Dictionnaire wallon-français (Cambresier)/Section complète - M

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chez J.F. Bassompierre (p. 110-123).

M.

Madrai putois, ſ. m. Eſpece de belette, il eſt plus grand que la fouine, il a le col plus étroit, le ventre plus large, la queue & les cuiſſes plus noires & les côtés plus roux avec un double rang de poils, dont les uns ſont courts & roux & les autres plus longs & noirs, ſa mauvaiſe odeur l’annonce par-tout où il eſt.

Mâ d’ſain haut-mal, mal-caduc, ſ. m. Convulſion irréguliere de tout le corps ou de quelque partie, qui ſaiſit ſubitement & fait tomber le malade, il tombe du mal-caduc, du haut-mal.

Magni s’blan pan d’van s’neûr, on dit fam. & fig. qu’une perſonne a mangé ſon pain blanc le premier, pour dire, que le commencement de ſa vie a été plus heureux que la ſuite.

Mâgrii (s’) maugréer, v. n. Déteſter, jurer ; il jure, il maugrée, il eſt populaire.

Se dépiter, v. réc. Se fâcher, ſe mutiner, il ſe dépite contre le jeu.

Il eſt quelquefois actif, comme dans ces phraſes, cette rébuſſade le dépita, ne dépitez pas cet enfant.

Mâhaitî cacochyme, adj. de t. g. Mal-ſain, de mauvaiſe complexion, cela ne ſe dit proprement que du corps humain, quand il eſt plein de mauvaiſes humeurs & toujours ſujet à quelque infirmité, un corps cacochyme.

Mahî mêler, v. a. Brouiller enſemble pluſieurs choſes, mêler des grains enſemble.

On dit mêler le vin, pour dire mettre des vins de diverſes ſortes enſemble, frélater le vin.

On dit en termes de jeu, mêler les cartes & ſimplement mêler, pour dire, battre les cartes, c’eſt à vous à mêler.

Mélanger, v. a. Faire un mélange d’une choſe avec une autre, ou de pluſieurs choſes enſemble, ce cabaretier mélange ſon vin.

Frélater, v. a. mêler quelque drogue dans le vin pour le faire paroître plus agréable à la vue & au goût, comme font les cabaretiers.

On dit fig. & fam. qu’une choſe n’eſt pas frélatée, pour dire, qu’on n’a rien fait pour la rendre plus belle en apparence qu’elle ne l’eſt en effet.

Mahré machurer, v. a. Barbouiller, noircir quelqu’un, machurer le viſage, il eſt populaire.

Barbouiller, v. a. Salir, gâter, il lui a barbouillé le viſage.

Mai huche, ſ. f. (H. s’aſpire) grand coffre de bois dont on ſe ſert principalement pour y pétrir le pain, pétrie du pain dans la huche.

Maïe mai, ſ. m. Le cinquieme mois de l’année, arbre qu’on a coupé & qu’on plante devant la porte de quelqu’un, pour lui faire honneur, planter le mai.

Mâïe mâle, ſ. m. Qui eſt du ſexe le plus noble & le plus fort, le mâle & la femelle.

On dit d’un homme fort laid, que c’eſt un laid mâle, un vilain mâle, il eſt du ſtyle fam.

Mâle eſt auſſi adjectif de tout genre, il eſt oppoſé à femelle, enfant mâle, perdrix mâle.

Maille, ſ. f. Eſpece de petit anneau dont pluſieurs enſemble font un tiſſu, les mailles d’un filet, des filets à grandes mailles.

Marne, ſ. f. Eſpece de terre graſſe & calcaire dont on ſe ſert au lieu de fumier, pour améliorer les terres en quelques pays, la marne échauffe la terre.

Chique, ſ. f. Petite boule de marbre ou de terre cuite pour des jeux d’enfants.

Mâïelé on dit, châtrer une truie, pour dire, lui faire une opération qui le mette hors d’état d’avoir des petits.

Maïet maillet, ſ. m. Marteau de bois à deux têtes, gros maillet, petit maillet.

Mailloche, ſ. f. Gros maillet de bois.

Main main, ſ. f. Partie de l’homme qui eſt au bout du bras & qui a cinq doigts, fig. faire tomber les armes des mains de quelqu’un, l’appaiſer ; avoir la main rompue à quelque choſe, faite & dreſſée à quelque choſe ; tendre la main à quelque’un, l’aider & le favoriſer ; donner la min à quelqu’un, lui donner la main droite & le lieu d’honneur, en poéſie, donner les mains à quelque choſe, y conſentir ; baiſer les mains de quelqu’un, lui faire ſes compliments ; lâcher la min à un cheval, lui lâcher la bride ; faire ſa main, piller quand on en a l’occaſion.

On dit auſſi prov. froides mains, chaudes amour.

On dit au jeu du piquet & à quelques autres jeux, qu’un homme a la main, pour dire, que c’eſt à lui à jouer le premier.

On dit au jeu du lanſquenet, qu’un homme a la main, pour dire, que c’eſt lui qui donne les cartes.

Main de papier, ce ſont vingt-cinq feuilles de papier blanc pliées enſemble, il y a vingt mains à la rame.

On appelle main, le pied de quelques oiſeaux, comme des perroquets & des oiſeaux de fauconnerie.

Maiſtri maîtriſer, v. a. Gouverner en maître, ce peuple-là ne ſe laiſſe pas maîtriſer aiſément.

On dit, maîtriſer ſes paſſions, pour dire, les domter, les vaincre.

Chevir, v. n. Venir à bout de quelqu’un, lui faire faire ce qu’on veut, on ne ſauroit chevir de cet enfant, laiſſez-le moi gouverner, j’en chevirai bien, il eſt populaire.

Makaie fromage mou, ſ. m. Caillebote, ſ. f. Maſſe de lait caillé, manger de la caillebote.

Makaſſe penaud, penaude, adj. Embarraſſé, interdit, quand on lui dit cela, il demeura bien penaud, elle fut bien penaude, il n’a d’uſage que dans le ſtyle fam.

Makat martinet, ſ. m. Marteau qui eſt mû par la force d’un moulin.

Maké el main on dit, toucher dans la main, pour dire, mettre ſa main dans celle d’un autre en ſigne de réconciliation, d’amitié ou de concluſion de marché, &c. le marché eſt conclu, il m’a touché dans la main.

Maket fleche, ſ. f. Trait qui ſe décoche avec un arc ou une arbalete.

Boutade, ſ. f. Caprice, ſaillie d’eſprit & d’humeur, c’eſt une boutade qui lui a pris.

On dit fig. en parlant d’un homme qui ne s’adonne aux choſes que par intervalle & par boutade, qu’il ne s’y adonne que par bouffées.

Mak’té têtu, adject. Opiniâtre, qui eſt trop attaché à ſon ſens, à ſes opinions, c’eſt la femme du monde la plus têtue.

Revêche, adj. de t. g. Il ſe dit fig. des perſonnes peu traitables, rébarbatives, cet homme eſt bien revêche, bien rébarbatif.

Quinteux, euſe, adj. Fantaſque c’eſt un homme extrêmement quinteux.

Mâlâhî fâcheux, adj. Pénible, difficile, mal-aiſé, montée fâcheuſe, paſſage fâcheux.

Malette panetiere, ſ. f. Petit ſac dans lequel les bergers portent du pain en allant garder les moutons.

Bougette, ſubſt. f. Petit ſac de cuir qu’on porte en voyage.

Mâlih’nan fâcheux, adj. Malaiſé à contenter, bizarre, il eſt fâcheux dans ſon domeſtique, on ne ſait comment vivre avec lui, c’eſt un eſprit fâcheux, un naturel fâcheux.

Malin fin, adj. Habile, aviſé, ruſé, on dit prov. c’eſt un fin renard, c’eſt une fine bête, c’eſt une fine mouche, une fine piece, un fin matois.

Maliſſe fineſſe, ſ. f. Ruſe, artifice, il ſe prend preſque toujours en mauvaiſe part, je connois ſa fineſſe, il uſe de fineſſe.

On dit prov. des fineſſes couſues de fil blanc, pour dire, des fineſſes groſſieres & aiſées à découvrir.

On dit qu’un homme eſt au bout de ſes fineſſes, pour dire, qu’il a employé toutes ſortes de moyens & d’inventions pour faire réuſſir une choſe, dont pourtant il n’a pu venir à bout.

On dit, entendre fineſſe à une choſe, pour dire, donner un ſens fin & main à quelque choſe, je n’y entends nulle fineſſe.

Malton frelon, ſ. m. Sorte de groſſe mouche qui reſſemble à la guêpe, mais qui eſt beaucoup plus groſſe.

Mamuron mamelon, tetin, ſ. m. Le bout de la mamelle tant de l’homme que de la femme, cet homme a été bleſſé ſous le tetin.

Mange manche, ſ. m. La partie d’un inſtrument par où on le prend pour s’en ſervir, le manche d’un couteau.

On dit auſſi le manche d’une éclange, d’une épaule de mouton, en parlant de la partie par où on les prend pour les couper.

Manche, ſ. f. Partie du vêtement dans laquelle on met le bras, la manche d’une robe.

On dit avoir une choſe, une perſonne dans ſa manche, pour dire, en diſpoſer, en être aſſuré, il eſt du ſtyle fam.

On dit prov. & fig. C’eſt une autre paire de manches, pour dire, c’eſt une autre affaire, ce n’eſt plus la même choſe, & voici bien une autre paire de manches, pour dire, voici bien une autre affaire.

Hampe, ſ. f. (H. s’aſpire) le bois d’une hallebarde, d’une pertuiſane, d’un épieu, donner un coup de hampe.

On dit auſſi dans le même ſens, la hampe d’un pinceau.

Mangon boucher, ſ. m. Celui qui tue des bœufs, des moutons, &c. & qui les vend enſuite en détail.

Manghin’reſſe bouchere, ſ. f. La femme d’un boucher.

Manké rater, v. n. Il ſe dit d’une arme à feu qui manque à tirer, ſoit que l’amorce ne prenne point, ſoit que le coup ne parte pas.

Il ſe dit quelquefois au figuré, en parlant d’un homme qui a manqué ſon coup, & qui n’a pas réuſſi à quelque choſe qu’il avoit entrepris.

Il s’emploie auſſi activement, ainſi en parlant de deux hommes qui ſe battent à coups de piſtolet, on dit de celui dont le piſtolet à manqué en tirant ſur ſon ennemi, qu’il a raté ſon ennemi.

Il eſt auſſi actif au fig. ;& l’on dit d’un homme qui n’a pu obtenir une charge qu’il demandoit, qu’il a raté cette charge, il eſt du ſtyle fam.

Manotte manique, ſ. f. Défenſe ou couverture que certains ouvriers ſe mettent à la main, pour qu’elle puiſſe réſiſter au travail.

Manovrî manœuvre, ſ. m. Il ſignifie proprement celui qui travaille de ſes mains ; mais on ne s’en ſert qu’en parlant d’un aide à maçon, d’un aide à couvreur, &c. il a tant de manœuvres à payer par jour.

Manouvrier, ſ. m. Ouvrier qui travaille de ſes mains & à la journée.

Map nappe, ſ. f. Linge dont on couvre la table pour prendre ſes repas, mettre la nappe, lever, ôter la nappe.

On appelle nappe d’autel, le linge dont on couvre l’autel.

Maraïe marmaille, ſ. f. Nombre de petits enfants, faites taire cette marmaille, il eſt fam.

Canaille, ſ. f. On appelle quelquefois ainſi par jeu & par badinerie, de petits enfants qui font du bruit, faites taire cette petite canaille.

Mârâſe belle-mere, ſ. f. C’eſt à l’égard des enfants, la femme que leur pere a épouſée après la mort de leur mere.

Marâtre, ſ. f. Il ne ſe dit que par maniere d’injure, d’une femme qui maltraite les enfants que ſon mari a eus d’un premier lit, c’eſt une cruelle marâtre.

Il ſe dit auſſi d’une mere qui n’a point de tendreſſe pour ſes enfants, qui les traite cruellement, ce n’eſt pas une mere, c’eſt une marâtre.

Maraſſe marais, ſ. m. Terres abreuvées de beaucoup d’eaux qui n’ont point d’écoulement.

On dit prov. & fig. ſe ſauver par les marais, pour dire, ſe tirer d’embarras par de mauvaiſes raiſons.

Marécage, ſ. m. Terre dont le fonds eſt humide & bourbeux, ce ne ſont pas de bons prés, ce ſont des marécages.

Marchandé marchander, v. a. Demander le prix de quelque choſe & eſſayer d’en convenir, il a marchandé ce drap, il l’a acheté ſans marchander.

Barguigner, v. n. Conteſter pour le prix de quelque choſe.

Marchand di s’menſe grenetier, iere, ſ. celui, celle qui vend des graines, les grenetiers vendent de l’orge, des pois, des feves, des lentilles, &c.

Mârenne marraine, ſ. f. Celle qui tient un enfant ſur les fonts de baptême, cette fille porte le nom de ſa marraine.

Margoulé frélater, v. a. Voy. Mahî.

Mari (s’) errer, v. n. Se tromper, vous errez dans votre calcul, il n’y a perſonne qui ne puiſſe errer.

Mariâve mariable, adj. de t. g. qui eſt en âge d’être marié ou mariée, les filles ſont mariables à l’âge de douze ans, & les garçons à quatorze.

Marihâ maréchal, ſ. m. Artiſan dont le métier eſt de ferrer les chevaux & de les traiter quand ils ſont malades. On dit quelquefois, maréchal ferrant.

Marioleine marjolaine, ſ. f. Sorte d’herbe odoriférante, la marjolaine eſt céphalique, ſtomachique, &c.

Mark cauchemar, ſ. m. Sorte d’oppreſſion ou d’étouffement qui ſurvient quelquefois durant le ſommeil, en ſorte qu’on croit avoir un poids ſur l’eſtomac, & qui ceſſe dès qu’on vient à ſe réveiller, avoir le cauchemar, être ſujet au cauchemar.

Marké flâtrer, v. a. Il ne ſe dit que des chiens lorſqu’on leur applique ſur le front un fer chaud en forme de clef, pour les garantir de la rage, flâtrer un chien, faire flâtrer des chiens.

Markotte belette, ſ. f. Petit animal ſauvage, long, bas de jambes, de couleur rouſſe, qui a la muſeau pointu, & qui fait la guerre aux pigeons, la belette eſt entrée dans le colombier.

Mârlî marguillier, ſ. m. Celui qui a le ſoins de tout ce qui regarde la fabrique & l’œuvre d’une paroiſſe.

Marmot roquet, ſ. m. Sorte de petit chien très-commun.

Maronne gregue, ſ. f. Eſpece de haut-de-chauſſes, il eſt vieux, on ne le dit plus qu’au pluriel & dans quelques phraſes proverbiales.

Il en a dans ſes gregues, en parlant d’un homme à qui il eſt arrivé quelque perte ou quelque accident fâcheux.

Tirer ſes gregues, pour dire, s’enfuir ; & laiſſer ſes gregues en quelque occaſion, pour dire, y mourir, tous ces proverbes ſont populaires.

Mârſeg Mars, ſ. m. pl. Les menus grains qu’on ſeme au mois de Mars, comme ſont les orges, les avoines, les millets, &c. le temps a été bon pour les Mars de cette années, s’il ne pleut, tous les Mars ſont perdus.

Mârſupin maſſepain, ſ. m. Sorte de pâtiſſerie faite avec des amandes pilées & du ſucre, maſſepain glacé.

Mârtai di ſpéceu épinçoir, ſ. m. C’eſt le nom d’un gros marteau fendu en angle par les deux bouts, qui ſert particuliérement aux tailleurs de pavé.

Martai d’maſſon décintroir, ſ. m. Eſpece de marteau dont les maçons ſe ſervent, il a deux taillants tournés en divers ſens.

Martikot ſinge, ſ. m. Animal à quatre pieds fort ſouple & fort agile, & celui des animaux qui reſſemble le plus extérieurement à l’homme.

On dit d’un homme extrêmement laid, qu’il reſſemble à un ſinge, qu’il eſt laid comme un ſinge.

On dit d’un homme fort agile & fort ſouple de ſon corps, qu’il eſt adroit comme un ſinge.

Marmot, ſ. m. Eſpece de ſinge qui a une barbe & une longue queue, laid comme un marmot.

Sagouin, ſ. m. Sorte de petit ſinge, il ſe dit fig. & fam. d’un homme mal-propre, & dans ce ſens il ſe peut dire au féminin, c’eſt une ſagouine.

Maſtik maſtic, ſ. m. Certaine compoſition dont on ſe ſert pour joindre, coller & enduire quelques ouvrages, il faut coller cela avec du maſtic.

Futée, ſ. f. Eſpece de maſtic compoſé de ſciures de bois & de colle forte, propre à boucher les fentes & les trous des pieces de bois.

Matiére pus, ſ. m. Sang corrompu, matiere corrompue qui ſe forme dans les parties où il y a inflammation, contuſion, plaie, &c. dès qu’on lui eut donné un coup de lancette, le pus ſortit en abondance.

Bourbillon, ſ. m. Pus épaiſſi qui ſort d’un apoſtême, d’un clou, d’un javar, quand le bourbillon eſt ſorti on eſt tout d’un coup ſoulagé.

Matte moite, adj. de t. g. Qui a quelque humidité, qui eſt un peu mouillé ; ces draps ne ſont pas bien ſéchés, ils ſont encore moites, durant le dégel, les murailles ſont moites.

Madré, adj. Il ſignifie au figuré, ruſé, raffiné, matois, il s’employe auſſi ſubſtantivement, c’eſt une madrée, il eſt du ſtyle fam.

Matteûr moiteur, ſ. f. Humidité, qualité de ce qui eſt moite, il faut chauffer ces draps pour en ôter la moiteur.

Mâva fâché, adj. Qui eſt en colere, qui a du chagrin, cet homme a toujours l’air fâché.

Mâvaſté dépit, ſ. m. Fâcherie, chagrin mêlé de colere, faire quelque choſe par dépit, ou de dépit.

Mâvi merle, ſ. m. Oiſeau qui a le plumage noir & le bec jaune, ſiffler un merle.

On dit prov. pour marquer qu’on ne croit pas qu’une choſe ſe puiſſe faire, ſi vous faites cela je vous donnerai un merle blanc.

Mâvlé (s’) ſe dépiter, v. réc. Se fâcher ou agir par dépit, il s’eſt dépité de ce que vous lui avez dit, il ſe dépite contre le jeu.

On dit prov., ſe dépiter contre ſon ventre, quand par chagrin ou par débit on ſe prive de manger.

On dit auſſi fig., ſe dépiter contre ſon ventre, pour dire, faire par dépit & par chagrin une choſe qui peut nous nuire.

Se cabrer, v. réc. Il ſignifie fig. s’emporter de dépit ou de colere, on ne lui ſauroit dire un mot qu’il ſe cabre, ne lui dites pas cela, vous le ferez cabrer.

Maweurre mûr, mûre, adj. Il ne ſe dit proprement que des fruits de la terre, & ſignifie qui eſt en ſaiſon d’être cueilli ou mangé, épis mûrs, du fruit qui devient mûr.

On le dit auſſi du vin quand il n’a plus de verdeur, & qu’il eſt en boite.

On dit fig. d’un apoſtême qu’il eſt mûr, pour dire, qu’il eſt prêt à crever, à percer, ou qu’il eſt temps de l’ouvrir.

On dit prov. il faut attendre à cueillir la poire, qu’elle ſoit mûre, pour dire, qu’il ne faut point précipiter une affaire, & qu’on doit attendre qu’elle ſoit en état d’être faite, d’être conclue.

Mawri mûrir, v. n. Devenir mûr, les raiſins mûriſſent en automne.

Il eſt quelquefois actif, & ſignifie rendre mûr, le ſoleil du midi mûrit les fruits.

Il ſe dit fig. des affaires, au neutre, & des perſonnes tant au neutre qu’à l’actif, il faut laiſſer mûrir cette affaire, c’eſt un eſprit qui mûrira avec le temps, cela lui a fort mûri le jugement.

On dit prov. & fig. qu’avec le temps & la paille, les nefles mûriſſent, pour dire, qu’il y a un certain point de maturité qu’il faut attendre dans toutes les affaires, auſſi bien que dans les fruits.

Médî panſer, v. a. Lever l’appareil d’une plaie, d’une bleſſure ; appliquer les choſes néceſſaires à une plaie, le chirurgien vient le panſer deux fois par jour, ſa plaie n’a pas été bien panſée.

Meh’né glaner, v. a. Faire des glanes des épis de blé ramaſſés après la moiſſon, cette payſanne a glané plus d’un ſetier de blé durant l’août.

Meh’neû glaneur, glaneuſe, ſ. Celui ou celle qui glane, il y a bien des glaneurs & des glaneuſes dans ce champ.

Mehon glane, ſ. f. Poignée d’épis que l’on ramaſſe dans le champ après que le blé en a été emporté, ou que les gerbes ſont liées, groſſe glane.

Glanage, ſ. m. Action de glaner, le glanage n’eſt permis qu’après que les gerbes ont été levées.

Melai litron, ſ. m. Certaine meſure contenant la ſeizieme partie d’un boiſſeau.

Melaie pommier, ſ. m. L’arbre qui porte des pommes, planter un pommier.

Mél’koir, on dit prendre, ſaiſir un homme à fois de corps, pour dire, le prendre, le ſaiſir par le milieu du corps.

Menne mine, ſ. f. La contenance que l’on tient, on dit prov. faire bonne mine à mauvais jeu ; pour dire, diſſimuler adroitement & cacher le mécontentement que l’on a, le mauvais état où l’on eſt.

On dit, faire la mine à quelqu’un, pour dire, lui témoigner qu’on eſt mal content de lui, qu’a-t-il donc à nous faire la mine.

Mine, ſ. f. Lieu où ſe forment les métaux, les minéraux.

Menton d’daw’dawe, on appelle menton de galoche, un menton long, pointu & recourbé, il eſt du ſtyle fam.

Merlin fendoir, ſ. m. Outil qui ſert à fendre, à diviſer.

Mervïeu émerveillé, part. du verbe émerveiller.

Mervii émerveiller, v. a. Donner de l’admiration, étonner, cela a émerveillé tout le monde, il n’a guere d’uſage que dans le paſſif, tout le monde en a été émerveillé.

On s’en ſert auſſi au réc., & il ſignifie avoir de l’admiration, s’étonner, ne vous en émerveillez pas, il n’a guere d’uſage que dans le ſtyle fam.

Meſconte mécompte, ſ. m. Erreur de calcul dans un compte, j’ai recompté ce ſac, il y avoit du mécompte.

Meskenne chambriere, ſ. f. Servante de perſonnes de petite condition, une chambriere qui cherche condition.

Meskeure plaindre, v. act. On dit, plaindre ſa peine, ſon temps, ſes pas, &c. pour dire, employer ſa peine, ſon temps, &c. avec répugnance & à regret, il ne faut point plaindre ſa peine pour ſes amis.

On dit qu’un homme ne plaint point l’argent, la dépenſe, pour dire, qu’il dépenſe volontiers.

On dit, qu’un homme plaint le pain à ſes gens, l’avoine à ſes chevaux, & l’on dit, qu’il plaint le pain que ſes gens mangent, qu’il plaint juſqu’aux habits qu’il donne à ſes enfants, pour dire, que ſon avarice fait qu’il a regret aux dépenſes les plus néceſſaires.

On dit auſſi qu’un homme ſe plaint toutes choſes, pour dire, que par avarice il ſe paſſe des choſes les plus néceſſaires.

Meskin meſquin, ine, adj. Chiche, taquin, qui fait une dépenſe au-deſſous de ſon bien & de ſa condition, il ſe dit auſſi de tout ce qui concerne la dépenſe, lorſqu’elle eſt trop au-deſſous du bien & de la qualité de celui qui la fait, cet homme eſt ſi meſquin que… Il n’y a rien de ſi meſquin.

On dit qu’un homme a l’air meſquin, ma mine meſquine, pour dire, qu’il a l’air pauvre, ou la mine baſſe.

Meskin’reie meſquinerie, ſ. f. Epargne ſordide, avez-vous jamais vu une plus grande meſquinerie.

Meſplat méplat, ate, adj. Qui a plus d’épaiſſeur que de largeur.

Meſplî néflier, ſ. m. L’arbre qui porte les nefles.

Meſſe nefle, ſ. f. Sorte de fruit qui a pluſieurs noyaux, dont la peau eſt de couleur griſâtre & qui n’eſt bon à manger que quand il eſt amolli par le temps, nefle molle.

On dit prov. avec le temps & la paille, les nefles mûriſſent, pour marquer, qu’on vient à bout de bien des choſes avec du ſoin & de la patience.

Meſſe d’annaie on appelle bout de l’an, le ſervice qui ſe fait pour un mort un an après le jour de ſon décès, faire le bout de l’an d’un tel, j’ai aſſiſté à ſon bout de l’an.

Meſſeg meſſage, ſ. m. Charge, commiſſion de dire quelque choſe, voulez-vous mander quelque choſe ?

Je ferai votre meſſage, je ferai mon meſſage moi-même.

Meſſage ſe prend auſſi pour la choſe que le meſſager eſt chargé de dire, c’eſt lui qui portoit les meſſages.

Meſſegî meſſager, ſ. m. Celui qui eſt établi pour porter ordinairement les paquets d’une ville à une autre, portez ce paquet au meſſager, meſſager à pied, à cheval, meſſager avec une charrette.

Meſſager ſignifie auſſi celui qui fait un meſſage, qui vient annoncer quelque choſe, ſoit de lui-même, ſoit envoyé par autrui, je lui ai envoyé meſſager ſur meſſager.

Meſſegreſſe meſſagere, ſ. f.

Meſteurre méteil, ſ. m. Froment & ſeigle mêlés enſemble, un ſetier de méteil, ſemer du méteil.

On appelle paſſe-méteil, le blé dans lequel il y a deux tiers de froment contre un tiers de ſeigle, c’eſt du paſſe-méteil.

Meſtourné on dit, qu’un homme eſt tout contrefait, qu’il a la taille toute contrefaite, pour dire, qu’il a la taille toute gâtée, toute difforme.

Mette â pî d’pourſai bourſiller, v. n. Contribuer chacun d’une petite ſomme pour quelque dépenſe, il n’y avoit pas aſſez d’argent, il fallut encore bourſiller, il eſt du ſtyle fam.

On dit, faire un pique-nique, ſouper à pique-nique, faire un repas à pique-nique, &c. pour dire, faire un repas où chacun paye ſon écot.

Mette de rin ramer, v. a. Soutenir des pois ou quelque autre choſe de même ſorte, avec de petites rames qu’on plante en terre, ramer des pois, en ce pays-là on rame le lin.

Prov. en parlant de quelqu’un qui veut faire une choſe qu’il ne ſait nullement faire, on dit, qu’il s’y entend comme à ramer des choux.

Mette è l’amidon empeſer, v. a. accommoder le linge avec de l’empois, empeſer un mouchoir, cela n’eſt pas bien empeſé.

Mette l’ent-deû décharpir, v. a. Séparer avec force des perſonnes qui ſe battent, il eſt populaire.

Mette li janbe, donner le croc-en-jambe ; c’eſt mettre de telle ſorte ſon pied entre les jambes de quelqu’un qu’on le faſſe tomber.

Mette li mark Flâtrer, v. a. Appliquer ſur le front d’un chien un fer chaud pour le préſerver de la rage, faire flâtrer des chiens.

Mette ſe breſſe â coſté, on dit populairement & par raillerie, tenir, mettre avoir la main ſur les rognons, pour dire, ſur les hanches, cette harengere mit la main ſur ſes rognons en diſant mille injures.

Mette ſi deu ente l’ouhe & l’poſtai, on dit, prov. & fig., il ne faut pas mettre le doigt entre le bois & l’écorce, pour dire, qu’il ne faut pas s’ingérer dans les démêlés entre proches, comme mari & femme, frere & ſœur.

Michot pain mollet, ſ. m. Sorte de petit pain blanc.

Mollet de la jambe, ſ. m. Le gras de la jambe.

Mîette miette, ſubſt. f. Il ſe dit proprement de toutes les petites parties qui tombent du pain, quand on le coupe, ou qui reſtent quand on a mangé.

Mihe-mahe micmac, ſ. m. intrigue, manigance, pratique ſecrete pour quelque mauvaiſe vue, on ne connoît rient à tout ce micmac, il y eut bien du micmac dans cette affaire, il eſt du ſtyle fam.

Mie, ſ. f. Toute la partie du pain qui eſt entre deux croutes, il n’a plus de dents, il ne mange plus que de la mie.

Minon chats, ſ. m. pl. Il ſe dit des folles fleurs de certains arbres, entr’autres des noyers, des coudriers, des ſaules, &c.

Miol moelle, ſubſt. f. ſubance graſſe qui eſt contenue dans la concavité des os, ſucer la moelle d’un os.

On appelle auſſi moelle, le dedans de certains arbres, comme le figuier, le ſureau, de la moelle de ſureau.

Mîſe hydromel, ſ. m. Sorte de breuvage fait d’eau & de miel, faire de l’hydromel.

Miſuette ſouriceau, ſ. m. Le petit d’une ſouris, un ſouriceau.

tas, ſ. m. Monceau, amas de quelque choſe, faire un tas de gerbes, de pommes, &c.

Mohe mouche, ſ. f. Sorte de petit inſecte qui a des ailes.

On dit prov. qu’on prend plus de mouches avec le miel qu’avec du vinaigre, pour dire, qu’on gagne plus de gens par la douceur, que par la dureté & la rigueur.

On dit prov., faire d’une mouche un éléphant, pour dire, exagérer extrêmement une choſe fort légere & cela ne ſe dit ordinairement que d’une petite faute lorſqu’on la releve beaucoup au-delà de ce qu’elle mériteroit.

Lumignon, ſ. m. Le bout de la mêche d’une bougie ou d’une chandelle allumée ; en mouchant la chandelle, le lumignon eſt tombé.

Mohe d’Eſpagne véſicatoire, ſ. m. Emplâtre qui fait venir des veſſies, il faut lui appliquer un véſicatoire.

Mohet épervier, ſ. m. Sorte d’oiſeau de proie.

Emouchet, ſ. m. Nom du mâle de l’épervier, on le nomme auſſi tiercelet ainſi que tous les mâles des oiſeaux de proie diurnes.

Mohinette maiſonnette, cabane, cahute, ſ. f. Petite loge, hute, ce n’eſt pas une maiſon ce n’eſt qu’une cahute, &c.

Mohon moineau, paſſereau, ſubſt. Petit oiſeau de plumage gris, qui aime à faire ſon nid dans des trous de muraille, un moineau à gorge noire.

On dit proverb. qu’un homme tire ſa poudre aux moineaux, quand il emploie pour des bagatelles ſon crédit, ſes amis, ſon argent dont il auroit pu ſe ſervir utilement pour des choſes importantes.

Friquet, ſ. m. Moineau de la plus petite eſpece.

Môïe meule, ſ. f. Monceau ou pile de foin qu’on fait dans les prés, faire une groſſe meule.

Môïelé bloquer, v. a. Il ſignifie, remplir de moilon & de mortier le vide entre les pierres.

Lanterner, lambiner, muſer, voy. lôïeminé & longiné.

Moih’nai rhume, ſ. m. Fluxion cauſée par une humeur âcre, qui ordinairement excite la toux, & rend la voix enrouée, ſon rhume commence à ſe mûrir.

Moïou moyeu, ſ. m. Cette partie du milieu de la roue où l’on emboîte les rais, & dans le creux de laquelle entre l’eſſieu, l’eſſieu eſt hors du moyeu.

Moyeu, ſ. m. Jaune d’œuf.

Moir-boi on appelle bois mort, tout arbre ſéché ſur pied, & mort bois, certaines ſortes d’arbres de peu d’uſage & de ſervice, comme marſaux, épines, ronces, genêts, &c.

Moir-papî papier brouillard, ſ. m. Certain papier qui boit, & qui eſt ordinairement de couleur griſe ou feuille-morte.

Papier fluant, ſ. m. Qui n’eſt pas collé.

Moir-poïeg duvet, ſubſt. m. Il ſignifie fig. le premier poil qui vient au menton & aux joues des jeunes gens.

Poil folet, ſ. m. Eſpece de petit coton qui vient avant la barbe aux endroits où elle a accoutumé de croître, le poil folet commence à lui venir.

Il ſignifie auſſi le duvet des petits oiſeaux.

Moir-teiant morfil, ſ. m. Certaines petites parties d’acier preſque imperceptibles qui reſtent au tranchant d’un couteau, d’un raſoir, &c. lorſqu’on les a paſſés ſur la meule ; & qu’il faut achever d’emporter pour ſe pouvoir ſervir utilement ou du couteau ou du raſoir, ôter le morfil, un raſoir va mieux la ſeconde fois qu’on s’en ſert, parce que la premiere fois le morfil n’eſt pas encore tombé.

Moirtî mortier, ſ. m. mêlange de terre, de ſable ou de ciment avec de l’eau ou avec de la chaux éteint dans l’eau, mortier de terre, mortier à chaux & à ſable, faire du mortier.

Motiâve bis-blanc, adj. Moitié blanc, du pain bis-blanc.

Moké (s’) railler, v. a. Plaiſanter quelqu’un, le tourner en ridicule, c’eſt un homme qui raille tout le monde, mais il ne peut ſouffrir qu’on le raille.

Railler eſt auſſi neutre ; & alors il ſe dit tant des perſonnes que des choſes, railler de quelqu’un, il raille des choſes les plus ſaintes.

Il ſignifie auſſi quelquefois ſimplement, ne parler pas ſérieuſement, badiner, on ne ſait s’il raille, ou s’il parle ſérieuſement, tout en raillant, cela pourroit bien être.

Il eſt auſſi réc. dans la même acception, ne penſez pas vous railler, cela pourroit bien arriver, ne voyez-vous pas qu’il ſe raille ? Il eſt du ſtyle fam.

Il ſignifie auſſi au réciproque, ſe moquer, vous vous raillez de moi, c’eſt ſe railler du monde, que de faire de pareilles propoſitions.

Se rire, v. réc. Se moquer, je me ris de ſes menaces, riez-vous en tant qu’il vous plaira.

Rire, v. n. Railler, badiner, ne parler pas tout de bon, témoigner qu’on ne tient point compte, qu’on ne ſe ſoucie point de quelqu’un ou quelque choſe, tout en riant, il n’a pas laiſſé de lui dire ſes vérités, il rit de toutes les remontrances qu’on lui fait.

On dit, rire au nez de quelqu’un, pour dire, ſe moquer de quelqu’un en face, il eſt fam.

Mokion mouchure, ſ. f. Il n’eſt en uſage qu’en cette phraſe, mouchure de chandelle, qui ſignifie, le bout du lumignon d’une chandelle, lorſqu’on l’a mouchée.

Morve, ſubſt. f. excrément viſqueux qui ſort par les narines, la morve lui ſort du nez.

Morveau, ſubſt. m. Morve plus épaiſſe & plus recuite, jetter un gros morceau, c’eſt un mot déſagréable à entendre, & dont on évite de ſe ſervir.

Mol mule, ſ. f. Pantoufle, il n’eſt plus guere en uſage en parlant des hommes que lorſqu’ils s’agit de la pantoufle du Pape ſur laquelle il y a une croix, baiſer la mule du Pape.

Il ſe prend plus ordinairement pour ſignifier l’eſpece de chauſſure ſans quartier dont les femmes ſe ſervent, mules brodées, mules de velours.

Mol mou, molle, adject. Qui cede facilement au toucher, il eſt oppoſé à dur, ce lit eſt mou, de la cire molle.

Blêche, adject. de t. g. Terme d’injure, qui ſignifie un homme mou, qui n’a point de fermeté, & qui n’a point la force de tenir les paroles qu’il donne, c’eſt un homme bien blêche.

On l’emploie auſſi ſubſtantivement, c’eſt un blêche, il eſt du ſtyle fam.

Molet, on dit le mollet de la jambe, pour dire le gras de la jambe.

Moleurre moulure, ſ. f. Parties éminentes de différentes formes qui ne ſervent d’ordinaire que pour orner des ouvrages d’architecture & de menuiſerie.

Cannelure, ſ. f. Eſpece de petits canaux, creuſés ſur des colonnes ou des pilaſtres, la canelure orne bien un colonne.

Cadre, ſ. m. (On écrivoit autrefois quadre.) Bordure de bois, de marbre, de bronze, &c. dans laquelle on enchaſſe des tableaux, des eſtampes, des bas-reliefs, &c. un beau cadre, un cadre bien ſculpté.

Molin moulin, ſ. m. Machine à moudre du grain, &c. moulin à vent, moulin à tan, moulin à poudre, moulin à huile, moulin à café.

Rouet, ſ. m. Machine à roue, qui ſert à filer, un rouet à filer de la ſoie, du chanvre, de la laine, rouet à filer de la corde.

Molin d’veultrî tire-plomb, ſ. m. Rouet qui ſert à filer le plomb qu’on emploie aux vitres.

Molowe morue, ſ. f. Eſpece de poiſſon de mer fort connu, morue fraîche, ou morue verte, pêcher de la morue.

On appelle une poignée de morues, deux morues jointes enſemble.

Mon quand on joue à pair & à non, on dit je retiens non, pour dire, que l’on devine que le nombre des pieces de monnoie que l’on tient dans la main, eſt impair.

Montaie eſcalier, ſ. m. La partie du bâtiment qui ſert à monter & à deſcendre, le palier, le repos d’un eſcalier.

Montée, ſ. f. Petit eſcalier d’une petite maiſon, nettoyer, balayer une montée, il n’eſt en uſage que parmi le peuple.

Montée ſignifie auſſi l’endroit pour où on monte à une éminence, &c. la montée de ce coteau eſt rude, fort roide, elle eſt douce, aiſée.

Il ſignifie auſſi l’action de monter, ainſi on dit, les chevaux ont ordinairement plus de peine à la deſcente qu’à la montée.

Monteu échalier, ſ. m. Clôture d’un champ faite avec des branches d’arbres, pour en fermer, l’entrée aux beſtiaux.

Mori mourir, v. n. ceſſer de vivre.

On dit, qu’on a fait mourir un homme, pour dire, qu’il a été exécuté à mort par autorité de juſtice.

On dit, mourir tout en vie, pour dire, mourir d’une maladie vive & prompte, être emporté par la violence du mal, lorſqu’on a encore toute la force & la vigueur que l’on avoit en ſanté.

On dit prov. mourir d’une belle épée, pour dire, ſuccomber ſous un ennemi à qui il eſt glorieux de céder.

On dit, qu’un homme mourra dans ſa peau, pour dire, qu’il ne changera jamais ſes mauvaiſes habitudes, il eſt fam.

On dit quand on demande des aſſurances de quelque choſe par écrit, on ne ſait qui meurt, ni qui vit.

Mourir ſe dit auſſi des arbres & de certaines choſes dont le mouvement finit peu à peu, le froid, la ſéchereſſe fait mourir les arbres, laiſſez mourir un ſabot, le boulet de canon vient mourir là, ce feu mourra ſi on n’y met du bois.

Mourir eſt auſſi réciproque ; & alors il ſignifie, être ſur le point de mourir : mais en ce ſens il ne ſe dit guere qu’au préſent & à l’imparfait de l’indicatif, je me meurs, il ſe mouroit.

Moriâne more, noire, negre, ſ. m. Moreſque, négreſſe, ſ. f.

Moſſai mouſſe, ſ. f. Eſpece de petite herbe fort épaiſſe & fort menue, qui s’engendre ſur les terres ſablonneuſes, ſur les toits, ſur les pierres & ſur des arbres, ſe coucher ſur la mouſſe.

On dit prov. & fig., pierre qui roule n’amaſſe point de mouſſe, pour dire, qu’un homme qui change ſouvent de condition & de profeſſion, n’acquiert point de bien.

Brion, ſ. m. Mouſſe qui croît ſur l’écorce des arbres, & particuliérement ſur celle des chênes.

Moſſe moule, ſ. f. Petit poiſſon enfermé dans une coquille de forme oblongue.

Montre, ſ. f. Portion, morceau de quelque choſe, que l’on montre, pour faire voir de quelle nature eſt le reſte, voilà une montre de blé, de pruneaux.

Il ſe dit auſſi de ce que les marchands expoſent au-devant de leur boutique, pour montrer quelle ſorte de marchandiſe ils ont à vendre, tout cela n’eſt mis, n’eſt pendu là que pour la montre.

On dit, que la montre des blés eſt belle, pour dire, que de la maniere qu’ils pouſſent, on peut eſpérer une abondante moiſſon.

On dit prov. belle montre peu de rapport, pour dire, que la perſonne, la choſe dont on parle a beaucoup d’apparence & peu de ſolidité, que l’effet ne répond pas aux apparences, cet homme paroît ſage, paroît riche, il n’eſt rien moins que cela ; c’eſt belle montre & peu de rapport.

Échantillon, ſ. m. Petit morceau de quelque choſe que ce ſoit, qui ſert de montre pour faire connoître la piece, la piece ne ſe rapporte pas à l’échantillon.

On dit prov. & fig. juger de la piece par l’échantillon.

Moſteie fourchette, ſ. f. Il ſignifie en termes de lingere, cette partie de la manchette qui garnit l’ouverture de la manche d’une chemiſe d’homme.

Moſtré monter, v. a. Indiquer, faire voir, montrez-moi l’homme dont vous parlez, le lui ai montré mon cabinet.

On dit fig. montrer quelqu’un au doigt, pour dire, ſe moquer de lui comme d’un perſonne décriée ou ridicule, & l’on dit, qu’il ſe fait montrer au doigt, pour dire, que c’eſt un homme qui ſe fait moquer de tout le monde.

On dit fig., & populairement, montrer les dents à quelqu’un, pour dire, lui faire voir qu’on ne le craint point, & qu’on eſt en état de ſe bien défendre, ils le vouloient maltraiter, mais il leur a bien montré les dents.

Montrer ſignifie auſſi enſeigner, montrer le latin, montrer à lire, à écrire, à danſer, &c.

Il ſe dit auſſi abſolument, ce maître montre fort bien, il montre en ville, il montre à vingt écoliers.

Motte teigne, mite, ſ. f. Inſecte qui ronge les étoffes, les livres, &c.

Moudreu d’agheſſe ou d’agueſſe pie-grieche, ſ. f. C’eſt une pie plus petite que les autres, qui eſt fort criarde, & qui a le bec & les ongles crochus comme un oiſeau de proie.

Moudri meurtrir, v. a. Tuer, il eſt vieux aujourd’hui ; on ne s’en ſert que pour ſignifier, faire une contuſion, il eſt tout meurtri de coups.

Aſſaſſiner, v. a. Tuer de guet apens, de deſſein formé, en trahiſon, il l’aſſaſſina au coin d’une haie.

Il ſe dit auſſi par extenſion, pour dire, outrager, excéder de coup en trahiſon, ils ſe mirent quatre ſur lui & ils l’aſſaſſinerent de coups.

Moudri contus, uſe, adj. Terme de chirurgie, meurtri, froiſſé ſans être entamé. Il ne ſe dit qu’en parlant des chairs, des muſcles, une partie contuſe.

Mouhin balourd, de, f. Terme de mépris, qui ſe dit d’une perſonne groſſiere & ſtupide, c’eſt un vrai balourd, une grande balourde.

Mouïeu mouilloir, ſ. m. Petit vaſe dont les femmes ſe ſervent pour y mouiller le bout de leurs doigts en filant leur quenouille, un mouilloir d’étain.

Moulette molette, ſ. f. Morceau de marbre taillé ordinairement en cône dont la baſe eſt unie, & qui ſert à broyer des couleurs ou autres corps, ſur le marbre, &c.

Caillette, ſ. f. La partie du chevreau, agneau, veau, &c. qui contient la préſure à cailler le lait.

Moulton molleton, ſ. m. Sorte d’étoffe de laine très-douce & très-mollette, une veſte doublée de molleton.

Moûre moudre, v. a. Je mouds, tu mouds, il moud, nous moulons, je moulois, je moulus, je moudrai, qu’il moule, moulu, moulant. Broyer, mettre en poudre par le moyen de la meule, moudre du froment, des feves.

Il ſe dit quelquefois abſolument pour moudre du blé, le moulin n’a pas aſſez d’eau, il ne peut moudre que ſix mois de l’année.

Traire, v. a. Je trais, tu trais, il trait, nous trayon, vous trayez, ils traient, je trayois, j’ai trait, je trairai, trais, trayez, que je traie, tirer, le lait en parlant de certaines femelles d’animaux, traire les vaches, traire une âneſſe.

Mouſſette lacs, ſ. m. Nœud coulant propre pour prendre des oiſeaux, des lievres & autres gibiers.

Mouſs’ è four cagou, ſ. m. Homme qui vit d’une maniere obſcure, & meſquine, qui n veut voir ni hanter perſonne, c’eſt un cagou, il vit comme un cagou, il eſt bas.

Mouſs’ è l’oreie perce-oreille, f. m. Sorte de petit inſecte long & menu, un perce-oreille.

Mouſſî habiller, v. a. Vêtir quelqu’un, mettre un habit à quelqu’un. Un valet de chambre qui habille ſon maître, le prêtre s’habille ſon maître, le prêtre s’habille pour aller à l’autel.

On dit d’un homme qui n’eſt pas encore tout-à-fait habillé, qu’il n’eſt pas encore achevé d’habiller.

Se fourrer, v. réc. Entrer en quelque endroit.

On dit, prov. d’un homme qui a fait ou dit quelque choſe de mal-à-propos, & qui en a de la confuſion, il eſt ſi honteux, qu’il ne ſait où ſe fourrer, pour dire, qu’il ne ſait où ſe cacher.

Mouteurre mouture, ſ. f. Le ſalaire que prend le meunier, ce meunier prend tant pour ſa mouture.

On dit, prov. & en mauvaiſe part, tirer d’un ſac deux moutures, pour dire, prendre double profit d’une même affaire, ſe faire payer deux fois d’une même choſe.

Moutonne tiretaine, ſ. f. Drap tiſſu groſſiérement, moitié laine, moitié fil, une cotte de tiretaine.

Mouwai, mouwal muet, muette, adj. Qui ne peut parler par quelque empêchement naturel, ou par quelque accident, il eſt muet comme un poiſſon.

On dit, fam. d’une perſonne qui parle hardiment ou qui parle beaucoup, qu’elle n’eſt pas muette.

Mowe moue, ſ. f. grimace que l’on fait par dériſion ou par mécontentement, faire la moue, faire la moue à quelqu’un.

Muré (s’) ſe mirer, v. réc. Se regarder dans quelque choſe qui rend l’image, qui renvoie la reſſemblance des objets qu’on lui préſente, ſe mirer dans l’eau, mirez-vous.

On dit, on ſe mireroit dans ce parquet, pour dire, qu’il eſt fort uni & fort luiſant, on ſe mire dans ſa vaiſſelle, pour dire, qu’elle eſt très-nette & très-claire.

Muſai muſeliere, ſ. f. Ce qu’on met à quelques animaux pour les empecher de mordre, ou de paître, mettre une muſeliere à un veau pour l’empêcher de teter.

Muſſe morne, adj. de t. g. Triſte, penſif, mélancolique, il a le viſage morne, il eſt penſif & morne.

Muſtage mouſtache, ſ. f. Barbe qu’on laiſſe au-deſſus de la levre d’en-haut, mouſtache retrouſſée, relever la mouſtache.

On appelle auſſi mouſtache, les poils que les chats, les lions & quelques autres animaux ont autour de la gueule.

Muſtai tibia, ſ. m. Terme d’anatomie, emprunté du latin, c’eſt le nom de l’os intérieur de la jambe.