Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Ximénès de cisneros (le cardinal françois)

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ximénès de cisneros (le cardinal François), célèbre ministre d’État, né en Castille en 1436 avait pour père un receveur des décimes. Il reçut les ordres, devint grand vicaire du cardinal Mendoza, entra chez les Franciscains à 50 ans, professa le droit à l’Université de Salamanque, prêcha avec un grand succès, plaida devant les tribunaux ecclésiastiques à Rome, fut nommé en 1492 professeur de la reine Isabelle, devint en 1494 provincial de son ordre et fut promu en 1495 à l’archevêché de Tolède : il fallut des lettres du pape pour le déterminer à accepter ce poste. Isabelle lui confia l’administration de la Castille ; après la mort de cette princesse Ferdinand le conserva dans ce poste important ; il lui fit en outre donner le chapeau de cardinal et le nomma grand inquisiteur de la Castille. Ximénès rendit à prince les plus grands services, d’abord en se


portant médiateur entre l’archiduc Philippe d’Autriche et lui, puis, quand Philippe fut mort, en lui assurant la régence de la Castille au nom de sa fille Jeanne la Folle et de son petit-fils Charles. En 1509, Ximénès fit à ses frais une expédition en Afrique et fit la conquête d’Oran. Ferdinand lui confia en mourant (1516) le gouvernement de la Castille jusqu’à l’arrivée de son petit-fils Charles (depuis Charles-Quint ; il fit proclamer ce prince roi de Castille et d’Aragon, et parvint, en étouffant plusieurs révoltes, à faire reconnaître son autorité. Charles, qui lui devait tant, se montra fort peu reconnaissant ; il ne tarda même pas à le renvoyer dans son diocèse (1517) : le cardinal mourut en recevant la nouvelle de cette disgrâce. Ximénès était un homme d’un caractère austère, d’une grande sévérité, mais juste ; il avait un courage à toute épreuve, une connaissance profonde des hommes et des choses de l’Espagne, et l’esprit le plus vaste, le dévouement le plus vrai à ses maîtres. Il fit beaucoup pour les lettres : il fonda l’Université d’Alcala, et fit publier à ses frais la Bible polyglotte d’Alcala, 1502-17, 4 v. in-fol., réimprimée à Anvers, 1569-70, 8 vol. in-fol. Sa Vie a été écrite en français, par Fléchier,Marsollier, Baudier, et, en allemand, par Héfélé, dont l’ouvrage a été trad. par les abbés Sisson et Crampon, Paris, 1856.