Dictionnaire wallon-français (Cambresier)/Deu

La bibliothèque libre.
chez J.F. Bassompierre (p. 38).
◄  Dette

Deu doigt, ſ. m. (On ne prononce point le g.) partie de la main ou du pied de l’homme. Le gros doigt, les doigts du pied, faire craquer les doigts, compter par ſes doigts, compter ſur ſes doigts. Il ne s’en falloit qu’un travers de doigt que le coup ne fût au cœur. Cette ſauce eſt excellente on s’en leche les doigts.

Il ſe dit de quelques animaux. La main, les doigts du ſinge. Doigt de canard, de bécaſſe, &c.

Doigt ſe prend auſſi pour marquer une petite meſure qui contient à peu près l’épaiſſeur d’un pouce. La riviere eſt crue de quatre doigts. En ce ſens on dit, un doigt de vin. Donnez-moi un petit doigt de vin.

On dit prov. & fig. d’un homme dont on ſe moque publiquement, qu’on le montre au doigt.

Toucher à quelque choſe du bout du doigt. En être bien proche. On dit dans le même ſens, être à deux doigts de ſa ruine, pour dire, être proche de ſa ruine.

Donner ſur les doigts. Châtier, faire ſouffrir quelque peine, quelque dommage, quelque confuſion. On dit au même ſens, il a eu ſur les doigts.

Se mordre les doigts de quelque choſe, s’en repentir.

Avoir de l’eſprit au bout des doigts, être adroit aux ouvrages de la main. Et cet homme a de l’eſprit juſqu’au bout des doigts, pour dire, qu’il fait paroître de l’eſprit juques dans les plus petites choſes.

On dit encore d’une perſonne qui a deviné quelque choſe de ſecret & de caché, qu’elle a mis le doigt deſſus.

On dit de deux perſonnes extrêmement unies d’amitié, ils ſont comme les deux doigts de la main. Ce ſont les deux doigts de la main.

On dit d’un homme qui fait fort bien quelque choſe par mémoire, qu’il le fait ſur le bout du doigt.

On dit fig. être ſervi ou doigt & à l’œil, pour dire, être ſervi ponctuellement.

On dit toucher au doigt, faire toucher au doigt, au doigt & à l’œil, pour dire, voir, faire voir évidemment.

On dit qu’une montre va au doigt & à l’œil, pour dire, qu’elle eſt fort mauvaiſe & qu’elle a beſoin qu’on touche ſouvent à l’aiguille pour la mettre ſur l’heure qu’elle doit marquer.

On dit aux enfants, pour leur faire croire qu’on fait la vérité de quelque choſe, qu’ils ne veulent pas dire, mon petit doigt me l’a dit.