Dieu sauve la république
DIEU SAUVE LA RÉPUBLIQUE
La République dure encor
Malgré nos fautes et nos crimes,
Comme un reflet de pourpre et d’or
Son nom rayonne sur nos cimes ;
L’espoir n’est point anéanti
Tant que la raison souveraine.
Dominant sur chaque parti,
Dans les cœurs étouffe la haine.
Drapeaux, au vent ! tambours, battez aux champs,
Et que chaque bouche civique
Ajoute en chœur, à la fin de nos chants,
Le mot d’ordre patriotique :
Dieu sauve la République !
Républicains, nous dominons
Par l’idée et par cette crainte
Que les tyrans ont des canons
Tonnants dans une guerre sainte.
Royalistes, que serions-nous ?
L’objet d’une immense risée :
Un roi nous mettrait aux genoux
De l’Europe coalisée.
Drapeaux, au vent ! tambours, battez aux champs,
Et que chaque bouche civique
Ajoute en chœur, à la fin de nos chants,
Le mot d’ordre patriotique :
Dieu sauve la République !
Républicains, les nations
Ont mis en nous leur confiance,
Et, royalistes, nous serions
Geôliers de la Sainte-Alliance ;
Quand un peuple est prédestiné
Pour la défense d’une cause,
S’il y manque, il est condamné,
Et l’humanité le dépose.
Drapeaux, au vent ! tambours, battez aux champs,
Et que chaque bouche civique
Ajoute en chœur, à la fin de nos chants,
Le mot d’ordre patriotique :
Dieu sauve la République !
Par ses rades et par ses ports,
Qui débouchent sur l’Atlantique,
La France échange les trésors
Et l’idée avec l’Amérique ;
Paquebots et chemins de fer,
Passez le vent, coupez la brise :
La République tient la mer,
La terre sera bientôt prise.
Drapeaux, au vent ; tambours, battez aux champs,
Et que chaque bouche civique
Ajoute en chœur, à la fin de nos chants,
Le mot d’ordre patriotique :
Dieu sauve la République !
Que font aux éternelles lois
De la nature et de l’espace
Les vieilles colères des rois !
C’est un dernier boulet qui passe ;
Las des sacrifices humains,
Pour ne plus échanger des balles,
Les peuples vont porter leurs mains
Sur les couronnes féodales.
Drapeaux, au vent ! tambours, battez aux champs,
Et que chaque bouche civique
Ajoute en chœur, à la fin de nos chants,
Le mot d’ordre patriotique :
Dieu sauve la République !
Les Cosaques et les pandours
Ont, comme nous, d’humaines fibres :
Des Romanofs et des Hapsbourgs,
Un jour ou l’autre ils seront libres ;
La République régnera
Sur tous les peuples, et la terre
Dans la paix se reposera
De cinq ou six mille ans de guerre.
Drapeaux, au vent ! tambours, battez aux champs,
Et que chaque bouche civique
Ajoute en chœur, à la fin de nos chants,
Le mot d’ordre patriotique :
Dieu sauve la République !