Dictionnaire wallon-français (Cambresier)/Section complète - L

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chez J.F. Bassompierre (p. 106-110).

L.

Lâce boîte, ſ. f. (la premiere ſyllabe eſt longue) ſorte d’uſtenſile fait de bois fort mince, de carton, d’or, d’argent, &c. avec un couvercle, & ſervant à divers uſages, boîte à perruque, boîte à poudre, une boite d’or, boîte à portrait.

Boîte, ſe dit auſſi communément de ce qui eſt contenu dans une boîte, une boîte de prunes.

On dit d’un homme délicat juſqu’à être incommodé des moindres impreſſions de l’air, qu’il faudroit qu’il fût toujours dans une boîte, & d’un homme extrêmement propre & paré, qu’il ſemble qu’il ſorte d’une boîte.

Écrin, ſ. m. Petit coffret où l’on met des bagues, des pierreries, il apporta l’écrin étoient ſes pierreries.

Lâce al ſitof fuſil, ſ. m. Boîte dans laquelle on met le fuſil, la pierre, la meche, & les allumettes.

Lak cire d’Eſpagne, ſ. f. Certaine compoſition faite de lacque & autres matieres, à laquelle on donne diverſes couleurs, & dont on ſe ſert pour cacheter les lettres, &c. un bâton de cire d’Eſpagne.

Lâké lâcher, v. a. Faire qu’une choſe ne ſoit plus ſi tendue, ſi ſerrée qu’elle étoit, cette corde eſt trop bandée, lâchez-la un peu.

Débander, détendre, v. a. Relâcher ce qui étoit tendu, détendre une corde, un reſſort.

Lamai billot, ſ. m. Bâton que l’on met en travers au cou des cochons, &c. pour les empêcher d’entrer dans les jardins, vignes, &c. & pour empêcher les chiens de chaſſer.

Lâme miel, ſ. m. Suc doux que les abeilles font de ce qu’elles recueillent ſur les fleurs ou ſur les feuilles des plantes, des arbres, du miel de Narbonne.

Lamkenne baſque, ſ. f. Les quatre pans du juſte-au-corps, petite piece du bas d’un pourpoint ou d’un corps de jupe, tirer un homme par la baſque, les baſques de ce corps ſont trop longues.

Lancî élancer, v. n. Il n’a d’uſage qu’à la troiſieme perſonne, & ſe dit de la douleur aiguë que l’on ſouffre, pareille à celle que fait ſentir la pointe d’une aiguille ou d’une alene, cela m’élance, le doigt m’élance.

Lanpe lanterne, ſ. f. Sorte d’uſtenſile de verre, de corne, de toile ou d’autre choſe tranſparente, où l’on enferme une chandelle ou une bougie, &c. de peur que le vent ou la pluie ne l’éteigne en hiver, il y a des lanternes allumées à Liege dans toutes les rues.

Lanterne ſourde, eſt une ſorte de lanterne faite de telle façon, que celui qui la porte voit ſans être vu & qu’il en cache entiérement la lumiere quand il veut.

Lampe, ſ. f. Vaſe où l’on met de l’huile avec de la meche pour éclairer, il a fondé une lampe à perpétuité en telle Egliſe.

Lanpurnî, lanternier, lanterniere, ſ. Celui, celle qui fait ou qui vend des lanternes.

Ferblantier, ſ. m. Ouvrier qui travaille en fer-blanc.

Lanturné lanterner, v. n. Être irréſolu en affaires, perdre le temps en des choſes de rien, il ne fait que lanterner & n’avance rien, il eſt du ſtyle fam.

Lârdeu lardoire, ſ. f. Sorte de brochette creuſée & fendue par un des bouts & ſervant à larder la viande, une lardoire de cuivre.

Largeſſe lé, ſ. m. La largeur d’une toile, d’une étoffe entre ſes deux liſieres, il y a trois lés de toile à ces draps, il faut cinq lés, ſix lés à cet jupe, & on appelle demi-lé, la moitié de la largeur d’un lé, c’eſt aſſez d’un demi-lé pour cela.

Laton ſon, ſ. m. La partie la plus groſſiere du blé moulu, il en a tiré toute la farine, il n’en reſte plus que le ſon.

Lavaſſe lavaſſe, ſ. f. Il ſe dit de la pluie lorſqu’elle tombe tout-à-coup, avec impétuoſité & avec abondance, & qu’elle coule à grands ruiſſeaux, il vint tout-à-coup une grande lavaſſe.

Lavrai lavette, ſ. f. Petit bout de torchon dont on ſe ſert pour laver la vaiſſelle.

Torchon, ſ. m. Eſpece de petite ſerviette de groſſe toile dont on ſe ſert pour torcher, pour eſſuyer la vaiſſelle, la batterie de cuiſine, les meubles, &c. Paquet de torchons.

L’ci k’tin l’janbe fait ottan, ki l’ci ki hoiſſe, on dit prov. autant vaut, autant fait celui qui tient, que celui qui écorche, pour dire, que le complice d’un crime eſt auſſi coupable que celui qui en eſt l’auteur.

L’coſſe fai piette li goſſe, on dit prov., que le coût fait perdre le goût, pour dire, que la trop grande dépenſe qu’il faudroit faire pour avoir une choſe, en ôte l’envie.

Legge noue, ſ. f. Endroit noyé d’eaux qui y forment de petites mares.

Legume légume, ſ. m. Toute ſorte de fruit qui vient dans une coſſe. Herbes potageres, racines bonnes à manger, ce ſont d’excellents légumes.

Lehîve leſſive, ſ. f. Eau chaude que l’on verſe ſur le linge à blanchir, qui eſt entaſſé dans un cuvier & ſur lequel on a mis un lit de cendre de bois neuf, le cuvier à leſſive eſt percé d’un trou par lequel l’eau s’écoule, on la recueille, on la remet au feu, & on la reverſe ſur le linge ; ce qui s’appelle couler la leſſive. Bonne leſſive.

Leſſive ſe dit auſſi de toute ſorte d’eau déterſive, rencue telle par de la cendre ou par quelque autre matiere convenable, faire une leſſive pour dégraiſſer les cheveux.

On dit prov. & fig. à laver la tête d’un more, d’un âne, on y perd ſa leſſive, pour dire, qu’il y a des perſonnes qu’il eſt inutile de vouloir réformer, de vouloir corriger.

Léhîvé leſſiver, v. a. Blanchir le linge, faire la leſſive.

Leï cori li ſtrig ſot li ſtî, on dit fig. qu’il faut laiſſer couler l’eau, pour dire, qu’il faut laiſſer aller les choſes comme elles vont, ſans s’en mettre en peine.

Leï l’pîrette quitter le noyau, une prune, une pêche, qui quitte le noyau, les pavies ne quittent pas le noyau.

Lem lime, ſ. f. Sorte d’outil & d’inſtrument de fer, creuſé par diverſes lignes, par diverſes coupures qui ſe croiſent & qui ſert ordinairement à polir ou à couper le fer, il faut polir cela avec la lime.

On appelle lime ſourde, une ſorte de lime qui eſt garnie de plomb, & qui ne fait point de bruit quand on l’employe.

Leſſai lait, ſ. m. Liqueur que l’on tire d’une vache, &c. une frayeur lui a troublé ſon lait, lui a fait perdre ſon lait.

Laite ou laitance, ſ. f. Cette partie des entrailles des poiſſons mâles, qui eſt de ſubſtance blanche & molle & qui reſſemble à du lait caillé, la laite, la laitance d’un hareng, d’une carpe, &c. les carpes brehaignes n’on point de laitance.

Laité, ée, adj. Il ſe dit des poiſſons qui ont de la laite, hareng laité.

Leſſai d’boûr babeure, ſ. f. Liqueur ſéreuſe qui laiſſe le lait, quand la partie graſſe eſt convertie en beurre.

Leſſe lacs, ſ. m. (on ne prononce preſque point le C) nœud coulant propre pour prendre des oiſeaux, des lievres & autres gibier, un lacs de crin.

Lacet, collet, ſ. m. Ils ſignifient une ſorte de lacs à prendre des lievres, des lapins, tendre un collet, prendre des lievres, des lapins, des perdrix au collet.

Leſſette lacet, ſ. m. Cordon de fil ou de ſoie dont les femmes ſe ſervent pour ſerrer leurs corps de jupe, paſſer un lacet, ſon corps la ſerre trop, il faut lâcher ſon lacet.

Aiguillette, ſ. f. Cordon, ruban, tiſſu, &c. ſerré par les deux bouts pour ſervir à attacher, mais qui ne ſert quelquefois que d’ornement, des aiguillettes ſerrées d’argent.

Les oûhai d’inne méme coleûr ſi queret voltî, on dit prov. & fig., que fagot cherche bourrée, pour dire, que les gens de même ſorte ſont volontiers en commerce les uns avec les autres.

Levaie levée, ſ. f. Terme dont on ſe ſert au jeu de cartes, pour ſignifier une main qu’on a levée, il n’a pas fait une levée.

Levain levain, ſ. m. Petit morceau de pâtes aigrie qui étant mêlée avec la pâte dont on veut faire le pain, ſert à la faire lever, à la faire fermenter, faire un levain, faire du levain.

Levé guiller, v. n. Il ſe dit de la biere qui fermente & jette ſa levure.

Leveg guillage, ſ. m. Terme de braſſerie, fermentation par le moyen de laquelle la biere récemment entonnée pouſſe hors du tonneau cette écume que les braſſeurs nomment levure.

Levé l’breſſe, on dit fam. qu’un homme a hauſſé le coude, pour dire, qu’il a trop bu.

Leveurre levure, ſ. f. Écume que fait la biere quand elle bout, & dont les boulangers ſe ſervent quelquefois au lieu d’autre levain.

Lignoû meche, ſ. f. Cordon de fil, de chanvre, de coton, &c. que l’on met dans les lampes avec de l’huile, ou dont on fait des chandelles, des bougies, des flambeaux en les couvrant de ſuif ou de cire, la meche eſt trop groſſe pour une ſi petite lampe.

Lign’rai lange, ſ. m. Morceau d’étoffe dont on enveloppe les enfants au maillot, le Pape envoye des langes bénits au Roi à la naiſſance du Dauphin.

Lign’roû linotte, ſ. f. Eſpece de petit oiſeau de plumage gris, qui chante très-agréablement, ſiffler une linotte.

On dit auſſi d’une perſonne qui a peu de ſens & beaucoup de légéreté d’eſprit, que c’eſt une tête de linotte.

Limeurre limaille, ſ. f. Les petites parties du métal que la lime fait tomber, la limaille d’acier eſt un remede.

Limonî limonier, ſ. m. Cheval qu’on met aux limons, ce cheval eſt trop petit pour être limonier.

Limſiné pignocher, v. n. Manger négligemment, ſans appétit, & en ne prenant que de très-petits morceaux, vous ne mangez pas, vous ne faites que pignocher, il eſt fam.

Limſon limas, ſ. m. Limace, ſubſt. f. Limaçon, ſ. m. Sorte d’inſecte rampant, de ſubſtance molle & viſqueuſe, & dont il y a pluſieurs eſpeces, les uns ſont rougeâtres & n’on point de coquille, & ſont appellés plus ordinairement du nom de limas & de limace, les autres ſont attachés à une coquille qu’ils portent ſur le dos & dans laquelle ils ſe retirent ; & ceux-là ſont appellés plus ordinairement limaçons.

Lin lente, ſ. f. Eſpece de petit œuf dont naiſſent les poux.

Linſoû linceul, ſ. m. Drap de toile qu’on met dans un lit, il n’y a pas ſeulement un linceul pour l’enſevelir, on ſe ſert plus ordinairement du mot de draps, quand on parle de ces deux pieces de toile qu’on met dans un lit.

Lisîre liſiere, ſ. f. L’extrémité de la largeur d’une toile, d’une étoffe.

Logne longe, ſ. f. On appelle ainſi la moitié de l’échine d’un veau ou d’un chevreuil, depuis le bas de l’épaule juſqu’à la queue, mais on ne ſe ſert de ce mot que lorſqu’on parle de ces animaux, comme devant être accommodés pour manger, une longe de veau, de chevreuil, quand on dit ſeulement, une longe, ſans rien ajouter, on entend toujours une longe de veau, mangez d’un bonne longe.

Lohî bribe, ſ. f. Gros morceau de pain, il a mangé une groſſe bribe de pain bis, il eſt du ſtyle fam.

Bribes, ſ. f. pl. Gros morceaux de viandes que l’on donne à ceux qui demandent l’aumône, ce gueux avoit de bonne bribes dans ſon ſac.

Lôïecô licol ou licou, ſ. m. Lien de cuir, de crin, ou de corde, que l’on met autour de la tête des chevaux, des ânes, &c. pour les attacher, mener avec un licou, par le licou, licol n’a plus d’uſage qu’en poëſie devant une voyelle, on dit toujours licou.

Lôïeminé lambiner, v. n. Agir lentement, il ne fait que lambiner, il eſt fam.

Lôïemineu lambin, ine, ſ. Celui ou celle qui agit très-lentement, c’eſt une lambine.

Loïen lien, ſ. m. Ce qui ſert à lier, le lien d’une gerbe.

Jarretiere, ſ. f. Sorte de ruban, de courroie, de tiſſu dont on lie ſes bas au-deſſus ou au deſſous du genou, ſa jarretiere traîne.

Loket cadenas, ſ. m. Eſpece de ſerrure qu’on applique & qu’on ôte quand on veut, cadenas à chiffre ou à ſecret, il faut mettre un cadenas à cette porte, à cette valiſe.

Lonbardai bette ou poirée, ſ. f. Plante potagere dont les feuilles ſont extrêmement larges & ſoutenues d’une côte large & épaiſſe ; il y en a de pluſieurs eſpeces de blanches, de rouges, & de jaunes, une planche de bettes.

Lonbardiſſe aveline, ſ. f. Voy. Neuhî.

Longe longe, ſ. f. Morceau de cuir coupé en long, en forme de courroie, de laniere, ce cheval marche ſur ſa longe.

Rêne, ſubſt. f. Courroie de la bride d’un cheval, il y a une rêne de rompue.

Longiné lambiner, v. n. Voy. lôïeminé.

Muſer, v. n. Mot dont on ſe ſervoit autrefois, pour dire, s’arrêter à toute autre choſe qu’à ce que l’on avoit à faire ; & il ſe diſoit proprement des valets, qui au lieu de faire leurs commiſſions, s’amuſoient à cauſer, à boire, &c. il n’eſt plus guere en uſage.

Longineu muſard, muſarde, adject. Qui s’arrête, qui s’amuſe par-tout, il eſt muſard, il eſt du diſcours fam.

Lonhai pelote, ſ. f. Peloton, ſ. m. Eſpece de boule que l’on forme en dévidant du fil, de la laine, de la ſoie, &c. on emploie tant de pelotons de fil à faire cette toile.

Loſſe cuiller à pot, ſ. f. Uſtenſile de cuiſine ſervant à dreſſer le potage, & à divers autres uſages.

Il y a auſſi des cuillers dont les artiſans ſe ſervent pour les uſages particuliers de leur art, faire fondre du plomb dans une cuiller de fer.

Gâche, ſ. f. Spatule avec quoi les pâtiſſiers manient leurs farces.

Maraud, ſ. m. Terme d’injure & de mépris, coquin, c’eſt un franc maraud, il ſe dit quelque-fois en badinant & en plaiſanterie comme la plupart des autres termes d’injures.

Loſtreie poliſſonnerie, ſubſt. f. Action, paroles contre la décence, plaiſanterie baſſe, dire des poliſſonneries.

Lotte loutre, ſ. f. Animal amphibie, grand à-peu-près comme un renard, mais plus bas de jambe, la loutre dépeuple les étangs.

Loûïâ lendore, ſ. de t. g. Un homme lent & pareſſeux, qui ſemble toujours aſſoupi, c’eſt un lendore, c’eſt une grande lendore, il eſt populaire.

Loukî regarder, voir, v. a. Connoître par les yeux, être vis-à-vis ; ces deux maiſons ſe regardent, cette Maiſon voit ou regarde ſur la riviere, ſur le jardin.

Loukî avou l’bok â lâge bayer, v. n. Tenir la bouche ouverte en regardant long-temps quelque choſe, il ne fait que bayer pendant tout le jour, on dit bayer aux corneilles, pour dire, s’amuſer à regarder en l’air niaiſement.

Loumrotte ardent, ſ. m. Certaine exhalaiſon enflammée, qui paroît fort proche de terre & ordinairement le long des eaux & pendant l’automne, on voit ſouvent des ardens dans les marais.

Furolles, ſ. m. pl. Exhalaiſons enflammées qui paroiſſent quelquefois ſur terre & ſur mer.

Lûgnî bornoyer, v. a. Regarder d’un ſeul œil une ſurface, pour juger de ſon alignement.

Mirer, v. a. Regarder avec attention l’endroit où l’on veut que porte le coup d’une arme à feu, d’une arbalete, &c. mirer le but, mirer ſon gibier, il ſe met auſſi abſolument, après avoir bien miré, il n’approcha pas ſeulement du but.

Viſer, v. n. Regarder un but pour y adreſſer un coup de pierre, d’arme à feu, &c. il viſoit à ce but-là, il ne viſe nulle part.

Lûre luire, v. n. Jetter, répandre de la lumiere, quand le ſoleil luit.

On dit fig. voilà un rayon d’eſpérance qui nous luit.

Luré leurrer, v. a. Il ſignifie fig. attirer quelqu’un par quelque choſ e dont on lui fait naître l’envie pour le tromper, il s’eſt laiſſé leurrer par de belles eſpérances.

Lusket, luſſe, louche, bigle, adj. de t. g. Qui a la vue de travers il eſt louche, il a un œil louche, une femme bigle, il eſt bigle.