Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Zoroastre
ZOROASTRE, en persan Zerdust, auteur ou réformateur du Magisme, religion des anciens Perses, des Parthes et des Guèbres, naquit probablement en Médie, dans l'Aderbaïdjan (l'anc. Atropatène), sous le règne d'un prince du nom de Gouchtasp (qu'on a voulu à tort identifier avec Hystaspe, père de Darius I). La religion des Mèdes était chargée de pratiques superstitieuses : Zoroastre entreprit de la réformer. Selon les traditions des Perses, il passa la 1re partie de sa vie à voyager pour conférer avec les sages les plus illustres, puis il s'enferma dans une grotte pour méditer, fut enlevé au ciel, vit Ormuzd face à face, et reçut de lui mission d'aller prêcher à l'Iran (Perse) une doctrine nouvelle. Il se présenta à la cour de Gouchtasp, qui régnait à Balkh, en Bactriane, parvint à s'en faire accueillir, courut pourtant des dangers par la malice de ses ennemis, déjoua leurs trames et finit par convertir le roi Gouchtasp, puis Isfendiar son fils, et avec eux tout l'Iran occidental, malgré l'opposition des brahmes de l'Inde. Il consigna, dit-on, ses doctrines dans 21 livres dits Nosks ou Naçkas, qu'il avait recueillis de la bouche même d'Ormuzd, et dont les débris formèrent le Zend-Avesta (la parole vivante). Il enseignait l'existence de deux principes opposés, Ormuzd, principe du bien, et Ahriman, principe du mal, qui sont sans cesse en lutte, mais au-dessus desquels s'élève un dieu suprême, Zervane-Akérène ; prescrivait le culte du feu, réglait la vie publique comme la vie privée, et annonçait des peines et des récompenses après la mort ; il institua les Mages pour être les ministres de la nouvelle religion. Excessivement âgé, Zoroastre se retira sur le mont Albordj ; c'est là qu'il mourut, on ne sait à quelle époque. Souvent on le fait périr au sac de Balkh, lors de la grande irruption des hordes du Touran dans les États de Gouchtasp. Les légendes relatives à Zoroastre sont très-nombreuses et souvent contradictoires. Il est probable qu'on aura accumulé sur la tête d'un seul homme une foule de traditions relatives les unes aux divers chefs de la religion des Perses, les autres à l'histoire de la religion même. L'époque de sa naissance flotte du XIIIe au VIe s. av. J.-C. Il semble hors de doute que le Parsisme a successivement revêtu diverses formes, que la plus célèbre est celle dont Zoroastre fut le propagateur, que sa réforme n'était qu'une simplification du culte ancien, que cette réforme partit de l'ouest et du nord-ouest, et fut faite sous l'influence ou avec la coopération du souverain, que la portion orientale de la monarchie ne l'accepta qu'après résistance, enfin qu'il vint du nord (du Touran) une autre opposition et que les
adhérents de la nouvelle religion eurent à subir une réaction terrible qui sembla la frapper de mort, mais qui pourtant ne fut que momentanée. Outre le Zend-Avesta, on a sous le nom de Zoroastre des Oracles magiques (publ. par Leclerc, Amst., 1690), qui ne sont évidemment qu'un livre apocryphe fabriqué au I er ou au II e s. de J.-C. pour favoriser les systèmes des philosophes de cette époque. Anquetil Duperron a mis en tête de sa traduction du Zend-Avesta une Vie de Zoroastre. V. ORMUZD , MITHRAS, MAGES.