Dictionnaire wallon-français (Cambresier)/Oûïe

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chez J.F. Bassompierre (p. 129-130).

Oûïe œil, ſ. m. L’organe de la vue, (on le prononce comme s’il y avoit un u entre l’e & l’i, & qu’il fût écrit œuil,) il fait au pluriel yeux, avoir les yeux creux, enfoncés, les yeux rudes, hagards, les yeux battus, effarés, chaſſieux, je n’ai pas fermé l’œil.

On dit qu’un homme a des yeux d’aigle, des yeux de lynx pour dire qu’il voit, qu’il decouvre les objets de loin.

On dit auſſi fig. qu’un homme a de bons yeux, pour dire qu’il a de la pénétration dans les affaires, qu’il n’eſt pas aiſé de le tromper, & qu’il a des yeux d’argus, pour dire, qu’il eſt fort vigilant, qu’il obſerve toutes choſes, & que rien n’échappe à ſon attention.

On dit par un proverbe tiré de l’évangile, qu’un homme voit une paille dans l’œil de ſon prochain, & qu’il ne voit pas une poutre dans le ſien, pour dire, qu’on s’apperçoit aiſément des défauts d’autrui quelque légers qu’ils puiſſent être, & que la plupart du temps on ne voit pas les ſiens, quelque grands qu’il ſoient.

On dit avoir l’œil à quelque choſe, ſur quelque choſe, pour dire, en avoir ſoins, y veiller, & avoir l’œil ſur quelqu’un, pour dire, prendre garde à ſa conduite.

On dit prov. que l’œil du maître engraiſſe le cheval, pour dire que quand un maître a ſoin de prendre garde à ce qui ſe paſſe dans ſon domeſtique, tout en va mieux.

On dit prov. en parlant des accidents communs de la vie, autant nous en pend à l’œil, pour dire, qu’il nous en peut arriver autant.

Oûïe aujourd’hui, adv. de temps qui ſignifie le jour où l’on eſt.