Discours prononcé à la séance publique de l’École de Santé de Montpellier
L’École de Santé, par délibération du 22 vendémiaire
dernier, ayant déterminé qu’il seroit donné connoissance
aux Élèves, dans une séance publique, le premier
brumaire, du résultat des examens qui ont eu lieu dans
le courant de thermidor dernier, en exécution de l’arrêté
du Comité d’instruction publique du 18 ventôse, an 3, et
du jugement des Professeurs sur la nouvelle classification
des Élèves, le citoyen Piron, secrétaire, a d’abord fait lecture
du rapport que l’École avoit mis sous les yeux du Ministre
de l’Intérieur, le troisième jour complémentaire de l’an IV.
Il en résulte que sur cent cinquante-six Élèves salariés par la Nation, l’École n’en avoit à l’époque de l’examen que cent cinquante-un ; les cinq autres avoient donné leur démission.
La première classe étoit composée de sept Élèves ; la seconde, de dix-neuf, et la troisième, de cent vingt-cinq.
Deux Élèves ont été jugés dignes de passer de la troisième classe à la première ; seize de la seconde ont passé à la première, et soixante-trois ont monté de la troisième à la seconde.
Neuf Élèves de la troisième classe n’ayant donné aucune preuve d’instruction ni d’application, l’École a cru devoir s’en rapporter à la sagesse du Ministre de l’Intérieur pour savoir s’ils doivent être conservés dans leurs places, en les maintenant dans la troisième classe, ou s’il convient de les faire remplacer par des sujets plus instruits ou mieux disposés.
Il s’est aussi trouvé neuf Élèves qui n’avoient pas encore pu se présenter à l’examen, pour des raisons que l’École a jugées légitimes ; parmi lesquels on a distingué le citoyen Guerin, qui s’étoit rendu à Avignon pour le concours de la place de Professeur d’histoire naturelle dans l’École centrale du département de Vaucluse, à laquelle il a été nommé à l’unanimité des suffrages.
Quant aux sept Élèves restans, les uns ayant abandonné leur poste sans en avoir obtenu la permission ; les autres, quoiqu’absens par congé, ne s’étant pas rendus à l’époque qui leur avoit été assignée, n’ayant pas même répondu à l’invitation qui leur a été faite au nom de l’École, par le citoyen René, Directeur, de venir reprendre leur poste ; l’École a jugé devoir les dénoncer au Ministre de l’Intérieur, pour savoir si on doit leur appliquer l’article II de l’Arrêté du Comité d’Instruction publique, du 18 ventôse, an 3, portant que les Élèves qui se seront soustraits à l’examen, seront remplacés.
Après quoi le citoyen Chaptal, Président de l’École, a dit :
- Citoyens élèves,
Aujourd’hui commence la troisième année de vos études. Elle offre des ressources à ceux qui ont montré peu de zèle à remplir leur devoir ; elle présente des moyens de se perfectionner, à tous ceux qui ont la douce satisfaction de mesurer la carrière qu’ils viennent de parcourir, sans éprouver des regrets.
Que celui d’entre vous qui seroit assez mal organisé pour ne pas sentir tressaillir son cœur et ranimer son courage à l’ouverture de cette enceinte, se retire : il cessera de tromper la Nation, qui l’a honoré de son choix, et d’abuser de ses concitoyens qui lui ont accordé leur confiance ; il pourra rester un homme nul, mais il cessera d’être vil. Ce n’est donc plus à celui-là que l’École s’adresse, assez d’autres vont recueillir les leçons que je vais leur donner en son nom.
La connoissance de l’homme est le but de toutes vos études : mais pour acquérir cette connoissance pleine et entière, il faut oser envisager l’homme sous tous ses rapports ; il faut tout rapporter à lui pour tout en déduire ; en un mot, le considérer comme le principal organe dans le système de l’univers.
Celui-là ne sera jamais Médecin qui isole le corps humain pour mieux en étudier les fonctions : lorsqu’il croira connoître l’homme, il n’en connoîtra que le cadavre. Et les beaux rapports de l’homme avec tout ce qui l’entoure, cette action et cette réaction réciproques entre lui et les autres corps, ce grand système de mouvement qui fait de tous les êtres les différens organes d’un grand tout, seront perdus pour lui.
Sans doute, pour aspirer à connoître l’homme, il faut commencer par en étudier la structure : mais la connoissance des organes ne présente encore que les matériaux grossiers des fonctions ; et l’anatomiste, purement nomenclateur, n’est pas plus instruit sur la physique du corps humain que l’individu qui connoitroit parfaitement les noms, la demeure et la profession des habitans de toute la cité, ne l’est lui-même sur le caractère et la pensée de chacun en particulier.
Les connoissances anatomiques ne sont que préparatoires : elles forment la première assise d’un édifice dont tous les matériaux sont animés : et ce n’est plus le scalpel à la main, que nous parviendrons aux sources de la vie, à ses modifications dans les divers organes, dans les divers états, sous différens climats ; ce n’est plus le scalpel a la main, que nous découvrirons le mode de correspondance établi entre nous et les autres corps. Ce n’est plus par l’anatomie, que nous déterminerons l’influence et l’action de l’air, de l’eau, du feu, des alimens sur notre être, et que nous constaterons le jeu des facultés morales et l’empire des passions sur notre physique.
L’anatomiste fait connoître les ressorts à l’aide desquels s’exécutent tous les mouvemens ; il indique les moyens de relations entre les organes ; il détermine l’usage de chaque partie ; mais, sous sa main, tout est froid, tout est inanimé ; le soufle de la vitalité échappe à ses recherches.
Il doit jeter le scalpel loin de lui, pour n’être plus qu’observateur : et ici commence une étude philosophique dont cette École a donné le premier exemple.
Ce ne sont plus les délires d’une imagination mensongère, ni les calculs du méchanicien, ni les analyses des chimistes, qui expliquent à leur gré, les diverses facultés morales ou physiques. Le Médecin observe, décrit les phénomènes, rapproche les variations des causes qui les produisent et reconnoît un moteur général, dont l’action se modifie de mille manières, ce qui déjouera sans cesse les résultats toujours invariables du chimiste et du méchanicien.
Le Médecin met à contribution le tems, les climats, tous les êtres de la nature pour y puiser les observations nécessaires ; il envisage son sujet sous tous les rapports, il sait profiter de ces heureux résultats que les aberrations de la nature nous offrent par intervalles. Il sépare avec soin l’observation erronée ou mutilée d’avec les faits entiers et bien vus : et c’est en observant les phénomènes des fonctions ; c’est en épiant les mouvemens de la nature sans jamais se substituer à sa place ; c’est en calculant les causes par les résultats, qu’on est parvenu à décrire ses opérations et à tracer avec ordre la marche qu’elle suit. En un mot, le Médecin observateur se borne à décrire ce qui existe sans imaginer ce qui peut être : et c’est ainsi qu’il parvient à connoître l’état sain qui est toujours l’état naturel.
En rapprochant ensuite les modifications que les changemens de température, l’action de divers alimens, l’effet des remèdes, l’influence de l’âge, des passions, des tempéramens, apportent dans l’exercice des fonctions du corps humain, il apprend à en prévoir et à en prévenir les altérations.
L’étude de l’homme sain, considérée sous son vrai point de vue, nous fournit donc les moyens de conserver la santé et de la rétablir lorsqu’elle est altérée. La physiologie, l’hygiène et la pathologie, reposent donc sur une même base, la connoissance pleine et entière de l’homme et de ses rapports.
L’homme peut donc être regardé comme n’existant que par ses relations ; le principe de vitalité qui l’anime fait servir tout ce qui l’entoure à l’exercice de ses fonctions ; l’air, l’eau, le feu, tous les corps de la nature fournissent les matériaux de ses actions ; et c’est par les altérations apportées à ces substances, c’est par le produit ou le résultat de leurs élaborations que nous sommes parvenus à connoître ce que peut chacun de ces agens sur le corps humain.
Mais comment constater ces effets ? Comment pouvoir reconnoître les modifications que subissent ces agens par l’organisation vitale ? C’est ici où commence un nouvel ordre de choses : c’est ici où l’on doit réunir des connoissances, qui ne sont regardées comme étrangères ou accessoires que par ceux-là seuls qui voudraient tarir toutes les sources de l’instruction pour ménager leur amour-propre.
Parmi ces connoissances, celles que fournit la chimie occupent le premier rang. Cette science ramenée enfin à sa véritable destination peut nous instruire, non-seulement sur les principes constituans des corps, mais même sur l’action et la nature de tous les agens qui exercent leur influence sur le corps humain : l’analyse de l’air, de l’eau, du feu nous permet de suivre, de calculer et de modifier tous leurs effets. L’examen des résultats morbifiques dans les solides et les liquides a fourni les moyens de combattre plusieurs de ces altérations avec avantage.
Mais le chimiste est devenu d’autant plus timide sur l’application de ses principes, qu’il a été plus instruit ; ce n’est qu’avec circonspection qu’il porte son flambeau dans le sanctuaire des êtres vivans ; il se contente d’observer sans agir, de comparer les phénomènes sans prétendre ni les diriger, ni les produire : et, s’il soumet à son analyse les différens produits de l’animalisation, ce n’est que pour porter l’anatomie jusqu’aux derniers élémens et connoître par-là les derniers ressorts de l’organisation vitale.
Ainsi, la chimie, comme l’anatomie, nous présente les matériaux des fonctions : et si, d’un côté, l’anatomie fait la séparation des organes, la chimie fait, à son tour, la séparation de leurs principes : mais ni l’une ni l’autre de ces deux sciences ne sont en droit de nous instruire sur la vitalité : chacune d’elles se borne à nous fournir les moyens d’en observer les effets. La chimie, en suivant l’air, l’eau, les alimens et les remèdes dans l’intérieur du corps humain, observe et connoît les changemens qu’ils y éprouvent et les modifications qu’ils apportent dans tout le système des solides et des liquides. La connoissance de la dépravation des divers agens indique suffisamment au chimiste le genre d’altération que doit en éprouver le corps : mais le mode de tous ces changemens, de toutes ces opérations, nous échappe ; et le chimiste s’occupe à décrire ce qu’il voit plutôt qu’à supposer ce qui peut être : il laisse la direction de tous les mouvemens au principe de vie : il se borne à constater les effets, à tenir note des résultats.
L’étude de la médecine, considérée sous ses vrais rapports, ne se borne point, Citoyens Élèves, à la connoissance de l’homme : le cours de votre instruction est dirigé de manière à vous donner des notions exactes sur presque tous les arts qui intéressent essentiellement la société.
La botanique et la chimie, par exemple, sont telles, qu’il est impossible d’en séparer ce qui n’a rapport qu’à la médecine. En détachant et isolant quelques principes de ce grand ensemble, où tout est lié, on fatigueroit vainement la mémoire par des détails ; et on ne verroit qu’imparfaitement la nature, puisque ses phénomènes n’arriveroient que mutilés à notre entendement.
Ne croyez pas vous préparer des peines plus grandes en vous portant, de plein vol, aux principes pour en suivre tous les développemens : l’étude de la nature n’est sèche et difficile que dans les détails : elle est toujours simple dans ses premiers moteurs. Et, si vous vous portez à l’origine de tous les mouvemens, vous verrez en découler quelques principes qui ne se compliquent que lorsque des hommes bornés les détournent de leur direction. L’étude des détails dessèche les facultés morales, éteint l’imagination, fatigue la mémoire, suffoque le génie, tandis que l’étude des grands principes agrandit l’ame, repose l’esprit, donne de l’aliment au génie et fait avaler, pour ainsi dire, la science d’un seul trait. Lorsque les dieux voulurent donner le jour à la déesse des sciences et des arts, Minerve sortit toute armée du cerveau de Jupiter : grande leçon, qui nous apprend à ne pas nous traîner sur la route, mais à nous saisir de suite des grands principes, et à mesurer avec orgueil et génie tout ce qui en dérive. L’homme incapable de cet élan sublime, peut s’éloigner du sanctuaire : trop foible pour maîtriser son art, il en deviendroit le jouet ; trop borné pour comparer des faits nombreux, il rouleroit péniblement le rocher de Sysiphe ; et sa vie, tracée sur une ligne étroite, ne lui présenteroit la nature que par lambeaux.
La chimie ne se bornera donc pas à la description aride de quelques opérations : elle sera aussi grande, aussi étendue que son objet : elle saura embrasser la nature sous tous ses rapports. Et en vous instruisant sur les phénomènes de l’économie animale, elle vous donnera la théorie et les procédés de presque tous les arts. Ici vous aurez encore occasion de vous convaincre de la simplicité des moyens de la nature : les mêmes agens opèrent sur le corps humain et sur les êtres inorganiques : les lois de leur action sont par-tout les mêmes, et les résultats ne diffèrent que parce que les principes sur lesquels ils opèrent sont différens.
D’après ces mêmes principes, vous vous garderez bien de faire de la botanique un dictionnaire de mots, ou un catalogue de remèdes ; vous ne bornerez pas vos études à classer méthodiquement dans votre mémoire une nomenclature difficile ; car vous finiriez par enchâsser toutes les idées, pour n’y loger que des paroles. Mais vous étudierez les phénomènes de l’accroissement, de la nutrition, de la propagation, de la fructification ; vous observerez avec soin l’influence du sol, des saisons, du climat sur les végétaux et sur chaque produit de la végétation ; vous apprendrez à quels usages économiques on fait servir telle ou telle plante dans les divers pays. En parcourant cette longue liste de végétaux employés à notre nourriture ou à celle des animaux que nous avons associés à nos travaux, vous vous convaincrez que presque tous, sont des conquêtes que nous devons aux naturalistes : eh ! croyez-vous donc que la classe des plantes utiles est épuisée pour nous ? pensez-vous que notre sol se refuse désormais à naturaliser de nouvelles productions ? Les arts et la médecine qui font contribuer tous les climats, ne peuvent-ils donc pas prétendre à s’affranchir enfin de cette servitude ?
Mais qu’il y a loin de l’homme qui se traîneroit chaque jour autour de nos murs, pour s’assurer qu’aucun individu végétal ne lui a échappé, à celui qui voit dans la botanique un moyen d’enrichir les arts, de faire prospérer l’Agriculture, et de charger notre sol des richesses de tous les climats ? Le voyageur qui, parvenu dans les murs de la fière Albion, n’aspireroit qu’à connoître les noms des tous les individus qu’elle renferme, est le tableau du botaniste purement nomenclateur.
Le Médecin ne peut donc pas s’élever à la dignité de son art, sans mener de front les connoissances qui intéressent essentiellement la société : il apprend à bien mériter à la fois de l’humanité qu’il soulage et des arts qu’il éclaire : et un gouvernement, capable de former le plan d’une éducation profitable à l’intérêt de tous, devroit en établir pour base l’étude des connoissances qui doivent nous occuper dans cette école.
En effet, celle de toutes les connoissances qui nous intéresse le plus, c’est la connoissance de nous même : semblable à l’artiste qui commence par apprendre à connoître les outils qui doivent devenir les compagnons de son industrie, avant de se hasarder dans des opérations difficiles, l’homme doit commencer par s’étudier soi-même, puisque ses organes sont les instrumens de tous ses travaux. Il seroit ridicule, il seroit honteux de s’oublier soi-même, pour ne s’occuper que de ce qui est hors de nous.
L’anatomie et la physiologie doivent donc être la base de l’éducation de l’homme. Et, si telle eût été la marche de l’éducation dans les siècles qui nous ont précédé, nous n’eussions jamais vu des imaginations déréglées, créer des mondes imaginaires, et substituer des phantômes à des réalités ; nous n’eussions jamais vu des hommes de génie se détourner de la route de l’expérience pour se jeter dans le labyrinthe des hypothèses. Nous n’aurions pas à gémir aujourd’hui sur les maux que la superstition a causés à l’espèce humaine ; et le genre humain oppressé sous vingt siècles de fanatisme, auroit, peut-être, déjà couronné le faîte de l’édifice des siences, si l’étude expérimentale de l’homme avoit pris la place de son étude métaphysique. Contemplez l’homme dans son enfance, vous le verrez entouré d’erreurs, nourri de préjugés, dégoûté des études exactes, et continuellement rappelé d’un monde qui le presse de tous côtés vers un monde chimérique : et, lorsque la raison parvient enfin à rompre ces premières entraves, que de peines, que d’efforts pour laver son ame de ces taches de superstition dont on l’avoit souillée !
L’étude expérimentale de l’homme, si elle eut été générale, eut prévenu cette dépravation de l’espèce humaine : le jeu des organes, l’action puissante des causes externes sur nos facultés morales, la similitude de notre construction physique avec celle du plus grand nombre des êtres de la nature, nous marquent assez nôtre place, et nous apprennent ce que nous devons penser de ces prérogatives que le délire d’un orgueil ignorant a données à l’espèce humaine. Il me suffira d’observer que, si les siècles écoulés nous ont conservé quelques idées saines sur la composition de notre être, sur ses rapports avec tous ceux qui l’avoisinent, sur les modifications de l’espèce humaine sous les divers climats, sur nos facultés morales., etc., c’est surtout aux médecins que nous devons de nous avoir transmis ce dépôt. On ne les a jamais vus consacrer dans leurs écrits les maximes de ces imaginations, à la fois délirantes et tyranniques. Ils ont eu la sagesse de se taire ou le courage de révéler des vérités qui, en fesant connoître à l’homme l’homme lui-même, le dégageoient du terrorisme des prêtres. Aussi, de tout temps, a-t-on fait aux Médecins un reproche qui les honore.
Après avoir donné à l’homme une connoissance exacte de son être et de ses facultés ; après lui avoir marqué sa véritable place dans la chaîne des êtres créés ; ce qu’il importe le plus, c’est de lui fournir les moyens d’être utile à la société. Or, ils sont tous, ces moyens, dans l’art de conserver ou de rétablir la santé, dans l’art de faire prospérer l’agriculture, ou d’éclairer les arts. Ce sont là, si je ne me trompe, les vrais et les seuls canaux de la prospérité publique. Les études de la médecine ont toutes pour objet d’atteindre ce but : la chimie éclaire la pratique de presque tous les arts ; elle présente et fait connoître les principes généraux qui s’appliquent à tous ; elle est l’œil de tous les atteliers ; de manière que le Médecin-Chimiste peut, non-seulement, naturaliser dans sa patrie des arts qui y étoient inconnus ; mais il peut encore porter la lumière dans les fabriques qui y existent, y simplifier les procédés, les élaguer de tous les préjuges dont la rouille des temps les a surchargés, et les mettre au niveau de nos connoissances.
Le Médecin-Botaniste éclairera ses concitoyens sur les usages économiques de plusieurs végétaux précieux, dont le défaut de connoissance leur avoit jusqu’alors caché l’existence ou dérobé les vertus ; il leur apprendra à acclimater et à naturaliser des productions étrangères qui ne demandent qu’un terrain approprié, une exposition favorable et une culture bien entendue pour prospérer.
Le Médecin paraît donc se diviser ou se multiplier, pour ainsi dire, dès qu’il est question d’être utile ; il embrasse tous les besoins de la société pour satisfaire à tous : et lorsqu’après avoir parcouru glorieusement sa carrière, il jette un dernier regard sur le passé, il n’y apperçoit que bienfaits, estime, reconnoissance : il voit son immortalité scellée dans l’ame sensible de ses concitoyens ; et sa fin, deuil pour tous, n’est pour lui que le repos de ses vertus.
Pénétrez-vous donc, citoyens-élèves, de la dignité de vos destinées. La barrière vous est ouverte pour la troisième fois ; et prenez ici l’engagement sacré de parcourir l’arène, de manière à ne vous préparer ni remords ni reproches.