Dictionnaire wallon-français (Cambresier)/Den

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chez J.F. Bassompierre (p. 36-37).
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Den dent, ſ. f. On diſtingue les dents, en dents molaires, qui ſont les groſſes dents, qui ſervent à broyer les aliments, en dents canines, qui ſont les dents pointues qui ſervent à inciſer les aliments, & en dents inciſives, qui ſont les dents de devant qui ſont faites pour couper les aliments, les dents molaires s’appellent auſſi groſſes dents, dents machelieres ou machelieres, on appelle ſurdent, une dent qui vient hors de rang ſur une autre ou entre deux autres dents, il lui eſt venu une ſurdent qu’il faut arracher, dent creuſe, dent cariée, les dents percent à cet enfant, les dents lui viennent, claquer des dents, les dents lui claquent, grincer les dents. On appelle dents de lait, les premieres dents qui viennent aux enfants & qui tombent vers ſept ou huit ans.

On appelle auſſi dents de ſageſſe, les quatre dernieres molaires qui viennent entre vingt & trente ans.

On dit ordinairement que la plupart des enfants meurent aux dents, pour dire, qu’ils meurent, quand les dents leur viennent.

Fig. & fam. n’avoir pas de quoi mettre ſous ſa dent, c’eſt n’avoir pas de quoi vivre.

Manger de toutes ſes dents, c’eſt manger vîte & beaucoup.

Prendre le frein aux dents, le mords aux dents, ſe dit au propre d’un cheval qui s’emporte, on le dit fig. pour dire, ſecouer le joug de la regle, de la loi, de la bienſéance, il ſe dit auſſi de celui qui après avoir négligé quelque temps ſon devoir ou ſes affaires, s’y porte enſuite avec ardeur, il étudie à préſent comme il faut, il a pris le mords aux dents.

Montrer les dents à quelqu’un, c’eſt lui réſiſter, lui faire tête, lui témoigner par des réponſes fermes & accompagnées de menaces, qu’on ne veut pas ſouffrir davantage de lui.

Rire du bout des dents, c’eſt s’efforcer de rire & n’en avoir pas envie.

Donner un coup de dent à quelqu’un, c’eſt médire de lui, dire quelque mot qui l’offenſe, qui le pique.

On dit fig. d’un homme qui ne donne qu’avec peine, que quand on lui demande quelque choſe, il ſemble qu’on lui arrache une dent.

On dit prov. en parlant d’une choſe qu’il eſt impoſſible de faire, que c’eſt vouloir prendre la lune avec les dents, qu’on prendroit plutôt la lune avec les dents.

On dit prov. avoir une dent contre quelqu’un, pour dire, avoir de l’animoſité contre quelqu’un. Et avoir une dent de lait contre quelqu’un, pour dire, avoir une ancienne animoſité contre lui.

On dit prov. & fig. pour dire qu’une perſonne ne doit pas prétendre à une choſe, qu’il n’en tâtera, qu’il n’en caſſera, qu’il n’en croquera que d’une dent.

On dit prov. & fig. pour montrer qu’on ne ſe met point en peine de quelque choſe de fâcheux & qu’on ne laiſſera pas d’agir comme à l’ordinaire, qu’on n’en perdra pas un coup de dent.

On dit prov. & fig. d’une perſonne qui mange beaucoup & à qui on préſente peu de choſe à manger, qu’il n’y en a pas pour ſa dent creuſe.

On dit fig. parler des groſſes dents, pour dire, parler fortement à quelqu’un, ſans garder de meſures.

Dent ſe dit auſſi de pluſieurs choſes qui ont des pointes & qui ſont faites à peu près en forme de dent. Les dents d’un peigne, d’une ſcie, d’une herſe, d’un râteau, d’une rouge d’horloge.