la possession du Milanais). Valentine montra beaucoup de tendresse à son mari, malgré ses nombreuses infidélités, et prodigua ses soins à Charles VI, tombé en démence. Lors de l’assassinat de son époux (1407), elle alla en deuil se jeter aux pieds du roi pour demander vengeance, mais elle fut éloignée de Paris par la reine Isabeau et se retira à Blois. Elle y mourut l’année suivante, à 38 ans, et fit en mourant jurer à ses enfants de venger leur père.
VALENTINIEN I, Flavius Valentinianus, empereur, né en Pannonie en 321, était fils du comte d’Afrique Gratien. Il servit avec distinction sous Julien et Jovien, et fut, après la mort de ce dernier (364), proclamé auguste par l’armée à Nicée. Il s’associa son frère Valens, lui donna l’Orient, en gardant pour lui l’Occident, envoya sur-le-champ ses armées en Gaule, afin d’en chasser les Alemani (365), y vint bientôt lui-même, et extermina ces peuples barbares (366-68). De là, il envoya ses lieutenants battre les Pictes (367), les Saxons (370) ; en même temps il portait ses vues sur toute l’administration, donnait aux villes l’institution des défenseurs de cité, et réprimait la turbulence des Ariens. En 373, après un court séjour en Italie, il passa en Illyrie, battit les Quades, ruina leurs villes, et les réduisit à demander la paix. Sujet à de violents emportements, il se brisa un vaisseau dans la poitrine en discutant les clauses du traité avec les ambassadeurs des Quades, et mourut immédiatement (375). On raconte que ce prince, d’une sévérité cruelle, tenait dans des cages près de sa chambre à coucher deux ourses par lesquelles il faisait dévorer les condamnés. Il laissait 2 fils, Gratien et Valentinien II, qui lui succédèrent. Au nombre de ses meilleurs généraux était Théodose, père de l’empereur de ce nom.
VALENTINIEN II, fils du préc., était très-jeune quand son père mourut ; cependant l’armée d’Illyrie le salua auguste (375). Gratien, son aîné, associé à l’empire dès 367, ratifia ce choix, et lui donna la préfecture d'Italie. Valentinien s'établit à Milan, et régna d'abord sous la tutelle de sa mère Justine. Maxime, qui venait de tuer Gratien, menaçait aussi Valentinien II : Théodose, qui commandait les armées de l'empereur, Consentit à reconnaître cet usurpateur, à condition qu'il se contenterait des possessions que Gratien avait eues en Gaule (383); mais cinq ans après, le voyant reprendre les armes, il lui déclara la guerre, le vainquit et le mit à mort (388). Valentinien II venait de faire lui-même une expédition heureuse contre les Francs, quand le traître Arbogaste l'assassina à Vienne (en Gaule), 392. Il n'avait que 20 ans. Sa piété et ses vertus donnaient les plus belles espérances : déjà il avait aboli les spectacles du cirque, et fait tuer les bêtes destinées à ces jeux barbares.
VALENTINIEN III, empereur d'Occident, fils du général Constance (depuis Constance III) et de Placidie, né à Ravenne en 419, fut placé sur le trône d'Italie en 424 par les troupes de l'empire d'Orient. Placidie gouverna d'abord au nom de son fils et perdit l'Afrique, livrée aux Vandales par le comte Boniface. Devenu majeur, Valentinien III fut gouverné par Aétius, qui lui conserva une partie de la Gaule en repoussant Attila par la victoire de Châlons (451). Valentinien n'en fit pas moins mettre à mort ce grand général, dont il était jaloux. Attila fondit alors sur l'Italie (452), dont il dévasta le Nord. Prince sans courage et sans talent, Valentinien fut tué par Pétrone Maxime, dont il avait outragé la femme (455).
VALENTINOIS (le), anc. pays de France, dans le Bas-Dauphiné, au S. du Viennais et à l'E. du Rhône, avait pour ch.-l. Valence, qui lui donnait son nom; autres places, Crest, St-Marcellin , Montelimart, Pierrelatte. Le Valentinois portait d'abord le titre de comté et eut des seigneurs particuliers jusqu'en 1419; il fut alors vendu au Dauphin, fils de Charles VI; mais, ce dernier n'ayant pu remplir les conditions de la vente, le Valentinois fut acquis par le duc de Savoie, qui le céda à la France en 1446 en échange du Faucigny. Il fut à quatre fois différentes érigé en duché-pairie : en 1498, pour César Borgia; en l548, pour Diane de Poitiers; en 1642, pour Honoré de Grimaldi, prince de Monaco; en 1715, pour Guyon de Matignon, gendre d'un Grimaldi. Les descendants de cette dernière famille, princes de Monaco, portent encore le titre de ducs de Valentinois. Ce pays fait aujourd'hui partie du dép. de la Drôme.
VALENTINOIS (la duch. de). V. DIANE DE POITIERS.
VALÈRE (S.), Valerius, martyr dans le Soissonnais, m. en 287, est honoré le 14 juin. — Un autre V., évêque de Trêves au IIIe s., est honoré le 29 janvier.
VALÈRE (Ste), Valeria, vierge qui subit le martyre dans le Limousin au IIIe s., est fêtée le 10 déc.
VALÈRE MAXIME, Valerius Maximus, écrivain latin du Ier s. de notre ère, servit en Asie sous le consul Sextus Pompeius, l'an 14 de J.-C., et fut admis à la cour de Tibère, auquel il dédia son livre De dictis factisque mirabilibus, rempli de flatteries à l'égard de l'empereur. Cet ouvrage, en 9 livres, ne se compose que d'anecdotes ou traits d'histoire isolés, rangés sous certains titres généraux (Religion, Mariage, Bravoure, Patience, etc.), mais nous lui devons quelque reconnaissance pour les faits intéressants qu'il nous apprend. Le style, bien que pur, n'est pas digne de l'époque d'Auguste. On a prétendu, mais sans preuve, que nous n'avions qu'un abrégé de l'ouvrage original. Les meilleures éditions de Valère Maxime sont l'éd. Ad usum Delphini, Paris 1679; de Torrenius, Leyde, 1726; de Kapp, Leipsick, 1782; de Hase, dans la collection Lemaire, et surtout celle de Ch. Kempf, Berlin, 1854, augmentée de nouveaux fragments. Il a été fréquemment traduit en français, notamment par R. Binet, 1796, par Peuchot et Allais, 1822, par Frémion (dans la collection Panckoucke), et par Baudement (collect. Nisard.)
VALÉRIEN (le Mont), colline du dép. de la Seine, au-dessus de Suresnes et près de la r. g. de la Seine, au-dessus de laquelle elle s'élève de 36m, a été de temps immémorial un lieu de pèlerinage. Sanctifiée, dit-on, par Ste Geneviève, elle fut longtemps habitée par des anachorètes, qui, vers le milieu du XVIIe s., y furent réunis en communauté. En 1634, Hubert Charpentier, prêtre de Paris, y fonda un Calvaire, qui représentait toutes les circonstances de la Passion. Dévasté pendant la Révolution, ce Calvaire fut rétabli sous la Restauration et rendu à sa destination; il fut abandonné de nouveau en 1830. On a élevé depuis 1841 au mont Valérien d'importantes fortifications, qui font partie du système de défense de Paris.
VALÉRIEN, P. Licinius Valerianus, empereur romain, né vers 190, passa par tous les grades de la milice, et était presque sexagénaire lorsque la défaite et la mort de l'empereur Gallus, au secours duquel il marchait contre Émilien, le déterminèrent à accepter la pourpre que lui offraient les légions de la Gaule et de la Germanie (253). Il s'associa son fils Gallien, repoussa les hordes barbares des Goths, qui envahissaient les frontières, défit le tyran Cyriade, ainsi qu'Odenat, qui le protégeait, puis marcha contre Sapor : il obtint d'abord quelques succès, mais il fut vaincu près d'Édesse par la trahison de son favori Macrien (260), et se rendit à Sapor. Ce barbare le tint dans une humiliante captivité : il se faisait suivre de son prisonnier enchaîné et se servait de lui, dit-on, comme d'un marchepied pour monter à cheval. Après plusieurs années de torture, Valérien succomba sous le poids de la douleur et des mauvais traitements : Sapor fit écorcher son corps, et suspendit sa peau dans un temple. Valérien avait ordonné en 257 une persécution contre les chrétiens (la 8e).
VALÉRIEN (S.), martyr bourguignon, vivait sous Marc-Aurèle, à Castrum Tinurtium (Tournus), et eut la tête tranchée en ce lieu en 179. On bâtit sur son tombeau une église, et on lui consacra en 1019 une abbaye qui porte son nom. On le fête le 15 sept.
VALÉRIUS PUBLICOLA (P.), l'un des fondateurs de la république romaine, fut, en 509 av. J.-C., la collègue de Brutus dans le consulat après Collatin, et fut quelque temps seul consul. Il montra la plus grande déférence pour le peuple, d'où son surnom. Il abandonna l'habitation qu'il occupait au sommet du Palatin, parce qu'elle portait ombrage, et vint habiter parmi le peuple ; fit baisser devant les comices, en signe de respect, les faisceaux de ses licteurs; distribua aux pauvres les biens des Tarquins, qu'il avait battus après la mort de Brutus; donna à tout citoyen le droit d'en appeler au peuple des sentences des consuls et autres magistrats, et créa deux questeurs pour la garde du trésor.
VALÉRIUS CORVUS (M.), tribun des soldats sous Camille, accepta le défi d'un Gaulois redoutable, qu'il battit, dit-on, avec l'aide d'un corbeau descendu sur son casque : d'où son surnom. Il fut 6 fois consul, 6 fois dictateur, 6 fois édile, 6 fois préteur, triompha des Samnites au mont Gaurus, puis vainquit les Étrusques, et mourut presque centenaire.
VALÉRIUS FLACCUS (C.), poëte latin, natif de Setia ou de Padoue, était issu d'une branche pauvre des Valérius Publicola. Il occupa quelques fonctions publiques, fut lié avec Martial, Pline, Quintilien, Juvénal, et plut à Vespasien et à Titus; il mourut vers 111 de J.-C. On a de lui les Argonautiques, poème épique en 8 chants, qui est resté inachevé. C'est une imitation d'Apollonius de Rhodes, qui pèche par défaut d'invention et d'intérêt, et par une affectation qui engendre l'obscurité; cependant la versification et la style prouvent un véritable talent, et plusieurs passages méritent l'admiration. La meilleure édition est celle de Th. Chr. Harles, avec notes de P. Burmann, Altenbourg, 1781, reproduite dans les Classiques latins de Lemaire. Il a été traduit en vers par Dureau de La Malle (1811), et en prose par Caussin de Perceval (dans la collection Panckoucke), 1829, et par Ch. Nisard (dans la collect. Nisard).
VALÉRIUS MESSALA. V. MESSALA.
VALERY (S.), Walaricus ou Gualaricus, 1er abbé d’un monastère de Picardie qui prit son nom, vivait au VIe s. et m. en 622. Il est fêté le 12 déc.
VALERY (Ant.), écrivain, né à Paris en 1789, m. en 1847, fut l’un des conservateurs des bibliothèques de la couronne, puis bibliothécaire du palais de Versailles. Il est connu par ses Voyages et ses Guides, d’une remarquable exactitude, parmi lesquels on cite ses Voyages en Corse, à l’île d’Elbe et en Sardaigne, 1837 ; son Voyage en Italie, guide du voyageur et de l’artiste, 1838 ; et l’Italie confortable, 1841.
VALESIUS, historien. V. VALOIS (Henri).
VALESPIR, petit pays de l’anc. France, dans le Roussillon, auj. dans le dép. des Pyrénées-Orient., avait titre de comté et dépendait du, comté de Cerdagne. Lieu principal, Prats de Mollo.
VALETTE (la). V. LA VALETTE.
VALETTE (la CITÉ-), Città-Valetta en italien, v. de l’île de Malte, ch.-l. de l’île et ancä résidence des grands maîtres de l’ordre de Malle, sur la côte E. ; 6000 hab. On la divise en 5 parties, qui sont comme autant de villes : Città Nuova, ou La Valette proprement dite, Floriana, Vittoriosa, Sanglea, Barmola, plus le port dit Marza-Musciette. Lazaret, arsenal, fortifications presque inexpugnables ; belle cathédrale, riche surtout en inscriptions funéraires, anc. palais du grand maître de l’ordre, anc. hôpital St-Jean (auj. maison centrale de pharmacie des possessions britanniques de la Méditerranée). Un aqueduc souterrain la fournit d’eau. Académie, 2 bibliothèques, cabinet d’antiquités, jardin botanique ; chantiers de construction. Grand commerce.— Fondée, en 1566, par le grand maître Parisot de La Valette ; vainement assiégée par les Turcs en 1665 ; en 1798, elle se rendit, après une vive attaque de 5 jours, aux Français que commandait Bonaparte ; elle fut prise en 1800 par les Anglais, après un siége de près de 2 ans, qu’y soutint héroïquement le général Vaubois.
VALGORGE, ch.-l. de c. (Ardèche, à 19 kil. N. O. de l’Argentière ; 1230 hab.
VALHALLA (c.-à-d. le Portique des Guerriers), le Paradis d’Odin, dans la religion des Scandinaves. L’entrée n’en est permise qu’aux héros morts en combattant ; ils s’y livrent chaque jour, pendant l’éternité, de terribles combats, après lesquels ils reviennent sains et saufs boire dans un crâne l’hydromel et la bière qui leur sont versés par les Valkiries.
VALHALLA, monument national élevé par le roi Louis de Bavière sur le mont Brauberg près de Ratisbonne et inauguré en 1842, est consacré à toutes les gloires de l’Allemagne. C’est un temple d’ordre dorique, tout en marbre, qui rappelle le Parthénon.
VALHUBERT (le général), né à Avranches en 1764, m. en 1805, contribua au gain des batailles de Montebello, de Marengo et d’Austerlitz, et mourut de ses blessures cinq jours après cette dernière bataille, où il était resté à son poste avec la cuisse fracassée (1805). Napoléon donna son nom à une des places de Paris (à l’entrée mérid. du pont d’Austerlitz).
VALIDÉ (la sultane). V. SULTAN.
VALINCOUR (J. B. H. DU TROUSSET de), né à Paris en 1643, m. en 1730, fut secrétaire du comte de Toulouse, entra à l’Académie française en 1699 et devint historiographe du roi. Il était lié avec d’Aguesseau, Racine et Boileau : ce dernier lui adressa sa XIe satire (sur Le vrai et le faux honneur). On a de lui des Lettres sur la princesse de Clèves (1678), une Vie du duc de Guise (1668), et quelques traductions.
VALKIRIES, déesses Scandinaves, vont sur le champ de bataille couper la trame de la vie des guerriers, et les conduisent dans le Valhalla, où elles leur versent à grands flots l’hydromel et la bière.
VALLA (Laurent), savant du XVe s., né à Rome en 1406, m. en 1457, fut quelque temps professeur d’éloquence à Pavie, puis à Milan, à Gênes, à Florence, s’attacha au roi d’Aragon Alphonse V, qu’il suivit dans ses guerres et ses voyages en Italie, puis revint à Rome, courut grand risque d’y être arrêté au moment de publier un ouvrage où il niait qu’aucune donation eût été faite à l’Église romaine par Constantin, chercha un asile à Barcelone, puis à Naples, où Alphonse le nomma son secrétaire et son historiographe, accepta en 1447 les offres avantageuses du pape Nicolas V, qui le fit secrétaire apostolique et chanoine de St-Jean de Latran, et revint enfin mourir à Naples auprès d’Alphonse. D’une humeur agressive et caustique, il eut à soutenir une vive polémique contre divers savants, principalement contre le Pogge. Valla est sans contredit avec le Pogge l’homme qui de son temps contribua le plus à réveiller l’amour des lettres classiques. Il traduisit en latin : Hérodote, Paris, 1510 ; Thucydide, 1543 ; l’Iliade, 1502 ; les Fables d’Ésope, 1519. Parmi les ouvrages qui lui sont propres, nous citerons les Élégances de la langue latine, en 6 livres ; un traité De la volupté et du vrai bien ; un dialogue sur le Libre arbitre, écrits réunis dans la collection de ses Œuvres (Bâle, 1543) ; une Hist. du, roi Ferdinand d’Aragon (1521), tous ouvrages écrits en latin. On regretta que son élégante latinité ne soit point accompagnée de plus de politesse à l’égard de ses antagonistes.
VALLA (George), médecin érudit du XVe s., né à Plaisance, enseigna l’éloquence à Milan, à Pavie (1470), à Venise (1481). On a de lui des traductions latines de quelques ouvrages d’Aristote (Du Ciel, Grandes éthiques, Poétique), un traité De tuenda sanitate per victum, Strasb., 1506, et une espèce d’encyclopédie fort curieuse, sous ce titre : De expetendis et fugiendis rebus, Venise, 1501.
VALLA (Joseph), oratorien français, né à l’Hôpital dans le Forez vers 1720, m. en 1790, professa la philosophie et la théologie à Soisson, puis à Lyon, et rédigea par ordre de Montazet, archevêque de Lyon, les Institutiones theologicæ, 1780 et 84, 6 vol. in-12, et les Institutiones philosophicæ, 1782, 5 v. in-12, ouvrages qui furent longtemps classiques et qui sont connus sous les titres de Théologie et de Philosophie de Lyon. La Théologie fut mise à l’Index en 1792.
VALLADOLID, Pintia, v. d’Espagne, dans la Vieille-Castille, ch.-l. de l’intendance de Valladolid, au confluent de la Pisuerga et de l’Esgueva, à 154 k. N. de Madrid ; 25 000 hab. Évêché, cour d’appel, université (fondée en 1346), célèbre pour son école de droit, académie des sciences et arts, école des beaux-arts, plusieurs collèges. On remarque la cathédrale, qui est magnifique, mais inachevée, le couvent et l’église de San-Benito, l’église St-Paul, le palais royal, le musée. Fabriques de papier, chapeaux, étamines, rubans de soie. Patrie de Fernand Nunez, dit Pincianus. C’est dans cette ville que fut célébré le mariage de Ferdinand et d’Isabelle ; les rois d’Espagne y séjournèrent souvent. Christophe Colomb y mourut en 1506. Insurgée contre les Français en 1808, cette ville fut prise par eux le 12 juin de la même année ; Napoléon y tint son quartier général en 1809. — L'intendance a au N. celles de Léon et Palencia, au S. celles de Ségovie et d’Avila : 8000 k. carr. ; 215 000 hab. Elle est arrosée par le Duero et ses affluents.
VALLADOLID, ville du Mexique, capitale du Méchoacan, à 190 kil. O. de Mexico, dans une belle vallée, à 2000m au-dessus de la mer ; 25 000 hab. Archevêché. Cathédrale, bel aqueduc. Patrie d’Iturbide. — Le nom de Valladolid a été longtemps porté par l’État même dont cette ville est la capitale.
VALLAGE, anc. petit pays de France, en Champagne, auj. compris dans les dép. de la Marne, de la Hte-Marne, de l’Aube et de la Meuse, avait pour ch.-l. Joinville ; autres villes, Vassy, Bar-sur-Aube.
VALLANGIN ou VALLENGIN, bourg de Suisse (Neuchâtel), à 5 kil. N. O. de Neuchâtel ; 600 hab. Autrefois ch.-l. d’un comté qui a donné son nom à l’une des branches des comtes de Neuchâtel, et qui fut réuni à celui de Neuchâtel en 1579.
VALLE D’ALESANI, village de Corse, ch.-l. de cant., à 22 kil. de Corte ; 586 hab.
VALLÉE (Geoffroy), fameux déiste, né à Orléans dans le XVIe s., vint jeune à Paris, ou il mena une vie dissipée, et y publia la Béatitude des Chrétiens ou le Fléau de la foy, où il professait les opinions les plus impies. Le parlement de Paris le condamna en 1572 à être pendu, puis brûlé. L'exécution, quelque temps ajournée, eut lieu en 1574.
VALLEIX (Isid.), médecin, né à Toulouse en 1807, m. en 1856, fut médecin de l'hôpital Ste-Marguerite, à Paris, et professeur à la Pitié. On a de lui plusieurs ouvrages d'une utilité pratique : Clinique des maladies des enfants nouveau-nés, 1838; Traité des névralgies, 1841 ; Guide du médecin praticien, ou Résumé de pathologie interne et de thérapeutique, 1842-48, 10 vol., et 1850-51, 5 vol. in-8.
VALLERAUGUE, ch.-l. de c. (Gard), près de la source de l'Hérault, à 21 kil. N. du Vigan; 4030 h. Église calviniste. Culture du mûrier, élève du ver à soie, filatures de soie. Patrie de La Baumelle.
VALLET, ch.-l. de c. (Loire-Inf.), à 25 kil. E. S. E. de Nantes : 6476 hab. Vins excellents.
VALLIA, roi des Visigoths de 415 à 419, vengea la mort d'Ataulf, son beau-frère, sur l'usurpateur Sigeric, établit les Visigoths en Gaule, dans l'Aquitaine et la Narbonaise 1re, d'accord avec Honorius, mais à condition de faire la guerre aux Suèves, aux Alains et aux Vandales, ce qu'il exécuta avec succès.
VALLIÈRE (Florent de), officier d'artillerie, né à Paris en 1667, m. en 1759, fit toutes les campagnes des dernières années de Louis XIV, commanda l'artillerie au siège du Quesnoy, où il démonta 80 pièces ennemies avec 34 pièces en 24 heures; devint bientôt lieutenant général, directeur de l'artillerie, et régla les calibres de l'artillerie, en les réduisant à cinq. Il se distingua à la bat. de Dettingen par d'habiles dispositions (1743). Il était membre de l'Académie des sciences. — Son fils, Joseph Florent, marquis de Vallière (1717-1776), eut part au siège de Fribourg, à la prise de Berg-op-Zoom, après laquelle il fut fait lieutenant général, devint en 1747 directeur général de l'artillerie et du génie, et alla, sur la demande du roi Charles III, organiser l'artillerie en Espagne et à Naples (1761). Il était aussi de l'Académie des sciences. Ces deux officiers apportèrent dans leur arme des perfectionnements importants, et s'opposèrent toujours à la séparation de l'artillerie et du génie.
VALLIÈRE (Mlle DE LA). V. LA VALLIÈRE.
VALLISNERI (Ant.), naturaliste et médecin, né en 1661 aux environs de Modène, m. en 1730, fut appelé en 1700 à la chaire de médecine pratique à Padoue et eut une longue lutte à soutenir contre la routine avant de pouvoir hautement enseigner les découvertes modernes. Il en fit lui-même quelques-unes, tant en entomologie qu'en organologie humaine, il combattit très-fortement la génération spontanée, soutint le système des œufs, et donna par ses recherches sur ce sujet une impulsion à la science. Parmi ses Œuvres, publiées à Venise en 1733, on distingue ses Considérations sur la génération des vers du corps humain, ses Expériences sur l'origine, le développement et les mœurs de divers insectes, et son Histoire de la génération de l'homme et des animaux.
VALLOMBREUSE, Vallis umbrosa, célèbre abbaye bénédictine du grand-duché de Toscane, fondée en 1060 par S. Jean Gualbert, noble de Florence, dans une vallée sauvage de la province de Florence, près de San-Giovanni-in-Val-d'Arno. V. GUALBERT.
VALLON, ch.-l. de c. (Ardèche), près de l'Ardèche, à 25 kil. S. E. de l'Argentière; 2640 hab. Église calviniste. Élève du ver à soie.
VALLOUISE, vge des Htes-Alpes, à 18 k. O. S. O. de Briançon; 1250 hab. Près de là s'élève le glacier d’Aile-Froide, qui n'a pas moins de 4300m de haut.
VALMIKI, poète hindou, le plus ancien, le plus célèbre de tous, était, à ce qu'on suppose, contemporain de Rama : on le place vers le XVe s. av. J.-C. Il est regardé comme le père de la poésie épique des Indiens, et on lui attribue l'invention du distique dit sloka. On a sous son nom un magnifique poème épique en langue sanscrite, le Ramayana, où sont racontés les exploits de Rama et sa victoire sur le géant Ravana, roi de Lanka (Ceylan) ; ce poëme se compose d'env. 25 000 vers, distribués en 7 livres. V. RAMAYANA.
VALMONT, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), à 24 k. N. O. d'Yvetot; 1024 hab. Eaux minérales.
VALMONT DE BOMARE (Christophe), naturaliste, né à Rouen en 1731, m. en 1807 à Paris, fut deux ans pharmacien, voyagea comme naturaliste pour le compte du gouvernement, visita les Alpes, les Pyrénées, la Suisse, l'Italie, l'Allemagne, l'Angleterre, la Suède, la Laponie, l'Islande, forma un riche cabinet à son retour, et fit des cours publics d'histoire naturelle (1757-88 et 1795-1806), qui répandirent le goût de cette science. Il était membre de l'Académie des sciences. On lui doit, entre autres ouvrages, un Dictionnaire universel d'histoire naturelle, Paris, 1765, 5 vol. in-8 (5e édit., Lyon, 1800, 15 vol. in-8), ouvrage encore incomplet, mais qui a été le type de ceux du même genre qui ont paru depuis.
VALMY, vge du dép. de la Marne, à 11 k. O. de Ste-Menehould; 460 hab. Il y fut livré, le 20 sept. 1792, entre les Français, commandés par Dumouriez, et les Prussiens, commandés par le duc de Brunswick, un combat où les Français obtinrent l'avantage, et qui, en arrêtant les progrès de l'invasion, produisit un immense effet moral. Napoléon donna depuis le titre de duc de Valmy à Kellermann, qui, dans cette affaire, commandait sous Dumouriez.
VALOGNES, ch.-l. d'arr. (Manche), sur le Merderet, dans un vallon, à 57 kil. N. O. de St-Lô, à 20 kil. S. de Cherbourg, à 12 kil. de la mer; 5812 h. Collége, biblioth., hospice. Église ogivale du XVe s., anc. abb. de Bénédictins. Grand commerce, tant avec Jersey et Guernesey qu'avec Paris (poissons, coquillages, œufs, beurre, volaille, andouillettes). Patrie de Letourneur, de Dacier et de Vicq-d'Azyr. — On croit que Valognes est l'anc. Crociatonum, ch.-l. des Unelli. Cette ville fut brûlée par les Anglais en 1340, prise par Duguesclin sur Charles II, roi de Navarre, et par les Anglais sous Charles VI (1418).
VALOIS (le), pays des Vadicasses, Vadensis ou Valesiensis pagus au moyen âge; anc. petit pays de France, dans l'Ile-de-France, auj. réparti entre la partie E. du dép. de l'Oise et la partie S. du dép. de l'Aisne, était situé entre le Soissonnais au N., la Champagne à l'E., la Brie et l'Ile-de-France au S., le Beauvaisis à l'O., et eut pour ch.-l. Vez (Vadum), puis Crespy; autres villes principales : La Ferté-Milon, Villers-Cotterets, Senlis, Compiègne. Ce pays, habité avant César par les Vadicasses, forma au moyen âge un fief, qui, en 1284, fut donné en apanage, avec le titre de comté, par Philippe le Hardi à son fils puîné Charles, père de Philippe de Valois (Philippe VI), et tige de la branche des Valois (V. la suite de ces princes à l'art. FRANCE). Charles VI érigea le Valois en duché pour son frère Louis d'Orléans, en 1402. Louis XIV eu fit un duché-pairie pour Philippe d'Orléans, son frère. Depuis, le titre de duc de Valois fut toujours porté par la maison d'Orléans jusqu'à la suppression des apanages en 1790.
VALOIS (Ch. DE FRANCE, comte de). V. CHARLES.
VALOIS (H. DE), Valesius, l'un des plus savants hommes du XVIIe s., né à Paris en 1603, m. en 1676, s'appliqua de bonne heure à la lecture des poètes grecs et latins, des orateurs et des historiens, s'acquit une grande réputation dans toute l'Europe, fut nommé en 1654 historiographe du roi, et obtint en 1658 une pension du cardinal Mazarin. Ses principaux ouvrages sont : une édition des Histoires ecclésiastiques d'Eusèbe, Socrate, Sozomène, Théodoret, etc., avec des notes, 1659-73, 3 vol. in-f.; une édit. d'Ammien Marcellin, avec remarques, 1636, in-4. On a aussi de lui divers opuscules réunis après sa mort sous le titre Emendationum libri V, 1740.
VALOIS (Adrien de), seigneur de La Mare, frère du préc., 1607-1692, suivit son exemple, se consacra à l'histoire de France, et fut nommé historiographe en 1664. Ses ouvrages les plus estimés sont : Gesta Francorum, Paris, 1658, 3 vol. in-f. ; Notitia Galliarum ordine litterarum digesta, 1675, in-f. — Ch. de Valois, fils du préc., membre de l'Académie des inscriptions, a publié, sous le titre de Valesiana, un recueil de remarques historiques et critiques de son père. Il a donné à l'Académie de savants mémoires, parmi lesquels on remarque ses recherches sur les Amphictyons et sur les Guerres sacrées de la Grèce.
VALONTINA ou VALOUTINA, vge de Russie, sur la route de Smolensk à Moscou. Il s'y livra le 19 août 1812 un combat acharné où Ney battit les Russes, mais où périt le général Gudin.
VALORBE, vge de Suisse (Vaud), à 12 kil. S. O. d'Orbe ; 1000 hab. Aux environs, source de l'Orbe et superbe grotte dite des Fées.
VALPARAISO, c-à-d. Vallée du Paradis, v. et port du Chili (Santiago), sur la baie de Valparaiso, à 135 kil. N. O. de Santiago : env. 40 000 h. Port, citadelle, 3 forts, chemin de fer ; chantiers de construction maritime. Grand commerce avec Lima (or, argent, platine, chinchillas, laines, peaux, suif, indigo). Consulats étrangers. — Cette ville, dont le beau nom ne parait guère justifié, a beaucoup souffert de deux tremblements de terre, en 1822 et 1829, et d'un grand incendie en 1843.
VALPERGA DI CALUSO (Thomas), savant italien, né à Turin en 1737, m. en 1815, se fit oratorien après avoir été marin, voyagea beaucoup, acquit de profondes connaissances dans les mathématiques et les langues orientales, professa la littérature grecque et orientale à l'Université de Turin, fut nommé directeur de l'observatoire de cette ville, président et directeur d'une des classes de l'Académie des sciences et des lettres, et correspondant de l'Institut de France. Parmi ses ouvrages, on remarque Litteraturæ copticæ rudimenta, Parme, 1783 (sous le pseudonyme de Didymus Taurinensis) ; des recueils de vers latins et grecs composés par lui-même, et des Poésies italiennes, Turin, 1807 (sous le pseudonyme d'Euforbo Melesigenio). il était étroitement lié avec Alfieri, dont il publia les Œuvres posthumes.
VALRÉAS, ch.-l. de c. (Vaucluse), à 33 k. N. O. d'Orange ; 4901 h. Moulins à soie, culture de la garance, teintureries. Patrie du cardinal Maury.
VAL-RICHER, anc. abbaye de l'ordre de Cîteaux, au diocèse de Bayeux, près de Cambremer, fondée en 1146 par Philippe d'Harcourt, évêque de Bayeux.
VALROMEY, Vallis Romana, anc. petit pays de France, dans le Bugey, avait pour lieux principaux Châteauneuf et Champagne. Après avoir longtemps appartenu à la maison de Savoie, il fut cédé à la France sous Henri IV par le traité de Lyon (1601). Louis XIII l'érigea en duché en faveur de la maison d'Urfé. Il est auj. compris dans la partie E. du dép. de l'Ain.
VALS, bg de l'Ardèche, sur la Volane, à 5 k. O. N. O. de Privas ; 2800 hab. Eaux minérales acidules froides, cascades. Papiers peints, soieries, tanneries.
VALSAINTE, anc. chartreuse de Suisse, à 17 kil. S. de Fribourg, devint, en 1791, le refuge des Trappistes français ; elle est depuis 1818 occupée par la congrégation de St-Sauveur.
VALSALVA (Ant. Marie), anatomiste, disciple de Malpighi, né en 1666 à Imola, m. en 1723, pratiqua la médecine à Bologne, professa en même temps l'anatomie dans cette ville et forma Morgagni. Il inventa ou simplifia plusieurs instruments de chirurgie, et fit de nombreuses découvertes en anatomie. Son principal ouvrage est un Traité de l'oreille, en latin, Bologne, 1704.
VALSESIA, un des arrond. de la prov. de Novare, entre ceux d'Ossola au N., de Pallanza et de Novare à l'E., d'Aoste à l'O., de Verceil et de Biella au S. : 45 kil. sur 22 ; 37 000 hab.; ch.-l. Varallo.
VALTELINE, Vallis Tellina, Val-Tellina en italien, petite région de l'Italie septentr. (Lombardie), n'est qu'une vallée qui s'étend de l'Adda au lac de Côme, sur une longueur de près de 100 kil.; 90 000 hab.; ch.-l., Sondrio. Elle est traversée par l'Adda et entourée de hautes montagnes. Sites très-pittoresques, sol très-fertile (on y trouve les productions de la Sicile à côté de celles des hautes montagnes). Dans les parties basses de la vallée se trouvent de nombreux crétins. — La Valteline, après avoir formé la limite S. de la Rhétie au temps des Romains, passa aux Ostrogoths, aux Francs, aux rois de Germanie, et fut donnée comme fief par les empereurs aux évêques de Coire, qui en furent dépouillés tantôt par les habitants de Côme, tantôt par les ducs de Milan : finalement les Ligues grises et l'évêque reprirent ces pays en 1512 ; l'évêque céda ses droits aux Ligues en 1530. L'Espagne, qui convoitait ce territoire pour réunir le duché de Milan au Tyrol, fit soulever les habitants contre les Ligues en 1620 ; mais la France soutint les Ligues (1621-32) et envoya à leur secours Henri de Rohan, avec une armée qui les remit en possession de la Valteline. Bonaparte enleva la Valteline aux Grisons en 1797 et la réunit en 1807 au royaume d'Italie (elle forma le dép. de l'Adda ; ch.-l., Sondrio). En 1814, ce pays fut donné à l'Autriche et réuni au royaume Lombard-Vénitien. Il fait auj. partie du royaume d'Italie.
VAL TRAVERS, en Suisse. V. TRAVERS.
VALVERDE, ch.-l. de l'île de Fer, une des Canaries, sur la côte N. E.; 1500 hab.
VALVERDE (Vincent de), natif d'Oropesa, accompagna comme missionnaire Fr. Pizarre au Pérou, montra d'abord une grande rigueur contre les naturels, puis fit de vains efforts pour modérer la cruauté des Espagnols, revint en Espagne en 1534 et retourna au Pérou en 1538 avec le titre d'évêque de Cuzco. Il fut pris par les Indiens en 1543 et dévoré.
VAMBA ou WAMBA, roi des Visigoths, fut élu en 672, mais eut à lutter sans cesse contre les nobles et contre les seigneurs de la Septimanie, qui soutenaient un de ses généraux révoltés, le Grec Paul. Il prit d'assaut Narbonne, Nîmes, et fit preuve de modération dans la victoire. Il fut, en 680, détrôné par le comte Ervige, qu'il avait comblé de bienfaits : ce traître le fit raser et revêtir d'un habit monastique pendant qu'il dormait, engourdi par un soporifique : Vamba crut dès lors ne pouvoir plus régner, et entra dans un monastère, où il mourut en 683 ou 687. C'est sous son règne qu'eut lieu la 1re attaque des Arabes d'Afrique contre l'Espagne : ils furent repoussés, et perdirent 272 vaisseaux à cette tentative.
VAMPIRES, c-à-d. en esclavon sangsues, êtres fantastiques, dont la croyance est répandue en Hongrie, en Pologne, en Esclavonie et dans les îles de la Grèce. Ce sont des revenants qui à l'heure de minuit sortent de leur tombeau et viennent sucer le sang de leurs victimes sans les réveiller, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Ils s'attaquent de préférence à leurs parents et à leurs amis. — Les naturalistes ont, par allusion à cette croyance, donné le nom de vampire à une grande chauve-souris qui suce le sang des voyageurs endormis.
VAN, Artemita, Semiramocerta, v. de la Turquie d'Asie (Arménie), ch.-l. de pachalik, sur la rive orientale du lac de Van, à 260 kil. S. E. d'Erzeroum ; 20 000 hab. (Arméniens, Turcs et Kourdes). Murailles ; citadelle ; immenses excavations, nombreuses inscriptions cunéiformes ; jardins et vergers délicieux. Commerce actif par caravanes. Cette ville est extrêmement ancienne : on lui donne pour fondatrice la célèbre Sémiramis. — Le pachalik de Van, entre ceux d'Erzeroum au N. et au N. O., de Diarbek à l'O., de Chehrezour au S. et la Perse à l'E., a 270 kil. sur 220, et env. 160 000 hab. Montagnes, beaucoup de rivières. Excellent blé, fruits, vins ; gibier, abeilles. Ce pays répond à la partie N. de l'anc. Assyrie et à la partie S. E. de la Grande Arménie.
VAN (Lac de), Arsissa palus, grand lac de la Turquie d'Asie, au milieu du pachalik de Van, a env. 140 k. sur 60. Plusieurs îles, sur l'une desquelles est le monastère d'Akthamar. Eaux amères et salées.
VAN BAERLE. V. BARLÆUS. VAN BEEK, grammairien. V. TORRENTINUS.
VANBRUGH (John), auteur comique et architecte anglais, né vers 1672, d’une famille originaire de Gand, mort en 1726, servit d’abord dans l’armée, travailla pour le théâtre depuis 1697, dirigea quelque temps avec Congrève le théâtre d’Haymarket, qu’il avait lui-même fait construire (1706), et fut nommé en 1715 architecte des bâtiments de la couronne et inspecteur de l’hôpital de Greenwich. Ses principales pièces sont la Rechute, 1697 ; Ésope, 1698 ; la Femme poussée à bout (The provoked wife), 1698 ; la Ligue des femmes mariées. Comme auteur comique, Vanbrugh est plein de verve et de sel, mais aussi d’une licence excessive ; comme architecte, son mérite est contesté : cependant on le jugea digne de construire le palais de Blenheim, voté par la nation au duc de Marlborough. On remarque une assez grande analogie entre Vanbrugh et notre Perrault.
VANCOUVER (George), navigateur anglais, né en 1750, m. en 1798, accompagna Cook dans ses 2e et 3e voyages autour du monde, servit ensuite sous l’amiral Rodney, et fut en 1789 employé à la station de la Jamaïque. Chargé l’année suivante de rechercher s’il existe une communication maritime au N. de l’Amérique entre l’Océan Atlantique et l’Océan Pacifique, il explora, d’abord avec l’Espagnol Quadra (1792), puis seul (1793), toute la côte occid. de l’Amérique du N., depuis le 56e degré jusqu’à la Nouv. Californie, sans trouver le passage cherché ; il visita les comptoirs russes, l’archipel du roi George et du prince de Galles, la grande île de l’Amirauté, que le roi d’Owhyhée lui céda (1794), reconnut, avec Quadra, l’île qui porte leur nom, et revint en Angleterre en 1795. Il fit paraître l’année même de sa mort son Voyage de découvertes à l’Océan Pacifique et autour du monde, Londres, 1798 (trad. en français dès 1800), voyage plein de descriptions intéressantes. V. QUADRA.
VANDA, reine de Pologne. V. POLOGNE.
VAN DAEL (J. Franç.), peintre flamand, né en 1764 à Anvers, m. à Paris en 1840, avait remporté le 1er prix de dessin dans son pays lorsqu’il vint se fixer à Paris (1785). Il excella dans la peinture des fleurs et des fruits et fut en ce genre le rival de Van Spændonck. Un de ses plus beaux tableaux est la Croisée, au musée d’Anvers.
VAN DALE (Ant.), critique et médecin, né en 1638, à Harlem, m. dans la même ville en 1708, fut quelque temps prédicateur des Mennonites, puis médecin de l’hospice de Harlem. On a de lui : De oraculis veterum ethnicorum, Amsterdam, 1683 et 1700, ouvrage où il avance que les oracles sont le fruit de l’imposture et d’où Fontenelle a tiré son Hist. des oracles ; De origine et progressu idololatriæ, 1696 ; De vera et falsa prophetia, 1702. Ces ouvrages sont condamnés à Rome ; Baltus a réfuté le traité Des Oracles.
VANDALES, Vandali (nom dérivé de Wendes), peuple germain, habita successivement entre la Vistule et l’Oder, sur les côtes de la Baltique, entre l’Oder et l’Elbe, vers la Lusace des modernes, puis (au IIe s.) plus au S., au milieu des Hermundures et des Quades, se transporta au IIIe s. dans la partie sud de la Dacie Trajane, à l’E. du Tibisque inférieur (banat de Temesvar), et finit par se fixer entre le Mein et la Lippe sous la conduite de Gonderic et de Godégisile. C’est de là qu’unis aux Alains et aux Suèves, ils passèrent le Rhin à la fin de 406 : ils envahirent la Gaule, pénétrèrent en Espagne en 409, s’établirent surtout dans la Bétique qui prit d’eux le nom de Vandalusia (d’où Andalousie), et ajoutèrent bientôt à leurs conquêtes la Carthaginoise, possession des Alains, avec lesquels ils ne tardèrent pas à s’amalgamer. Pressés par les Visigoths et les Suèves, ils quittèrent l’Espagne en 428, sous la conduite de Genséric, leur roi, passèrent en Afrique, où les appelait le comte Boniface, gouverneur de cette province, s’établirent d’abord en Mauritanie, puis conquirent tout le diocèse d’Afrique, y compris Carthage, qu’ils prirent en 439 et qui devint leur capitale. Ils étendirent leurs dévastations sur tout le littoral de la Méditerranée, prirent la Sicile, la Corse, la Sardaigne, les Baléares, s’emparèrent en 455 de Rome où la veuve de Valentinien III, Eudoxie, les avait appelés contre l’usurpateur Pétrone Maxime, pillèrent cette ville pendant 14 jours, puis dévastèrent l’Istrie, la Dalmatie, l’Épire, le Péloponèse, et se signalèrent tellement par leur barbarie que leur nom ne rappelle plus que l’idée d’un peuple féroce et destructeur. Ils furent exterminés en 534 par Bélisaire, qui, ayant débarqué en Afrique, défit leur roi Gilimer à Tricaméron (en Byzacène). Ils avaient embrassé l’Arianisme et persécutèrent cruellement les Catholiques. — Voici les rois des Vandales, tant en Espagne qu’en Afrique :
Godégisile, | 406 | Gondamond, | 484 |
Gonderic, | 406 | Thrasimond, | 496 |
Genséric, | 427 | Hildéric, | 523 |
Huneric, | 477 | Gilimer, | 530-534 |
Une partie des Vandales était restée en Germanie ; on a même prétendu qu’il existe encore des débris de ce peuple entre l’Elbe et l’Oder, conservant sous la domination prussienne une apparence de nationalité, et ayant un roi de leur nation. Les ducs de Mecklembourg s’intitulent Princes des Vandales. — L. Marcus a donné l’Hist. des Vandales, Paris, 1836.
VANDALIA, v. des États-Unis, ch.-l. (jusqu’en 1836), de l’État d’Illinois, sur la Kaskaskia, à 510 k. O. de Washington ; 2 000 h. Station de chemin de fer.
VANDALIE, anc. duché de la Poméranie, avait pour villes principales Stolpe, Polnow, Rungenwalden, Rumelsberg. — Anc. duché du Mecklembourg, avait pour ch.-l. Gustrow.
VANDALUSIA. l’Andalousie. V. VANDALES.
VANDAMME (le général), né en 1771 à Cassel (Nord), m. en 1830, s’engagea très-jeune et servit d’abord dans les colonies. Général de brigade dès 1793 (à 23 ans), général de division en 1799, il prit part aux glorieuses campagnes de la République, du Consulat et de l’Empire. En 1813, commandant un corps d’armée en Saxe, il s’engagea témérairement dans les défilés de la Bohême : attaqué à l’improviste par des forces bien supérieures, il fut battu et pris par les Russes à Culm. Rentré en France en 1814, il fut chargé pendant les Cent-Jours de plusieurs commandements et se distingua à l’attaque de Wavres. Après le désastre de Waterloo, il ramena sous Paris les débris de l’armée. Persécuté sous la Restauration, il se retira à Gand, puis en Amérique. Il revint en Europe en 1824 et mourut en Belgique.
VAN DEN HOECK (Jean), peintre, élève de Rubens, né à Anvers en 1608, m. vers 1650, se rendit à Rome, où il se fit bientôt remarquer, fut appelé à la cour de Vienne par Ferdinand II, puis revint dans sa patrie. On cite de lui : Pallas foulant aux pieds les vices et embrassant la Prudence et le Portrait équestre de l’archiduc Léopold Guillaume. Son dessin est très-soigné, son exécution forte et naturelle.
VAN DEN VELDE, nom de plusieurs artistes hollandais, dont les plus connus sont : Isaïe et Jean, frères, nés à Leyde, l’un en 1597, l’autre en 1598 : ils excellèrent dans le paysage et les scènes rustiques ; — Guillaume, dit le Vieux ou l’Ancien (1610-1693), natif de Leyde, et son fils, de même nom, dit le Jeune (1633-1707). Ils excellèrent dans les marines, furent appelés en Angleterre en 1675 par Charles II, qui leur fit une pension, et se fixèrent dans ce pays. Pour peindre avec plus d’exactitude les batailles maritimes, ils suivaient les flottes jusqu’au fort du combat. Le Louvre a deux toiles du second. — Adrien, paysagiste, frère de Guillaume le Jeune (1639-72), d’Amsterdam, fut élève de Wynants. Exact dans ses contours, plein de charme et d’éclat dans sa couleur, moelleux dans sa touche, spirituel et varié dans ses compositions, il se place au premier rang des paysagistes : il a surtout peint les animaux d’une manière inimitable. Il réussit également dans le genre d’histoire. Le Louvre possède 6 de ses ouvrages. VAN DER AA. Les deux frères Adolphe et Philippe Van der Aa, ainsi que Gérard, leur parent, tous trois Hollandais, se signalèrent parmi les amis de la liberté de leur pays. Ils sont au nombre de ceux qui, en 1556, présentèrent à Marguerite d’Autriche, duchesse de Parme, gouvernante des Pays-Bas, des remontrances énergiques contre le roi d’Espagne, Philippe II, leur oppresseur. Ils contribuèrent puissamment à l’affranchissement de leur pays.
VANDERBOURG (Ch. BOUDENS de), littérateur français, né en 1765 à Saintes, m. en 1827, avait servi avant la Révolution dans la marine militaire. Il émigra en 1793, alla en Allemagne où il étudia la littérature de ce pays, puis passa dans les îles danoises de l’Amérique comme chargé des intérêts de quelques riches Danois, revint on France en 1802, se fit d’abord connaître par des traductions de l’allemand (le Woldemar de H. Jacobi, le Laocoon de Lessing), et publia en 1803 les Poésies de Clotilde de Surville, sur l’authenticité desquelles il s’éleva d’abord de vives discussions, mais sa bonne foi est aujourd’hui hors de doute (V. SURVILLE). Il travailla en outre à des journaux littéraires, notamment aux Archives et au Journal des Savants, où il se montra critique judicieux, et donna en 1812 une traduction estimée des Odes d’Horace en vers français. Il fut reçu à l’Académie française en 1814.
VAN DER DOËS. V. DOUZA.
VAN DER FAES. V. LELY.
VAN DER HELST (Barthélemi), peintre hollandais, né en 1613 à Harlem, m. en 1670 à Amsterdam, excella dans le portrait et fut en ce genre le rival de Van Dyck. Il se distingue par la finesse de sa couleur, à la fois vive, intense et brillante, et par le soin qu’il donne aux accessoires. Il a aussi laissé de grandes compositions, entre autres, le Festin célébré par la garde civique d’Amsterdam à l’occasion de la paix de Munster : les 22 personnages de ce tableau, qu’on voit au musée d’Amsterdam, sont dessinés d’après nature. Le Louvre possède de cet artiste deux portraits et une Délibération de chefs d’arbalétriers.
VAN DER HEYDEN (Jean), peintre hollandais, né à Gorkum en 1637, m. en 1712, vint de bonne heure se fixer à Amsterdam. Il peignit les monuments, les rues, les places, les canaux des villes hollandaises avec un soin minutieux et avec un bonheur qu’aucun artiste n’a égalé : la couleur de ses tableaux est harmonieuse, la lumière distribuée avec un art infini. Adrien Van den Heyden ornait presque toutes ses toiles de personnages et de chevaux, qui en augmentent beaucoup le prix. C’est en Hollande que se trouvent ses meilleurs tableaux. Cet artiste était aussi un habile mécanicien : c’est lui qui inventa les pompes à incendie avec tuyaux de cuir, que l’on emploie encore aujourd’hui partout.
VAN DER LINDEN (J. Antoniade), Lindenius, né en 1609 à Enckhuysen, près de Hoorn, m. à Leyde en 1664, exerça la médecine à Amsterdam, puis enseigna cette science à Franeker et à Leyde. On a de lui : De scriptis medicis, Amst., 1637 (bibliographie médicale très-utile, publiée depuis par Mercklein avec beaucoup d’augmentations sous le titre de Lindenius renovatus, Nuremberg, 1686) ; Medicina physiologica, Amsterdam, 1653 ; des éditions de Celse, Leyde, 1657, et d’Hippocrate, grec-latin, 1665.
VAN DER MEULEN (Ant. Franç.), peintre de batailles, né à Bruxelles en 1634, m. en 1690, appartenait à une famille aisée qui lui donna de l’éducation, et reçut les leçons de P. Snyers, peintre de batailles. Il fut de bonne heure appelé à Paris par Colbert, à qui son mérite avait été révélé par Lebrun, reçut à son arrivée le brevet d’une pension de 2000 liv. avec un logement aux Gobelins, fut admis à l’Académie dès 1673, et épousa la nièce de Lebrun. Il suivit Louis XIV dans toutes ses campagnes, pour dessiner sur les lieux les marches, les campements, les attaques et les vues des différentes villes assiégées, et put ainsi atteindre à cette vérité frappante d’imitation qui lui assure un rang éminent : il se distingue en effet par la fidélité avec laquelle il a reproduit les sites, les costumes, souvent même les portraits des personnages célèbres ; à ce mérite il joint une grande liberté de touche, la justesse du dessin, un coloris large et harmonieux. Il a peint aussi avec succès la plupart des vues des maisons royales, et a réussi également dans le portrait. Personne ne dessinait mieux que lui les chevaux : aussi Lebrun lui confia-t-il l’exécution de ceux qu’il a introduits dans ses batailles d’Alexandre. Les trois réfectoires des Invalides sont ornés de tableaux de Van der Meulen, représentant les conquêtes de Louis XIV. Le musée de Londres offre 23 tableaux de ce maître ; celui de Versailles en possède aussi un grand nombre, entre autres l’Entrée de Louis XIV dans une ville conquise ; l’Entrée de Louis XIV à Arras ; le Siége de Maëstricht. L’œuvre gravé de cet artiste forme une suite de 152 planches (tom. XVI, XVII et XVIII de la collection connue sous le nom de Cabinet du Roi).
VAN DER MONDE (Alex.), géomètre, membre de l’Académie des sciences, né à Paris en 1735, m. en 1796, a donné de savants Mémoires sur la résolution des équations, sur les irrationnelles, sur l’élimination des quantités inconnues. Il étudia aussi le système musical et l’établit sur deux règles générales, la succession des accords et l’arrangement des parties ; ses mémoires sur ce sujet eurent l’approbation de Philidor, de Gluck et de Piccini, Il professa un instant l’économie politique à l’École normale (1795).
VAN DER NEER (Arnould), peintre hollandais du XVIIe s., né en 1610, résidait à Amsterdam. Il a retracé dans ses paysages avec un talent admirable les environs de cette grande cité ; nul n’a mieux rendu les effets du clair de lune. Ses compositions se distinguent par la délicatesse de la touche, la finesse de la couleur, l’harmonie de l’ensemble. La plupart ont été gravées par Aliamet, Basan, Miller, Le Bas, Wood. — Son fils, Eglon V., né en 1643 à Amsterdam, m. en 1703, se fixa à Rotterdam, après quelques années passées en France. Il peignait parfaitement le paysage et le portrait ; mais son talent principal consiste à reproduire des scènes d’intérieur : il imite aussi habilement que Terburg le damas, le satin, le velours, les tapis, les fourrures.
VAN DER NOOT (H. Nic.), avocat de Bruxelles, 1750-1827, prit en 1789 une grande part à l’insurrection qui avait pour but de chasser les Autrichiens des Pays-Bas, et fut, lorsque les troupes impériales eurent évacué le pays, président du congrès national, chargé du pouvoir exécutif. Les Autrichiens ayant repris le pays en 1790, il se retira en Hollande, et, dans une adresse publiée en 1792, il engagea ses compatriotes à s’unir à la France.
VAN DER VELDE (Ch.), romancier allemand, né en 1779 à Breslau, m. en 1824, travailla d’abord pour le théâtre, mais avec peu de succès, et se mit à écrire des romans historiques. On trouve dans ses tableaux de la vérité, de la sensibilité ; mais c’est bien à tort que quelques-uns l’ont surnommé le Walter Scott allemand. Ses Œuvres, publiées à Dresde (14 vol. in-8, 1823), ont été trad. par Loëve-Weimars, Paris, 1826-28. On y remarque Naddock le Noir, Walaska ou les Amazones de Bohême, les Anabaptistes, les Hussites, les Patriciens. — V. VAN DEN VELDE.
VAN DER WERF (Adrien), artiste hollandais, élève de Van der Neer, né en 1659, près de Rotterdam, m. en 1722 ; fut à la fois peintre, sculpteur et architecte. L’électeur palatin, charmé de ses talents, lui fit une pension et l’anoblit. Il a peint, le plus souvent en petite dimension, des scènes historiques, des scènes de la vie privée et des portraits : son style léché nuit à la vigueur : ses chairs, semblables à l’ivoire, manquent de vie. Son chef-d’œuvre est une Ste Famille qu’on voit au musée d’Amsterdam. Le Louvre possède 7 tableaux de ce maître.
VANDEUVRE ou VANDŒUVRE, ch.-l. de cant. (Aube), à 21 kil. O. de Bar-sur-Aube; 2 138 h. Château, station. Bonneterie, poterie; élève de mérinos.
VAN DIÉMEN. V. DIÉMEN.
VANDRILLE (S.), comte du palais sous Dagobert I, né à Verdun, entra dans un cloître en 629, prêcha dans le pays de Caux, fonda en 648 la célèbre abbaye de son nom (V. ST-VANDRILLE), et mourut en 666. On l'honore le 22 juillet.
VAN DYCK (Antoine), peintre flamand, né à Anvers en 1599, m. à Londres en 1641, fut élève de Rubens, voyagea en Italie, en Hollande, en France en Angleterre, où il était appelé par Charles I (1632) et où il se fixa. Le peu d'encouragement qu'avaient reçu ses tableaux historiques lui fit abandonner presque entièrement le genre de l'histoire, dans lequel il égalait presque Rubens, pour se livrer à celui du portrait, où il a rivalisé avec le Titien. Il travaillait avec une extrême facilité, et il a produit un grand nombre d'ouvrages. Sa manière est plus idéale que celle de Rubens; elle a plus de grâce et de finesse, mais moins d'unité. On connaît de Van Dyck plus de 70 tableaux d'histoire; pour ses portraits, le nombre en est infini; il lui arrivait souvent d'en faire plusieurs dans une même journée. On regarde comme ses chefs-d'œuvre le S. Sébastien (au Louvre), le S. Augustin en extase (à Anvers), gravé par P. de Jobe; le Couronnement d'épines (à Courtray) et le Jésus élevé en croix, gravés par Bolswer. Outre le S. Sébastien, le Louvre possède une vingtaine d'ouvrages de ce maître, entre autres la Vierge et l'Enfant Jésus, Vénus demandant à Vulcain des armes pour Énée; le portrait de Charles I et le sien propre. Van Dyck a gravé à l'eau-forte, de la manière la plus pittoresque, une suite de portraits.
VAN DYCK (Philippe), dit le Petit Van Dyck, né à Amsterdam en 1680, m. à La Haye en 1752, excella dans le portrait et dans les tableaux de genre ; on lui reproche de pousser trop loin la minutie de l'exécution : sa couleur léchée prend l'aspect de l'ivoire. On lui attribue Sara présentant Agar à Abraham et Abraham renvoyant Agar et son fils Ismaël, qui sont au Louvre, et que quelques-uns donnent à un autre Van Dyck (Floris), qui florissait à Harlem. Tout en cultivant l'art, Philippe Van Dyck se fit marchand de tableaux et s'enrichit par cette industrie.
VANE (H.), homme d'État anglais, né en 1612, m. en 1662, fut un des plus violents adversaires de Charles I, devint en 1640 membre du parlement, fut un des instigateurs du Covenant (1643), et, après la victoire de son parti, entra comme ministre de l'intérieur au Conseil d'État, où il resta de 1649 à 1653. Sincèrement attaché aux principes républicains, il fit de l'opposition à Cromwell, qui le jeta en prison. Nommé après la mort de Cromwell président du Conseil d'État, il tenta vainement de faire adopter une nouvelle forme de république. Charles II rétabli le fit arrêter et exécuter à Towerhill (1662).
VAN EFFEN (Juste), écrivain, né à Utrecht en 1684, m. en 1735, était fils d'un capitaine d'infanterie, et remplit les fonctions d'inspecteur des magasins de Bois-le-Duc. Il a traduit de l'anglais en français les Voyages de Robinson Crusoé, le Mentor moderne d'Addison, le Conte du tonneau, de Swift, les Pensées libres, de Mandeville. Il a en outre rédigé le Misanthrope (1711), feuille périodique dans le genre du Spectateur d'Addison, le Journal littéraire de La Haye, et le Spectateur hollandais (en hollandais), 1731-35. On a encore de lui un Parallèle burlesque d'Homère et de Chapelain, qui se trouve à la fin du Chef-d'œuvre d'un inconnu, par Mathanasius (St-Hyacinthe).
VAN ESPEN (Bernard), prêtre, savant canoniste, né à Louvain en 1646, m. en 1728, enseigna le droit à Louvain et obtint une si grande autorité que de tous côtés on venait pour le consulter. Attaché au Jansénisme, il se vit pour ce motif suspendu, et fut forcé à quitter Louvain. Ses ouvrages, dont le meilleur est le Jus ecclesiasticum universum, ont été plusieurs fois imprimés (notamment à Paris, sous la rubrique de Louvain, en 1753, 4 vol. in-f.).
VAN EVERDINGEN (Aldert), peintre de paysages et de marines, né à Alkmaar en 1621, m. en 1675. Jeté par un naufrage sur les côtes de Norvège, il y étudia la nature sauvage et réussit admirablement à la représenter. Il a aussi exécuté de belles marines et des tempêtes d'une vérité effrayante. Cet artiste a gravé lui-même à l'eau-forte 101 de ses paysages et 57 épisodes du Roman du Renard. Ses tableaux sont presque tous en Hollande; le Louvre n'en possède qu'un seul, qui encore n'est que de 2e ordre.
VAN EYCK (Jean), peintre flamand, né vers 1386 à Maas-Eyck, m. en 1440, reçut les leçons d'Hubert Van Eyck, son frère aîné, et alla de bonne heure s'établir avec lui à Bruges, ce qui le fait souvent appeler Jean de Bruges. On lui attribue l'invention de la peinture à l'huile; s'il ne l'inventa pas, il la perfectionna au point de la transformer complètement : avant lui en effet on employait l'huile sans préparation, et il fallait attendre qu'une couleur fût sèche pour en appliquer une autre par-dessus : Jean Van Eyck trouva que l'huile de lin et l'huile de noix perdaient promptement leur humidité quand on les avait fait cuire; il ajouta à ce composé des essences qui, par leur évaporation, accéléraient encore le résultat. Cet artiste cultiva tous les genres avec succès : histoire, portrait, paysage, intérieurs, fleurs, animaux. Il travaillait le plus souvent avec son frère Hubert, de sorte qu'il est difficile d'apprécier le talent propre à chacun d'eux. La plupart de leurs tableaux sont à Bruges, à Gand, à Anvers, à Munich, à Berlin. Les plus remarquables sont les Vieillards et les vierges de l'Apocalypse adorant l'Agneau, tableau qui renferme plus de 300 figures de 30 à 35 centim. ; la Vierge au donataire, une Adoration des Mages, la Vierge couronnée par un ange, les Noces de Cana. Le musée du Louvre possède ces deux derniers tableaux. On remarque dans tous les ouvrages des Van Eyck une fraîcheur de coloris qui s'est maintenue malgré l'intervalle de quatre siècles.
VAN GEER (L.), industriel hollandais, né à Liège en 1587, m. en 1652, se fixa en Suède, y perfectionna les fonderies de fer, les manufactures d'armes, obtint la confiance de Gustave-Adolphe et de la reine Christine, et n'usa de son influence et de ses richesses que pour encourager l'industrie et les lettres. Il fit venir en Suède le savant Comenius pour organiser l'instruction publique. En récompense de ses services, il fut anobli.
VAN GEER (Ch., baron), maréchal de la cour de Suède, de la même famille que le préc., né en 1720, m. en 1778, s'adonna à l'histoire naturelle et mérita d'être appelé le Réaumur suédois. On lui doit d'excellents Mémoires pour servir à l'histoire des insectes, rédigés en français, 7 vol. in-4, Stockholm, 1752-1778.
VAN HEEM, VAN HEEMSKERK. V. HEEM, etc.
VAN HELMONT (J. B.), fameux empirique, né à Bruxelles en 1577, m. en 1644, sortait d'une famille noble et riche. Il renonça à la carrière des honneurs pour se livrer aux sciences, exerça quelque temps la médecine, occupa une chaire de chirurgie à Louvain, puis se retira à Vilvorden, près de Bruxelles, pour y cultiver la chimie expérimentale. Il voulut, comme Paracelse, créer une nouvelle médecine en la fondant sur la chimie. Il imagina aussi un nouveau système métaphysique : il admettait en nous 2 principes immatériels, l’archée, principe vital qui pénètre le corps entier, y exécute les fonctions de nutrition, de digestion, et combat les maladies ; le duumvirat, principe intelligent ou âme proprement dite : ce principe réside, non dans le cerveau, mais dans l'estomac et la rate, et résulte de l'accord de ces deux viscères, d'où le nom qu'il lui donne. Ses Œuvres, qui renferment les idées les plus bizarres, mais aussi quelques vues justes (notamment sur les gaz, dont il établit scientifiquement l'existence), ont été publiées par son fils, sous le titre d’Ortus medicinæ, Amst., 1648, in-4, et réimpr. à Francfort, 1659. On y remarque un traité De magnetica vulnerum curatione (1621), où il parait avoir connu les faits dont on attribue la découverte à Mesmer. — Son fils, Mercure V., 1618-99, partagea son goût pour les sciences occultes, s’enrôla dans une troupe de Bohémiens pour connaître leur langue, et parcourut avec eux une partie de l’Europe. Il croyait posséder la panacée universelle et la pierre philosophale, et prétendait avoir trouvé la langue primitive. Il a laissé, entre autres écrits bizarres : Principia philosophiæ antiquissimæ et recentissimæ, Amst., 1690.
VAN HOOFFT (Cornélius), historien et poëte hollandais, né en 1581 à Amsterdam, m. à La Haye en 1647, a puissamment concouru aux progrès de la littérature hollandaise. Sans ambition, il se contenta toute sa vie de sa place de drossart (magistrat civil) à Muiden, près d’Amsterdam. Il fut l’ami de Grotius. Ses principaux ouvrages sont : la Vie de Henri le Grand, roi de France et de Navarre, Amst., 1627, et une Hist. de Hollande, en 27 livres, remarquable à la fois par le style et par l’exactitude. Il a aussi composé plusieurs pièces de théâtre : Granida, drame (1602) ; Gérard de Velsen, tragédie ; Bato, tragédie (1628), et des Poésies diverses, 1636.
VAN HUYSUM (Jean), peintre de fleurs, de fruits et de paysages, né a Amsterdam en 1682, m. en 1749, a laissé un grand nombre de tableaux fort recherchés. Il travaillait en secret, ne voulant pas que l’on connût les procédés qu’il employait pour préparer ses couleurs et pour donner à ses fleurs ce coloris, ce velouté, cette fraîcheur qui rivalisent avec la nature. Le Louvre possède 10 tableaux de cet artiste.
VANIÈRE (le P. Jacq.), jésuite, né en 1664 à Causses près de Béziers, m. en 1739, enseigna les humanités et la rhétorique dans divers collèges de son ordre en province, et finit par se fixer à Toulouse. Il fit en 1730 un voyage à Paris, où il fut traité avec les plus grands honneurs. Vanière est surtout connu comme poëte latin ; on lui doit un poème charmant, le Prædium rusticum, en 16 livres, où il chante les travaux et les plaisirs de la campagne. Dans ce poème, il s’est rapproché de l’auteur des Géorgiques autant que le pouvait un moderne. Publié pour la 1re fois à Paris en 1710, en 10 chants seulement, le Prædicum rusticum n’a paru complet qu’en 1730. Il a été trad. en français par Berland d’Halouvry, 1756, et par Ant. Le Camus, 1756. On a encore du P. Vanière des Opuscula (1730), recueil de poésies fugitives, et un Dictionarium poeticum (Lyon, 1710), espèce de Gradus ad Parnassum.
VANIKORO, groupe d’îles de l’Océanie, par 12° lat. S., 163° 30′ long. E., se compose de 2 îles, Vanikoro (la plus grande) et Tevaï. Côtes élevées, entourées de récifs dangereux. Connues, à ce qu’on croit, par Quiros dès 1606, elles furent visitées en 1788 par La Pérouse, qui y périt avec son équipage. Après avoir été l’objet d’une longue et inutile recherche, elles ont été revues en 1827 par l’Anglais Dillon et en 1828 par Dumont d’Urville, qui y trouva des débris du vaisseau de La Pérouse et éleva un mausolée à cet infortuné navigateur.
VANINA D’ORNANO, femme du Corse Sampiétro, fut étranglée par son époux même, parce qu’elle avait imploré la grâce de ce proscrit près du sénat de Gênes.
VANINI (Lucilio ou Julio), fameux incrédule, né en 1585 à Taurizano (Terre d’Otrante), étudia la philosophie, la médecine, l’astronomie, la théologie, et reçut les ordres. Il voyagea beaucoup, visita Naples et l’Italie, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, Genève, l’Angleterre, répandant en secret les doctrines les plus impies, finit par se fixer en France, et habita successivement Lyon, où il écrivit contre Cardan ; Toulouse, où il entra dans un couvent d’où il fut chassé pour ses mœurs infâmes ; Paris, où il devint aumônier du maréchal de Bassompierre. Il retourna en 1617 à Toulouse, et fut même chargé de l’éducation des enfants du premier président, dont il avait surpris la confiance par son érudition et son esprit ; mais il continuait à se livrer au plus coupable prosélytisme. Déféré en 1618 à la cour comme athée par le procureur général, il protesta de son innocence et proclama devant ses juges sa croyance en un Dieu ; il n’en fut pas moins condamné, sur des dépositions accablantes, à être pendu et brûlé, après avoir eu la langue coupée. Il subit le supplice à Toulouse en 1619. Ses écrits sont : Amphitheatrum Providentiæ divino-magicum, adversus veteres philosophos, aiheos, epicireos, etc., Lyon, 1615 (il y professe des opinions orthodoxes et y combat surtout Cardan) ; De admirandis Naturæ, reginæ deæque mortalium arcanis, Paris, 1616, en 60 dialogues, dédié au maréchal de Bassompierre : cet écrit est comme la contre-partie du précédent : il y explique tout par les seules forces de la nature. La Vie de Vanini a été écrite en franç. par Durand, Rott, , 1717, en lat. par F. Arpe (sous le titre d’Apologia), 1712, et en allem., par W. D. F., Leips., 1800. ses Œuvres philosophiques ont été trad. par Rousselot, Paris, 1842.
VAN KESSEL, famille d’artistes flamands. Jean, né à Anvers en 1626, m. en 1679, imita avec succès Breughel de Velours, et réussit dans les tableaux de fleurs, de fruits, d’insectes et d’oiseaux. - Ferdinand, fils de Jean, né vers 1660 à Anvers, excella dans le genre de son père, ainsi que dans le paysage, et fut peintre du roi de Pologne Jean Sobieski. - Jean II, 1648-98, neveu de Ferdinand, imita Téniers avec succès. Il peignait très-bien les campagnes de son pays, avec châteaux, maisons de plaisance, cabanes, eaux courantes ou immobiles ; sa couleur, ses effets de lumière, ses combinaisons champêtres sont des plus agréables. Il vint exercer son talent à Paris et s’y enrichit, mais il n’en mourut pas moins dans la misère par l’effet de son inconduite. - Théodore, habile graveur, grava surtout d’après Rubens, le Guide, le Titien, Carrache, Adam de Viane.
VAN LAAR, peintre, V. BAMBOCHE.
VANLOO, v. de Hollande. V. VENLOO.
VANLOO (J. B.), peintre célèbre, né en 1684 à Aix, m. en 1745, était fils et petit-fils de peintres hollandais assez habiles et fut élève de son père qui était venu s’établir en France. Il habita successivement Toulon et Nice, visita l’Italie, séjourna à Rome aux frais du prince de Carignan, puis vint se fixer à Paris près de ce protecteur. Grâce à l’appui du prince et à son propre talent, il fut bientôt universellement connu. Il entra en 1731 à l’Académie, y devint professeur-adjoint en 1733, et professeur titulaire en 1735. Il eut aussi le plus grand succès en Angleterre, où il demeura 4 ans. Quoique fort habile dans la peinture historique, il s’exerça beaucoup dans le portrait, et y réussit parfaitement. Cet artiste est surtout remarquable par le coloris et par une touche légère et spirituelle. Parmi ses tableaux d’histoire, on distingue Diane et Endymion, S. Pierre délivré de prison, Henri III recevant les chevaliers de l’ordre du St-Esprit ; parmi ses portraits on cite ceux de Louis XV, en pied et à cheval, de la reine Marie Leczinska, de la Marquise de Prie.
VANLOO (Carle), frère de Jean-Baptiste, né à Nice en 1705, m. en 1765, le suivit à Rome et à Paris, fut son collaborateur pour quelques tableaux, retourna à Rome en 1727, et, après avoir exécuté de beaux morceaux tant en cette ville qu’à Turin, revint à Paris, où il obtint un fauteuil a l’Académie (1735), le titre de 1er peintre du roi et la direction de l’école de peinture. Trop vanté de son vivant, trop déprécié depuis, Carle Vanloo fut certainement un des peintres les plus distingués de son époque ; il brille surtout par le coloris. Sa facilité était extrême, mais il en abusa : son dessin manque de précision et son style est d’un naturel un peu trop simple. On vante son Énée portant Anchise et son St-Esprit présidant à l’union de la Vierge et de S. Joseph, tous deux au Louvre.
VAN MANDER (Ch.), peintre et historien, né en 1548 à Meulebek près de Courtray, m. en 1606, était issu d'une famille riche et honorable. Il reçut une éducation soignée et cultiva la poésie en même temps que la peinture. Il alla passer plusieurs années à Rome où il étudia surtout l'antique, puis revint dans son pays et habita successivement Courtray, Bruges, Harlem, Amsterdam. On a de lui quelques tableaux, qui offrent les caractères du style flamand du XVIe s., et parmi lesquels on remarque le Déluge, l'Adoration des Mages et Jacob; mais il est surtout connu par un ouvrage historique d'une grande importance, les Vies des Peintres italiens et flamands (1604). On a aussi de lui quelques tragédies (en flamand).
VANNE (S.), Vitonus, évêque de Verdun, élu en 498, m. vers 525, est honoré le 9 nov. Il a laissé son nom à une abbaye de Verdun dans laquelle se forma en 1600 la célèbre congrégation des Bénédictins réformés de Lorraine, congrégation qui eut pour chef le P. Lacour et qui fut l'émule de celle de St-Maur.
VANNES, Darioriqum, Civitas Venetorum, ch.-l. du dép. du Morbihan, sur la riv. de Vannes, près de son embouchure dans le golfe du Morbihan, à 450 kil. O. de Paris; 14 564 h. Petit port sur le Morbihan. Évêché, suffragant de Tours, trib. de 1re inst. et de commerce, collége, maison d'éducation dirigée par les Jésuites, école d'hydrographie, société polymathique, société d'agriculture. Tour du connétable, seul reste du château de l'Hermine, anc. résidence des ducs de Bretagne, cathédrale, église St-Paterne; cours, beau quai le long du port, jolies promenades. Chantiers de construction, travail de la dentelle ; pêche de la sardine. Sel, grains, chanvre, miel, cire, beurre, suif, cidre, etc. — Ville fort ancienne, que les Bretons nommaient Gwened; elle était le ch.-l. d'un des 3 comtés qui aux VII({e}} et VIIIe s. furent formés de la Bretagne (Rennes, Nantes étaient les deux autres). Elle fut inutilement assiégée par Édouard III en 1642.
VANNUCCHI, peintre. V. ANDRÉ DEL SARTO.
VAN OOST (Jacques), dit le Vieux, peintre flamand, né à Bruges en 1600, m. en 1671, alla étudier en Italie après avoir reçu les leçons de Van Dyck et prit pour modèle Annibal Carrache, qu'il Imita avec succès. Ses ouvrages sont excessivement nombreux; on distingue surtout une Descente du St-Esprit et un S. Charles Borromée. — Son fils, Jean Jacques, dit le Jeune (1637-1713), l'a presque égalé.
VAN OSTADE (Adrien), peintre de l'école hollandaise, né à Lubeck en 1610, m. en 1685, s'établit à Harlem, puis se fixa à Amsterdam. Il représente le plus souvent des scènes de la vie commune ou de la vie rustique. A une couleur splendide il réunit un dessin ferme et une grande vérité. Le Louvre possède de cet artiste : la famille d'Adrien Van Ostade, le Maître d'école, un des chefs-d'œuvre du genre; le Chansonnier ambulant; l'Intérieur d'un ménage rustique. — Son frère Isaac, 1613-1671, se distingua aussi comme peintre de genre. Le Louvre a de cet artiste : une Halte de voyageurs; un Paysan dans sa charrette; un Canal glacé, avec des patineurs.
VANOZZA (Rosa), maîtresse de R. Borgia (depuis Alexandre VI), en eut 5 enfants, dont les 3 plus célèbres furent César Borgia, duc de Valentinois, la fameuse Lucrèce Borgia, et François, duc de Gandie.
VAN PRAET (Bernard), bibliographe, né en 1734 à Bruges, m. en 1837 à Paris, concourut en 1783 à l'excellent Catalogue des livres rares du duc de La Vallière, fut attaché à la Bibliothèque royale, devint un des conservateurs de cet établissement, qu'il enrichit d'un grand nombre d'ouvrages précieux, et fut admis en 1830 à l'Académie des inscriptions. On lui doit : le Catalogue des livres imprimés sur vélin de la Bibliothèque du roi, etc., 1822-28.
VAN PYNACKER (Adam), paysagiste hollandais, né en 1621 à Pynacker près de Delft, m. en 1673, alla passer trois ans en Italie. Dans ses paysages, il excelle à représenter les différentes sortes d'arbres, à rendre leurs divers feuillages, leurs nuances si variées ; ses arbres se détachent admirablement sur des fonds vaporeux ; il ne réussit pas moins à exécuter les personnages de ses tableaux. Le Louvre possède trois ou quatre toiles de cet artiste.
VANS (LES), ch.-l. de c. (Ardèche), à 25 kil. S. O. de l'Argentière; 2811 hab. Soie, vins, olives.
VAN SPAENDONK (G.), peintre hollandais, né en 1746 à Tilbourg (Brabant sept.), m. en 1822, se fit d'abord connaître comme peintre en miniature, puis se consacra à la peinture des fleurs et acquit en ce genre une réputation immense. Étant venu se fixer à Paris, il fut admis en 1781 à l'Acad. de peinture et fut nommé en 1793 professeur d'iconographie au Jardin des Plantes. Cet artiste entend admirablement la composition des tableaux de fleurs ; il rend la nature avec beaucoup de vérité ; sa couleur, pleine de fraîcheur et d'harmonie, est légère et transparente; ses accessoires sont toujours choisis avec goût. Il a laissé un recueil intitulé : Fleurs dessinées d'après nature, gr. in-fol., 1826.
VAN STEEN (Jean), peintre hollandais, né en 1636 à Leyde, m. en 1689, était fils d'un brasseur auquel il succéda et cultiva son art tout en tenant un cabaret. N'ayant pas d'ordre, et ne buvant pas moins que ses pratiques, il se trouvait souvent dans l'embarras : il fermait alors son établissement, se mettait à peindre avec ardeur, vendait ses tableaux, achetait du vin et de la bière, et rouvrait sa taverne. Van Steen a parfaitement reproduit, d'après nature, les mœurs du peuple en Hollande ; ses intérieurs de taverne sont admirables : la verve et la vérité de son dessin, la manière ingénieuse dont il éclaire ses tableaux, les scènes comiques et d'une gaieté communicative qu'il y représente font rechercher ses œuvres, malgré leur apparence négligée. Cet artiste a beaucoup produit : le plus grand nombre de ses ouvrages est en Hollande et en Belgique ; le Louvre a de lui une Fête flamande dans l'intérieur d'une auberge.
VAN STEENWYCK (H.), peintre hollandais, né en 1589 à Francfort-sur-le-Mein, m. en 1643, était fils d'un peintre distingué, natif de Steenwyck, ville de l'Over-Yssel dont il avait pris le nom. Il se consacra à la peinture des intérieurs d'églises, des salles de châteaux, et acquit en ce genre une telle réputation que Charles I l'appela à Londres. Il exécuta pour ce prince une foule de tableaux, et dirigea même la construction de plusieurs édifices. Ses perspectives font illusion ; ses ombres diaphanes laissent voir toutes les formes de l'architecture. Van-Dyck l'employait pour les fonds de ses portraits quand il avait besoin d'y introduire des vues ou des portions d'édifices. Le Louvre possède 5 toiles de cet artiste, dont 4 sont des intérieurs d'églises.
VAN SWIETEN (Gérard), célèbre médecin, né à Leyde en 1700, mort à Schœnbrünn en 1772, fut l'élève de Boerhaave. Il avait été nommé professeur de médecine à l'Université de Leyde, mais ses envieux le forcèrent à se démettre de cette chaire, parce qu'il était catholique. Il alla en 1745 se fixer à Vienne, où il professa la médecine et l'anatomie avec succès, et fit des guérisons inespérées. L'impératrice Marie-Thérèse l'avait nommé son premier médecin, bibliothécaire et directeur général des études des Pays héréditaires. Van Swieten créa à Vienne un amphithéâtre d'anatomie, un laboratoire de chimie et un jardin des plantes. Il a laissé son nom à une liqueur dont on fait encore usage en médecine. Son principal ouvrage est intitulé : Commentaria in H. Boerhaave aphorismas de cognoscendis et curandis morbis, Paris, 5 vol. in-4, 1771 et 1773. Le Dr Paul a tiré de ce vaste répertoire et traduit en français les traités des Fièvres intermittentes, 1766; des Maladies des enfants, 1769, et la Traité de la Pleurésie; et Louis, les Aphorismes de médecine, 1766, et des Aphorismes de chirurgie, 1768.
VANUCCI. V. PÉRUGIN et ANDRÉ DEL SARTO.
VAN VEEN (Othon), en latin Otto Vænius, peintre, né à Leyde en 1556, m. en 1634, avait reçu une éducation soignée. Il habita successivement Bruxelles et Anvers et devint en 1594 directeur de l’Académie de cette dernière ville. Il reçut du prince de Parme, gouverneur des Pays-Bas, le titre d’ingénieur et de peintre en chef de la cour d’Espagne, puis de l’archiduc Albert l’intendance des monnaies de Bruxelles. Van Veen ne brillait pas par la verve et l’expression, mais il était très-habile dans l’emploi du clair-obscur ; il réussissait surtout à fondre ses couleurs d’une manière savante par d’imperceptibles dégradations. Il fut le maître de Rubens, qui lui doit beaucoup. Ses principaux ouvrages sont dans les églises d’Anvers ; le Louvre ne possède qu’un tableau de cet artiste : Otto Vænius et sa famille. On a de lui le texte et les planches de la Guerre des Bataves contre les Romains, tirée de Tacite, Anvers, 1612 ; les Emblèmes d’Horace, de la Vie de S. Thomas d’Aquin, et de l’Hist. des sept infants de Lara.
VAN VITELLI (L.), architecte, né en 1700 à Naples, m. en 1773, fils du peintre hollandais Gaspar Van Witell (renommé par ses tableaux de monuments), étudia simultanément la peinture et l’architecture, exécuta très-jeune encore des tableaux et des fresques remarquables, mais se signala encore plus par la construction des églises de St-François et de St-Dominique à Urbin, et par la restauration du palais Albani dans la même ville. Le pape le nomma à 28 ans architecte de St-Pierre de Rome et le chargea de grands travaux à Ancône (1728) ; il mit le comble à sa réputation en construisant pour le roi de Naples Charles III le beau château de Caserte.
VANVRES ou VANVES, bourg du dép. de la Seine (arr. de Sceaux), à 6 kil. S. O. de Paris ; 6016 hab. Ancien château du prince de Condé, avec un beau parc, qui appartient auj. au lycée Louis-le-Grand et où a été installé le petit collége de cet établissement. Fort, construit en 1842 et faisant partie du système de défense de Paris.
VAOUR, ch.-l. de c. (Tarn), à 24 kil. N. O. de Gaillac ; 593 hab. Beau château.
VAPINCUM, ville de la Narbonaise, auj. Gap.
VAR, Varo en italien, Varus en latin, riv. qui prend sa source au mont Garret dans les Alpes maritimes, coule au S. dans les anc. États piémontais, puis pénètre en France, arrose Entrevaux, Puget-Thémers, et se jette dans la Méditerranée, près de St-Laurent-du-Var, entre Antibes et Nice, après un cours de 100 kil. C’est une rivière impétueuse et large, mais peu profonde. Avant l’acquisition de Nice, le Var formait la limite des États sardes et de la France.
VAR (dép. du), dép. maritime, à l’angle S. E. de la France, borné au N. par celui des Basses-Alpes, à l’O. par celui des Bouches-du-Rhône, au S. par la Méditerranée, à l’E. par le dép. des Alpes-Maritimes, 7268 kil. carr. ; 315 526 hab. ; ch.-l., Draguignan. Les îles d’Hyères et de Lérins en dépendent. Ce département a été formé aux dépens de l’anc. Provence. Très-montagneux, surtout à l’E. ; côtes très-échancrées (golfes de la Napoule, de Fréjus, de Grimaud, rades d’Hyères, de Toulon) ; le dép. est arrosé par le Var, l’Argens et quelques rivières côtières. Houille, plâtre, marbre, granit, pierre de taille, albâtre oriental, jaspe, porphyre. Sol sec, sablonneux ; peu de grains ; vins délicats ; mûriers, orangers, oliviers, roses et jasmins ; plantes médicinales ; truffes, safran, câpres, jujubes, etc. ; bois de charpente et de construction. Peu de gros bétail ; mulets, moutons, abeilles, vers à soie, ver qui donne la teinture écarlate. Savons, parfums, essences, liqueurs, eau-de-vie, huiles, cuirs, gros draps ; fruits secs et confits. Pêche de sardines, thon, anchois. — Ce dép. a 3 arr., Draguignan, Toulon, Brignolles (Grasse en a été récemment détaché), 27 cantons et 143 communes ; il dépend de la cour impér. d’Aix et a un évêché à Fréjus.
VARADES, ch.-l. de c. (Loire-Inf.), près de la r. dr. de la Loire, à 13 kil. E. d’Ancenis ; 3368 hab. Station du chemin de fer. Vin et bois.
VARADIN, v. de Hongrie (Banat allemand), sur la Témès, à 32 kil. N. O. de Pancsova ; 3000 hab.
VARADIN ou WARASDIN, v. forte des États autrichiens (Croatie), ch.-l. du gouvt de Varadin, sur la r. dr. de la Drave, à 72 kil. N. E. d’Agram ; 12 000 hab. Citadelle. Eaux thermales ; vin estimé. — Le comitat de Varadin, entre la Hongrie au N. E., la Styrie au N. O., les comitats d’Agram au S. et de Kreutz au S. E., a 75 kil. sur 28, et 176 000 hab.
VARADIN (GRAND-), Gros-Wardein en allemand, v. forte de Hongrie, ch.-l. du comitat de Bihar, sur la Kœrœs, à 310 kil. E. de Bude ; 17 000 hab. Évêché catholique et évêché grec-uni, gymnase de Prémontrés ; académie. Soieries, poteries, beaux marbres. Eaux thermales sulfureuses et ferrugineuses. La ville fut fondée en 1080 par Ladislas I, roi de Hongrie.
VARAGINE (Jacques de), dominicain, né vers 1230 à Varaggio, sur la côte de Gênes, m. en 1298, se distingua comme professeur et prédicateur, devint provincial de la Lombardie, évêque de Bologne, archevêque de Gênes (1292), travailla sans relâche à la réforme des mœurs des moines et de son clergé, et laissa, entre autres ouvrages, Historia Lombardina, seu Legenda sancta, ouvrage que l’admiration des contemporains décora du nom de Legenda aurea, légende d’or : c’est en effet un recueil précieux de vies des saints, mais on lui reproche de manquer de critique. Cet ouvrage a été réimpr. plus de 50 fois, notamment à Paris en 1475 ; mis en vieux franç. par Jean de Vignay, et trad. de nouveau de nos jours par G. Brunet, 1843. On a aussi de Varagine les Chronicæ genuenses ad annum 1277, publ. par Muratori (tome IX des Rerum italic. scriptores).
VARALLO, ville de la Haute-Italie (Novare), ch.-l. de l’intendance de Valsesia, à 60 kil. N. N. O. de Novare ; 3500 hab. Gymnase, académie de dessin. Aux env. est le Sanctuaire de Varallo, église environnée de 45 chapelles, qui forment stations pour les pèlerins.
VARANE, nom donné par les historiens grecs à plusieurs rois sassanides de la Perse, dont le vrai nom est Bahram. On en compte 5. V. l’art. PERSE.
VARANGIENS. V. VARÈGUES.
VARCHI (Benoît), historien et poëte, né en 1502 à Florence, m. en 1565, prit part en 1527 à l’expulsion des Médicis et fut forcé lors de leur retour de s’expatrier. Cosme I le rappela, le pensionna, et le chargea d’écrire l’histoire des derniers temps de la république. Il rédigea, pour remplir cette mission, une Histoire de Florence de 1527 à 1538, en 15 livres (publiée seulement en 1721 et trad. par Requier en 1754). Quoique diffuse et traînante, cette histoire est précieuse pour son exactitude et même pour son indépendance. Varchi a laissé un grand nombre d’écrits moins importants : poésies, dialogues, traductions (notamment celle des Bienfaits de Sénèque et de la Consolation de Boèce), etc.
VARDANE ou VARTAN, roi des Parthes, succéda à son père Artaban III l’an 44 de J.-C., eut à combattre les prétentions de son neveu Gotarsès, et fut assassiné par ses officiers au moment où il venait de le vaincre (47). Ce prince avait soumis Séleucie : il embellit Ctésiphon pour créer une rivale à cette ville. Apollonius de Tyane fut reçu à sa cour.
VARDANE, prince de Daron en Arménie, gouverna ce pays de 415 à 442, époque où ses États tombèrent au pouvoir des Perses, se vit en 450 forcé de renoncer au Christianisme pour embrasser la religion du vainqueur, se mit la même année à la tête d’une insurrection contre Yezdedjerd II, roi de Perse, le battit sur les bords du Cyrus, et força le pas de Derbend ; il comptait s’unir aux Huns quand ceux-ci l’abandonnèrent. Il périt en combattant dans l’Aderbaïdjan (451)
VARDANÈS, nom ancien du Boug ou Kouban.
VARDARI (le), Axius, riv. de Turquie (Roumélie), sort du versant oriental du Tchar-dagh, coule au S. E., baigne Ouskoub, Gradiska, et se jette dans le golfe de Salonique, après un cours d’env. 280 kil.
VARÈGUES ou VARANGIENS (de warg, banni), peuple germanique, qui habitait les bords de la Baltique, fut appelé par les Novogorodiens pour défendre leur frontière contre les incursions des Finnois ; mais bientôt Rurik, leur chef, s’empara de Novogorod, et prit le titre de grand-prince (862), fondant ainsi l’empire russe. D’autres Varègues s’établirent à Kiev, 864, et en Islande, 874.
VAREL, v. du grand-duché d’Oldenbourg, sur la Hase, à 28 kil. N. d’Oldenbourg ; 3000 hab. Château fort. Résidence du seigneur de Kniphausen.
VARELA, lieu de la Finlande mérid., à 30 kil. N. O. de Frederickshamn. La paix y fut signée en 1790 entre la Suède et la Russie : les deux puissances se rendirent mutuellement leurs conquêtes.
VAREN (Bernhard), Varenius, géographe d’Amsterdam, né vers 1610, m. vers 1680, exerça la médecine et cultiva les sciences par goût. Il donna, sous le titre de Geographia generalis (Amst., 1664), un excellent traité de géographie physique et mathématique, que l’on peut regarder comme le premier en ce genre. Newton n’a pas dédaigné d’éditer cet ouvrage (Cambridge, 1681), et de le commenter ; il a été trad. en français par Puisieux, 1755. On a aussi de Varen une curieuse Description des royaumes du Japon et de Siam, en latin (Cantorbéry, 1673).
VARENGEVILLE, bg de la Seine-Inf., à 8 kil. O. de Dieppe ; 1200 hab. C’est là qu’habitait le fameux armateur Ango, qui y reçut François I en 1532.
VARENNES, ch.-l. de c. (Hte-Marne), à 24 kil. E. de Langres ; 993 hab. - VARENNES-EN-ARGONNE, ch.-l. de c. (Meuse), à 29 kil. N. O. de Verdun ; 1515 h. C’est là que Louis XVI fut arrêté, le 22 juin 1791, au moment où il fuyait à l’étranger.
VARENNES-SUR-ALLIER, ch.-l. de c. (Allier), à 30 k. N. O. de La Palisse ; 2465 hab. C’est là, dit-on, que César passa l’Allier en marchant sur Gergovie.
VARÈSE, v. de Lombardie, près du lac de son nom, sur l’Olona, à 53 kil. N. N. O. de Milan ; 8500 h. Prise par Garibaldi le 23 mai 1859. Pèlerinage fréquenté au Sacro Monte-di-Varese.
VARGAS (L. de), peintre de Séville, 1502-60, étudia à Rome 14 ans sous Perino del Vaga, revint ensuite en Espagne et y jouit d’une juste réputation, surtout à Séville, où il embellit nombre d’édifices religieux et particuliers de tableaux et de fresques. Son chef-d’œuvre est le Calvaire de l’hôpital de Las Bubas à Séville. Il se distingue par la pureté du dessin, la noblesse et la grâce de l’expression, et surtout par un sentiment de piété répandu sur tous ses tableaux. Profondément pieux, Louis de Vargas jeûnait et se macérait comme un ermite.
VARHÉLY, Zarmigethusa, Ulpia Trajana, bourg de Transylvanie (Hunyad), à 18 kil. S. O. de Hatszeg.
VARIGNON (Pierre), géomètre, né en 1654 à Caen, m. en 1722, étudia d’abord la théologie et reçut les ordres, puis se livra aux mathématiques et y fit de rapides progrès. Il fut admis à l’Académie des sciences en 1688 et nommé à la chaire de mathématiques du collège Mazarin, puis à celle du collège de France. On lui doit, entre autres ouvrages : Nouvelles conjectures sur la pesanteur, 1690 ; Nouvelle mécanique, ou Statique, 1725 ; Éclaircissements sur l’analyse des infiniment petits et sur le calcul exponentiel des Bernouilli, 1725 ; Traité du mouvement et de la mesure des eaux jaillissantes, 1725. Fontenelle a prononcé son Éloge.
VARILHES, ch.-l. de cant. (Ariége), sur la r. dr. de l’Ariége, à 8 kil. S. de Pamiers ; 2006 hab.
VARILLAS (Ant.), historien français, né à Guéret en 1624, m. en 1696, fut historiographe de Gaston, frère de Louis XIII, puis adjoint de Dupuy, garde de la bibliothèque royale. Chargé par Colbert de collationner des manuscrits, il s’en acquitta fort mal, et fut remplacé ; il conserva pourtant une pension de 1200 l. du gouvernement, qui lui suffit longtemps pour vivre ; il reçut aussi une petite pension de l’assemblée du clergé comme travaillant à une Histoire des hérésies. Retiré dans la communauté de St-Côme, il employa tout son temps à composer de volumineux ouvrages historiques : ils sont en général écrits avec élégance et ne manquent pas d’intérêt ; mais ils laissent beaucoup à désirer sous le rapport de l’exactitude. On a de lui les Vies de Louis XI, Charles VIII, Louis XII, François I, Henri II, Charles IX, Henri III, qui forment comme une Histoire de France de Louis XI à Henri IV (Paris, 1683, 14 vol. in-4) ; Anecdotes de Florence ou Histoire secrète de la maison de Médicis, 1685 ; Histoire des révolutions arrivées dans l’Europe en matière de religion (c’est là son Histoire des hérésies), 1686-96, 6 vol. in-4.
VARIN (Jean), graveur en médailles, né à Liége en 1604, m. en 1692, perfectionna la frappe des médailles, fut appelé à Paris par Richelieu, qui le chargea d’exécuter le sceau de l’Académie française, devint garde général des monnaies, fit des poinçons pour une refonte de pièces d’or et d’argent, ainsi que pour des médailles consacrées aux principaux événements du règne de Louis XIII, et entra à l’Académie de peinture et de sculpture en 1664. Le caractère de ses médailles est une composition claire, savante et noble. - Joseph Varin, de la même famille, né à Châlons-sur-Marne en 1740, m. en 1800, vint de bonne heure à Paris, et orna de ses estampes un grand nombre de beaux ouvrages d’art et de science, tels que le Voyage pittoresque de Naples et de Sicile de St-Non, le Voyage en Grèce de Choiseul-Gouffier, le Tableau de l’empire ottoman de Mouradgea d’Ohsson, le Traité d’architecture de Blondel.
VARINAS, v. du Venezuela (Orénoque), ch.-l. de province, à 460 kil. de Caracas ; 10000 h. Tabac - La prov. de V., l’une des trois formées de l’ancien dép. colombien de l’Orénoque, compte env. 120 000 hab.
VARIUS (L.), poëte latin, ami de Virgile et d’Horace, était regardé comme bon poëte et homme de goût. Ayant survécu à Virgile, il revit et corrigea l’Énéide, avec Tucca, mais sans y rien ajouter. Il reçut en legs de Virgile un 12e de ses biens, et mourut vers l’an 10 av. J.-C. Il avait entrepris une épopée en l’honneur d’Agrippa et d’Auguste ; il avait aussi composé une tragédie de Thyeste, égalée par ses contemporains aux chefs-d’œuvre des Grecs. Il ne nous reste de lui qu’une quinzaine de vers (dans le recueil de Maittaire). Weichert a donné L. Varii vita et carmina, Leips., 1836.
VARNA, Odessus, Constantia ou Barne, v. forte de la Turquie d’Europe (Bulgarie), à 115 k. S. E. de Silistrie, sur la mer Noire, à l’emb. du Pravadi ; 25 000 h. Rade d’accès difficile. Résidence d’un pacha et d’un archevêque grec. Amurat II vainquit sous les murs de cette ville, en 1444, Ladislas V, roi de Hongrie. Les Russes prirent Varna en 1828, après un long siège ; ils la rendirent à la paix, mais démantelée.
VARNER (Franç.), vaudevilliste, né à Paris en 1789, mort en 1854, fit de bonnes études à Sainte-Barbe, servit quelque temps dans les dragons, puis entra dans les bureaux et fit, comme adjoint au commissaire des guerres, la campagne de Moscou. Sans emploi sous la Restauration, il se consacra aux lettres, et composa, soit seul, soit avec Scribe, Ymbert, Bayard, Mélesville, de spirituels vaudevilles, parmi lesquels on remarque le Solliciteur, les Deux maris, la Mansarde des artistes, le Précepteur dans l’embarras. Varner avait obtenu après 1830 une modeste place de chef de bureau à l’Hôtel de Ville de Paris ; la révolution de 1848 vint la lui enlever.
VAROLI (Constant), chirurgien de Bologne, 1543-75, enseigna l’anatomie dans cette ville, fit une étude particulière du cerveau, pratiqua avec succès la lithotomie, et fut appelé à Rome par Grégoire XIII, qui le nomma son 1er médecin. Il a écrit sur les Nerfs optiques, Padoue, 1573, et a laissé son nom à la protubérance annulaire du cerveau dite le Pont de Varole.
VAROUNA, l’un des 8 Vaçous des Hindous, est le génie de l’Ouest et dieu de la mer et des eaux ; sa cour est composée de l’Océan ou Samoudra, de la déesse Ganga et des autres divinités des lacs et des rivières. Il prit dans une de ses incarnations le nom de Pratchitas, et fut père de Valmiki. On le représente voguant sur un crocodile et couronné de lotus.
VARRON, C. Terentius Varro, consul en 216 av. J.-C., était fils d’un boucher, et devait son élévation à la populace. Il ne signala son consulat que par la témérité avec laquelle il livra, malgré son collègue Æmilius, la désastreuse bataille de Cannes ; il recueillit à Canusium 10 000 hommes échappés au massacre, qu’il ramena à Rome : le sénat le remercia de ne point avoir désespéré du salut de la République.
VARRON, M. Terentius Varro, dit le plus savant des Romains, né à Rome l’an 116 av. J.-C., m. en 26 av. J.-C., alla compléter son éducation dans les écoles d’Athènes, suivit d’abord le barreau de Rome, fut successivement associé aux fermiers des revenus de l’État, tribun du peuple, chef d’une des divisions de la flotte de Pompée contre les pirates, remporta un avantage sur les côtes de la Cilicie, puis gouverna l’Espagne ultérieure comme lieutenant de Pompée (49), mais fut bientôt obligé de la remettre à César. Après le meurtre du dictateur, il fut porté par Antoine sur les listes de proscription (41), mais il échappa aux meurtriers et sauva sa tête au prix d’une de ses propriétés. Varron savait immensément : il avait écrit sur les antiquités, l’histoire, la philosophie, la grammaire, l’agriculture, etc. ; on lui attribue plus de 500 volumes, mais il ne nous reste de lui que fort peu d’écrits : De re rustica, en 3 livres (dans les Scriptores rei rusticæ de Schneider) ; De lingua latina, en 35 livres (on n’en a plus que les livres IV-IX, et quelques fragments) : ils ont été imprimés aux Deux-Ponts, 1788 ; à Leipsick, 1833, par O. Müllier ; et à Paris, par Egger, 1838) ; et quelques débris de ses Satires Ménippées et de ses ouvrages historiques. Les livres De re rustica ont été trad. par Saboureux de La Bonneterie, 1771, par Rousselot, dans la collection Panckoucke (avec les autres fragments), 1843, et par Wolf, dans la coll. Nisard. M. Chappuis a donné en 1856 les Sentences de Varron, avec une trad. franç. et avec la liste de ses ouvrages. On doit à M. G. Boissier une Étude sur la Vie et less ouvrages de Varron, couronnée par l’Acad. française en 1859.
VARRON, P. Terentius Varro Atacinus, poëte, né vers 82 av. J.-C. à Narbonne, chez les Atacini, d’un père romain, mort en 37 av. J.-C, alla sans doute de bonne heure à Rome, se livra avec succès à la poésie, et contribua au perfectionnement de la versification latine. Outre les poèmes didactiques intitulés Chorographia, Libri navales et Europa (lequel peut-être n’était qu’un épisode des Libri navales), il avait traduit en vers les Argonautiques d’Apollonius de Rhodes sous le titre de Jason, et fait un poème épique en trois chants, De bello Sequanico (sur la soumission des Sequani par César). Il ne reste de lui que quelques fragments, dans les Poetæ latini minores de Wernsdorff.
VARSOVIE, Warszava en polonais, capitale de la Pologne russe (et jadis de toute la Pologne), ch.-l. du gouvt de Mazovie, sur la r. g. de la Vistule, à 1620 kil. N. E. de Paris et à 1260 kil. S. O. de St-Pétersbourg ; 160 000 hab., dont beaucoup de Juifs. Praga, sur la droite de la Vistule, lui est unie et forme un de ses faubourgs. Varsovie est la résidence du gouverneur de la Pologne russe et de l’archevêque primat. Forte citadelle (construite en 1632), belle cathédrale St-Jean, églises Ste-Croix, St-André, château royal, palais de Saxe, palais du gouverneur (jadis palais Krasinski), palais Brühl, Radziwill, Zamoyski, Poniatowski (auj. dit l’Académie), place Marie-Ville (imitation du Palais-Royal de Paris, renfermant la bourse, la douane et 300 boutiques) ; place Sigismond, ornée d’une statue colossale du roi Sigismond III et d’une statue de Copernic ; vaste place d’armes ; théâtre national, théâtre français ; beau pont de pierre, sur lequel est la statue de Jean Sobieski. Université, fondée en 1816, dissoute dès 1832 ; séminaire central, lycée, académie militaire (artillerie et génie), gymnase piariste, collége noble, école des arts, école forestière, conservatoire de musique, observatoire. Société royale des Amis des Sciences (avec riche bibliothèque, cabinet d’histoire naturelle et collection de gravures), sociétés d’agriculture, de médecine, de physique. Fabrication de chapeaux, voitures, bonneterie, lainages, gants, tapis, tissus de coton, couleurs, liqueurs, instruments de musique, etc. — Varsovie est très-ancienne, mais pendant longtemps elle fut peu importante ; d’abord capitale du duché de Mazovie, elle devint capitale de la Pologne entière sous Sigismond II en 1566. Charles X, roi de Suède, et Frédéric-Guillaume, électeur de Brandebourg, défirent complètement les Polonais sous les murs de cette ville en 1656 (cette bataille, dite Bat. de Varsovie, dura trois jours). Varsovie fut prise en 1703 par Charles XII, en 1794 par Souvarow, qui incendia Praga et fit piller la ville. Dans le partage de la Pologne qui suivit, Varsovie échut à la Prusse. Les Français, commandés par Murat, la lui enlevèrent en 1806 ; de 1807 à 1816, cette ville fut la capitale du grand-duché de Varsovie, constitué par Napoléon (V. ci-après). En 1815, elle fut cédée aux Russes. En nov. 1830, il y éclata une insurrection terrible qui affranchit pour quelques mois la Pologne du joug des Russes ; mais, malgré une glorieuse campagne contre Diébitsch, Varsovie finit par être reprise par Paskévitch le 8 sept. 1831, ce qui mit fin à la guerre. Insurgée de nouveau en 1848, elle fut aussitôt bombardée et réduite. Pendant le soulèvement de la Pologne de 1863, Varsovie fut soumise à un régime de terreur qui empêcha l’insurrection d’y éclater.
VARSOVIE (Grand-duché de), État créé en 1807 par Napoléon en faveur du roi de Saxe Frédéric-Auguste, petit-fils du roi de Pologne Auguste II, se composait de la plus grande partie de l’ancien royaume de Pologne, enlevée à la Prusse et à la Russie, et avait pour bornes au N. E. le Niémen, à l’E. le Boug, qui le séparaient de la Russie, au S. la Vistule qui le séparait de la Galicie, au S. O. et à l’O. la Silésie, au N. O. et au N. la Prusse. Ch.-l., Varsovie ; autres villes : Thorn, Posen, Cracovie, Lublin, Zamosch. En 1815, cet État fut partagé entre la Prusse et la Russie.
VARUS (P. Quintilius), général romain, fut consul l’an 12 av. J.-C., puis proconsul de la Syrie, où il s’enrichit par des spoliations, et enfin gouverneur de la province dite de Germanie, sur la frontière de la Gaule Belgique. Il irrita les Germains par son despotisme, et donna ainsi occasion à une conspiration à la tête de laquelle se plaça Arminius. Trompé par ce général, qui feignait d’être l’allié des Romains, il se laissa attirer dans les défilés de Teutberg, où il fut attaqué à l’improviste : il y périt avec 3 légions (l’an 9 de J.-C.). Auguste, au désespoir en apprenant cette nouvelle, s’écriait souvent, dit-on : « Varus, rends-moi mes légions ! » — Un Quintilius Varus est mentionné par Virgile et par Horace ; les uns croient que c’est le même que le précédent, les autres pensent que c’est un personnage différent, homme de goût, qui vécut loin des camps, tout adonné aux lettres.
VARZY, ch.-l. de c. (Nièvre), à 16 kil. S. O. de Clamecy ; 3689 h. Collége, filature de coton, faïence. Jadis ville forte ; prise par les Protestants en 1590.
VASA ou WASA, château situé à 4 kil. de Stockholm, donna son nom à une maison roy. de Suède.
VASA, v. de Finlande, jadis à la Suède, auj. à la Russie, ch.-l. de gouvt, sur une baie : 4000 h. Fondée en 1606 par Charles IX. Les Russes lui ont donné le nom de Nicolaïstadt. Le gouvt est entre ceux d’Uleaborg, Kouopio, Abo et le golfe de Botnie et compte 200 000 h.
VASA, famille souveraine qui adonné sept rois à la Suède et trois à la Pologne, a pour tige Gustave Vasa, qui délivra la Suède de la domination danoise en 1523 (V. GUSTAVE, ERIC, SIGISMOND, CHRISTINE, etc.).
VASA (Ordre de), ordre suédois, institué en 1772 par Gustave III, en l’honneur de Gustave Vasa, fondateur de sa dynastie, qui portait dans ses armes une gerbe (en suédois wasa). Il est destiné à récompenser les services rendus à l'agriculture et aux sciences naturelles. Il a pour insignes un médaillon ovale portant au milieu une gerbe d'or, et suspendu à un ruban vert.
VASARHÉLY, v. de Hongrie (Csongrad), sur le lac Hod et le canal Carolin, à 24 kil. N. E. de Szegedin; 27 000 h. Tabac, vigne, fruits, etc.
VASARHÉLY (SOMLYO), bg de Hongrie (Veszprim), à 50 k. O. de Veszprim, au pied du Somlyo. Bons vins.
VASARHÉLY (MAROS). V. MAROS-VASARHÉLY.
VASARI (George), peintre, architecte et écrivain, né en 1512 à Arezzo, m. en 1574, était issu d'une famille d'artistes distingués. Il affectionnait surtout la manière de Michel-Ange. Il présida aux vastes travaux ordonnés par Cosme Ier (1553), mais il est connu surtout par ses Vies des peintres, sculpteurs et architectes illustres (en italien), Florence, 1550, souvent réimprimées avec additions ou notes, notamment à Milan, 1807, et trad. en français par Jeanron et Léclanché, 1839-42. Bien que l'auteur commette un assez grand nombre de fautes dans la chronologie des artistes, son ouvrage est une source précieuse pour l'histoire de l'art, et renferme des jugements sains et impartiaux. Parmi ses tableaux, on distingue : la Conception, à Florence; la Décollation de S. Jean, dans l'église de ce saint à Rome ; le Festin d'Assuérus, aux Bénédictins d'Arezzo; la Salutation angélique, S. Pierre marchant sur les eaux, une Cène et la Passion (ces 4 derniers au musée du Louvre).
VASATES, peuple de la Gaule (Novempopulanie), entre les Bituriges Vivisci, les Nitiobriges, les Elusates, avait pour ch.-l. Tasates ou Cossio, auj. Bazas.
VASCO DE BALBOA, DE GAMA. V. BALBOA, GAMA.
VASCONCELLOS (Michel de), Portugais, fils du chancelier Barbosa, fut, par la protection d'Olivarès, chargé du gouvernement du Portugal sous Philippe IV, avec le titre de secrétaire d'État, et consentit à être l'instrument de l'oppression de ses concitoyens qui gémissaient sous le joug de l'Espagne. Il excita par sa tyrannie un tel mécontentement, qu'il se forma une conspiration contre lui : les conjurés, ayant à leur tête Pinto-Ribeiro, pénétrèrent jusque dans sa chambre et le tuèrent, le 1er décembre 1640; le peuple déchira son corps et le traîna dans les rues de Lisbonne. Avec lui finit la domination espagnole, la maison de Bragance étant alors montée sur le trône de Portugal.
VASCONES, peuple ibère, qui longtemps habita la partie de l'Hispanie située au N. de l’Iberus (Èbre) et au pied des Pyrénées entre les Cantabres et les Iaccetani, c-à-d. la Navarre et partie de la Biscaye. Il fut, après une résistance héroïque, soumis en partie par Pompée, puis entièrement par Auguste; il subit dans la suite la domination des Visigoths. De 582 à 597 les Vascones se révoltèrent contre ces derniers ; après avoir fait dans les montagnes la guerre de partisans, ils passèrent les Pyrénées, entrèrent dans la Novempopulanie, et s'établirent vers 628, avec l'agrément de Caribert II (roi mérovingien d'Aquitaine), dans l'ancien pays des Ausci et aux environs; ce pays prit alors le nom de Vasconia ou Gascogne. — Vascones est évidemment le même nom que Basques.
VASCONGADES (Provinces). V. BASQUES (Prov.).
VASCOSAN (Michel), imprimeur, né vers 1500 à Amiens, m. en 1576, se fixa de bonne heure à Paris, y épousa une belle-sœur de Robert Étienne, et devint imprimeur de l'Université de Paris et du roi. Il fut le premier à rejeter le caractère gothique, et donna nombre d'éditions fort estimées : les Vies des hommes illustres, de Plutarque, 1567; les Œuvres morales, du même, 1574; les Œuvres de Cicéron; Diodore de Sicile (1530); Quintilien (1542), rare, etc.
VASILI I, Iaroslavitch, grand-prince de Russie (1270-1276), 5e fils d'Iaroslav II, succéda à son frère Iaroslav III par l'appui du khan des Tartares; fut obligé d'accompagner les Tartares dans leur campagne en Lithuanie, et n'obtint qu'à grand'peine son entrée à Novogorod. — II, Dmitriévitch, fils et successeur de Dmitri IV (1389-1425), eut des démêlés avec son beau-père, Vitold, grand-duc de Lithuanie, fut assiégé dans Moscou par un général de Tamerlan, et ne l'éloigna que moyennant 3000 roubles (1408). — III, Vasiliévitch, dit l’Aveugle, fils et successeur du préc., fut placé sur le trône à dix ans (1425), fut dépossédé par le prince de Galicie, Iouri Dmitriévitch, puis réintégré après la mort de cet ambitieux, mais fut bientôt après attaqué, vaincu et même pris par le khan de Kazan, qui le renvoya moyennant rançon (1446). Quand il revint à Moscou, le fils d'Iouri, qui y commandait en maître, lui fit crever les yeux ; mais les habitants, indignés de cette cruauté, chassèrent ce prince barbare et rétablirent Vasili, qui s'associa aussitôt son fils aîné, Ivan III. Il mourut en 1462. — IV, grand-prince de Russie (1505-33), fils et successeur d'Ivan III, porta le premier le titre d'autocrate, abolit les franchises républicaines de Novogorod et de Pskov, transporta nombre d'habitants de ces deux villes à Moscou et prit Smolensk; mais il vit lui-même Moscou, sa capitale, prise par les Tartares de Crimée et de Kazan (1521). Il leur paya tribut pendant un temps, mais ne tarda guère à reprendre sur eux la supériorité, établit un nouveau khan à Kazan, fortifia Kolouma, et réunit à la couronne quelques principautés. — V, Chouiski, czar de Russie, descendant de Vladimir le Grand, et des princes de Souzdal, avait été régent pendant la minorité de Fédor II (1605). Celui-ci ayant été renversé par un faux Dmitri (Grégoire Otrepiev), Vasili chassa l'usurpateur, et fut proclamé czar par le peuple. Il eut encore à combattre deux faux Dmitri : il contint d'abord les rebelles avec le secours du roi de Suède Charles IX, qui lui envoya 5000 hommes commandés par le comte Jacq. de la Gardie; mais, attaqué à l'improviste par Sigismond, roi de Pologne (1609), il fut vaincu, livré à l'ennemi par les Moscovites, et conduit à Varsovie, où il mourut en captivité.
VASILI-POTAMOS, petite riv. de Grèce (Morée), se jette dans le golfe de Laconie après 8 kil. de cours. Elle est un peu à l'O. de l'anc. Eurotas, avec lequel on l'a confondue (l'Eurotas est plutôt l’Iri actuel).
VASQUEZ (Gabriel), théologien espagnol, né en 1551 à Belmonte (Nouv.-Castille), m. en 1604, était jésuite. Il professa la théologie à Alcala, puis à Rome, et mérita d'être nommé l’Augustin de l'Espagne, la Lumière de la théologie ; cependant ses doctrines se rapprochent fort de celles d'Escobar. Il a laissé beaucoup d'ouvrages, réunis en 10 vol. in-fol., Lyon, 1604.
VASSAUX. Sous le régime féodal on appelait ainsi les possesseurs de fiefs considérés par rapport aux seigneurs suzerains dont ils relevaient. Les vassaux se distinguaient en vassaux directs, qui tenaient immédiatement leur fief du seigneur suzerain, et arrière-vassaux ou vavasseurs, qui le tenaient d'un seigneur déjà vassal lui-même. En France, on appelait grands vassaux les seigneurs qui ne relevaient que du roi : tels étaient les douze pairs.
VASSELONNE. V. WASSELONNE.
VASSY, Vassiacum, ch.-l. d'arr. (Hte-Marne), à 61 kil. N. O. de Chaumont; 2 927 h. Trib. de 1re inst. ; collége. Lainages et coton; fer, poteries, ciment renommé. Le massacre des Protestants, que firent à Vassy les gens du duc de Guise le 1er mars 1562, fut le signal des guerres religieuses qui désolèrent la France à la fin du XVIe siècle.
VASSY, ch.-l. de c. du Calvados, à 17 kil. E. de Vire; 3 080 hab. Filature de laine.
VASTHI, femme d'Assuérus (Darius I), roi de Perse, fut répudiée par ce prince à cause de son caractère altier, et fut remplacée par Esther. On place cet événement vers 518 av. J.-C.
VASTO (IL), Istonium, v. d'Italie (Abruzze Cit.), près de l'Adriatique, à 70 kil. S. E. de Chieti; 9 000 h. Grande place ; beau palais et belle fontaine. Ville commerçante. Beau climat, sol fertile, mais souvent désolé par les tremblements de terre. Eau minérale. — C'est de ce lieu que les marquis del Vasto ou du Guast ont pris leur nom.
VATABLE (Fr.), savant du XVIe s., né à Gamaches, dans le diocèse d'Amiens, m. en 1547, fut professeur d'hébreu au collège royal de France, que François Ier venait d'établir, puis obtint l'abbaye de Bellozane. Robert Étienne publia de 1539 à 1544 une édition de la Bible latine de Léon de Juda, à laquelle il adjoignit, sous le nom de Vatable, des notes qui n'étaient pas de lui, mais qui avaient été empruntées aux Réformés, et qui furent condamnées par la Sorbonne. La Bible qu'on appelle Bible de Vatable contient, outre l'hébreu, la version de la Vulgate et celle de Léon de Juda. Vatable était également versé dans la langue grecque; il a trad. en latin les Parva naturalia d'Aristote (dans l'édition de Nic. Duval).
VATACE (Jean II DUCAS, dit BATATZÈTÈS, et, par corruption), empereur de Nicée, beau-fils et successeur de Théodore I (Lascaris), monta sur le trône en 1223, remporta des avantages sur les Latins, alors maîtres de Constantinople, fut attaqué et vaincu à son tour par Jean-de-Brienne (1233), réussit, à l'aide du roi des Bulgares, Asan, à reprendre le dessus, mit deux fois, mais en vain, le siége devant Constantinople (1235-37), soumit la Thrace et la Macédoine (1245), enleva aux Latins Lesbos, Chios, Samos (1247), et à Théodore l'Ange Thessalonique (1251). Il mourut en 1255, ayant préparé le retour des empereurs grecs à Constantinople.
VATAN, ch.-l. de c. (Indre), à 20 kil. N. O. d'Issoudun ; 3047 hab. Commerce de laine.
VATEL, fameux maître d'hôtel, ordonna d'abord les fêtes du surintendant Fouquet, ensuite celles de M. le Prince (duc de Condé). La marée ayant manqué lors d'une fête que le duc donnait au roi à Chantilly (1671), il se tua de désespoir, se croyant perdu d'honneur. Mme de Sévigné a donné le récit de cet événement dans sa 95e lettre. On a aussi expliqué la mort de Vatel par une passion malheureuse qu'il aurait eue pour une des dames de la cour. — V. VATTEL.
VATER (Jean Séverin), savant linguiste, né en 1771 à Altenbourg en Saxe, enseigna les langues orientales à Halle (1799), puis la théologie à Kœnigsberg (1810), et revint en 1820 à Halle, où il mourut en 1826. On a de lui une Grammaire générale fort estimée (1805); des Grammaires hébraïque, syriaque, chaldéenne, arabe (1802-1807). Il a aussi dressé une liste de toutes les langues du monde connues, de leurs grammaires et de leurs dictionnaires (Linguarum totius orbis index alphabeticus, Berlin, 1815). Il continua le Mithridate d'Adelung, et en donna les 3 derniers volumes, 1806-17.
VATHI, capit. de l'île de Théaki (Ithaque), sur la côte N. E. : 1800 hab. Bon port de commerce sur la côte E. Résidence d'un protopape grec. — Capit. de l'île de Samos, sur la côte N.; 2400 h. Port.
VATICAN (le), Vaticanus mons, colline de Rome, à l'extrémité N. O. de la ville, sur la r. dr. du Tibre, au N. du Janicule, et vis-à-vis du champ de Mars, était située originairement hors de l'enceinte de Rome, et ne faisait pas partie des sept collines. Elle est auj. remarquable par le magnifique palais des papes, auquel sont attenants des jardins superbes, les musées, la célèbre bibliothèque du Vatican, et la basilique de St-Pierre. Ce palais a été construit, suivant les uns, par Constantin ; suivant d'autres, par le pape S. Libère ou par S. Symmaque, en 498. Agrandi et embelli par différents papes, il devint la résidence des souverains pontifes, surtout depuis leur retour d'Avignon (1377). Nicolas V, Paul II et Paul III, Sixte IV, Léon X, Sixte V, Benoît XIV, Clément XIV, Pie VI, sont ceux qui ont le plus fait pour l'embellir. C'est dans ce palais que se trouvent la célèbre Chapelle sixtine, la Chapelle Pauline, les Loges de Raphaël; on y admire les œuvres du Bramante, de Michel-Ange, de Raphaël, du Pérugin et du Bernin.
VATINIUS (P.), démagogue, partisan de César, fut, par le crédit de ce général, nommé questeur en 62 et 61 av. J.-C., tribun du peuple en 58, accompagna César dans les Gaules comme lieutenant, se fit élire préteur en 53, l'emportant sur Caton, leva des troupes en Italie lors des guerres civiles, obtint quelques avantages en Illyrie sur Octavius, lieutenant de Pompée, fut un moment consul en 46, et trois ans après obtint les honneurs du triomphe. Il était plus fameux par ses débauches que par ses exploits.
VATISMÉNIL (H. LEFEBVRE de), ancien ministre, né en 1789, mort en 1860, fut nommé en 1815 substitut près le tribunal de la Seine, se fit remarquer dans les procès politiques par son talent et par l'ardeur de son zèle, fut choisi en 1812 pour secrétaire général par Peyronnet, alors ministre de la justice, reçut en 1828 le portefeuille de l'instruction publique dans le ministère conciliateur de Martignac, fit d'utiles réformes, prit des mesures réparatrices et améliora le sort des professeurs : écarté du pouvoir, à l'avènement du ministère Polignac, il emporta les regrets du corps universitaire. Député en 1830, il signala l'adresse de 221. Il rentra au barreau après la révolution de Juillet. Membre de l'Assemblée législative en 1849, il eut une part importante aux lois de 1850 sur les élections et sur l'enseignement. Il rentra dans la vie privée en 1851.
VATOUT (Jean), né en l792 à Villefranche (Rhône), m. en 1848, fit de brillantes études à Ste-Barbe, où il remporta le prix d'honneur, fut quelques mois secrétaire du ministre de la police, M. Decazes, puis sous-préfet de Semur, se vit révoqué en 1820 à cause de ses tendances libérales, mais fut recueilli par le duc d'Orléans, qui le prit pour secrétaire et bibliothécaire, et qui, devenu roi, le nomma conseiller d'État et directeur des bâtiments civils. Élu en 1831 député de la Côte-d'Or, il fut constamment réélu jusqu'en 1848. Dévoué au roi Louis-Philippe, il l'accompagna dans l'exil. Il avait été admis à l'Académie française peu de jours avant la révolution de Février. Vatout débuta comme écrivain par les Aventures de la fille d'un roi (1820), spirituelle allégorie où il raconte les aventures de la Charte octroyée par Louis XVIII ; il donna en 1822 les Gouvernements représentatifs au Congrès de Troppau, et en 1832 la Conspiration de Cellamare. On lui doit la description des collections d'art du duc d'Orléans (Galerie lithographiée, avec texte en prose et en vers, 2 vol. gr. in-fol., 1825-29), l’Histoire du Palais-Royal, celle du Château d'Eu, et les Souvenirs historiques des résidences royales, 6 v. in-8, 1837-45. Vatout cultiva avec succès la poésie légère; il excellait dans la chanson satirique.
VATTEL (Emmerich de), publiciste, né en 1714 à Couret, dans la principauté de Neufchâtel, m. en 1767, était sujet prussien (Neufchâtel appartenant alors au roi de Prusse). N'ayant pu se faire admettre à Berlin dans l'administration, il trouva de l'emploi en Saxe auprès d'Auguste III, devint conseiller d'ambassade, puis ministre de Saxe à Berne et conseiller privé. On a de lui un ouvrage célèbre : le Droit des gens ou Principes de la loi naturelle appliqués à la conduite des nations et des souverains (Neufchâtel, 1758; il ne fait guère qu'y reproduire les doctrines de Grotius et de Pufendorf. Vattel a aussi publié une Défense du système de Leibnitz.
VATTEVILLE. V. WATTEVILLE;
VAUBAN (Sébastien LESPRESTRE, marquis de), célèbre ingénieur, né en 1633 à St-Léger-de-Foucherest (Yonne), d'une famille noble, mais pauvre, m. en 1707, s'enrôla à 17 ans dans les troupes du prince de Condé, qui combattait la cour, fut pris par les royalistes et conduit à Mazarin, qui, devinant son mérite, le gagna à sa cause, et lui donna un brevet de lieutenant; obtint en 1655 le poste d'ingénieur, dirigea dès l'âge de 25 ans les sièges de Gravelines, d'Ypres et d'Oudenarde (1658), accompagna Louis XIV dans presque toutes ses campagnes, et eut la plus grande part aux succès du roi : il prit en 1667 Douay (où il fut blessé), Lille, qu'il fortifia, fit de Dunkerque un port de guerre, dirigea les principaux sièges dans la guerre de Hollande (1673), prit Maëstricht en personne et mit toutes les côtes en état de défense; il fut nommé en 1674 brigadier général des armées. Dans la campagne de 1677, on lui dut la prise de Valenciennes et de Cambray. Nommé la même année commissaire général des fortifications, il eut en cette qualité la direction de toutes les forteresses de la France, y fit d'importantes améliorations, et en éleva un grand nombre de nouvelles, entre autres Maubeuge, Longwy, Sarrelouis, Thionville, Haguenau, Huningue, Kehl, Landau, qui formaient comme une ceinture autour des frontières : il assura ainsi le salut de la France dans la campagne de 1688. Il prit encore Mons (1691), Namur (1692), Steinkerque (1692), et reçut, en 1703, le bâton de maréchal. Il n'en dirigea pas moins le siége de Brisach, sous le commandement du duc de Bourgogne (1703). Il passa ses dernières années dans la retraite, occupé d'objets d'utilité publique. Vauban fit faire d'immenses progrès à l'art des siéges et des fortifications : pour l'attaque, il imagina les feux croisés, les boulets creux, le tir à ricochet, les cavaliers de tranchée, perfectionna les parallèles, et changea la marche des sapes; pour la défense, il ne se servit que d'ouvrages rasants, presque au niveau de la campagne, persuadé que les fortifications hautes n'en étaient que plus exposées à être foudroyées par l'artillerie. D'un caractère noble, désintéressé, et plein de franchise, Vauban ne craignait pas de contredire Louis XIV, même en matière politique, et lui conseilla fortement de réformer les finances, d'établir la liberté des cultes ; c'est d'après ses avis que Louis XIV fonda l'ordre de St-Louis (1693). Étranger à la jalousie, il fit lui-même accueillir en France Cohorn, son rival, qui, mécontent du prince d'Orange, avait quitté la Hollande. Il a laissé un grand nombre d'écrits, dont quelques-uns seulement ont été imprimés; les principaux sont des Traités de l'Attaque et de la Défense des places, des Mémoires sur l'Édit de Nantes, sur la Dixme royale. Dans ce dernier ouvrage, qui parut en 1707, et que quelques-uns attribuent à Bois-Guillebert, son cousin, il proposait de remplacer tous les impôts par un impôt unique, la dîme royale, que tous, nobles, prêtres et roturiers, auraient également payé : il eut la douleur de voir ce livre tout patriotique déféré au conseil du roi et condamné au pilori. Il avait laissé, sous le titre modeste de Mes oisivetés, 12 vol. in-fol. de manuscrits précieux : M. Poncelet a publié en 1841-43 des Mémoires inédits de Vauban, extraits des Oisivetés. M. Favé a donné en 1847 ses Mém. militaires. Vauban était membre honoraire de l'Acad. des sciences : Fontenelle y a prononcé son Éloge. Sa Vie a été écrite par M. de Chambray, 1840. Le cœur de Vauban a été placé aux Invalides, 1808.
VAUBAN (Anne Joseph, comte de), arrière-petit-neveu du préc., né à Dijon en 1754, m. en 1816, était colonel en 1789. Il émigra, fit la campagne de 1792 dans l'armée des princes comme aide de camp du comte d'Artois et prit part en 1795 à l'expédition de Quiberon où il faillit périr. Rentré en France sous le Consulat, il fut arrêté et enfermé au Temple en 1806 : on avait saisi chez lui des Mémoires pour servir à l'histoire des guerres de la Vendée, où il ménageait peu les émigrés et même les Bourbons : le gouvernement impérial s'empressa de les publier, et en même temps il rendit la liberté à l'auteur, qui dès lors devint suspect à son parti.
VAUBECOURT, ch.-l. de c. (Meuse), à la source de l'Aisne, à 20 kil. N. de Bar-le-Duc; 1095 hab.
VAUBLANC (VIENOT, comte de), homme politique, né en 1756 à Montargis, m. en 1845, fut député à l'Assemblée législative, où il prit place au côté droit, fut inquiété sous la Terreur pour ses opinions royalistes, devint après le 9 thermidor l'âme du parti clichien, fut condamné à mort par contumace après le 13 vendémiaire et à la déportation après le 18 fructidor, rentra en France à la suite du 18 brumaire, devint préfet de la Moselle et fut fait comte de l'Empire. En 1814, il se rallia avec empressement aux Bourbons ; chargé en 1815 du ministère de l'intérieur, il signa l'ordonnance qui dissolvait l'Institut et épura l'administration avec une telle rigueur qu'il fallut le remplacer dès 1816. Cependant il reçut le titre de ministre d'État. Député du Calvados en 1820, il appuya constamment le ministère Villèle; il disparut de la scène politique en 1830. Il a laissé de nombreux écrits, parmi lesquels on peut citer : Rivalité de la France et de l'Angleterre, 1808; Le dernier dès Césars, poëme en 12 chants, 1819; Mémoires sur la Révolution, 1832. Il était membre libre de l'Académie des beaux-arts. Vaublanc a laissé des Mémoires, qui ont été publiés après sa mort par F. Barrière.
VAUBOIS (le général, comte de), né en 1748 à Château-Vilain, m. en 1839, faisait partie de l'expédition d’Égypte. Chargé, après la prise de Malte par Bonaparte, en 1798, du commandement de cette place, il se maintint pendant 2 ans, avec une faible garnison de 4000 hommes, contre les attaques réunies des habitants de l'île, des Anglais, des Russes, des Portugais et des Napolitains : il ne se rendit qu'après 8 sommations, après avoir perdu la moitié de sa garnison, et à la condition d'obtenir tous les honneurs de la guerre (1800). Il fut en récompense nommé sénateur, puis comte de l'Empire.
VAUCANSON (Jacq. de), un des plus grands mécaniciens qui aient existé, né en 1709 à Grenoble, m. en 1782, révéla de très-bonne heure son aptitude. Après divers essais remarquables qu'il fit sans autre maître que son génie et avec les instruments les plus grossiers, il vint à Paris étudier les sciences, et se fit une réputation européenne par une foule de chefs-d'œuvre de mécanique, notamment par ses automates. Chargé par le cardinal Fleury de l'inspection des manufactures de soie, il perfectionna plusieurs machines employées dans cette industrie et inventa le moulin à organsiner, ainsi qu'un métier à tisser les étoffes façonnées. On lui doit aussi la chaîne employée en mécanique pour régulariser les transmissions et appelée de son nom Chaîne de Vaucanson. Parmi ses automates, on cite le Joueur de flûte, de tambourin et de galoubet, et un Canard qui prenait du grain avec son bec et le digérait. Vaucanson était membre de l'Académie des sciences : Fontenelle y a prononcé son Éloge.
VAUCELLES, vge de l'anc. Flandre, sur l'Escaut, à 8 kil. S. de Cambray, se forma autour d'une abbaye de l'ordre de Cîteaux, fondée en 1132 par S. Bernard. Une trêve de 5 ans fut signée à Vaucelles le 5 février 1556 entre Henri II et Charles-Quint.
VAUCHAMPS, vge du dép. de la Marne, entre Montmirail et Champaubert, à 33, kil. S. O. d'Épernay; 450 hab. Meules à moulin. Les Français y obtinrent un avantage sur les Prussiens commandés par Blücher le 14 février 1814.
VAUCLUSE, en latin Vallis Clausa, village du dép. de Vaucluse, à 28 kil. E. d'Avignon, dans un vallon que baigne la Sorgue, riv. dont la source est voisine. Cette source, que l'on nomme Fontaine de Vaucluse, occupe le fond d'une caverne. C'est une des plus belles que l'on connaisse; elle a été immortalisée par les vers de Pétrarque.
VAUCLUSE (dép. de), un des dép. du S. E. de la France, à l'E. du Rhône, entre ceux de la Drôme au N., des Bouches-du-Rhône au S. et des B.-Alpes à l'E., a 3423 kil. carrés et 268 255 hab.; ch.-l., Avignon. Formé de l'ancien Comtat Venaissin, de la principauté d'Orange, et de partie de l'anc. Provence. Montagnes, parmi lesquelles le mont Ventoux; coteaux. Fréquents orages; trop peu de pluies. Beaucoup de rivières; marais à l'O. Houille, terre à poterie; eaux minérales. Peu de bois, de fourrages et de grains; fruits excellents, garance, safran, olives, miel ; vin médiocre. Industrie active : élève du ver à soie et préparation de la soie; couvertures de laine, faïence, acide nitrique et autres ; eaux-de-vie, usines à fer ; confitures et comestibles divers. — Ce département a 4 arr. (Avignon, Apt, Orange, Carpentras), 72 cantons, 148 communes ; il appartient à la 9e division militaire, ressortit à la cour imper. de Nîmes, et a un évêché à Avignon.
VAUCOULEURS, Lorium, ch.-l. de c. (Meuse), sur la r. g. de la Meuse, dans une belle vallée, à 28 kil. S. S. E. de Commercy ; 2 720 hab. Bâti en amphithéâtre. Bas, toiles rayées. Patrie de Ladvocat, auteur du Dictionnaire historique, et de Jeanne Vaubernier (la Dubarry). Située sur la limite de la Lorraine et de la Champagne, cette ville appartint successivement à l’une et à l’autre. C’est là que Jeanne d’Arc vint se présenter au sire de Baudricourt pour le prier de la conduire près de Charles VII.
VAUD, le Pagus Urbigenus des anciens, 19e canton de la Confédération helvétique, entre ceux de Neuchâtel, Fribourg, Berne, Valais et la France, est borné au S. E. par le Rhône et le lac de Genève : 3100 kil. carrés ; 200 000 hab. (dont 8 000 Catholiques) ; capit., Lausanne. Montagnes au S. E., belles vallées, riches plaines, sites délicieux. Climat varié, fort doux près du lac. Bons vins, fruits, lin, chanvre, plantes oléagineuses et médicinales ; peu de céréales. Bétail, fer, houille, asphalte, soufre, sel, tourbe ; eaux minérales ; cavernes remarquables. Industrie : draps, cuirs, horlogerie ; commerce de transit. L’idiome vulgaire est un patois du vieux français qu’on nomme le welche. L’instruction publique est très-soignée : c’est dans ce canton, à Yverdun, qu’était le célèbre établissement de Pestalozzi. — Ce pays fut successivement possédé par les Francs, les rois de la Bourgogne-Transjurane, les empereurs d’Allemagne, les ducs de Zæhringen, les ducs de Savoie (1273-1536) ; il fut ensuite assujetti au canton de Berne, et ne devint canton indépendant qu’en 1798. Il est régi démocratiquement depuis 1845.
VAUDEMONT, bg du dép. de la Meurthe, à 9 kil. S. de Vézélise et à 36 kil. S. O. de Nancy ; 450 hab. Ancien château, ruines romaines, tour dite des Sarrasins. Anc. comté, qui comprenait Vézélise. — Le comté, créé en 1070 en faveur de Gérard, fils de Gérard d’Alsace, duc de Lorraine, passa en 1314 dans la maison de Joniville, et en 1394 dans celle de Lorraine par le mariage de Marguerite de Joinville avec Ferri de Lorraine. Ferri, comte de Vaudemont, petit-fils de ce dernier, épousa Yolande d’Anjou, héritière des duchés de Lorraine et de Bar, et leur fils René réunit les deux duchés, ainsi que le comté de Vaudemont, dont les ducs de Lorraine ont depuis donné le nom à leurs cadets. Charles III, duc de Lorraine, donna le comté à son fils naturel Charles-Henri. Il passa à la France avec le reste de la Lorraine.
VAUDOIS, fameux hérétiques, ainsi nommés, dit-on, de leur chef, Pierre de Vaux ou Valdo (V. ce nom), invectivaient contre les prêtres, prétendaient réformer les mœurs du clergé et ramener les temps de la primitive église, et réclamaient la traduction des Écritures en langue vulgaire. Ils affichaient de grandes prétentions a la pureté des mœurs, ce qui leur valut le nom de Cathares (du grec katharoi, purs) ; on les appelait aussi Pauvres de Lyon à cause de leur pauvreté volontaire. Cette secte bien distincte de celle des Albigeois, prit naissance au XIIe s., à Lyon, d’où elle se répandit dans le Dauphiné. Quoique attaquée par le fer et le feu, elle se grossit beaucoup jusqu’à la croisade contre les Albigeois, dont les Vaudois partagèrent le triste sort. Ceux d’entre eux qui échappèrent au massacre se cachèrent dans les montagnes de la Provence et du Piémont, où ils vécurent paisibles et obscurs jusqu’au XVIe s. En 1545 1es Vaudois de la Provence furent exterminés par d’Oppède : c’est sur eux que furent commis les massacres de Cabrières et de Mérindol. Ceux du Piémont furent à leur tour l’objet de mesures violentes, et se virent enfin réduits à fuir en Suisse (1686-87) ou à se convertir. Victor-Amédée les laissa rentrer en 1689. Il y a encore auj. de 16 à 20 000 de ces sectaires en Piémont. On doit au pasteur Muston une Hist. des Vaudois, 1851.
VAUDONCOURT (le général), écrivain militaire, né en 1772 à Vienne en Autriche, de parents français, m. en 1845, servit dans l’artillerie, fit avec distinction les campagnes de la République et de l’Empire, fut condamné à mort par contumace en 1815 pour s’être rallié à Napoléon dans les Cent-Jours et ne put rentrer en France qu’en 1825. On lui doit, entre autres écrits : Hist. des campagnes d’Annibal en Italie, Hist. de la campagne d’Allemagne en 1813, Hist. des campagnes de 1813 et 1814 en France, Hist. du prince Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, ouvrages recommandables par l’exactitude et l’impartialité.
VAUDREUIL, (L. Phil. RIGAUD, marquis de), marin (1723-1802), commanda un vaisseau au combat d’Ouessant (1778), s’empara de St-Louis, au Sénégal (1779), fit pour 8 millions de prises dans ses croisières, et servit avec éclat jusqu’à la paix de 1783. Député en 1789 aux États généraux, il siégea au côté droit. Il émigra, et ne rentra qu’après le 18 brumaire.
VAUGELAS (Claude FAVRE de), écrivain, né en 1585 à Meximieux ou à Chambéry, m. en 1650, était fils du jurisconsulte A. Favre, et fut chambellan de Gaston, duc d’Orléans. Jouissant d’une grande réputation de grammairien et de puriste, hôte assidu de l’hôtel de Rambouillet, il fut membre de l’Académie française dès sa fondation, et fut mis à la tête de la grande entreprise du Dictionnaire de l’Académie (1638). On a de lui des Remarques sur la langue française, Paris, 1647, avec des notes de Patru et de Th. Corneille, et une traduction estimée de Quinte-Curce, 1653, à laquelle il travailla 30 ans, et qui ne parut qu’après sa mort.
VAUGIRARD, Vallis Bostroniæ au moyen âge, anc. bourg du dép. de la Seine, compris depuis 1860 dans l’enceinte de Paris, était autrefois une seigneurie appartenant à l’abbaye de St-Germain des Prés. Il tira son dernier nom (Vallis Girardi) de l’abbé Girard du Mont qui y fit bâtir au milieu du XIIIe s. une maison pour les religieux malades.
VAUGNERAY, ch.-l. de cant. (Rhône), à 14 kil. S. O. de Lyon ; 2 066 hab. Houille.
VAUJOURS, vge de Seine-et-Oise, à 48 kil. S. E. de Pontoise et à 24 kil. E. de Paris, entre la Marne et le canal de l’Ourcq ; 1 200 hab. Érigé en duché en 1752 pour Mme de Pompadour. Anc. château construit par Louis XV ; on y a établi de nos jours l’Asile Fénelon, où sont recueillis de jeunes orphelins.
VAULX, VAULX-CERNAY, etc. V. VAUX….
VAUQUELIN de LA FRESNAYE (Jean), né en 1536, d’une famille noble de Normandie, m. en 1606, fut successivement avocat du roi à Caen, lieutenant général et président au Présidial de cette ville. Il cultivait les lettres : on a de lui un Art poétique, en 3 chants, des satires, idylles, sonnets, épigrammes, etc. (Caen, 1612). Il fut le père du poëte Vauquelin Des Yveteaux. V. DES YVETEAUX.
VAUQUELIN, intrépide marin, né à Caen en 1726, m. en 1763, s’embarqua à dix ans, donna dans plusieurs combats contre les Anglais des preuves d’une bravoure presque fabuleuse, alla reconnaître les ports de la Grande-Bretagne, défendit opiniâtrement la Louisiane, et conduisit trois frégates au secours de Québec, dont il retarda la prise (1759) ; mais, au moment où il obtenait son premier grade dans la marine royale, il fut, au retour d’une mission dans les Grandes Indes, mis en prison par l’effet d’intrigues de quelques envieux ; il n’en sortit que pour être assassiné par une main qui est restée inconnue.
VAUQUELIN (Nic.), chimiste, né en 1763 à St-André d’Hébertot (Calvados), m. en 1829, était fils d’un paysan. Placé chez un pharmacien à Paris, il attira par son ardeur au travail l’attention de Fourcroy, qui le logea chez lui et qui se l’associa dans ses travaux. Il acquit une pharmacie, puis devint inspecteur et professeur de docimasie à l’École des mines, professeur à l’école de pharmacie, à l’école de médecine, au Collège de France, et membre de l'Institut. Vauquelin possédait surtout le talent des manipulations et de l'analyse : la science lui doit une foule d'analyses et la découverte du chrome et de la glucine. On a de lui : le Manuel de l'Essayeur, 1812, et un grand nombre de Mémoires dans le recueil de l'Acad. des sciences et les journaux scientifiques.
VAURÉAS. V. VALRÉAS.
VAUVENARGUES (Luc de CLAPIERS, marquis de), moraliste, né en 1715 à Aix en Provence, servit quelque temps avec distinction, et fit les campagnes de 1734 et 1741. Épuisé par les fatigues qu'il avait subies dans la retraite de Prague, il se retira du service à 28 ans, avec le grade de capitaine, et vécut depuis dans la retraite et la méditation ; il mourut en 1747, à 32 ans. On a de lui une Introduction à la connaissance de l'esprit humain, 1746; des Réflexions sur divers auteurs, des Maximes, et quelques autres opuscules. Ces ouvrages, écrits avec élégance, l'ont placé au nombre des bons écrivains du XVIIIe s. : on y trouve, avec des idées paradoxales, des pensées profondes : Voltaire faisait de Vauvenargues le plus grand cas. Ses écrits, publ. par lui-même en 1746, ont été souvent réimprimés depuis : on remarque les éditions de Fortia d'Urban, Paris, 1797, de Suard, 1806, de Brière, 1821. La plus complète est celle de M. Gilbert, comprenant les œuvres posthumes et les œuvres inédites, Paris, 1857,2 vol. in-8o, avec un Éloge de Vauvenargues, de M. Gilbert lui-même, couronné par l'Acad. française.
VAUVERT, ch.-l. de c. (Gard), près du Vistre, à 20 kil. S. O. de Nîmes; 4 758 hab. Église calviniste. Huiles, vins, eaux-de-vie.
VAUVERT, anc. château, voisin de Paris, près de la barrière d'Enfer, avait au XIIIe s. la réputation d'être visité par les revenants. On disait alors : aller au diable Vauvert, pour dire entreprendre une expédition dangereuse. Louis IX donna ce château aux Chartreux (1258), et de ce moment les revenants disparurent.
VAUVILLERS, ch.-l. de c. (Hte-Saône), à 44 k. N. O. de Vesoul; 1 310 hab. Verre, suif, chaux.
VAUVILLIERS (Jean François), helléniste, fils de Jean Vauvilliers, professeur estimé, né à Paris en 1737, était avant la Révolution professeur de grec au Collége de France et membre de l'Académie des inscriptions (depuis 1782). Il adopta les idées nouvelles et devint président de la Commune de Paris ; spécialement chargé des subsistances, il réussit à prévenir la famine. Il ne s'en vit pas moins poursuivi sous la Convention et le Directoire comme modéré et compris sur la liste des déportés en fructidor. Il se réfugia en Russie et mourut à St-Pétersbourg en 1801. On a de lui, outre quelques écrits politiques, l’Examen du gouvernement de Sparte, 1769, un Essai sur Pindare, avec la traduction de quelques odes, 1772, des extraits d'auteurs grecs à l'usage de l'école militaire (1768), enfin des éditions estimées de Plutarque, 1783 (avec Brotier), et de Sophocle, 1784.
VAUX ou VAUX-PRASLIN, célèbre château avec parc, dans le dép. de Seine-et-Marne (commune de Maincy), à 4 kil. N. E. de Melun. Ce château fut bâti en 1653 par le surintendant Fouquet, qui y dépensa 18 millions : le plan de l'édifice avait été tracé par Levau, les jardins dessinés par Le Nôtre, les panneaux et les plafonds décorés par Lebrun. La Fontaine en chanta les merveilles. Après la disgrâce de Fouquet, ce domaine fut acquis par Villars, puis il passa dans la maison de Choiseul-Praslin, qui le possède encore, d'où son nom de Vaux-Praslin.
VAUX (Noël JOURDA, comte de), maréchal de France, né en 1705 au château de Vaux (diocèse du Puy), m. en 1788, entra au service en 1724, passa par tous les grades, assista à 19 sièges, à 10 combats et à 4 grandes batailles, se distingua surtout dans les guerres de Flandre, commanda en chef dans la Corse, et fit la conquête de l'île en trois mois (1769). Il reçut le bâton de maréchal en 1785.
VAUXCELLES (Abbaye de). V. VAUCELLES.
VAUXCELLES (J. BOURLET, abbé de), né à Versailles en 1733, m. en 1802, prêcha avec succès, travailla au Mercure, au Journal de Paris, et eut pour amis Delille, Thomas, Laharpe. On a de lui quelques panégyriques et quelques oraisons funèbres; mais il est surtout connu par une édition des Lettres de Mme de Sévigné, Paris, 1801, 10 v. in-12.
VAUX-CERNAY, anc. abbaye de l'ordre de Cîteaux, dans l'Ile-de-France (Hurepoix), entre Chevreuse et Rambouillet, avait été fondée en 1128. Son Cartulaire a été publié, aux frais du duc de Luynes, par MM. Merlet et Moutié, 1857-58.
VAUX-CERNAY (Pierre, moine de), religieux de l'abbaye de ce nom, prit part à la croisade contre les Albigeois, et en écrivit l’Histoire. Cet ouvrage, rédigé en latin, va de 1206 à 1218. Il a été publié à Paris, 1615, et dans la Collection des historiens de France de Duchesne, et traduit dans les Mémoires relatifs à l'histoire de France de Guizot.
VAUX-DE-VIRE (les), vallée de l'anc. Normandie (Calvados), près de Vire. C'est là qu'habitait Olivier Basselin, foulon et poëte, célèbre par ses chansons malignes qui, désignées d'abord sous le nom de vaux-de-vire, prirent dans la suite, par corruption, celui de vaudevilles.
VAUX-EN-VÉLIN, vge de l'anc. Dauphiné (Isère), sur le Rhône, à 8 kil. N. E. de Lyon; hab. Patrie de Pierre de Vaux, chef des Vaudois.
VAUXHALL, célèbre jardin public, avec salles de concert et de danse, aux portes de Londres, au S. O., tire son nom d'un entrepreneur français nommé Vaux qui l'ouvrit en 1730.
VAUX-PRASLIN. V. VAUX.
VAVASSAUX ou VAVASSEURS. On nommait ainsi dans le régime féodal les arrière-vassaux c.-à-d. les vassaux d'un seigneur qui lui-même était vassal direct du souverain. On appelait vavassoreries les terres roturières occupées par les arrière-vassaux.
VAVINCOURT, ch.-l. de c. (Meuse), à 7 kil. S. de Bar-le-Duc; 686 hab. VAYRAC, ch.-l. de c. (Lot), à 53 kil. N. E. de Gourdon; 1 960 hab. Église du IXe siècle.
VAYVODE. V. VOIVODE.
VEAU D'OR. Pendant le séjour de Moïse sur le mont Sinaï, les Israélites forcèrent Aaron à leur ériger une idole qui avait la forme d'un veau et qui fut faite en or avec les bijoux dont les femmes se dépouillèrent à cet effet : Moïse, descendu de la montagne, brisa aussitôt cette idole et fit périr par les bras des lévites les impies qui l'avaient élevée. Le veau d'or était une imitation du bœuf Apis. — Lors du schisme des dix tribus, Jéroboam, pour empêcher ses sujets d'aller adorer Dieu à Jérusalem, érigea deux Veaux d'or, l'un à Dan, l'autre à Béthel.
VECELLI (TIZIANO), dit le Titien. V. TITIEN.
VECHT (le), riv. d'Allemagne, naît en Westphalie, traverse le S. O. du Hanovre, parcourt les prov. de Drenthe et d'Over-Yssel, et se jette dans le Zuyderzée au N. E. de l'emb. de l'Yssel, sous le nom de Zwarte-water, après un cours de 180 kil. — Une branche du Vieux-Rhin, qui s'en sépare à Utrecht et se jette également dans le Zuyderzée, porte le même nom.
VÉDANTA, c.-à-d. conclusion des védas, doctrine théologique et philosophique de l'Inde qui s'appuie sur les Védas : c'est un des deux systèmes orthodoxes de la Mimansa (V. ce nom). Ce système, tout idéaliste, enseigne le culte d'un seul Dieu qu'on doit adorer d'une manière tout abstractive ; il reconnaît pour fondateur Vyasa et pour principal docteur Sankara Atcharya.
VÉDAS, livres sacrés des Hindous, écrits en langue sanscrite. Ils sont au nombre de 4 : 1° le Rig, qui contient des prières et des hymnes en vers; 2° la Yadjour, où sont des prières en prose ; 3° le Sama, dont les prières sont destinées à être chantées; 4° l’Atharvan, composé surtout de formules de consécration, d'expiation et d'imprécation. (Quelques-uns ne voient dans cette 4e partie qu'un supplément fort postérieur aux 3 premières.) On a fait une foule de commentaires des Védas ; parmi ces commentaires, les Pouranas et les Soutras jouissent d’une autorité presque sacrée ; on a aussi tiré des Védas un système de philosophie orthodoxe, la philosophie Védanta (V. ci-dessus). L’âge comme la doctrine des Védas diffère beaucoup. Ils passent (les trois premiers surtout) pour avoir été inspirés par Brahma ; les légendes hindoues en attribuent la publication à Vyasa, qui les aurait recueillis et compilés vers le XVe s. av. J.-C. Il en fut fait au XVIIe s. une traduction abrégée eu langue persane, par ordre d’un frère d’Aureng-Zeyb ; cette version elle-même a été traduite en latin. Anquetil du Perron a publié le texte persan sous le titre d’Oupnekhat. Nous n’avons eu longtemps en langue européenne que quelques extraits des Védas : une édit. complète de ces livres, avec trad. allemande, a été publiée à Berlin par Rosen et Max. Muller, 1841 et ann. suiv. Le Rig-Véda a été trad. en franç. par Langlois, 1848-51, et en anglais par Wilson, 1850. On doit à M. Barthélemy St-Hilaire une savante dissertation intitulée : Des Védas, 1854.
VÉGA. V. LOPE et GARCILASO.
VÉGÈCE, Flavius Vegetius Renatus, écrivain militaire latin, florissait vers la fin du IVe s. On a de lui un traité De re militari, en 6 livres, dédié à l’empereur Valentinien II : c’est un extrait fort instructif d’écrivains antérieurs. L’auteur y traite : 1o des levées et des exercices des soldats ; 2o de la légion (ordonnance, armes, chefs) ; 3o de la tactique : 4o de l’attaque et de la défense des places ; 5o de la marine. On estime les éditions de Valart, Paris, 1762, de Schwebel, Strasbourg, 1806, des Deux-Ponts, 1806. Végèce a été traduit en français par Bourdon de Sigrais, 1743, par Bongars, 1772, et commenté par Turpin de Crissé. — Un autre Végèce, Publius Vegetius, est auteur d’un Traité de l’art vétérinaire, en 4 livres, publié par Gesner, Manheim, 1781, et traduit par Saboureux de La Bonneterie.
VEGLIA (île), Curicta, île des États autrichiens (Dalmatie), dans le golfe de Quarnero, à 35 kil. sur 22, et 20 000 hab. ; ch.-l., Veglia, sur la côte S. O., avec un port et 3000 hab. Évêché.
VEHME (la Sainte), ou COURS VEHMIQUES, du vieil allemand fehmen, condamner, bannir ; tribunaux secrets établis originairement en Westphalie, et dont le siège principal était à Dortmund, avaient pour but de maintenir la paix publique et la religion et connaissaient de tous les crimes qui pouvaient troubler l’une ou l’autre. Les membres de ces tribunaux, dits francs-juges, s’enveloppaient du mystère le plus profond et avaient dans toute l’Ailemâgne des initiés qui leur déféraient les coupables : tout initié était tenu d’exécuter le jugement dès qu’on l’en chargeait, mais le plus souvent les juges étaient eux-mêmes les exécuteurs, le condamné était frappé par une main inconnue ; son cadavre était pendu à un arbre dans lequel on fichait un couteau, signe de la vengeance de la Ste Vehme. L’origine des Cours vehmiques paraît remonter au temps de Charlemagne, mais elles ne prirent d’importance qu’à la fin du XIIe s., lorsque la Westphalie fut tombée au pouvoir de l’archevêque de Cologne (1182). Après la Paix publique de Westphalie, 1371, un grand nombre de tribunaux s’établirent sur ce modèle dans les États qui avaient accédé au traité ; mais bientôt ces tribunaux donnèrent lieu aux plus grands abus ; au XVe s. les empereurs Sigismond, Albert, Frédéric III, travaillèrent à les réprimer ; ils disparurent au XVIe, quand Charles-Quint eut rendu, en 1532, l’ordonnance Caroline, qui réformait la jurisprudence. Le Dr Gaupp a publié : Des cours vehmiques, Breslau, 1857.
VÉIES, Veii, v. d’Étrurie, une des 12 lucumonies étrusques, la plus méridionale et la plus voisine de Rome, était à 20 k. N. O. de cette ville. Elle fut souvent en guerre avec les Romains, qui, en 395 av. J.-C. sous la conduite de Camille, finirent par s’en emparer, après un siège de dix ans. Véies leur servit d’asile lors de la prise de Rome par les Gaulois en 389 : les tribuns voulaient même qu’on abandonnât définitivement Rome pour s’établir à Véies ; mais Camille, le vainqueur de Véies, s’y opposa : il mérita par là le surnom de second fondateur de Rome. On trouve quelques vestiges de la citadelle de Véies sur la colline appelée l’Isola Farnèse.
VEILLANE, bg du Piémont. V. AVIGLIANA.
VEIMARS (Loève), traducteur, né à Paris en 1801, de parents allemands, m. en 1854, débuta sa 1823 par la traduction de quelques opuscules de Wieland, traduisit successivement les romans de Van der Velde, de Zschokke et les Contes fantastiques de Hoffmann, qu’il popularisa par son style clair, facile, élégant. Il travaillait en même temps à la Revue encyclopédique, à la Revue des Deux-Mondes, à l’Encyclopédie des gens du monde. Il fut dans ses dernières années consul à Bagdad, puis à Caracas.
VÉLASQUEZ (Diégo), général espagnol, né vers 1465 à Cuellar (Ségovie), m. en 1523, accompagna Colomb dans son 2e voyage, se fixa à St-Domingue et contribua puissamment à la soumission de l’île (1496-1509) ; fut chargé par Diégo Colomb, frère de Christophe, de faire la conquête de Cuba, réussit dans cette entreprise, devint gouverneur de l’île, y fonda d’importantes colonies, entre autres, San-Salvador, Puerto de Carenas (auj. la Havane), 1511, seconda l’expédition qui découvrit le Yucatan et le Mexique, 1517-18, et mit Fernand Cortez à la tête de l’expédition chargée de conquérir ce dernier pays. Il devint bientôt jaloux de son lieutenant et voulut, mais sans succès, s’opposer à ses progrès.
VÉLASQUEZ (Jacques Rodriguez de SILVA Y), célèbre peintre espagnol, né en 1599 à Séville, m. en 1660, eut pour maîtres Herrera-le-Vieux. François Pacheco et L. Tristan de Tolède, fit deux voyages en Italie pour étudier les chefs-d’œuvre des grands maîtres, et fut comblé d’honneurs par Philippe IV. Parmi ses plus beaux ouvrages, on cite la Tunique de Joseph, le Tableau de famille (la famille royale), le Portrait d’Olivarès, celui du poëte Quevedo. Outre le portrait et l’histoire, il a peint aussi les fruits, les fleurs, les animaux, les paysages, et a excellé dans tous les genres. Vélasquez est le chef de l’école dite gallo-espagnole ; ses ouvrages se distinguent par une imitation si parfaite de la nature, qu’ils font complètement illusion. On trouve en cet artiste toutes les qualités du grand peintre : riche coloris, vérité des types, naturel des poses, transparence de l’air, profondeur de la perspective, élégance des draperies, relief et vigueur des tons. Le Louvre possède 4 tableaux de ce maître. V. Stirling, Vélasquez et ses œuvres, trad. par G. Brunet, 1865.
VÉLASQUEZ DE VELASCO (L. Joseph), marquis de Valdeflorès, érudit et antiquaire, né en 1722, à Malaga, m. en 1772, fut chargé par Ferdinand VI de recueillir les anciens monuments de l’histoire d’Espagne, s’acquitta de cette mission avec succès et fut élu correspondant de l’Académie des inscriptions de Paris. En 1766, à la suite d’une émeute, il fut arrêté comme auteur de pamphlets injurieux contre le gouvernement, et jeté dans une prison, dont il ne sortit qu’en 1772, quelques mois avant sa mort. Il a laissé un savant Essai sur les alphabets inconnus qu’on trouve en Espagne, Madrid, 1752 ; Origine de la poésie castillane, 1754 ; les Annales de la nation espagnole depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’entrée des Romains, 1759 ; Conjectures sur les médailles des rois Goths et Suèves d’Espagne, 1759.
VÉLAY (le), Vellavi, anc. petit pays du Languedoc, auj. dans le dép. de la Hte-Loire, était situé entre le Forez au N., la Hte-Auvergne à l’O., le Gévaudan au S. et le Vivarais à l’E., et avait pour villes principales le Puy-en-Vélay (ch.-l.), Yssingeaux et le Monestier. On doit à M. Fr. Mandet l’Histoire du Vélay, 1860-62.
VELDECK ou VELDIG (H. de), minnesinger de la fin du XIIe s., vécut à la cour des princes de Thuringe et de Basse-Saxe. On a de lui une Énéide, qui est plutôt une imitation du Roman de l'Eris de Chrestien de Troyes qu'une traduction de Virgile, Berlin, 1784; Ernest, duc de Bavière, poème épique, manuscrit (à Gotha); et la Légende de S. Gervais, en 4 chants, manuscrit (au Vatican).
VELDENZ, bg et château des États prussiens (prov. Rhénane), près de la Moselle, à 5 kil. S. O. de Berncastel; 700 h. ; a donné son nom à un rameau cadet de la maison palatine de Deux-Ponts, éteint en 1694.
VELEIA, anc. v. de la Gaule cisalpine, non loin de Plaisance, fut écrasée, peu de temps après la mort de Constantin, par un éboulement de rochers. C'est dans ses ruines qu'on a trouvé la Table Trajane, pendant les fouilles exécutées de 1760 à 1764.
VELEZ, v. de Nouv.-Grenade, dans la province de Socorro, à 220 kil. N. E. de Bogota et à 80 kil. S. O. de Socorro; 2 500 hab. Riches mines d'or.
VELEZ-DE-GOMERA ou PENON DE VELEZ, Parielina, v. du Maroc (Fez), dans une petite île de la Méditerranée, à 80 kil. E. de Tétouan, est un des présides ou points fortifiés que l'Espagne possède sur la côte du Maroc. Fondée en 1508 par Pierre de Navarre, elle fut prise par les Maures en 1522, et reprise par les Espagnols en 1664.
VELEZ-MALAGA, Menoba, v. d'Espagne (prov. de Malaga), à 3 kil. de la mer, à 30 kil. E. de Malaga. Château. Raisins secs, fruits, canne à sucre, cochenille, soie; vins, etc.
VÉLIE, v. d'Italie ancienne. V. ÉLÉE et VELEIA.
VELIKIA-LOUKI, v. forte de Russie (Pskov), à 200 kil. S. E. de Pskov; 3 500 hab. Au grand-duc de Moscou dès 1448; prise par Étienne Bathory en 1580. Brûlée en 1611 par les partisans des faux Dmitri.
VELINES, ch.-l. de c. (Dordogne), à 33 kil. O. de Bergerac; 853 hab. VELINO (le), Velinus, riv. d'Italie, naît dans l'Abruzze Ultérieure 2e, puis entre dans l'État ecclésiastique, arrose Rieti, et tombe dans la Néra, après un cours de 95 kil. Belles cascades. — Le Monte Velino, près et au N. O. du lac Fucin, a 2556m de haut.
VELIOCASSES, peuple de la Gaule (Lyonnaise 2e), occupait, avec les Caleti, le diocèse de Rouen, et avait pour capit. Rotomagus (Rouen).
VÉLITES, Velites, infanterie, légère de la légion romaine. Les Vélites servaient à l'avant-garde et dans les escarmouches, gardaient les retranchements au camp, et veillaient la nuit hors des portes, en sentinelles avancées. On les recrutait parmi les hommes de taille moyenne, lestes et vigoureux. Ils avaient une épée, 7 javelots, un petit bouclier et un casque recouvert d'une peau de bête. Ils furent institués pendant la 2e guerre Punique, et formèrent le quart de la légion. Ils furent supprimés après la guerre Sociale. — Napoléon avait établi dans l'armée française des corps de troupes légères appelés aussi vélites.
VELLAUDUNUM ou VELLAUNODUNUM, v. de Gaule (Lyonnaise 4e), chez les Senones, importante au temps de César. On l'a placée tantôt à Beaune, tantôt, et avec plus de vraisemblance, à Château-Landon.
VELLAVI, anc. peuple de la Gaule (Lyonnaise 4e), habitait le pays appelé depuis le Vélay.
VELLÉDA, prophétesse germaine du temps de Vespasien, était de la nation des Bructères, et exerçait une influence immense sur toutes les populations germaniques. Elle contribua puissamment à l'insurrection des Bataves contre Vespasien, à la tête de laquelle se mit Civilis (70 de J.-C.) ; mais, quand elle vit le mauvais succès de cette tentative, elle fit poser les armes à ses compatriotes au nom de la divinité dont elle était prêtresse, et aida le général romain Cerealis à pacifier le pays. Quelques années après, à la suite d'une nouvelle insurrection, elle fut prise par Rutilius Gallicus, et conduite à Rome en triomphe.
VELLEIUS PATERCULUS, historien latin, né vers l'an 19 av. J.-C., m. en 31 après J.-C, était d'une famille équestre. Il servit neuf ans sous Tibère comme commandant de la cavalerie, fut successivement questeur, tribun du peuple, préteur (14 de J.-C.), consul même, selon quelques biographes, et périt, à ce qu'on croit, enveloppé dans la chute de Séjan. Il avait écrit un abrégé de l'histoire de la Grèce, de l'Orient, de Rome et de l'Occident, qui n'existe plus en entier. Ce qui reste de lui n'est qu'un fragment relatif à l'histoire grecque et à l'histoire romaine depuis la guerre de Persée, roi de Macédoine, jusqu'à la 6e année de Tibère. C'est un morceau des plus remarquables, tant pour le fond que pour le style, auquel on doit cependant reprocher les flatteries adressées à Tibère et à Séjan. Les meilleures édit. de Velleius Paterculus sont celles de Burmann, dite Variorum, Leyde, 1688; de Barbou, 1746; de Ruhnkenius, Leyde, 1779; de Cludius, Hanovre, 1815; de la Bibliothèque classique latine de Lemaire, 1822 ; d'Orelli, Leips., 1835; de Haase, ibid., 1851. Il a été traduit en franç. par l'abbé Paul, Avignon, 1768 ; par Després, 1826, dans la collect. Panckoucke, et par Herbet. dans la collect. Nisard.
VELLETRI, Velitræ, ville de l'Italie centrale (ancien chef-lieu de légation), à 34 kil. S. E. de Rome; 12 000 hab. Évêché, Hôtel de ville (dû au Bramante); palais Ginetti et Borgia; statue d'Urbain VIII. — L'ancien Velitræ, dans le Latium, appartenait aux Volsques. Auguste en était originaire.
VELLY (l'abbé), historien né en 1709 à Fismes près de Reims, m. en 1759, entra chez les Jésuites et professa au collège Louis-le-Grand à Paris. Il commença la grande Histoire de France en 30 vol., mais il ne put en composer lui-même que 7 vol. et une partie du 8e (1756-59). Ces volumes, qui vont jusqu'au règne de Philippe le Bel, quoique bien écrits, laissent beaucoup à désirer pour le fonds, surtout les 2 premiers : l'auteur n'avait point sérieusement étudié les sources. L'ouvrage fut continué par Villaret et Garnier, dont le travail est bien supérieur.
VELTHUYSEN (Lambert), Velthusius, théologien protestant d'Utrecht, né en 1622, mort en 1685, occupa plusieurs dignités à Utrecht et fut, de 1668 à 1674, député par sa ville natale aux assemblées ecclésiastiques; mais il déplut à ses collègues par le zèle avec lequel il soutenait les droits de ses commettants, et ils parvinrent, en l'accusant d'hérésie, à le faire révoquer. On a de lui : Usage de la raison dans les controverses théologiques, 1668; De la Pudeur naturelle et de la dignité humaine, 1676.
VENAFRE, Venafrum, v. de Campanie, au N., près du Vulturne, avait été, disait-on, fondée par Diomède. Elle devint plus tard colonie romaine. Elle était célèbre par la bonté de son huile. — La ville moderne, Venafro, est dans la Terre-de-Labour, à 19 kil. S. O. d'Isernia; 2 800 hab. Évêché.
VENAISSIN (Comtat), Comitatus Tindascinus, petit pays du midi de la France, jadis aux papes, entre la Provence, le Dauphiné, le Rhône et la Durance, avait pour ch.-l. Carpentras, et tirait son nom de la ville de Vénasque, qui en fut longtemps la capitale; autres villes principales: Carpentras, Cavaillon, Vaison, Valréas, l'Ile. On a quelquefois, mais à tort, appelé ce pays Comtat d'Avignon (Comitatus Avenionensis), bien que la ville d'Avignon n'y fût point comprise, mais probablement parce que l'on aura pris le mot Venaissin pour une corruption du mot latin Avenionensis, et parce que le comtat Venaissin appartenait aux papes, ainsi qu'Avignon. — Jadis aux Cavares, ce pays passa aux Romains, qui le comprirent dans la Viennaise, puis aux Bourguignons, aux Francs, aux comtes d'Arles (1054), et à ceux de Toulouse (1125). Il fut enlevé à ces derniers par les Croisés, qui combattaient les Albigeois (1226), mais il revint peu après à Raymond VII, comte de Toulouse, et fut porté par sa fille au prince Alphonse, frère de S. Louis (1237). Philippe le Hardi s'en empara en 1271 à la mort d'Alphonse, puis le céda au pape Grégoire X en 1274. Depuis ce temps, le Comtat Venaissin ne cessa, sauf diverses occupations temporaires de la part de la France, d’appartenir au St-Siége jusqu’à ce qu’en 1791 l’Assemblée législative le déclara réuni à la France ainsi qu’Avignon ; le tout forma le dép. de Vaucluse. Les traités de Tolentino et de Lunéville confirmèrent cette réunion.
VENANCE, poëte chrétien. V. FORTUNAT.
VÉNASQUE, Vindascinum, bourg du dép. de Vaucluse, à 12 kil. S. E. de Carpentras ; 1100 hab.
VÉNASQUE (port ou pas de), dans les Pyrénées, à 16 kil. S. de Bagnères-de-Luchon.
VENCE, Ventia, ch.-l. de c. (Alpes-Maritimes), à 22 kil. N. E. de Grasse ; 2710 hab. Ville très-anc., qui, après avoir été soumise par les Romains, reçut son nom du proconsul Ventius ; anc. évêché, transféré à Grasse au XIIIe s., et dont le titulaire prenait le titre d’évêque de Grasse et Vence.
VENCE (l’abbé de), commentateur de la Bible, né vers 1676 dans le Barrois, mort en 1749 à Nancy, avait été précepteur des jeunes princes de Lorraine, puis prévôt de l’église primatiale de Nancy. Chargé de surveiller l’impression de la Bible du P. Descarrières, imprimée à Nancy, il y ajouta 6 vol. d’Analyses et dissertations sur les livres de l’Ancien Testament, plus 2 vol. d’Analyses ou Explications des Psaumes (1738-43), qui donnèrent beaucoup de valeur à cette édition et qui lui ont valu le nom de Bible de Vence. Cette Bible, publiée à Nancy de 1738 à 1743, en 22 vol. in-12, a été réimprimée plusieurs fois, notamment à Paris, en 1827 et ann. suiv., 27 v. in-8.
VENCESLAS I (S.), duc de Bohême, né en 907, n’avait que 13 ans à la mort de son père Vratislas. Sa mère Drahomire, qui eut la régence, était païenne : elle tenta d’abolir le Christianisme en Bohême et persécuta cruellement les Chrétiens ; mais Venceslas, devenu majeur en 925, releva les autels après avoir éloigné sa mère et son frère Boleslas, qui s’opposaient à ses projets. Il ne songea, sur le trône, qu’à faire fleurir la justice et la religion, et pratiqua toutes les vertus. Ayant, par excès de bonté, rappelé sa mère et son frère, il fut assassiné en trahison par ce frère même, à Bunzlau, en 935 ou 936. On l’hon. le 28 sept.[[w:Venceslas II de Bohême (duc)| — II]], duc de Bohême en 1191, avait été 18 ans en exil, et avait en vain tenté de ravir le trône à son oncle Frédéric. Trois mois après son avènement, il fut chassé par Przémislas. Il allait implorer l’appui de l’emp. Henri VI lorsqu’il tomba entre les mains du margrave de Lusace, qui le jeta dans une prison où il mourut (1194). — III (I comme roi), fils de Przémislas-Ottocar I, né en 1205, m. en 1253, fut en 1226 associé à son père, et régna seul en 1230. Son règne est signalé par ses guerres avec le duc d’Autriche, par l’arrivée des Mongols en Moravie (1241), où ils commirent d’épouvantables dégâts, par sa participation à la lutte contre les Hohenstauffen et à l’élection de Guillaume de Hollande comme empereur (1247). Ses sujets, qu’il avait mécontentés par ses exactions, se révoltèrent contre lui et choisirent pour roi son fils (Ottocar II) ; mais il finit par comprimer la révolte. [[w:Venceslas II de Bohême (roi)|— IV (II comme roi)]], dit le Vieux, né vers 1270, m. en 1305, fut reconnu roi de Bohême en 1283, après un intervalle de 5 ans qui suivit la mort d’Ottocar II, son père. La régence fut confiée au marquis de Brandebourg, son cousin. En 1300, il fut élu roi de Pologne par le parti opposé à Vladislas IV (Lokietek), et il se mit en possession du royaume. Un parti hongrois lui offrit aussi la couronne de Hongrie (1301), mais il préféra la céder à son fils Venceslas V. C’est lui qui est le héros de la tragédie de Venceslas, par Rotrou. [[w:Venceslas III de Bohême|— V (ou III)]], fils du préc., fut élu roi de Hongrie en 1301 (à 12 ans) sur le refus de son père, se soutint en Hongrie contre Charles-Robert jusqu’en 1303, quitta ensuite ce royaume et abandonna ses prétentions à Othon IV de Bavière (1305) dès que, par la mort de son père, il fut appelé au trône de Bohême. Il se préparait à faire valoir ses droits sur la Pologne lorsqu’il fut assassiné à Olmutz en 1306. On imputa ce crime à la maison de Habsbourg. — VI (ou IV), l’Ivrogne et le Fainéant, roi de Bohême et empereur d’Allemagne, né en 1359, m ; en 1419, était fils de l’empereur Charles IV. À la mort de son père (1378), il réunit la couronne impériale au trône héréditaire de Bohême. Il causa toutes sortes de maux par son apathie, son lâche amour pour d’infâmes voluptés, et se fit universellement détester par son caractère sanguinaire. Entre les deux papes qui se disputaient le siège pontifical (Urbain VI et Clément VII), il se décida pour Urbain, mais sans pouvoir le faire reconnaître par ses peuples ; il laissa désoler l’Allemagne par l’anarchie et le brigandage, et permit aux grands de former des ligues, qui bientôt anéantirent son autorité ; il publia en 1389 une Paix publique, qui avait pour but de réprimer les désordres, mais qui y réussit fort peu. Il se rendit par ses cruautés si odieux en Bohême, que son frère Sigismond et son cousin Josse de Moravie, unis à l’archevêque de Prague, le firent enfermer (1394). Il fut relâché sur les représentations des États de l’Empire ; mais ces États eux-mêmes se révoltèrent bientôt, et Venceslas fut solennellement dépouillé du titre d’empereur (1400). Toutefois, il conserva son royaume de Bohême. Les dernières années de son règne furent ensanglantées par l’hérésie et les guerres de Jean Huss et de Ziska. Ce prince fut à la fois le Néron et le Sardanapale de l’Allemagne.
VENDÉE (la), riv. de France, naît dans le dép. des Deux-Sèvres, entre dans celui de la Vendée, passe à Fontenay, et tombe à 3 kil. N. E. de Marans dans la Sèvre Niortaise, après un cours de 75 kil.
VENDÉE (dép. de la), un des dép. maritimes, sur le golfe de Gascogne, au S. de celui de la Loire-inf., au N. de celui de la Charente.-Inf., comprend les îles de Noirmoutier et de Dieu et est arrosé par la Vendée, qui lui donne son nom : 8617 kil. carrés ; 395 695 hab. ; ch.-l., Napoléon-Vendée. Formé de l’anc. Bas-Poitou. On y distingue 3 régions naturelles : le Bocage, au centré et à l’E ;. le Marais à l’O., le long de la côte et au S. ; la Plaine, entre les deux. Climat varié (assez froid dans le Bocage, humide et malsain dans le Marais). Immenses marais salants ; sources minérales ; chanvre et lin (dans le Marais), céréales, légumes, fruits ; vins médiocres ; bois et prairies artificielles (dans le Bocage) ; bons chevaux, mulets, ânes, gros et menu bétail. Peu d’industrie (draps, toiles ; papier ; tanneries, corderies). Commerce actif : pêche abondante, surtout de sardines. — Ce dép. a 3 arr. (Bourbon, les Sables-d’Olonne, Fontenay-le-comte), 30 cant., 294 comm. ; il appartient à la 15e division militaire et à la cour impér. de Poitiers ; il forme le diocèse de Luçon.
VENDÉE (Guerres de la), nom commun aux diverses guerres qui eurent lieu entre les royalistes de l’Ouest de la France et les divers gouvernements qui remplacèrent l’ancien régime. Le Bas-Poitou (dép. actuel de la Vendée), l’Anjou, le Bas-Maine et la Bretagne en ont été le théâtre. Les insurgés étaient des nobles et des paysans, auxquels se mêlaient quelques prêtres. La 1re guerre commença en mars 1793 dans le Bocage : Lescure, Bonchamp, d’Elbée, Stofflet, Cathelineau, et surtout Larochejaquelein en furent les héros. Lescure eut d’abord des succès, entra dans Saumur et passa la Loire ; il marchait sur le Mans, quand l’indiscipline de ses troupes et quelques renforts qui arrivèrent aux Républicains le forcèrent à la retraite ; il fut défait à Saumur. En même temps Cathelineau échouait à Nantes ; Lescure fut peu après blessé à La Tremblaye ; d’Elbée, devenu général en chef, fut pris. Larochejacquelein réussit à sauver les Vendéens d’une ruine totale, mais il périt au combat de Nouaillé, 1794. La guerre prit alors un autre caractère : les insurgés s’éparpillèrent par bandes et se confondirent avec les Chouans ; leur principal chef, Charette, se montra souvent redoutable, mais il finit par être pris et fusillé à Nantes (1796). C’est Hoche qui eut l’honneur de mettre fin à cette 1re guerre, ce qui lui valut le titre de pacificateur de la Vendée. En 1799, par suite des fautes du Directoire, les Vendéens et les Chouans reprirent les armes. Brune fut cette fois chargé de les réduire, et il les amena dès le commencement de 1800 à une pacification. Un calme profond régna dans l'Ouest pendant tout le temps de l'Empire; mais, en 1815, pendant les Cent-Jours, les Vendéens semblèrent vouloir reprendre les armes : la présence du général Lamarque dans l'Ouest empêcha ce mouvement de devenir grave. Enfin, en 1832, après l'avènement de la maison d'Orléans, diverses bandes légitimistes se montrèrent dans la Vendée, mais sans prendre de consistance : l'arrestation de la duchesse de Berri fit évanouir ces tentatives. — Beauchamp, Crétineau-Joly, Théod. Muret ont écrit l'histoire des guerres de la Vendée.
VENDÉENS. On désigne ainsi, non-seulement les habitants de la Vendée, mais ceux qui firent contre la République les Guerres de la Vendée. V. l'art. préc.
VENDÉMIAIRE an IV (Journées des 12 et 13), 3 et 4 octobre 1795. On nomme ainsi la victoire qui fut remportée dans les murs de Paris sur les sections insurgées contre la Convention par les troupes que commandaient Barras et le général Bonaparte : le combat fut long et meurtrier devant l'église St-Roch ; mais enfin les sectionnaires furent vaincus.
VENDEN, v. de Livonie, ch.-l. de district, à 85 k. N. E. de Riga ; 1000 h. Évêché. Bâtie en 1205, elle fut quelque temps le ch.-l. des Porte-Glaive.
VENDES, peuple slave. V. WENDES et VÉNÈDES.
VENDEUVRE. V. VANDEUVRE.
VENDIDAD SADÉ, livre sacré des Parsis, attribué à Zoroastre, fait partie du Zend-Avesta : c'est à la fois un livre de droit et de liturgie; il est rédigé sous la forme d'un dialogue entre Ormuzd et Zoroastre. Il a été trad. par E. Burnouf. V. ZEND-AVESTA.
VENDÔME, Vendocinum, ch.-l. d'arr. (Loir-et-Cher), sur le Loir et en partie dans des îles formées par cette rivière, à 32 kil. N. N. O. de Blois; 9356 h. Trib. de 1re inst. et de commerce ; lycée (qui a remplacé un célèbre collège d'Oratoriens, fondé par César, duc de Vendôme). Belle église et haut clocher; anc. abbaye bénédictine de la Trinité (auj. quartier de cavalerie); bibliothèque. Cotonnades, mégisseries. Aux env. naquit Ronsard. — Vendôme était dès le IXe s. la capit. d'un comté qui eut des seigneurs particuliers jusqu'en 1373; il passa alors par alliance dans la maison de La Marche et fut en 1515 érigé en duché pairie par François I en faveur de Charles de Bourbon, grand-père de Henri IV. Celui-ci donna le titre de duc de Vendôme à l'un de ses fils qu'il avait eus de Gabrielle d'Estrées. Une Haute Cour de justice fut assemblée à Vendôme en 1795 pour juger Babeuf et ses complices. Combat près de Vendôme et occupation de la v. par les Allemands (16 déc. 1870).
VENDÔME (César, duc de), appelé de son vivant César Monsieur, fils aîné de Henri IV et de Gabrielle d'Estrées, né en 1594 au château de Coucy (Aisne), m. en 1665, fut légitimé dès 1595 par son père qui lui fit don du duché de Vendôme et lui donna rang immédiatement après les princes du sang. Il épousa la fille du duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne, et devint lui-même gouverneur de cette province. Sous Louis XIII, il trempa dans le complot de Chalais contre Richelieu (1626) : il en fut puni par quatre années de détention et la perte de son gouvernement. Accusé en 1641 d'avoir eu part au projet d'empoisonner le cardinal de Richelieu, il s'enfuit en Angleterre, d'où il ne revint qu'en 1643. Pendant la minorité de Louis XIV, il fut, ainsi que son fils, le duc de Beaufort, un des chefs du parti des Importants, mais il fit la paix avec Mazarin dès qu'on lui eut conféré le gouvernement de la Bourgogne avec le titre de surintendant général de la navigation et du commerce de France. C'était un homme d'esprit, mais remuant et sans portée politique. C'est lui qui fonda le collège de Vendôme.
VENDÔME (Louis, duc de), fils aîné du préc., 1612-69, porta le nom de duc de Mercœur jusqu'à là mort de son père et épousa en 1651 Laure Mancini, nièce de Mazarin. Il fut en 1649 vice-roi de Catalogne pour la France et commanda en Provence, puis en Lombardie (avec le duc de Modène), 1656. Après la mort de sa femme, il entra dans l’Église : il devint cardinal en 1667 et fut légat de Clément IX en France.
VENDÔME (L. Jos., duc de), célèbre général, fils aîné du préc., né en 1654, porta le titre de duc de Penthièvre jusqu'à la mort de son père. Il fit ses premières armes contre la Hollande en 1672, devint maréchal de camp en 1678, gouverneur de la Provence en 1681, se distingua aux sièges de Mons, de Namur, aux batailles de Steinkerque, de la Marsaille; fut envoyé comme général en chef en Catalogne (1695), prit Barcelone, et par ses succès eut grande part à la conclusion de la paix de Ryswyk (1697). Pendant la guerre de la succession d'Espagne, il combattit sur les trois principaux théâtres de la guerre : en Italie, aux Pays-Bas, en Espagne. En Italie, il répara d'abord avec éclat les fautes de Villeroi (1702), mais son indolence et l'habileté du prince Eugène qui souvent lui fut opposé l'empêchèrent de frapper des coups décisifs : il se laissa surprendre à Luzzara par Eugène (1702); cependant il balança la fortune à Cassano et surprit à son tour les Impériaux à Calcinato (1706). En Flandre, où il fut envoyé en 1708, il commit des fautes graves, permit la jonction de Marlborough et d'Eugène, et perdit ainsi la bataille d'Oudenarde. Plus heureux en Espagne, il remporta la victoire de Villaviciosa (1710), ramena Philippe V à Madrid et raffermit sur la tête de ce prince la couronne qui paraissait perdue. Il se rendait en Catalogne pour achever la soumission de l'Espagne, lorsqu'il mourut à Tinaros, petite ville du royaume de Valence (1712). Philippe V fit porter son deuil à toute l'Espagne et le fit inhumer à l'Escurial dans le tombeau des infants. Vendôme avait le coup d'œil et le génie d'un grand général, mais il lui manquait l'activité, la réflexion, la prudence. C'est un homme de beaucoup d'esprit; on ne peut non plus lui refuser le désintéressement et la bonté ; mais ses mœurs étaient fort relâchées et il avait le tort d'en faire parade.
VENDÔME (Philippe, dit le grand prieur de), frère du préc., né en 1685, m. en 1727, entra dans l'ordre de Malte, parut en 1669 au siège de Candie, fit les campagnes de Hollande, d'Allemagne, de Flandre, devint maréchal de camp en 1691, grand prieur de France et lieutenant général en 1693, eut part aux succès de Catinat en Italie, à ceux de son frère en Catalogne, commanda en Lombardie, et eut lui-même un succès à Castiglione en 1705, mais fut disgracié et privé de ses bénéfices pour n'avoir point donné à la bataille de Cassano (1706). Il alla vivre à Rome ; mais au bout de cinq ans il put revenir en France et recouvra tous ses bénéfices. Il résidait au Temple et y avait formé un cercle choisi de gens de lettres et d'amis du plaisir, parmi lesquels brillaient Chaulieu et Lafare. En lui s'éteignit la maison de Vendôme,
VENDÔME (Place), une des plus belles places de Paris, dans l'axe de la rue de la Paix et de la rue Castiglione, est de forme octogone et bâtie tout entière d'après une architecture uniforme (l'ordre corinthien) : le dessin en est dû à J. Hardouin Mansard. Louis XIV fit ouvrir cette place en 1686 sur le terrain de l'ancien hôtel de Vendôme; on y plaça une statue équestre colossale de ce prince, œuvre de Girardon. Cette statue fut brisée en 1793 : c'est sur son emplacement qu'on éleva en 1805 la Colonne de la Grande Armée, qui fut surmontée de la statue de Napoléon.
VENDOMOIS, petit pays de l'anc. France, faisait partie de la Beauce; ch.-l., Vendôme. Il est auj. réparti entre les dép. de Loir-et-Cher et de la Sarthe.
VENDOTENA (île), Pandatarie, île de l'Italie mérid. (Naples), à 10 kil. N. O. de celle d'Ischia : 3 kil. sur 2; 500 h. Lieu d'exil sous les Romains. Désertés au IXe s., à cause des incursions des barbaresques, elle fut repeuplée en 1769 d'indigents tirés de Rome.
VENÈDES, Venedi, peuple de Germanie, vers l'embouch. de la Vistule, le même que les Wendes. V. ce nom. — Il y eut aussi des Venèdes dans le sud du Norique: c'étaient des Wendes qui, après avoir prit part aux grandes invasions des Ve et VIe s., furent, vers 610, refoulés au loin par la marche des Avares vers l'O. ; leur pays a depuis été la Carnie (Carniole et S. de la Carinthie), qu'au moyen âge on nommait Marche des Vénèdes. Ce sont encore des Venèdes qui peuplèrent la Vénétie. V. VENÈTES et VÉNÉTIE.
VÉNÉDIQUE (golfe), auj. le Golfe de Dantzick.
VÉNÈLES, Veneli, peuple de la Gaule (Lyonnaise 2e), à l'O., avaient pour villes principales Constantia (Coutances) et Crociatonum (Valognes).
VENER (Lac), grand lac de Suède (Gothie et Suède propre), entre les lans de Carlstad, Elfsborg et Skaraborg : 145 kil. sur 75. Il s'écoule dans le Cattégat par le Gœta-Elf et communique avec le lac Vetter par le canal de Trolhatta, ouvert en 1844. — Au S. O. du lac est la ville de Venersborg, ch.-l. de l'Elfsborg.
VENERONI (Jean VIGNERON, dit), natif de Verdun, italianisa son nom, vint à Paris, se fit passer pour Florentin, eut de grands succès comme maître d'italien, et devint secrétaire interprète du roi. Il publia un Dictionnaire italien-français et français-italien (1708), et une Grammaire italienne (1710), qui ont longtemps été classiques.
VÉNÈTES, peuple slave d'origine, qui donna son nom à la Vénétie. — Peuple de la Gaule (Lyonnaise 3e), au S. O., avait pour ch.-l. Veneti, d'abord Dariorigum, auj. Vannes. — Les Venèdes de la Baltique, les Vénètes de l'Italie, de la Gaule, de la Paphlagonie semblent avoir été des peuplades de même origine, toutes appartenant à la race wende.
VÉNÉTIE, Venetia, contrée de l'anc. Italie, au N. E. de la Gaule Cisalpine et au N. du Padus, entre l'Ollius (l'Oglio) et l'Adriatique, devait son nom à des Wendes qui étaient venus s'y établir. Aquilée, Patavium, Vérone, Vicence en étaient les villes principales. A la Vénétie on ajoutait ordinairement l'Istrie; ces deux pays, réunis sous le titre de Venetia cum Istris, formèrent sous l'empire romain une province de la préfecture d'Italie, dans le diocèse d'Italie propre. — Dans les temps modernes, la Vénétie a passé par divers gouvernements : d'abord gouvernée par les doges (jusqu'en 1797), elle fit successivement partie de l'empire d'Autriche (1797-1805), puis du roy. d'Italie (1805-14), retomba sous les Autrichiens (1814-66), et fut enfin réunie au roy. d'Italie en 1866. V. VENISE (État de) et VENISE (gouvernement de).
VENETTE (Jean de), romancier et chroniqueur, né vers 1307 près Compiègne, m. en 1369, était prieur du couvent du Carmel à Paris. On lui doit la 2e continuation de la Chronique de Guill. de Nangis, de 1348 à 1368 (dans le Spicilegium de d'Achéry), et le poëme des Trois Maries.
VENETTE (Nicolas), médecin (1632-98), professeur d'anatomie et de chirurgie à La Rochelle, a donné un bon Traité du scorbut (1671) ; mais est plus connu par un Tableau de l'amour conjugal, qui n'est qu'un livre obscène et un roman médical.
VENEUR (Grand), grand officier de la Couronne. V. VENEUR dans notre Dict. univ. des Sciences.
VÉNÉZUÉLA (République de), État de l'Amérique du Sud, borné au N. par le mer des Antilles, à l'E. par l'Atlantique et la Guyane anglaise, au S. par le Brésil, à l'O. par les République de la Nouv. Grenade et de l’Équateur : 1 115 000 k. carr.; env. 1 600 000 hab. (dont seulement 450 000 blancs, les autres Indiens, Noirs et Métis); capit., Caracas. Le pays, divisé d'abord en 4 grands départements (Venezuela, Zulia, Orénoque, Maturin), forme auj. 13 prov. : Maracaïbo, ch.-l. Maracaïbo; Coro, ch.-l. Coro: Truxillo, ch.-l. Truxillo; Mérida, ch.-l. Mérida; Varinas, ch.-l. Varinas; Apure, ch.-l. Achagua; Guyane, ch.-l. Angostura; Cumana, ch.-l. Cumana; Barcelone, ch.-l. Barcelone; Margarita (île), ch.-l. Margarita; Caracas, ch.-l. Caracas; Carabobo, ch.-l. Valencia; Barquisimeto, ch.-l. Barquisimeto. A l'E. et au N., chaîne de montagnes peu élevées; à l'O. et au S., immenses plaines et grands fleuves (l'Amazone, qui forme limite au S., et l'Orénoque, dont presque tout le cours est compris dans la république, avec leurs nombreux affluents). Climat varié, très-chaud dans les plaines, délicieux dans les vallées, froid dans les montagnes. Sol très-fertile (denrées équatoriales, caféyer, cacaotier, cotonnier; plantes médicinales et tinctoriales, salsepareille, aloès, indigo, etc.). Immenses espaces presque sans culture, dans lesquels errent quelques peuplades indigènes et de nombreux troupeaux de moutons et de gros bétail. Peu d'industrie et de commerce; on exporte beaucoup de peaux de bœuf. — Le Venezuela, dont le nom veut dire Petite-Venise, fut ainsi appelé par les Espagnols à cause de la ressemblance qu'ils trouvèrent entre plusieurs villes indiennes situées sur le lac de Maracaïbo, et celle de Venise bâtie sur des lagunes. Il formait jadis, sous la domination de l'Espagne, la moitié occidentale de la capitainerie générale de Caracas. Indépendant dès 1811, il fit de 1819 à 1831 partie de la république de Colombie qui, à cette dernière époque, se scinda en trois États distincts. Le Venezuela forma dès lors un État indépendant. D'après la constitution de 1858, le pouvoir suprême appartient à un Congrès, composé d'un sénat et d'une chambre de représentants; le pouvoir exécutif à un président, élu pour 4 ans. La majorité des habitante est catholique : il y a un archevêque à Caracas, et des évêques à Mérida et à Angostura. Caracas et Mérida ont chacune une université.
VÉNÉZUÉLA (Golfe de). V. MARACAÏBO.
VENGEUR (le), vaisseau. V. VILLARET et HOWE.
VENISE, Venetia en latin, Venezia en italien, v. et port du roy. d'Italie, ch.-l. de la prov. de Venise, au fond de l'Adriatique; 130 000 h; Patriarche catholique, archevêque arménien, évêque grec. Port franc (depuis 1829). Bâtie sur pilotis au milieu des lagunes, Venise se compose d'un groupa de 70 petites îles (Malamocco, Torcello, Murano, Mazorbo, San-Lazzaro, Giudeco, San-Giorgio, etc.), liées les unes aux autres par 329 ponts; elle semblé sortir des eaux et offre un aspect unique : 9000 gondoles parcourent les nombreux canaux que ces îles laissent entre elles; la ville est partagée en deux parties inégales par le Canal Grande. On y remarque la magnifique place St-Marc, qui est le point central, celles de St-Étienne, St-Paul, St-Jean-Paul, Ste-Marie de Fornoue. Les rues sont très-étroites, mais bien pavées en dalles. Parmi les nombreux monuments de Venise, on cite la basilique de St-Marc, remarquable par ses coupoles et ses 500 colonnes de marbre, que surmontent les chevaux apportés jadis de Constantinople ; les églises des Déchaux, des Jésuites, du Salut, de St-George, du Rédempteur, des Frères, de St-Jean-Paul, du St-Sauveur; le ci-devant Palais ducal, orné d'une foule de tableaux et de statues des plus grands maîtres, et où l'on voit encore les plombs et les puits, anciennes prisons d'État; les palais Grassi, Grimani, Balbi, Rezzonico; le pont des Soupirs, le pont de Rialto, d'une seule arche de 28m d'ouverture; la promenade de la Piazzetta, le quai des Esclavons, le Jardin public, à l'extrémité E.; sept théâtres, entre autres celui de la Fenice, un des plus beaux de l'Italie, l'arsenal, le chemin de fer, qui va de Venise à Milan. Lycée, séminaire de la Salute, collége delle Salesiane (pour les jeunes filles), école de navigation, des cadets de marine, des beaux-arts. Académie des beaux-arts, athénée, riche bibliothèque de St-Marc, précieuse surtout par ses manuscrits. L'industrie et le commerce, auj. bien déchus, consistent surtout en verroterie, os d'animaux, bois de construction, laines, soies grèges et ouvrées, thériaque, savon, chapeaux de paille, rosolio, pianos. Pêche fort active de sardines et d'huîtres. — Venise doit son origine à quelques familles Venètes d'Aquilée et de Padoue qui, fuyant devant Attila, se retirèrent dans les îles des lagunes (vers 452). Chaque île d'abord s'administra elle-même. Vers 697, elles se réunirent et choisirent un chef unique qui reçut le nom de duc ou de doge : Anafeste fut le premier (697-717). La nouvelle république fut censée sujette de l'empire d'Orient; mais au Xe s. elle devint indépendante de fait. En 997, sous Pierre Orseolo II, Venise jeta les fondements de sa puissance en soumettant les villes maritimes de l'Istrie et de la Dalmatie (entre autres Zara). Le XIe s. et surtout le XIIe lui furent très-favorables : ses navires, rivaux de ceux de Pise et de Gênes, transportaient les marchandises et les pèlerins. Pendant les Croisades, elle transporta surtout les Croisés, et souvent elle se fit donner en payement partie des villes conquises sur les Infidèles. Guelfe plus que Gibeline, bien que ne prenant qu'un intérêt secondaire à la guerre du sacerdoce et de l'empire, elle nuisit beaucoup à Frédéric Barberousse, battit la flotte impériale au cap Melloria, et contribua à la paix de Venise (1177) : c'est en récompense des services ainsi rendus par les Vénitiens à la cause guelfe que le pape Alexandre III donna au doge un anneau qu'il devait jeter tous les ans dans la mer comme symbole de son union avec cet élément, qui devait lui être soumis comme l'épouse l'est à l'époux. Peu après, sous le doge H. Dandolo, Venise affectait en effet l'empire de l'Adriatique. La conquête de Constantinople par les Latins, à laquelle elle avait pris part par sa marine (1204), lui valut la plupart des îles de l'Archipel, Négrepont, Candie, les ports de la Morée, et un quart de Constantinople. Jusqu'en 1261, Venise joua le premier rôle dans l'ancien empire grec; mais quand Michel VIII (Paléologue) eut repris Constantinople (1261), et surtout après les défaites de 1291 et 1298, cette primauté devint le lot de Gênes : de là une longue lutte entre les deux républiques (guerres de Caffa, 1350-1355, de Chiozza, 1378-1381). Cette dernière guerre, terminée par la paix de Turin en 1381, fit perdre à Venise toutes ses conquêtes en Terre-Ferme; toutefois elle se releva bientôt et se dédommagea en obtenant la Marche de Trévise (1388), le Padouan (1405), le Bressan (1428). Après la prise de Constantinople par les Turcs, Venise s'honora par une courageuse résistance (1461-1477); néanmoins, elle se vit enlever par Mahomet II beaucoup d'îles de l'Archipel, entre autres Négrepont, plus les places de la Morée. A la mort de Scanderbeg, elle posséda momentanément divers districts de l'Albanie, et, en 1489, elle se fit céder le roy. de Chypre par Catherine Cornaro. Venise était alors la première puissance commerçante de l'Europe ; elle jouait aussi un rôle essentiel dans la politique de l'Italie : c'est elle qui forma la ligue contre Charles VIII, vainqueur de Naples (1495), et qui fit échouer tous ses projets. Mais la découverte du passage aux Indes par le Cap (1497) et celle de l'Amérique (1492) portèrent à son commerce un coup mortel; la ligue de Cambray, formée contre elle en 1508 par l'empereur, le pape, les rois de France et d'Aragon, la mit à deux doigts de sa perte et lui coûta la Polésine avec cinq villes dans le roy. de Naples; en 1571 Chypre lui fut prise sous Sélim II, ainsi que les douze Cyclades. En 1618, une conspiration dirigée par Bedmar, faillit assujettir Venise à l'Espagne. En 1669, sous Mahomet IV, une guerre ruineuse lui arracha Candie. En vain, elle recouvra quelques places en Morée (1683-99) : elle les reperdit encore en 1739. En 1797, Venise, bien qu'elle fût restée neutre en apparence, fut occupée par Bonaparte, qui, par le traité de Campo-Formio, livra tout son territoire à l'Autriche (ne gardant que les îles au S. E.), contre la cession du duché de Milan et la limite du Rhin. En 1805, la paix de Presbourg joignit Venise et son territoire au roy. d'Italie, mais le tout revint à l'Autriche en 1814, et, uni à la Lombardie, forma le royaume Lombard-Vénitien. Sous la domination autrichienne, Venise n'a fait que dépérir. En 1848, elle proclama la république, mais elle fut réduite en 1849 après un long et glorieux siège (V. MANIN), et vit son sort s'aggraver. Elle a été réunie au royaume d'Italie en 1866. — Au moyen âge, Venise n'était pas moins célèbre par son industrie que par sa puissance politique : elle revendique l'invention du papier ; c'est de ses presses que sortit le premier livre imprimé en Italie; elle a été longtemps sans égale pour la fabrication des glaces. Elle a aussi excellé dans la peinture : aux XVIe et XVIIe s., l'école vénitienne a été sans comparaison la première pour le coloris : c'est à cette école qu'appartiennent les frères Gentile et Giovanni Bellini, le Giorgione, le Titien, le Tintoret, Paul Véronèse. Enfin Venise eut longtemps la réputation d'une ville de plaisir : ' son Carnaval y attirait les étrangers de toute l'Europe. — Le gouvernement républicain de Venise était une forte et ombrageuse aristocratie; ses nobles étaient inscrits dans un registre dit Livre d'or. Le chef de l'État, doge ou duc, était à vie, mais comme presque tous les doges étaient nommés fort vieux, aucun d'eux, depuis J. Foscari (qui gouverna 34 ans, 1423-1457), ne resta au pouvoir plus de 16 ans. Le pouvoir du doge, presque absolu dans l'origine, fut de plus en plus restreint à la suite de révolutions intestines. Il était limité par le Grand-Conseil ou Sénat, le Conseil des Dix, les Inquisiteurs d'État, le Conseil des Pregadi (chargé avec le doge du pouvoir exécutif), et le tribunal de la Quarantie. Les Vénitiens nobles avaient seuls accès aux charges politiques. Les provinces étaient régies par des provéditeurs, les villes par des podestats. La force armée consistait en Dalmates, dits stradiotes. — Depuis Anafeste jusqu'à Louis Marini, dernier doge (de 697 à 1797), pendant un espace de 1100 ans, Venise compta 122 doges. Les familles ducales les plus connues sont celles des Gradenigo, Candiano, Orseolo, Contarino, Faliero, Morosini, Ziani, Dandolo, Tiepolo, Mocenigo, Foscari, Pisani. Daru a écrit une Histoire de la république de Venise, 1828, 8 vol. in-8, ouvrage fort estimé. H. Galibert en a donné une histoire abrégée, qui va jusqu'en 1848.
VENISE (État de). Avant 1797, il comprenait les provinces suivantes : 1. Le Dogado ou duché de Venise (Venise, quelques îles et un peu de Terre-Ferme); 2. Le Padouan (Padoue, Bassano, Abano, Este) ; 3. La Polésine de Rovigo; 4. Le Véronais (Vérone, Carpi, Peschiera); 5. Le Vicentin (Vicence, Asiago); 6. Le Bressan (Brescia, Salo, Lonato, Chiari); 7. Le Bergamasc (Bergame, Crémone); 8. Le Crémasque (Crême); 9. La Marche Trévisane (subdiv. en Trév-san, Feltrin, Bellunais et Cadorin) ; 10. Le Frioul (Udine, Sacile, Pordenone); 11. L'Istrie (Pola, Capo d'Istria) ; 12. Sur la côte de Dalmatie, Nona, Zara, Trau, Spalatro, Sebenico, Clissa, la prov. Primorise (ch.-l., Cettigne), Signia, l'Herzégovine, Cattaro; 13. Les îles dalmates depuis Osera jusqu'à Curzola ; 14. En Albanie, Parga, Prevesa, Vonizza, Butrinto ; 15. Les îles Ioniennes. Ces quatre dernières provinces passèrent de 1797 à 1801 entre les mains de la France, à qui bientôt l'Angleterre ravit les îles. De 1805 à 1814, les dix premières, englobées dans le roy. d'Italie, formèrent les dép. de l'Adriatique, de la Brenta, du Bacchiglione, de l'Adige, du Serio, de la Mella, du Tagliamento, de la Piave, du Passeriano. Elles ont été depuis données à l'Autriche et jointes au roy. Lombard-Vénitien, puis (1866) réunies au roy. d'Italie (V. ce mot). Les îles Ioniennes formèrent un petit État sous la protection de l'Angleterre.
VENISE (ancien gouvt de) ou VÉNÉTIE, un des 2 gouvts de l'anc. roy. Lombard-Vénitien, avait pour bornes la Lombardie à l'O., le Tyrol et l'Illyrie au N., et l'Adriatique des autres côtés : 250 kil. du N. E. au S. O., sur 108 de largeur moyenne; 25 000 kil. carr., 2 000 000 d'hab. ; ch.-l. Venise. Il était divisé en 8 délégations : Venise, Padoue, Polésine de Rovigo, Vérone, Vicence, Bellune, Trévise, Udine. V. VÉNÉTIE.
VENISE (Golfe de), partie de l'Adriatique comprise entre la côte N. E. de l'Italie (de l'embouch. du Tagliamento à celle du Pô) et la presqu'île de l'Istrie. Sur cette côte se trouvent les Lagunes, vastes marais qui occupent presque tout le littoral, de la Piave à la Brenta. Leur surface est d'environ 600 kil. carr. Le voisinage en est très-insalubre.
VENIX, peintre. V. WEENIX.
VENLOO, Sablones, v. forte du Limbourg hollandais, sur la r. dr. de la Meuse, à 20 kil. N. E de Ruremonde; 6500 hab. Petit port. Fortifications importantes. Épingles, aiguilles, huiles, etc. Anc. ville hanséatique. Prise par Marlborough en 1708, cédée à la France en 1795; attribuée en 1814 aux Pays-Bas; surprise en 1830 par les Belges; restituée depuis à la Hollande. — V. VANLOO.
VENOSA, Vénusie, v. d'Italie (Basilicate), sur un affluent de l'Ofanto, à 37 kil. N. de Potenza; 3500 h. Évêché. Belle cathédrale; monument de Guillaume Bras de Fer; aqueduc, ruines antiques. V VÉNUSIE.
VENT (ÎLES DU) et SOUS LE VENT. V. ANTILLES.
VENTA, nom commun à deux villes de la Bretagne romaine : Venta Belgarum, auj. Winchester; Venta Icenorum, auj. Norwich ou Caster.
VENTADOUR, bg et château du dép. de la Corrèze, dans l'anc. Limousin, à 24 k. de Tulle. Seigneurie possédée d'abord par une branche de la maison de Comborn, puis aux XVe s. par celle de Lévy; érigée en duché pairie en 1578.
VENTENAT (Ét. Pierre), botaniste, né à Limoges en 1757, mort en 1808, d'abord Génovéfain, puis professeur de botanique et bibliothécaire au Panthéon, a laissé: Tableau du règne végétal, 1779; le Jardin de la Malmaison, 1803-5, in-f°, d'une admirable exécution ; Choix de Plantes, 1803-8. Il se distingue surtout comme iconographe.
VENTIDIUS BASSUS (P.), général romain, natif d'Asculum, était originairement esclave, ayant été pris dans la guerre sociale. Il servit dans la guerre des Gaules sous César, qui lui confia plusieurs affaires importantes, et qui le fit nommer sénateur, tribun du peuple, préteur; après la mort de César, il s'attacha à Antoine, dont il fut le principal lieutenant dans la guerre de Pérouse (41 av. J.-C.). Opposé ensuite aux Parthes, il les chassa de l'Asie-Mineure et de la Syrie; il allait les poursuivre dans leur propre empire, lorsque Antoine, jaloux de sa gloire, vint lui enlever le commandement (37) ; néanmoins il lui fit accorder le triomphe.
VENTOUX (Mont), Ventosus mons, mont. de France (Vaucluse), au N. E. de Carpentras, fait partie des Alpes Cottiennes: 1912m. Elle tire son nom des vents violents qui règnent au sommet.
VENTS, divinités subalternes, subordonnées à Éole. V. l'art. VENT dans notre Dict. univ. des Sciences.
VENTURA (le P.), éloquent prédicateur, né en 1792 à Palerme, mort en 1861, entra dans l'ordre des Théatins, dont il devint général en 1824, fut pendant quelque temps un des conseillers les plus écoutés des papes Léon XIII, Pie VIII et Grégoire XVI, mais se vit obligé en 1836 de s'éloigner à cause de ses rapports avec Lamennais, alors rebelle; passa 10 ans loin de Rome, se livrant à la prédication, acquit dans toute l'Italie une grande popularité par sa parole éloquente et par ses efforts pour concilier la religion et la liberté; fut nommé en 1848 par le gouvernement insurrectionnel de la Sicile commissaire près de la cour de Rome et défendit l'idée d'une Confédération italienne, quitta Rome lors du siège de cette ville (1849) et alla s'établir à Montpellier, où il s'exerça pendant deux ans à prêcher et à écrire en français, puis vint à Paris où il se livra avec un nouveau succès à la prédication, et composa en français plusieurs ouvrages de philosophie et de piété : La raison philosophique et la raison catholique (1852), Les femmes de l’Évangile (1853), La femme catholique (1854). Ses sermons italiens forment 6 vol. in-8; ses sermons français ont été réunis en 1862. Cet orateur excellait aussi dans l'oraison funèbre : on estime surtout son Éloge mortuaire de Pie VII et son Oraison funèbre d'O'Connell.
VÉNUS, en grec Aphrodite, déesse de la beauté, naquit suivant les uns de Jupiter et de Dioné, suivant d'autres de l'écume de la mer : ce qui signifie sans doute que son culte fut apporté en Grèce par des navires étrangers. Elle apparut à la surface des eaux, puis fut reçue dans le ciel, où Jupiter la donna pour femme à Vulcain, le plus laid des Dieux. On lui impute de nombreuses infidélités : elle eut de Jupiter les Grâces; de Mercure, Hermaphrodite; de Bacchus, Priape et Hymen; d'Anchise, Énée; de Butès, Éryx; de Mars, Harmonie et l'Amour; en outre, elle s'éprit du bel Adonis. Vulcain, l'ayant un jour surprise avec Mars, les enveloppa tous deux d'un filet et se vengea en les exposant ainsi à la risée des dieux assemblés. Dans la lutte engagée avec Junon et Minerve pour le prix de la beauté, c'est Vénus qui remporta le prix (V. PÂRIS). Lors de la guerre de Troie, elle se déclara pour les Troyens : blessée par Diomède, elle se vengea en inspirant à la femme de ce prince des fureurs adultères. Elle avait également enflammé de ses feux les Prétides, les Lemniennes, les filles de Cinyre, Pasiphaé, Phèdre. Troie prise, elle dirigea la flotta d'Énée vers l'Italie. Les Romains, qui se prétendaient issus d'Énée, la vénéraient comme leur mère. Vénus était adorée surtout dans l'île de Cypre (à Paphos, Amathonte, Idalie, etc.), et à Cythère. De là les surnoms de Cypris, Paphia, Cythérée, etc. On la nommait encore, comme sa mère, Dioné; on l'appelait Anadyomène, en tant que sortant des eaux; Génétyllide, comme présidant à la génération. On admettait aussi une Vénus-Uranie qui, selon les uns, n'était que le Ciel personnifié, et, selon d'autres, la déesse de l'amour platonique ou des sciences; on l'opposait à la Vénus Pandémos, c.-à-d. publique ou vulgaire. Les Syriens et les Phéniciens la nommaient Astarté (ou mieux Achtoret), et en faisaient la femme du Soleil. Le myrte, la rose, la colombe, l'éperlan, la dorade étaient consacrés à Vénus; on croyait retrouver cette déesse dans la planète qui porte son nom. On la représentait nue, belle, jeune, riante, tantôt le pied sur les flots, sur une tortue de mer ou sur une conque marine, tantôt traînée sur un char attelé de colombes. Les poëtes lui attribuent une ceinture dite la Ceinture de beauté, qui donne à celle qui la porte un charme irrésistible. Il existe de Vénus une infinité de statues; les plus belles sont la Vénus de Médicis, qu'on croit être une copie de la Vénus de Cnide de Praxitèle, et la Vénus dite de Milo (parce qu'elle fut découverte dans l'île de Milo en 1820).
VÉNUSIE, auj. Venosa, de la Daunie, sur les confins de la Lucanie, au S. O. de Cannes. Patrie d'Horace. Restes d'un théâtre ancien, catacombes (grottes de Sta Rufina).
VÊPRES, partie de l'office divin. V. VÊPRES dans notre Dict. univ. des Sciences.
VÊPRES SICILIENNES, nom donné au massacre que les Siciliens firent des Français en 1282 et dont le résultat fut d'arracher à Charles d'Anjou la souveraineté de la Sicile. Selon la tradition vulgaire, le massacre commença à Palerme le lundi de Pâques, 30 mars, au coup de la cloche de vêpres, et s'étendit bientôt par toute la Sicile : on évalue à 8000 le nombre des Français qui périrent : ce massacre aurait été prémédité par Jean de Procida, agent de Pierre d'Aragon, le compétiteur de Charles d'Anjou, et l'heure en aurait été fixée à l'avance; selon une opinion plus vraisemblable, le massacre n'aurait pas été prémédité : seulement, les Siciliens, mécontents de la domination française, et excités par Procida, n'attendaient que l'occasion de se soulever, quand, le lundi de Pâques, au moment où les habitants de Palerme se rendaient en foule à l'église de Montréal, à l'heure des vêpres, un Provençal, nommé Drouet, leur fournit cette occasion en insultant une femme; tout le peuple s'ameuta aussitôt et les Français, surpris sans défense, furent tous égorgés. Les Vêpres siciliennes ont fourni à Casimir Delavigne le sujet d'une de ses plus belles tragédies.
VER, vge du Calvados, à 12 kil. N. E. de Bayeux. Les Calvinistes y furent battus par Montluc en 1562.
VERA (Pierre de), conquérant des Canaries, né en 1440 à Xérès-de-la-Frontera, d'une famille noble d'Andalousie, fut envoyé en 1480 par Ferdinand et Isabelle à la Grande-Canarie comme capitaine général, consolida la domination espagnole dans cette île et soumit tout l'Archipel en 5 ans. Il déporta tous les Guanches, habitants indigènes, divisa les terres entre ses soldats et des colons qu'il appela d'Espagne, et y naturalisa la canne à sucre. Rappelé en 1488 à cause des violences qu'il exerçait,il se signala dans la guerre contre Grenade, 1492, et mourut peu après à Xérès.
VERA-CRUZ, v. et port du Mexique, capit. de l’État de Vera-Cruz, sur le golfe du Mexique, à 370 k. E. de Mexico ; env. 10 000 hab. La Vera-Cruz est défendue par le fort de St-Jean-d'Ulloa, situé sur un îlot, à moins d'un kil. de distance, et qu'on regardait comme imprenable. Ce fort est le dernier point qu'aient possédé les rois d'Espagne dans la guerre de l'indépendance : les insurgés s'en rendirent maîtres en 1823; les Français, commandés par l'amiral Baudin, le prirent en 1838, après quelques heures de canonnade. Chaleurs excessives de mai à septembre; climat mal sain : la fièvre jaune y règne pendant la saison chaude. — C'est sur l'emplacement de la Vera-Cruz que Fernand Cortez aborda en 1519, le Vendredi-Saint, pour commencer la conquête du Mexique. Occupée en 1838 par les Français, en 1847 par les États-Unis, cette place fut de nouveau prise et occupée par les Français en 1862. — L'État de Vera-Cruz, entre ceux de Puebla et de San-Luis de Potosi, a 640 kil. du N. O. au S. O., sur env. 100 de largeur; 330 000 hab. Climat très-varié, brûlant et insalubre dans les plaines, glacé sur les montagnes.
VERAGRI, peuple de l'Helvétie, habitait la partie inférieure du Valais, aux environs de Sion; ch.-l. Octodurus (auj. Martinach ou Martigny).
VERAGUA, anc. dép. de Colombie, avait pour bornes à l'E. la province de l'Isthme, à l'O. le Guatemala, au N. la mer des Antilles, au S. le Grand-Océan : 270 kil. sur 140; 40 000 hab.; ch.-l., Santiago de Veragua (à 200 kil. S. O. de Panama).
VERA PAZ (SAN-DOMINGO DE LA) ou COBAN, v. de Guatemala, ch.-l. d'un dép. de même nom, à 200 k. N. N. E. de Guatimala-la-Nueva; 12 000 hab.
VERAZZANI (J.), navigateur florentin, hé vers la fin du XVe s., fut envoyé par François Ier, en 1524, dans l'Amérique septentr., et en visita les côtes orientales depuis le 30° degré de lat. N. jusqu'à Terre-Neuve, dont il prit possession au nom de la France. La relation de son voyage se trouve dans la Collection de Ramusio et dans l’Histoire générale des voyages.
VERBANUS LACUS, auj. le Lac Majeur.
VERBE (le), fils de Dieu. V. JÉSUS-CHRIST.
VERBERIE, bourg du dép. de l'Oise, sur la r. g. de l'Oise, à 16 kil. N. E. de Senlis; 1500 hab. Position charmante; station de chemin de fer ; eau ferrugineuse; antiquités druidiques. Les rois de Neustrie y avaient un palais célèbre. Il s'y tint en 752 une assemblée générale de la nation ; il s'y tint aussi plusieurs conciles, en 723, 853, 863 et 869.
VERBIEST (Ferdinand), jésuite, né vers 1630 à Bruges, m. en Chine en 1688, se distingua comme missionnaire et comme astronome, fut nommé par l'empereur de Chine Kang-hi président du tribunal des mathématiques, répara le désordre du calendrier des Chinois, dirigea la fabrication de leur artillerie et compta parmi ses élèves l'empereur lui-même. Il a laissé Liber organicus astronomiæ europææ apud Sinus restitutæ, et plusieurs ouvrages écrits en langue chinoise (manuscrits à la bibliothèque impériale).
VERBIGÈNES. V. URBIGÈNES.
VERCEIL, Vercelli en ital., Vercellæ des anciens, v. forte de la Hte Italie, dans les anc. États sardes (Novare), ch.-l. de petite intend., sur la Sesia, à 76 k. N. E. de Turin; 19 000 hab. Évêché, cathédrale, hôpital, jardin botanique, etc. Étoffes de soie. — Catulus et Marius remportèrent à Verceil une grande victoire sur les Cimbres l'an 101 av. J.-C. République aux XIIIe et XIVe s., cette ville appartint successivement aux ducs de Milan et aux ducs de Savoie (1427). Prise par les Espagnols (1630), par les Français (1704), reprise par les Alliés (1706), elle fut réunie à la France avec le Piémont et devint sous Napoléon I le ch.-l. du dép. de la Sesia. Elle fut rendue au roi de Sardaigne en 1814.
VERCEL, ch.-l. de c. (Doubs), à 21 kil. S. de Beaune ; 1191 hab.
VERCINGÉTORIX, chef gaulois, Arverne de naissance, était fils de Celtille, homme puissant qui avait été mis à mort pour avoir aspiré à la royauté. Il souleva contre les Romains, en 52 av. J.-C., toute la Gaule centrale, que César venait de soumettre, et se fit proclamer généralissime. Il tint longtemps César en échec, remporta sur lui plusieurs avantages et le força à lever le siège de Gergovie; mais, après des prodiges de valeur, il vit le général ennemi s'emparer d’Avaricum (Bourges), sa principale place, perdit une grande bataille sur les confins des Lingons et de la Séquanaise, fut assiégé dans Alésie (Ste-Reine), son dernier refuge, et forcé à se rendre (58). Vercingétorix orna le triomphe du vainqueur, et, après avoir langui 6 ans en prison, fut étranglé (46). Une statue a été élevée au sommet d'Alésie à ce dernier défenseur de la liberté gauloise (1864). Ribauld de La Chapelle, en 1834, et le capitaine Girard, en 1864, ont écrit la Vie de Vercingétorix.
VERDE (SIERRA-), montagnes du Mexique, forment la continuation méridionale des monts Rocheux. C'est une partie de la grande arête qui sépare le versant de l'Atlantique de celui du Grand-Océan.
VERDEN, Ferda, Tulifurdum, v. des États prussiens (Hanovre), ch.-l. de la principauté de Verden, sur l'Aller, à 31 kil. S. E. de Brême; 3500 hab.
VERDEN (duché de BRÊME-ET-). V. BRÊME.
VERDET (Émile), physicien français, né à Nîmes en 1824, m. en 1866 ; a professé à l'Éc. normale et à l'Éc. polytechnique; a laissé des travaux importants sur l'optique et l'électricité. Ses élèves ont publié ses Œuvres, 8 vol. in-8.
VERDETS, compagnies royalistes secrètement organisées après le 9 thermidor dans le midi de la France, notamment à Toulouse : ainsi nommées parce qu'elles portaient au bras un ruban vert. On leur attribue plusieurs massacres après thermidor et en 1815.
VERDON (le), riv. de France, naît au S. de Barcelonette, coule au S.. puis à l'O., passe à Colmars et à Castellane, sépare les dép. des Bses-Alpes et du Var, et tombe dans la Durance après un cours de 160 kil.
VERDUN, Verodunum, ch.-l. d'arr. (Meuse), sur la Meuse, à 46 k. N. N. E. de Bar-le-Duc et à 244 k. E. de Paris; 12 394 hab. Place forte, citadelle, bâtie par Vauban. Évêché, trib. de 1re inst. et de commerce, collége, musée de tableaux et d'antiquités. Liqueurs, confitures, anis et dragées renommées. Ane. abbaye de Bénédictins, dite de St-Vanne (V. ce nom) — Ville anc. déjà importante au temps des Romains; conquise par Clovis en 602 ; prise au Xe s. par Othon le Grand, elle fit depuis partie de l'empire d'Allemagne, avec titre de ville impériale. C'est un des Trois-Évêchés que Henri II réunit à la France en 1552. En 1792, les Prussiens, aidés par un parti qui dans la ville favorisait l'invasion, s'en emparèrent, mais ils ne l'occupèrent que 43 jours, et ceux qui les avaient aidés furent cruellement punis; en outre, plusieurs jeunes filles, qui étaient allées supplier le roi de Prusse d'épargner la ville, furent impitoyablement mises à mort. Verdun est la patrie de Chevert, qui y a une statue, et du grammairien Beauzée. — Les fils de Louis le Débonnaire conclurent à Verdun en 843 un célèbre traité de partage dit Paix de Verdun (Lothaire eut, avec le titre d'empereur, l'Italie et tout le pays compris entre les Alpes à l'E., le Rhin, l'Escaut, la Meuse, la Saône, le Rhône ; Louis, toute la Germanie transrhénane, plus Worms, Spire et Mayence; Charles le Chauve, les contrées situées à l'O. de la Meuse, de la Saône et du Rhône, qui formèrent le roy, de France. Belle défense contre les Allemands (nov. 1870).
VERDUN (Gouvt de), un des 8 petits gouvts de l'anc. France, se composait de 2 districts : ville et comté de Verdun; évêché de Verdun.
VERDUN-SUR-GARONNE, ch.-l. de c. (Tarn-et-Garonne), sur la Garonne, à 28 kil. S. E. de Castel-Sarrazin; 3072 hab.
VERDUN-SUR-LE-DOUBS, ch.-l. de c. (Sâône-et-Loire), au confluent de la Saône et du Doubs, à 22 kil. N. E. de Chalon-sur-Saône; 1914 hab. Anc. baronnie, érigée en comté en 1593. Cette ville a souvent été prise et reprise aux XIe et XIIe s.
VÉRETZ, bg d'Indre-et-Loire, sur la r. g. du Cher, à 8 kil. S. E. de Tours; 900 hab. Château bâti par Jean de La Barre, comte d’Étampes, possédé successivement par l'abbé de Rancé et le duc d'Aiguillon.
VERFEIL, ch.-l. de c. (Hte-Garonne), sur le Giron, à 28 kil. E. N. E. de Toulouse; 2372 hab.
VERGARA, bg d'Espagne (Guipuzcoa), sur la Deva, à 9 kil. S. de Placencia; 7000 hab. Il y fut conclu en 1839 un traité qui mit fin à la guerre civile : les deux armées, conduites, celle de la reine, par Espartero, celle des Carlistes, par Maroto, s'y réunirent pour n'en plus former qu'une seule. Don Carlos se vit par suite réduit à quitter l'Espagne.
VERGENNES (Ch. GRAVIER, comte de), ministre de Louis XVI, né en 1717 à Dijon, d'une famille de robe, m. en 1787, embrassa de bonne heure la carrière diplomatique, déploya les talents d'un négociateur au congrès de Hanovre et à Manheim (1753), fut nommé ambassadeur en Turquie (1755), combattit dans ce poste les intrigues de l'Angleterre et de la Prusse pendant la guerre de Sept ans, fut envoyé en Suède en 1771, eut une bonne part à la révolution royaliste opérée dans ce pays par Gustave III, fut chargé par Louis XVI du portefeuille des affaires étrangères, conclut l'alliance avec les cantons suisses (1777) et avec les colonies américaines insurgées contre l'Angleterre (1778), signa la paix de Teschen (1779) et celle de Versailles (1783), devint président du conseil des finances en 1783, et se déclara contre le système prohibitif. Malgré ses succès comme négociateur, Vergennes a laissé la réputation d'un ministre médiocre.
VERGIER (Jacq.), poëte, né à Lyon en 1657, m. en 1720, était commissaire ordonnateur de la marine et président du conseil de commerce à Dunkerque. Il se démit de sa charge en 1714 pour venir vivre à Paris. Il fut assassiné en revenant de souper chez un de ses amis. Il a composé des Chansons, des Odes, des Sonnets, des Contes, des Madrigaux, des Épithalames, des Épigrammes, des Fables, des Épîtres, des Parodies. La meilleure édition de ses ouvrages est celle de Lausanne, 1750, 2 vol. in-12. Il est le premier pour le conte après Lafontaine ; il réussissait aussi fort bien dans la chanson.
VERGNIAUD (Victorin), célèbre orateur, né à Limoges en 1759, s'était fait la plus brillante réputation à Bordeaux comme avocat, lorsqu'il fut envoyé à l'Assemblée législative par le dép. de la Gironde (1791). Son éloquence le mit dès l'abord à la tête du parti des Girondins ; malheureusement, il n'avait pas de grands talents politiques ; d'ailleurs, il était indolent et peu ambitieux. Ouvertement républicain, il hâta par ses discours la chute de la royauté, appuya la déclaration de guerre à l'Autriche et à la Prusse, favorisa l'insurrection populaire du 20 juin, fit décréter le licenciement de là garde du roi et la formation d'un camp de 20 000 hommes sous Paris, et présida l'Assemblée nationale au 10 août. Réélu à la Convention et nommé membre du comité de constitution, il lutta de toutes ses forces, mais en vain, contre les Jacobins, combattit l'institution du tribunal révolutionnaire, et s'éleva énergiquement contre le parti de la Montagne. Robespierre finit par le dénoncer comme fédéraliste et ennemi de la république. Il succomba avec les autres Girondins dans la séance du 31 mai, fut décrété d'accusation avec ses collègues au 2 juin, et subit le supplice le 31 octobre 1793. La parole de Vergniaud, tantôt grave, tantôt impétueuse, était toujours élégante, fleurie et pleine d'images : c'est lui qui, dans un de ses discours, a comparé la Révolution à Saturne dévorant successivement tous ses enfants. On trouve plusieurs de ses discours dans le Choix des rapports, opinions et discours, etc., publ. par Lallement, 1818-25, 24vol. in-8.
VERGOBRET, magistrat suprême des Éduens et autres peuples Gaulois, était élu chaque année par les Druides. Seul il pouvait prononcer la peine de mort.
VERGT, ch.-l. de c. (Dordogne), à 20 k. S. de Périgueux; 1789 hab.
VERGY, famille illustre du comté de Bourgogne (près de Nuyts), a fourni plusieurs prélats, un cardinal, un maréchal (Ant. de Vergy, partisan du duc de Bourgogne pendant la démence de Charles VI, fait maréchal par le roi d'Angleterre, qui se prétendait alors roi de France) ; un archevêque de Besançon (Ant. de Vergy, 1488-1541, qui jouit de la faveur de Charles-Quint) ; etc.
VERGY (Gabrielle de), dame de Fayel, amante de Raoul de Coucy. V. COUCY.
VERHUELL (l'amiral), né en 1764 à Dœtichem dans la Gueldre, m. en 1845, était contre-amiral des Pays-Bas lorsqu'il fut chargé en 1803 d'une mission près du gouvernement français. Il concerta avec le 1er Consul le projet d'une descente en Angleterre, commanda la flottille fournie par la Hollande et parvint, malgré les efforts de l'escadre anglaise, à conduire cette flottille de Fléssingue à Ambleteuse (1804). Nommé ministre de la marine des Pays-Bas, il contribua à placer sur le trône Louis Bonaparte, qui le créa maréchal de Hollande. Après l'abdication de ce prince, il devint président de la junte administrative. Après la chute de l'Empire, il se fixa en France : il y conserva ses titres et fut même en 1819 élevé à la pairie. Protestant zélé, il fut un des fondateurs de la Société protestante des missions.
VÉRIA, l'anc. Beræa, dite aussi Trenopolis, v. de Turquie (Roumélie), dans l'anc. Macédoine, à 60 kil. N. de Salonique, au confluent du Véria-sou et de l'Indjé-Karasou; 8000 h. Tissus de coton; teintureries.
VÉRINE, femme de l'empereur d'Orient Léon I, conspira après la mort de ce prince contre Zénon l'Isaurien, son gendre, en faveur de son frère Basilisque, qu'elle mit sur le trône en 475, dans le but de lui substituer son amant Patricius. Basilisque s'étant défait de ce dernier, elle aida au rétablissement de Zénon (477). Mécontente du peu de crédit dont elle jouit après cette restauration, elle tenta de faire assassiner Illus, favori de Zénon, qui lui faisait ombrage (484), mais elle échoua et fut livrée à Illus, qui l'enferma dans un château de Cilicie. Elle y mourut en 485, après avoir tenté de nouvelles intrigues.
VERJUS (Louis de), comte de Crécy, diplomate, né à Paris en 1629, m. en 1709, fut envoyé en Allemagne en 1669 pour traiter avec les princes protestants opposés à la maison d'Autriche, fut plénipotentiaire à la diète de Ratisbonne (1679) et concourut au traité de Ryswyk (1697). Il cultivait les lettres et était de l'Académie française. On a de lui la Réfutation d'une libelle adressé à M. le prince d'Osnabruck (1674) : c'est une réponse à un pamphlet de l'ambassadeur d'Autriche intitulé : Sauce au Verjus.
VERKOLIE, nom de deux artistes hollandais qui se sont distingués dans la peinture et la gravure. Jean, d'Amsterdam, 1650-93, s'établit à Delft, peignit de préférence des assemblées de village, des festins, des scènes domestiques ou galantes; sa couleur est harmonieuse et sa manière pleine de charme — Nicolas, son fils, né en 1673 à Delft, m. en 1716, peignit le portrait et l'histoire. Tous deux excellaient dans la gravure en manière noire. On voit au Louvre quelques-uns de leurs portraits.
VERMAND, ch.-l. de c. (Aisne), dans l'anc. Vermandois, à 12 kil. N. O. de St-Quentin; 1 346 h. Jadis ville épiscopale; ruinée par les Huns. Quelques-uns y ont vu l’Augusta Veromanduorum des anciens, qui est plus probablement à St-Quentin.
VERMANDOIS, Veromandui, anc. pays de France, dans la Hte-Picardie, au N. O. de la Thiérache, autour des sources de la Somme, avait pour villes : St-Quentin, Vermand (qui a donné son nom au pays), Ham, St-Simon, le Catelet. Il est auj. compris dans les dép. de l'Aisne et de la Somme. — Le Vermandois fut érigé en comté par Charlemagne en faveur de son 2e fils, Pépin, roi d'Italie, dont la famille le posséda jusqu'au milieu du XIe s. Herbert IV, 8e descendant de Pépin, étant mort, Eudes, son fils, fut dépouillé par les barons de son comté, qui fut donné à Hugues de France, époux d'Adèle, fille d'Herbert IV. Il passa ensuite aux comtes de Flandre par le mariage d’Élisabeth, petite-fille de Hugues, avec Philippe d'Alsace, comte de Flandre (1156). Philippe II s'en empara en 1185 et le réunit à la couronne de France en 1215. — La Coutume du Vermandois a été publiée en 1858 par Beautemps-Beaupré.
VERMANDOIS (Herbert II, comte de), 4e descendant de Pépin, roi d'Italie, succéda dans le comté de Vermandois à son père, Herbert I, assassiné par le comte de Flandre, Baudouin le Chauve (923), entra dans la ligue des grands vassaux contre Charles le Simple, espérant sans doute arriver au trône, attira ce prince à Péronne (927), l'y fit prisonnier et le tint en captivité jusqu'à sa mort (929). Il se déclara ensuite pour Louis d'Outremer et soutint contre le roi Raoul et contre Hugues le Blanc une guerre dans laquelle il perdit Laon et la plus grande partie de ses États. Il mourut en 943.
VERMANDOIS (Raoul I, comte de), le Vaillant, petit-fils du roi Henri I, était fils de Hugues de France et d'Adèle, fille du comte Herbert IV, et épousa la sœur d'Éléonore de Guyenne. Il aida Louis le Gros dans les guerres contre les vassaux rebelles et prit d'assaut le château du Puiset, fut nommé grand sénéchal en 1131, et resta en France lors de la 2e croisade avec le commandement des troupes que Louis le Jeune y avait laissées. Il dépouilla sa propre sœur du comté d'Amiens pour le joindre au Vermandois. Il mourut en 1152. — Son fils aîné, Hugues, né en 1127, fut élevé par S. Bernard, se fit religieux, fonda avec S. Jean de Matha l'ordre des Mathurins, et mourut en 1212. Il a été canonisé sous le nom de S. Félix de Valois : on le fête le 20 nov.
VERMANDOIS (Louis de BOURBON, comte de), fils naturel de Louis XIV et de Mme de La Vallière, né en 1667, légitimé en 1669, m. à Courtray en 1683. Il est un des personnages que l'on a voulu, mais bien à tort, faire passer pour être le Masque de Fer. On suppose alors qu'il disparut subitement à la suite d'un soufflet qu'il aurait donné au Dauphin et qu'il ne mourut qu'en 1703, à la Bastille.
VERMEILLE (Mer). V. CALIFORNIE (Golfe de).
VERMEJO (Rio) ou RIO-GRANDE, riv. de l'Amérique du Sud, naît en Bolivie, forme la limite de cette République et des Prov.-Unies-de-Rio-de-la-Plata, et se jette dans le Paraguay au-dessus du confluent de ce fleuve avec le Parana, par 26° 3' lat. S., après un cours d'env. 1100 kil.
VERMENTON, ch.-l. de c. (Yonne), sur la Cure, près de son confluent avec l'Yonne, à 25 kil. S. E. d'Auxerre; 2 500 hab. Bons vins rouges. Aux env., célèbres grottes d'Arcy.
VERMIGLI (Pierre). V. PIERRE MARTYR.
VERMOND (l'abbé de), docteur de Sorbonne et bibliothécaire au collège Mazarin, fut, par la protection de Loménie de Brienne, envoyé à Vienne auprès de l'archiduchesse Marie-Antoinette (fiancée à Louis XVI) pour la perfectionner dans la langue française, gagna la confiance de son élève, resta auprès d'elle après son arrivée en France, fut son confident intime, fit porter son protecteur Loménie à la présidence du conseil, et joua un grand rôle dans l'affaire du collier en poussant la reine à un fâcheux éclat. En 1789, il s'enfuit à Valenciennes, puis à Coblentz et à Vienne, où il mourut. Les mémoires du temps le peignent comme un intrigant.
VERMONT, un des États-Unis de l'Amérique du Nord, a pour bornes au N. le Bas-Canada, à l'E. le New-Hamsphire (dont le sépare la riv. de Connecticut), au S. le Massachusets, à l'O. l'État de New-York : 195 kil. du N. au S., sur 107 de largeur moyenne; 315 000 hab. capit., Montpellier. Il est traversé par les Green Moutains ou Monts Verts (d'où son nom). Climat froid, air salubre; beaux pâturages, grains, bétail. Fer, plomb, jaspe, marbre, etc. Commerce avec New-York par le canal Champlain (Jadis avec Boston et Hartford). Il y a dans cet État beaucoup de Congrégationalistes; viennent ensuite les Baptistes, les Méthodistes et enfin les Unitaires. — Colonisé à la fois par les Français et les Anglais au commencement du XVIIe s., ce pays resta à l'Angleterre après la perte du Canada par la France. Il prit part à la guerre de l'indépendance, mais ne reçut le titre d'État qu'en 1791.
VERNES (Jacob), pasteur de Genève, 1728-90, fut d'abord lié avec J. J. Rousseau, mais se mit au nombre de ses adversaires quand il eut publié l’Émile. Il fut exilé en 1782 pour s'être opposé à tout changement dans la constitution et ne rentra dans sa patrie qu'en 1789. On a de lui, outre des Sermons, des Lettres sur le Christianisme de J. J. Rousseau (1763), des Dialogues sur le même sujet, et des Confidences philosophiques (1771), où il combat les philosophes en mettant leurs doctrines en action.
VERNET (le), vge des Pyrénées-Orient., au pied du Canigou, à 12 k. S. de Prades; 950 hab. Eaux thermales sulfureuses en renom.
VERNET (Claude Joseph), célèbre peintre, né en 1714 à Avignon, mort en 1789, était fils d'un peintre assez habile, qui lui donna les premières leçons. Il alla visiter l'Italie où il se fit la réputation du meilleur peintre de marine, obtint à Rome des succès si flatteurs qu'il s'y fixa, ne revint en France qu'au bout de 22 ans, fut chargé par Louis XV de peindre les principaux ports de France, consacra environ dix ans à cette tâche, et produisit ainsi plusieurs chefs-d'œuvre aussi remarquables par le style que par l’exactitude. Ce grand peintre mania le pinceau jusqu'à la fin de sa vie : de 1752 à 1789 il exécuta plus de 200 tableaux. On regarde comme son chef-d'œuvre le Soir ou la Tempête : pour se mettre en état de mieux retracer la tempête, il s'était fait attacher pendant un gros temps au mât d'un navire. Dans la 1re partie de sa vie, Vernet se rapprochait du genre de Salvator Rosa : il en a la vigueur et la fierté; plus tard, il modifia sa manière; son coloris fut plus varié, mais son dessin resta correct et sévère, et se préserva de l'afféterie et du mauvais goût de la peinture contemporaine. Vernet était membre de l'Académie de St-Luc (à Rome) et de l'Académie de peinture de Paris. La plupart de ses marines sont au Louvre.
VERNET (Carle), fils du préc., né à Bordeaux en 1758, m. en 1836, ne se distingua pas moins que son père dans son art, mais choisit une autre spécialité, et réussit surtout à peindre les batailles : il représente la plupart des grandes victoires de l'Empire, les Batailles de Rivoli, de Marengo, d’Austerlitz, de Wagram, le Passage du mont St-Bernard. Il excellait à peindre les chevaux et les chiens ; on a de lui plusieurs chasses d'une admirable exécution. Il ne dédaigna pas la caricature, et reproduisit de la manière la plus enjouée et la plus spirituelle les scènes populaires ou grivoises. Il avait été admis à l'Académie en 1787 sur son tableau du Triomphe de Paul-Émile. L. Lagrange a publié : J. Vernet et la peinture au XVIIIe s.. 1864. VERNET (Horace), fils du préc., né à Paris en 1789, m. en 1863, reçut les leçons de son père, interrompit ses études en 1807 pour servir comme conscrit, mais fut bientôt libéré, se consacra surtout aux sujets militaires, débuta par le Chien du régiment et le Cheval du trompette, qui rendirent son nom populaire, donna sous la Restauration les Batailles de Jemmapes, de Valmy, de Tolosa, de Banau, de Montmirail, la Défense de Saragosse, la Défense de la barrière Clichy, le Pont d'Arcole, etc., vit toutes ces œuvres refusées par les jurys d'exposition à cause des souvenirs nationaux qu'elles rappelaient, se dédommagea de cette injustice par une exposition particulière, qui attira la foule, et fut élu en 1826 membre de l'Académie des beaux-arts. Il se vit alors recherché par le gouvt de Charles X, inquiet de sa popularité, et fut nommé directeur de l'École de Rome (1828). Après 1830, il jouit de toute la faveur du nouveau roi. Il fut chargé de décorer la salle de Constantine au musée de Versailles ; depuis, il eut à exécuter soit pour Louis-Philippe, soit pour Napoléon III, une foule de travaux qui l'occupèrent jusqu'à sa mort. Dans le grand nombre des toiles qui sont dues à cet infatigable artiste, on remarque : Le duc d'Orléans se rendant à l'hôtel de ville le 31 juillet 1830, le Siége de Constantine, l’Attaque de la citadelle d'Anvers, le Bombardement de St-Jean d'Ulloa, l’Occupation d'Ancône, la Flotte forçant l'entrée du Tage, la Prise de la Smalah, la Bataille de l'Isly. Horace Vernet réussit également dans le portrait et le tableau de genre : on cite parmi ses portraits ceux de Napoléon I, de Louis-Philippe et de ses fils, de Napoléon III, de Gouvion St-Cyr, du maréchal Vaillant, du Frère Philippe; parmi ses tableaux de genre : Abraham renvoyant Agar, Rébecca donnant à boire à Éliézer, une Chasse au lion, un Intérieur d'atelier, le Soldat laboureur. Peintre plein de mouvement et de vie, H. Vernet excellait à grouper autour d'une action principale les divers épisodes d'une bataille, à ranger les corps de troupes, à les faire manœuvrer, à rendre l'attitude des combattants; ses costumes sont d'une exactitude minutieuse. La plupart de ses œuvres ont été reproduites par la gravure et la lithographie. M. Beulé a prononcé son Éloge devant l'Acad. des beaux-arts (1863).
VERNEUIL, Vernolium, ch.-l. de cant. (Eure), sur l'Avre et l'Iton, à 40 kil. S. O. d'Evreux; 3714 h. Ancien couvent de Bénédictines (auj. pensionnat) ; vieille Tour grise. Lainages, bonneterie, peaux pour reliures; forges. — Fortifiée au XIIe s. par Henri I d'Angleterre, cette ville fut plusieurs fois prise et reprise par les Français et les Anglais. En 1424, Charles VII perdit sous ses murs une bataille contre les Anglais, qui gardèrent la ville jusqu'en 1449.
VERNEUIL, château du dép. de l'Oise, sur l'Oise, à 50 k. de Paris et à 8 k. N. O. de Senlis, fut bâti par Henri IV et érigé en marquisat en faveur de Mlle d'Entraigues, une de ses maîtresses. Louis XIV l'érigea en duché-pairie (1652) pour un fils naturel de Henri IV et de la marquise, qui mourut sans postérité en 1682. Le château fut ensuite possédé par la maison Bourbon-Condé. Il n'en reste plus que le parc.
VERNEUIL (la marquise de). V. ENTRAIGUES.
VERNIER (Pierre), géomètre, né en 1580 à Ornans, m. en 1637, fut nommé par le roi d'Espagne, qui possédait alors la Franche-Comté, commandant du château d'Ornans, directeur des monnaies au comté de Bourgogne et conseiller du roi d'Espagne. On lui doit l'invention de l'instrument de mathématiques qui porte son nom ( V. VERNIER dans notre Dict. des Sciences), dont il a lui-même enseigné l'usage dans son Traité du quadrant nouveau, 1639.
VERNIQUET (Edme), architecte, né en 1727 à Châtillon-sur-Seine, m. en 1804, s'était fait connaître avantageusement par un grand nombre de constructions en Bourgogne lorsqu'il acheta en 1774 la charge de commissaire-voyer à Paris. Il entreprit de dresser un plan général de cette ville, à l'échelle d'une demi-ligne par toise : après 22 ans de travail, il publia en 1796 ce plan immense, qui ne forme pas moins de 72 feuilles. grand-atlas, et qui a servi de base à tous les plans de Paris dressés depuis.
VERNON, ch.-l. de c. (Eure), sur la r. g. de la Seine, à 32 k. N. E. d’Évreux; 7410 h. Pont de 22 arches, église gothique de Ne-De, tour ruinée. Parc d'artillerie et magasins du train des équipages militaires; station de chemin de fer. Toile de coton, minoterie. Aux environs, forêt de Vernon, château et parc de Bizy, qui appartenaient à la famille d'Orléans. — Anc. ville du Vexin normand, jadis fortifiée et importante par sa situation sur la frontière de Normandie. Plusieurs fois prise et reprise, elle fut cédée à la France en 1198. Cependant les Anglais s'en emparèrent en 1419, et la conservèrent jusqu'en 1449.
VERNON (Édouard), amiral anglais, né en 1684 à Westminster, m. en 1757, se distingua d'abord aux Indes sous le commodore Walker, fit plusieurs campagnes brillantes, détruisit en 1739 et 1740 les établissements espagnols en Amérique, s'empara en deux jours de l'opulente place de Porto-Bello et fut, après de nombreux exploits, promu au grade d'amiral. Toutefois, il finit par tomber en disgrâce et fut rayé de la liste des amiraux pour avoir désobéi à l'amirauté.
VERNOUX, ch.-l. de c. (Ardèche), à 36 k. S. O. de Tournon; 3202 hab. Église calviniste, école de sourds-muets.
VERNY ou POURNOY-LA-GRASSE, v. d'Alsace-Lorraine, à 13 kil. S. de Metz; 529 hab.
VEROCCHIO (André). V. VERROCHIO.
VERODUNENSES, peuple de Belgique 1re, à l'E. des Leuci et des Mediomatrices, avait pour ch.-l. Verodunum (auj. Verdun).
VEROLI, Verulum? v. de l'Italie centrale (Frosinone), à la source du Garigliano, à 9 k. S. E. de Frosinone; 4000 hab. Évêché.
VEROMANDUI, peuplade Belgique 2e, borné au N. par les Atrébates et les Nerviens, avait pour ch.-l. Augusta Veromanduorum. (St-Quentin). Il laissa son nom au Vermandois.
VÉRONE, Verona en latin et en italien, Bern en allemand, v. de Vénétie, ch.-l. de province, sur l'Adige, à 108 kil. O. de Venise; 60 000 hab. Ville forte, défendue par trois châteaux forts avec bastions et casemates; évêché, cour suprême de justice. La position est superbe, mais la ville est laide; on y remarque cependant une belle place, les jardins Giusti, et plusieurs monuments : Ste-Marie (la cathédrale), palais royal, hôtel de ville, arcs de triomphe, magnifique amphithéâtre romain, dit l’Arena; palais Canossa, Bevilacqua, Verza, Pompei. Société des sciences et des arts, académie de peinture, académie d'agriculture, gymnase grec, lycée; deux bibliothèques, musée célèbre. Soieries, toiles, draps, gants, cuirs, cire. Vérone a vu naître Catulle, Cornélius Népos, Pline l'Ancien, Fracastor, Scip. Maffei, Paul Véronèse, Pindemonte. On y fait naître aussi Vitruve et Scaliger. — Vérone fut fondée par les Étrusques ou par les Gaulois Cénomans et colonisée par César. Philippe l'Arabe y fut tué en 249. Constantin la prit en 312. Stilicon y battit les Visigoths en 402. Théodoric en fit sa capitale. Narsès la prit en 555. Sous les Lombards, elle fut un de leurs principaux duchés ; sous les Carlovingiens, elle devint ch.-l. d'une Marche du roy. d'Italie ; en 962, Othon le Grand adjoignit cette Marche à l'empire. Vérone prit part aux deux ligues lombardes, devint république, puis fut asservie par Eccelin III de Romano ; elle passa ensuite aux Della Scala, aux Visconti de Milan, et enfin, en 1405, à la république de Venise. Pendant la guerre de la Ligue de Cambray, l'emp. Maximilien la posséda huit ans (1509-1516), après quoi elle retourna à Venise. De 1797 à 1801, Vérone fut sous la domination des Autrichiens; après le traité de Presbourg (1805), elle fit partie du roy. d'Italie et fut le ch.-l. du dép. de l'Adige; elle revint à l'Autriche en 1815. En 1822, il s'y tint un célèbre congrès entre les membres de la Sainte-Alliance : on y résolut l'intervention en Espagne en faveur de Ferdinand VII et contre le régime des Cortès; Chateaubriand, qui avait pris part à ce congrès, en a écrit l'histoire. — La province de Vérone, entre le lac de Garda à l'O., le Tyrol au N., les prov. de Vicence et de Padoue à l'E., a 93 k. sur 40, et env. 300 000 h. Montagnes au N. Sol fertile, gibier, pêche lucrative. Cuivre, houille; marbre, albâtre et pierre à fusil ; terre verte dite Terre de Vérone, etc. Avant 1797, ce pays formait une des provinces de Terre-Ferme de la république de Venise.
VÉRONÈSE (Paul CALIARI, dit), célèbre peintre italien, né à Vérone en 1528 ou 1530, m. en 1588, était fils d'un sculpteur. Il révéla de bonne heure son talent, et marcha bientôt sur les traces du Titien et du Tintoret qu'il s'était proposés pour modèles. Mal apprécié à Vérone, il alla se fixer à Venise, et embellit cette ville d'une foule de chefs-d'œuvre, parmi lesquels on remarque le plafond de la Bibliothèque St-Marc. Il brille par l'élégance, la richesse des ornements, la fécondité et la grandeur de l'imagination, la beauté et la grâce des têtes ; mais on lui reproche trop d'uniformité dans les poses et les plus bizarres anachronismes. On admire surtout son Apothéose de Venise et ses différentes Cènes. Le Louvre possède 12 toiles de cet artiste, entre autres les Noces de Cana, grand et magnifique tableau qui est peut-être son chef-d'œuvre; Loth et ses filles, Susanne au bain, l'Évanouissement d'Esther, la Vierge et l'enfant Jésus, le Repos chez Simon le Pharisien, les Pèlerins d'Emmaüs, Jupiter foudroyant les Crimes. Le Guide disait que, s'il avait à choisir entre tous les peintres, il voudrait être Véronèse.
VÉRONIQUE. On a donné ce nom (qui paraît être formé du latin vera, vrai, et du grec eikonika, diminutif d’eikôn, portrait), à la représentation de la face de N.-S. imprimée sur un linge que l'on garde à St-Pierre de Rome. Quelques-uns croient que c'est le suaire même qui fut mis sur le visage de J.-C. après sa mort; d'autres que c'est le linge avec lequel une sainte femme essuya le visage du Sauveur, couvert de sang et de sueur, lorsqu'il montait au Calvalre, linge qui garda son empreinte. Une fête est célébrée le 4 fév. en l'honneur de cette sainte image.
VÉRONIQUE (Ste), religieuse au couvent de Ste-Marthe de Milan, patronne des lingères, était d'abord une simple ouvrière. Elle fut le modèle de la vie religieuse, et m. à Milan en 1497. On la fête le 13 janv.
VERRÈS (C. Licinius), Romain fameux par ses concussions, né vers 119 av. J.-C., était de la famille noble des Licinius. Envoyé en Asie comme lieutenant du consul Dolabella (82), et chargé de combattre les Pirates, il ne se signala que par ses déprédations. Nommé en 75 préteur urbain en Sicile, il réussit à garder trois ans cette province. Abusant de son pouvoir et comptant sur l'impunité, il écrasa les Siciliens d'impôts exorbitants, en même temps qu'il exerçait contre les malheureux habitants toutes sortes de cruautés et les dépouillait de tout ce qu'ils possédaient de plus précieux en statues, tableaux, vases, etc.; il n'épargna pas même les citoyens romains (V. GAVIUS). A sa sortie de charge, il fut accusé par la plupart des villes de la Sicile. Il espérait corrompre ses accusateurs et ses juges, et comptait sur l'éloquence d'Hortensius, son défenseur, mais Cicéron, chargé de l'accusation, mit tous ses crimes au grand jour. Verrès s'exila sans attendre l'issue du procès, et fut condamné à restituer aux Siciliens plusieurs millions, qui étaient loin d'égaler ses déprédations (72). Il ne revint de l'exil que 24 ans après, et fut proscrit par Antoine pour avoir refusé de lui céder de beaux vases de Corinthe (43). Cicéron nous a laissé sept discours contre Verrès, parmi lesquels on remarque surtout le De Signis et le De Suppliciis; mais tous n'ont pas été réellement prononcés : il avait suffi, pour faire condamner Verrès, de l'audition des témoins.
VERRI (Alexandre), littérateur, né à Milan en 1741, m. en 1816, avait d'abord été avocat, puis s'était livré à l'étude de la législation, tant en Italie qu'à Paris, où il se mit en relation avec les chefs du parti philosophe. Il publia ensuite, avec Beccaria une feuille périodique intitulée le Café, qui eut une grande vogue; puis vint se fixer à Rome où, après quelques essais dramatiques, il entreprit une Iliade abrégée, qui n'eut pas de succès. On a de lui quelques autres ouvrages qui lui ont valu plus de réputation : les Nuits romaines au tombeau des Scipions, espèce de dialogues des morts, les Aventures de Sapho et la Vie d'Érostrate, romans; un Essai sur l'histoire générale d'Italie (1826). Ces ouvrages, écrits en italien, ont été traduits par Lestrade (1826,1827, etc.). — Ses deux frères, Pierre (1728-97) et Charles (1743-1823), ont aussi écrit. Le 1er, après avoir été successivement militaire et administrateur, s'occupa surtout d'économie politique, et devint l'âme d'un cercle où brillaient les Beccaria, les Frisi, les Carli : ses Méditations sur l'économie politique, Milan, 1771, sont un ouvrage des plus remarquables. On doit au 2e plusieurs traités d'agronomie : De la Culture de la Vigne; De la Culture du Mûrier, etc.
VERRIÈRES, vge de Seine-et-Oise, sur la Bièvre, à 14 kil. S. E. de Versailles; 1 200 hab. Joli bois; eau minérale ferrugineuse. Exelmans y obtint un avantage sur les Prussiens le 12 juillet 1815.
VERRIUS FLACCUS (M.), grammairien latin, esclave d'abord, puis affranchi, tint à Rome une école qui fut la plus renommée de cette ville, et fut chargé par Auguste de l'éducation de ses deux petits-fils, Caïus et Lucius Agrippa; il mourut très-vieux, sous Tibère. De plusieurs ouvrages qu'il avait composés (Saturnalia, Res memoria dignæ, De Orthographia, etc.), le plus fameux est le traité De verborum significatione, espèce de grand lexique latin, qui fut abrégé au IIIe s., par Sextus Pompeius Festus, abrégé lui-même 400 ans plus tard par Paul Warnefriede. Ces abrégés successifs ont fait perdre le lexique primitif; mais ce qui reste de celui de Pomp. Festus, quoique dans un déplorable état, fournit des fragments authentiques de Verrius Flaccus, auxquels il faut joindre d'autres fragments épars dans divers auteurs, et les restes d'un calendrier romain qu'il avait rédigé, les Fastes prénestins, publiés par Foggini, Rome, 1779, in-fol. Les fragments de Verrius, recueillis par Denis Godefroy (dans les Auctores latinæ linguæ), ont été publiés avec les notes d'Antoine Augustin dans son édition de Pomp. Festus (Venise, 1559) ; depuis, on les a toujours réimprimés avec ce dernier. Les meilleures édit. sont celles de Lindemann, Leips., 1832, et d'E. Egger, Paris, 1838.
VERROCHIO (André), sculpteur et peintre, né à Florence vers 1422, m. à Venise en 1488, réussit surtout dans la sculpture, et surpassa tous ses contemporains dans l'art de travailler le bronze; on admire encore son groupe de Jésus et S. Thomas, dans l'Église San-Michele de Florence. Comme peintre, il eut la gloire de former le Pérugin et Léonard de Vinci. Il était aussi bon musicien.
VERRUE (Jeanne D'ALBERT DE LUYNES, comtesse de), femme remarquable par son esprit et sa beauté, née en 1670, m. en 1736, resta veuve en 1704, son mari, le comte de Verrue, ayant été tué à la bataille de Hochstædt. Liée avec les philosophes et les artistes, elle attira surtout l'attention par ses riches collections de tableaux et de livres. Elle devint la favorite de Victor-Amédée II, duc de Savoie, puis roi de Sardaigne et pendant longtemps elle gouverna sa cour et ses États. On l'avait surnommée la Dame de volupté.
VERSAILLES, Versaliæ en latin moderne, ch.-l. du dép. de Seine-et-Oise, à 23 kil. S. O. de Paris, auquel elle est reliée par 2 chemins de fer (dits de la r. dr. et de la r. g.); 43 899 hab. Évêché, suffragant de Paris, église calviniste, cour d'assises, trib. de 1re inst. et de comm. ; lycée, école normale primaire, école d'artillerie (pour la garde impériale). Vaste place d'armes devant le château; trois magnifiques avenues disposées en éventail, partant du château et dites avenue de Paris, de St-Cloud, de Sceaux ; château magnifique, élevé par Louis XIV, qui de 1680 à 1789 fut la résidence ordinaire des rois, et qui a été transformé par Louis-Philippe en un immense musée consacré à toutes les gloires de la France; parc et jardins superbes, d'une vaste étendue, remplis de belles statues, de jets d'eau et de vastes pièces d'eau (pièce de Neptune, salle d'Apollon; pièce des Suisses, etc.); admirable orangerie ; salle de spectacle (dans le palais). Au parc attiennent deux palais moins vastes : le Grand-Trianon, bâti par Louis XIV vers 1676, et le Petit-Trianon, créé par Louis XV, qui tous deux ont aussi des jardins délicieux (le Petit-Trianon était le séjour favori de Marie-Antoinette). La ville, percée de rues larges et bien aérées, offre en outre un grand nombre de beaux édifices : les églises St-Louis et Ne-Dame, la préfecture, la mairie, l'hôtel des gardes, les hôtels de la chancellerie, de la guerre, les écuries du roi, la fameuse salle du Jeu de Paume, les fontaines de la place Hoche et de l'abbé de l'Épée. Versailles était sans eau, mais la célèbre machine de Marly fut construite pour lui en fournir. Fabriques d'armes, d'horlogerie, de châles-cachemire ; taillanderie, chaudronnerie; nombreuses pépinières, etc. A Versailles sont nés, outre les princes de la famille royale depuis Louis XIV, Ducis, l'abbé de l'Épée, Houdon, Kreutzer, Berthier, Hoche, Miot. — Versailles n'était qu'un rendez-vous de chasse sous Louis XIII, qui y bâtit en 1632 un petit château (la partie centrale du château actuel). En 1661, Louis XIV y commença des travaux d'agrandissement sous la direction de Levau, frère de J. Hardouin-Mansard ; la belle façade sur le parc n'a pas moins de 450m de long ; la construction du palais et des jardins coûta plus d'un milliard. La ville ne se composait d'abord que de quelques maisons du quartier St-Louis ; le séjour de la cour en fit bien vite une ville opulente ; sous Louis XV et Louis XVI, on y comptait près de 100 000 hab. A Versailles furent signées, sous Louis XIV, la paix avec Gênes, 1685; sous Louis XV, l'alliance avec l'Autriche, 1756; sous Louis XVI, 1783, la paix de Versailles, par laquelle l'Angleterre reconnaissait l'indépendance des États-Unis. Les États généraux ouvrirent leurs séances à Versailles le 5 mai 1789; c'est là qu'eurent lieu les journées du 17 juin, où les députés se constituèrent en assemblée nationale; du 20 juin, où ils firent serment de ne se séparer qu'après avoir donné une constitution à la France (serment du Jeu de paume), et celles des 6 et 7 octobre, où Louis XVI et la cour se virent contraints par le peuple de venir habiter Paris. L. Philippe y ouvrit un Musée historique (1837), l'Empire allemand y fut proclamé le 18 janv. 1871, et l'Ass. nationale s'y installa le 20 mars 1871. On doit à A. de Laborde Versailles ancien et moderne, 1839 ; à Ch. Fortoul les Fastes de Versailles, 1839 ; et à Gavard les Galeries historiques de Versailles, 1837-47.
VERSEAU (le), l'un des signes du Zodiaque. V. VERSEAU dans notre Dict. univ. des Sciences.
VERSECZ, v. de Hongrie (Témesvar), à 78 kil. S. de Témesvar, sur le canal de Versecz; 16 000 h. Évêché grec, gymnase grec. Moulins à soie, vins.
VERSOIX, petite ville de Suisse (Genève), sur la riv. de Versoix, à 8 k. N. de Genève; 1000 h. Fondée en 1770, elle appartenait à la France avant 1816.
VERT (le Cap), Arsenarium prom., le cap le plus occid. de l'Afrique, dans la Sénégambie, par 14° 44' lat. N. Découvert en 1445 par D. Fernandez, Portugais. — A 500 k. O. de ce cap, par 13°-17° lat. N., 24°-27° long. O., sont les Iles du Cap-Vert, dont les principales sont : au S. Santiago et Fogo, à l'O. Boa-vista, au N. S.-Antonio, l'Ile de Sel, etc. ; 80 000 hab. Ces îles appartiennent au Portugal. Elles ont été découvertes en 1456 par Cadamosto.
VERT (le Comte). V. SAVOIE (Amédée VI de).
VERTAIZON, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 20 k. N. O. de Billom; 2296 hab.
VERTEILLAC, ch.-l. de c. (Dordogne), à 14 kil. N. de Riberac; 1188 hab.
VERTES (Montagnes), en anglais Green mountains, chaîne de mont. des États-Unis, au N. E., dépend des monts Alleghanis. Elle commence dans le Connecticut à l'E. de West-Rock, traverse du S. au N. les États de Connecticut, Massachusetts, Vermont, et se termine vers les frontières du Canada; 490 k. de long. Son plus haut sommet a 1426m. Elle est ainsi nommée des vastes forêts d’arbres verts qui la couvrent.
VERTOT (René AUBERT, abbé de), historien, né en 1655 au château de Bennetot dans le Pays de Caux, m. en 1735, fut successivement capucin, prémontré, prieur de Joyenval, curé de Croissy-la-Garenne près de Marly, curé de Marly, curé aux environs de Rouen, fut admis en 1705 à l'Académie des inscriptions, vint alors se fixer à Paris, fut secrétaire des commandements de la duchesse d'Orléans, ce qui lui valut, avec un beau traitement, un logement au Palais-Royal, et vécut dès lors dans l'aisance. Il consacra 40 années de sa vie à la composition d'un petit nombre d'ouvrages historiques qui ont été très-goûtés de leur temps; ces ouvrages sont en effet fort élégamment écrits et offrent en général un grand intérêt; mais on n'y trouve ni instruction profonde, ni couleur locale, et l'auteur ne paraît pas se soucier assez de la vérité. Ce sont: l’Histoire de la conjuration de Portugal (1689) ; l’Hist. des révolutions de Suède (1696) ; l’Hist. des révolutions de la république romaine (1719); l’Hist. de l'Ordre de Malte (1726), écrite à la demande des Chevaliers.
VERTS (les), faction du cirque. V. BLEUS (les).
VERTUMNE, Vertumnus (de Vertere, changer), dieu étrusque et latin, présidait aux transformations, mais surtout à celles que subit la végétation, et par suite aux jardins et vergers, à l'année et aux saisons. On lui donnait pour épouse Pomone, déesse des fruits. On le représentait jeune, couronné d'herbes, tenant des fruits et une corne d'abondance.
VERTUS, ch.-l. de c. (Marne), à 28 kil. O. S. O. de Châlons-sur-Marne; 2469 hab. Jadis ch.-l. du Pagus Virtudisus et d'un comté créé pour le prince Philippe, oncle de Louis XII. Quelques-uns placent les Catalauni campi dans la plaine des Vertus.
VÉRULAM, Verulamium, v. de la Bretagne romaine, auj. en ruines, au N. de St-Alban, devint plus tard une baronnie. Bacon était baron de Vérulam.
VÉRUS, L. Aurelius Ceionius Commodus Verus, empereur romain, fils d'Ælius Vérus qui avait été adopté par Adrien en 135, mais qui était mort dès 138, fut lui-même adopté par Antonin avec Marc-Aurèle, et fut à l'avènement de ce dernier associé par lui à l'empire en même temps qu'il épousait sa fille. Il commanda l'armée envoyée contre les Parthes et prit Ctésiphon; mais, après ce succès, il laissa à Avidius Cassius le soin de poursuivre l'ennemi. Il ne se signala que par ses débauches, son faste et son ineptie, et mourut d'apoplexie à 39 ans, en 169, à Altinum en Vénétie, pendant qu'il marchait avec Marc-Aurèle contre les Marcomans.
VERVIERS, Verveviæ, v. de Belgique (Liége), sur la Vesdre, à 32 kil. E. de Liège; 24 000 hab. Chemin de fer. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége. Drap renommé, couvertures de laine, savon, vitriol.
VERVINS, Verbinum, ch.-l. d'arr. (Aisne), à 40 kil, N. E. de Laon; 2748 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce; collége. Toiles, huile, vannerie, bonneterie, chaussons. — Vervins était jadis ville forte et titre de marquisat. Elle appartint jusqu'au XVe s. à la maison de Coucy. Le 2 mai 1598 y fut signé un fameux traité de paix entre Henri IV et Philippe II : l'Espagne rendait à la France les places qu'elle avait prises en Picardie, ainsi que Blavet (auj. Port-Louis) en Bretagne; la France cédait Cambray et le Charolais. Prise en 1653 par les Espagnols, cette ville fut reprise en 1654 par les Français.
VERZY, ch.-l. de cant. (Marne), à 15 kil. S. E. de Reims ; 1030 hab. Bon vin de Champagne.
VÉSALE (André), médecin, né à Bruxelles en 1514, m. en 1564, est regardé comme le créateur de l’anatomie humaine. Bravant les préventions de l’époque, il fut un des premiers à disséquer des cadavres ; il vint se perfectionner à Paris, enseigna ensuite avec un grand succès l’anatomie à Pavie (1540-44), à Bologne, à Pise, et devint médecin de Charles-Quint et de Philippe II. Accusé par ses envieux d’avoir ouvert le corps d’un gentilhomme encore vivant, il fut contraint de faire un pèlerinage en Terre-Sainte pour expier ce crime invraisemblable ; il fut à son retour jeté par la tempête sur les côtes de l’île de Zante, et y mourut de faim. On a de Vésale un grand traité De corporis humani fabrica, Bâle, 1543 et 1555. Ses Œuvres complètes (en lat.) ont été réunies par Boerhaave et Albinus à Leyde, 1725, 2 vol. in-fol.
VESCOVATO, ch.-l. de cant. (Corse), à 24 kil. S. de Bastia ; 1255 hab. Montagnes pittoresques. Vins.
VESERIS, lieu de Campanie, au pied du Vésuve, où Manlius Torquatus, secondé par le dévouement de Décius, battit les Latins insurgés, 340 av. J.-C.
VÉSERONCE, vge de l’Isère, à 8 k. E. de Vienne. Thierri I, roi de Metz, et Clodomir, roi d’Orléans, y furent battus en 524 par Gondemar, roi des Burgundes.
VESLE (la), riv. de France, dans le dép. de la Marne et de l’Aisne, baigne Reims, et grossit l’Aisne à 5 kil. S. O. de Vailly, après un cours de 140 kil.
VÉSONE, Vesunna, nom anc. de Périgueux, est resté à une tour antique dont les débris subsistent encore dans un faubourg de la ville.
VESONTIO, auj. Besançon, v. de Gaule, ch.-l. de la Grande Séquanaise, fut prise par César en 58 av. J.-C., après un siège difficile. V. besançon.
VESOUL, Vesulum, ch.-l. du dép. de la Hte-Saône, sur le Durgeon, à 363 kil. S. E. de Paris par la route, à 381 k. par le chemin de fer ; 7579 h. Trib. de 1re inst., lycée, école normale, bibliothèque, société d’agriculture ; pépinière départementale. Belle promenade du Cours, quartiers de cavalerie. Toiles, vannerie, tannerie, chapellerie. Commerce assez actif. Aux env., eaux minérales de Rèpes et plusieurs curiosités naturelles (Fontaine-du-Diable, grotte de Notre-Dame de Hallebarde, le Frais-Puits). — Vesoul ne date que du IXe s. Les Anglais la saccagèrent en 1360. Elle a encore été prise ou ravagée en 1478, 1595, 1636, 1644. Elle faisait partie de la Franche-Comté, et a été réunie à la France avec le reste de cette province.
VESPASIEN, T. Flavius Vespasianus, empereur romain, né à Réate l’an 7 de J.-C., était fils d’un publicain. Il remplit diverses charges sous Claude, Caligula, Néron, fut, sous ce dernier, proconsul en Afrique, puis eut la conduite de la guerre de Judée. Il remporta dans ce dernier pays de grands avantages ; il n’avait plus que Jérusalem à prendre, lorsque le trône devint vacant par la mort de Galba, puis par les querelles d’Othon et de Vitellius. Proclamé empereur presque malgré lui par l’armée d’Orient (69), il envoya en Italie ses généraux Mucien et Antonins Primus, qui le firent reconnaître après avoir défait les troupes de Vitellius à Crémone, puis, laissant en Judée son fils Titus finir le siége de Jérusalem, il vint à Rome, où il entra sans obstacle. Il envoya en Gaule Céréalis pour pacifier ce pays, agité par Civilis et Sabinus, et dans la Bretagne Agricola, qui soumit presque toute l'île (78), rétablit l’ordre en resserrant la discipline dans l’armée et en apportant une stricte économie dans les finances, réduisit en provinces romaines la Comagène, la Lydie, la Pamphylie et la Cilicie, et mourut après dix ans d’un règne glorieux (79). On reproche à Vespasien l’exécution de Sabinus, la condamnation d'Helvidius Priscus, et une excessive parcimonie. Ce prince infatigable disait « qu’un empereur romain devait mourir debout. » Il se fit en effet habiller et se leva au moment où il sentit que la vie l’abandonnait.
VESPUCE, Amerigo Vespucci. V. améric.
VESTA, fille de Saturne et de Rhée, sœur de Jupiter, présidait au foyer domestique, puis au feu interne de la Terre, et par suite à la terre elle-même : aussi l’a-t-on quelquefois confondue avec Cybèle et Ops et l’a-t-on dite femme de Saturne. Cette déesse, dont le culte est probablement originaire de Perse, était principalement honorée par les Pélasges, par les habitants de Troie et par les Romains, qui prétendaient descendre des Troyens ; elle était avec Minerve la première des divinités dites pénates. On entretenait en son honneur à Rome un feu perpétuel (V. vestales). Dans l’origine, cette déesse n’avait aucune image et n’était adorée que sous le symbole du feu; plus tard, on la représenta sous les traits d’une femme belle et noble, mais sévère, tenant à la main un sceptre, et ayant un brasier près d’elle.
VESTALES, prêtresses de Vesta, étaient chargées d’entretenir le feu sacré sur l’autel de la déesse et d’accomplir en son honneur divers rites mystérieux. Elles étaient tenues de garder la chasteté tout le temps de leur ministère, qui était de 30 ans ; celle qui violait son vœu était enterrée vive. Celles qui laissaient éteindre le feu étaient punies du fouet. En revanche, les Vestales avaient de grands privilèges : elles n’étaient point assujetties à l’autorité paternelle, ni à la tutelle ; elles se faisaient précéder de licteurs en public et occupaient une place d’honneur dans les spectacles ; elles étaient crues sans serment en justice ; leur présence sauvait la vie au criminel qu’elles rencontraient par hasard. On les choisissait autant que possible dans les premières familles ; on les consacrait au culte dès leur plus jeune âge (de 6 à 10 ans). Les 30 ans finis, elles pouvaient quitter le temple et même se marier. Pendant tout le temps de leur exercice, elles portaient de longues stoles blanches, dont la partie supérieure était ramenée sur la tête jusqu’aux oreilles. Les Vestales semblent avoir existé en Italie, notamment chez les Sabins, antérieurement à la fondation de Rome. Numa transporta cette institution à Rome, et y établit 4 Vestales ; Tarquin l’Ancien ou Servius porta ce nombre à 6. La plus âgée se nommait la grande Vestale, et avait autorité sur les autres. Le collége des Vestales fut aboli par Théodose en 389.
VESTERAS, v. de Suède. V. væsteras.
VESTINI, peuple de l’Italie centrale, à l’E., vers la mer Supérieure, au S. des Prætutii, au N. des Marrucini, faisait partie de la grande famille sabellique, et prit parti contre Rome dans la guerre des Samnites. Vaincus en 326 av. J.-C., ils reprirent les armes plusieurs fois ; ils ne se soumirent définitivement qu’après la prise d’Amiterne, leur capitale, 295.
VESTRIS (Gaetano Apolino Balthazar), célèbre danseur, né en 1729 à Florence, m. en 1808, vint jeune à Paris, reçut les leçons de Dupré, débuta en 1743 à l’Opéra et y eut un immense succès jusqu’au moment où il quitta la scène (1781) : on le surnommait le Dieu de la danse. Sa vanité était plus grande encore que son talent ; il disait souvent : « Il n’y a que trois grands hommes en Europe, moi, Voltaire et le roi de Prusse (Frédéric II). » Vestris a composé plusieurs ballets. — Sa femme, née Anne Frédérique Heinel, 1752-1808, excella aussi comme danseuse, surtout dans le genre grave. — Son fils naturel, Marie Aug. Vestris, dit Vestris II ou Vestr’-Allard (du nom de sa mère), né en 1760 m. en 1842, a aussi été le plus célèbre danseur de son temps. Entré au théâtre en 1780, il y resta jusqu’en 1818, et fut depuis professeur à l’école de grâce du Conservatoire. — Sa belle-sœur, Marie Rose Gourgaud-Dugazon, sœur du comédien Dugazon et femme de Paco-Vestris, née en 1746, morte en 1804, reçut les leçons de Lekain, eut, sous le nom de Mme Vestris, les plus brillants succès comme tragédienne, et créa plusieurs rôles pour les tragédies de Voltaire. Elle possédait au suprême degré l’art de la scène, mais manquait de sensibilité.
VESUNA ou petrocorii, auj. Périgueux. VÉSUVE, Vesevus ou Vesuvius, célèbre volcan d'Italie, à 8 kil. S. E. de Naples, a 40 kil. de tour et 1190m de hauteur ; son cratère est profond de 115m. On y distingue auj. deux sommets, la Somma et l'Ottojano. Il est très-escarpé. Toutes ses pentes sont cultivées jusqu'à l'Ermitage ; elles sont d'une prodigieuse fertilité : c'est là que croit le célèbre vin de Lacryma-Christi. Le Vésuve a probablement vomi des laves dès les temps les plus anciens, mais sa 1re éruption connue est celle qui eut lieu l'an 79 de J.-C. et qui détruisit Herculanum, Pompeï, Stabies ; env. 50 autres éruptions ont suivi, notamment en 472, 512, 993, 1306, 1500, 1779, 1794, 1817, 1832, 1834, 1839, 1850, 1862. Toute la région qui environne Naples est volcanique, d'où son nom de Champs Phlégréens (plaines ardentes) chez les anciens.
VESZPRIM, v. de Hongrie, ch.-l. du comitat de Veszprim, sur la Sed, à 98 k. S. O. de Bude ; 9 000 h. Château. Évêché catholique, séminaire, collège de Piaristes. Cette ville fut prise et reprise par les Turcs et les Autrichiens ; ses fortifications furent rasées en 1702. — Le comitat de Veszprim, dans le cercle au delà du Danube, entre ceux de Raab, Kœmœrn, Stuhl-Weissembourg, Schumeg, Eisenburg, a 110 kil. sur 80 et 238 000 hab. Il confine au lac Balaton.
VETERA CASTRA, nom ancien de Xanten.
VETERANS, soldats émérites. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.
VETO, c.-à-d. en latin j'empêche, je défends, formule par laquelle les tribuns du peuple à Rome s'opposaient à un décret du sénat (V. TRIBUNS). — Dans les temps modernes, on a ainsi appelé le refus fait par le roi ou le chef d'un État de sanctionner une loi adoptée par le parlement. On trouve ce droit en Angleterre, dans l'empire germanique, en Pologne : dans ce dernier pays, depuis 1652, tout nonce assistant à une diète pouvait par son veto rendre nulle l'élection du roi ; cette institution funeste, qui éternisait la discorde, ne fut abolie qu'en 1791. — En France, la constitution de 1791 accordait au roi le droit de veto, mais seulement suspensif ; Louis XVI apposa ce veto aux décrets du 17 et du 29 novembre contre les prêtres et les émigrés.
VÉTRANION, général romain, natif de Mésie, était gouverneur de Pannonie lorsque la révolte de Magnence le décida à prendre aussi la pourpre à Sirmium, en 350. Constance II le reconnut comme auguste, et joignit ses troupes aux siennes comme pour marcher de concert contre Magnence ; mais dès le lendemain de son arrivée, il provoqua ouvertement les soldats de Vétranion à la défection, et les attira tous à lui. Il laissa Vétranion vivre paisiblement à Pruse, et lui fit une riche pension.
VETTER, lac de Suède (Gothie septentr.), à 35 k. S. E. du lac Vener, entre les préfectures de Linkœping, Skaraborg, Jonkœping, Œrebro, a 110 kil. sur 30, et s'écoule dans la Baltique par la Motala. Il communique avec le lac Vener par le canal de Gœtha.
VETTÉRAVIE. V. WETTERAVIE.
VETTONES, auj. prov. de Salamanque et N. de l’Estramadure espagnole ; peuple de l'Hispanie, avait au N. le Durius, au S. le Tage, à l'E. les Vaccéens et les Carpetani ; ch.-l., Salmantica (Salamanque). Les Vettones prirent part à la ligue des Vaccéens et des Celtibères contre les Romains, furent défaits à Toletum en 192 av. J.-C., reprirent les armes en 153 avec les Lusitaniens, mais furent vaincus par Calpurnius, puis par Atilius, 150.
VÉTULONIES, auj. Vetultia, anc. v. d'Étrurie, à l'O. et près de la côte, entre l'Umbro et l'Arnus, était une des 12 lucumonies. Elle avait pour port Telamone.
VÉTURIE, mère de Coriolan. V. CORIOLAN.
VEVAY, Viviscum, jolie ville de Suisse, dans le canton de Vaud, sur le bord N. E. du lac de Genève, à l'embouchure de la Vevayse, au pied du Jorat, à 20 k. E. S. E. de Lausanne ; 5 500 hab. Port, jolie place, halle au blé avec colonnes de marbre. Collège, bibliothèque, société d'émulation, caisse d'épargne, etc. Commerce de vins, fromages, planches et bois de construction. Aux environs, sites admirables et jolis châteaux qui attirent les touristes. — D'abord aux ducs de Savoie, Vevay appartint à Berne depuis 1536, et au canton de Vaud depuis 1798.
VEXIN, Veliocasses, puis au moyen âge, Vulcassinus pagus, pays de l'anc. France, qui appartenait jadis en entier à la Normandie, fut plus tard divisé en Vexin Normand (en Normandie) et Vexin français (dans l'Ile-de-Prance). Places principales : dans le Vexin normand : Gisors, Rouen, Jumiéges, Noyon-sur-Andelle, les Andelys, Lions, Vernon ; dans le Vexin français : Pontoise, Chaumont, La Roche-Guyon, Magny. Le 1er est auj. compris dans les dép. de la Seine-Inférieure et de l'Eure; le 2e dans ceux de l'Oise et de Seine-et-Oise. — Le Vexin fit partie du domaine de la couronne jusqu'au moment où Dagobert I le donna à l'abbé de St-Denis. Il reçut le titre de comté vers 750 et devint au commencement du Xe s. fief héréditaire sous la suzeraineté du duc de France. Au traité de St-Clair-sur-Epte, 912, une portion de ce comté fut cédée aux ducs de Normandie et forma le Vexin normand ; le reste (V. français) fut réuni à la couronne en 1082. Donné en apanage par Louis VI le Gros à Guillaume Cliton en 1126, il fit retour au domaine après la mort de ce prince, en 1128.
VEYLE (la), riv. du dép. de l'Ain, passe près de Bourg, arrose Pont-de-Veyle et se jette dans la Saône près de Mâcon, après un cours de 100 kil.
VEYNES, ch.-l. de c. (Htes-Alpes), sur le Buech, à 22 kil. O. de Gap ; 1 590 hab. Antiquités. Aux env., restes de l'anc. ville romaine de Mons Seleucus.
VEYRE-MONTON, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 15 k. S. E. de Clermont-Ferrand; 2 687 hab. VÉZELAY, Vizeliacum, ch.-l. de c. (Yonne), près de la riv. de Cure, à 15 k. O. d'Avallon ; 1 162 h. Magnifique église de Ste-Madeleine, consacrée en 868 et restaurée depuis peu. Eaux minérales salées. Patrie de Théodore de Bèze. Bons vignobles. — Ville jadis forte, avec une riche abbaye de Ste-Madeleine, fondée en 864. S. Bernard y prêcha la 2e croisade ; Louis VII y prit la croix en 1146. Les Calvinistes l'occupèrent quelque temps sous Charles IX.
VÉZELISE, ch.-l. de c. (Meurthe-et-Moselle), au confluent du Brenon et de l'Uvry, à 28 kil. S. O. de Nancy ; 1 515 hab. Son église a une haute flèche. Cotonnades, broderies, etc. Patrie St-Lambert, Vézelise faisait jadis partie du comté de Vaudemont.
VÉZENOBRES, ch.-l. de c. (Gard), à 13 kil. S. E. d'Alais ; 1 120 hab. Station de chemin de fer.
VÉZÈRE (la), riv. de France, naît près de Chavagnac (Corrèze), reçoit la Corrèze et va grossir la Dordogne à Linceuil, après un cours de 160 kil.
VEZIN, ch.-l. de c. (Aveyron), à la source de la Viaur, à 27 kil. N. O. de Millau ; 1 260 hab. VEZZANI, ch.-l. de c. (Corse), à 18 kil. de Corte ; 1 091 hab. VIADRUS, riv. de Germanie, auj. l’Oder.
VIANE, v. d'Espagne, dans l'anc. Navarre (Pampelune), à 4 kil. de l'Èbre et à 50 k. N. O. de Pampelune ; 3 300 hab. Vieux château. Anc. principauté : l'héritier du royaume de Navarre porta à partir de 1397 le titre de Prince de Viane : on connaît surtout sous ce nom don Carlos, fils de Jean II. V. CARLOS (don).
VIANEN, v. de Hollande (Hollande mérid.), sur le Leck, à 11 kil. S. d'Utrecht ; 1 800 hab. C'était autrefois l'asile des criminels et des banqueroutiers. Prise par les Français en 1672.
VIAREGGIO, v. et port de l'anc. duché de Lucques, sur la mer, à 23 kil. E. de Lucques ; 7 500 h. VIAS (Balthazar de), poëte latin moderne, né en 1587 à Marseille, m. en 1667, était docteur en droit, mais s'occupa aussi de numismatique, d'astronomie et surtout de poésie. Il assista aux États généraux de 1614 en qualité d'assesseur de la ville de Marseille, et fut nommé par Louis XIII gentilhomme de la chambre et conseiller d'État. Il a laissé, sous le titre d’Henricæa (1606), un recueil de poésies diverses dédié à Henri IV, où l'on a voulu, bien à tort, trouver le type de la Henriade de Voltaire. On a encore de lui : Silvæ regiæ, 1623; Charitum libri III, 1660. Ses poésies sont pleines d'élégance et de facilité.
VIATKA, jadis Klinov., v. de Russie, ch.-l. du gouvt de son nom, au confluent de la Viatka et de la Klinovka, à 1460 kil. S. E. de St-Pétersbourg; 12 000 h. Archevêché, cour d'appel, séminaire, gymnase. Murs flanqués de tours, belle cathédrale, avec un riche sanctuaire. Commerce assez actif. C'est une des plus anciennes villes de la Russie : des Novogorodiens s'y établirent en 1181 et l'agrandirent. Longtemps elle fut une république vassale de celle de Novogorod ; Ivan III la soumit en même temps que Novogorod. Les Tartares l'avaient prise et pillée en 1391. — Le gouvt de Viatka, entre ceux de Vologda au N., de Kostroma à l'O., de Kazan au S., de Perm à l'E. a 520 kil. de l'E. à l'O. sur 450 et 1 825 000 h. Climat très-froid au N., plus doux au S. Grains, légumes, chanvre; belles forêts. Élève du bétail, riche pêche. Fer, cuivre, houille. Assez d'industrie.
VIAU (Théophile), poëte. V. THÉOPHILE.
VIAZMA, v. de Russie (Smolensk), sur la Viazma (affluent du Dniepr), à 160 kil. E. N. E. de Smolensk; 12 000 hab. Lin, chanvre, grains; pain d'épice renommé. — Viazma était l'apanage des princes de Smolensk. Il y fut signé en 1634 un traité entre Ladislas, roi de Pologne, et le czar Michel Romanov, par lequel ce dernier renonçait à toute prétention sur la Pologne, l'Esthonie, la Livonie et la Courlande.
VIBIUS (C.) GALLUS, empereur. V. GALLUS.
VIBIUS SEQUESTER, géographe latin qu'on suppose avoir vécu entre le Ve et le VIIe s., n'est connu que par un opuscule intitulé De Fluminibus, fontibus, lacubus.... quorum apud poetas fit mentio, dont la meilleure édition est celle d'Oberlin, Strasbourg, 1778 : c'est une espèce de dictionnaire géographique pour aider à l'intelligence des poëtes.
VIBORG ou WIBORG, ville de Russie (Finlande), ch.-l. du gouvt de Viborg, sur une baie du golfe de Finlande, à 140 kil. N. O. de St-Pétersbourg; 6000 h. Place forte, défendue par une citadelle et par une muraille de rochers ; château, arsenal, magasins militaires. Cette ville est l'entrepôt d'une partie de la Finlande. — Fondée en 1118 par les Suédois, Viborg fut fortifiée en 1293 par Torkel Knutson, régent de Suède ; elle devint la capitale de la Carélie. Les Russes y battirent les Suédois en 1556; un traité y fut conclu entre les deux peuples en 1609. Prise en 1710, sous Pierre le Grand, par l'amiral russe Apraxin, elle fut définitivement laissée aux Russes par la paix de Nystad (1721). — Le gouvt de Viborg, entre ceux de Kouopio au N., de Kymmenegard à l'O., d'Olonèje à l'E., de St-Pétersbourg au S. E. et le golfe de Finlande au S., a 400 kil. sur 220, et 280 000 hab. Montagnes au N. E.; plusieurs lacs, entre autres ceux de Saïma et de Ladoga; riv. principale, la Kymmène.
VIBORG, v. du Danemark (Jutland), ch.-l. de diocèse, presque au centre, sur le lac de Viborg, à 400 k. N. O. de Copenhague; 6000 hab. Évêché luthérien. On suppose que cette ville est l'anc. capitale des Cimbres du Jutland.
VIBRAYE, ch.-l. de c. (Sarthe), sur la Braye et près de la forêt de son nom, à 17 k. N. de St-Calais; 2939 hab. Forges, poteries.
VIC, VIC-SUR-SEILLE, ch.-l. de c. (Meurthe-et-Moselle) , sur la Seille, à 6 kil. S. E. de Château-Salins; 2398 h. Trib. de 1re inst., conservat. d'hypothèques. Vieux chât. Immense mine de sel gemme; plâtre. — Cette ville était jadis un des séjours des rois d'Austrasie et devint la capitale du pays Saunois (ainsi nommé de la quantité de sel qu'on en tirait). Elle fut ruinée par le comte de Bar en 1255. Un traité de paix y fut conclu en 1632 entre Louis XIII et le duc de Lorraine, Charles III.
VIC-DESSOS, ch.-l. de c. (Ariége), sur le Vic-Dessos (affluent de l'Ariége), à 31 kil. S. S. O. de Poix; 947 hab. Aux env., riches mines de fer; forges.
VIC-EN-BIGORRE, ch.-l. de c. (Htes-Pyrénées), à 17 kil. N. de Tarbes; 3725 hab. Chaux, briques, taillanderie, tannerie, vins. Restes d'un château fort.
VIC-FEZENSAC, ch.-l. de c. (Gers), sur la Losse, à 28 kil. N. O. d'Auch; 4206 hab. Eau-de-vie, merrains, châtaignes, etc. Anc. ch.-l. du comté de Fezensac
VIC-LE-COMTE, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), sur l'Allier, à 18 kil. S. E. de Clermont; 2926 hab. Station. Anc. résidence des comtes d'Auvergne.
VIC-SUR-AISNE, ch.-l. de c. (Aisne), à 20 kil. O. de Soissons; 972 hab. Anc. place forte.
VIC-SUR-CÈRE ou VIC-EN-CARLADÈS, ch.-l. de c. (Cantal), sur la Cère, à 16 kil. N. E. d'Aurillac; 1789 hab. Eaux minérales acidulés. Commerce de bétail, toiles. Patrie de L. de Boissy, poëte dramatique. Anc. capit. du Carladès. — V. VICH.
VIC (Dominique de), vicomte d'Ermenonville, fut un des serviteurs les plus dévoués de Henri IV. Ne pouvant servir par suite d'une blessure qu'il avait-reçue à la jambe (1586), et dont le traitement menaçait d'être long, il se fit amputer et rejoignit l'armée de Henri ; il se couvrit de gloire à Ivry et contribua à la prise de Paris. Henri IV lui donna successivement le gouvernement de St-Denis (1591), de la Bastille, de Calais, le nomma vice-amiral (1602), puis ambassadeur en Suisse (1604). Passant après la mort du roi dans la rue de la Ferronnerie, où ce prince avait été assassiné, Vic fut saisi d'une douleur si vive qu'il en mourut le lendemain (1610).
VICAIRE, Vicarius, nom donné dans l'empire romain depuis le IVe s. au gouverneur d'un diocèse : le vicaire était subordonné au préfet; ainsi, par ex., le préfet d'Orient avait sous lui 4 vicaires : celui d'Orient (proprement dit), ceux d’Égypte, d'Asie, de Pont. A la mort des empereurs d'Allemagne, les fonctions impériales étaient exercées par intérim par deux vicaires impériaux. L'empereur déléguait aussi parfois son autorité à des vicaires impériaux dans le pays où il ne résidait pas, comme l'Italie, le roy. d'Arles, le Piémont. — Pour les Vicaires ecclésiastiques, V. notre Dict. univ. des Sciences.
VICENCE, Vicentia en latin, Vicenza en italien, v. de Vénétie, ch.-l. de la prov. de Vicence, sur le Bacchiglione, à 75 kil. O. de Venise; 36 000 h. Évêché, trib. de 1re inst., lycée, séminaire. Très-bel aspect; belle place du palais public (hôtel de ville), église des Dominicains et de la Grâce, Vieux palais, théâtre olympique (chef-d'œuvre de Palladio), palais Prefettizio, Chiericati, Barbarato, Tiene, Nievi, Coldogno, etc.; arc de triomphe du Champ de Mars. Chemin de fer. Académie d'agriculture, bibliothèque, jardin botanique. Soieries, draps, chapeaux, faïences, porcelaine, pompe à feu. Pacius, le Trissin, Scamozzi et Palladio naquirent à Vicence. — Cette ville remonte au temps des Rasena; les Sénonais l'agrandirent en 392 av. J.-C.; Alaric(401), Attila (452), la ravagèrent. Sous les Lombards, elle fut ch.-l. d'un duché; au XIIe s. elle devint une des républiques de la Hte-Italie. Elle prit part aux deux ligues lombardes ; Frédéric II la saccagea en 1236. Elle eut ensuite à subir la tyrannie des Romano, obéit quelque temps aux della Scala, devint, ainsi que tout le Vicentin, province vénitienne en 1404, fut occupée 8 ans par l'emp. Maximilien (1509-1516), mais rendue à Venise après la paix de Noyon. Elle fut envahie par les Français en 1796 : après cinq années d'incertitude et quatre ans de domination autrichienne, elle fut annexée au roy. d'Italie (1805), où elle figura comme ch.-l. du dép. du Bacchiglione. En 1815, elle fut attribuée à l'Autriche avec la Vénétie. Elle a été rendue à l'Italie en 1866. — La province de Vicence, entre celles de Bellune, Trévise, Padoue, Vérone, et le Tyrol au N., a env. 140 k. sur 52 et 335 000 hab. Au N., montagnes, ailleurs belles plaines. Climat délicieux, air renommé pour sa salubrité, sol fertile : le Vicentin est le jardin de l'Italie. Riz, vin, chanvre, mûriers, vers à soie. Argent, fer, marbre sources thermales, traces de volcans. VICENTE (Gil), poëte portugais. V. GIL-VICENTE.
VICH ou VIC D’OSONA, Ausa, Ausona, v. d’Espagne (Barcelone), à 62 kil. N. de Barcelone ; 13 000 hab. Évêché, belle cathédrale. Commerce actif. Non loin de là est le mont Seni, qui renferme des mines de houille et de cuivre, et d’où l’on tire des améthystes, des topazes, de superbes cristaux. — Saccagée par les Maures en 713, elle souffrit aussi beaucoup dans la guerre de la succession d’Espagne pour avoir pris !e parti de l’archiduc Charles. Aux environs, les Français battirent les Espagnols en 1810 et en 1823.
VICHNOU, dieu hindou, 2e personne de la Trimourti (Trinité des Hindous), a le rôle de conservateur. De temps en temps il prend pour le bien des humains une forme visible : il s’est déjà incarné 9 fois, et doit s’incarner une 10e : ces incarnations s’appellent avatar. Les 4 premières eurent lieu dans le premier âge du monde, dit Satiayouga, âge d’or, où tous les hommes étaient bons et vertueux ; les suivantes, dans le 2e et le 3e âge; la 10e terminera la période actuelle, l'âge noir ou de fer (Kali-youga), et mettra fin à l’existence du monde. Dans les 4 premières incarnations, Vichnou se montra successivement sous la forme d’un poisson, d’une tortue, d’un sanglier, d’un lion. Après avoir ainsi revêtu diverses formes animales de plus en plus relevées, il prit la forme humaine : il fut d’abord le brahme nain Vamana, puis le brahme guerrier et armé de la hache, Paraçou-Rama, enfin le beau prince Rama, fils de Daçaratha, radjah d’Ayodhia ou Aoude (dont les aventures sont le sujet du Ramayana); il devint ensuite Krichna, le bon pasteur, le vainqueur de Kansa, et enfin Bouddha le saint, le sage par excellence. Vichnou, lorsqu’il s’incarnera pour la 10e fois, sera le cheval exterminateur Kalki, qui d’un coup de pied réduira le globe en poudre. On donne à ce dieu pour femme la belle Lakchmi. Vichnou est le premier être qui sorte du sein de la mer primordiale, et alors on le nomme Narayana (celui qui se meut sur les eaux); de son nombril sort un lotus qui porte les 2 autres personnes de la Trimourti (Brahma et Siva). Il dort et flotte sur les eaux dans l’intervalle des petites destructions du monde : on le représente alors étendu sur le grand serpent Adisécha ou Ananta, qui s’allonge sous son corps en forme de lit, et recourbe ses sept têtes au-dessus de la sienne en forme de dais. D’autres fois il est porté sur un épervier ou sur un aigle. La jeunesse et la vigueur se dessinent dans tout son extérieur ; ses statues ont la figure bleue, avec 4 bras et 4 mains : dans une main il tient une massue, dans une autre une roue magique (tchakra), dans la 3e une conque, dans la 4e un lotus ; sa tête est ornée d’une magnifique couronne à triple étage en forme de tiare. — Vichnou est adoré dans l’Inde entière, mais principalement à Djaggernat, où l’on voit des fanatiques se faire écraser sous les roues du char qui porte sa statue.
VICHNOU-SARMA, brahme qu’on suppose être le véritable auteur des Fables attribuées à Pilpaï. V. ce nom.
VICHY, Aquæ calidæ, v. du dép. de l’Allier, sur la r. dr. de l’Allier, à 21 kil. S. O. de La Palisse et à 55 kil. S. de Moulins ; 3 740 hab. Eaux thermales renommées, auxquelles on attribue des vertus apéritives et stomachiques, et que l’on emploie contre les obstructions, les rhumatismes, les paralysies. Splendides établissements de bains ; aux env. parc et belles promenades. Dans la saison des eaux, ce lieu est le rendez-vous d’une société brillante. Vichy était jadis une place forte : Charles VII la prit en 1440.
VICKSBURG, v. et port des États-Unis (Mississipi), sur le Mississipi, à l’intersection de plusieurs chemins de fer, à 70 kil. O. de Jackson et à 500 kil. de la Nouv.-Orléans ; env. 5 000 hab. Place très-commerçante, grand entrepôt du coton ; paquebots réguliers pour la Nouv.-Orléans. Cette ville fut prise par les Fédéraux sur les Confédérés le 3 juillet 1863.
VICO, ch.-l. de c. (Corse), à 45 kil. N. d’Ajaccio ; 2 031 hab. Vin, huile d’olive, bois.
VICO-EQUENSE ou VICO-DI-SORRENTO, v. du roy. d’Italie (Naples), près du golfe de Naples, à 6 kil. S. O. de Castel-a-Mare; 2 600 h. Évêché ; cathédrale où sa trouve le tombeau de Filangieri. — Détruite par les Goths, rebâtie en 1300 par Charles II, roi de Naples.
VICO (J. B.), savant italien, né à Naples en 1668, m. en 1744, était fils d’un pauvre libraire. Il professa 40 ans la rhétorique à l’Université de Naples, et vécut dans la gêne, méconnu de ses contemporains. Il fut un des créateurs de la philosophie de l’histoire, qu’il nomme la science nouvelle ; il a tracé de main de maître l’histoire probable du genre humain, et a préludé à toutes les grandes questions de races, de langues, de migrations, agitées depuis ; mais il se laisse souvent entraîner à des hypothèses peu solides. Son ouvrage capital, les Principes d’une science nouvelle relative à la nature commune des nations, parut à Naples en 1725. Il y distingue dans l’histoire de l’humanité trois âges : l’âge divin, temps d’idolâtrie, dans lequel les hommes encore ignorants divinisaient tout ; l’âge héroïque, temps de barbarie où régnait la force et où dominèrent quelques héros ; l’âge humain, époque de civilisation ; il croyait que les peuples parcouraient successivement ces trois âges, et qu’arrivés au dernier ils devaient retourner au premier, roulant ainsi dans un cercle éternel. Il est un des premiers qui aient présenté les personnages héroïques, poétiques ou même historiques (Hercule, Homère, Romulus), comme de purs mythes ou des personnifications de certains âges, de certains sentiments ou de certains intérêts. Ses Œuvres complètes ont été publiées à Milan, en 6 vol. in-8, 1836-37. Michelet a le premier en France appelé l’attention sur cet homme remarquable : on lui doit une traduction de la Science nouvelle, sous le titre de Principes de la philosophie de l’histoire (1827), qu’il a fait suivre des Œuvres choisies de Vico, 2 vol. in-8, 1836. J. Ferrari a fort bien apprécié cet auteur dans son livre de Vico et l’Italie, Paris, 1840.
VICOMTE (de vice, à la place de, et comes, comte). Les vicomtes, dont l’institution remonte aux derniers temps de l’empire romain, n'étaient que les vicaires ou lieutenants des comtes. Ceux-ci les choisissaient eux-mêmes, excepté dans quelques villes principales, où ils étaient nommés directement par l’empereur. Chez les Francs, le nom de vicomte est employé pour la 1re fois en 819, sous Louis le Débonnaire, qui nomma Cixilane vicomte de Narbonne ; auparavant on se servait du titre de vidame. Sous les derniers Carlovingiens, les vicomtes, à l’exemple des ducs et des comtes, érigèrent leurs gouvernements en fiefs héréditaires qui relevaient, les uns du roi, les autres des ducs et des comtes. En Normandie, on donnait le nom de vicomtes à des gens de robe qui rendaient la justice au nom du roi et des seigneurs ; l'étendue de leur juridiction s’appelait vicomté. Depuis l’abolition du régime féodal, le titre de vicomte n’est plus qu’honorifique en France, comme tous les titres nobiliaires. Le vicomte se place dans la hiérarchie féodale entre le comte et le baron.
VICQ-D’AZYR (Félix), médecin, né à Valognes en 1748, m. en 1794, ouvrit avec éclat à Paris en 1773 un cours d’anatomie, entra par mariage dans la famille de Daubenton, qui devint son protecteur, fut nommé en 1774 membre de l’Académie des sciences, en 1776 secrétaire perpétuel de la Société de médecine, fut en cette qualité chargé de rédiger les éloges de ses principaux collègues, ce qu’il fit avec un grand talent, et obtint ainsi un fauteuil à l’Académie française (1788). Il était en outre professeur à l’École vétérinaire d’Alfort et 1er médecin de la reine. Ses Œuvres (publiées à Paris en 1805, 6 vol. in-fol.) contiennent ses Éloges, généralement élégants et d’une lecture agréable, des Mémoires sur l’anatomie humaine et comparée, un Traité d’anatomie et de physiologie, et le Système anatomique des Quadrupèdes. On lui doit la théorie des homologues.
VICRAMADITYA, prince célèbre de l’Inde, qui régnait à Oudjein dans le 1er s. av. J.-C., conquit le Bengale, l’Orissa, le Guzzerat, le Delhi, mais périt peu après cette dernière conquête dans une bataille livrée à Salivahana, roi de Pratichthana. Protecteur des lettres, il avait accueilli à sa cour le célèbre Kalidasa. Vicramaditya donna son nom à une ère qu’on fait commencer l’an 56 av. J.-C.
VICTOIRE (la), déesse allégorique, fille de la Force et de la Valeur. Sylla lui bâtit un temple à Rome, et institua des fêtes en son honneur. Sa statue était dans le Capitole, et elle y resta jusqu’en 382, époque à laquelle l’empereur Gratien la fit enlever. Ce fut la dernière statue païenne que le christianisme fit disparaître des monuments publics : l’enlèvement de cette statue fut regardé comme un événement de mauvais augure, et fut vivement combattu, surtout par l’éloquent Symmaque, alors préfet de Rome. On représente la Victoire à peu près de la même manière que Minerve ; on lui donne pour attributs un rameau de palmier, une couronne, et des ailes. On la représente aussi élevant des trophées, ou gravant sur un bouclier les exploits des guerriers.
VICTOIRE (Ste), vierge et martyre à Rome en 249, est fêtée le 23 décembre. — Autre sainte qui subit le martyre à Carthage en 304, avec saint Saturnin. L’Église l’honore le 11 février.
VICTOIRE (Louise Thérèse), connue sous le nom de Madame Victoire, fille de Louis XV, sœur du Dauphin et tante de Louis XVI, née en 1733, se distingua par sa piété, sa charité et par la pureté de ses mœurs, émigra en 1791 avec Mme Adélaïde, sa sœur, et mourut à Trieste en 1799.
VICTOIRES (Place des), une des principales places de Paris, de forme demi-circulaire, entre la rue Croix-des-Petits-Champs et la rue des Fossés-Montmartre, fut ouverte sous Louis XIV en 1684 par le maréchal de La Feuillade et bâtie sur les plans de J. H. Mansard. On plaça au milieu une statue pédestre de Louis XIV, en manteau royal, et couronné de lauriers par une Victoire ; aux angles du piédestal étaient les statues de 4 nations sous figures d’esclaves enchaînés. Ce monument fut détruit en 1792 ; en 1803 on éleva sur son emplacement un monument à Desaix et à Kléber. Une statue de Louis XIV, œuvre de Bosio, a été rétablie sur la place en 1816.
VICTOR (S.), de Marseille, était soldat dans l’armée de l’empereur Maximien ; arrêté comme chrétien, il refusa de sacrifier aux idoles et subit le martyre vers 303, le 21 juillet, jour où on le fête.
VICTOR I (S.), pape de 193 à 202, était Africain. Il condamna et excommunia Théodore de Byzance qui niait la divinité de Jésus-Christ et subit le martyre sous Septime-Sévère. C’est lui qui fixa la fête de Pâques au dimanche qui suit le 14e jour de la lune de mars. L’Église le fête le 28 juillet. II, Gebhard, pape de 1055 à 1057, était évêque d’Eichstedt et conseiller de l’empereur Henri III, qui, de concert avec Hildebrand, lui assura la tiare. Il fit des efforts pour rétablir la discipline et déraciner la simonie. III, nommé d’abord Didier, de la maison ducale de Capoue, pape de 1086 à 1087, avait été 29 ans abbé du mont Cassin, et avait joué un grand rôle sous Grégoire VII dont il était l’ami. Il refusa longtemps la tiare et ne se laissa sacrer qu’en 1087. Il eut à combattre l’anti-pape Clément III (Guibert de Ravenne), que la grande-comtesse Mathilde l’aida à chasser de Rome. Il prêcha une expédition contre les Arabes d’Afrique et excommunia l’empereur Henri IV. IV, anti-pape, de la famille des comtes de Tusculum, fut nommé par le parti impérial à la mort d’Adrien IV (1159), tandis que le parti normand faisait choix d’Alexandre III : il chassa de Rome Alexandre, et le somma de comparaître devant un concile à Pavie (1162) ; mais il mourut en 1164, avant que le concile fût assemblé.
VICTOR, évêque de Vite en Byzacène, fut forcé, pendant la persécution exercée contre les catholiques parle roi vandale Hunéric, qui était arien, de s’enfuir à Constantinople (483), et y rédigea l’histoire de cette persécution : Historia persecutionis vandalicæ sive africanæ sub Genserico et Hunnerico. Elle a été publiée par D. Ruinard, Paris, 1694, et trad. par Belleforest et Arnauld d’Andilly.
VICTOR (Victor PERRIN, dit), duc de Bellune, général français, né en 1766 à La Marche (Vosges), m. en 1841, entra au service comme tambour dès 1781, fût nommé adjudant général au siège de Toulon (1793), se signala à l’armée des Pyrénées orientales, puis en Italie, prit Ancône (1796-97), contribua aux victoires de Montebello, de Marengo (1800), d’Iéna (1806), de Friedland (1807), et fut après ce dernier exploit élevé au rang de maréchal de France. En 1808, il passa en Espagne, où il gagna les vict. d’Uclès et de Médellin. Il fit partie de l’expédition de Russie (1812), se distingua encore aux batailles de Dresde (1813), de Leipsick, de Hanau, et fit la campagne de 1814 en France, où il fut grièvement blessé. Après la paix, il se rallia aux Bourbons ; pendant les Cent-Jours, il suivit Louis XVIII à Gand, et fut, à son retour, fait pair de France. Il fut appelé au ministère de la guerre en 1821, mais il le quitta à la suite des discussions soulevées par les marchés Ouvrard. Son fils, V. François Perrin, m. en 1853, avait commencé la publication de ses Mémoires, 1847, mais cette publication n’a pas été continuée.
VICTOR (Chanoines de St-) ou VICTORINS, congrégation fondée en 1113 à Paris dans un prieuré de Bénédictins dit de St-Victor, se livrait à l’enseignement. Cette congrégation, établie au pied de la montagne Ste-Geneviève, dans l’emplacement qui est auj. traversé par la rue St-Victor, prit bientôt une grande extension : sous Louis VIII, elle comptait déjà 40 établissements en France. C’est de son sein que sont sortis Guillaume de Champeaux, Pierre Lombard, Hugues de St-Victor. V. HUGUES de ST-VICTOR.
VICTOR-AMÉDÉE I, duc de Savoie, fils de Charles-Emmanuel I, monta sur le trône en 1630, à 13 ans. Bien qu’il eût épousé Christine de France, fille de Henri IV, il n’en fit pas moins la guerre à son beau-frère Louis XIII ; mais les traités de Ratisbonne (1630) et de Chérasque (1631) rétablirent la paix et lui donnèrent partie du Montferrat. Il acquit, aux dépens du duc de Mantoue, Albe sur le Tanaro et l’Albesan, signa le traité de Rivoli avec Louis XIII en 1635, au moment où commençait la participation de la France à la guerre de Trente ans, et fut nommé généralissime des troupes françaises qui devaient agir en Italie contre l’Autriche. Il remporta un avantage à Fornavento sur le marquis de Léganès, en 1636, et l’année suivante une victoire décisive à Monbaldone ; mais il mourut subitement quelques jours après, à Verceil, laissant 2 fils, qui tous deux régnèrent, François-Hyacinthe (1637-38) et Charles-Emmanuel II (1638-1675). II, d’abord duc de Savoie, puis roi de Sardaigne, célèbre par sa politique tortueuse et versatile, né en 1665, succéda en 1675 à Charles-Emmanuel II, son père, avec le titre du duc de Savoie, sous la régence de sa mère Marie de Nemours, et s’unit à la France en épousant Anne d’Orléans, nièce de Louis XIV (1684) ; mais bientôt il prit parti contre Louis XIV, et entra en négociation avec Guillaume III et le duc de Bavière. Catinat fondit sur ses États (1690), et le vainquit à Staffarde ainsi que sur d’autres points : il ne fut sauvé que par l’arrivée du prince Eugène. En 1692, il reçut de la cour de Vienne le commandement en chef des troupes envoyées par l’Autriche contre la France ; mais Louis XIV obtint à prix d’argent sa défection. Après la paix de Ryswyk (1697), ayant quelques prétentions à la future succession du roi d’Espagne Charles II, il signa plusieurs traités de partage avec Louis XIV ; mais, après le commencement des hostilités, il s’arrangea secrètement avec les alliés, et il finit par s’unir avec eux parle traité de Turin (1703). Les campagnes de 1703 à 1706 le dépouillèrent presque totalement de ses États, et il se vit forcé de s’enfuir à Gênes. Rétabli par le prince Eugène dans ses possessions italiennes (1707), il attaqua en vain Toulon. Commandant en 1708 l’armée austro-sarde, il obtint quelques succès ; mais en 1709, s’étant brouillé avec l’Autriche, il devint à peu près neutre. Par la traité d’Utrecht (1713), il obtint la restitution de tous ses États, et reçut en outre la Sicile et une partie du duché de Milan ; il prit dès lors te titre de roi. En 1720, il fut forcé d’échanger avec l’Autriche la Sicile contre la Sardaigne. Il abdiqua en 1730 ; il voulut plus tard, mais en vain, ressaisir la couronne. Il mourut deux ans après (1732), au château de Moncaglieri, où il était presque prisonnier. Sa fille Adélaïde avait épousé le duc de Bourgogne et fut mère de Louis XV. III, né en 1727, succéda en 1773 à son père Charles-Emmanuel III, sécularisa plusieurs abbayes, abolit les droits de péage en Savoie, organisa son armée sur le pied prussien, fonda l’Académie des sciences de Turin, éleva des digues et autres belles constructions ; mais il obéra par là ses finances, et se trouva ainsi mal en mesure contre la Révolution française. Il fut pourtant un des princes les plus ardents contre elle, ouvrit ses États aux premiers émigrés, et refusa de recevoir l’ambassadeur français Sémonville. Quand la guerre eut éclaté, il fut battu en plusieurs rencontres par Schérer (1795), notamment à Loano, puis par Bonaparte, et se vit forcé à signer, le 15 mai 1796, la paix humiliante de Paris, qui lui enlevait une partie de ses États de terre-ferme. Il ne survécut que 5 mois.
VICTOR-EMMANUEL I, roi de Sardaigne, 2e fils de Victor-Amédée III et frère de Charles-Emmanuel IV, né en 1759, m. en 1824. À l’abdication de son frère Charles-Emmanuel (1802), il lui succéda, mais il ne régna que sur la Sardaigne (le Piémont et la Savoie étaient alors à la France). Il rentra en 1814 dans ses États de terre-ferme, qui furent augmentés en 1815 de l’ancien territoire de Gênes et de diverses annexes. Fort hostile aux idées libérales, il vit éclater dans ses États en 1821 une violente insurrection, qui avait pour but d’obtenir une constitution. Il abdiqua plutôt que de satisfaire à ce vœu et laissa le trône au duc de Genevois, Charles-Félix, son frère.
VICTORIA, colonie anglaise de l’Australie mérid., entre 34°-39° lat. S. et 141°-150° long. E., bornée au N. et au S. par la Nouv.-Galles du S., dont elle est séparée par le fleuve Murray, à l’O. par l’Australie occid., au S. par le détroit de Bass, qui la sépare de la Terre de Van-Diémen ; env. 600 000 hab. (dont le nombre s’accroît sans cesse) ; capit., Melbourne. - Cette colonie, fondée en 1837 et connue d’abord sous le nom de Port-Philipp, fit jusqu’en 1851 partie de la Nouv.-Galles du S. À cette époque, à la suite de la découverte de riches placers d or, elle fut érigée en colonie séparée et reçut un nouveau nom (celui de la reine régnante). Depuis, elle a pris un accroissement prodigieux. Outre l’or, elle exporte d’immenses quantités d’une laine fort estimée.
VICTORIA, v. anglaise de l’île chinoise de Hong-Kong, capit. de l’île et des possessions anglaises dans ces parages, sur la côte N. Fondée en 1842, elle compte auj. plus de 100 000 hab. (dont env. 90 000 Chinois et 10 000 Européens).
VICTORIA, v. du Mexique, ch.-l. de l’État de Tamaulipas, à 400 kil N. E. de Mexico ; env. 6000 h.
VICTORIA-NYANZA, nom donné par Speke et Grant au lac Nyanza. V. ce nom.
VICTORIA (NOSSA SENHORA DA), v. forte et port du Brésil, ch.-l. de la prov. d’Espirito-Santo, à l’emb. de l’Espirito-Santo et à 300 kil. N. E. de Rio-Janeiro, par 10° 18′ lat. S., 42° 21′ long. O. 5000 hab.
VICTORIA (Terre), terre découverte en 1841 dans le grand Océan austral par le capitaine anglais Ross, est située entre 70° et 79° lat. S. et 163°-170° long. E. Côtes glacées ; pays montagneux et volcanique : on y remarque’'Erebus, 3781 mèt. de hauteur. V. VICTORIA, VITTORIA, VICTOIRE.
VICTORIA (Ordre de), ordre militaire institué, en Angleterre en 1857, à la suite de la campagne de Crimée, à l’imitation de notre Légion d’honneur. La décoration est une croix de Malte, faite avec les canons pris sur les Russes à Sébastopol, et suspendu par une agrafe en forme de V (Victoria) à un ruban, qui est rouge pour l’armée et bleu pour la marine. Au centre est la couronne royale surmontée d’un lion, avec ces mots : Pour la bravoure.
VICTORIEN (S.), proconsul d’Afrique, martyrisé par les Vandales en 484, est fêté le 23 mars.
VICTORIN, M. Aurelius Piauvanius Victorinus, un des 30 tyrans qui prirent la pourpre sous Gallien, était fils de la célèbre Victorine et avait été associé à l’empire par Posthume en 264. Après la mort de Posthume, il renversa Lollien, meurtrier de ce dernier (267), et resta seul maître de la Gaule ; il y joignit même pendant un temps l’Espagne et la Bretagne. Il battit les troupes de Gallien qui lui furent opposées ; mais sa lubricité sans frein causa une sédition, dans laquelle il périt en 268. Les légions de Cologne proclamèrent son fils. L. Victorin ; mais ce jeune prince fut aussi massacré quelques jours après.
VICTORIN (S.), évêque d’Angleterre, martyr à Rome au Ier s., est honoré le 5 févr. — Martyr à Corinthe au IIIe s., est honoré le 25 févr. — L’Église honore le même jour un autre S. Victorin, qui subit le martyre en 284 à Diospolis en Thébaïde.
VICTORIN DE FELTRE, célèbre instituteur, né à Feltre vers 1379, de parents pauvres, m. en 1447, enseigna la rhétorique et la philosophie à Padoue, fut appelé en 1425 à Mantoue par François de Gonzalve qui lui confia l’éducation de ses enfants, et fonda dans cette ville une école modèle, qui fut longtemps florissante ; il ne s’attachait pas moins à cultiver le cœur que l’esprit de ses élèves et il fut lui-même un modèle de vertu. Parmi ses élèves, on cite George de Trébizonde, Théodore Gaza, J. Andréa. Sa Vie a été écrite par Prendilacqua qui lui succéda dans la direction de son école, et par Rosmini, 1801.
VICTORINE, Aurelia Victorina, sœur de Posthume, tyran des Gaules, et mère de Victorin, fit adopter son fils par Posthume en 264. Après la mort de Victorin, elle prolongea quelques mois la résistance des Gaulois contre Rome, en faisant successivement donner la pourpre par les soldats à Victorin le jeune, son petit-fils, à Marius, à Tétricus. Elle mourut en 268. Ses libéralités l’avaient rendue l’idole des soldats : les médailles lui donnent le titre de Mater Exercituum. — L’Église honore le 26 nov. une Ste Victorine, martyre en Afrique.
VICTORINS. V. VICTOR (Chanoines de St-).
VICTORINUS (F. Marius), écrivain latin du IVe s., né en Afrique, professa les lettres à Rome, se convertit au Christianisme à la fin de sa vie, et m. en 370. On a de lui : De orthographia, publié par Camerarius, Tubingue, 1584 ; des Commentaires sur le traité de l’Invention de Cicéron, Milan, 1474 ; des poésies sacrées, un Traité de la Trinité, contre les Ariens, et divers autres traités contre les hérétiques. Très-versé dans la langue et la philosophie des Grecs, il avait traduit les écrits de plusieurs philosophes, notamment de Plotin et de Porphyre. Nous avons encore sa traduction de l’Isagoge de ce dernier. Quelques-uns ont supposé l’existence de deux Victorinus.
VICTORIUS (Petrus), en italien, P. Vettori, savant philologue, né en 1499 à Florence, m. en 1585, suivit d’abord la carrière des armes, puis s’appliqua aux lettres, devint en 1538 professeur d’éloquence grecque et latine à Florence, forma un grand nombre d’élèves distingués, et soit comme critique, soit comme restaurateur de l’éloquence, se mit à la tête des savants de son temps. Ses ouvrages principaux sont : des Commentaires sur la Rhétorique, la Poétique, la Politique et la Morale d’Aristote, Florence, 1548-84 ; Variarum lectionum libri XXXVIII, 1582. On a en outre de lui 10 livres d’Epistolæ, 13 Orationes, et des éditions de Cicéron, Venise, 1534-37, de Térence, Varron, Salluste, Platon, Xénophon, etc. VIDA (Marc Jérôme), poëte latin moderne, né à Crémone en 1490, mort en 1566. Léon X, appréciant son talent, lui fit don d'un riche prieuré, afin qu'il pût se consacrer à la poésie, puis le nomma évêque d'Albe sur le Tanaro. Il a laissé, outre quelques ouvrages en prose, plusieurs poëmes et opuscules poétiques latins qui ont un vrai mérite, soit pour l'invention, soit pour la versification. Ce sont la Christiade (6 chants), l’Art poétique (3 chants), les Échecs (poëme didactique), les Vers à soie (2 chants) : on admire dans ces ouvrages l'art avec lequel il sait exprimer dans un langage classique et élégant les détails techniques les plus arides et les plus rebelles en apparence à la langue latine et aux formes de la poésie. On a encore de Vida des Églogues, des Odes, des Hymnes. Ses poésies ont été imprimées pour la 1re fois à Crémone en 1550, 2 vol. in-8. Une édition donnée à Padoue en 1731, 2 vol. in-4, contient presque toutes ses Œuvres soit en prose soit en vers. La Christiade a été trad. en vers français par Souquet de la Tour, 1826; l’Art poétique en vers par Barrau, 1808, et en prose par Le Batteux (dans les Quatre poétiques, 1771); les Vers à soie, en vers par Crignon, 1786, et par Gaussouin, 1819, et en prose par Levée, 1819, et par Bonafous, 1840; les Échecs, en prose par Levée, 1809.
VIDAL (Pierre), troubadour provençal, né en 1160, habita successivement Gênes, le Montferrat, Milan, suivit, dit-on, Richard en Palestine, et mourut vers 1200, à la cour d'Alphonse III d'Aragon. Il eut de nombreuses aventures galantes qui ne tournèrent pas toutes à son honneur : on assure qu'un mari outragé lui fit percer la langue ; la vicomtesse de Marseille, offensée de ses hommages, le contraignit à s'expatrier. Il paraît qu'il finit par perdre la raison. On a de lui env. 60 pièces, dont 9 ont été publiées par Raynouard (Choix de poésies des Troubadours).
VIDAL DE BESAUDUN (Raymond), troubadour et grammairien du XIIIe s., a laissé une Grammaire provençale fort précieuse, qui a été publiée, avec celle de H. Faydit, par M. Guessard, 1858.
VIDAL (Aug.), dit de Cassis, chirurgien, né en 1803 à Cassis (Bouches-du-Rhône), m. en 1856, était professeur agrégé à la Faculté de Paris et chef de service à l'hôpital du Midi. Ou a de lui, outre quelques monographies, un traité estimé de Pathologie externe et de Médecine opératoire, 1839 et 1846.
VIDAME (de vice, à la place de, dominus, maître), officier chargé d'administrer les fiefs ecclésiastiques, d'ester en jugement pour une église, de prendre les armes pour la défendre, de commander le contingent fourni par elle, et de rendre la justice civile au nom des évêques, lorsque ceux-ci furent en possession de la juridiction civile. Les vidames étaient nommés les uns par les évêques, les autres par les rois (dans les églises fondées par eux). On les nommait aussi avoyers.
VIDOURLE (la), riv. de France, naît dans l'O. du dép. du Gard, qu'il sépare de celui de l'Hérault, et tombe dans l'étang de Thau, après un cours de 85 k.
VIDUCASSES, peuple de la Gaule lyonnaise, dans le dép. actuel du Calvados, avait pour ch.-l. une ville de même nom (auj. Vieux). — Peuple de Gaule, dans le pays appelé depuis Valois. — V. VADICASSES.
VIEILLE-AURE, ch.-l. de c. (Htes-Pyrénées), à 45 kil. de Bagnères; 345 hab.
VIEILLE-MONTAGNE (la). V. MORESNET.
VIEILLEVILLE (Franç. DE SCÉPEAUX, sire de), vaillant capitaine, 1509-71, s'était proposé Bayard pour modèle : il se distingua en effet par une rare bravoure, à laquelle il joignait la prudence, le désintéressement et la modération. Sous François I il contribua à la victoire de Cérisoles. Sous Henri II, il accompagna Montmorency dans l'Angoumois et la Guyenne pour y réprimer des mouvements séditieux, et s'efforça constamment d'adoucir les rigueurs du connétable. Il rendit de grands services dans la guerre de 1555 à 1559, et fut un des plénipotentiaires à Câteau-Cambrésis. Charles IX le créa maréchal en 1562; il refusa le titre de connétable. Il mourut empoisonné par accident. Ses Mémoires, écrits par Carloix (son secrétaire), ont été publiés en 1757 (réimpr. dans la Collection Petitot et dans le Panthéon littéraire).
VIELMUR, ch.-l. de c. (Tarn), à 14 kil. O. de Castres; 1 187 hab. Laines, draps, peaux.
VIEN (Jos. Marie), célèbre peintre, né à Montpellier en 1716, m. en 1809, vint à Paris en 1741, obtint un premier prix, fut envoyé à Rome où il étudia avec passion l'antique et le modèle vivant, et fut, peu après son retour, reçu à l'Académie de peinture et de sculpture. Malgré les offres brillantes de divers souverains, il voulut rester eh France; il y fut bientôt reconnu pour le plus grand peintre d'histoire du temps. De 1771 à 1781, il fut de nouveau envoyé à Rome comme directeur de l'école française de cette ville; en 1788, il fut nommé 1er peintre du roi. La Révolution lui avait enlevé toutes ses places : Napoléon le créa sénateur, comte et commandeur de la Légion d'honneur. Vien a commencé la régénération de la peinture, tombée si bas en France, au XVIIIe s., et a préludé à l'œuvre qu'accomplit David, son élève. On a de lui 179 tableaux ; on admire surtout l’Ermite endormi, la Prédication de S. Denis, à St-Roch, la Résurrection de Lazare, les Adieux d'Hector et d'Andromaque, l’Amour et Psyché.
VIENNAISE (la), Viennensis (sous-entendu provincia), la partie occid. du Dauphiné et de la Provence, plus le Comtat Venaissin; une des 17 prov. de la Gaule romaine, formée aux dépens de l'anc. Narbonaise, était placée entre la Narbonaise 1re à l'O. et la Narbonaise 2e à l'E.; et avait pour borne à l'O. le Rhône. Elle comprenait les Allobroges, les Ségalaunes, les Helviens, les Tricastins, les Voconces, les Cavares, et avait pour capit. Vienne, (Vienne). — Au Ve s. on compta deux Viennaises, dites 1re et 2e, et ayant pour ch.-l., l'une Vienne, l'autre Arles.
VIENNE, en latin Vindobona, Flaviana castra, Juliobona, en allemand Wien, capit. de l'Autriche et de toute la monarchie autrichienne, sur la r. dr. du Danube et sur la Wien, à 1390 kil. E. de Paris, par 14° 2' long. E., 48° 12' lat. N.; env. 600 000 hab. Archevêché catholique ; université (créée en 1365), célèbre surtout pour la médecine, école orientaliste, collège Theresianum, école de cadets, académie Joséphine (de médecine et de chirurgie), académie des beaux-arts, académie des sciences (fondée en 1846); institut polytechnique, écoles militaire, vétérinaire, de musique (ou conservatoire) ; cinq gymnases. La ville proprement dite est entourée de murailles ; elle est petite et ne compte guères que 60 000 hab., mais elle est entourée de grands faubourgs très-peuplés. On y remarque le Burg, château impérial (composé d'une foule de bâtiments divers, dont plusieurs magnifiques), la chancellerie de la cour, les palais des chancelleries d'Autriche et de Bohême, de Hongrie, de Transylvanie; l'hôtel du conseil de guerre; de superbes églises (St-Étienne, St-Pierre, St-Charles, etc.); le Belvédère, les Invalides, l'hôtel de ville, deux arsenaux, la banque, la douane, la monnaie, le théâtre, le grand hôpital, la fabrique impériale de porcelaine, les palais Esterhazy, Lichtenstein, Auersberg, Stahrenherg; quelques belles place (Hof, Graben, avec les statues de S. Joseph et de S. Léopold, Josephplatz, avec celle de Joseph II), nombreux ponts, belle porte, dite Burgthor; promenades renommées (Prater, Augarten, Brigitten-Au, Bastions, Volksgarten). Observatoire, plusieurs bibliothèques, dont la Bibliothèque impériale, très-riche, surtout pour les Incunables, collections en tous genres, galerie de tableaux, musée brésilien et égyptien ; arsenal et musée d'artillerie. Fabriques d'armes, de porcelaine, glaces, étoffes diverses, velours, dentelles d'or et d'argent, rubans, indiennes, fleurs artificielles, voitures, instruments de musique, orfèvrerie, bijouterie; importantes imprimeries. Grand commerce avec la Hongrie et la Transylvanie. — Vienne, bâtie par les Wendes, n'était qu'un village quand Auguste conquit la Pannonie; les Romains y établirent une de leurs stations militaires importantes. Henri I (Jasomirgott), marquis d'Autriche, en fit une ville (1151) ; Léopold VIII lui donna de bonnes murailles (1198); Frédéric II la déclara ville impériale en 1237. Rodolphe I de Habsbourg la prit en 1277, et dès lors la fortune de la maison de Habsbourg, devenue maison d'Autriche, la fit sortir de son obscurité (surtout après 1437). Matthias Corvin l'assiégea en vain en 1477; il la prit en 1485. Vienne eut aussi a subir deux sièges fameux de la part des Turcs : en 1529 elle fut assiégée par Soliman II en personne, mais fut délivrée par Charles-Quint, qui força le sultan à se retirer après 20 assauts inutiles; en 1683, elle allait succomber lorsqu'elle fut sauvée par le roi de Pologne, Jean Sobieski. Napoléon occupa Vienne en 1805 et 1809. Insurgée en 1848, elle fut bombardée et bientôt réduite. — Il fut signé à Vienne divers traités, entre autres celui de 1738 (qui donnait la Lorraine à Stanislas avec réversibilité à la France, la Toscane à François de Lorraine, époux de Marie-Thérèse, et le royaume de Naples à don Carlos), et celui de 1809 qui mit fin à la 6e coalition, et par lequel l'empereur d'Autriche cédait à Napoléon les prov. illyriennes avec partie du Tyrol, et lui donnait la main de sa fille Marie-Louise. — On nomme Congrès de Vienne le congrès tenu dans cette ville du 3 oct. 1814 au 9 juin 1815 par les puissances alliées pour régler l'état de divers États de l'Europe et assurer l'équilibre européen; Déclaration de Vienne, l'acte publié par les alliés le 13 mars 1815, par lequel Napoléon était mis hors la loi.
VIENNE, Vienna, Vienna Allobrogum, v. de France, ch.-l. d'arr. (Isère), au confluent de la Gère et du Rhône, à 91 kil. N. O. de Grenoble par la route, à 119 par chemin de fer; 19 559 hab. Anc. archevêché, dont les titulaires étaient jadis primats des Gaules, et réuni auj. à celui de Lyon. Trib. de 1re inst. et de commerce; collége; belle église St-Maurice; hôtel de ville; quartier de cavalerie; arc de triomphe antique; ruines d'un théâtre, d'un amphithéâtre, d'une naumachie, d'un temple d'Auguste et de Livie (auj. musée d'antiquités), d'un aqueduc. Bibliothèque, musée d'anatomie. Draps croisés, corderie, haut fourneau, fonderie de plomb, papeterie, etc. — Vienne était la capitale des Allobroges. Tibère en fit une colonie romaine ; Claude lui donna un sénat (qui fut le premier de ceux des Gaules); elle fut sous les Romains le séjour principal du gouverneur de la Narbonaise. Sous Dioctétien, elle donna son nom à la Viennaise détachée de la Narbonaise. Les Burgundes en firent leur capitale en 432; les Francs la prirent en 534. Charles le Chauve l'assiégea en 871 et s'en empara. Elle redevint capitale en 879, lors de la formation du roy. de Bourgogne Cisjurane (qu'on nomme aussi quelquefois Roy. de Vienne); mais, après la réunion des deux Bourgognes, elle perdit ce rang qu'Arles lui ravit; elle ne fut plus alors que le ch.-l. d'un comté, gouverné par ses évêques. Son sort suivit celui du Dauphiné ; cependant elle ne se soumit à la France qu'en 1448, environ un siècle après la réunion du reste de cette province. Le Bas-Dauphiné se nommait Viennois. En 1311 (sous Clément V) se tint à Vienne le 16e concile œcuménique, qui supprima l'ordre des Templiers. Vienne est la patrie de S. Mamert, Claudien Mamert, Nic. Chorier, Ponsard.
VIENNE (la), Vigenna, riv. de France, naît dans le N. du dép. de la Corrèze, arrose ceux de la Hte-Vienne, de la Vienne, de l'Indre-et-Loire; reçoit la Creuse, le Clain, le Taurion; baigne St-Léonard, Limoges, Chabannais, Confolens, l'Ile-Jourdain, Lussac, Châtellerault (où elle devient navigable), Chinon, et se jette dans la Loire à Candes, après un cours de 410 k.
VIENNE (dép. de la), entre ceux des Deux-Sèvres à l'O., de Maine-et-Loire et d'Indre-et-Loire au N., de l'Indre et de la Hte-Vienne à l'E., de la Charente au S. : 6760 kil. carrés; 322 028 hab.; ch.-l., Poitiers. Formé aux dépens du Poitou, de la Touraine et du Berri. Collines, surtout à l'O., plaines, landes, bruyères. Fer, houille, marbre, granit, pierres meulières et lithographiques; eaux minérales. Grains; légumes, fruits, pommes de terre, châtaignes, lin (très-beau); chanvre, truffes renommées; miel, cire, vins, bons pâturages. Moutons excellents, chevaux, mulets. Couvertures de laine, lainages divers, dentelles communes, coutellerie, usines à fer, papeterie, etc. — Ce dép. a 5 arr, (Poitiers, Châtellerault, Loudun, Civray, Montmorillon), 31 cantons et 296 comm.; il appartient à la 18e division militaire, a une cour impér. et un évêché à Poitiers.
VIENNE (dép. de la HTE-), entre ceux de la Vienne et de l'Indre au N., de la Dordogne et de la Corrèze au S., de la Charente à l'O., de la Creuse à l'E. : 5543 kil. carrés; 310 595 h.: ch.-l., Limoges. Formé du Limousin et de parties de la Marche, du Poitou et du Berri. Ramifications des monts de l'Auvergne, assez élevées, surtout au S. et au centre; beaucoup de rivières et de ruisseaux, 556 étangs; climat humide. Fer, plomb, étain, antimoine; porphyre, marbre, serpentine, terre à porcelaine (fort abondante à St-Yrieix). Sol peu fertile; vastes châtaigneraies (la châtaigne y est l'aliment du bas peuple), blé, blé noir, seigle, légumes, raves, lin, chanvre, etc.; foin excellent. Chevaux élégants et robustes, moutons, porcs, abeilles; loups. Les habitants émigrent annuellement pour se louer comme maçons, charpentiers, moissonneurs, etc. — Ce dép. a 4 arr. (Limoges, Bellac, Rochechouart, St-Yrieix ), 27 cantons, 290 communes; il appartient à la 21e div. militaire, a une cour impér. et un évêché à Limoges.
VIENNE (Jean de), amiral de France, d'une maison ancienne de Bourgogne, servit sous Charles V et Charles VI, fit une descente en Angleterre en 1377, prit et brûla Rye (dans le comté de Sussex), saccagea l'île de Wight, prit part à la bataille de Rosebecque contre les Flamands en 1382, et fit trois ans après une descente en Écosse. La guerre contre les Turcs ayant été résolue, il accompagna le duc de Bourbon en Barbarie ainsi qu'au siège de Carthagène. En 1396, il fut du nombre des seigneurs français qui allèrent au secours du roi de Hongrie contre Bajazet I : il commandait l'avant-garde à la bataille de Nicopolis, et y périt avec 2000 gentilshommes.
VIENNOIS (le), anc. petit pays de France, dans le Bas-Dauphiné, entre le Rhône, l'Isère et le Grésivaudan, tirait son nom de Vienne, son ch.-l. Il fait auj. partie des dép. de la Drôme et de l'Isère.
VIERGE (la Sainte), mère de Dieu. V. MARIE.
VIERGE (la), signe du Zodiaque. V. VIERGE dans notre Dict. univ. des Sciences.
VIERGES (les), groupe de petites îles qui font partie des Antilles, au N. des Petites Antilles, par 66° 55' long. O., 17° 30' lat. N.; env. 20 000 hab. Ces îles sont au nombre de 40 environ : il y en a 7 principales, qui appartiennent à des puissances différentes : Anegada, Gorda, Tortola, aux Anglais; St-Jean, St-Thomas, aux Danois; Borequim, Vique, aux Espagnols. Sol assez fertile, climat chaud, ouragans fréquents; peu d'eau.— Découvertes en 1493 par Christophe Colomb qui les nomma ainsi, dit-on, en souvenir des Onze mille vierges, à cause de leur nombre. Fr. Drake les visita en 1580. Les Hollandais y fondèrent le 1er établissement à Tortola, pour la pêche des tortues; les Anglais leur enlevèrent cet établissement en 1666; peu à peu les Anglais et les Danois ont occupé les meilleures îles.
VIERGES (les ONZE MILLE). V. URSULE (Ste).
VIERZON ou VIERZON-VILLE, ch.-l. de c. (Cher), sur le Cher et l'Yèdre et le canal du Berry, à 35 k. N. O. de Bourges; 7 740 h. Chemin de fer; importante manufacture de porcelaine, poterie; forges (fer de 1re qualité), acier, tôle, etc. — Vierzon-Village, à 2 k. au S., est le faubourg de la ville et compte 4 852 hab. — Anc. seigneurie. VIESTI, Apenestæ? Merinium? v. d'Italie (Capitanate), sur l'Adriatique, près du cap Gargano, à 40 kil. N. E. de Manfredonia; 5000 hab. Évêché. La ville doit son nom à un anc. temple de Vesta.
VIÈTE (François), Vietus, profond mathématicien, né en 1540 à Fontenay-le-Comte, m. en 1603, était maître des requêtes et ami du président de Thou. Il fit faire de grands progrès à l'analyse mathématique, représenta les quantités connues par des lettres, eut la 1re idée de l'application de l'algèbre à la géométrie, et résolut par des méthodes à lui propres les problèmes les plus difficiles avec une facilité qui le faisait passer pour sorcier. Ses Œuvres ont été réunies par Schooten, Leyde, 1646, in f.
VIETNAM, royaume d'Asie. V. ANNAM.
VIEUSSENS (Raymond), anatomiste, né en 1641 dans le Rouergue, vint à Paris où il fut nommé médecin de Mlle de Montpensier, puis alla se fixer à Montpellier, y devint médecin de l'hôpital St-Éloi et y mourut vers 1720. Il s'est surtout occupé du cerveau et du système nerveux, et a publié sur ce sujet un ouvrage estimé, Nevrographia universalis, Lyon, 1685. On a aussi de lui un Traité des liqueurs du corps humain, Toulouse, 1715.
VIEUX, Viducasses, vge du Calvados, à 10 k. S. O. de Caen; 550 h. Jadis ch.-l. des Viducasses.
VIEUX (le) DE LA MONTAGNE, chef de la secte des Assassins. V. ASSASSINS et HAÇAN-BEN-SABBAH.
VIF, ch.-l. de c. (Isère), sur la Grèze, à 17 k. N. de Grenoble; 2417 hab. Aux environs, marne.
VIGAN (le), Vindomagus, ch.-l. d'arr. (Gard), sur l'Arre, au pied des Cévennes, à 72 k. O. N. O. de Nîmes; 5376 h. Trib., collége. Ville ancienne et mal bâtie, environs pittoresques. Fabriques de bonneterie, d'étoffes de soie et de coton, tanneries, mégisseries. Patrie du chevalier d'Assas, auquel une statue a été élevée sur la place de la ville.
VIGÉE (Étienne), homme de lettres, né à Paris en 1758, m. en 1820, se fit connaître par quelques poésies dans le genre de Dorat, fut secrétaire de Madame, sœur de Louis XVI, dirigea longtemps l’Almanach des Muses, fit après La Harpe, mais avec moins de succès, un cours de littérature à l'Athénée, et fut nommé en 1814 lecteur de Louis XVIII. Il composa pour le théâtre plusieurs pièces qui ne sont pas sans mérite : les Aveux difficiles, 1783; la Fausse Coquette, 1784; la Belle-Mère, 1788; l'Entrevue, 1788 (c'est la meilleure); la Matinée d'une jolie femme. Il s'exerça aussi dans l'épître et l'épigramme, mais, sans s'élever au-dessus du médiocre.
VIGÉE (Mme LEBRUN, Dlle), peintre de portraits, née à Paris en 1755, morte en 1842, était fille de Louis Vigée, peintre distingué, et avait épousé M. Lebrun, qui faisait le commerce de tableaux. Elle attira de bonne heure l'attention des connaisseurs, notamment de Joseph Vernet, qui lui donna des conseils, fit en 1779 le portrait de Marie-Antoinette, fut admise en 1783 à l'Académie de peinture, émigra en 1789, se vit recherchée par tous les souverains de l'Europe, revint en France en 1801, et y mena jusqu'à sa mort (à l'âge de 87 ans) la vie la plus douce. Outre un grand nombre de portraits (662 environ), parmi lesquels on remarque le sien, outre une foule de paysages, on lui doit quelques tableaux d'histoire : on connaît surtout la Paix ramenant l'Abondance, 1783 (au ministère de l'intérieur) et la Sibylle. Ses portraits se distinguent par le bon goût des ajustements, par la vérité de l'expression et par une couleur brillante. Elle a laissé 3 vol. de Souvenirs, 1835.
VIGENÈRE (Blaise de), traducteur, né en 1523 à St-Pourçain (Bourbonnais), m. en 1592, fut secrétaire du duc de Nevers, puis secrétaire d'ambassade à Rome (1666). Il avait reçu les leçons de Turnèbe et de Dorat, qui lui inspirèrent le goût des lettres : il a traduit César, Tite-Live (1re décade), Philostrate et Onosander, avec des notes érudites. On lui doit aussi la 1re traduction du Tasse et un Traité des chiffres ou Secrète manière d'écrire, 1586.
VIGENNA, riv. de Gaule, auj. la Vienne.
VIGEOIS, ch.-l. de c. (Corrèze), sur la Vezère, à 35 kil. N. de Brives; 2519 hab.
VIGER (le P. François), Vigerius, savant jésuite, né vers 1590 à Rouen, m. en 1647, a donné une bonne traduction latine de la Préparation évangélique d'Eusèbe, avec notes, Paris, 1628, et un traité estimé De præcipuis linguæ græcæ idiotismis, 1632, complété et amélioré par Zeune et Hermann.
VIGEVANO, Victumviæ, v. d'Italie, dans les anc. États sardes (Novare), sur la Mora, à 110 kil. E. de Turin; 15 500 h. Évêché. Vieux château fort sur un rocher. Filoselle, bonneterie, mouchoirs ; chapeaux, savon ; macaroni ; vers à soie. Lieu natal de Fr. Sforza, dernier duc de Milan. Aux environs est la belle Villa Sforzesca, ancien couvent de Dominicains.
VIGILANCE, Vigilantius, hérésiarque, né dans la Gaule, à ce qu'on croit, à Calagorris (Cazères), chez les Convenæ (pays de Comminges), voyagea en Palestine, en revint mécontent de l'accueil qu'il avait reçu de S. Jérôme, et se mit à dogmatiser contre les reliques des saints, contre les miracles qui avaient lieu sur leurs tombeaux, contre les jeûnes, les veilles et les aumônes, le célibat des clercs et contre les moines. S. Jérôme le combattit et par lettres et par un traité spécial.
VIGILE, veille d'une grande fête dans la religion catholique. V. ce mot au Dictionnaire des Sciences.
VIGILE, pape, natif de Rome, fut élu du vivant même du pape Silvère (537), par l'appui de l'impératrice Théodora, qui crut trouver en lui un adversaire du concile de Chalcédoine, et fut reconnu universellement après la mort de Silvère (538). Il parut d'abord approuver la doctrine d'Anthime et des Acéphales (c.-à-d. sans chef) ; mais il ne tarda pas à les condamner hautement et s'attira ainsi le ressentiment de l'impératrice Théodora, qui le fit traîner, une corde au cou, dans les rues de Constantinople, puis enfermer dans un cachot (547). Dans l'affaire des Trois chapitres, il refusa d'abord de condamner ces écrits; mais, dès que le concile de Constantinople eut prononcé (553), il adhéra à sa décision, en épargnant toutefois la personne des auteurs des chapitres. Cette restriction donna lieu à une scission momentanée de quelques églises d'Occident. Vigile mourut en 555, à Syracuse, en revenant à Rome.
VIGINTIVIRAT, magistrature subalterne de l'anc. Rome, était exercée, comme le dit le nom, par vingt membres qui formaient un collège. Les Vigintivirs étaient chargés de l'intendance de la voie publique à Rome, de la surveillance de la fabrication des monnaies, du soin des prisons, et de la présidence des différentes sections du tribunal des Centumvirs. C'était le 1er degré des honneurs.
VIGNEMALE, mont. de France (Htes-Pyrénées), à 28 k. S. S. E. de Luz; 3298m de haut.
VIGNEUL DE MARVILLE. V. ARGONNE (Bonav. d').
VIGNEULLES, ch.-l. de c. (Meuse), à 29 kil. E. N. E. de Commercy; 1000 hab. Brasserie.
VIGNOLA, bg du Modénais, à 20 kil. S. de Modène. Patrie de Muratori et de l'architecte Vignole.
VIGNOLE (Jacq. BAROZZIO, dit), architecte, né à Vignola en 1507, m. en 1573, étudia longtemps à Rome, passa deux ans en France, puis revint en Italie, où il éleva plusieurs édifices remarquables (à Bologne, à Parme, à Pérouse, à Rome, notamment, dans cette dernière ville, les églises de St-André et de St-Pierre de Jésus), et fut nommé architecte de St-Pierre. C'est lui qui fournit au roi d'Espagne les plans pour modifier l'Escurial. On le regarde comme le premier qui ait fixé les règles de l'architecture; on lui doit un excellent Traité de la perspective, publié en 1583, et un Traité des cinq ordres, qui fait encore autorité et qui a été traduit et commenté par Daviler, 1691. Lebas et Debret avaient entrepris en 1815 une édition complète de ses Œuvres; mais elle n'a pas été achevée.
VIGNOLES (DES), chronologiste. V. DESVIGNOLES, VIGNORY, ch.-l. de c. (Hte-Marne), à 21 kil. N. de Chaumont; 637 h. Station. Baronnie créée en 1555 pour une branche de la maison d'Amboise.
VIGNY (Alfred de), littérateur, né à Loches en 1799, d'une famille de militaires, m. en 1863, servit quelque temps sous la Restauration, mais se retira dès 1828, avec le grade de capitaine, pour se livrer tout entier à ses goûts littéraires. Il avait publié en 1822 et 1826 deux recueils de poésies, empreintes pour la plupart de l'inspiration biblique, parmi lesquelles on distingue surtout Eloa; il donna en 1826 son premier roman historique, Cinq-Mars, qui obtint la vogue : en 1832 Stello ; en 1835 Servitude et grandeur militaires. En même temps il faisait représenter au Théâtre-Français la Maréchale d'Ancre (1830) et Chatterton (1835), pièce romantique qui obtint un grand succès. Il fut admis en 1845 à l'Académie française. Vigny fut un des écrivains les plus brillants, mais aussi des plus sages de l'école romantique. Il a alssé des poésies philosophiques, les Destinées, et un Journal, sorte d'autobiographie, qui ont été publiés en 1864 et 1867 par L. Ratisbonne.
VIGO, Vicus Spacorum, v. d'Espagne (Pontevedra), sur l'Atlantique, dans la baie de Vigo, à 80 kil. S. O. de Santiago ; 6000 hab. Excellent port, 2 châteaux forts. Commerce actif; cabotage. Pêche abondante : on exporte par an 5 000 000 de kilogr. de sardines. Ville très-ancienne, importante au temps des Romains. Une flotte espagnole fut coulée bas en 1702 devant Vigo par une flotte anglo-hollandaise.
VIGOUREUX (la), fameuse empoisonneuse du XVIIe s., faisait le métier de sorcière; elle fut condamnée par la Chambre ardente en 1680, ainsi que l'abbé Vigoureux, son frère, et fut brûlée en place de Grève avec la Voisin et ses complices, après l'affaire de la marquise de Brinvilliers.
VIGUIER, du latin vicarius, président d'un tribunal nommé viguerie. Les viguiers étaient des prévôts ou des juges qui rendaient la justice en 1re instance pour le roi et plus souvent pour les seigneurs. Les principales vigueries étaient celles de Marseille, de Toulouse, d'Albi.
VIGY, bg d'Alsace-Lorraine, à 15 kil. N. E. de Metz; 824 hab. Tanneries, tuileries.
VIHIERS, ch.-l. de c. (Maine-et-Loire); près d'un étang, à 39 k. S. O. de Saumur; 1765 hab.
VILAINE (la), Herius et Vicinovia, riv. de France, naît dans le dép. de la Mayenne, près de Juvigné, à l'O. d'Ernée, entre dans le dép. d'Ille-et-Vilaine, sépare ce dép. de celui de la Loire-Inf., arrose Vitré, Rennes, Redon, La Roche-Bernard, et se jette dans l'Atlantique, après un cours de 200 kil., dirigé à l'O., puis au S. O. Affluents principaux: l'Ille, à droite; la Seiche et le Cher, à gauche.
VILLABOA, ville du Brésil. V. GOYAZ.
VILLACH, v. d'Illyrie (Laybach), ch.-l. de cercle, à 97 kil. N. O. de Laybach; 5000 hab. Ville assez bien bâtie, murailles. Aux env., mines de fer et de cuivre exploitées; eaux minérales et salines. Cette ville a éprouvé un tremblement de terre en 1348. — La cercle de Villach, formé de la partie O. de l'anc. Carinthie, entre l'archiduché d'Autriche et la Styrie au N., les cercles de Klagenfurth à l'E., de Laybach et de Goritz au S., et le Tyrol à l'O., a 140 kil. sur 62 et env. 130 000 hab.
VILLA-DA-PRAYA, v. et fort de l'île Terceire, sur la côte, 3000 hab. Une flotte dirigée par Don Miguel contre les Açores y fut anéantie en 1829.
VILLA-DO-PRINCIPE, v. du Brésil (Minas-Geraes), ch.-l. de la comarque de Cerro-do-Frio, à 200 k. N. E. de Villa-Rica; 3000 hab.
VILLAFLOR, duc de Terceire. V. TERCEIRE.
VILLAFRANCA, v. de Vénétie, près de la r. g. du Mincio, à 12 kil. S. S. O. de Vérone; 5500 hab. C'est là qu'à la suite de la bat. de Solferino, Napoléon III et François-Joseph signèrent, le 12 juillet 1859, les préliminaires de la paix.
VILLAFRANCA (Alpes marit.). V. VILLEFRANCHE.
VILLAFRANCA, v. de l'île San Miguel (une des Açores), à 22 kil. de Ponte-del-Gada, sur la cote S.; 3000 h. Port creusé par l'éruption d'un volcan.
VILLAFRANCA-DE-PANADÈS, v. d'Espagne (Barcecole), sur le Tet, à 50 kil. O. de Barcelone ; 4700 h. Conquise l'an 1000 par les comtes de Toulouse, qui lui donnèrent des franchises (d'où son nom).
VILLAFRANCA-DEL-VIERZO, v. d'Espagne (Léon), à 72 kil. de Léon; 3000 hab. Château fort. Titre de marquisat. Cette ville fut un moment le ch.-l. d'une prov. de son nom, établie en 1822 par les Cortès.
VILLA HERMOSA DE TABASCO. V. TABASCO.
VILLAINES-LA-JUHEL, ch.-l. de c. (Mayenne), à 30 kil. E. de Mayenne; 2615 hab. Anc. château fort.
VILLALAR, bg d'Espagne (Valladolid), à 35 kil. S. O. de Valladolid; 700 hab. Les Communeros, révoltés contre Charles-Quint, y furent défaits en 1521 ; Don Juan de Padilla, leur chef, y fut vaincu et pris.
VILLALOBOS (Ruy LOPEZ de), navigateur espagnol, fut envoyé en 1542 par le vice-roi du Mexique, Antoine de Mendoza, pour reconnaître les villes situées à l'O. de l'Amérique, découvrit les terres del Coral et Jordines (Carolines orient.), les Matalotes, les Arrecipes (Pelew), une grande île qu'il nomma Cæsarea Caroli, qu'on pense être Luçon, et enfin celle d'Antonia ou Saragan, où il s'établit malgré la résistance des habitants (1543); mais, dénué de tout, ne pouvant se procurer des vivres, il alla mourir à Amboine, dévoré de chagrins.
VILLALOBOS (Franc. LOPEZ de), médecin de Ferdinand le Catholique et d'Isabelle, né à Tolède vers 1480, m. v. 1560, fut le chef du parti des Érudits, imitateurs des anciens, opposé à celui des imitateurs de l'Italie, et donna en 1515 une traduction de l’Amphitryon de Plaute en prose élégante et correcte. Il a aussi écrit sur la physique et la médecine.
VILLAMBLARD, ch.-l. de c. (Dordogne), à 23 k. N. E. de Bergerac; 1387 hab.
VILLANDRAUT, ch.-l. de c. (Gironde), à 14 kil. O. N. O. de Bazas; 883 h. Patrie du pape Clément V, qui y fit bâtir une église et un château, auj. en ruine.
VILLANI (Jean), historien, né à Florence vers 1275, se livra dans sa jeunesse au négoce, voyagea en France et en Flandre, revint à Florence où il fut plusieurs fois élu un des prieurs (1316-1321), y remplit divers autres emplois, entre autres ceux de directeur de la monnaie, de préposé à la construction des remparts et des tours, et y mourut de la peste, en 1348. Ses Istorie fiorentine (qui vont depuis l'origine de Florence jusqu'à l'an 1348) sont remarquables par le style et contiennent des renseignements précieux. Elles ont été imprimées pour la 1re fois à Venise en 1537, in-f., insérées par Muratori dans le Scriptores rerum italicarum (tom. XIII et XIV), et reproduites dans les Classiques de Milan (tom. X, XVII de la collection), 1802. — A l'histoire de Jean Villani sont ordinairement jointes deux continuations, l'une en 2 livres, par Matthieu Villani, son frère (ils vont de 1348 à 1363), l'autre en 42 chapitres, par Philippe Villani, fils de Matthieu (on y trouve l'histoire des années 1363 et 1364). On doit encore à Philippe Villani des Vies des hommes illustres de Florence, qui n'ont été publiées qu'en 1747.
VILLANUEVA DE CABELLAS, ville d'Espagne (Barcelone), près de la Méditerranée, à 49 kil. N. E. de Tarragone ; 9500 h. Bon encrage. Blondes, dentelles
VILLARD-DE-LANS, ch.-l. de c. (Isère), à 22 kil. S. O. de Grenoble; 2047 hab. Houillère.
VILLAR DEL VARO. V. VILLARS.
VILLAREAL v. d'Espagne (Valence), sur le Mijares, a 9 kil. S. O. de Castellon; 8000 hab. Couvent de Franciscains. Prise en 1706 par Philippe V.
VILLA-REAL, v. de Portugal (Tras-os-Montes), a 22 kil. N. de Lamego; 4000 hab. Château construit par les Arabes. Beaucoup de vins aux environs.
VILLA-REAL-DE-SANTO-ANTONIO, v. et port du Portugal (Algarves), à l'embouchure de la Guadiana, à 18 kil. N. E. de Tavira ; 1800 hab. Fondée par le marquis de Pombal en 1774.
VILLARET (Guillaume), grand maître de l’ordre de St-Jean de Jérusalem de 1300 à 1308, signala son magistère par d’activés tournées dans les trois provinces de France, d’Auvergne, de Provence, rétablit la discipline dans l’Ordre, et conçut le dessein d’enlever Rhodes aux Vénitiens ; il mourut à Limisso (Chypre). — Son frère, Foulques de Villaret, lui succéda en 1308, réalisa le dessein que Guillaume avait formé sur Rhodes, malgré l’opposition de l’emp. grec Andronic II, dont il battit les troupes (1310) ; força à une fuite précipitée le Turc Othman qui l’attaquait dans sa nouvelle conquête, et augmenta considérablement les richesses de son ordre en acceptant les biens des Templiers après leur condamnation (1312) ; cependant, par son orgueil, ses débauches et ses actes arbitraires, il mécontenta les Chevaliers à tel point qu’il fut déposé. Il recouvra le magistère quelques années après (1321), mais sa réélection ne fut que nominale ; il abdiqua en 1325 et reçut en échange un grand prieuré. Il m. en 1329.
VILLARET (Claude), historien, né à Paris vers 1717, m. en 1766, avait fait de bonnes études et était destiné au barreau ; mais il dépensa toute sa fortune dans la dissipation et fut réduit à courir la province comme comédien. Il eut quelque succès dans cette carrière ; cependant il la quitta en 1756 et se fit nommer premier commis à la Chambre des comptes. Chargé en cette qualité de mettre en ordre les archives de la cour, il étudia dès lors les documents originaux de notre histoire, prit le goût des études historiques et mérita, à la mort de Velly, d’être choisi pour continuer son œuvre, qui ne comptait encore que 7 vol. Il conduisit ce travail jusqu’au tome XVII (de 1329 à 1469). Les 10 vol. qu’on lui doit sont sans contredit la partie la moins défectueuse de l’ouvrage.
VILLARET DE JOYEUSE (L. Thomas), amiral, né à Auch en 1750, m. en 1812, se distingua dans la guerre de 1777 à 1783, surtout aux sièges de Pondichéry et de Goudelour (Kaddalor), fut pris par les Anglais en 1781 et ne redevint libre qu’à la paix de Versailles. Fait contre-amiral à la Révolution, il engagea devant Brest, sous la pression du représentant Jean-Bon-St-André, un combat inégal contre les Anglais et perdit la bataille (1794) : c’est dans cette malheureuse affaire que périt glorieusement le Vengeur. Bonaparte, en 1801, lui donna le commandement des forces navales destinées à l’expédition de St-Domingue. Nommé plus tard capitaine général de la Martinique et de Ste-Lucie, il s’y défendit avec vigueur contre les Anglais et ne se rendit qu’en 1809. Napoléon le nomma en 1811 gouverneur de Venise ; il mourut dans ce poste l’année suivante.
VILLA-RICA, v. du Brésil. V. OURO-PRETO.
VILLARS, Villar del Varo en ital., ch.-l. de c. (Alpes-Marit), arr. de Puget-Théniers, près de la r. g. du Var, à 25 kil. N. N. O. de Nice ; 906 h. Anc. château des Grimaldi.
VILLARS, titre de duché. V. l’art. ci-après.
VILLARS (Maison de), illustre maison de France, originaire de Lyon, a donné 5 archevêques de suite à la ville de Vienne, et a produit plusieurs généraux distingués. Le titre de duc de Villars fut donné en 1705 au célèbre maréchal de ce nom : il portait auparavant, ainsi que ses ancêtres, le titre de marquis. Le siége de son duché était un bourg du dép. de l’Ain, à 13 kil. N. E. de Trévoux. — Il ne faut pas confondre ce duché avec un autre duché de Villars, appartenant à la maison de Brancas, et qui tirait son nom d’un autre Villars, situé dans le dép. de Vaucluse, à 6 kil. d’Apt. Ce dernier duché fut constitué en 1626. V. BRANCAS.
VILLARS (L. Hector, marquis, puis duc de), célèbre général, né en 1653 à Moulins, était fils de Pierre de Villars, qui avait servi avec distinction dans l’armée et dans la diplomatie. Il se signala très-jeune au passage du Rhin, aux sièges de Zutphen et de Maëstricht, à la bataille de Senef (1674), entra dans la diplomatie à la paix, fut nommé ambassadeur à Munich (1683), puis à Vienne (1699), et y fit preuve d’un vrai talent. Quand la guerre de la succession d’Espagne éclata, il reprit les armes, et fut envoyé en Lombardie où Villeroi l’abreuva de dégoûts. Enfin, en 1702, il commanda pour la 1re fois en chef. Ayant passé le Rhin à Huningue, il opéra dans le Brisgau et la Forêt-Noire, battit le prince de Bade à Friedlingen, près d’Huningue, et fut salué sur le champ de bataille du titre de maréchal de France, titre que Louis XIV ratifia. L’année suivante, il parvint avec des peines inouïes à opérer sa jonction avec l’électeur de Bavière, notre allié, mais il ne put s’entendre avec lui et, rebuté de ses perpétuelles irrésolutions, il demanda son rappel. Louis XIV l’employa à l’intérieur, contre les Camisards des Cévennes (1704), qu’il parvint à soumettre par la persuasion autant que par la force. Placé de nouveau en face de l’étranger, il fit avec gloire les campagnes de 1705, 1706 et 1707, tint tête à Marlborough, força, en 1707, les fameuses lignes des Impériaux à Stollhofen, près de Strasbourg, pénétra au cœur de l’Allemagne, et conçut le plan hardi de se joindre à Charles XII, alors en Saxe, plan que l’or de Marlborough empêcha seul de réussir (il acheta le principal ministre de Charles). En 1709, Villars remplaça Vendôme à l’armée du Nord : au moment de vaincre à Malplaquet, il fut blessé et se vit enlever la victoire. Néanmoins Louis XIV, qui déjà l’avait créé duc, le nomma pair de France et le maintint dans son commandement. En 1712, il rétablit sa réputation et sauva la France par la victoire de Denain, qu’il remporta sur le prince Eugène et à la suite de laquelle il prit Marchiennes, Douai, le Quesnoy, Bouchain, succès qui amenèrent bientôt les traités d’Utrecht et de Rastadt (1713-1714). Villars lui-même fut, avec le prince Eugène, un des négociateurs à Rastadt. Après ces succès, l’Académie française lui offrit une place dans son sein. Nommé à la paix gouverneur de la Provence, il fit exécuter dans son gouvernement le canal qui a gardé son nom. Membre du conseil de régence après la mort de Louis XIV, il se montra fort opposé à Dubois et à Law et combattit, mais en vain, le projet de la Quadruple alliance. En 1733, Louis XV lui donna le titre de maréchal général et l’employa en Italie : il conquit rapidement le Milanais et le duché de Mantoue, mais il mourut bientôt après à Turin, en 1734. Villars brillait par les avantages de l’esprit aussi bien que par ceux du corps, mais il avait une ambition et un orgueil sans bornes ; en outre il ternit sa gloire par sa cupidité. On a sous son nom des Mémoires, imprimés en Hollande en 1735 ; le Ier volume vient de lui, mais les autres ont été arrangés par l’abbé Margon. Anquetil a écrit sa Vie, 1784. — Villars laissa un fils, Honoré Armand de V., qui lui succéda dans la plupart de ses dignités, même à l’Académie : c’est ce duc de Villars qui fut l’ami et le protecteur de Voltaire.
VILLARS (l’abbé MONTFAUCON de), littérateur, né près de Toulon en 1635, m. assassiné en 1673. On a de lui les Entretiens du comte de Gabalis sur les sciences, 1670, où il dévoile plaisamment les mystères de la Cabale et de la Société des Rose-Croix ; les Entretiens sur les sciences secrètes, pamphlet dirigé contre Descartes et destiné à faire suite au premier ouvrage, et un écrit Sur la Délicatesse, 1671.
VILLA-VICIOSA, v. de Portugal (Alentejo), ch.-l. de l’ordre de Ne-De de la Conception, à 22 kil. S. O. d’Elvas ; 3600 hab. Beau palais des ducs de Bragance. Aux env. eut lieu la bataille de Villa-Viciosa ou de Montes-Claros (1665), dans laquelle les Portugais, aidés du général Schomberg, battirent les Espagnols.
VILLA-VICIOSA, vge d’Espagne, dans la Nouv.-Castille, à 22 kil. E. de Guadalaxara et à 85 kil. N. E. de Madrid ; 800 hab. Vendôme y battit Stahremberg en 1710, et par cette victoire assura à Philippe V la couronne d’Espagne.
VILLÉ ou VILLER, jadis Ortenberg, v. d’Alsace-Lorraine à 12 kil. O. de Schelestad, 1155 hab. Bonneterie, kirsch ; usines. Anc. seigneurie, qui appartint aux Habsbourg, aux Fugger, puis à une branche de la maison de Choiseul.
VILLEBRUMIER, ch.-l. de c. (Tarn-et-Garonne), sur le Tarn, à 17 k. S. E. de Montauban ; 764 h.
VILLEBRUNE (J. B. LEFEBVRE de), érudit, né à Senlis en 1732, m. en 1809, fut d’abord médecin, puis professeur de langues orientales au Collège de France et conservateur de la Bibliothèque nationale, perdit ses places sous le Directoire pour avoir publié une lettre sur la nécessité d’avoir en France un seul chef, et occupa plus tard diverses chaires à l’école centrale d’Angoulême. On a de lui des traductions des Nouvelles de Cervantes, 1775 ; de Silius Italicus, 1781 ; du Manuel d’Épictète et du Tableau de Cebès, 1795, et d’Athénée, 5 v. in-4, 1789-91, ainsi qu’une édition de ce dernier auteur (1796). Ses traductions, quoique utiles, sont peu estimées ; le traducteur se permet quelquefois d’altérer le texte de l’auteur.
VILLE-D’AVRAY, vge de Seine-et-Oise, à 2 kil. N. O. de Sèvres, à l’une des entrées du parc de St-Cloud ; 900 hab. Beau château bâti sous Louis XVI ; pépinières, surtout de rosiers. Fontaine célèbre (les rois à Versailles ne buvaient pas d’autre eau). Nombreuses maisons de campagne ; joli site.
VILLE-DIEU-LES-POËLES, ch.-l. de c. (Manche), sur la Sienne, à 22 kil. N. E. d’Avranches ; 3789 h. Chaudronnerie, tannerie, mégisserie, dentelles.
VILLEDIEU (Marie Hortense DESJARDINS, dame de), née en 1632 à Alençon, m. en 1683, vécut assez longtemps chez la duchesse de Rohan, où ses grâces et ses talents lui attirèrent de nombreux adorateurs, se laissa aller à une vie romanesque et déréglée et s’attacha à un jeune officier, Boisset de Villedieu, dont elle prit le nom. Elle finit par retourner dans sa ville natale et y épousa un de ses cousins, qui avait été son premier amant. Elle a composé des poésies fugitives qui eurent beaucoup de succès, des romans (les Exilés de la cour d’Auguste, les Amours des grands hommes, etc.), et une tragédie (Manlius Torquatus). Ses Œuvres complètes ont été publiées à Paris, 1710, 10 vol. in-12, et 1741, 12 v. in-12.
VILLE-EN-TARDENOIS, ch.-l. de c. (Marne), à 21 kil. S. O. de Reims ; 500 hab. Draps.
VILLEFAGNAN, ch.-l. de c. (Charente), à 10 k. S. O. de Ruffec ; 1505 hab.
VILLEFORT, ch.-l. de c. (Lozère), sur la Devèze, au pied du mont Lozère, à 45 k. E. de Mende ; 1536 h. Fonderie de plomb et de cuivre ; commerce de transit.
VILLEFRANCHE, en ital. Villafranca, v. et port de France (Alpes-Marit.), ch.-l. de c., sur le golfe de Gênes, à 2 kil. E. de Nice ; 2911 hab. Belle rade. La ville est dominée par la forteresse de Montalbano. Arsenal, chantiers de construction, école de navigation. Pêche active du thon. Huile, oranges, soie, vins, grains, chanvre, etc. — Cette ville, qui faisait autrefois partie de la Provence, fut fondée par Charles II, comte de Provence et roi de Naples. Prise en 1792 par le général Montesquiou, attribuée au roi de Sardaigne en 1814 avec le comté de Nice, elle est revenue à la France en 1860.
VILLEFRANCHE, ch.-l. de c. (Tarn), à 17 kil. E. d’Alby ; 1616 hab. Fondée par Philippe de Montfort, descendant de Simon de Montfort. Mines de fer.
VILLEFRANCHE-DE-BELVEZ, ch.-l. de c. (Dordogne), à 36 kil. S. O. de Sarlat ; 1869 hab.
VILLEFRANCHE-DE-CONFLENT, v. forte des Pyrénées-Orient., sur le Tet, à 6 kil. S. O. de Prades ; 900 h. Château qui commande le défilé voisin ; marbre et eau thermale sulfureuse ; grotte curieuse dite Cava Bastera. — Fondée en 1075 par Guill. de Cerdagne, elle appartint aux comtes de Barcelone, puis aux rois d’Aragon, et fut prise par les Français en 1654 (ils l’avaient déjà possédée de 1475 à 1493).
VILLEFRANCHE-DE-LAURAGUAIS, ch.-l. d’arr. (Hte-Garonne), sur la Lers, à 36 kil. S. E. de Toulouse par la route, à 20 k. par le chemin de fer ; 2865 h. Trib. de 1re inst. Toile à voiles, teinturerie, poterie.
VILLBFRANCHE-DE-LONCHAPT, ch.-l. de c. (Dordogne), à 42 kil. N. O. de Bergerac ; 904 hab.
VILLEFRANCHE-DE-ROUERGUE, ch.-l. d’arr. (Aveyron), sur l’Aveyron, à 57 kil. O. de Rhodez ; 10 172 h. Station de chemin de fer ; Trib., collège, bibliothèque. Chaudronnerie, lampes, chapeaux, tanneries, toiles ; culture du mûrier. Patrie du maréchal de Belle-Isle. — Fondée eh 1252 par Alphonse, comte de Toulouse, cette ville fut autrefois la capitale de la Basse-Marche. Elle fut désolée en 1628 par la peste, et en 1648 par l’insurrection des Croquants.
VILLEFRANCHE-SUR-SAÔNE, ch.-l. d’arr. (Rhône), sur le Morgon et près de la Saône, à 29 kil. N. de Lyon ; 11 650 hab. Station. Trib. de 1re inst. et de commerce, collège, école normale. Coton filé, couvertures, imprimerie sur toiles, filature de coton ; toiles de fil et de coton ; bons vins d’ordinaire, connus sous le nom de vins de Beaujolais. Patrie du conventionnel Roland. Environs pittoresques. — Fondée en 1212 par Humbert IV, sire de Beaujeu, cette ville devint en 1532 la capit. du Beaujolais. Elle avait une académie célèbre, fondée en 1695. M. H. Laplate a donné l’Histoire populaire de Villefranche.
VILLEGAGNON (Nic. DURAND de), né en 1510 à Provins, m. en 1571, était neveu de Villiers de l’Isle-Adam, grand maître de l’Ordre de Malte. Il entra dans l’Ordre en 1531, prit part à l’expédition de Charles-Quint en Afrique, défendit Tripoli contre les Turcs, mais sans succès (1551), et n’en fut pas moins nommé par Henri II vice-amiral de Bretagne. Il partit en 1555 pour faire une exploration en Amérique à dessein d’y fonder des colonies, et s’établit dans une île très-forte, à l’emb. du Rio-Janeiro ; mais il mécontenta ses compagnons par ses rigueurs, et l’établissement déclina bientôt. De retour en Europe, il représenta l’ordre de Malte à la cour de France. On a de lui, entre autres ouvrages : Caroli quinli expeditio in Africam ad Algieram (Alger), Paris, 1542 ; De bello Melitensi, 1553(trad. par Edoart, Lyon, 1553).
VILLEGAS (Manuel de), poëte espagnol, né en 1595, m. en 1669, était receveur des rentes à Nagera (Vieille-Castille) ; il y vieillit sans qu’on rendît justice à ses talents. On a de lui d’heureuses imitations d’Anacréon et d’Horace, et des poésies érotiques (Amatorias), qui n’ont pas été surpassées en Espagne. Il tenta d’appliquer les mètres anciens à la langue espagnole. — Un autre Villegas, Ferdinand Ruis, né à Burgos vers 1510, fleurit sous Charles-Quint et Philippe II, et cultiva la poésie latine ; on a de lui des Épîtres, des Églogues, des Épigrammes, écrites d’un style élégant. Ses Œuvres ont été publiées à Venise en 1743. — V. QUEVEDO.
VILLEHARDOUIN (Geoffroi de), chroniqueur, né près de Bar-sur-Aube vers 1160, était maréchal de Champagne sous Thibaut V, comte de Champagne et de Brie. Il prit une part glorieuse à la 4e croisade (1199), fut un des députés envoyés à Venise pour obtenir que les Croisés fussent transportés sur les vaisseaux de la République, servit souvent d’intermédiaire entre Alexis IV et les Croisés, assista à la prise de Constantinople (1204), et fut fait maréchal de Romanie par l’empereur latin Baudouin I. Il réconcilia ce prince avec le marquis de Montferrat, chef des Croisés, et quand, en 1206, Baudouin eut été battu par les Bulgares, il sauva l’armée d’une destruction totale. Il servit avec non moins de zèle Henri, frère et successeur de Baudouin. Il mourut en Thessalie vers 1213. On a de lui une Histoire de la conquête de Constantinople, ou Chronique des empereurs Baudouin et Henri de Constantinople (en vieux français), qui va de 1198 à 1207 : c’est un des plus anciens et des plus précieux monuments de la prose française. Elle a été publiée par Ducange, 1657 (avec trad. en français moderne, glossaire et notes), reproduite dans le Panthéon littéraire (avec notes et variantes) et insérée dans les diverses collections de Mémoires sur l’hist. de France. Réédité par Paulin Paris, 1838, et par Natalis de Wailly, 1873. — Un neveu de l’historien, nommé aussi Geoffroi de Villehardouin, se substitua au comte Robert de Champlitte dans la possession de la principauté d’Achaïe (1206), et y fonda la dynastie de Villehardouin. Mort en 1223, il laissa 2 fils, Geoffroi II et Guillaume, qui lui succédèrent l’un après l’autre. Guillaume, mort après 1268, fut remplacé par Isabelle, sa fille aînée, qui épousa successivement Philippe de Tarente, Florent de Hainaut, Philippe de Savoie. Après elle régnèrent Mahaut de Hainaut, sa fille, mariée à un prince de Bourbon ; Catherine de Valois (1324) ; Robert d’Anjou, son fils ; Marie de Bourbon, enfin Louis de Bourbon, qui ne put se rendre en Morée.
VILLEJUIF, Villa Judæa, ch.-l. de c. (Seine), à 8 kil. S. de Paris et à 6 kil. N. E. de Sceaux ; 1813 h. Savon, cire, toiles cirées, pépinières. Ce bourg appartenait aux Juifs de Paris avant qu'ils eussent été expulsés de cette ville par Philippe-Auguste (1200).
VILLÈLE (Joseph, comte de), homme d'État, né à Toulouse en 1773, m. en 1854, servait dans l'Inde comme marin, quand éclata la Révolution. Il quitta le service, et, après quelques années passées à l'île Bourbon, où Desbassyns lui donna sa fille en mariage, il vint, en 1807, se fixer à Toulouse, où il fut élu membre du conseil général. Maire de cette ville en 1815 et bientôt après député de la Hte-Garonne, il prit place, dans la Chambre introuvable, parmi les royalistes les plus ardents, mais il s'y fit aussi remarquer par ses capacités financières. Après l'ordonnance du 5 sept. (1816), qui avait dissous cette chambre, il se mit à la tête de l'opposition ultra-royaliste; il fut appelé aux affaires en 1830, après la chute du ministère Decazes, entra d'abord au Conseil avec le seul titre de ministre d'État, reçut en 1821 le portefeuille des Finances et fut élevé l'année suivante à la présidence du Conseil, avec le titre de comte. Il signala son ministère par des mesures de la plus haute importance : la guerre d'Espagne, la septennalité de la chambre élective, le milliard d'indemnité accordé aux émigrés, l'établissement du fonds 3 pour 100, le dégrèvement de l'impôt foncier, et fit prospérer les finances du pays ; mais il s'aliéna l'esprit public en proposant des mesures antipopulaires : rétablissement du droit d'aînesse, loi du sacrilège, censure des journaux, loi contre la liberté de la presse, dissolution de la garde nationale, mesures qui firent qualifier son administration de ministère déplorable ; abandonné par la majorité dans les chambres et dans les colléges électoraux, il se vit forcé, en 1828, de faire place au ministère réparateur de Martignac En quittant le pouvoir, il fut élevé à la pairie, mais, depuis, il se tint à l'écart.
VILLEMUR, ch.-l. de c. (Hte-Garonne), sur la r. dr. du Tarn, à 38 k. N. de Toulouse ; 5304 h. Huile, cire.
VILLENA, Turbula ? v. d'Espagne, dans l'anc. roy. de Valence, à 40 kil. N. O. d'Alicante ; 8000 h. Marquisat constitué en 1454 en faveur de don J. Pacheco.
VILLENA (H. D'ARAGON, marquis de), fils du roi d'Aragon Ferdinand I et petit-fils du roi de Castille Jean I, n. en 1384, m. en 1434, obtint de Jean II, roi de Castille, son cousin, les comtés de Cangas et de Tineo, et devint ensuite grand maître de Calatrava. Il mit tout en œuvre pour se rendre maître absolu en Castille, surprit Jean II à Tordesillas, et le tint dans une espèce de captivité ; puis, ce prince s'étant évadé, il l'assiégea dans le château de Montalban ; mais il fut vaincu, enfermé au château de Mora et ne recouvra la liberté que sur la demande d'Alphonse V d'Aragon. Ce prince aimait les lettres, les sciences, surtout les sciences occultes ; ce qui donna matière à beaucoup d'accusations contre lui. Il avait traduit l’Enéide, la Divine Comédie, et composé lui-même plusieurs poëmes ; mais ses écrits furent brûlés après sa mort ; il n'en reste qu'une espèce de poétique, la Gaya ciencia (la gaie science).
VILLENA (don J. Fern. PACHECO, marquis de), favori de Henri IV, roi de Castille, eut tout le pouvoir au commencement du règne de Henri (1454), mais se rendit odieux aux grands en s'opposant à leurs prétentions, fut accusé par eux de s'être vendu au roi de France Louis XI, et fut disgracié. Il se mit alors à la tête des mécontents, forma la ligue de Burgos (1464), fit déclarer inhabile à la couronne, comme illégitime, la fille du roi, Jeanne, qu'on disait née d'un adultère, et proclama Alphonse, frère de Henri. S'étant ensuite rapproché de ce dernier, il recouvra toute sa faveur (1467), et fut nommé grand maître de l'ordre de St-Jacques. On le vit alors travailler à rétablir les droits de cette même Jeanne, qu'il avait déclarée illégitime, à l'exclusion de ceux d'Isabelle, tante de cette princesse, et s'opposer à l'union d'Isabelle avec Ferdinand, roi d'Aragon ; mais il mourut sans y avoir réussi (1474).
VILLENAUXE, ch.-l. de c. (Aube), sur la Villenauxe, à 16 kil. N. E. de Nogent ; 2508 h. Bonneterie, vinaigre. Pris et pillé par les Alliés en 1814,
VILLENAVE (Gill.), littérateur, né en 1762 à St-Félix de Caraman (Hte-Garonne), m. en 1846, fut arrêté à Nantes par ordre de Carrier pour avoir blâmé ouvertement les excès de la Révolution, fut envoyé à Paris avec 132 Nantais, et n'échappa à la mort que grâce à la chute de Robespierre. Devenu libre, il dévoila dans de virulents pamphlets les crimes des oppresseurs de la France, et prit part à la rédaction de plusieurs journaux réactionnaires. Il fut en 1814 et 1815 le rédacteur en chef de la Quotidienne, fonda en 1819 les Annales politiques, et fit avec succès, à l'Athénée, de 1824 à 1831, un cours d'histoire littéraire de la France. Il était membre de l'Académie celtique, de la Société des antiquaires, de la Société philotechnique et vice-président de la Société de la morale chrétienne. Outre des écrits de circonstance, on lui doit une bonne traduction des Métamorphoses d'Ovide, 1807-22, 4 vol. in-8 et in-4, édition splendide, ornée de 144 figures, une Vie d'Ovide, 1809, où il cherche à percer le mystère de l'exil du poëte ; quelques poésies (le Dévouement de Brunswick, Kosciusko, la Vie future); de bonnes éditions d'auteurs français (Barthélémy, Duclos, Marmontel, Thomas), et un grand nombre de notices historiques (dans la Biographie universelle). Villenave possédait une riche bibliothèque et une précieuse collection d'autographes et de manuscrits historiques. Il est le père de Mme Mélanie Waldor, si connue par ses Poésies du cœur.
VILLENEUVE, ch.-l. c. (Aveyron), à 10 kil. N. de Villefranche-de-Rouergue; 3234 h.
VILLENEUVE-D'AGEN ou VILLENEUVE-SUR-LOT, ch.-l. d'arr. (Lot-et-Garonne), sur le Lot, à 29 kil. N. E. d'Agen ; 13 830 h. Chemin de fer. Trib. de 1re inst., collége, société d'agriculture, dépôt d'étalons. Pont hardi, vieux château. Toiles et linge de table, cuirs, faïence, martinets à cuivre, exploitation de marbre Ville fondée au XIIIe s. par Alphonse, comte de Toulouse, frère de St-Louis; jadis fortifiée.
VILLENEUVE-DE-BERG, ch.-l.de c. (Ardèche), à 27k S. de Privas ; 2547 h. Patrie d'Olivier-de-Serres, à qui un monument y a été élevé.
VILLENEUVE-DE-MARSAN, ch.-l. de c. (Landes), sur le Midon, à 20 kil. E. de Mont-Marsan; 2059 h.
VILLENEUVE-L'ARCHEVÊQUE, ch.-l. de c. (Yonne), sur la Vanne, à 23 kil. E. de Sens ; 1857 h. Draps.
VILLENEUVE-LE-ROI ou VILLENEUVE-SUR-YONNE, ch.-l. de c. (Yonne), à 19 kil. N. O. de Joigny ; 5018 h. Station de chemin de fer. Draps, tanneries, pépinière, etc. Les rois de France y eurent un château, qu'ils habitaient souvent, d'où le nom de la ville. — Il y a un autre Villeneuve-le-Roi, dit aussi Villeneuve-sur-Seine, dans le dép. de Seine-et-Oise à 3 kil. O. de Villeneuve-St-Georges. Claude Le Pelletier, ministre de Louis XIV, y eut un beau château. Station du chemin de fer de Lyon.
VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON, ch.-l. de c. (Gard), à 31 kil. E. d'Uzès, sur la r. dr. du Rhône, vis-à-vis d'Avignon, à laquelle il est uni par un pont célèbre. 3162 h. Soiries, toiles, corderie.
VILLENEUVE-ST-GEORGES, joli bourg de Seine-et-Oise, au confluent de l'Yère et de la Seine, à 15 kil. S. E. de Paris: 1100 h. Station. Maisons de campagnes; beau château de Beauregard, dans une position élevée, d'où l'on a la vue de tout Paris.
VILLENEUVE-SUR-YONNE. V. VILLENEUVE-LE-ROI.
VILLENEUVE, nom porté par 2 grandes familles du Midi, l'une de Languedoc, l'autre de Provence.
La plus ancienne, issue des vicomtes de Narbonne, tire son nom de Villeneuve-lès-Béziers (Hérault), et a pour chef Walchaire, fils de Maïeul, vicomte de Narbonne, qui vivait au IXe s. Elle a produit plusieurs personnages historiques : Arnaud de V., ami et écuyer du comte de Toulouse, qui se distingua à la 1re croisade (1095); Pons de V., sénéchal du comte de Toulouse Raymond VII, qui combattit avec lui dans les rangs des Albigeois et partagea sa mauvaise fortune ; Antoinette de V., qui cultiva avec succès la poésie languedocienne et fut couronnée aux Jeux floraux en 1494. C'est à cette famille que paraissent appartenir Romée et Hélion de Villeneuve (V. ces noms ci-après). C'est d'elle aussi que descend Pons François, marquis de V., né en 1774 à St-Pons, m. en 1842, qui servit ardemment la Restauration, eut la confiance de Charles X et de son fils le duc d'Angoulême, et qui fut préfet de divers départements, puis conseiller d'État.
La 2e, qui paraît se rattacher à la précéd., tire son nom distinctif du bourg de Bargemont près de Draguignan (Var). Elle a fourni aussi plusieurs hommes distingués, entre autres : Louis de V., sire de Trans, 1450-1516, qui commanda sous Charles VIII la flotte destinée à la conquête de Naples, déploya la plus brillante valeur à Agnadel ainsi qu'à Marignan et poux qui la baronnie de Trans fut érigée en marquisat; — Guill. de V., qui suivit Charles VIII à la conquête de Naples en qualité d'écuyer, fut nommé gouverneur de Trani, et défendit vigoureusement cette place après le départ de son souverain (1495) : il a laissé des Mémoires, publ. par D. Martène dans le Thesaurus anecdotorum. Cette famille a donné naissance dans le dernier siècle à six frères, dont trois connus dans l'administration ou les lettres : le comte Christophe de V., né à Bargemont en 1771, m. en 1829, d'abord militaire, puis préfet de Lot-et-Garonne sous l'Empire, des Bouches-du-Rhône sous la Restauration, auteur de la Statistique des Bouches-du-Rhône, 1821-29; de Notices sur Nérac, sur la Ste-Baume, etc.; — le marquis Louis François, dit V. Trans, membre libre de l'Académie des inscriptions, 1784-1850, auteur de recherches sur la Chapelle ducale de Nancy, 1826; d'une Hist. de René d'Anjou, 1825; d'une Hist. de S. Louis, 1836; — le vicomte Alban V. Bargemont, 1784-1850, frère jumeau du précéd., préfet de la Meurthe, puis du Nord, plusieurs fois élu député, auteur d'un ouvrage sur le Paupérisme, 1834, qui lui ouvrit les portes de l'Académie des sciences morales; d'une Hist. de l'économie politique, et du Livre des affligés, œuvre d'une philosophie pieuse et consolatrice.
VILLENEUVE (Huon de), poëte français du XIIe s., qui florissait sous Philippe-Auguste, a laissé 10 ou 12 romans de chevalerie ou Chansons de geste, dont quelques-uns seulement ont été imprimés. Les principaux sont : les Quatre fils Aymon (retouché pour le style au milieu du XVIe s.), Renaud de Montauban et Doolin de Mayence (attribué quelquefois au poëte Adenez), et imprimé en 1860, par A. Pey.
VILLENEUVE (Romieu ou Romée de), connétable et grand sénéchal de Provence, né vers 1170, m. vers 1250, prit Nice qui s'était révoltée contre le comte de Provence Bérenger, devint le principal ministre de ce prince, contribua beaucoup à l'éclat de son règne tant par ses expéditions maritimes que par ses actes politiques, fut, après la mort de Bérenger (1245), tuteur de sa fille (Béatrix) régent de la Provence, maria sa pupille, devenue comtesse de Provence, au comte d'Anjou, Charles, frère de S. Louis, et prépara ainsi la réunion de la Provence à la couronne.
VILLENEUVE (Hélion de), 26e grand maître de l'ordre de St-Jean de Jérusalem (1319-46), succéda à Foulques de Villaret, enleva Smyrne aux Turcs (1344), et battit sur mer le roi de Maroc.
VILLENEUVE (J. B. Silvestre), vice-amiral, né en 1763 à Valensoles, commanda l'arrière-garde au malheureux combat d'Aboukir (1798) et put gagner Malte après la défaite, fut en 1805 opposé à Nelson, avec l'amiral espagnol Gravina, perdit la bataille de Trafalgar et fut fait prisonnier. Redevenu libre en 1806, il revint en France et prit la route de Paris; mais, pressentant un mauvais accueil de la part de Napoléon, il s'arrêta à Rennes et s'y donna la mort.
VILLENEUVE (Arnaud de). V. ARNAUD.
VILLEQUIER, bg du dép. de la Seine-Inf., sur la r. dr. de la Seine, à 5 k. S. O. de Caudebec; 900 h. Beaux sites ; vue superbe sur la Seine.
VILLER, v. de France (Bas-Rhin). V. VILLÉ.
VILLERÉAL, ch.-l. de cant. (Lot-et-Garonne), à 30 kil. N. de Villeneuve-d'Agen; 1719 h.
VILLERMÉ (L. René), statisticien, né à Paris en 1782, m. en 1863, servit quelque temps sous l'Empire comme chirurgien militaire, rentra dans la vie civile en 1814 et dès lors se donna tout entier à des travaux d'économie et de statistique médicale qui le firent admettre à l'Académie de médecine et à l'Académie des sciences morales (1832). Chargé en 1837 de la mission d'étudier la condition des classes ouvrières, il publia en 1840 le résultat de ses recherches sous le titre de Tableau de l'État physique et moral des ouvriers. On lui doit en outre une foule de mémoires sur les questions du plus grand intérêt, notamment sur les Associations ouvrières, sur la Mortalité et sur les Tables de mortalité.
VILLEROI (Nic. de NEUFVILLE, seigneur de), né en 1542, m. en 1617, fut employé par Catherine de Médicis dans deux négociations importantes en Espagne et en Italie, devint secrétaire d'État en 1567, se maintint sous Charles IX et Henri III, fut destitué en 1588 comme partisan des Guises et entra dans le conseil du duc de Mayenne, bien qu'il fût un des chefs du tiers-parti.S'étant rallié à Henri IV après son abjuration, il redevint secrétaire d'État (1594), conserva ce poste quatre ans sous Louis XIII (1610-14), et poussa de toutes ses forces à l'alliance espagnole. Pour se ménager l'appui de Concini, il contribua à faire élever au maréchalat cet indigne favori, mais il ne tarda pas à se brouiller avec lui et fut disgracié. Il recouvra toutes ses charges après le meurtre de Concini. Il a laissé des Lettres au maréchal de Matignon et des Mémoires d'État (de 1567 à 1604, imprimés en 1622, et reproduits dans la collection Petitot). — Son petit-fils, Nic. de V., 1597-1685, servit en Piémont, en Espagne, en Lorraine, reçut en 1646 le bâton de maréchal, et fut nommé gouverneur de Louis XIV, qui lui conserva beaucoup d'affection, et le fit duc et pair en 1663.
VILLEROI (Fr. de NEUFVILLE, duc de), fils du préc., né en 1643, fut élevé avec Louis XIV, qui eut pour lui une extrême amitié. Il ne se fit connaître pendant sa jeunesse que par ses galanteries : les femmes le surnommaient le Charmant. S'étant distingué à Nerwinde (1693), il fut tout à coup nommé maréchal. Chargé d'un commandement en chef à la place du maréchal de Luxembourg (1695 et 96), il commit des fautes grossières et laissa prendre Namur. Son ineptie fut encore plus fatale dans la guerre de la succession d'Espagne : général en chef de l'armée d'Italie, il se fit battre à Chiari par le prince Eugène et se laissa prendre dans Crémone (1702). Dans les Pays-Bas, il fut défait à Vignamont, près de Huy (1705), et perdit l'année suivante la désastreuse bataille de Ramillies. Enfin, Louis XIV lui ôta le commandement, mais il ne l'en accabla pas moins de faveurs : il lui donna le gouvernement de Lyon, et le nomma par son testament gouverneur de Louis XV. Informé confidentiellement du contenu du testament du roi, Villeroi vendit ce secret au duc d’Orléans, qui, en récompense, le nomma président du conseil des finances. Ayant dans la suite offensé le Régent par les craintes hypocrites qu’il affectait pour la sûreté du jeune roi Louis XV, dont il était resté gouverneur, il reçut ordre de quitter la cour. Il mourut obscurément à Lyon en 1730.
VILLERS (Ch.), littérateur, né en 1767 à Boulay en Lorraine, m. en 1815, servit quelque temps comme officier d’artillerie, émigra en 1792, se fixa à Lubeck, s’enthousiasma pour la littérature et la philosophie allemandes et entreprit, de concert avec Mme de Staël, de les faire connaître à la France. Sa partialité pour l’Allemagne, une brochure qu’il publia sur la prise de Lubeck par les Français, son opposition à la réunion des villes hanséatiques à l’Empire, le firent mal voir du gouvernement impérial. Il fut néanmoins nommé professeur de littérature à Gœttingue par le roi Jérôme Bonaparte, et se vit même recherché à la cour de ce prince. Ses principaux ouvrages sont la Philosophie de Kant ou Principes fondamentaux de la philosophie transcendentale, Metz, 1801, le premier ouvrage où cette philosophie ait été exposée en France avec clarté ; et un Essai sur l’esprit et l’influence de la réformation de Luther (couronné par l’Institut en 1804), où il fait l’apologie de la Réformation au point de vue philosophique et politique.
VILLERS-BOCAGE, ch.-l. de c. (Calvados), à 25 kil. O. de Caen ; 1156 hab. Commerce d’œufs (pour l’Angleterre) et de bestiaux. — Ch.-l. de cant. (Somme), à 14 kil. N. d’Amiens ; 1482 hab.
VILLERS-COTTERETS, ch.-l. de cant. (Aisne), à 24 kil. S. O. de Soissons, dans la forêt de Retz ; 3567 hab. Vieux château des ducs de Valois, fondé par François I, servant auj. de dépôt de mendicité. François I y donna en 1539 un édit qui limitait la compétence des tribunaux ecclésiastiques et créait les registres de l’état civil : cette ordonnance fut appelée la Guillelmine parce qu’elle avait été rédigée par Guillaume Poyet. Patrie de Demoustier.
VILLERS-FARLAY, ch.-l. de cant. (Jura), à 22 kil. N. de Poligny ; 855 hab.
VILLERS-SEXEL, ch.-l. de c. (Hte-Saône), à 18 kil. S. de Lure ; 1410 h. Hauts fourneaux. Victoire de l’armée allemande (9 janv. 1871).
VILLE-SUR-TOURBE, ch.-l. de c. (Marne), à 16 kil. N. O. de Ste-Menehould ; 563 hab.
VILLES LIBRES. On appelait ainsi dans l’ancien empire d’Allemagne des villes qui ne relevaient d’aucun seigneur et se gouvernaient elles-mêmes. La plupart de ces villes étaient en même temps Villes impériales, c.-à-d. qu’elles étaient placées sous la protection immédiate de l’empereur d’Allemagne. V. IMPÉRIALES (Villes). — Auj. dans la Confédération germanique, il y a quatre villes libres : Francfort-sur-le-Mein, Hambourg, Brême et Lubeck.
VILLETTE (la). V. LA VILLETTE.
VILLETTE (Phil. de VALOIS, marquis de), né en 1632, d’une famille ancienne de Normandie, m. en 1707, était par sa mère, petit-fils du fameux calviniste Agrippa d’Aubigné, et fut lui-même élevé dans le Calvinisme. Il servit dans la marine, se distingua surtout aux combats de Messine et d’Agosta (1676) et se retira en 1681 avec le grade de chef d’escadre. Ayant abjuré le calvinisme, il fut comblé dé faveurs. Il a laissé d’intéressants Mémoires, qui ont été publiés en 1844, par Monmerqué. — La marquise de Villette, sa mère, était tante de Mlle d’Aubigné (Mme de Maintenon).
VILLETTE (Ch., marquis de), né à Paris en 1736, m. en 1793, fils d’un trésorier de l’extraordinaire des guerres, aimait à se dire fils de Voltaire, qui avait effectivement pour lui une affection toute paternelle et qui lui fit épouser en 1777 Mlle de Varicourt, sa protégée (V. ci-après). Il servit quelque temps dans la cavalerie et prit part à la guerre de Sept ans en qualité de maréchal général des logis. Lors de la Révolution, il brûla avec ostentation ses lettres de noblesse, et fut élu membre de la Convention ; dans le procès du roi, il vota pour la réclusion seulement. Voltaire avait voulu lui faire une réputation de poëte, qu’il méritait fort peu, et l’appelait le Tibulle français. Ses Œuvres (prose et poésie) ont été superbement imprimées à Paris, 1786 (sous la rubrique d’Édimbourg). — Mme de Villette, née de Varicourt, était d’une famille noble, mais sans fortune. Belle et d’un aimable caractère, elle plut à la nièce de Voltaire, Mme Denis, qui l’adopta ; elle se concilia également l’affection de Voltaire qui ne l’appelait que belle et bonne, et qui la maria au marquis de Villette, homme peu digne d’une telle femme et peu propre à la rendre heureuse. Elle vécut jusqu’en 1822, et se signala par sa bienfaisance.
VILLEURBANNE, ch.-l. de cant. (Rhône), à 10 k. E. de Lyon, sur la limite du dép. de l’Isère, auquel il appartenait précédemment ; 5850 h. Apprêts de tissus, blanchisserie de cire, produits chimiques.
VILLIERS-LE-BEL, vge de Seine-et-Oise, à 22 kil. S. E. de Pontoise, au pied de la montagne et de la forêt d’Écouen ; 2132 hab. Chemin de fer. Belles maisons de campagne.
VILLIERS-SAINT-GEORGES, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), à 15 kil. N. E. de Provins ; 1023 hab.
VILLIERS-DE-L’ISLE-ADAM (Jean de), maréchal de France, né en 1384, servit le duc de Bourgogne Jean sans Peur, surprit Paris en 1418, y exerça une sanglante domination et reçut en récompense de Jean sans Peur le bâton de maréchal ; mais il ne put, après l’assassinat du duc, s’accorder avec le roi d’Angleterre Henri V, qui le mit à la Bastille. Villiers n’en sortit qu’à la mort de ce prince et continua de jouer un grand rôle dans la guerre civile. Confirmé dans son titre de maréchal après la paix d’Arras (1435), il reprit Pontoise aux Anglais, et eut une grande part à la réduction de Paris. Il fut tué en 1437 dans une émeute, à Bruges.
VILLIERS-DE-L’ISLE-ADAM (Phil. de), grand maître de l’ordre de St-Jean de Jérusalem, né en 1464, m. en 1534, fut élu en 1521, au moment où Soliman préparait le siège de Rhodes. En 1522, il défendit l’île, avec 600 chevaliers et 4500 soldats, contre 200 000 hommes et 400 bâtiments de guerre et prolongea toute une année cette défense héroïque. Forcé enfin de rendre la place (1523), il se retira en Italie et se fixa provisoirement à Viterbe ; après d’épineuses négociations il obtint de Charles-Quint les îles de Malte et de Gozzo pour son Ordre (1530). Sa mort fut hâtée, dit-on, par les chagrins que lui causèrent les divisions et les désordres des Chevaliers.
VILLIERS, duc de Buckingham. V. BUCKINGHAM.
VILLOISON (J. B. d’ANSSE de), helléniste, né à Corbeil en 1750, m. en 1805, fut admis dès 1772 à l’Académie des inscriptions, voyagea en Allemagne, en Italie, en Hollande pour y faire des recherches philologiques, découvrit à Venise un manuscrit de l’Iliade, accompagna Choiseul-Gouffier à Constantinople en 1785 et visita Smyrne, les îles de l’Archipel, les couvents du mont Athos, cherchant partout de nouveaux manuscrits. Il venait d’être nommé professeur de grec au collège de France quand il mourut. Entre autres publications importantes, on lui doit : Apollonii Lexicon græcum Iliadis et Odysseæ, Paris, 1773 ; la Pastorale de Longus, 1778 ; Anecdota græca e regia Parisiensi et e Veneta S. Marci bibliothecis deprompta, 1781 : Nova versio græca Proverbiorum, Ecclesiastis, etc., 1784 ; Homeri Ilias ad veteris codicis veneti fidem recensita; scholia in eam antiquissima, Venise, 1788, in-fol. : c’est une des plus savantes éditions de l’Iliade.
VILLON (Franç.), poëte, né à Auvers près Pontoise en 1431, m. vers 1484. Pauvre, oisif et vicieux, il se fit plusieurs fois emprisonner pour vol et fut condamné par le Châtelet à être pendu; le parlement, sur son appel, commua la peine en un bannissement. De nouveaux méfaits le firent mettre en prison à Meung-sur-Loire : Louis XI, qui faisait cas de son talent, le fit remettre encore en liberté. Ses poésies se ressentent de ses mœurs : l’impiété, l’immoralité, la satire grossière y dominent ; mais d’un autre côté on y reconnaît un tour vif et spirituel, une allure franche et naturelle, enfin cette verve et ce mordant qui caractérisent l’esprit gaulois, avec un talent réel de versificateur et de conteur. Villon est le véritable auteur du genre marotique que Marot n’a fait que perfectionner. Ses Œuvres, réunies pour la 1re fois en 1489, ont été éditées en 1742 par Leduchat, en 1832 par l’abbé Prompsault, en 1854 par le bibliophile Jacob (P. Lacroix). Elles se composent du Petit et du Grand Testament, cadre original où entrent une foule de ballades, de sonnets, de rondeaux ; on y remarque surtout la ballade des Dames du temps jadis. Boileau a dit de lui :
Villon sut le premier, dans ces siècles grossiers, Débrouiller l’art confus de nos vieux romanciers.
Campaux a donné : Villon, sa Vie et ses Œuvres, 1859.
VILMANSTRAND, v. forte de Russie (Finlande), sur le lac Saïma. à 50 k. N. O. de Viborg. Les Russes y remportèrent une sanglante victoire sur les Suédois en 1741 et enlevèrent la place aux Suédois.
VILNA ou WILNA, v. de Russie, dans l'anc. Lithuanie, ch.-l. du gouvt de Vilna, sur la Vilia et la Vileska, à 928 k. S. O. de St-Pétersbourg; 52 000h. Archevêché catholique, évêché grec, consistoire luthérien, cour d'appel, université (fondée de 1576 à 1687, restaurée en 1803, supprimée en 1832, mais rétablie depuis); école de médecine et chirurgie, école maritime, école grecque de théologie, école normale; collége piariste, collége des sciences physiques et anatomiques. Cathédrale de St-Stanislas (ou l'on admire une belle chapelle de St-Casimir et un cercueil d'argent pesant, dit-on, 1500 kilogr.); hôtel de ville magnifique; arsenal; palais du gouvernement, palais Oginski, Radziwiil, Potocki, Vankovic, etc.; bibliothèque, jardin botanique, observatoire (d'où les Russes comptent leur 1er méridien), musée d'archéologie. Assez grand commerce avec Riga, Memel et Kœnigsberg : les Juifs surtout en sont en possession. — Vilna a été fondée en 1322 par Ghédimin, qui en fit la capitale du grand-duché de Lithuanie. Les Jagellons y avaient un beau et vaste château, qui fut détruit en 1797. De fréquents incendies (surtout en 1748 et 49) ont ravagé cette ville; elle a beaucoup gagné depuis qu'on l'a rebâtie. — Le gouvt de Vilna, formé de la Lithuanie proprement dite, a pour bornes ceux de Grodno à l'O., de Minsk à l'E. et confine au roy. de Pologne, à la Prusse et à la mer Baltique : 445 kil. du N. O. au S. E., sur 155 de largeur moyenne : env. 840 000 h. Sol plat, arrosé par le Niémen; brumes et froids humides; sol assez fertile (grain, lin, houblon); vastes forêts; abeilles sauvages, cochenille polonaise.
VILVORDE, v. de Belgique (Brabant mérid.), à 12 kil. N. E. de Bruxelles; 5000 hab. Chemin de fer. Vieux château (auj. maison de correction et de travail, où sont 1200 détenus). Dentelles, aiguilles.
VIMEUX (le), petit pays de l'anc. Picardie, vers la côte, entre la Bresle et la Somme, auj. compris dans le dép. de la Somme, avait pour lieux principaux St-Valery-sur-Somme et Saucourt-en-Vimeux.
VIMIEIRO, v. de Portugal (Estramadure), à 65 k. N. de Lisbonne; 1800 hab. Les Français commandés par Junot y furent défaits le 21 août 1808.
VIMINAL (mont), Viminalis mons, une des 7 collines de Rome, dans la partie orientale, entre le Quirinal au N. et l'Esquilin au S., était ainsi nommée de l'abondance des osiers (vimina) qu'on y trouvait.
VIMIOSO, v. forte de Portugal (Tras-os-Montes), à 28 k. O. N. O. de Miranda; 1000 h. Berceau de la famille Bragance.
VIMORY, bg du Loiret, à 7 k. S. de Montargis; 1000 h. Henri de Guise y battit les Allemands en 1587.
VIMOUTIERS, ch.-l. de c. (Orne), sur la Vie (affluent de la Dives), à 32 k. N. E. d'Argentan; 3698 h. Trib. de commerce. Fabrication de toile de cretonne.
VIMY, ch.-l. de c. (Pas-de-Calais), à 10 kil. N. d'Arras; 1281 hab. Fabriques de sucre indigène.
VINAROZ, v. et port d'Espagne (Valence), sur la Méditerranée, à 14 kil. N. de Peniscola; 10 000 hab. C'est là que mourut le duc de Vendôme (1712).
VINAY, ch.-l. de c. (Isère), à 10 kil. N. E. de St-Marcellin; 3377 hab. Taillanderie, filature de soie.
VINÇA, ch.-l. de c. (Pyrénées-Orient.), près du Tet, à 10 kil. E. N. E. de Prades; 1943 hab. Vieilles fortifications. Eaux minérales.
VINCENNES, Ad vicenas, ch.-l. de c. (Seine), dans l'arr. de Sceaux, à 6 kil. E. de Paris; 13 414 h. Château fort, susceptible d'une bonne défense et important comme arsenal; école et parc d'artillerie; chemin de fer, vaste bois enclos de murs, transformé depuis 1860 en un magnifique parc d'agrément, avec lac et eaux courantes; ce bois n'a pas moins de 876 hectares. — Le château fut bâti par Philippe-Auguste (1183). Il fut aux XIIe, XIIIe, XIVe s. une des résidences favorites des rois de France. S. Louis rendait la justice sous les chênes du bois. Philippe de Valois fit démolir le vieux château et commença en 1337 le donjon, qui fut achevé sous Charles V; la chapelle, commencée sous Charles V et achevée seulement sous François I et Henri II, est ornée de vitraux peints par Jean Cousin, sur les dessins de Raphaël. Depuis Louis XI, en 1472, ce château a souvent servi de prison d'État : c'est dans ses fossés que le duc d'Enghien a été fusillé (1804). Les ministres de Charles X y furent retenus prisonniers en 1830 jusqu'à leur translation à Ham. Les Alliés en firent le blocus en 1814 et 1815, mais le général Daumesnil refusa de se rendre et sauva ainsi tout le matériel. — Vincennes s'appelait autrefois La Pissotte, et dépendait de Montreuil.
VINCENNES, v. des États-Unis (Indiana), sur la r. g. de la Wabash, à son embouch. dans l'Ohio, à 180 k. S. O. d'Indianopolis; 2500 hab. Évêché catholique. Imprimeries, banque, etc. Fondée en 1735 par des émigrants français du Canada.
VINCENT (S.), martyr, né à Saragosse, avait été ordonné diacre par Valère, évêque de cette ville, quand le proconsul d'Espagne Dacien lui fit subir le martyre en 304. Il fut soumis aux plus horribles supplices; le geôlier, à la vue de la constance du saint, se fit baptiser. On le fête le 22 janvier.
VINCENT DE LÉRINS (S.), Gaulois, avait occupé des postes élevés lorsqu'il se consacra à la vie religieuse. Il s'enferma dans le couvent de Lérins, étudia la Bible, les Pères, et devint un profond théologien. Il mourut vers 450. On a de lui un Commonitorium peregrini, composé vers 434, dont la meilleure édition est celle de Baluze (1663) : dans ce livre il prémunit ses lecteurs contre les nouveautés religieuses. On le fête le 24 mai.
VINCENT DE BEAUVAIS, Vincentius Bellovacensis, né vers 1200 à Beauvais, à ce qu'on croit, mort vers 1264, entra dans l'ordre de St-Dominique, jouit de la confiance de St Louis, fut chargé par ce prince de rédiger un résumé des sciences qu'on cultivait alors, et composa dans ce but le Miroir général (Speculum majus), espèce d'encyclopédie, divisée en 4 parties: le Miroir naturel, description de la nature; le Miroir moral, traité de moral ; le Miroir scientifique (en latin Doctrinale), contenant la philosophie, la physique, la rhétorique, la grammaire, la politique, le droit, la médecine, la théologie, etc. ; le Miroir historique. Ce curieux ouvrage a été imprimé pour la 1re fois à Strasbourg en 1473, 10 vol in-fol., et plusieurs fois réimprimé. Il a aussi composé un traité De eruditione puerorum regalium. On doit à l'abbé Bourgeat des Études sur Vincent de Beauvais, 1856.
VINCENT FERRIER (S.), prédicateur espagnol, né à Valence en 1357, entra dans l'ordre des Dominicains et se fit une telle réputation qu'on venait pour l' écouter de tous les points de l’Espagne. Il fut appelé par plusieurs princes étrangers, se fit entendre en France, où il prêcha contre les Vaudois, en Angleterre, en Allemagne. Pris pour arbitre par plusieurs princes, il assura, par sa décision, le trône à l’infant de Castille, Ferdinand. Il mourut à Vannes en 1419, épuisé par les mortifications. On le fête le 5 avril. L’abbé Bayle a écrit sa Vie, 1856.
VINCENT DE PAUL (S.), célèbre par sa charité et son dévouement, né en 1676 près de Dax (Landes), d’une famille pauvre, garda les troupeaux de son père dans son enfance, parvint à grand’peine à faire des études théologiques à Toulouse, et fut ordonné prêtre en 1600. En allant par mer de Marseille à Narbonne (1605), il fut pris par un pirate de Tunis et vendu comme esclave ; il convertit son maître, qui était un Savoyard renégat, et revint avec lui en France au bout de deux ans. Il accompagna à Rome en 1608 le vice-légat d’Avignon, et reçut du cardinal d’Ossat, ambassadeur de France à Rome, une mission auprès du roi de France Henri IV, ce qui l’amena à Paris. Nommé en 1610 aumônier de Marguerite de Valois, il refusa des postes brillants pour aller occuper la modeste cure de Clichy près Paris (1612) ; puis il entra comme instituteur chez Emmanuel de Gondi, comte de Joigny, général des galères, dont il éleva les trois fils (1613). En même temps il faisait des missions qui opéraient de nombreuses conversions, fondait des Confréries de charité, visitait par toute la France les malades, les prisonniers, les galériens, faisant tous ses efforts pour améliorer leur sort. Louis XIII, charmé de son zèle et de ses succès, le nomma aumônier général des galères (1619) : visitant un jour le bagne de Marseille, il prit la place d’un forçat, père de famille, dont le désespoir l’avait vivement ému. S. Vincent fonda en 1625 la congrégation des Prêtres de la Mission, destinés à instruire le peuple des campagnes et à former des prêtres dans les séminaires ; en 1634, il forma l’institution des Sœurs de la Charité, pour le service des pauvres malades. On lui doit également l’établissement des Enfants-Trouvés : le sort de ces malheureux, longtemps incertain, fut fixé définitivement en 1648, après un discours éloquent de S. Vincent qui électrisa toute l’assemblée, et qui détermina tous les assistants à faire les plus grands sacrifices. Il fonda encore en 1653, pour 80 vieillards, l’hospice du nom de Jésus, et bientôt après l’hôpital général des pauvres de la capitale, à la Salpêtrière (1655). Ce saint personnage mourut en 1660, chéri et vénéré de tous. On l’avait surnommé l’Intendant de la Providence. Sa fête se célèbre le 19 juillet. Sa Vie a été écrite par Abelli, Collet, Capefigue (1827) et l’abbé Maynard (1860) ; son Panégyrique par l’abbé Maury. — Une des principales églises de Paris a été placée sous l’invocation de S. Vincent de Paul. Située sur la place Lafayette, à l’extrémité N. de la rue Hauteville, cette église est ornée à sa façade d’un fronton représentant le saint entre la Foi et la Charité ; à chacun des coins de la façade est une tour quadrangulaire de 46m de haut ; l’intérieur offre l’image d’une basilique romaine avec une triple nef. Cet édifice a été commencé en 1824 sur les plans de MM. Lepère et Hittorf et achevé en 1844.
VINCENT DE PAUL (Société de S.), association catholique et charitable créée en 1833 à Paris, par M. Bailly, qui en fut le premier président, se propose, non-seulement de soulager la misère, mais aussi de former ses membres à la pratique de la charité. Elle se compose de laïques qui se réunissent tous les huit jours ou tous les quinze jours en conférence pour s’occuper de bonnes œuvres ; elle se recrute principalement parmi les jeunes gens. Cette Société s’est rapidement répandue par toute la France et même à l’étranger, et a fondé dans les principales villes des Conférences qui toutes reconnaissaient un président unique. Cette organisation a fini par exciter des défiances politiques, qui ont amené en 1861 la suppression du président et du conseil général.
VINCENT (Isabeau). V. BERGÈRE DE CREST.
VINCI (Léonard de), célèbre peintre de l’école florentine, né en 1452 au château de Vinci, près de Florence, étudia la peinture sous André Verrochio, se distingua à la fois comme peintre, sculpteur, ingénieur, mécanicien et architecte, exécuta un grand nombre de travaux pour Ludovic Sforce, qui le nomma directeur de l’académie de peinture et d’architecture de Milan, quitta Milan après la conquête du Milanais par Louis XII, habita tantôt Florence, où il eut dans Michel-Ange, encore jeune, un concurrent redoutable, tantôt Rome, où Léon X lui fit peu d’accueil, et vint enfin se fixer en France sur la proposition de François I, qui le combla de bienfaits (1515). Il mourut en 1519 à Amboise : on a prétendu, mais à tort, que ce fut entre les bras mêmes du roi (le roi se trouvait alors à St-Germain). Léonard de Vinci laisse peut-être à désirer pour le coloris ; mais il est le premier qui ait réalisé à un haut degré en peinture les principes du beau ; il est avec Raphaël celui qui a peint les têtes de vierges les plus belles et les plus touchantes. Une Ste-Cène qu’il avait peinte à fresque dans le réfectoire des Dominicains de Milan était son chef-d’œuvre ; mais le temps l’a presque effacée (il en existe une copie réduite au musée du Louvre). Les superbes cartons qu’il avait faits avec Michel-Ange pour la salle du conseil à Florence sont aussi malheureusement perdus. Le musée du Louvre a de lui 9 tableaux ou portraits, entre autres : la Vierge aux rochers, la Vierge sur les genoux de Ste-Anne, le portrait de Charles VIII, et le célèbre portrait de Lisa del Giocondo (la Joconde), gravé à Paris en 1842 par Fauchery. Comme sculpteur et ingénieur, Léonard de Vinci, a laissé aussi de beaux monuments de son génie. Il cultiva également les lettres avec succès, et composa des sonnets estimés. On a de lui un Traité de la peinture (en italien), avec des dessins de Poussin, Paris, 1651, trad. par Gault de St-Germain, 1803, et qui se lit encore avec fruit.
VINCY ou VINCIAC, anc. village de France, qu’on croit être auj. Jinchy ou Crèvecœur, entre Arras et Cambray. Charles Martel y battit en 717 Chilpéric II, roi de Neustrie.
VINDÉLICIE, partie du Wurtemberg, de la Souabe et de la Bavière occid. ; région de l’Europe ancienne, entre le Danube au N., la Gaule à l’O., la Rhétie au S. et le Norique à l’E., était ainsi nommée de deux rivières, le Vindo (Wertach) et le Licus (Lech), qui l’arrosaient, et avait pour tribus principales les Licates, les Rucinates, les Catenates et les Consuanetes. Elle ne fut soumise par les Romains que l’an 15 av. J.-C., en même temps que la Rhétie. Auguste y fonda Augusta Vindelicorum (Augsbourg), qui devint le ch.-l. du pays. — La Vindélicie, sous les Romains, ne forma qu’une même province avec la Rhétie. Au IVe s., lors de la division de là Rhétie en deux provinces, elle reçut le nom de Rhétie 2e, et conserva toujours pour ch.-l. Augusta.
VINDEX (C. Julius), propréteur de la Séquanaise sous Néron, était Gaulois de naissance et issu des anciens rois d’Aquitaine. Il donna le signal de la révolte contre Néron (67), se mit à la tête d’une nombreuse armée de Gaulois (Éduens, Arvernes et Séquanais), et offrit l’empire à Galba. Virginius Rufus à la tête des légions de Germanie fut envoyé contre lui : à la suite d’une entrevue, les deux chefs étaient d’accord pour mettre bas les armes, lorsque, par un malentendu, les Gaulois de Vindex et les légions de Virginius en vinrent aux mains ; celles-ci obtinrent l’avantage, et Vindex se tua de désespoir (68).
VINDHYA (Monts), chaîne de l’Inde septentr., s’étend de l’E. à l’O., de Bénarès au golfe de Cambaye, sur une longueur d’env. 1350 kil., traversant les prov. de Béhar, Allahabad, Malwa, et limitant au N. le bassin de la Nerbudda, qu’elle sépare de celui du Gange.
VINDILI (même nom que Wendes et Vandales), nom donné à ceux des Wendes qui restèrent le long du golfe Vénédique (dans la Prusse propre actuelle). VINDILIS, île de l'océan Atlantique, près de la côte du pays des Venètes en Gaule, est auj. Belle-Ile.
VINDOBONA, quelquefois Juliobona, auj. Vienne (en Autriche), v. de la Pannonie supérieure, sur le Danube. C'est là que Marc-Aurèle fut atteint en 180 de la maladie qui le mit au tombeau.
VINDONISSA, auj. Windisch, v. des Helvètes, près de l'Arula. Constance Chlore y battit les Germains.
VINET (Élie), savant du XVIe s., né vers 1519 près de Barbezieux, m. en 1557, fut régent d'humanités à Bordeaux sous André Govea, et remplaça ce savant comme principal du collège de Bordeaux en 1558. On lui doit des éditions estimées de Sidoine, Solin, Eutrope, Perse, Ausone, Florus, Pomponius Méla, le traité de la Sphère de Proclus, un recueil des traités de Priscien, Rhemnius Fannius, Béda, etc. sur les poids et mesures des anciens (Paris, 1565), des recherches sur l’Antiquité des villes de Bordeaux, Saintes, Barbezieux, etc.
VINET (Alex.), critique distingué, fils d'un instituteur de village, né près de Lausanne en 1797, m. en 1847, était ministre calviniste et professeur. Il fit avec un grand succès des cours de littérature française à l'Université de Bâle, puis à l'Académie de Lausanne où il enseignait en même temps la théologie. Comme pasteur, il lutta constamment contre l'intolérance, soit en chaire, soit dans ses écrits (Mémoires sur la liberté des cultes, Discours sur quelques sujets religieux, Essai sur la séparation de l’Église de l'État). Comme critique, il a laissé des Études sur la littérature française (1849 et 1857), où les auteurs sont caractérisés avec une remarquable justesse. Il a fait en outre paraître dans le Semeur un grand nombre d'articles philosophiques et littéraires, dont quelques-uns ont été recueillis sous le titre d’Essais de philosophie morale, 1837. Enfin on a de lui une Hist. de la prédication parmi les Réformés, Son style, nerveux et précis, est déparé par quelques néologismes qui trahissent l'étranger.
VIN-LONG, v. forte de Cochinchine, ch.-l. de prov., sur un affluent du Cambodge, au S. O. de Saïgon. Prise par les Français le 23 mars 1862.
VINTIMILLE, Albium Intemelium en latin, Vintimiglia en italien, v. et port d'Italie, dans les anc. États sardes, sur la Méditerranée, à 10 k. O. S. O. de San-Remo; 6 000 h. Évêché. Fondée par des Ligures; importante sous les Romains, cette ville fut occupée successivement par les Goths, les Lombards, les Francs; elle eut dès le Xe s. des comtes indépendants, fut prise par les Génois en 1222 et cédée par eux en 1266 à Charles d'Anjou, comte de Provence. Les Français s'en emparèrent en 1790 et la comprirent dans le dép. des Alpes-Maritimes. Elle fut jointe aux États sardes en 1815. Ses fortifications, détruites par les Français, ont été relevées en 1831 et 1832.
VINTIMILLE (Maison des comtes de), branche des marquis d'Ivrée, rois d'Italie, était issue de Conrad, 4e fils de Béranger, empereur et roi d'Italie, et se partagea en un grand nombre de branches; une des plus célèbres fut celle des comtes de Tende qui portaient le nom de Lascaris, par suite du mariage de Guillaume-Pierre, comte de Yintimille, avec Eudoxe, fille de Théodore II Lascaris. Les autres branches les plus connues sont celles des marquis du Luc et des barons d'Ollioules.
VINTIMILLE-LASCARIS (Paul de), grand maître de Malte, issu par sa mère des Lascaris, empereurs de Constantinople, né en 1560, m. en 1657, fut élu grand maître en 1636, gouverna avec talent dans des circonstances difficiles, déjoua les entreprises d'Urbain VIII, de Ladislas IV, roi de Pologne, et de l'Espagne contre l'Ordre, éleva des fortifications formidables, combattit les corsaires et les Turcs avec avantage, secourut Candie assiégée par ces derniers, acquit pour l'Ordre l'île de St-Christophe en Amérique et établit à Malte une bibliothèque publique.
VINTIMILLE-DU-LUC (Gaspard de), né en 1655, archevêque d'Aix en 1708, fut appelé au siège de Paris en 1729, réprima les Jansénistes, ferma en 1740 le cimetière St-Médard, où les convulsionnaires opéraient de prétendus miracles, et déclara ces miracles illusoires. Il m. en 1746. — Un frère de l'archevêque, Ch. François de Vintimille-du-Luc, diplomate, né en 1653, m. en 1740, est plus connu sous le nom de comte du Luc V. LUC.
VIONVILLE, vge près de Metz, où se livra un des combats du siége (août 1870).
VIOTTI (J. B.), violoniste, né en 1753, près de Turin, m. en 1824. fut pendant un temps co-directeur de l'Opéra-Italien avec Chérubini. Aimant la France, il y revint souvent et finit par accepter la direction de l'Opéra en 1818. Les fatigues de cette gestion hâtèrent sa mort. Ce célèbre exécutant, modèle de tous les violonistes modernes, a laissé une centaine de morceaux pleins d'idées et de sensibilité, et qui se distinguent par une mélodie pure, noble, expressive.
VIRBIUS, nom que reçut Hippolyte après que Diane lui eut rendu la vie.
VIRE, Viria, Castrum Viriense, chef-lieu d'arr. (Calvados), sur la Vire, à 49 kil. S. O. de Caen; 7 647 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce, collège, bibliothèque, place d'armes ; bel hôtel de ville, vieux donjon, reste d'un anc. château féodal; belles promenades. Draps pour troupes, serges, toile fine, cordages, papeterie, moulin à foulon. Patrie du poète Olivier Basselin, qui s'est illustré par ses Vaux de Vire, de Chênedollé, etc. — Anc. ville de la Basse-Normandie; souvent prise et reprise par les Français, les Bretons et les Protestants.
La Vire a sa source sur les confins des dép. de la Manche et du Calvados, et tombe dans la Manche un peu au-dessous d'Isigny, après un cours de 100 k.
VIRET (P.), un des chefs de la réforme en Suisse, né à Orbe en 1511, m. à Orthez en 1571, contribua puissamment avec Farel à renverser le Catholicisme à Genève, fut pasteur à Lausanne et à Genève, visita, pour y propager le Calvinisme, Nîmes, Montpellier, Lyon, d'où, il se fit chasser comme séditieux, et fut appelé par Jeanne d'Albret dans le Béarn, où il mourut. Son ouvrage principal est intitulé : De origine, continuatione, usu, auctoritate, atque præstantia ministerii verbi Dei atque sacramentorum, Genève, 1554. Il a laissé un grand nombre d'autres écrits, qui ne sont guère remarquables que par leur singularité, entre autres les Satires chrétiennes de la cuisine papale, Genève, 1560.
VIREY (Jules Joseph), écrivain médical, né en 1776 à Hortes (Hte-Marne), m. en 1847, fut pharmacien en chef des hôpitaux militaires, membre de l'Académie de médecine et député de la Hte-Marne. Ses principaux ouvrages sont : Histoire naturelle du genre humain, 1801 et 1824; Traité de pharmacie, 1809-1811; Histoire naturelle des médicaments, 1820; Mœurs et instincts des animaux, 1821, De la Puissance vitale, 1823; De la Femme, 1823. Virey combattit les doctrines matérialistes et réhabilita le vitalisme. Son style est brillant et facile.
VIRGILE, P. Virgilius Maro, le prince des poëtes latins, né en 70 ou 69 av. J.-C. au village d'Andes, près de Mantoue, fut élevé à Crémone, alla se perfectionner à Milan et à Naples, et se prépara à la poésie par une étude approfondie des lettres grecques. Il s'exerça d'abord dans la poésie bucolique ; il avait 25 ans quand il composa sa 1er églogue (la 2e des éditions). Son talent poétique lui valut la protection de Pollion et de Mécène : grâce à ces protecteurs, il obtint que les biens de son père ne fussent pas enveloppés dans la mesure qui adjugeait aux soldats des Triumvirs, après la bataille de Philippes, le territoire dé Crémone et de Mantoue (43 av. J.-C.); Virgile remercia Octave de ce bienfait dans une admirable allégorie (la 1re églogue des éditions). La plupart des autres églogues parurent dans l'espace de trois ans. S'élevant bientôt à des genres plus sérieux, Virgile composa successivement les ' Géorgiques, poëme didactique en quatre chants, entrepris sur l’invitation de Mécène, où il décrivait les travaux des champs et le bonheur de la vie champêtre et relevait par d’admirables épisodes la monotonie du sujet ; puis l’Énéide, poème épique en douze chants, où il chantait l’origine des Romains, qui prétendaient descendre du Troyen Énée. Ces chefs-d’œuvre lui méritèrent de son vivant l’admiration universelle et les bienfaits de l’empereur. La sœur d’Auguste, Octavie, s’évanouit, dit-on, à la lecture du beau passage où le poète déplore la mort prématurée de son fils, le jeune Marcellus (au VIe livre de l’Énéide), et, en revenant à elle, elle lui fit compter dix grands sesterces pour chacun des vers de ce passage (en somme 52 000 fr.). Âgé de près de 50 ans, Virgile passa en Grèce, où il se proposait de faire un long séjour et d’achever son œuvre; mais, ayant rencontré Auguste à Athènes, il revint avec lui au bout de 3 ans. Il tomba malade à Mégare et mourut en abordant à Brindes en Calabre, l’an 19 av. J.-C. Son corps fut, d’après son désir, transporté à Pouzzoles près de Naples. On mit sur son tombeau ce distique qu’il avait composé à ses derniers moments :
Mantua me genuit ; Calabri rapuere ; tenet nunc Parthenope : cecini pascua, rura, duces.
Au moment de sa mort, le poète n’avait pas entièrement terminé l’Énéide, à laquelle il travaillait depuis 12 ans : par son testament il ordonna de jeter au feu cette œuvre inachevée ; mais Auguste s’opposa à ce que ce sacrilège fût consommé. Outre les Bucoliques, les Géorgiques et l’Énéide, on a sous son nom quelques petites pièces qui évidemment ne lui appartiennent pas, sauf peut-être le Moucheron (Culex), et trois ou quatre des Calalectes, essais de sa première jeunesse. Ce poète était aimé de tous les grands écrivains de son siècle, surtout de Varius et d’Horace. Ses contemporains vantent sa droiture et la pureté de ses mœurs. — Virgile a toujours été regardé, sinon comme le plus grand, du moins comme le plus parfait des poètes : son style est pur, facile, harmonieux, varié, toujours en rapport avec le sujet ; sa versification l’emporte infiniment sur celle de tous les poètes latins qui l’ont précédé. La qualité qui domine en lui, c’est la sensibilité. Bien que, sous le rapport de la force et de l’élévation, il puisse paraître inférieur à Homère, il ne lui cède point dans les livres IIe et VIe de l’Énéide ; les six derniers livres du poëme sont ce qui lui appartient le plus en propre ; ils brillent surtout par la couleur locale et par la connaissance approfondie des antiquités nationales ; toutefois c’est avec quelque raison qu’on reproche à ce poëme une action double. Les Églogues de Virgile sont inférieures à celles de Théocrite : on y sent trop l’imitation ; cependant la 10e, la 4e et surtout la 6e sont de la plus haute beauté. Pour les Géorgiques, tout le monde reconnaît que c’est le chef-d’œuvre des poèmes didactiques. Virgile a eu parmi les anciens un excellent commentateur, Servius. Les éditions de ce poète sont innombrables. On remarque surtout celles de Venise, 1482, avec les Commentaires de Servius ; celle des Aldes, Venise, 1519 ; du P. Larue, ad usum Delphini, Paris, 1682, avec une paraphrase fort utile ; de Burmann, Amst., 1746 ; celle de Heyne, Leipsick, 1800, 6 vol. grand in-8, reproduite avec d’utiles additions dans les Classiques latins de Lemaire, Paris, 1819, etc., 7 vol. in-8 ; celle de Forbiger, Leips., 1836 et 1852, 3 vol. in-8, enfin celle d’E. Benoist, 3 vol. in-8, Paris (1867-1872). Une édition de luxe a été donnée par P. Didot le jeune, Paris, 1798, grand-in-fol., avec des gravures d’après Girard et Girodet. Les traductions de Virgile sont très-nombreuses. En français on distingue, en prose : celles de Marottes, Desfontaines, Binet, Morin, De Guerle, De Lestre, Pongerville, Pessonneaux ; celle de Villenave et Charpentier (dans la collect. Panckoucke, 1833-35), d’Aug. Nisard (dans la collect. D. Nisard) ; en vers, celles de Delille (la meilleure de toutes), de Cournand, Gaston, Mollevaut, Becquey, Barthélemy, Duchemin, H. Cournol. La traduction de Delille comprend les Géorgiques et l’Énéide. MM. Didot, Lauwereyns et Tissot ont traduit en vers les Bucoliques seules. On doit à Malfilâtre le Génie de Virgile, à Tissot et à Ste-Beuve des Études sur Virgile, à M. Eichhoff des Études grecques sur Virgile, qui offrent des rapprochements pleins d’intérêt. Ludewig a donné une Clavis Virgiliana, Berlin, 1805.
VIRGILE (S.), moine de Lérins, puis évêque d'Arles en 588, fut envoyé comme vicaire du pape dans les royaumes de France, de Bourgogne et d'Austrasie, et m. en 624. Il est hon. le 10 oct.
VIRGILE (S.), évêque de Salzbourg en 764, d'une famille noble d'Irlande, fut censuré par le pape Zacharie pour avoir avancé qu’il y a sous terre un autre monde et d'autres hommes, un autre soleil et une autre lune (ce que quelques-uns ont à tort entendu des antipodes). Mandé à Rome, il rétracta son erreur et fut peu après sacré évêque (766). Il établit la foi en Carinthie, et mourut saintement, en 784. Grégoire IX le canonisa : on l'hon. le 27 nov.
VIRGILE (Polydore), historien, né vers 1470 à Urbin, mort en 1555, reçut les ordres sacrés, professa les belles-lettres à Bologne, fut chargé par le pape Alexandre VI d'aller recevoir le denier de S. Pierre en Angleterre, plut au roi Henri VII, qui le nomma archidiacre de Wells (1507), et revint en 1550. On a de lui : Anglicæ historiæ libri XXVI, Bâle, 1534; De inventoriobus rerum, necnon de prodigiis, Amst., 1571, trad. par Belleforest, 1582.
VIRGINIE, jeune plébéienne d'une grande beauté. Appius Claudius, l'un des Décemvirs, s'éprit d'elle et voulut s'emparer de sa personne. Virginius, son père, qui était alors à l'armée, où il occupait le rang de centurion, averti à temps, accourut en hâte, et se présenta au Forum dans le moment où Appius Claudius allait la livrer à un de ses affranchis qui, par son ordre, l'avait réclamée comme son esclave. Le malheureux père, tirant alors sa fille à l'écart, saisit un couteau à l'étal d'un boucher, et le lui plongea dans le cœur pour la soustraire à l'opprobre. Cet événement souleva le peuple et fit abolir le décemvirat, 449 av. J.-C. La mort de Virginie a été mise sur la scène par Mairet (1628), Leclerc (1645), Campistron (1683), la Beaumelle, Chabanon (1769), La Harpe, Leblanc du Guillet (1786), Guiraud (1827), Latour St-Ybars (1845), etc. Alfieri et Lessing ont aussi traité ce sujet.
VIRGINIE (LA), un des États-Unis de l'Amérique du Nord, a pour bornes au N. le Maryland et la Pensylvanie, au S. la Caroline sept. et le Tennessee, à l'O. le Kentucky et l'Ohio, à l'E. l'Atlantique : 525 kil. de l'E. à l'O. sur 310 de moyenne largeur; 1 596 318 hab. (dont au moins 500 000 esclaves); capitale, Richmond. Les monts Alleghany et Blue-Ridge la coupent en deux parties égales, dites district oriental et district occidental. Elle est arrosée par l'Ohio et quelques-uns de ses affluents, par le Potomak, le Rappahannok, et est sillonnée par de nombreux chemins de fer. Climat très-varié, fort chaud sur une foule de points. Sol très-fertile dans les plaines. Beaucoup de bestiaux; grains, tabac renommé, coton, etc. Riches mines d'or ; fer, plomb, cuivre, carrières. Industrie active : tissus, sel, salpêtre, poudre, armes, fonderie, sucre. Commerce très-florissant. — La Virginie est un des 13 États primitifs de l'Union. Le pays fut visité par Verazzani vers 1524. Les Anglais s'y établirent en 1584, sous la conduite de Walter Raleigh, et lui donnèrent le nom qu'il porte en l'honneur de la reine vierge, Élisabeth. Le nom de Virginie s'étendit d'abord à toute la contrée au N. de la Floride. La création de la Caroline (1622) et celle de la Pensylvanie (1682), formées aux dépens de cette Virginie primitive, restreignit son étendue au N. et au S., et la réduisit à ce qu'elle est aujourd'hui. La Virginie prit une part active à la guerre de l’Indépendance et se donna dès 1776 une constitution républicaine. Elle eut la gloire de donner naissance à plusieurs des présidents les plus illustres des États-Unis : Washington, Jefferson, Madison et Monroe. En 1861, elle se déclara pour la sécession : sa capitale, Richmond, devint la capitale des États confédérés. Cependant une partie des Virginiens était opposée à la séparation, ce qui donna lieu à la scission de l’État en deux, la Virginie orientale, avec l 261 397 hab., qui resta hors de l’Union, et la V. occidentale ou Kanawha, avec 334 921 h., qui fut reçue dans l’Union en 1862 comme État nouveau.
VIRGINIUS, père de Virginie. V. VIRGINIE.
VIRGINIUS RUFUS (L.), général romain, né aux environs de Côme l'an 14 de J.-C., obtint trois fois le consulat (en 63, en 70, en 97), fut gouverneur de la Hte-Germanie, marcha contre le Gaulois Vindex, qui s'était révolté contre Néron, et le vainquit (V. VINDEX), refusa deux fois l'empire, que lui offraient ses soldats (après Néron et Othon), et mourut en 97, pendant son 3e consulat. Tacite, qui lui fut subrogé, prononça son éloge.
VIRIATHE, chef lusitanien, avait été successivement berger, chasseur, chef de brigands. Échappé au massacre ordonné par Sulpicius Galba, il leva l'étendard de la révolte contre les Romains l'an 149 av. J.-C., vit bientôt affluer autour de lui une foule d'hommes déterminés, et défit quatre préteurs (C. Vétilius, 149; C. Plautius, 148; Claudius Unimanus, 147; C. Nigidius Figulus, 146). Arrêté quelque temps par Fabius Æmilianus, qui le battit en 144, il ne s'en maintint pas moins maître des montagnes, souleva contre les Romains plusieurs peuples de la Celtibérie, les battit de nouveau, et força en 141 le consul Fabius Maximus Servilianus à conclure la paix avec lui; mais l'année suivante il fut attaqué à l'improviste par un autre consul, Servilius Cépion, qui viola le traité de 141, et il périt égorgé dans sa tente par deux de ses officiers qu'avait gagnés le général romain. Viriathe est, après Annibal et Mithridate, le plus redoutable ennemi qu'ait rencontré la République romaine.
VIRIDOMARE, roi des Gaulois Gésates, soutint les Insubres dans leur guerre contre les Romains et tenta d'enlever à ceux-ci Clastidium, mais il fut tué en combat singulier par Marcellus, qui remporta ainsi les 3espagnol dépouilles opimes, 222 av. J.-C.
VIRIEU, ch.-l. de c. (Isère), à 11 kil. S. E. de la Tour-du-Pin; 1 119 hab. Scieries hydrauliques.
VIRIEU-LE-GRAND, ch.-l. de c. (Ain), à 15 kil. N. O. de Belley; 839 hab.
VISAPOUR, ville de l'Inde. V. BEDJAPOUR.
VISCONTI, célèbre maison de Milan, fournit pendant deux siècles des chefs et des maîtres à Milan, et fut longtemps à la tête des Gibelins.
Othon Visconti, né en 1208, m. en 1295, s'attacha au cardinal Octavien des Ubaldi, qu'il accompagna dans diverses ambassades, et fut, grâce à la protection de ce prélat, nommé archevêque de Milan en 1263 par le pape Alexandre IV; mais les della Torre, alors tout-puissants dans Milan, ne lui permirent pas de prendre possession de son siége; il s'ensuivit une longue guerre civile, et ce n'est qu'au bout de 14 ans qu'il put asseoir son autorité : il entra en triomphe dans Milan en 1277. — Son neveu, Matthieu I, le Grand, né en 1250, eut part à ses victoires, puis à son gouvernement, avec le titre de capitaine général, acquit en 1290 Verceil, puis Côme, et fut reconnu, à la mort d'Othon, seigneur perpétuel de Milan (1295). Il était de plus vicaire impérial en Italie depuis 1294. En 1302 une ligue puissante, formée par les della Torre et Albert Scotto de Plaisance, lui enleva presque toutes ses possessions. Pour réparer ses pertes il appela l'empereur Henri VII en Italie : il chassa avec son secours les della Torre, se fit confirmer par l'empereur dans le vicariat et dans la possession du Milanais, érigé en comté (1311), et y joignit Bergame, Pavie, Plaisance, Tortone. Il eut sans cesse à lutter contre la faction des Guelfes et contre le pape Jean XXII, qui l'avait excommunié. En 1322 il abdiqua en faveur de son fils Galéas I, et se retira dans un couvent où il mourut en 1323. — Le fils de Matthieu, Galéas I, né en 1277, devenu souverain de Milan en 1322 par cette abdication, fut la même année chassé de cette ville par une émeute guelfe, y rentra au bout d'un mois, s'y vit assiégé par les Guelfes, que soudoyait le pape (1323), mais se maintint jusqu'à l'arrivée de l'empereur Louis V qui consolida son autorité (1327). Bien que nommé par ce prince vicaire impérial, il se rapprocha secrètement des Guelfes : Louis V le fit alors jeter, avec son fils aîné et deux de ses frères, dans les prisons de Monza; il fallut l'intercession de Castruccio-Castracani pour lui faire rendre la liberté (1328). Quant à ses États, l'empereur les garda. Galéas mourut la même année. — Azzon, fils aîné du préc., né vers 1302, avait été enfermé avec son père à Monza par l'emp. Louis V. Devenu libre, il réussit à se faire nommer par ce même prince vicaire impérial à Milan (1328); mais bientôt il se déclara contre lui et devint l'allié du pape Jean XXII qui, en sa faveur, leva l'interdit depuis si longtemps jeté sur Milan et les Visconti, et qui le nomma vicaire de l’Église. Il entra dans la ligue formée contre Jean de Bohême, qui voulait asservir l'Italie, et eut pour sa part de dépouilles les villes de Bergame, Plaisance, Crémone et la suzeraineté sur Pavie. Il prit encore, de 1332 à 1337, Vigevano, Crême, Côme, Lodi, Brescia, etc. Attaqué par un de ses oncles, Lodovic Visconti, qu'il avait chassé de Milan pour complot, il envoya contre lui un autre de ses oncles, Luchino , qui le battit. Azzon mourut en 1339. — Luchino, 3e fils de Matthieu le Grand et oncle d'Azzon, fut proclamé en 1339 seigneur de Milan, avec son frère Jean, archevêque de cette ville, et exerça presque toute l'autorité. Il se montra implacable à l'égard de tous ceux qu'il soupçonnait; mais en même temps il comprima la licence des soldats, les violences des nobles, fit fleurir la paix intérieure et rappela les exilés. Il acquit Parme, Asti, Locarno, et méditait l'acquisition de Bologne et de Gênes, quand il mourut, en 1349, empoisonné par sa femme Isabelle Fiesco. — Jean, 4e fils de Matthieu le Grand et frère du préc., fut nommé en 1329 archevêque de Milan, et devint en 1339 co-seigneur de cette ville. Laissé seul maître en 1349 par la mort de son frère, il agrandit ses États, acheta Bologne de Jean Pepoli, au préjudice du pape (1350), et obtint la soumission de Gênes (1353); il mourut en 1354, au moment où se formait contre lui la ligue de Venise. — Matthieu II, neveu du précéd. comme fils d’Étienne, 5e fils de Matthieu le Grand, partagea la souveraineté avec ses deux frères Galéas et Barnabo, et eut en propre Vigevano, Monza, Lodi, Bobbio, Pontremoli, Plaisance, Parme, Borgo-san-Donino, Bologne; mais Jean d'Oleggio, son cousin, lui enleva cette dernière ville (1355). Matthieu mourut la même année, empoisonné par ses frères : c'était un prince cruel et qui fut peu regretté. — Galéas II, frère de Matthieu II, et co-seigneur de Milan avec lui dès 1354, eut en propre Côme, Novare, Verceil, Asti, Tortone, Alexandrie, et y joignit ensuite Plaisance, Bobbio, Monza, Vigevano. Attaqué par les coalisés de Venise, il ne fit point la guerre en personne, et prit à son service des condottieri, qui le défendirent, mais qui foulèrent ses peuples. Il m. en 1378. — Barnabo, frère des deux préc., et co-seigneur de Milan en 1354, eut pour sa part Crémone, Crême, Bergame, Brescia, et y joignit Lodi et Parme. Après divers échecs, il fit la paix avec la ligue de Venise (1356), en abandonnant Gênes et Bologne. Il eut encore à lutter contre la ligue de Viterbe, formée par le légat Albornos (1368) et dans laquelle entrait l'empereur Charles IV, puis contre deux autres ligues formées aussi par l'influence des papes (1369-70) et 1372-78) ; mais il sut échapper à tant de périls. Vers 1379, il partagea ses États entre ses cinq fils. Jean Galéas, son neveu et gendre, qui voulait régner seul, le surprit sans défense et l’enferma dans une prison où il ne tarda point à mourir empoisonné (1385). Barnabo était cruel et débauché, mais il protégeait les lettres : il avait appelé Pétrarque à sa cour et fondé l’Université de Pise. — Jean-Galéas, duc de Milan, fils de Galéas II, né en 1347, avait succédé dès 1378 à son père dans la co-seigneurie de Milan. S’étant emparé par trahison de la personne et des États de son oncle Barnabo, il intimida les fils de ce prince à tel point qu’ils s’enfuirent, et le laissèrent seul maître (1385). Il joignit Vicence et Vérone à ses possessions (13S7), dépouilla par une insigne perfidie le duc de Padoue de ses États (1388), qu’il fut cependant forcé de rendre en 1390 ; fit la guerre à Bologne et à Florence (1390-92), et tenta, mais sans succès, de créer un royaume d’Italie. Il acheta de l’empereur Venceslas le titre de duc de Milan pour lui et ses descendants, et fit comprendre dans son duché Vicence, Vérone, Feltre, Bellune, Bassano, Arezzo et Sarzane (1395). Il acquit ensuite Pise et Sienne, soumit Pérouse, Spolète, Assise, Nocera, battit par ses généraux l’emp. Robert de Bavière, qui voulait lui retirer les concessions de Venceslas (1401), puis conquit Bologne. Il assiégeait Florence lorsqu’il mourut, en 1402, laissant deux fils mineurs. Valentine, sa fille du premier lit, avait été mariée à Louis I, duc d’Orléans, frère de Charles VI, et lui avait porté en dot le comté d’Asti : ce fut là l’origine des prétentions de la maison de France sur le Milanais. — Jean-Marie, fils aîné de Jean Galéas, né en 1389, fut proclamé seul duc à la mort de son père (1402), sous la tutelle de sa mère Catherine Visconti. En 1404, il chassa sa mère du palais, et l’enferma à Monza, où elle mourut de poison. Ses effroyables cruautés effrayèrent bientôt ses sujets ; ils se révoltèrent, et laissèrent entrer dans Milan le comte Blandrate, qui déjà occupait Alexandrie, Tortone, Verceil et Novare. J.-Marie périt assassiné par Astorre, fils naturel de Barnabo (1412). On prétend que ce monstre nourrissait ses dogues de chair humaine. — Philippe-Marie, 2e fils de Jean-Galéas et frère du préc., né en 1391, m. en 1447, eut d’abord en partage la ville de Pavie. Après le meurtre de Jean-Marie (1412), il se fit reconnaître à Milan, et s’assura la succession de Blandrate, son frère (mort l’année précédente), en épousant sa veuve, qu’il ne tarda pas à faire décapiter sur une accusation d’adultère. Il sut, soit par d’habiles négociations, soit par les exploits de Carmagnole, son lieutenant, reprendre sur les spoliateurs de sa maison tout ce qu’elle avait possédé, sauf les villes toscanes et Bologne ; conquit sur les Suisses Bellinzone et la vallée de Levantin (1422-26), et reprit le projet qu’avait formé son père de créer un royaume d’Italie, mais sans pouvoir y mieux réussir. Il perdit par sa faute son général Carmagnole, qui passa aux Vénitiens, prit à sa place Piccinino et Sforce, et se vit forcé de donner à ce dernier sa fille naturelle, Blanche-Marie (1441). C’était un habile politique, mais un homme ambitieux et perfide, qui sans cesse changeait d’alliés. Son gendre Sforce se rendit maître de son héritage en 1450, et commença une nouvelle maison de ducs à Milan.
VISCONTI (Ennius Quirinus), savant antiquaire, né en à Rome en 1751, m. en 1818, était fils de J. B. Visconti (1722-84), préfet des antiquités à Rome, et descendait d’un fils naturel de Barnabo Visconti. Son père, grand ami de Winckelmann et créateur du Musée Pio-Clémentin, surveilla lui-même son éducation, puis se fit seconder par lui dans la description du Musée. Chargé seul de cette publication après la mort de son père, il obtint bientôt une grande réputation, et fut nommé par Pie VI conservateur du Musée du Capitole. En 1797, il accepta le portefeuille de l’intérieur dans la nouvelle république formée à Rome sous l’influence française ; en 1798, il fut un des cinq consuls. Réduit à fuir par le triomphe momentané de la coalition, il vint en France, où le 1er consul Bonaparte le nomma administrateur du Musée des antiques et tableaux récemment formé au Louvre (1799). Plus tard il joignit à ce titre ceux de professeur d’archéologie et de membre de l’Institut. À une science rare, Visconti unissait le goût le plus pur et un sens exquis de l’antiquité. De ses nombreux ouvrages, les principaux, outre le Musée Pio-Clémentin (en ital.), Rome, 1782-98, 6 vol. in-fol., avec fig., sont : le Musée Chiaramonti (en ital.), qui y fait suite, Rome, 1808, in-fol. ; les Inscriptions grecques de Tropæa (en ital.), 1794, in-fol. ; les Monuments Gabiens (en ital.), 1797, in-8 ; l’Iconographie grecque et romaine (en franç.), Paris, 1808 et ann. suiv., in-fol.
VISCONTI (Louis), architecte, fils du préc., né à Rome en 1791, m. en 1854, fut amené en France dès 1798 par son père, qui le fit naturaliser, étudia l’architecture sous Percier, remporta à l’École des beaux-arts le 2e grand prix (1817), devint membre de l’Acad. des beaux-arts, architecte de la Bibliothèque impériale, et enfin architecte de l’empereur Napoléon III. On lui doit les Fontaines Gaillon, Molière, Louvois et St-Sulpice, à Paris ; les monuments funéraires des maréchaux Lauriston, Gouvion St-Cyr, Suchet, Soult ; le Tombeau de Napoléon I, aux Invalides ; enfin l’achèvement du Louvre, gigantesque entreprise dont il sut vaincre toutes les difficultés, mais dont malheureusement il ne put voir l’entière exécution. V. LOUVRE.
VISDELOU (le P. Claude), jésuite, né en 1656 en Bretagne, m. en 1737, alla comme missionnaire en Chine (1706), fut nommé en 1708 vicaire apostolique dans cette contrée et évêque de Claudiopolis, eut de vives querelles avec les autres ordres religieux admis en Chine, fut forcé par ses ennemis à s’éloigner dès 1709 et se retira à Pondichéry, où il mourut. Il savait le chinois à fond : on lui doit les premières notions exactes et suivies sur les grands travaux historiques des Chinois. Il a laissé une Histoire de la Tartarie, en 4 vol. In-4 (dans la Bibliothèque orientale, éd. de 1777-79), qui est très-précieuse ; il a fait connaître la fameuse inscription de Si-an-fou, qui constate l’introduction du Christianisme en Chine dès le VIIIe s.
VISÉ ou VIZÉ (J. DONNEAU de), littérateur, 1640-1710, travailla d’abord pour le théâtre, mais sans succès, puis créa, en 1672, sous le titre de Mercure galant, un recueil périodique, contenant, avec les nouvelles du jour, des pièces de vers ainsi que l’annonce et la critique des ouvrages nouveaux. Ce recueil prit à partir de 1677 le titre de Mercure de France. En flattant Louis XIV dans son journal, Visé obtint la charge d’historiographe de France, avec une pension de 500 écus et un logement au Louvre. Outre son journal, on a de lui 12 comédies, des Nouvelles nouvelles, 1663, et des Mémoires pour servir à l’histoire de Louis XIV, 1697-1705, 10 vol. gr. in-fol., bel ouvrage de luxe, mais sans valeur.
VISEU, Verurium, Vicus-Aquarius, v. du Portugal, ch.-l. du Ht-Beira, entre le Mondego et la Vouga, à 80 kil. N. E. de Coïmbre ; 9 000 h. Évêché ; ancien duché. Importante foire tenue en septembre. — Le titre de duc de Viseu a été porté par plusieurs princes de la maison royale de Portugal : Henri le Navigateur, 4e fils du roi Jean I, mort en 1463 ; Ferdinand de Portugal, 2e fils du roi Édouard, mort en 1470, et ses deux fils Jean et Jacques ; le roi Emmanuel, mort en 1521.
VISIGOTHS, c.-à-d. Goths de l’Ouest, grande fraction de la nation des Goths qui, lors de leur établissement dans la Sarmatie mérid., occupait la contrée située à l’O. du Borysthène (Dniéper). Menacés par l’invasion des Huns, qui déjà avaient subjugué les Ostrogoths, les Visigoths obtinrent de l’empereur Valens, en 376, la permission de s’établir sur la rive droite du Danube ; mais bientôt, prétendant avoir à se plaindre de la perfidie de Valens, ils envahirent la Thrace, sous la conduite de Fritigern et d'Alavius, gagnèrent sur les troupes romaines la victoire d'Andrinople (378) et pénétrèrent jusqu'à Constantinople, dont ils pillèrent les faubourgs. Refoulés par Théodose vers le Danube, ils recommencèrent leurs invasions après la mort de cet empereur, dévastèrent la Thrace, la Macédoine, l'Illyrie; puis, sous la conduite d'Alaric, se jetèrent sur l'Italie et s'emparèrent de Rome, qu'ils saccagèrent, 410. En vertu d'un traité conclu avec l'emp. Honorius, leur chef Ataulf, successeur d'Alaric, les conduisit dans le midi de la Gaule et les établit entre la Loire et les Pyrénées, 412 : Toulouse fut alors leur capitale. De là, conduits par leur roi Vallia, ils franchirent les Pyrénées, et s'emparèrent de la Marche d'Espagne, 415. Théodoric I, qui avait succédé à Vallia en 420, fut tué en combattant Attila dans les plaines de Châlons-sur-Marne, 451. Après le règne insignifiant de Thorismond, 451-453, Théodoric II, 453-465, puis Euric, 465-484, achevèrent la conquête de l'Espagne : Tolède devint alors leur capitale. Alaric II ayant été tué par Clovis à la bataille de Vouillé, 507, les Visigoths perdirent ce qu'ils possédaient en Gaule, moins la Septimanie, mais ils continuèrent à régner sur l'Espagne jusqu'à la conquête des Arabes. Parmi leurs derniers rois, on distingue : Amalaric, 511-531; Léovigilde, 572-586, qui extermina les Suèves; Récarède, 586-601 ; Suintila, 621-631; Vamba, Egiza, Vitiza, 672-710; enfin Roderic, 710, qui fut vaincu en 711 à Xérès par les Arabes et avec lequel finit leur empire. Toutefois il resta au Nord un très-petit État goth, le Roy. des Asturies (V. ce nom), qui maintint constamment son indépendance. — Les Visigoths avaient embrassé le Christianisme dès le temps de Constantin; mais ils adoptèrent l'hérésie d'Arius. Leurs lois, les plus douces et les plus savantes des lois des barbares, furent recueillies sous Euric, puis fondues, sous Alaric II, avec le Breviarium d'Anien. Ce code, connu sous le nom de Forum judicum, fut imprimé pour la 1re fois par Pithou en 1579; l'Académie de Madrid en a donné une édition en 1815, avec traduction espagnole.
VISITANDINES, dites aussi Religieuses de la Visitation, ordre de femmes institué en 1610, à Annecy, par S. François de Sales et la baronne de Chantal, en mémoire de la Visitation de la Vierge. Cet ordre, dont la règle est peu sévère (il était dispensé des offices nocturnes et des jeûnes rigoureux), fut approuvé par Urbain VIII en 1626, et se répandit bientôt en France, en Italie, en Allemagne et en Pologne. Le costume des religieuses était une robe noire, un voile d'étamine sans bordure, un bandeau noir au front, et une croix d'argent sur la poitrine.
VISITATION (la), fête de l’Église catholique, instituée en mémoire de la visite que la Ste Vierge fit à Ste Élisabeth quelques jours après l'Annonciation. On la célèbre le 2 juillet. Établie en 1263 par S. Bonaventure pour l'ordre de S. François, elle fut étendue à toute l’Église en 1379 par le pape Urbain VI.
VISO (Mont), Vesulus mons, haute mont. des Alpes cottiennes, entre la France et le Piémont, a 3840m de haut. Le Pô y prend sa source. Belle route, construite au XIVe s. et dont 2000m sont creusés dans le roc vif. Détruite par le roi de Sardaigne, cette route fut rétablie par Napoléon en 1811. On croit que c'est par le mont Viso que Bellovèse et Annibal traversèrent les Alpes.
VISTULE, fleuve de l'Europe centrale, naît au mont Skalza dans la Silésie autrichienne, près de Teschen, traverse la Galicie, la Pologne, la Prusse, baignant Cracovie, Sandomir, Pulawy, Varsovie, Modlin, Plock, Thorn, Culm, Elbing; Marienbourg, Dantzick; reçoit la Poprad, la Dunajec, la San, la Wieprz, le Bug, la Drevenz à droite, la Pilica, la Bzura et la Brahe à gauche, et tombe dans la Baltique, après un cours d'env. 1100 kil., par 3 bras, dont le plus occidental passe par Dantzick et les deux autres se rendent dans le Frische-Haff. Divers canaux l'unissent au Dnieper, à l'Oder et au Niémen.
VISURGIS, riv. de Germanie, auj. le Weser.
VITAL (S.), martyr, natif de Milan, subit le supplice à Ravenne en 62. On l'honore le 28 avril.
VITAL (S.), né vers 1060, dans le diocèse de Bayeux, était chapelain de Robert (frère de Guillaume le Conquérant). Il abandonna tous ses bénéfices et alla en 1112 fonder le monastère de Savigny près Coutances, auquel il donna la règle de S.-Benoît. Il brilla par son éloquence, surtout au concile de Reims en 1119, et mourut en 1122. On l'hon. le 16 sept.
VITAL, dit de Blois, écrivain du XIIe s., né à Blois, est connu par un poème latin intitulé Querolus, imité du Querolus ou Aulularia de Plaute, et imprimé en 1595. On lui a longtemps attribué le Querolus original.
VITAL (ORDERIC), historien. V. ORDERIC.
VITALIEN, général scythe, arrière-petit-fils d'Aspar, était chef de la confédération des habitants de la Scythie, de la Thrace et de la Mœsie sous l'empereur Anastase et ses. successeurs. Il vint deux fois (513 et 518) devant Constantinople, à la tête d'une armée, pour protéger les Catholiques que persécutait Anastase, grand partisan de l'Eutychianisme, obtint de l'empereur des promesses qui ne furent pas réalisées et prit les armes pour en assurer l'exécution. Il jouit au contraire de la faveur de l'empereur Justin, qui le créa consul en 520; cependant il fut peu après assassiné à Constantinople par la faction des Bleus ; on imputa ce crime au neveu de l'empereur, à Justinien, à qui il portait ombrage.
VITALIEN, pape de 657 à 672, était de Signia en Campanie. Il maintint la discipline ecclésiastique, envoya des missionnaires en Angleterre et mourut en odeur de sainteté.
VITEBSK ou VITEPSK, v. de Russie, ch.-l. du gouvy particulier de son nom et du gouvt général de Smolensk, Vitebsk et Mohilev, sur la Dwina mérid., à 630 k. E. S. E. de St-Pétersbourg; 18 000 h. (dont beaucoup sont Juifs). Cour d'appel, gymnase, églises catholiques, églises grecques ; huit couvents, Commerce actif. — Vitebsk existait dès le Xe s. et appartenait à la Lithuanie ; elle fut prise aux Polonais en 1654 par le czar Alexis. Napoléon s'en empara en 1812. — Le gouvt de Vitebsk, entre ceux de Minsk à l'E., de Mohilev à l'O., a env. 387 kil. sur 182 et 750 000 hab. Climat salubre et tempéré, sol fertile (grains, légumes, lin superbe) ; immenses forêts.
VITELLI (VAN), architecte. V. VAN VITELLI.
VITELLIUS (Aulus), 8e empereur romain , né l'an 15 de J.-C., était fils d'un des plus vils adulateurs de Claude. Il passa sa jeunesse à la cour de Tibère à Caprée, jouit de la faveur de Caligula et de Claude et fut le compagnon de débauches de Néron. Consul dès 48, puis proconsul en Afrique, où il déploya quelque habileté, il fut nommé en 68 par Galba gouverneur militaire de la Basse-Germanie. Les légions de cette frontière le saluèrent empereur à la nouvelle de la mort de Galba (69), tandis qu'Othon se faisait proclamer à Rome; Cécina et Valens, ses lieutenants, gagnèrent pour lui sur son compétiteur la bataille de Bédriac, après laquelle Othon se donna la mort. Vitellius fut reçu à Rome comme un libérateur; mais à peine était-il établi sur le trône que l'armée d'Orient proclama Vespasien; Antonius Primus, général du nouvel empereur, battit l'armée de Vitellius à Crémone, s'empara de Rome après un sanglant combat et se fit livrer l'empereur, que la populace mit en pièces et jeta dans le Tibre (70). Vitellius avait régné huit mois et quelques jours. Il ne se fit remarquer que par sa gloutonnerie, ses débauches et ses cruautés. C'est lui qui, visitant le champ de bataille de Bédriac, quelques jours après la bataille, prononça ces horribles paroles : « Le corps d'un ennemi mort sent toujours bon. »
VITEPSK. V. VITEBSK.
VITERBE, Fanum Voltumnæ, v. de l’État ecclésiastique, ch.-l. de délégation, au pied du mont Cimino, à 85 kil. N. N. O. de Rome ; 14 000 h. Évêché. Belles places, larges rues pavées en lave, cathédrale, palais, églises Ste-Rose et St-François, ancien couvent de Dominicains. Raffinerie de soufre ; ustensiles de fer, verroterie. Commerce assez actif (blé, vin, raisins secs). Patrie de J. Nanni, dit Annius de Viterbe. Aux env., eaux minérales, pèlerinage de la Madonna della Quercia, et nombre de châteaux et de maisons de campagne. — Viterbe fut, dit-on, bâtie en 773 par Didier, roi des Lombards. Elle fut donnée aux papes avec le territoire qui forma le Patrimoine de S. Pierre, par la grande comtesse Mathilde (1077), et devint dès lors le chef-lieu de ce pays. A Viterbe fut conclu en 1515 entre Léon X et François I (après la conquête du Milanais par ce dernier) un traité célèbre, par lequel le pape renonçait à Parme et Plaisance. — La délégation de Viterbe, au N. de la Campagne de Rome, à l’O. du Tibre, a 90 k. sur 85 et 130 000 h. Villes princip. (outre Viterbe) : Montefiascone, Nepi, Civita-Castellana, Ronciglione.
VITERIC, roi des Visigoths d'Espagne, parvint au trône par l'assassinat du roi Liuva II (603), favorisa l'Arianisme et persécuta le Catholicisme, qui avait été la religion dominante sous Récarède, son prédécesseur. Il fut tué par ses sujets en 610.
VITET (L.), médecin de Lyon, 1736-1809, exerça son art dans sa ville natale et y obtint une telle popularité qu'à la Révolution il fut élu maire de Lyon, puis député à la Convention et au Conseil des Cinq-Cents. On a de lui la Médecine vétérinaire, Lyon, 1771, dont le succès fut européen; la Médecine expectante, 1803; la Médecine du peuple, 1804.
VITI (Archipel de), dit aussi de Fidji. V. FIDJI.
VITIGÈS, 4e roi des Ostrogoths d'Italie, avait été un des plus illustres généraux de Théodoric I. Proclamé roi à la place du lâche Théodat (536), il organisa une résistance vigoureuse en Italie, mais il ne put empêcher Bélisaire de reprendre Rome et vit se révolter Milan, Bergame, Novare, Côme. Il reprit Milan, dont il égorgea tous les habitants mâles, mais n'en fut pas moins réduit à se réfugier dans Ravenne, y fut bloqué par Bélisaire et capitula en 540. Bélisaire le mena en triomphe à Constantinople; cependant il fut bien traité par Justinien, qui même le décora du titre de patrice. Il m. à Constantinople en 543.
VITIZA, roi des Visigoths d'Espagne, était fils d Egiza, qui l'associa au trône en 696. Il régna seul à partir de 701, perdit les Baléares, que conquit l'Arabe Mouça, gouverneur de l'Afrique pour Walid, et fut détrôné vers 710 par Roderic, dont il avait outragé la famille, et qui lui fit crever les yeux. Il survécut peu à ce supplice.
VITORIA, v. forte de l'Espagne septentr., ch.-l. de la prov. d'Alava, près de la Zadorra, à 50 k. S. E. de Bilbao et à 330 kil. N. N. E. de Madrid; 12 000 hab. Évêché; anc. université, réunie en 1842 à celle de Valladolid. Velours de soie, chapeaux, toile, papier peint, bougies, armes blanches, ustensiles de cuivre, corroierie. — Vitoria fut, dit-on, fondée en 581 par Léovigilde, roi des Visigoths, en mémoire d'une victoire qu'il avait remportée sur les Vascons révoltés. Fortifiée au XIe s. par don Sanche le Grand, elle fut agrandie par Jean II et Ferdinand le Catholique. Occupée par les Français en 1808, elle fut évacuée en 1813, après une sanglante bataille, gagnée par les Anglais, les Espagnols et les Portugais réunis.
VITRÉ, ch.-l. d'arr. du dép. d'Ille-et-Vilaine, sur la Vilaine et le chemin de fer de Brest, à 37 kil. E. de Rennes; 8904 hab. Trib. de 1re inst., collége. Château fort avec tours, église Notre-Dame. Toile à voile, bonneterie, flanelle, cantharides. Source minérale. — Anc. baronnie, possédée par la maison de La Trémoille; anc. abbaye de Bénédictins, fondée en 1226. Vitré embrassa le Calvinisme aux XVIe s. et fut vainement assiégée en 1588 par le duc de Mercœur. Patrie de Bertrand d'Argentré et de Cl. Savary.
VITREY, ch.-l. de c. (Hte-Saône), près de l'Amance à 44 kil. N. O. de Vesoul; 944 hab. Station.
VITROLLES (Eug. d'ARNAUD, baron de), homme politique, né en Provence en 1774, mort en 1854, émigra, servit dans l'armée de Condé, agit des premiers en 1814 en faveur des Bourbons auprès des souverains coalisés, fut nommé ministre d'État par le comte d'Artois dès son arrivée à Paris, fut élu en 1815 membre de la Chambre introuvable, et poussa si loin la violence que Louis XVIII le priva, en 1818, de son titre de ministre d'État; mais fut nommé par Charles X, à son avènement, ambassadeur à Turin. Il se retira des affaires en 1830.
VITRUVE, M. Vitruvius Pollio, architecte, natif de Vérone ou de Formies, florissait au Ie s. av. J. C. et vécut très-vieux (de 116 à 26?). Il avait servi dans les armées de César comme employé à construire les machines de guerre. On a de lui un traité De Architectura (en 10 livres), dédié à Auguste, et très-précieux parce qu'il constate l'état où en étaient à Rome de son temps l'architecture et plusieurs sciences accessoires. Il y traite non-seulement de l'architecture, mais aussi (dans les IXe et Xe livres) de la mécanique, de l'hydraulique et de la gnomonique. Vitruve possédait toutes les connaissances relatives à son art, mais son style est peu élégant et quelquefois obscur. Les principales éditions de son ouvrage sont celles de Venise, 1497; de Philander, Lyon, 1552; de Barbaro, Venise, 1567, avec commentaires; de Galiani, Naples, 1758, avec trad. italienne; de Rode, Berlin, 1801-1802; de Schneider, Leipsick, 1808, et surtout celle de Rome, 1836, 4 vol. in-fol., due à L. Marinius. Cl. Perrault l'a trad. en français (1678 et 1684) et en a donné un abrégé (1694). M. Maufras en a fait paraître une nouvelle trad. dans la collection Panckoucke, 1847, et M. Baudement dans la collection Nisard, 1846.
VITRY ou V.-EN-ARTOIS, Victoriacum, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 17 kil. N. E. d'Arras. Station. C'est là que Sigebert, roi d'Austrasie, fut assassiné par les émissaires de Frédégonde (575).
VITRY-LE-BRULÉ ou VITRY-EN-PERTHOIS, bourg du dép. de la Marne, sur la Saulx, à 5 kil. N. E. de Vitry-le-François; 800 hab. Ville importante autrefois, elle fut prise et brûlée par Louis VII en 1143; c'est le regret d'avoir commis ce crime qui lui fit entreprendre la 2e croisade, 1147. Prise de nouveau en 1544 et détruite par Charles-Quint.
VIVRY-LE-FRANÇOIS ou VITRY-SUR-MARNE, ch.-l. d'arr. (Marne), sur la r. dr. de la Marne, à 32 kil. S. E. de Châlons-sur-Marne, à 5 kil. S. O. de Vitry-le-Brûlé; 7622 hab. Place de guerre, trib. de 1re instance, collége. Beau port sur la Marne, station. Bonneterie, chapellerie, filature de coton, huiles. — Cette ville doit son nom à François I, qui la fit bâtir pour recevoir les habitants de Vitry-en-Perthois que Charles-Quint venait de détruire (1544). Prise par les Alliés en 1814.
VITRY-SUR-SEINE, bourg du dép. de la Seine, à 7 k. S. E. des murs de Paris, et près de la r. g. de la Seine; 3095 hab. Beau château, belles pépinières; carrières de pierre. Il s'y livra divers combats aux XIVe et XVe s. C'est là que mourut le roi Henri I.
VITRY (Jacques de), chroniqueur du XIIIe s., natif d'Argenteuil près Paris, fut chanoine régulier et curé d'Oignies (diocèse de Liége), reçut le titre d'évêque de Ptolémaïs en Terre-Sainte, prêcha en Belgique et en Allemagne la croisade contre les Albigeois, et finit par être nommé évêque de Tusculum et cardinal par Grégoire IX. Il mourut à Rome en 1244. Outre des Lettres, des Sermons, des Vies de Saintes, on a de lui : l’Histoire orientale (en 3 livres, dont 2 imprimés dans le Gesta Dei per Francos de Bongars) , et l’Histoire occidentale, qui n'est que l'histoire de l’Église au temps de l'auteur (imprimée à Douai, 1597, avec le Ier vol. de l’Histoire orientale).
VITRY (Nic. DE LHOSPITAL, marquis de), issu d'une famille napolitaine du nom de Galluccio, était fils d'un officier distingué, qui, après avoir servi successivement Henri III et Mayenne, finit par se rallier à Henri IV. Il succéda en 1611 à son père dans la charge de capitaine des gardes du corps du roi, se lia étroitement avec de Luynes, favori de Louis XIII ; se chargea d’arrêter Concini, qui était devenu odieux au roi, et le tua dans la cour du Louvre de trois coups de pistolet (1617). En récompense de ce honteux exploit, il reçut le bâton de maréchal, avec une charge de conseiller de robe courte au parlement (charge qui le mettait à l’abri des poursuites). Dans les guerres contre les Calvinistes sous Louis XIII, il eut part à la prise de Château-Renaud, de Gien, de Jargeau (1621), de Sancerre (1622), à l’attaque de l’île de Ré et au siége de La Rochelle. En 1631 il fut nommé gouverneur de la Provence ; mais les actes arbitraires qu’il commit le firent rappeler et mettre à la Bastille par Richelieu (1637-43). Il sortit de prison aussitôt après la mort du cardinal et fut même créé duc et pair en 1644. Il mourut en 1645.
VITSLIBOCHTLI, dieu mexicain, présidait à la guerre et à la divination. Son temple était au sommet d'une haute pyramide ou téocalli; on y égorgeait des victimes humaines en grand nombre. On le représentait, affreux de visage, assis sur un trône soutenu par un globe d'azur, symbole du ciel, coiffé d'un casque de plumes, la main droite sur une couleuvre, tenant de la main gauche 4 flèches et un bouclier.
VITTEAUX, ch.-l. de c. (Côte-d'Or), sur la Brenne, à 24 kil. E. S. E. de Semur : 1677 h. Anc. château fort. Cette ville a appartenu aux maisons de Bourgogne, de Châlon, de Vienne et d'Aligre. Fabrique de châles; commerce de laine, chanvre, fil.
VITTEL, ch.-l. de c. (Vosges), à 19 kil. S. O. de Mirecourt : 1303 hab. Dentelles et broderies.
VITTORIA, v. d'Espagne. V. VITORIA.
VIVARAIS (le), petit pays de l'anc. France, dans le N. E. du Languedoc, entre le Lyonnais au N., le Dauphiné à l'E., le diocèse d'Uzès au S., le Velay et le Gévaudan à l'O., tirait son nom de Viviers, Vivarium, qui en était la capitale. — Habité au temps des Romains par les Helvii, ce pays fut donné, en 817, par Louis le Débonnaire à son fils Lothaire; puis il passa à Charles de Provence, l'un des enfants de ce prince. Joint au comté de Provence, il dépendit ensuite des comtes de Toulouse, et fut réuni au domaine royal en 1229. Il est presque entièrement compris auj. dans le dép. de l'Ardèche.
VIVEROLS, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 28 k. S. E. d'Ambert; 1185 hab. Dentelles.
VIVÈS (Louis), savant espagnol, né à Valence en 1492, mort en 1540, fut professeur à Louvain, puis à l'Université d'Oxford, et devint un des instituteurs de Marie, fille de Henri VIII. Ayant blâmé le divorce du roi, il subit six mois de prison et fut obligé de sortir d'Angleterre. Il fit alors un voyage en Espagne, puis vint s'établir à Bruges, où il mourut en 1540. L. Vivès était étroitement lié avec Érasme et Guillaume Budé, avec lesquels il formait une espèce de triumvirat littéraire. Ses Œuvres complètes (en latin) ont été imprimées à Bâle en 1555, et à Valence en 1782. On y trouve divers traités de littérature, de philosophie et d'éducation : De initiis et sectis philosophiæ; De anima; De corruptis artibus (le meilleur de ses ouvrages) ; De epistolis conscribendis; De ralione studii puerilis; une Dialectique; des Commentaires sur la Cité de Dieu, le Songe de Scipion, les Bucoliques, et des Lettres.
VIVIANI (Vincent), géomètre, né à Florence en 1622, m. en 1703, fut élève de Galilée et de Torricelli, et s'acquit de bonne heure une réputation européenne. Louis XIV lui envoya de riches présents; l'Académie des sciences de Paris le reçut au nombre de ses associés ; le grand-duc Ferdinand de Médicis le nomma son géomètre et son premier ingénieur, et lui confia la chaire de mathématiques de l'Académie de Florence. Ses ouvrages principaux sont : De maximis et minimis Locis geometrica divinatio, in quintum Conicorum Apollonii Pergæi nunc desideratum, Florence, 1659, De Locis solidis, 1701.
VIVIEN (Joseph), peintre de portraits, né à Lyon en 1657, m. en 1734, vint de bonne heure à Paris, reçut les leçons de Lebrun, s'adonna sur son conseil au portrait, fut un des premiers à peindre au pastel, se fit une grande réputation en ce genre, fut admis à l'Académie de peinture en 1701, et devint premier peintre des électeurs de Bavière et de Cologne. Plusieurs de ses ouvrages sont au Louvre, dans la galerie des dessins. Les plus remarquables sont la Famille du grand Dauphin, la Famille de Bavière, le portrait de Fénelon.
VIVIENNE (ste) V. BIBIANE.
VIVIERS, Albaugusta, Alba Helviorum? Vivarium, ch.-l. de c. (Ardèche), près de la r. dr. du Rhône, à 38 kil. S. E. de Privas: 2706 hab. Évêché suffragant d'Avignon. Vaste cathédrale, beaux jardins de l'évêché. Filature de soie; commerce de grains, vin, soie. Aux env., grotte curieuse. — Anc. capitale du Vivarais, auquel elle a donné son nom.
VIVONNE, ch.-l. de c. (Vienne), au confluent du Clain et de la Vonne, à 10 kil. S. S. O. de Poitiers; 2618 hab. Cordes, gros lainages, grains. Anc. titre de duché, ce bourg a donné son nom à une famille fort ancienne du Poitou, qui s'est alliée aux maisons de La Châtaigneraie et de Rochechouart. C'est là qu'eut lieu le fameux duel de Jarnac avec La Châtaigneraie, chevalier de Vivonne,
VIVONNE (Victor DE ROCHECHOUART, comte, puis duc de MORTEMART et de), maréchal de France, né en 1636, mort en l688,était frère de Mme de Montespan et enfant d'honneur de Louis XIV. Il montra de la bravoure au service, tant sur terre que sur mer, fut nommé général des galères (1669), porta des secours à Candie (1670), fut blessé au passage du Rhin (1672), devint en 1674 gouverneur de Champagne, fut envoyé en 1675 au secours de Messine révoltée contre les Espagnols, réussit à battre ceux-ci et à entrer dans Messine, et reçut en récompense le bâton de maréchal. Il se conduisit si mal à Messine qu'il rendit la France odieuse aux habitants et fut rappelé. Néanmoins il remplit jusqu'à sa mort les fonctions de premier gentilhomme de la Chambre. Il amusait Louis XIV par sa gaieté, ses contes plaisants et ses bons mots : c'était en effet un homme d'esprit et fort gai, mais fort débauché. Du reste, il favorisait les lettres et fut surtout lié avec Molière et Boileau.
VIVONNE (François de), seigneur de La Châtaigneraie. V. LA CHATAIGNERAIE et JARNAC.
VIVONNE (Catherine de). V. RAMBOUILLET.
VIZILLE, Vizillæ Castrum, ch.-l. de c. (Isère), près de la r. g. de la Romanche, à 16 kil, S. E. de Grenoble; 3546 hab. Filature de coton, indiennes; haut fourneau. Château du connétable de Lesdiguières, brûlé en 1826, et récemment réparé : c'est là que les États du Dauphiné se tinrent en 1788.
VIZIR, et mieux VÉZIR, c.-à-d. porte-fardeau. On donne ce nom en Turquie à de hauts fonctionnaires qui répondent à peu près à nos ministres. Les principaux sont le grand vizir, 1er ministre, qui a le sceau de l'Empire; le kiaïassi, ministre de l'intérieur; le reis-effendi, ministre des relations extérieures, le tchaouch-bachi, maréchal du palais.
VLAARDINGEN, Flenium, v. du roy. de Hollande (Holl.mérid.), à 12 kil. O. de Rotterdam, 7500 hab. Port sur la Meuse, rendez-vous des armateurs qui vont à la pêche du hareng.
VLADIMIR, v. de Russie, ch.-l. du gouvt de son nom, sur la Kliazma, à. 210 kil, E. N. E. de Moscou; 12 000 hab. Archevêché, cour d'appel, gymnase. Belle cathédrale, palais archiépiscopal, hôtel du gouverneur, Porte-d'Or. — Vladimir, fondée au XIIe s., fut de 1157 à 1339 la capitale du grand-duché de Vladimir (jadis duché de Souzdal), le plus oriental des apanages de la maison de Rurik. Les Tartares du Kaptchak prirent et ravagèrent cette ville en 1257 et 1410. — Le gouvt de Vladimir a pour bornes ceux d'Iaroslav et de Kostroma au N., de Tver et de Moscou à l'O., de Nijnéi-Novogorod à l'E., de Tambov et de Riazan au S.: 42 000 kil. carr. ; 1 200 000 hab. Plaines, lacs, marais, immenses forêts. Climat salubre; sol fertile, industrie active : tissus de laine, tissus de fil, savon, peaux, cuirs, papier.
VLADIMIR, v. de l'anc. Pologne (Volhynie), auj. à la Russie, ch.-l. de cercle, à 357 kil. N. O. de Jitomir; 4500 hab. (presque tous Juifs). Fabriques de toiles, indiennes, soieries, potasse, verre. On croit cette ville fondée par Vladimir le Grand en 992. Elle devint la capitale d'une principauté de Vladimir, située à l'O. du grand-duché de Kiev, et qui était l'apanage d'une des branches de la maison de Rurik. Cette principauté, quelque temps indépendante sous Roman, petit-fils d'Isiaslav II Mstislavitch (1198-1206), forma depuis, avec la principauté de Halicz, le royaume de Galicie et Lodomérie (c.-à-d. de Halicz et de Vlodimir ou Vladimir), créé vers 1246 sous Daniel Romanovitch. Les deux petits-fils de ce prince, Lvof, prince de Halicz, et Vladimir, prince de Vladimir, étant morts sans postérité mâle (1319 et 1320), la fille de Vladimir porta sa principauté au grand-duc de Lithuanie, Ghédimin. Vladimir passa avec la Lithuanie à la Pologne, puis à la Russie.
VLADIMIR I, le Grand, le Saint, grand-prince de Russie, fils de Sviatoslav I, et frère d'Oleg, n'eut d'abord que Novogorod à la mort de son père (973), mais s'empara de Kiev, capitale de l'empire, et finit par rester seul maître de tout l'héritage paternel (980). Il reprit la Galicie aux Polonais, soumit plusieurs peuples barbares, s'étendit jusqu'à la mer Baltique et au golfe de Finlande, attaqua et vainquit les Bulgares d'Orient (sur la Kama et le Volga), et assujettit la petite république de Cherson (988). Il força les empereurs grecs Basile II et Constantin VIII à lui donner leur sœur pour épouse, se fit chrétien à cette occasion et voulut que tous ses sujets fussent baptisés. Il fonda des écoles publiques, introduisit l'écriture, fit fleurir l'ordre et la justice. Il mourut en 1015, laissant douze fils auxquels il avait de son vivant distribué des apanages; toutefois, le possesseur de Kiev devait seul être grand-prince et suzerain. Sa mort fut suivie de longues dissensions. Les Russes, qui ont canonisé ce prince, l'honorent le 15 juillet. L'impératrice Catherine II institua en son honneur l’Ordre de St-Vladimir (V. ci-après). — II, Monomaque, arrière-petit-fils du préc. et fils de Vsévolod I, né en 1053, fut élu grand-duc en 1113, envoya ses fils faire la guerre aux Bulgares d'Orient, aux Livoniens, aux-Cumans, etc., marcha lui-même contre Alexis Comnène pour venger le meurtre de Léon, son gendre, et attaqua Andrinople, mais se laissa désarmer par les dons de l'empereur. Il mourut en 1125. Il avait porté surtout ses soins sur l'intérieur de ses États, où il étouffa plusieurs guerres civiles et où il fit régner l'ordre et la justice. Il a laissé des Instructions pour ses enfants, où brille un sens profond.
VLADIMIR (Ordre de St-), institué par Catherine II en 1782 en l'honneur de Vladimir le Grand, et destiné à ceux qui se distinguent soit à l'armée, soit dans la vie civile, a pour insignes : une croix à huit pointes en or, émaillée en rouge foncé, et une plaque offrant les initiales de S. Vladimir, avec ces mots en russe : Utilité, Honneur, Renommée.
VLADISLAS, nom commun à divers rois ou princes de Pologne, de Bohème et de Hongrie.
VLADISLAS I, dit Hermann, duc de Pologne, 2e fils de Casimir I, succéda en 1081 à son frère Boleslas II, sans prendre d'autre titre que celui de duc, eut à combattre Vratislav II, duc de Bohême, les Prussiens, les Poméraniens, ainsi que Zbignev, son fils naturel, qu'il avait fait duc de Moravie, et qui s'était révolté. Sa mort eut lieu en 1102. — II, roi de Pologne, fils aîné de Boleslas III, lui succéda en 1138. Il voulut dépouiller ses 3 puînés, qui avaient reçu d'énormes apanages, fut chassé par eux et remplacé par Boleslas IV (1146), se réfugia à la cour de l'empereur Conrad, ne put remonter sur son trône, malgré les secours de Conrad et de Frédéric Barberousse et l'appui du pape, et mourut en exil (1159). — III, Laskonogi (aux Jambes grêles), fils de Miécislas III, hérita pour sa part, en 1202, de la Grande-Pologne, fut élu roi de toute la Pologne par un parti, mais n'accepta que sur le refus formel de Lech le Blanc qui avait des droits. Il repoussa une invasion de Roman, prince de Halicz. Mais bientôt ses violences soulevèrent la nation. Lech fut rappelé (1206), et Vladislas III ne garda que la Grande-Pologne, d'où ses excès le firent chasser aussi. Il mourut en exil, en 1233. — IV, Lokietek (le Nain), neveu de Vladislas III et frère de Lech le Noir, fut un des 5 compétiteurs qui se disputèrent la couronne à la mort de ce dernier (1289), mais ne fut universellement reconnu que vers 1304 (après la mort de Venceslas). Il ne put réussir à réunir à ses États la Poméranie, grand fief dont les possesseurs venaient de s'éteindre en 1295, laissa la Silésie passer sous la suzeraineté de l'Allemagne, eut des guerres à soutenir contre la Lithuanie, le Brandebourg, la Bohême, mais surtout contre les Chevaliers Teutoniques, qu'il battit à Radzieïewo (1331), et auxquels il reprit Bromberg et Dobrzyn. Il mourut à Cracovie, en 1333. — V, né JAGELLON, d'abord duc de Lithuanie, devint roi de Pologne par suite de son mariage avec Hedwige, fille et héritière de Louis, roi de Hongrie et de Pologne, et fut le chef de la dynastie des Jagellons. Il régna de 1386 à 1434 sur la Pologne, à laquelle il unit la Lithuanie, fit avec succès la guerre aux Chevaliers Teutoniques, et refusa le trône de Bohême que lui offraient les Hussites révoltés contre Venceslas. — VI, fils du préc., né en 1424, régna en Pologne de 1434 à 1444, et fut élu en 1440 roi de Hongrie, où il régna sous le nom de Ladislas (V. LADISLAS). — VII, fils de Sigismond III, né en 1595, monta sur le trône en 1632. Il s'était fait dès sa jeunesse une telle réputation de valeur qu'un parti russe lui offrit en 1610 le trône des czars; mais il ne put réussir à s'y asseoir. Devenu roi de Pologne, il soutint avec succès la guerre contre Michel Romanov, qui voulut en vain lui reprendre Smolensk, qu'il s'était fait céder ainsi que Tchernigov, et triompha des Tartares de Crimée et des Turcs (1633 et 34). Il fomenta sous main la révolte des Cosaques (sous Chmielnicki) contre la Pologne, révolte qui devait lui fournir l'occasion de s'entourer de grandes forces militaires et d'étendre les privilèges trop restreints de la royauté. Il mourut en 1648, au moment d'accomplir ses projets. La Pologne lui doit l'introduction des postes.
VLADISLAS I, duc de Bohême de 1109 à 1125, avait été dès 1105 le compétiteur de Sviatopolk. Il lui succéda en 1109, mais non sans opposition, et partagea le pays avec son frère Borzivog. — II, son fils, ne parvint au trône qu'après la mort de Sobieslas I, son oncle, et par l'appui de l'empereur Conrad III (1140). Il prit part à la 2e croisade en 1147, et fournit des secours à Frédéric dans ses guerres contre la ligue lombarde; mais il eut plusieurs révoltes graves à combattre : finalement Sobieslas II, son cousin, le déposséda en 1173. Il mourut cette même année. — III, fils puîné de Brzétislas III (Henri), lui succéda en 1198; mais, après 5 mois de règne, il abdiqua en faveur de son frère Przémislas Ottocar, et se contenta de la Moravie comme apanage.
VLADISLAS ou LADISLAS, nom de 5 rois de Hongrie. V. LADISLAS et HONGRIE (liste des rois).
VLADISLAS, fils aîné d'Hunyade et frère de Mathias Corvin (1431-57), fut donné en otage en 1446 au duc de Servie, Étienne V, pour obtenir la liberté de son père après la défaite de Cassovo, et se vit forcé d'épouser Élisabeth de Cilley, fille d'Ulric, l'ennemi mortel de son père. Redevenu libre, il fut nommé duc de Croatie et de Dalmatie; il vainquit les grands révoltés dans la Hte-Hongrie, et se distingua par ses exploits. Après la mort de son père, il eut querelle avec Ulric de Cilley, qui était revenu en Hongrie avec le nouveau roi, Ladislas V le Posthume, et le fit tuer pour prévenir ses embûches; Ladislas vengea ce meurtre en le faisant décapiter lui-même à Bude.
VLASTA, amazone bohémienne, avait été une des compagnes de Libussa. Elle voulut, après la mort de cette princesse, en 735, former un État où les femmes domineraient sur les hommes; elle en établit le siège sur le mont Vidovlé, d'où sa singulière armée s'élançait sur les plaines voisines pour les ravager ; elle fut ainsi pendant huit ans la terreur de la Bohême; elle publia un code qui consacrait sur tous les points la dépendance et l'infériorité des hommes. Le fort de Vidovlé fut pris d'assaut par le roi de Bohême, et Vlasta périt les armes à la main.
VLIELAND, Flevolandia, île du roy. de Hollande (Hollande sept.), à 9 kil. N. E. du Texel, a 14 kil. sur 3, et ne compte guère que 600hab. ; ch.-l., Vlieland.
VOCONCES, Vocontii, à peu près la partie E. du dép. de la Drôme; peuple de la Viennaise, entre les Allobroges au N., les États de Cottius et les Caturiges à l'E., les Cavares à l'O., les Memini et les Vulgientes au S., avait pour ch.-l. Dea (Die) pour le district du N. et Vasio (Vaison) pour le distr. du S.
VODINA, l'Édesse de Macédoine, v. de Turquie (Roumélie), à 80 kil. N. O. de Salonique; 12 000 h.
VOÈCE ou VOET (Gisbert), Voetius, théologien protestant, né à Heusde en 1593, m. en 1680; professa la théologie et les langues orientales à Utrecht, combattit les Arméniens et les catholiques, et fut un des plus ardents adversaires de Descartes, qu'il traduisit devant les magistrats d'Utrecht comme athée. Son ouvrage principal est sa Politica ecclesiastica (Amsterdam, 1663-76).
VOGEL (Édouard), voyageur allemand, né à Leipsick en 1829, explora l'Afrique centrale, visita la Nigritie, le Bornou, le Baghermé, et périt assassiné dans le Wadav en 1856.
VOGELBERG, Avicula, un des sommets des Alpes Lépontiennes, à 65 kil. S. E. du mont St-Gothard, renferme la source du Rhin postérieur ; 3423m.
VOGELSBERG, chaîne de mont. d'Allemagne, dans la Hesse, entre les bassins du Mein et du Weser. Sommet principal, l'Oberwald, 741m.
VOGELWEIDE (Walter de), minnesinger, né en 1168, au château de Vogelweide en Tnurgovie, m. en 1230, fut un des poëtes qui prirent part en 1206 au combat poétique livré dans le château de Wartbourg. Ses poésies ont été publiées dans les recueils de Manessen, Zurich, 1758, et de Muller, Berlin, 1784, et à part par Lachmann, Berlin, 1843 et 1853.
VOGESUS MONS, nom latin des VOSGES.
VOGHERA, Vicus Iriæ ou Iria, v. d'Italie, dans les anc. États sardes (Alexandrie), ch.-l. de prov., sur la Staffora, à 38 kil. E. N. E. d'Alexandrie; 12 000 hab. Évêché; chemin de fer. Soieries, filatures de soie. — La prov. de V., entre celles de Novare, de Tortone, de Gênes et le duché de Parme, a 45 kil. sur 30 et 105 000 hab. Elle est traversée par le Pô, le Tanaro, la Staffora, la Trebbia, le Bobbio.
VOID, ch.-l. de c. (Meuse), à 9 kil. S. de Commercy; 1401 hab. Fabrique à huile; fromages.
VOIGTLAND, Variscia, contrée de l'anc. empire d'Allemagne, comprenait ce que l'on appelle auj. cercle de Voigtland (au roy. de Saxe), bailliage de Weyda (dans la Saxe-Weimar), cercle de Ziegenrück (dans le gouvt. d'Erfurt, à la Prusse), bailliage de Ronneburg (Saxe-Gotha), et les possessions de la maison de Reuss. — Le cercle de Voigtland, dans le roy. de Saxe, est situé entre celui d'Erzgebirge au N. E., la Bohême au S. E., la Bavière au S. O., et le duché de Reuss au N. O.
VOÏOUSSA, Aoüs, riv. de Turquie (Albanie),descend du Mezzovo, dans la partie E. du livah de Janina, coule du S. E. au N. O., entre dans le livah d'Avlone, baigne Premiti, Tebelen, et se jette dans Adriatique au N. du golfe d'Avlone ; cours, 200 kil.
VOIRON, ch.-l. de c. (Isère), sur la Morge, à 25 k. N. O. de Grenoble; 9637 hab. Toile de chanvre, gants, chapeaux de paille façon Florence, papeteries. Patrie de Cl. d'Expilly.
VOISENON (H. FUSÉE, abbé de), poëte, né en 1708 au château de Voisenon près de Melun, m. en 1775, s'était déjà fait connaître par de jolis vers et par une vie dissipée, lorsqu'il reçut les ordres pour complaire à sa famille. Il fut nommé grand vicaire de Boulogne, refusa de devenir évêque, reçut en dédommagement la riche abbaye du Jard et passa sa vie dans les plaisirs et dans le culte des muses. Il composa de petites comédies : les Mariages assortis, 1744, la Coquette fixée, 1746, des poésies fugitives, quelques opéras, et fut admis à l'Académie en 1763, grâce à ses liaisons avec les grands et avec les gens de lettres, notamment avec Voltaire et Favart. D'un caractère versatile, il encensa également Choiseul, d'Aiguillon, l'abbé Terray et le chancelier Maupeou, Mme de Pompadour et la Dubarry. Ses Œuvres complètes ont été publiées à Paris, 1781, 5 vol. in-8. Parmi ses pièces de théâtre, la Coquette fixée est la moins mauvaise; ses Poésies fugitives sont gracieuses, mais négligées et trop souvent licencieuses. Il a aussi laissé quelques Fragments historiques. On lui attribuait, mais à tort, une grande part dans les ouvrages de Favart. On cite de Voisenon une foule de mots pleins d'esprit et de gaieté.
VOISIN, chancelier. V. VOYSIN.
VOISIN (Catherine DES HAYES, dite la), devineresse, était d'abord accoucheuse à Paris, et se mit, pour s'enrichir, à faire le métier de sorcière. Inculpée dans l'affaire de la marquise de Brinvilliers, et accusée d'avoir débité clandestinement de ces poisons qu'on nommait poudres de succession, elle fut condamnée par la Chambre ardente et fut brûlée en place de Grève, avec la Vigoureux et quelques autres complices, 1680.
VOITEUR, ch.-l. de c. (Jura), sur la Seille, à 12 k. N. E. de Lons-le-Saulnier; 1155 h. Chanvre, Vin.
VOITURE (Vincent), poëte et bel esprit, né en 1598 à Amiens, mort en 1648, était fils d'un riche fermier des vins. Lancé de bonne heure dans la monde et à la cour, il s'y fit une réputation d'esprit, acquit de puissants protecteurs, et devint maître des cérémonies et introducteur des ambassadeurs près de Gaston, frère du roi. Pendant la révolte de ce prince, il le suivit en Lorraine, en Belgique, et reçut de lui une mission en Espagne près d'Olivarès. Après le retour de Gaston en France, il s'attacha à Richelieu et jouit de la confiance du ministre et même du roi (Louis XIII). Mazarin le nomma maître d'hôtel du roi, interprète des ambassadeurs chez la reine; il obtint de plus diverses pensions et une riche sinécure aux finances. Il fut membre de l'Académie française dès sa création, en 1635. Peu d'auteurs ont été plus encensés que Voiture de leur vivant; la postérité l'a oublié. On ne peut nier pourtant qu'il n'eût de l'esprit, mais il a plus de prétention encore; il est froid, forcé, et tombe souvent dans la puérilité. Ses Œuvres complètes, publiées en 1650, 1713, et par Ubicini (1856, 2 vol. in-12), se composent de lettres à diverses personnes, de Lettres amoureuses et de poésies françaises, latines, espagnoles et italiennes. Ses Lettres eurent un succès prodigieux; elles ont contribué, ainsi que les écrits de Balzac, à polir la langue (elles ont été publ. à part, avec notes, par Am. Aroux, 1856). Voiture était le coryphée de l'hôtel de Rambouillet; il est l'auteur du fameux sonnet d’Uranie, rival du sonnet de Job de Benserade.
VOIVODE ou VAYVODE, c'est-à-dite chef militaire (des deux mots slavons voï troupe, et vodit, commander), nom que portaient dans l'anc. Pologne les gouverneurs des provinces ou voïvodies, fut aussi donné aux princes de Valachie et de Moldavie, qui le remplacèrent depuis par celui d'hospodar.
VOLATERRANUS. V. MAFFEI et VOLTERRA,
VOLATERRES, Volaterræ, auj. Volterra, v. d’Étrurie, une des 12 lucumonies, à l’O. de Sena Julia, (Sienne), fut une des dernières soumises par les Romains : ceux-ci y battirent l’armée étrusque en 298. Perse était de Volaterres.
VOLCANO (île), Hiera Vulcania, une des îles Lipari, la plus méridionale, a 16 kil. de tour. Volcan de 800m de hauteur qui jette continuellement beaucoup de soufre. L'île est déserte.
VOLCES, Volcæ, peuple de la Gaule, dans la Narbonaise 1re, occupait la plus grande partie du Languedoc et se divisait en plusieurs peuplades dont les plus connues sont les Tectosages et les Arécomiques.
VOLÉRO (Publilius), centurion romain que le consul fit battre de verges parce qu'il ne voulait pas s'enrôler comme simple soldat, souleva le peuple contre les consuls, se fit nommer tribun en 472 av. J.-C., proposa de faire nommer les tribuns par les tribus, où les Plébéiens étaient tout-puissants, et non plus par centuries, où dominaient les patriciens, et de donner aux tribuns le droit de rendre des plébiscites, et fit adopter ces mesures, malgré la violente opposition du consul Appius Claudius.
VOLGA (le), Rha chez les anciens, le plus grand fleuve de la Russie européenne et de toute l'Europe, naît dans le gouvt de Tver (district d'Otchakov) par 57° lat. N., 30° long. E., coule à l'E., puis au S., et au S. E., arrose les gouvts de Tver, Iaroslav, Kostroma, Nijnéi-Novogorod, Kazan, Simbirsk, Saratov, Astrakhan; reçoit à droite l'Oka, la Soura, à gauche la Mologda, la Cheksna, la Kama, l'Oufa, la Samara, et tombe par 70 embouchures dans la mer Caspienne, après un cours d'env. 3400 kil. La navigation y est très-facile; mais, la profondeur du fleuve diminuant tous les jours, on craint qu'il ne finisse par devenir impraticable pour les bâtiments un peu gros. La pêche y est très-productive. Divers canaux établis entre les affluents de la Neva et ceux du Volga unissent les mers Baltique et Caspienne ; d'autres, entre les tributaires du Volga et de la Dwina du Nord, font communiquer la mer Caspienne et la mer Blanche; enfin, pour lier la mer Caspienne et la mer Noire, Sélim II avait voulu ouvrir un canal entre le Volga et le Don (qui sont très-voisins l'un de l'autre à Tsaritsin) ; Ivan IV fit échouer ce projet, mais depuis les Russes l'ont repris pour leur compte et ont fait le canal d'Ivanov (qui unit la Chata et l'Oka).
VOLHYNIE, gouvt de la Russie, au S. O., borné par ceux de Grodno et Minsk au N., de Podolie au S., de Kiev, à l'E., et par la Pologne à l'O. : 350 kil. sur 254 : env. 1 500 000 hab. (Russes; Polonais, Juifs, etc.); ch.-l., Jitomir. Climat doux; au N., nombreux marais formés par le Pripet; ailleurs, sol fertile : fruits, légumes, grains, lin, riches forêts; poix, goudron, potasse. Bétail, gibier, animaux à fourrures et quelques animaux féroces (ours, lynx, loups). Fer, chaux, gypse, pierre à bâtir, salpêtre. Industrie. — La Volhynie faisait partie de la Pologne : elle est a la Russie depuis 1793.
VOLKSHEIM. V. MŒLSEN.
VOLMUNSTER, bg d'Alsace-Lorraine, à 40 kil. E. de Sarreguemines; 1089 hab.
VOLNAY, vge du dép. de la Côte-d'Or, à 7 kil. S. O. de Beaune ; 700 hab. Vins rouges fins et légers, d'un bouquet agréable; les meilleurs crus sont ceux des Santenots, des Caillerets, de la Bouche-d'Or, des Angles, des Champans, des Caillepieds, des Chevrets et des Fremyets.
VOLNEY (François CHASSEBŒUF, comte de), savant français, né en 1757 à Craon, m. en 1820, vint à Paris pour étudier la médecine, mais se livra de préférence aux travaux d'érudition. Il entreprit en 1782 un voyage en Orient, apprit l'arabe chez les Druses dans un couvent du Liban, puis parcourut pendant quatre ans la Syrie et l’Égypte. A son retour (1787), il publia la relation de son voyage, qui lui fit une grande réputation. Envoyé aux États généraux en 1789 par la sénéchaussée d'Anjou, il y soutint les idées nouvelles; mais sous Robespierre il fut accusé de royalisme et incarcéré : le 9 thermidor le sauva. Il fut nommé en 1794 professeur d'histoire aux Écoles normales, et devint membre de l'Institut lors de sa création. Il fit en 1795 un voyage aux États-Unis, et y fut bien accueilli, comme ami de Franklin. Il adhéra à la révolution du 18 brumaire, fut nommé membre du sénat conservateur et bientôt après vice-président de ce corps. Gardant néanmoins son indépendance, il s'opposa au Concordat, à l'expédition de St-Domingue, à l'établissement de l'empire; après le couronnement, il s'éloigna des affaires et se livra plus spécialement à ses travaux littéraires; néanmoins, Napoléon le fit comte de l'empire. Ses Œuvres complètes ont été imprimées à Paris, en 8 vol. in-8, 1821, et ses Œuvres choisies en 6 vol. in-32, 1827. Outre son, Voyage en Égypte et en Syrie (1787), on y distingue les Ruines (1791), ouvrage qui renferme de hautes méditations philosophiques, mais où l'auteur sape les fondements de toute religion positive et qui lui valut auprès d'un certain parti une réputation exagérée; la Loi naturelle ou Catéchisme du citoyen (1793), la Chronologie d'Hérodote (1808), des Recherches nouvelles sur l'histoire ancienne (1814). Il s'était beaucoup occupé de la simplification de l'écriture des langues orientales : il proposa dans ce but quelques caractères nouveaux pour compléter l'alphabet vulgaire et fonda un prix annuel pour le meilleur Mémoire sur ce sujet.
VOLO, jadis Pagases, ou, selon d'autres, Iolcos, v. et port de Turquie, en Thessalie, sur un golfe de l'Archipel dit Golfe de Volo (le golfe Pagasétique des anciens), à 50 kil. S. E. de Larisse; 4000 hab. Archevêché grec. Port de commerce, château. Le golfe de Volo forme la limite de la Turquie et du nouvel État de Grèce du côté du N. E.
VOLOGDA, v. de Russie, ch.-l. du gouvt de son nom, sur la Vologda, à 730 kil. S. E. de St-Pétersbourg; 16 000 hab. Archevêché, cour d'appel, séminaire, gymnase. Nombreuses églises, plusieurs établissements d'instruction publique. Toile à voiles, draps communs, couleurs, cuirs, tanneries. Commerce assez actif avec St-Pétersbourg, Arkhangel et la Sibérie. — Fondée par les Novogorodiens du Xe au XIe s., cette ville appartint à la principauté de Rostov depuis l'invasion de Batou-Khan (XIIIe s.) ; elle fut soumise par les grands princes de Moscou en 1390. — Le gouvt de Vologda a pour bornes celui d'Arkangel au N., la Sibérie à l'E., les gouvts de Perm, de Viatka, de Kostroma et d'Iaroslav au S., de Novogorod et d'Olonèje à l'O. : 1150 kil. de l'E. à l'O. sur 500 de largeur moyenne: env. 980 000 h. Plaines, sauf à l'E.. où s'élèvent les monts Poyas. Climat rigoureux, mais sain. Sol peu fertile, vastes forêts; animaux à fourrure; lynx, loups, ours. Fer, cuivre, grès, granit, chaux, gypse, feldspath.
VOLOGDA (la), riv. de la Russie, a env. 120 kil. de cours, et tombe dans la Soukhona à 31 kil. au-dessous de la ville de Vologda qu'elle baigne.
VOLOGÈSE I, roi des Parthes, fils et successeur de Vonone II, régna l'an 50 à 80 ou 90, donna la Médie à son frère Pacorus, plaça un autre frère (Tiridate) sur le trône d'Arménie (52), vit ses États envahis par les Romains sous le règne de Néron, mais soutint sans grande perte les efforts du général romain Corbulon et repoussa aussi les Dahes, les Saces, les Alains. — II, fils et successeur de Chosroès (121-140 ou 150), resta en paix avec les Romains, malgré les affronts qu'ils lui prodiguèrent, et acheta la retraite des Alains qui envahissaient son territoire. — III, fils et successeur du préc., régna de 148 ou 150 à 190 ou 192, envahit l'Arménie en 161, y établit Chosroès à la place de Sohème, fut battu ensuite par les Romains et attaqué par ses propres sujets, dont il ne triompha qu'avec des peines extrêmes. — IV ou ARDAWAN, roi de 190 ou 192 à 207 ou 208, feignit de soutenir le parti de Pescennius Niger pour envahir la Mésopotamie, mais fut battu par Septime-Sévère en 198 et regagna précipitamment Ctésiphon, sa capitale. — V, fils du préc. et frère d’Artaban V, disputa le trône à ce dernier, puis partagea l’empire avec lui et eut pour lot la Susiane, la Perside et les autres contrées méridionales de la monarchie (212). Bientôt les Perses, sous Ardechir-Babekhan (Artaxerce I, le 1er des Sassanides) se révoltèrent contre lui : après une guerre désastreuse, il s’enfuit dans le Kerman et y perdit la vie, en 219 ou 220.
VOLONNE, ch.-l. de c. (Basses-Alpes), sur la r. g. de la Durance, à 15 kil. S. E. de Sisteron ; 1056 h.
VOLPI (Jean Ant.), né à Padoue en 1686, mort en 1768, professa la philosophie, puis l’éloquence latine à Padoue, forma dans cette même ville en 1717, avec son frère l’abbé Gaetano Volpi, un grand établissement d’imprimerie et de librairie, d’où sortirent beaucoup d’éditions estimées, accompagnées de préfaces et de commentaires. On remarque celles de Catulle, Tibulle, Properce, Lucrèce, Dante, Pétrarque, Politien. Gaetano V. a publié le catalogue de la Libreria de’ Volpi, Padoue, 1756.
VOLSQUES, Volsci, peuple du Latium, au S. E., borné au N. par la Campanie et au S. par les Pélignes, semble être d’origine osque. Ils étaient divisés en petits États formant une espèce de confédération, dont les principaux étaient Antium, Écètres, Vélitres, Anxur, Arpinum, Priverne. Celles de ces villes qui possédaient des côtes sur la mer Inférieure avaient une marine marchande, et quelquefois s’adonnaient à la piraterie. Une partie de la ligue volsque était soumise à Tarquin le Superbe : elle se déclara libre peu après l’expulsion des Tarquins. Depuis ce temps, les Volsques, aidés des Éques et parfois des Étrusques, firent à la république romaine une guerre acharnée : c’est chez eux que se réfugia Coriolan, exilé de Rome. Ils prirent part à l’insurrection des Sabins en 340 av. J. C. Les Romains, après avoir soumis à diverses reprises les petits États de la ligue volsque, finirent par briser l’existence de cette nation en 338 (après les 3 batailles de Vésèris, de l’Astura et de Pédum).
VOLTA (Alexandre), célèbre physicien, né à Côme en 1745, m. en 1827, fut d’abord professeur dans sa ville natale, puis occupa 30 ans la chaire de physique à l’Université de Pavie. Bonaparte le fit comte et sénateur du roy. d’Italie, et l’inscrivit le premier sur la liste des membres de l’Institut italique ; il était en outre, depuis 1802, associé étranger de l’Institut de France. Volta s’est surtout occupé de l’électricité ; on lui doit : l’Électrophore (1775), le Condensateur (1782), l’Eudiomètre électrique, l’Électroscope à pailles, un Pistolet et une Lampe à matière inflammable ; mais son principal titre est la découverte de l’appareil électrique à colonne appelé de son nom pile voltaïque, qui a ouvert à la science une carrière toute nouvelle. Cette découverte, qui date de 1794, ne fut guère connue en France qu’en 1801 : Volta y fut conduit en soumettant à une analyse plus sévère les faits observés par Galvani. Ses principaux ouvrages sont : les Lettres sur l’inflammabilité de l’air se dégageant des marais (trad. en 1776), et sa Lettre à Banks sur la construction de la pile. V. Antinori a publié à Florence la collection de ses Œuvres (en italien), 1816, 5 vol. in-8.
VOLTAIRE (François Marie AROUET de), né en 1694, à Châtenay, près de Paris, ou à Paris même, était fils de François Arouet, notaire et trésorier de la chambre des Comptes, et de Marguerite d’Aumart, d’une famille noble du Poitou. Il fit des études brillantes au collège Louis-le-Grand, alors dirigé par les Jésuites, et y compta parmi ses maîtres les PP. Lejay et Porée. Destiné a la magistrature, il fut placé chez un procureur ; mais une vocation précoce l’entraîna irrésistiblement vers les lettres et la poésie. Dès son enfance il avait été remarqué de Ninon, qui lui légua 2000 fr. pour acheter des livres. Il fut de bonne heure introduit dans la société des grands seigneurs, des beaux esprits et des incrédules, par l’abbé de Châteauneuf, son parrain, incrédule lui-même, et il y puisa une grande liberté de penser. A 21 ans, il s’était déjà fait une telle réputation de malignité qu’on l’accusa d’être l’auteur d’une satire contre Louis XIV, qui parut peu après la mort du roi, et qui finissait par ce vers :
J’ai vu ces maux, et je n’ai pas vingt ans.
Mis à la Bastille, quoiqu’il protestât de son innocence, il y resta plus d’une année. En sortant de prison, il quitta son nom d’Arouet, sous lequel il avait été, disait-il, trop malheureux, pour prendre celui de Voltaire, qu’il tira d’un petit domaine appartenant à sa mère. Pendant sa détention, il avait ébauché le Henriade et composé Œdipe. Cette tragédie fut jouée en 1718, et obtint le plus grand succès. Voltaire donna ensuite les tragédies d’Artémire (1720), de Mariamne (1724), et la comédie de l’Indiscret (1725) qui ajoutèrent peu à sa réputation ; mais en même temps il achevait la Henriade, qui lui valut des éloges universels. Au milieu de ses succès il se vit de nouveau privé de sa liberté : un chevalier de Rohan, auquel il avait demandé réparation d’une grossière insulte, le fit pour toute réponse mettre à la Bastille (1726) ; Voltaire, ne recouvra la liberté qu’au bout de six mois, et reçut ordre de sortir de France. Il se rendit en Angleterre ; pendant cet exil il étudia profondément la langue, la littérature, la philosophie des Anglais, et fortifia son penchant à l’incrédulité par le commerce des Toland, des Tindal, des Collins, des Bolingbroke. Revenu clandestinement à Paris après trois ans, il s’y livra à la fois à des spéculations financières qui l’enrichirent, et à des travaux littéraires qui mirent le comble à sa gloire ; en moins de cinq ans il produisit : Brutus (1730) ; Ériphyle (1732), Zaïre, dont le succès fut prodigieux (1733), Adélaïde du Guesclin (1734) ; composa le Temple du Goût, l’Histoire de Charles XII, et fit paraître les Lettres philosophiques ou Lettres anglaises (1735), déjà publiées à Londres en 1728, mais en anglais. Ce dernier ouvrage fut, à cause des attaques qu’il contenait contre la religion, le clergé et le pouvoir, brûlé par la main du bourreau, et l’auteur se vit obligé de prendre la fuite. Il alla s’enfermer au château de Cirey (en Champagne), chez la marquise Du Châtelet, femme déjà célèbre par son goût pour les sciences, et avec laquelle il avait formé une liaison intime. Dans cette retraite où il resta cinq ans (1735-40), il étudia les sciences, à l’exemple de son amie, et rédigea les Éléments de la philosophie de Newton (1738) ; c’est là aussi qu’il fit Alzire, Mahomet, Mérope, les Discours sur l’homme, qu’il prépara le Siècle de Louis XIV, l’Essai sur les Mœurs et l’Esprit des nations, et composa ce poëme trop fameux, qui, en insultant à la chaste héroïne de la France, ne fit tort qu’à sa propre gloire. En 1740, il fit un court voyage à Berlin, se rendant aux pressantes invitations du roi Frédéric II, l’un de ses plus grands admirateurs. A son retour, il se vit tout à coup recherché par le ministère qui l’avait persécuté jusque-là, et fut chargé en 1743 d’une mission près du roi de Prusse, qui obtint un plein succès. Vers le même temps il composait pour la cour la Princesse de Navarre, le Temple de la Gloire, opéras qui furent représentés à Versailles, et chantait les victoires du roi dans, le Poëme de Fontenoy (1745). Il obtint alors, par le crédit de Mme de Pompadour, qui s’était déclarée sa protectrice, le brevet d’historiographe de France, avec une charge de gentilhomme de la chambre du roi, et put enfin entrer à l’Académie française (1746), dont les portes lui avaient été deux fois fermées. Mais sa faveur dura peu ; pour le dégoûter, on affecta de lui préférer Crébillon ; il se vengea en refaisant avec une grande supériorité les tragédies de son rival : c’est à cette lutte que sont dues Sémiramis (1748), Oreste (1750), Rome sauvée (1752) ; il donnait à la même époque Nanine (1749), la meilleure de ses comédies. Repoussé de Versailles, Voltaire se vit accueilli à Sceaux, chez la duchesse du Maine, à Lunéville, où régnait Stanislas ; il finit, après la mort de Mme Du Châtelet (qu’il avait perdue en 1749), par se rendre à Berlin, où les sollicitations du roi l’appelaient depuis longtemps (1750). Frédéric le logea dans son palais à Potsdam, le nomma chambellan, lui donna 20 000 fr. de pension, et fit tout pour le fixer près de lui. Voltaire goûta dans ce séjour quelques instants de bonheur, mais bientôt il excita l’envie, et se fit, par son penchant à la raillerie, des ennemis acharnés, surtout parmi les écrivains français établis à Berlin ; il eut de violentes querelles avec Maupertuis, président de l’Académie, qu’il livra à la risée publique dans sa Diatribe du docteur Akakia : ses ennemis parvinrent à lui nuire dans l’esprit du roi, et, après plusieurs réconciliations feintes, les deux amis se séparèrent définitivement (1753). Voltaire parcourut alors une partie de l’Allemagne, s’arrêta chez la duchesse de Saxe-Weimar, à la prière de laquelle il rédigea les Annales de l’Empire, le plus médiocre de ses ouvrages ; puis séjourna à Strasbourg, à Colmar, à Lyon, et dans plusieurs autres villes de France, mais sans pouvoir revenir à Paris ; il habita quelque temps les Délices, sur le territoire de Genève (1755), et finit par se fixer à Ferney, dans le pays de Gex (1758). C’est là qu’il passa ses vingt dernières années ; il s’y construisit une magnifique demeure, y éleva un temple à Dieu, et fit par sa présence prospérer toute la contrée : ses admirateurs venaient de tous les points de l’Europe pour visiter celui qu’on appelait le patriarche de Ferney. Pendant son séjour en ce lieu, Voltaire, étendant encore le cercle de ses travaux, rédigea d’éloquents factums pour Calas, pour Sirven, pour Lally, victimes de déplorables erreurs judiciaires, réclama l’affranchissement des serfs de l’abbaye de St-Claude dans le Jura et publia des Commentaires sur Corneille, afin de doter une nièce de ce grand homme ; il mit la dernière main à l’Essai sur les Mœurs et l’Esprit des nations, écrivit l’Histoire de la Russie sous Pierre le Grand (1759-63), l’Histoire du Parlement de Paris ; composa une foule de poésies des genres les plus divers, satires, épîtres, contes, épigrammes, poésies légères : écrivit ses romans en prose, si pleins d’esprit, mais aussi de malignité et de cynisme, et fit en outre de nombreuses tragédies, dont quelques-unes, l’Orphelin de la Chine, Tancrède (1760), sont dignes de ses meilleures années, mais dont plusieurs n’obtinrent pas même l’honneur de la représentation (les Scythes, les Guèbres, les Pélopides, etc.), et quelques comédies, entre autres l’Écossaise, dirigée tout entière contre Fréron. En même temps il entretenait une correspondance immense, animait de son esprit les Encyclopédistes, et lançait une foule de pamphlets, où il employait contre ses adversaires l’arme du ridicule, mais trop souvent aussi l’invective et l’injure ; parmi les victimes de ses sarcasmes on connaît surtout Desfontaines, Fréron, Labeaumelle, Nonotte, Sabatier, Trublet. Enfin, et c’est ce qui l’occupait le plus, il soutenait contre la religion chrétienne une lutte acharnée, et publiait sous le voile de l’anonyme ou du pseudonyme un grand nombre d’écrits impies : la Philosophie de l’histoire, la Bible commentée, l’Examen important de mylord Bolingbroke, l’Histoire de l’établissement du Christianisme, etc. ; c’est en grande partie dans le même but que fut rédigé son Dictionnaire philosophique. En 1778, à 84 ans, Voltaire, à la sollicitation de Mme Denis, sa nièce, qui le gouvernait, fit un voyage à Paris, afin de faire représenter Irène, une de ses dernières productions. Il fut reçu dans la capitale la avec un enthousiasme impossible à décrire ; mais, accablé d’honneurs de tous genres, il ne put résister à tant d’émotions, et il succomba trois mois après son arrivée (30 mai 1778). Il mourut chez le marquis de Villette, sur le quai qui a conservé son nom. Comme il n’avait pas reçu les secours de la religion, on refusa de l’enterrer à Paris ; son corps fut transporté à l’abbaye de Scellières, dont l’abbé Mignot, son neveu, était commendataire. En 1791, ses restes furent solennellement transportés au Panthéon, où ils reposent encore. Son cœur fut longtemps conservé à Ferney dans une urne, au-dessous de laquelle on lisait ce vers :
Son esprit est partout et son cœur est ici.
Voltaire est l’écrivain le plus universel des temps modernes : doué d’une merveilleuse souplesse, il a embrassé presque tous les genres, et a manié avec bonheur les styles les plus divers. Comme poëte, il a brillé à la fois dans la tragédie, où il se place auprès de Corneille et de Racine ; dans l’épopée, où il occupe le premier rang parmi les poètes français, quoiqu’il soit resté bien au-dessous d’Homère, de Virgile et du Tasse; dans la poésie philosophique, où il égale Pope ; dans la satire et surtout dans la poésie légère, où il est sans rival ; mais il a été moins heureux dans la comédie, dans l’opéra, et a échoué dans l’ode. Partout ses vers sont faciles et corrects : mais on leur reproche du prosaïsme et des rimes négligées. Comme prosateur, il a traité avec un égal succès la philosophie, l’histoire, le roman, le genre épistolaire : son style est irréprochable dans ses ouvrages sérieux ; il est toujours simple, clair, élégant, et brille surtout par la justesse et l’esprit. En histoire, il fut un des premiers à porter la critique dans l’étude des faits ; ses récits sont partout pleins d’intérêt ; mais trop souvent il est partial et altère les événements au gré de ses passions. Comme philosophe, il ne fit qu’adopter et propager les idées de Locke et de Condillac ; d'ailleurs la philosophie n’était guère pour lui que l’incrédulité, et, bien qu’il déclarât respecter la croyance en Dieu et les vérités morales, il n’employa le plus souvent son talent qu’à saper les fondements de toute religion : aussi la plupart de ses ouvrages furent-ils condamnés à Rome et même en France. Comme homme, Voltaire est un singulier mélange de qualités et de défauts : il était d’une mobilité, d’une irascibilité extrêmes ; il se montra vindicatif, peu scrupuleux et quelquefois hypocrite ou même menteur effronté ; mais il eut aussi des sentiments généreux et de nobles mouvements, fit beaucoup de bien et défendit en plus d’une occasion les droits de la justice et de l’humanité. Voltaire est assurément l’homme de qui on a pu dire le plus de bien et le plus de mal ; tout en condamnant sévèrement sa haine insensée contre la religion, on ne peut nier qu’il soit un des plus beaux génies que la France ait produits, et qu’il ait exercé pendant plus d’un demi-siècle une véritable dictature sur la littérature et la philosophie. — Les Œuvres de Voltaire ont été plusieurs fois imprimées, soit en totalité, soit en partie. Parmi les éditions complètes, les plus remarquables sont celles de Kehl, 1784-89, 70 vol. in-8, avec des notes de Condorcet, Decroix et Beaumarchais ; de Desoër, Paris, 1817-19, 13 vol. gr. in-8 ; de Lefebvre et Déterville, 1817-1820, 42 vol. in-8 ; de Lequien, 1822-26, 70 vol. in-8 ; de Dupont, 1825-27, 70 vol., in-8 ; de Dalibon, 1824 et ann. suiv., 75 vol. in-8 ; de Jul. Didot, 1827-29, 4 vol. in-8 compacts ; enfin celle de M. Beuchot, 1829-34, 70 vol. in-8, avec préface, avertissements, notes, table analytique : c’est la meilleure de toutes. Th. Foisset a publié en 1836 une Correspondance de Voltaire avec le président de Brosses ; Th. de Cayrol, en 1856, des Lettres inédites, 2 vol. in-8. La Vie de Voltaire a été écrite par Condorcet, le marquis de Luchet, l’abbé Duvernet, Mazure, Paillet de Warcy et Lepan. MM. Longchamp et Wagnière, ses anciens secrétaires, ont publié en 1826 des Mémoires sur Voltaire et ses ouvrages. Frédéric II, Laharpe, Harel ont composé son Éloge ; L. Brougham, Voltaire et Rousseau, 1857 ; A. Houssaye, le Roi Voltaire, 1858.
VOLTERRA, Volterræ, v. forte de l'Italie septentrionale, à 45 kil. S. E. de Pise; 5 000 hab. Évêché, tribunal. Murs de fondation étrusque, citadelle; musée d'antiquités étrusques; fabriques d'objets étrusques. Aux env., gypse, salines très-productives, lagons d'où l'on tire beaucoup de borax, houille; eaux thermales. Patrie de Perse, du pape S. Lin, de R. Maffei, de B. Peruzzi et du peintre D. Ricciarelli, dit le Volterran. Jadis beaucoup plus importante et quelque temps république indépendante, cette ville fut soumise par Florence en 1361.
VOLTERRAN (Daniel RICCIARELLI, dit le), sculpteur et peintre, ainsi nommé de Volterra, sa ville natale, né en 1509, mort en 1566, vint de bonne heure s'établir à Rome, fut collaborateur de Perino del Vaga, travailla pour le pape Paul III, pour beaucoup de riches familles, pour Marguerite d'Autriche, fille de Charles-Quint (pour laquelle il peignit les Hauts faits de Charles-Quint), et entreprit pour Catherine de Médicis la statue équestre en bronze de Henri II (il n'en put faire que le cheval, qui depuis a servi à porter la statue de Louis XIII de la Place-Royale). Sa Descente de Croix (à la Trinité des Monts, à Rome) est un chef-d'œuvre de peinture; comme sculpteur, personne n'a plus approché de la manière de Michel-Ange. Le Louvre possède de ce maître un David tuant Goliath, peint sur une ardoise. — (RAPHAEL). V. MAFFEI.
VOLTURNO (le), Vulturnus, riv. du S. de l'Italie, naît dans le Sannio, coule au S., au S. E., au S. O., arrose Capoue, reçoit le Calore, et tombe dans la mer Tyrrhénienne à Castel-Volturno; cours, 170 k.
VOLUMNIE, femme de Coriolan, se mit avec Véturie, mère de ce général, à la tête des femmes qui se rendirent à son camp pour le fléchir, et obtint la levée du siège de Rome.
VOLUSIEN (C. VIBIUS), fils de l'empereur Gallus, fut associé par ce prince à l'empire après la mort d'Hostilien, fils de Dèce, en 252, et fut massacré en 253 par les soldats en même temps que son père.
VOLVIC, Vialoscensis pagus, bourg du dép. du Puy-de-Dôme, à 8 kil. O. S. O. de Riom; 3 582 hab. Aux env., belles pierres bleuâtres provenant de laves volcaniques et dites pierres de Volvic; on s'en sert beaucoup pour trottoirs. École d'architecture fondée en 1820 par le comte Chabrol de Volvic.
VONDEL (Juste VAN DEN), poëte hollandais, né à Cologne en 1587 de parents anabaptistes, m. en 1679, était bonnetier et n'avait point reçu d'éducation. Il se forma seul et cultiva les lettres, tout en continuant son commerce, dans lequel il était secondé par sa femme. Il a laissé 32 tragédies, dont les meilleures sont : le Sac d'Amsterdam et l'Exil de Gisbert (1637), des Satires, que ses compatriotes jugent dignes de Juvénal, de belles poésies lyriques, des traductions en vers de Virgile, d’Horace et des Métamorphoses d'Ovide. Il avait entrepris une épopée, Constantin le Grand, mais il détruisit ce poëme avant de l'avoir achevé. Vondel a beaucoup aidé au perfectionnement de la langue poétique de son pays ; malheureusement sa tournure d'esprit mordante, la guerre qu'il fit aux Gomaristes triomphants, sa conversion au Catholicisme, les tracasseries d'une direction théâtrale troublèrent longtemps sa vie. Réduit à la gêne, il fut obligé de solliciter une chétive place d'employé au mont-de-piété d'Amsterdam, qu'il occupa dix ans. Ses Œuvres ont été réunies à Amsterdam, 1820 et 1856, 10 vol. in-4. Les tragédies avaient paru séparément dès 1720.
VON DER HARDT (Hermann), critique, né en 1660 à Melle, près d'Osnabruck, m. en 1746, s'attacha aux langues orientales, surtout à l'hébreu; devint conservateur de la riche bibliothèque du duc (le Brunswick, puis professeur de langues orientales à Helmstædt (1690), et recteur du gymnase de Marienbourg (1709). Il interprétait allégoriquement plusieurs des faits les plus merveilleux de la Bible; la témérité de ses interprétations lui attira de nombreux désagréments. On a de lui, entre autres ouvrages, Ænigmata Judæorum, 1705; Ænigmata prisci orbis, 1723; Historia litteraria Reformationis, 1717, et une Hist. du concile de Constance, en latin, qui fut mise à l'Index.
VONITZA, Anactorium, v. forte du royaume de Grèce (Étolie-Acarnanie), sur la côte S. du golfe d'Arta, à 100 k. S. de Janina; 2 000 h. Archevêché grec.
VONONE I, roi des Parthes, avait été envoyé en otage à Rome par Phraate IV, son père. L'an 14 de J.-C., il fut mis en liberté par Auguste, qui le choisit pour roi des Parthes; mais il déplut à ses sujets barbares par ses mœurs douces et trop polies, ainsi que par ses goûts de luxe, et ils le chassèrent pour le remplacer par Artaban III. Il alla se réfugier en Arménie; mais Artaban l'en expulsa. Réduit à se retirer sur les terres romaines, il fût confiné à Pompeiopolis, en Galatie. Ayant essayé de s'évader, il fut tué dans sa fuite, l'an 19.
VOPISCUS (Flavien), historien latin, natif de Syracuse, jouit à Rome, sous Dioclétien et Constance Chlore, d'une considération méritée. Il a écrit, dans l’Histoire Auguste, les vies d'Aurélien, de Tacite, de Florien, de Probus, de Carus, de Numérien, de Carin. Des six biographes auteurs de ce recueil, il est le plus estimé ; cependant il montre une assez grande crédulité. Il a été trad. par Moulines (dans l’Hist. Auguste), par Taillefert et Chenu dans la collection Panckoucke, 1847, et par Baudement dans la collection Nisard.
VORAGINE. V. VARAGINE.
VORARLBERG, Albergica provincia, cercle du Tyrol, à l'O., a pour bornes au N. et au N. E. la Bavière, à l'E. l'Innthal supérieur, au S. le canton des Grisons, à l'O. la principauté de Lichtenstein et le canton de St-Gall, au N. O. le lac de. Constance : 80 kil. sur 45; env. 104 000 hab.; ch.-l. Bregenz. Ce cercle tire son nom de la chaîne de l'Arlberg, qui le traverse; il est arrosé par l'Aach, l'Ill, le Fussach, le Lech, l'Iller.
VOREY, ch.-l. de c. (Hte-Loire), à 18 kil. N. du Puy ; 2 320 hab. Vignoble estimé.
VORGANIUM, auj. Carhaix, v. de Gaule (Lyonnaise 3e), était la capitale des Osismii.
VORONÈJE, v. de Russie, ch.-l. du gouvt de son nom, sur la Voronèje, affluent du Don, à 530 kil. S. de Moscou, à 1290 kil. S. E. de St-Pétersbourg; 45 000 hab. Archevêché grec, cour d'appel, séminaire, école de cadets, palais archiépiscopal, deux cathédrales, hôtel du gouvernement, bibliothèque. Fabriques de draps, fonderie de canons et boulets, poudre de savon, suifs, tanneries. — Fondée vers 1117 par les Khazares, Voronèje dépendit d'abord de la principauté de Riazan; elle fut prise et pillée par Batou-Khan en 1237, et par les Cosaques de l'Ukraine en 1590. Pierre le Grand y établit en 1697 des chantiers de construction, où fut construit son premier vaisseau, et de vastes magasins, que les incendies de 1703, 1748, 1773 détruisirent. — Le gouvt de Voronèje a au N. celui de Tambov, à l'O. ceux de Koursk et d'Ukraine, au S. celui de Iékatérinoslav, à l'E. le pays des Cosaques du Don ; 464 kil. du N. au S. sur 330 de largeur; 1 650 000 hab. Vastes plaines, climat tempéré, sol fertile (sauf au S.), arrosé par le Don et quelques-uns de ses affluents. Beaux pâturages, bétail; pêche active.
VORORT (c.-à-d. en place de), Directoire fédéral chargé en Suisse d'expédier les affaires en l'absence de la diète. Il se compose du conseil d'État du canton dirigeant, de l'avoyer de ce canton, qui est président, et d'un chancelier.
VORTIGERN, roi breton, d'abord chef des Dumnonii, se fit élire pentheirn ou roi de toute la nation après le départ des Romains (445), appela les Saxons Hengist et Horsa pour le défendre contre les Pictes et les Scots, et établit le premier de ces princes dans l'île de Thanet (comte de Kent); mais il eut bientôt à combattre ces dangereux alliés. Hengist fut vaincu et demanda la paix : sous prétexte de fêter cet événement, ce traître invita les principaux chefs bretons à un festin et les fit égorger; toutefois il conserva la vie à Vortigern, qui devint ainsi suspect aux siens. Bientôt en effet Ambrosius Aurelianus fut élu à sa place et vint l'assiéger dans son château de Cambri : Vortigern y périt en 485.
VOS (Martin de), peintre flamand, né à Anvers en 1531, m. en 1603, était fils d'un peintre. Placé d'abord dans L'atelier de Franz Floris, il partit ensuite pour l'Italie, s'y lia intimement avec le Tintoret, dont il adopta la manière et qui le prit pour collaborateur, et fut après son retour membre de l'Académie d'Anvers. Il composait avec facilité : sa promptitude à inventer et à ordonner un sujet lui permit de tracer beaucoup de dessins pour les graveurs. Quelques-uns de ses tableaux rappellent les peintres italiens par la chaleur du coloris; mais la majorité ne se distingue que par un aspect laiteux. Le Louvre a de cet artiste Paul, dans l'île de Mitylène, piqué par une vipère.
VOSGES (les), Vogesus mons, grande chaîne de montagnes qui couvre de ses ramifications le N. E. de la France, le S. E. de la Belgique et les provinces prussiennes et bavaroises situées à l'O. du Rhin. On distingue : les Vosges proprement dites, qui courent au N. E. jusqu'au mont Tonnerre (Bavière-Rhénane), en formant la limite des dép. des Vosges et du Ht-Rhin, de la Meurthe et du Bas-Rhin, et séparant les bassins de la Moselle et du Rhin; et les ramifications des Vosges, telles que la Côte d'Or, le plateau de Langres, les monts Faucilles, qui traversent de l'O. à l'E. le dép. des Vosges. Au S. se détachent des Vosges les ballons de Servance et d'Alsace, et un chaînon qui unit les Vosges au Jura; les Vosges se lient vers le N. au Hundsruck; au S. E., aux Ardennes par les monts Faucilles. Les cimes des Vosges sont généralement arrondies, ce qui leur a fait donner le nom de ballons. Les plus hauts sommets sont le Guebviller, 1466m, le ballon d'Alsace, 1428m, le ballon de Servance, 1400m. La Moselle, la Sarre, la Meurthe, l'Ill, la Lauter, la Meuse, la Saône sortent des Vosges. Belles forêts de sapins et de merisiers; mines de cuivre, fer, plomb argentifère, houille, sel gemme, etc.
VOSGES (dép. des), dép. borné par ceux de la Meurthe au N., de la Hte-Saône au S., du Haut et Bas-Rhin à l'E., de la Hte-Marne à l'O., a 5859 kil. carrés et 415 485 hab.; ch.-l. Épinal. Formé de la partie S. de l'ancienne Lorraine. Beaucoup de montagnes (dans l'E. les Vosges proprement dites, au S. les monts Faucilles). Climat varié, froid dans les mont. (la neige y reste six mois), tempéré dans la plaine. Fer, antimoine, houille, marbre, granit, pierre meulière, grès blanc et sable à verre, terre à porcelaine, tourbe, etc. Eaux minérales à Bains, Plombières, Bussang, Contrexeville. Sol varié : pâturages dans les montagnes ; vastes forêts (elles occupent près de moitié du dép.); grains, pommes de terre, fruits (surtout fruits à noyaux, merisiers), lin, chanvre, navette, houblon, angélique, etc. Chevaux, petit bétail, moutons, porcs, chèvres. Hauts fourneaux et autres usines à fer; toiles de coton, dentelles; instruments de musique; kirchenwasser; boissellerie; papier renommé, faïence, verre, poterie ; térébenthine; fromage façon Gruyère. — Ce dép. a 5 arr. (Épinal, Mirecourt, Remiremont, St-Dié, Neufchâteau), 30 cant., 547 comm.; il appartient à la 5e division militaire, dépend de la cour impériale de Nancy, et a un évêché à St-Dié.
VOSGIEN (l'abbé), chanoine de Vaucouleurs, d'une famille ancienne de la Lorraine, rédigea avec Ladvocat un Dictionnaire géographique portatif, imité du Gazetteer d'Échard, qui parut pour la première fois en 1747 et eut un succès populaire. C'est a tort qu'on a dit que Vosgien était un pseudonyme sous lequel Ladvocat s'était caché.
VOSS (Jean Henri), littérateur, né en 1751 à Sommersdorf (Mecklembourg),mort en 1826, professa d'abord au séminaire philologique ou école normale de Gœttingue que dirigeait Heyne, devint en 1778 recteur du collège d'Otterndorf en Hanovre, passa bientôt avec ce même titre à Eutin, où il resta 23 ans (1780-1803), et fut depuis 1805 attaché à l'Université de Heidelberg. De longues et vives querelles tant avec Heyne qu'avec Stolberg et Creuzer empoisonnèrent une partie de sa vie. Il avait, comme poëte et comme traducteur, un rare talent. Outre des poésies originales (18 idylles, des poésies diverses, un poëme de Louise, en 3 chants), on lui doit les traductions en vers d’Homère (1781 et 1821), de l’Énéide de Virgile (1799), d’Horace (1806 et 1820), d’Hésiode et de l’Argonautique d'Orphée (1806), de Théocrite, Bion et Moschus (1806), de Tibulle (1810), d’Aristophane (1821), d’Aratus (1824), d’Eschyle (1826), de divers passages des Métamorphoses d'Ovide (1798). Il a aussi traduit, avec ses fils Henri et Abraham, le théâtre de Shakespeare (1818-26). On estime beaucoup ses traductions des poètes grecs, surtout celle d'Homère : chaque vers est rendu par un vers allemand qui calque avec fidélité les formes et l'allure de l'original.
VOSSIUS (Gérard Jean), savant allemand, né en 1577 à Heidelberg, m. en 1649, fut professeur de grec à Leyde, de philosophie à Steinfurt, prit ensuite la direction du collège théologique de Leyde, fut suspendu en 1630 pour s'être montré, dans un de ses écrits, trop favorable à la cause des Remontrants, et alla occuper une chaire d'histoire à Amsterdam (1633). Ses Œuvres complètes, écrites en latin, forment 6 vol. in-fol., Amst., 1701, et comprennent, entre autres ouvrages : l’Histoire du Pélagianisme (qui fut l'origine de sa destitution), un traité de l'idolâtrie, un autre De la manière d'écrire l'histoire, des traités De historicis græcis et latinis, un Dictionnaire étymologique, des traités fort estimés sur la Rhétorique, la Poétique, la Grammaire (sous le titre d’Aristarchus), etc. — Isaac, son fils, né à Leyde en 1618, m. en 1689, refusa la chaire laissée vacante par la mort de son père afin de se livrer tout entier à l'étude, passa en Suède où il fut le bibliothécaire de Christine et son maître de grec, fut disgracié par l'effet des intrigues de Saumaise, reçut diverses gratifications de Louis XIV, fut nommé par Charles II chanoine de Windsor, et alla se fixer en Angleterre où il mourut. Ses Œuvres complètes n'ont jamais été réunies. On y trouve une érudition ingénieuse, mais peu de méthode, et trop de cynisme dans l'expression. Ses principaux ouvrages sont : De poematum cantu et viribus rhythmi, Oxford, 1673, où il traite de l'alliance de la poésie et de la musique; De Nili et aliorum fluminum origine, La Haye, 1666; De vera mundi ætate (il y soutient la supputation des Septante), De Sibyllinis oraculis, 1679; des éditions de Catulle, Londres, 1684, de Scylax, Pomponius Mela, etc.
VOSTITZA, Ægium, v. du roy. de Grèce (Achaïe), sur la côte S. du golfe de Lépante, à 32 kil. E. de Patras; 2500 hab. Évêché. Fréquents tremblements de terre. C'est là qu'eut lieu, en 1820, l'assemblée secrète de l'Hétérie (V. ce mot), qui prépara le soulèvement de la Grèce en 1821.
VOTIAKS, peuple de Russie, d'origine finnoise, habite dans les gouvts de Viatka et d'Orenbourg, au nombre d'environ 100 000 individus.
VOUET (Simon), peintre, né à Paris en 1582, mort en 1649, se fit très-jeune encore une réputation dans le portrait, alla peindre le sultan Achmet I à Constantinople, travailla pour Urbain VIII à l'embellissement des églises St-Pierre et St-Laurent, et revint en France sur l'ordre de Louis XIII, qui prit de lui des leçons de pastel, le nomma son premier peintre et le logea au Louvre. Vouet était avide d'argent : pour suffire aux nombreuses demandes qui lui étaient adressées, il adopta une manière expéditive très-inférieure à celle qu'il avait employée d'abord; aussi ses derniers tableaux sont-ils loin d'égaler les premiers. Il n'en a pas moins rendu service en ramenant les artistes au bon goût : c’est à son école que se formèrent Lebrun, Lesueur, Mignard, Dufresnoy. Ses chefs-d’œuvre sont une Salutation angélique et une Présentation au temple (au musée du Louvre). Vouet était jaloux de Poussin : il est un de ceux dont les mauvais procédés déterminèrent ce grand peintre à quitter la France.
VOUILLÉ ou VOUGLÉ, ch.-l. de c. (Vienne), sur l’Auzance, à 16 kil. O. N. O. de Poitiers ; 1670 hab. C’est là qu’on place la défaite d’Alaric par Clovis I (507).
VOUNEUIL, ch.-l. de c. (Vienne), sur la Vienne, à 12 kil. S. de Châtellerault ; 1447 hab.
VOURLA, nom moderne de Clazomènes.
VOUVRAY, ch.-l. de c. (Indre-et-Loire), sur la Cize, à 11 kil. E. de Tours ; 2438 hab. Station. Beau château de Moncontour. Bons vins blancs.
VOUZIERS, ch.-l. d’arr. (Ardennes), à 54 kil. S. de Mézières ; 3136 hab. Trib. de 1re inst. Usines à fer ; grains, osier ; vannerie fine, laine et lin.
VOVES, ch.-l. de c. (Eure-et-Loir), à 22 k. S. E. de Chartres ; 1514 hab. Bonneterie, chandelle, cire.
VOYER D’ARGENSON. V. ARGENSON.
VOYSIN (Daniel Franç.), chancelier de France, né en 1654 à Paris, m. en 1717, fut d’abord intendant du Hainaut, puis intendant de St-Cyr, et devint, grâce à la protection de Mme de Maintenon, membre du conseil d’État (1694), secrétaire d’État de la guerre (1709), quoiqu’il entendît fort peu les opérations militaires, et enfin chancelier (1714). C’est lui, dit-on, qui, par ordre de Mme de Maintenon, insinua à Louis XIV les dispositions testamentaires qu’il fit en faveur des princes légitimés ; on prétend que néanmoins, quelques jours avant la mort du roi, il révéla au duc d’Orléans le contenu du testament, puis proposa au parlement l’annulation de cet acte. Devenu régent, Philippe le récompensa en lui laissant les sceaux et en lui donnant entrée au conseil de régence. — La famille Voysin de Gartempe, honorablement connue dans la magistrature, est issue de la même souche que le chancelier.
VRATISLAS I régna sur la Bohême avec le titre de duc de 915 à 920, et fut le 1er duc chrétien. Il fut père de Vencelas I. II, 1er roi de Bohême, monta sur le trône en 1061. Il n’eut d’abord, comme ses prédécesseurs, que le titre de duc ; mais, ayant rendu service à l’empereur Henri IV, qu’il soutint contre Rodolphe, son compétiteur, il reçut de ce prince en récompense le titre de roi (1086), avec la main de sa fille Judith et la souveraineté de la Lusace. Il mourut en 1092.
VRIES (Gérard de), philosophe du XVIIe s., natif d’Utrecht, adopta les idées de Descartes, et publia pour les défendre divers écrits : De Deo divinisque perfectionibus, Utrecht, 1685 ; De R. Cartesii meditationibus a Gassendo impugnatis, 1691 ; De ideis verum innatis, 1695. On lui doit aussi une bonne Logique, et une savante dissertation De homœomeria Anaxagoræ, 1692. — On connaît encore Martin Gerritson de Vries, navigateur, qui fut chargé en 1643 par Van Diémen, gouverneur des Indes hollandaises, d’explorer les côtes du Japon et les Kouriles, et qui fit faire quelques pas à la géographie ; — et Jérôme de Vries, né en 1776 à Amsterdam, secrétaire d’État, auteur d’une Hist. de la poésie néerlandaise, 1810.
VSÉVOLOD, grand-prince de Russie, fils d’Iaroslav I, eut comme apanage la principauté de Péreiaslav, prit les armes contre son frère Isiaslav d’accord avec son autre frère Sviatoslav II, prince de Tchernigov, 1073, et mit ce dernier sur le trône ; fit la paix avec Isiaslav à la mort de Sviatoslav II, 1076, et lui succéda comme grand-prince à Kiev en 1078. Son règne fut de 15 ans. Il eut pour successeurs à Kiev son neveu Sviatopolk II, qui régna de 1093 à 1113 ; à Péreiaslav, son fils Vladimir II (Monomaque). II, un des fils d’Oleg, et petit-fils de Sviatoslav II, fut duc de Novogorod dès 1123, se fit proclamer grand-prince de Kiev en 1138, gouverna en tyran, selon les uns, en sage selon d’autres, et mourut en 1146. Il conquit les duchés de Minsk et de Polotsk et ramena à l’obéissance les Livoniens et les Esthoniens. III, grand-duc de Vladimir (1177-1212), était un des fils d’Iourié. Il vit ses États déchirés par des guerres civiles, et fit de Vladimir l’État dominant.
VUKOVAR, v. de l’Esclavonie civile, ch.-l. du comitat de Syrmie, à 33 kil. S. E. d’Eszek, au confluent de la Vuka et du Danube ; 6000 hab.
VULCAIN, Vulcanus, en grec Hephæstos, dieu du feu et des volcans, fils unique de Jupiter et de Junon. Comme il était laid et difforme, Jupiter, ou, selon d’autres, Junon, le précipita du ciel ; il tomba dans l’île de Lemnos, et resta boiteux de sa chute. Vulcain établit des forges dans les îles Lipari et sous l’Etna ; il y travaillait avec les Cyclopes à forger la foudre. Dans la guerre des Géants contre le ciel, il aida Jupiter à vaincre. C’est lui aussi qui ouvrit la tête de ce dieu d’un coup de hache pour en faire sortir Minerve et qui enchaîna Prométhée sur le Caucase. Malgré sa laideur, Vulcain prit Vénus pour épouse ; mais, comme cette déesse lui faisait de fréquentes infidélités, il s’en vengea en l’enfermant dans un filet ainsi que Mars, son amant, un jour qu’il l’avait surprise avec ce dieu, et l’exposa dans cet état à la risée des Immortels. On lui attribue mille ouvrages merveilleux : il construisit le palais du soleil et le trône de Jupiter, fabriqua les armes d’Achille, celles d’Énée, le sceptre d’Agamemnon, le collier d’Hermione, etc. On lui donne pour fils Céculus, Cacus, Cercyon, êtres malfaisants, qu’il eut d’Aglaïa, de Cabira et de quelques autres, et pour élève le célèbre Dédale. Son culte paraît originaire de l’Égypte, où ce dieu s’appelait Fta. Vulcain était surtout adoré en Sicile, en Égypte, à Athènes, à Rome ; Romulus lui avait élevé un temple hors des murs de la ville. On trouve une analogie remarquable entre le nom grec de Vulcain (Hephæstos) et celui de la déesse Vesta (Hestia, Festia), à laquelle le feu était aussi consacré. On a également remarqué la ressemblance du nom de Vulcain avec Tubal-Caïn, le 1er homme qui, ait travaillé le fer et l’airain. On le représente un marteau à la main et un bonnet conique sur la tête. On doit à Éméric David des recherches sur Vulcain, 1837.
VULCANIENNES ou ÉOLIENNES (îles), Vulcaniæ ou Æoliæ insulæ : ce sont auj. les îles Lipari.
VULCANO, île. V. VOLCANO.
VULCATIUS GALLICANUS, un des auteurs de l’Histoire Auguste, était sénateur. On n’a de lui qu’un fragment, qui traite de la révolte d’Avidius Cassius.
VULCI ou VOLCI, bg de l’anc. Étrurie, près et à l’E. de Cosa. Des fouines, exécutées de 1827 à 1830, y ont fait découvrir une importante nécropole et des milliers de vases peints. M. Noël des Vergers y a depuis découvert des fresques.
VULGATE (de vulgatus, rendu public), version latine de la Bible, seule reconnue comme canonique par le concile de Trente. Elle est l’œuvre de S. Jérôme, qui l’entreprit vers 384 d’après l’invitation du pape Damase, et la fit sur le texte original. Les papes ont fait faire depuis la découverte de l’imprimerie plusieurs éditions critiques de la Vulgate : les plus célèbres sont celle de Sixte-Quint, Rome, 1590 (bientôt après supprimée comme imparfaite) et celle de Clément VIII, Rome, 1592 et 93.
VULSINIES, Vulsinii, auj. Bolsena, v. d’Étrurie, sur le lac de son nom (auj. Lago di Bolsena), au N. de Tarquinies, était une des 12 lucumonies étrusques, et fut pendant longtemps le siège de la diète générale, qui s’y tenait dans le temple de Voltumna. Les Romains prirent Vulsinies en 294 av. J.-C. Les esclaves de cette ville s’étant révoltés en 265, les Romains vinrent les réduire.
VULTUR mons, montagne qui faisait partie des Apennins, séparait la Lucanie d’avec l’Apulie.
VULTURNE (le), Vulturnus, auj. le Volturno, riv. de la Campanie, naissait dans le Samnium près de Bovianum, et tombait dans la mer Inférieure après avoir baigné Vénafre et la ville de Vulturne, nommée depuis Capoue.
VYASA, c.-à-d. le Compilateur, mouni ou anachorète indien, que l’on place au XVe ou au XIIe s. avant notre ère, était fils du savant Parasara et de la belle Satyavati, et frère utérin du roi Santanou. À la fois théologien, philosophe, poète, il recueillit et mit en ordre les Védas, rédigea les 18 Pouranas, les 18 Oupa-Pouranas, et composa un vaste poëme intitulé Mahabharata (V. ce mot). Il est aussi l’auteur d’un système de philosophie dont il consigna les principes dans le Védanta-darsana, et qui se fait remarquer par un idéalisme exagéré.
VZESLAV, grand-prince de Russie, arrière-petit-fils de Vladimir I, hérita de Polotsk en 1044, prit les armes contre Isiaslav I, grand-prince depuis 1054, fit alliance contre lui avec les Petchenègues, fut pris par ce prince et emmené à Kiev, mais fut délivré par le peuple et même proclamé grand-duc en 1078. Il ne put se maintenir, mais il finit par faire une transaction qui dégageait Polotsk de toute vassalité à l’égard de Kiev. Il mourut en 1101.