Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Spartacus
SPARTACUS, fameux chef d'esclaves, né en Thrace, mais de race numide et, à ce qu'on présume, de sang noble, servit d'abord dans un corps auxiliaire annexé aux armées romaines, déserta, fut repris, réduit en esclavage, et conduit à Capoue, où on en fit un gladiateur. Il s'échappa de sa prison avec plusieurs de ses compagnons l'an 73 av. J.-C., se mit à ravager la Campanie, battit le préteur Claudius, les deux consuls Gellius et Lentulus (72), et vit rapidement grossir son armée, qui un moment compta plus de 70 000 hommes. Reconnaissant néanmoins l'impossibilité de lutter contre la puissance romaine, il ne voulait que sortir de l'Italie et retourner en Thrace : déjà il était arrivé dans la Gaule Cisalpine, quand il se vit forcé, par l'inondation du Pô et par les cris de son armée, de rebrousser chemin et de se porter sur Rome. Hors d'état de prendre cette ville, il fut bientôt serré de près par des forces imposantes, refoulé dans le Brutium par Crassus, et cerné aux environs de Rhégium. Il tenta en vain de passer en Sicile, et, après avoir obtenu quelques nouveaux avantages, fut écrasé par Crassus à la bataille du Silare (71) : il périt en brave. Spartacus n'eut jamais qu'une autorité précaire sur les hordes indisciplinées qui le suivaient; c'est ce qui l'empêcha d'exécuter ses vastes projets. Il était, du reste, aussi humain qu'intrépide. Saurin a choisi Spartacus pour héros d'une tragédie estimée.