Dictionnaire wallon-français (Cambresier)/Section complète - F

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chez J.F. Bassompierre (p. 62-74).

F.

faux, ſ. f. Inſtrument dont on ſe ſert pour couper l’herbe des prés, les avoines ; & qui conſiſte en une grande lame d’acier, large de trois doigts ou environ, un peu courbée, & emmanchée au bout d’un long bâton, rebattre une faux.

faux, fauſſe, adj. Qui eſt contraire à la vérité, qui eſt feint & contrefait, cela eſt faux, faux cheveux, fauſſe fenêtre.

On dit d’un homme qui, dans le deſſein de tromper, affecte de bons ſentiments, que c’eſt un homme faux.

On dit fig. & fam., en parlant d’un homme à qui il ne faut pas ſe fier, que c’eſt une fauſſe lame, une fauſſe piece.

Fâ-boi flache, ſ. f. Terme de charpenterie, c’eſt dans une piece de bois ce qui paroît de l’endroit où étoit l’écorce.

Fâ-frai faux frais, ſ. m. pl. Les frais d’un procès qui n’entrent point en taxe ; & généralement toutes les petites dépenſes, outre les dépenſes principales.

Factôtom factoton, ſ. m. Celui qui ſe mêle de tout dans une maiſon, il eſt du ſtyle fam. & ne ſe dit guere qu’en dénigrement, les valets haïſſent fort les factotons.

Fâfilé faufiler, baguer, bâtir, v. a. Faire une fauſſe couture à longs points, & en attendant qu’on en faſſe une autre à demeure, on n’a fait que faufiler cet habit pour l’eſſayer, cette jupe n’eſt pas couſue, elle n’eſt que bâtie, il faut baguer avant que de coudre.

Fafoïe bégueule, ſ. f. Terme injurieux qui ſe dit d’une femme ridicule, impertinente, avantageuſe, cette fille, cette femme eſt une vraie bégueule.

Fafouï farfouiller, v. n. Fouiller dans quelque choſe avec déſordre & en brouillant, il amis tous mes papiers en déſordre, en farfouillant dans mon armoire.

Fafouïeu pédant, ſ. m. qui affecte trop d’exactitude, trop de ſévérité dans les bagatelles, & qui veut aſſujettir les autres à ſes regles, on ne ſauroit vivre avec cet homme, c’eſt un vrai pédant.

Vétilleur, chipotier, ſ. m. Qui s’attache aux minuties qui s’en occupe, & y donne trop d’attention.

Fahe bande, ſubſt. f. Morceau d’étoffe long & délié dont on ſe ſert pour emmaillotter un enfant.

Ceinture, ſ. f. Il ſe dit du bord d’en haut d’une culotte, faire élargir, faire rétrécir la ceinture d’une culotte.

Fahenne fagot, ſubſt. m. aſſemblage ou faiſceau de menus bois propre, à allumer le feu.

Faſcine, ſ. f. Gros fagot de branchages dont on ſe ſert pour combler des foſſés, &c. accommoder des mauvais chemins avec des faſcines.

Fahette maillot, ſ. m. Les couches, les langes, & les bandes dont on enveloppe un enfant en nourrice, il étoit encore au maillot.

Fahî emmaillotter, v. a. Mettre un enfant dans ſon maillot, les Sauvages n’emmaillottent point les enfants.

Fâhin fraiſil, ſ. m. Cendre du charbon de terre dans une forge.

Faïé difficile, fâcheux, adject. Mal-aiſé à contenter, bizarre, peu traitable, cet homme eſt fort difficile, il eſt fâcheux dans ſon domeſtique, cette femme eſt ſi fâcheuſe qu’on ne ſait comment vivre avec elle.

Fain-d’chin boulimie, ſubſt. f. Grande faim, fréquente & avec défaillance.

Faim canine, ſ. f. Maladie dans laquelle on a toujours faim, ſans ſe pouvoir raſſaſier.

Faïne faîne ou fouene, ſ. f. Le fruit du hêtre, les pouceaux engraiſſés de faîne.

Fâſſet fauſſet, ſ. m. Une petite broche de bois ſervant à boucher le trou que l’on fait à un tonneau pour goûter le vin ou quelque autre liqueur qui eſt dedans, tirer du vin au fauſſet.

Faſſoneu façonnier, iere. adj. Qui eſt incommode par trop de cérémonies, par trop d’attention & de circonſpection dans de petites choſes, que vous êtes façonnier : cette femme eſt trop façonniere.

Fat trouſſe, ſ. f. Faiſceau de pluſieurs choſes liées enſemble, trouſſe de linge mouillé, trouſſe de fourrage, trouſſe de ſoin.

Fatte mou, adj. Qui n’a point de vigueur, cet homme eſt mou au travail ; on dit que le temps eſt mou, pour dire, qu’il eſt relâché.

Favette fauvette, ſubſt. f. Petit oiſeau qui chante agréablement, un nid de fauvettes, fauvette à tête noire.

Féve, ſ. f. Il y a pluſieurs ſortes de féves ; celles dont il s’agit ici ſont preſque rondes, de couleur griſe ou rougeâtre ; ce ſont celles que l’on donne aux cheveaux, & que l’on fait moudre pour employer à pluſieurs beſoins.

Fawe hêtre, fouteau, ſubſt. m. (H. s’aſpire) grand arbre qui porte une ſorte de fruit qu’on appelle faîne, le hêtre ſert à divers ouvrages de menuiſerie.

Fawenne fouine, ſ. f. Eſpece de groſſe belette, qui étrangle les petits oiſeaux, les poulets, les pigeons, &c. la fiente de fouine ſent le muſc.

Fé-aiwe faire eau, v. a. On dit d’un bateau & d’un vaiſſeau, qu’ils font eau, pour dire, que l’eau y entre au travers du bois, ou par les fentes & les jointures.

corwaie on dit, aller à faux en quelque endroit, pour dire manquer d’y trouver ce qu’on cherche, ſi vous y allez à cette heure là, vous le trouverez, ne craignez pas d’y aller à faux.

Fé del pône peiner, v. a. Donner de la peine, fatiguer, cauſer du chagrin, de l’inquiétude, cette nouvelle m’a beaucoup peiné, ce travail vous peinera trop, votre ſituation me peine extrêmement.

Fé inne creu & cramat quand on voit arriver quelque choſe à quoi on ne s’attendoit pas, on dit prov. & populairement, qu’il faut faire une croix à la cheminée.

Fé inne hipette, on dit d’une fille qui s’eſt laiſſé corrompre, qu’elle a forfait à ſon honneur, qu’elle a fait un faux bond à ſon honneur ; & dans le ſtyle fam. & par plaiſanterie, qu’elle a forligné : on dit auſſi prov. & fig. qu’elle a laiſſé aller le chat au fromage.

Fé l’aouſſe moiſſonner, v. a. Faire la récolte des blés & autres grains & les ſerrer, moiſſonner les fromens, les avoines.

Fé le catruſem catéchiſer, v. a. Inſtruire des Myſteres de la Foi & des principaux points de la religion Chrétienne, catéchiſer les enfants.

Fé le din lon agacer les dents, v. a. Cauſer aux dents une eſpece de ſentiment déſagréable & incommode, tel qu’eſt celui que cauſent les fruits verts & acides, quand on les mange.

Fé le fog on dit faire les cornes à quelqu’un pour dire, faire par dériſion avec deux doigts un ſigne qui repréſente les cornes, il lui fit les cornes.

Fé lequance on dit, faire mine, faire ſemblant de… il fit mine d’aller à la campagne, il fait ſemblant de dormir, d’être fâché.

On dit auſſi, faire ſemblant que… faites ſemblant que cela vous plaît, que c’eſt là votre avis.

On dit, ne faire ſemblant de rien, pour dire, avoir attention à ne rien dire, à ne rien faire qui puiſſe donner à connoître ce que l’on penſe, le deſſein qu’on a, ſi vous voulez réuſſir dans cette entrepriſe, obſervez ce qui ſe paſſe ſans faire ſemblant de rien.

Fende fendre, v. a. Diviſer, la trop grande ſechereſſe fend la terre, fêler, v. a. Voyer glacé.

Fé paſſé maiſe, on dit fig. et prov., qu’on a paſſé maître, qu’on a fait paſſer maître quelqu’un, pour dire, qu’on a dîné, qu’on a ſouper ſans lui, il eſt du ſtyle fam.

Fé ſi r’get reſſuer, v. n. Laiſſer ſortir, rendre une humidité intérieure, les murs neufs reſſuent pendant quelque temps.

Fé ſô enivrer, v. a. (Prononcez annivrer) rendre ivre, il l’a enivré.

Il eſt auſſi réc. Il s’eſt enivré à ce repas.

Fé ſoiſante faire pic, terme du jeu de piquet, qui ſe dit lorſque celui qui a la main, compte juſqu’à trente en jouant les cartes, avant que celui contre qui il joue ait pu rien compter ; & alors on compte ſoixante points au lieu de trente, faire pic, faire pic & capot.

Fé v’ni l’aiwe albok, lorſqu’on parle de quelque choſe à manger, & que la maniere dont on en parle excite une eſpece d’envie & de deſir dans ceux qui écoutent, on dit, que l’eau en vient à la bouche, que cela fait venir l’eau à la bouche : la même choſe ſe dit fig. de tout ce qui eſt agréable & qui donne quelque idée de plaiſir.

Feine axonge, ſ. f. Partie de la graiſſe des animaux, on diſtingue dans les animaux trois ſortes de graiſſes ; le lard qui eſt la graiſſe ferme ; le ſuif qui eſt la graiſſe ſeche ; & l’axonge qui eſt la graiſſe la plus molle & la plus humide, l’axonge humaine eſt regardée comme un très-bon remede.

Panne, ſ. f. Graiſſe de porc qui n’eſt ni battue ni fondue, un cochon maigre qui n’a preſque point de panne, on a fait tant de livres de graiſſe de la panne de ce cochon.

On dit fig. et par plaiſanterie d’un homme extrêmement gras, qu’il a deux doigts de panne.

Fenâhe fenaiſon, ſ. f. La ſaiſon où l’on coupe les foins, le temps de la fenaiſon.

Fené faner, v. a. Tourner & retourner l’herbe d’un pré fauché, pour la faire ſécher, faner l’herbe d’un pré, voilà un beau temps pour faner.

Fen’reſſe faneuſe, ſ. f. Celle qui fane les foins, payer les faneuſes.

Feri frapper, v. a. Donner un ou pluſieurs coups, frapper quelqu’un, le frapper avec un bâton.

Férir, v. act. Vieux mot qui n’eſt plus en uſage qu’en cette phraſe, ſans coup férir, pour dire, ſans rien haſarder, on a remporté la victoire ſans coup férir.

Ferluket freluquet, ſ. m. Il ſignifie un homme léger, frivole & ſans mérite, ce n’eſt qu’un freluquet, il eſt du ſtyle fam.

Feute foie, ſ. m. Partie du corps animal qui eſt au-deſſus du diaphragme, du côte droit, il a le foi brulé.

Féve haricot, ſ. m. (H. s’aſpire) plante qui produit des grains un peu longs & épais, la plupart blanc, les autres noirs, les autres rouges ou marquetés, qu’on nomme haricots, féves de haricot, féveroles, faſéoles & en quelques provinces, féves de Rome.

Fiâſe gendre, ſ. m. Celui qui a épouſé la fille de quelqu’un, & à qui l’on donne ce nom par rapport au pere & à la mere de la fille, prendre n gendre, choiſir quelqu’un pour gendre.

On dit prov., quand la fille eſt mariée, il y a aſſez de gendres, pour dire, qu’il ſe préſente aſſez de gens qui l’auroient épouſée

On le dit auſſi par extenſion de toutes ſortes d’autres affaires quand après les avoir faites on trouve encore de nouvelles occaſions de les faire, dont on ne peut plus profiter.

Fiemtai ſerpette, ſ. f. Petite ſerpe qui ſert à tailler la vigne, à émonder les arbres & à d’autres uſages, emmancher une ſerpette.

Fiermain ſerpe, ſ. f. Inſtrument de fer large & plat qui eſt recourbé vers la pointe, emmanché de bois, & dont on ſe ſert pour couper du bois, pour émonder des arbres, étêter des arbres avec une ſerpe.

Fierr’ â châſe broche, ſ. f. Verges de fer dont on ſe ſert à tricoter en les faiſant paſſer dans le fil ou dans la laine pour former les mailles.

Fierr’ a quatte din fouene, ſ. f. Terme de pêche, fer à quatre ou cinq piquants au bout d’un bâton.

Fierr’ a riſtende fer, ſ. m. Inſtrument de fer pour repaſſer le linge, paſſer le fer ſur un rabat, ſur une dentelle.

Fierr’ a treu din fichure, ſ. f. Eſpece de trident avec lequel on darde le poiſſon dans l’eau.

Fierr’ â waf gaufrier, ſ. m. Une machine de fer dans laquelle on fait cuire des gaufres.

Fierre di feu grille ou grille de feu, ſ. f. Uſtenſile de cuiſine qui eſt fait de pluſieurs barreaux de fer mis enſemble à quelque diſtance l’un de l’autre, & qui ſert à contenir le feu.

Fierre di preſſe carreau, ſ. m. Sorte de fer à repaſſer, dont les tailleurs ſe ſervent pour rabattre les coutures des habits.

Fieſtî feſtoyer, feſtiner, v. a. Bien recevoir quelqu’un, le bien traiter & lui faire bonne chere, feſtoyer ſes amis, feſtiner quelqu’un, il ſont fam.

On dit prov. & fig. d’une perſonne qui n’a ni crédit ni autorité, c’eſt un ſaint qu’on ne fête point.

On dit fig. d’un homme qui eſt bien reçu par-tout, auquel on fait beaucoup d’accueil, c’eſt un homme bien fêté

Chômer v. a. Fêter, ſolemniſer un jour en ceſſant de travailler, chômer ce jour-là.

On dit prov. Il ne faut point chômer les fêtes avant qu’elles ſoient venues, pour dire, qu’il ne faut point ſe réjouir, faire éclater ſa joie pour une choſe qui n’eſt point encore arrivée, on dit encore en ce ſens, quand la fête ſera venue, nous la chômerons.

Careſſer, flatter, v. a. Faire des careſſes. Careſſer un enfant, careſſer un chien, flatter un cheval avec la main, le chien flatte ſon maître.

Fignieſſe fenêtre ſ. f. Ouverture faite dans une muraille pour donner du jour, & le bois & le vitrage dont elle eſt garnie, regarder par la fenêtre.

On dit prov. d’un prodique qu’il jette tout par les fenêtres, & d’un importun dont on ne peut ſe défaire, que l’on a peine à chaſſer, ſi vous le faites ſortir par la porte il rentrera par la fenêtre.

Fignieſſe di boi contrevent, ſ. m. Sorte de volet de bois, qui s’ouvre & qui ſe ferme par le dehors des fenêtres, faire mettre des contrevenants à toutes les fenêtres d’un logis, il faut raccommoder ce contrevent.

Filé filer, v. a. Faire du fil, filer au fuſeau, filer au rouet, filer du lin.

On dit prov. & fig. qu’un homme file ſa corde, pour dire, qu’il fait des actions qui iront à le faire pendre.

On dit poétiquement, que les parques, que les deſtinées filent une belle vie, filent de beaux jours à quelqu’un, pour dire, que c’eſt un homme qui mene une vie glorieuſe, une vie heureuſe.

On dit prov. & par dériſion d’un homme qui fait l’amoureux tranſi, qu’il file le parfait amour.

Filer eſt auſſi neutre ; & alors il ſignifie courir lentement, cette liqueur file. Ce vin commence à s’engraiſſer, il file.

On dit fam. Filer doux, pour dire, ſe comporter avec douceur, avec modeſtie, avec ſoumiſſion, cet homme faiſoit le fanfaron, mais il fut obligé de filer doux.

Filet Filet, ſ. m. Fil délié, petit fil, on dit d’une perſonne qui eſt à l’extrémité, que ſa vie ne tient plus qu’à un filet.

Filet ſignifie auſſi le ligament élaſtique & muſculeux qui paroit ſous la langue pour peu qu’on en leve la pointe en ouvrant la bouche.

On dit d’un enfant, qu’il a le filet, c’eſt une façon de parler peu exacte, mais devenue commune, pour ſignifier que le filet de la langue de cet enfant a quelque vice dans ſa conformation, qu’il eſt ou trop long ou trop court.

On dit prov., il n’a pas le filet, pour dire, il parle beaucoup.

Fileu chambriere, ſ. f. En terme de fileuſe, petit ruban ou autre choſe pliée & attachée au haut du ſein, qui tient la quenouille en état lorſqu’on file.

Fileur, ſ. m. Celui qui file du fil, de la ſoie, du coton, &c.

Filoſenne filoſelle, ſ. f. Eſpece de groſſe ſoie ou de fleuret, des bas de filoſelle.

Fil’reſſe fileuſe, filandiere, ſ. f. Femme ou fille dont le métier eſt de filer, une habile filandiere.

Fin conte fin n’a nol dobleurre, on dit prov. Fin contre fin n’eſt pas bon à faire doublure, pour dire, que deux perſonnes également ruſées ne peuvent pas eſpérer de ſe tromper.

Fiou, fioûle filleul, filleule, ſ. Celui ou celle qu’on a tenu ſur les fonts de baptême.

Fir hautain, hautaine, adj. Glorieux, fier, avantageux, orgueilleux ; le glorieux n’eſt pas tout-à-fait le fier ni l’avantageux, ni l’orgueilleux, le fier tient de l’arrogant & du dédaigneux & ſe communique peu, l’avantageux abuſe de la moindre déférence qu’on a pour lui, l’orgueilleux étale l’excès de la bonne opinion qu’il a de lui-même, le glorieux eſt plus rempli de vanité ; il cherche plus à s’établir dans l’opinion des hommes ; il veut réparer par les dehors ce qui lui manque en effet.

Le glorieux veut paroître quelque choſe, l’orgueilleux croit être quelque choſe, l’avantageux agit comme s’il étoit quelque choſe, le fier croit que lui ſeul eſt quelque choſe & que les autres ne ſont rien. Girard.

Fiſai fuſeau, ſ. m. Petit inſtrument de bois de la longueur d’environ un demi-pied, qui eſt arrondi par-tout, fort menu par les buts, & dont les femmes ſe ſervent pour filer & tordre le fil, tourner, remplir, vider le fuſeau.

On dit prov., avoir des jambes de fuſeau, pour dire, avoir les jambes extrêmement menues.

Fuſeau ſe dit auſſi d’un autre petit inſtrument dont on ſe ſert à faire les dentelles.

Fiſaie fuſée, ſ. f. Le fil qui eſt autour du fuſeau quand la filaſſe eſt filée, vider une fuſée, ſa fuſée eſt bien embrouillée.

Fiſtou fétu, ſ. m. Brin de paille, ramaſſer un fétu.

On dit prov. d’une choſe dont on ne fait nul cas, je m’en donnerois pas un fétu, cela ne vaut pas un fétu.

Fivé fieffé, adj. Il ſe met avec des ſubſtantifs qui marquent un vice, & il ſignifie que ce vice eſt au ſuprême degré, fripon fieffé, ivrogne fieffé, coquette fieffée.

Flachî fonger, v. n. Le papier fonge, boit, l’encre le tranſperce.

Flahî verſer, v. n. Il ſe dit en parlant des blés ſur pied, lorſque la pluie ou le vent les couches s’il pleut long-temps, les blés verſeront, le grand vent fait verſer les blés.

Il eſt quelquefois actif, l’orage a verſé les blés.

Fouailler, v. a. Donner ſouvent de grands coups de fouet, ce cocher ne fait que fouailler ſes chevaux, il eſt du ſtyle fam.

Flairi puer, v. n. Ce verbe n’a d’irrégulier que le ſingulier du préſent de l’indicatif, je pus, tu pus, il put, ſentir mauvais, ce verbe n’a d’uſage qu’à l’infinitif, au préſent, à l’imparfait & au futur de l’indicatif, & au futur du ſubjonctif, cette viande commence à puer, ces perdrix puent, il puoit, cet homme put beaucoup, ſon haleine put, cela puera, ſi vous gardiez cette viande plus long-temps elle pueroit.

On dit fig. & prov. d’un homme qui ſent fort mauvais, qu’il put comme un rat mort, comme un bouc, comme une charogne, comme la peſte.

Puer ſe conſtruit quelquefois à la maniere des verbes actifs, ainſi on dit qu’un homme put le vin, pour dire, qu’il ſent extrêmement le vin, on dit qu’une choſe put le muſc, pour dire, qu’elle a une odeur de muſc exceſſive & incommode, la même choſe ſe dit de toutes les bonnes odeurs, lorſqu’elles ſont trop violentes.

On dit d’un homme dégouté de viande, de vin, &c. que la viande lui put, que le vint lui put, & fig. dans le même ſens, le jeu, la danſe, qu’il eſt rebuté, qu’il eſt dégouté de ces ſortes de plaiſirs.

On dit prov. quand on ſe trouve obligé de nommer quelque choſe de puant ou de ſale, parole ne put point ou paroles ne puent point.

Flamiahe brandon, ſ. m. Il ſe dit des corps enflammés qui s’élevent d’un incendie, les vents pouſſoient des brandons qui portoient par-tout l’incendie.

Flammeche, ſ. f. Petite parcelle d’une matiere combuſtible qui s’éleve en l’air toute enflammée, étincelle de chandelle, il ne faut qu’une petite flammeche pour cauſer un grand embraſement.

Flamron fumeron, ſ. m. Morceau de charbon de bois qui n’eſt pas aſſez cuit, & qui jette encore de la flamme, petit charbon qui fume.

Flatte di vage bouſe ou bouze, ſ. f. Fiente de bœuf ou de vache, mettez de la buſe de vache dans le pied de ce cheval.

Flatté flagorner, v. n. Flatter ſouvent en faiſant des rapports, il va flagorner aux oreilles de ſon maître, il eſt fam.

Pateliner, v. n. Agir en patelin, il ne va point droit, il ne fait que pateliner.

Il eſt quelquefois actif & ſignifie ménager adroitement l’eſprit d’un homme dans la vue de quelque intérêt, il a ſi bien ſu pateliner ces gens-là, qu’il les a fait venir à ſes fins, il eſt du diſcours fam.

Flatter, v. a. Louer exceſſivement dans le deſſein de plaire, de ſéduire, tromper en déguiſant la vérité, ou par foibleſſe ou par une mauvaiſe crainte de déplaire.

Il ſignifie auſſi fig., traiter avec trop de douceur & de ménagement ce qui a beſoin d’être traité d’une autre maniere, c’eſt entretenir une plaie que de la flatter.

Flatteu flatteur, euſe, adj. Qui loue avec excès pour plaire à celui qu’il loue.

Patelineur, euſe, adj. & ſ. Celui, celle qui tâche de faire venir les autres à ſes fins par des manieres ſouples & artificieuſes, c’eſt une grande patelineuſe.

Flagorneur, euſe, adj. & ſ. Qui flagorne, fam.

Flâwi tomber en foibleſſe, en ſyncope, en défaillance.

Flâw’té défaillance, ſ. f. Foibleſſe, évanouiſſement, pamoiſon, tomber en défaillance, il lui a pris une défaillance.

Syncope, ſ. f. Défaillance ſoudaine de cœur, foibleſſe qui prend ſubitement, tomber en ſyncope.

Flibotte, effondrilles, ſ. f. pl. Les parties groſſieres qui reſtent au fond d’un vaſe dans lequel on a fait cuire ou infuſer quelque choſe, le bouillon eſt plein d’effondrilles.

Fondrilles, ſ. f. pl. Ordures qu’on trouve dans les vaiſſeaux mal rincés ou dans les eaux mal propres.

On dit fig. d’une viande bouillie qui eſt trop cuite & comme réduite en filets, qu’elle eſt en charpie.

Flîme charpie, ſ. f. Amas de petits filets tirés d’une toile uſée & dépécée, faire de la charpie, la charpie ſert à mettre dans les plaies, dans les ulceres.

Flog flocon, ſ. m. Petite touffe de neige, il tomboit de la neige par gros flocons, à gros flocons.

Houppe, ſ. f. (H. s’aſpire) Aſſemblage de pluſieurs filets de laine ou de ſoie liés enſemble comme par bouquets, la houppe d’une ceinture, mettre des houppes à des chevaux de carroſſe, une houppe à poudrer.

Freluche, ſ. f. Petite houppe de ſoie ſortant d’un bouton, du bout d’une gance, ou de quelque autre ouvrage, bouton à freluche, gance à freluche.

Floïai fléau, ſ. m. Inſtrument qui eſt compoſé de deux bâtons d’inégale longueur, attachés l’un au bout de l’autre avec des courroies, & qui ſert à battre le blé, les gerbes ſont ſous le fléau.

Floïon flan, ſ. m. Sorte de tarte compoſée de farine, de beurre, d’œufs & de crême.

Floket nœud, ſ. m. Prononcez nœu, enlacement fait de quelque choſe de pliant comme ruban, ſoie, &c.

Fontange, ſ. f. Nœud de ruban que les femmes portent ſur leur coiffure.

Florette maille, ſ. f. Certaine tache ronde qui vient ſur la prunelle de l’œil & qui offuſque la vue. Il lui eſt venu une maille à l’œil.

Flori fleurir, v. n. Pouſſer de la fleur, être en fleur ; entre les arbres, l’amandier fleurit des premiers.

Flot mare, ſ. f. Amas d’eau dormante qui ne ſert ordinairement que pour l’uſage des beſtiaux, dans ce village, on abreuve les beſtiaux à une mare, à la mare, la mare eſt à ſec.

Flotté flotter, v. n. Être porté ſur l’eau ſans aller à fond, on voyoit flotter les débris du naufrage.

Surnager, v. n. Nager deſſus, il ſe dit ſeulement des liqueurs qui étant plus légeres que l’eau ou quelqu’autre liqueur, ſe ſoutiennent deſſus ſans s’y mêler, l’huile ſurnage ſur l’eau, il s’emploie auſſi abſolument, quand on met de l’huile dans de l’eau, l’huile ſurnage.

Flouwi ſe faner, ſe flétrir, v. réc. ces deux mots different entre eux du plus au moins ; le ſecond enchérit au-deſſus du premier, une fleur qui n’eſt que fanée peut quelquefois reprendre ſon éclat ; mais une fleur flétrie n’y revient plus, la beauté comme la fleur, ſe fane par la longueur du temps, & peut ſe flétrir promptement par accident.

F’not fenouil, ſ. m. Sorte de plante aromatique, un brin de fenouil.

Il ſe prend auſſi pour la graine de la même plante.

Fog fourche, ſubſt. fém. Inſtrument de bois ou de fer avec deux ou trois branches ou pointes par le bout, une fourche de fer, de bois, une fourche à trois fourchons.

On dit, faire les cornes à quelqu’un, pour dire, faire par dériſion avec deux doigts un ſigne qui repréſente les cornes.

Fôge forge, ſ. f. Lieu où ceux qui travaillent en fer ont leurs outils, & où ils forgent le métal.

Foï bêcher, v. a. Couper & remuer la terre avec une bêche.

Foïan taupe, ſ. f. Petit animal qui a le poil noir, court & délié, qui fouille entre deux terres & y habite, le peuple croit que la taupe ne voit goutte.

Foïeté fouiller, v. a. Chercher ſoigneuſement dans les poches, dans les habits de quelqu’un, pour voir s’il n’y a pas caché quelque choſe, fouiller un voleur.

Foir fort, robuſte, adj. on eſt fort par la ſolidité & par la réſiſtance des membres, on eſt robuſte par la bonne conformation des parties qui ſervent aux fonctions naturelles, fort convient en fait de fardeaux & de tout ce qui eſt défenſe, robuſte ſe dit à l’égard de la ſanté & de l’aſſiduité au travail.

Foir-â-foir but à but, adv. Sans aucun avantage de part ni d’autre, ſon plus grand uſage eſt au jeu, jouer but à but, être but à but.

Foirci forcer, v. a. Rompre avec violence, forcer un coffre, forcer une porte.

On dit forcer une clef, forcer une ſerrure, pour dire, fauſſer quelque choſe à une clef, à une ſerrure.

Fouler, v. a. Offenſer, cette chute lui a foulé le nerf.

Treſſailli, part. On dit un nerf treſſailli, pour dire, un nerf déplacé, ſorti de ſa place par quelque effort violent.

Foirci (s’) ſe forcer, v. réc. Faire quelque choſe avec trop de force & de véhémence, ne vous forcez pas tant, vous vous ferez mal.

Foir-nouk on dit, nouer à double nœud, pour dire, à deux nœuds.

Foir-pâ ou fôr-pâ avant-pieu, ſ. m. Pinces de fer pointues, dont on ſe ſert pour planter des piquets & des échalas de treillage.

Folé marcher, v. n. On dit marcher ſur quelque choſe, pour dire, mettre le pied deſſus en marchant, vous me marchez ſur le pied, marchez à terre, prenez garde où vous marchez.

On dit fig. & fam., c’eſt un homme à qui il ne faut pas marcher ſur le pied, pour dire, qu’il eſt dangereux de le choquer.

On dit fam. d’une fille déjà grande, qu’elle marche ſur les talons de ſa mere, pour dire, qu’elle eſt déjà dans un âge où ſa mere doit ſonger à l’établir.

Fon fond, ſ. m. L’endroit le plus bas d’une choſe creuſe, il y a là un gouffre, on n’en ſauroit trouver le fond, perdre fond, trouver fond, aller au fond, à fond.

On appelle le fond du carroſſe, l’endroit qui eſt oppoſé à la glace qui eſt ſur le devant.

Fond ſe dit auſſi de cette aſſemblage de petites douves qui ferme les tonneaux & les futailles par l’un des deux bouts ou par tous les deux, on dit auſſi dans cette acception, enfonçure, ſubſt. f. Toute l’enfonçure de ce muid-là ne vaut rien.

Fond & enfonçure ſe diſent auſſi de l’aſſemblage des ais que l’on met au bois d’un lit pour en ſoutenir la paillaſſe, les matelas, une enfonçure de lit.

On dit auſſi dans cette acception, goberges, ſ. f. pl. Et fonçailles, ſ. f. pl.

Fondraie fondriere ou ravine, ſ. f. Ouverture dans la ſuperficie de la terre, faite par ravines d’eau, ou par quelque autre accident.

Ravin, ſ. m. Lieu que la ravine a creuſé, on appelle auſſi ravins, des chemins creux, quoique ce ne ſoit pas les ravines qui les aient creuſés, il y a beaucoup de ravins en ce pays-là.

Fondreie baiſſiere, ſ. f. Le reſte du vin quand il approche de la lie.

Effondrilles, fondriles, voyez flibotte.

Fécule, ſubſt. f. Sédiment qui ſe dépoſe au fond d’une liqueur trouble, qui a eu le temps de ſe dépoſer.

Fôrai fourreau, ſ. m. Gaine, étui, fourreau d’épée.

Fôraie fourrage, ſ. m. Il ſe dit de l’herbe qu’on va arracher dans les grains verds pour la nourriture des beſtiaux ; il ſe dit auſſi du foin, de la luzerne, du trefle & autres herbes qu’on conſomme en verd, on les nomme aſſez communément verdage, ſ. m. dit la maiſon ruſtique, pour les diſtinguer du fourrage, par lequel on entend ordinairement les pailles, coſſes, & herbes ſeches qu’on donne l’hiver aux beſtiaux.

Forbu fourbu, adj. Il ſe dit des chevaux qui deviennent entrepris des jambes, ſoit pour avoir trop travaillé, ſoit pour avoir bu trop tôt après avoir eu chaud. Deſſoler un cheval fourbu, cette jument eſt fourbue.

Forchou fourchu, adj. Qui ſe fourche, arbre fourchu.

Foré percer, forer, v. a. Forer n’a guere d’uſage qu’en termes de ſerrurerie, & dans ces phraſes, forer une clef, forer un canon de piſtolet.

Fôre foire, ſ. f. Grand marché public où l’on vend toutes ſortes de marchandiſes & qui ſe tient réglément en certains temps.

On dit prov. quand on voit arriver pluſieurs perſonnes dans une compagnie, la foire ſera bonne, les marchands s’aſſemblent, & on dit auſſi prov. des perſonnes qui ſont d’intelligence pour quelque affaire, qu’ils s’entendent comme larrons en foire.

Foire ſe dit auſſi du préſent qu’on fait au temps de la foire, que me donnerez-vous pour ma foire ?

Foire ſignifie auſſi, cours de ventre, des fruits qui donnent la foire, il eſt du ſtyle fam.

Fôré doubler, v. a. Joindre une étoffe contre l’envers d’une autre, doubler une caſaque.

Fourrer, v. a. Garnir de peau avec le poil, fourrer une robe de martre.

Fôreg fourrage, ſ. m. La paille & l’herbe qu’on donne l’hiver aux beſtiaux.

Provende, ſ. f. Mêlange de pois, d’avoine, de veſce, &c. qu’on donne aux brebis & aux moutons.

Foret & foreu perçoir, forêt, ſ. m. Inſtrument de fer avec lequel on perce un tonneau.

Gibelet, ſ. m. Petit forêt dont on ſe ſert pour percer un tonneau dont on veut faire l’eſſai.

Fôreurre doublure, ſ. f. L’étoffe dont une autre eſt doublée.

Fourrure, ſ. f. Peau paſſée & garnie de ſon poil, & ſervant à fourrer des habits, des robes & autres choſes ſemblables.

Forgon fourgon, ſ. m. Longue perche de bois garnie de fer par le bout, & ſervant à remuer & à accommoder le bois & la braiſe dans le four.

Fornai fourneau, ſ. m. Sorte de petit four dont on ſe ſert à divers uſages.


Fournaiſe, ſ. f. Ouvrage de maçonnerie creux & muré en forme de four, avec une bouche pour y mettre le feu.

Trémie, ſubſt. f. La partie carée d’une cheminée où s’allume le feu.

Fornaie fournée, ſ. f. La quantité de pains qu’on peut faire cuire à la fois dans un four, fournée, de pains.

On dit auſſi une fournée de chaux, une fournée de tuiles.

Forni fournil, ſ. m. (La lettre L. ne ſe prononce point) le lieu où eſt le four & où l’on pêtrit la pâte, il eſt au fournil.

Forpaï ſurpayer, v. a. Payer au-delà de la juſte valeur, cette étoffe-là ne vaut pas davantage, c’eſt la ſurpayer que d’en donner tant.

Il ſe dit auſſi des perſonnes & ſignifie, payer au-delà de ce qui eſt dû, c’eſt vous ſurpayer, vous êtes ſurpayé par-là, je ne vous donnerai rien davantage, je vous ai ſurpayé, ce mot n’eſt pas d’un grand uſage.

Foſſî fouir, v. a. Creuſer la terre, il faut fouir bien avant.

Foſſî foſſoyeur, ſ. m. Celui qui creuſe les foſſes pour enterrer les morts.

Foû de louwé luxé, part. du verbe luxer qui ſignifie faire ſortir un os de la place où il doit être naturellement, déboité ſignifie la même choſe.

Foû d’louïe foû de cour, on dit proverbialement, loin des yeux, loin du cœur, pour dire, qu’ordinairement la préſence de l’objet entretient l’amour, la bienveillance, & que l’abſence au contraire les détruit.

Fouâ brandon, ſ. m. Grand feu qu’on fait dans les rues en ſigne de joie.

On appelloit autrefois le premier dimanche de carême, le dimanche des brandons, parce que ce jour-là le peuple allumoit des feux dans les rues & dans les campagnes, & danſoit à l’entour.

Foudeurre foudre, ſ. m. Grand vaiſſeau qui contient pluſieurs muids de vin, dont on ſe ſert en Allemagne, un foudre de vin.

Fougnî fouiller, v. n. Creuſer pour chercher quelque choſe, les ſangliers, les cochons fouillent.

Vermiller, v. n. Terme de vénerie, il ſe dit des ſangliers qui fouillent la terre avec leur boutoir, les ſangliers vont vermiller dans les pacages.

Foûme forme, ſ. f. Il ſe dit du modele de bois ſur lequel on fait un chapeau, un ſoulier, mettre un chapeau en forme, mettre une forme dans un ſoulier.

Bois de lit, ſ. m. Couche, ſ. f. Tout ce qui compoſe la menuiſerie d’un lit, acheter un bois de lit, une couche de bois de noyer.

Foumî fumer, v. n. Jetter de la fumée, ce bois n’eſt pas ſec, il fume beaucoup.

On dit qu’une chambre fume, qu’une cheminée fume, pour dire, que la fumée au lieu de ſortir par le tuyau de la cheminée, ſe rabat & entre dans la chambre.

Fumer ſignifie auſſi prendre du tabac en fumée, fumer une pipe de tabac, un a fumé toute la nuit.

Foumîr fumée, ſubſt. f. Vapeur épaiſſe qui ſort des choſes brûlées ou extrêmement échauffées par le feu, un ragoût qui ſent la fumée.

On dit prov., il n’y a point de fumée ſans feu, pour ſignifier, que d’ordinaire il ne court point de bruit qui n’ait quelque fondement.

On dit auſſi, qu’il n’y a point de feu ſans fumée, pour dire, qu’on ne ſauroit s’empêcher de faire paroître une violente paſſion, quelque ſoin qu’on apporte à la cacher.

Foumouhe taupiniere ou taupinée, ſ. f. Petit monceau de terre qu’une taupe a élevé en fouillant, une prairie pleine de taupinieres.

Foû-ſquére guingois, ſ. m. Travers, ce qui n’eſt point droit, il y a un guingois dans ce jardin, on a taché de cacher le guingois de cette chambre par une cloiſon.

De guingois, adv. de travers, cette chambre-là eſt toute de guingois.

Foûr foin, ſ. m. Herbe fauchée & ſéchée pour la nourriture des chevaux & des beſtiaux.

Il ſe dit auſſi de l’herbe avant qu’elle ſoit fauchée. On coupe les foins, en ce ſens on s’en ſert ordinairement au pluriel.

Fourni fournir, v. a. Pouvoir, de choſes néceſſaires, livrer, parfaire.

Fournir ſignifie auſſi ſubvenir, contribuer en tout ou en partie, fournir à la dépenſe, aux frais.

Frâgne frange, ſ. f. Tiſſu de quelque fil que ce ſoit, d’où pendent des filets, & dont on ſe ſert pour ornement dans les habits, dans les meubles.

Fraſette manchette, ſ. f. Ornement fait de toile, de dentelle pliſſée qui s’attache au poignet de la chemiſe, manchettes empeſées, goudronnées.

Menottes, ſ. f. pl. Anneau de fer qu’on met aux poignets d’un criminel, il étoit furieux, on lui a mis les menottes.

Frawe piperie, ſ. f. Il ſe dit de toute ſorte de tromperie, de fourberie, cela ne s’eſt pas fait ſans piperie.

Fraw’tiné piper, v. a. Tromper au jeu, ils l’ont pipé & lui ont gagné tout ſon argent.

Fraw’tineu pipeur, ſ. m. Celui qui pipe au jeu, c’eſt un pipeur fieffé.

Frehe mouillé, part. du verbe mouiller, qui ſignifie rendre humide, on dit qu’un homme eſt tout trempé, a ſon habit tout trempé, pour dire, qu’il a été extrêmement mouillé.

On dit auſſi d’un homme qui a beaucoup ſué, qu’il eſt tout trempé de ſueur.

Frehiſſe gâchis, ſ. m. Saleté cauſée par de l’eau ou par quelque autre choſe de liquide, voilà bien du gâchis.

Freſſon fievre tierce, ſ. f. Fievre périodique qui revient au troiſieme jour.

Freû froid, adj. Qualité oppoſée au chaud.

On dit prov. Souffler le chaud & le froid, pour dire, louer & blâmer une même choſe, parler pour & contre.

Froid ſignifie fig. ſérieux, qui marque de l’indifférence.

On dit, faire froid, battre froid à quelqu’un, pour dire, le recevoir avec une mine moins gaie, un viſage moins ouvert qu’à l’ordinaire.

On dit, faire le froid ſur quelque choſe, pour dire, faire l’indifférent & ne témoigner nul empreſſement.

Fréve fraiſe, ſubſt. f. Eſpece de petit fruit printanier qui eſt fort agréable au goût & qui vient ſur une plante très-baſſe & très-petite qu’on nomme fraiſier, ſ. m.

Frezé, on dit picoté de petite vérole, il eſt fam. on dit, mieux avoir le viſage gravé de petite vérole ; & ſimplement, avoir le viſage marqué de petite vérole, & on dit qu’un homme eſt tout gravé de petite vérole, pour dire qu’il en eſt extrêmement marqué.

Fricaſſé frire, v. a. Faire cuire dans une poële avec du beurre roux ou du ſaindoux, ou de l’huile bouillante, frire des ſoles, frire des œufs, des côtelettes, outre l’infinitif, il n’a d’uſage qu’au ſingulier du préſent de l’indicatif, je fris, tu fris, il frit ; au futur, je frirai, tu friras, il frira, nous frirons ; à l’impératif du ſingulier, fris ; à l’imparfait du ſubjonctif, je frirois ; & aux temps formés du participe.

On dit prov. qu’il n’y a rien à frire, qu’il n’y a pas de quoi frire dans une maiſon, pour dire, qu’il n’y a rien à manger.

Fricaſſer, v. a. Faire cuire dans la poële quelque choſe après l’avoir coupé par morceaux, fricaſſer des poulets.

Fricaſſaie fricaſſée, ſ. f. Viande fricaſſée.

Friture, ſ. f. Poiſſon frit.

Frig faux feux, ſ. m. Il ſe dit en parlant d’une arme à feu, lorſque l’amorce prend, & que l’arme ne tire pas.

Froï frayer, v. n. Il ſe dit des poiſſons quand ils s’approchent pour la génération.

Frayer ſe dit au figuré, pour dire, convenir, s’accorder, ces deux hommes ne frayent pas enſemble, il eſt fam.

Froïâhe frai, ſ. m. Action de frayer, durant le frai les poiſſons ſont maigres.

Fronbâhe baie d’airelle ou de myrtille, ſ. f. Le myrtille eſt un petit arbriſſeau verd qui croît dans les bois & dans les montagnes & qui porte une petite baie molle & noirâtre.

Froûleu frileux, adj. Fort ſenſible au froid, être frileux, frileuſe.

Frudeur froideur, ſ. f. Qualité de ce qui eſt froid, la froideur de l’eau, du marbre.

Froidure, ſ. f. Le froid répandu dans l’air, la froidure de la ſaiſon.

Frugî taſſer, v. n. Terme de jardinage, s’élargir, croître, augmenter, cette girofflée a bien taſſé.

Frum’hî fourmiller, v. n. Il ſe dit d’un certain picotement entre cuir & chair qu’on ſent quelque-fois à la peau & principalement aux pieds & aux mains, toute la main me fourmille.

Frum’hin fourmilliere, ſubſt. f. Lieu où l’on ſuppoſe qu’elles mettent l’été leurs proviſions, une fourmilliere au pied d’un chêne.

Frumihe fourmi, ſ. f. Eſpece de petit inſecte qui fait ordinairement ſa demeure ſous terre.

Fruzi friſſonner ou frémir, v. n. Ils ſe diſent fig. en parlant de l’émotion, du frémiſſement que cauſent certains paſſions. Friſſonner de peur, friſſonner d’horreur, quand je ſonge au péril où je me ſuis trouvé, je friſſonne encore, je frémis quand j’y penſe.

Frémir ſe dit auſſi de l’eau & de toute autre ligueur, lorſqu’elle chauffe, & qu’elle eſt prête à bouillir, cette eau ne bout pas encore, elle ne fait que frémir.

Fruzi d’freû grelotter, v. n. Trembler de froid, entrez donc, que faites vous-là dans la rue à grelotter ? Ce pauvre enfant grelottoit de froid.

Fruzi d’jôïe treſſaillir, v. n. À chaque mot qu’on lui diſoit de ſon fils, ce bon homme treſſailloit de joie.

Fultré filtrer, v. a. Paſſer une liqueur par le filtre qui eſt du papier, du linge, de l’étoffe, &c. au travers de quoi on paſſe une liqueur que l’on veut clarifier. Filtrer de l’hipocras dans une chauffe.

Il eſt auſſi réc. L’eau ſe filtre à travers le ſable.

Fûre fuir, v. n. Il n’eſt que d’une ſyllabe, courir pour ſe ſauver d’un péril, on ne lui reprochera jamais d’avoir fui.

Fuir, v. a. Eviter, fuir le danger, fuir l’occaſion du péché.

Furtoïe freſſure, ſ. f. Il ſe dit de pluſieurs parties intérieurs de quelques animaux priſes enſemble, comme ſont le foie, le cœur & le poumon, freſſure de mouton, de veau.