Dictionnaire wallon-français (Cambresier)/Section complète - J

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chez J.F. Bassompierre (p. 97-99).

J.

Jâge aſſiſe, ſ. f. Rang de pierres ou de briques dont les purs ſont compoſés, ils ſont à la premiere, à la ſeconde aſſiſe.

Jauge, ſ. f. Sorte de meſure, meſurer avec la jauge.

Il ſignifie auſſi les tranchées que font les jardiniers lorſqu’ils fouillent la terre à trois pieds de profondeur en jettant la terre de la deuxieme jauge dans la premiere & ainſi du reſte.

Jâgô jaquette, ſ. f. Robe d’enfant, il portoit encore la jaquette, il étoit encore à la jaquette.

Dadais, ſ. m. On appelle ainſi un niais, un nigaud, un homme décontenancé, c’eſt un dadais, un grand dadais, il eſt du ſtyle fam.

Jalofrenne œillet, ſ. m. Sorte de fleur odoriférante qui fleurit au mois de Juillet, œillet ſimple, double, panaché, l’odeur de l’œillet réjouit le cerveau.

Œillet ſe prend auſſi pour la plante même, planter des œillets, lever des œillets, marcotter des œillets.

Janbî gambiller, v. n. Remuer les jambes de côté & d’autre, cela ſe dit d’ordinaire des enfans ou de fort jeunes gens, lorſqu’étant aſſis ou couchés, ils portent à tous moments leurs jambes de-çà & de-là, on ne peut emmailloter cet enfant, il ne fait que gambiller.

Gigotter, v. n. Il ne ſe dit principalement d’un animal qui ſecoue les jarrets en mourant.

Il ſe dit encore des enfants qui remuent continuellement les jambes, cet enfant ne fait que gigotter.

Jâſé jaſer, v. n. Cauſer, babiller, il ne fait que cauſer.

Il ſignifie fig. & fam. révéler quelque choſe qu’on devoit tenir ſecret, le lieutenant criminel l’a ſi bien tourné ſur tous les ſens, qu’il l’a fait jaſer.

Jaſer ſe dit auſſi des geais, des pies, des perroquets, des merles qui parlent.

Cauſer, v. n. S’entretenir familiérement avec quelqu’un, ils ont été une heure à cauſer enſemble.

Il veut dire auſſi, parler trop, parler inconſidérément, ne lui dites que ce que vous voudrez bien que toute le monde ſache ; car il aime à cauſer.

Cauſer ſignifie auſſi, parler avec malignité, n’allez pas ſi ſouvent dans cette maiſon, on en cauſe.

Jâſeu cauſeur, jaſeur, ſ. Qui parle beaucoup, ce n’eſt qu’une cauſeuſe, c’eſt une grande jaſeuſe.

Jâſpiné gazouiller, v. n. Faire un petit bruit doux & agréable, tel que celui que font de petits oiſeaux, on entend le ſoir les oiſeaux qui gazouillent.

Javai javelle, ſ. f. Pluſieurs poignées de blé ſcié, qui demeurent couchées ſur le ſillon juſqu’à ce qu’on en faſſe des gerbes, glaner entre les javelles, mettre les javelles ſur le lien.

Jet jet, ſ. m. On dit un jet de pierre, pour dire, autant d’eſpace qu’en peut parcourir une pierre qu’un homme jette de toute ſa force.

Jet ſe dit des bourgeons, des ſcions que pouſſent les arbres, les vignes, cet arbre-là a fait de beaux jets cette année.

Brout, ſ. m. On appelle ainſi ce que le bois des jeunes taillis commence à pouſſer au printemps & que les bêtes vont manger, les cerfs aiment le brout, vont au brout.

Pouſſe, ſ. f. Les jets, les petites branches que les arbres pouſſent. On appelle la premiere pouſſe, les jets qui viennent au mois de Mars & d’avril, & la ſeconde pouſſe, ceux qui viennent au mois d’Août.

Jeté a matiére ſuppurer, v. n. Jetter du pus, une plaie qui commence à ſuppurer.

Jete-feu ou bate-feu briquet ou fuſil, ſ. m. Petite piece de fer dont on ſe ſert pour tirer du feu d’un caillou.

Jeté on trai tringler, v. a. & n. Tracer ſur une piece de bois une ligne droite, avec un cordeau frotté de pierre blanche ou rouge pour la façonner.

Jônai eſſaim, ſ. m. Volée de jeunes mouches à miel qui ſe ſéparent des vieilles pour aller ailleurs, petit eſſaim, l’eſſaim s’alla poſer ſur une branche d’arbre.

Garçon, ſ. m. Celui qui n’eſt point marié, qui demeure dans le célibat, c’eſt un vieux garçon, il veut mourir garçon.

Jônai del fieſſe, on appelle garçon de la fête, chez le bas peuple, les jeunes garçons parents ou amis des mariés qui ſe parent pour danſer & faire les honneurs de la fête, paré comme un des garçons de la fête, quelquefois on les appelle valets de la fête.

Jondreſſe varlope, ſ. f. Sorte de rabot dont ſe ſert le menuiſier pour bien dreſſer le bois.

Jônlé chienner, v. n. Il ſe dit des chiennes quand elles mettent bas, une chienne qui a chienné.

Chatter, v. n. Il ſe dit d’une chatte qui fait ſes petits, une chatte qui eſt prête à chatter.

Faonner, v. n. (On prononce fanner) il ſe dit des biches, des chevrettes ou femelles de chevreuils qui mettent bas leur faon, cette biche a faonné.

Louveter, v. n. Il ſe dit d’une louve qui fait ſes petits.

Jontî chantier, ſ. m. Pieces de bois ſur quoi on poſe des muids de vin ou d’autre liqueur dans le cellier, dans la cave, il a tant de pieces de vin en chantier, ſur le chantier.

Jough’lé jacherer, v. a. Labourer des jacheres, c’eſt donner le premier labour à une terre qu’on a laiſſé repoſer.

Jouhîre jachere, ſ. f. État d’une terre labourable, qu’on laiſſe ordinairement repoſer de trois années l’une, pour être enſuite cultivée & enſemencée de nouveau ; & qui n’eſt ainſi appellée que lorſqu’on la laiſſe repoſer, laiſſer une terre en jachere, il y a des terres ſi fertiles, qu’elles ne demeurent jamais en jachere.

Il ſe dit auſſi de la terre même quand elle repoſe, c’eſt une jachere.

Jowé â kâkâ jouer à Colin-Maillard, ou Colin-Maillard, ſorte de jeu où l’un des joueurs a les yeux bandés, & s’appelle Colin-Maillard.

Jowé a kou ſûr jouer à jeu ſûr, être ſûr de la réuſſite de ce qu’on entreprend.

Jowé â briſſe, â cherat, â caïet-burnet, jouer au bâtonnet, ſorte de jeu d’enfants où l’on fait ſauter un petit bâton amenuiſé par les deux bouts.

Jowé â lon boi, jouer à coupe-tête, ſorte de jeu que jouent les enfants en ſautant de diſtance en diſtance les uns par-deſſus les autres.

Jowé al poïe jouer à cul-levé, c’eſt-à-dire, jouer les uns après les autres, enſorte que celui des joueurs qui ne joue point, prenne la place de celui qui perd.

Jowé â paradi jouer à la mérelle, la mérelle ou comme quelques-uns diſent, la marelle eſt un jeu en uſage parmi les enfants & les écoliers, où en ſautant à cloche-pied, on pouſſe avec le pied une pierre au-delà de certaines lignes qu’on fait en terre.

Jowé â pô foir chivâ jouer au cheval fondu, ſorte de jeu où pluſieurs enfants ſautent l’un après l’autre ſur le dos d’un d’entre eux qui ſe tient courbé en forme de cheval.

Jowé â pouſſe jouer aux barres, c’eſt un jeu de courſe entre des jeunes gens & dans de certaines limites.

Jowé â ptit palâ jouer au palet, au petit palet ; c’eſt-à-dire, jouer avec une pierre plate & ronde, ou une piece de monnoie, laquelle on jette en l’air pour la placer le plus près qu’on peut d’un but qu’on a marqué, ou d’un cochonnet qu’on a jetté au haſard pour ſervie de but.

Jowé â reſpounette jouer à cligne-muſſette ou à la clygne-muſſette, jeu d’enfants dans lequel l’un d’eux ferme les yeux, tandis que les autres ſe cachent en divers endroits où il les doit chercher, pour les prendre.

Jowé pair ou mon jouer à pair ou non, ſorte de jeu dans lequel on donne à deviner ſi le nombre de pluſieurs pieces de monnoie, de pluſieurs jetons, ou d’autres choſes que l’on tient dans la main, eſt pair ou impair, que prenez-vous, pair ou non ?

Jowé quitte ou dob jouer à quitte ou double, à quitte ou à double, jouer pour voir ſi on ne payera rien, ou ſi on payera le double de ce qu’on doit.

On le dit prov. & fig., pour dire, haſarder tout pour ſe tirer d’une mauvaiſe affaire.

Jowion joyau, ſ. m. Ornement précieux d’or, d’argent, de pierreries dont ſe parent ordinairement les femmes ; comme ſont les braſſelets, les pendants d’oreille, &c. elle étoit chargée de joyaux, il eſt vieux & n’eſt plus guere en uſage que dans le ſtyle de notaire. Par le contrat de mariage elle doit remporter ſes baques & joyaux.

Bijou, ſ. m. Petit ouvrage précieux ſervant à la parure d’une perſonne, cette femme a de beaux bijous.

Joujou, ſ. m. Jouet d’enfant, il faut lui donner un joujou pour l’apaiſer, il eſt fam.

Jouet, ſ. m. Petite bagatelle que l’on donne aux enfants pour les amuſer, dont ils ſe jouent. Le hochet eſt le jouet ordinaire des enfants.

Jow’té jouer, v. n. Avoir l’aiſance & la faculté du mouvement ; il ſe dit d’un reſſort d’une machine ; faites que la clef joue mieux dans cette ſerrure.

Badiner, v. n. En parlant d’ajuſtements & d’ornements, on dit qu’ils badinent, pour dire, qu’ils voltigent, il ne faut pas que cette dentelle ſoit ſi tendue, il faut qu’elle badine.

Ju jus, ſ. m. Suc, liqueur que l’on tire de quelque choſe, ſoit par preſſion, ſoit par coction, ſoit par préparation, le jus d’un gigot de mouton, jus de régliſſe.

On appelle prov. le vin, du jus de la vigne, du jus de la treille.

Preſſis, ſ. m. Jus que l’on fait ſortir de la viande en la preſſant, les malades ont beſoin de bon preſſis pour ſe remettre, il ſe dit auſſi du ſuc que l’on exprime de quelques herbes.

Suc, ſ. m. Liqueur qui s’exprime de la viande, les plantes, des herbes, &c. & qui contient ce qu’elles ont de plus ſubſtantiel, le ſuc de ce fruit eſt acide.

Juſſe broc, ſ. m. Sorte de gros vaiſſeau de cuivre, d’étain, ou de bois, relié avec des cercles de fer, dont on ſe ſert pour tirer une grande quantité de vin, de biere, &c. à la fois, & qui a une anſe ; emplir, vider un broc. C’eſt un homme qui boiroit un broc de vin.