Aller au contenu

Discours de la Court

La bibliothèque libre.
Claude Chappuys 
André Roffet Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 1-68).



DISCOVRS DE LA
COVRT, PRESENTE AV ROY
par M. Claude Chappuys ſon libraire,
& Varlet de Chambre ordinaire.
Auec priuilege pour deux ans
1543
On les vend en la Rue neufue Noſtre
dame a lenſeigne du Faulcheur
par Andre Roffet,


Le priuilege.

Il eſt permis de par monſieur le Preuoſt de Paris a Andre Roffet dict Le faulcheur, libraire de ceſte ville de Paris de faire imprimer, vẽdre, & diſtribuer ce prefent diſcours de la Court, Cõpoſe & prefente au Roy noſtre ſire par maiſtre Claude Chappuys Libraire & varlet de chambre ordinaire dudict ſeigneur, Et deffences a tous aultres libraires & imprimeurs de non imprimer, ou vendre, ſinon de par ledict Roffet Iuſques a deux ans incluz Sur peine de confiſcation deſdictz liures, & damende arbitraire. Faict le xxj. iour de May Mil cinq cens xliji.

Ainſi ſigne Morin.



au roy treschrestien Treſvertueux, & treſauguſte, francoys,

premier de ce nom.

Diſcours de la Court.


Apres auoir maintz diſcours diſcouru,
Et en la Court tant nuict que iour couru
Afin de prendre, & prenant eſtre pris,
Voulant ſcauoir & ayant peu appris,
Pluſtoſt conduit de legiere ieuneſſe
Qu’accompaigné d’une meure ſaigeſſe :
Plus ſot que fin, plus lourdauld que gentil,
Et beaucoup plus ignorant que ſubtil :
I’ay eſtimé honneſte & conuenable
A moy de dire, aux aultres aggreable
D’ouyr en brief, ce qu’en long temps i’ay veu :
Non que ie ſois d’eloquence pourueu
Pour bien attaindre a matiere ſi haulte :
Que trop bas peult tumber qui y faict faulte :
Et n’y fault point trop ou trop peu toucher,
Contenter l’ung, & vng aultre faſcher,
Donner attache aux vngs couuertement,
Les aultres trop extoller haultement :
Mais ie ſuis ſeur ſi a tous ne puis plaire
Que pour le moins a nul ne veulx deſplaire : 
Car ſoit mon dire ou veritable ou faulx
Au champ d’aultruy ne veulx iecter la faulx,
Cherchant trop plus la raiſon que la rithme,
Ny trop hardy ny trop puſillanime,
Gardant par tout la mediocrité,
Sans tranſgreſſer les loix de liberté :
Dont nul ne doibt me iuger meſdiſant,

Et beaucoup moins ou flateur, ou plaiſant
Pour paruenir a mon poinct opportun.
D’eſtre faſcheux, mal propre & importun
A tant de gentz eſt commun auec moy
Que ie n’en prens ny ſoucy ny eſmoy.
En proteſtant que ie ne veulx former
Le Courtiſan, & moins le reformer :
Car ce ſeroit marcher (a bien le prendre)
Sus vng grand feu cache d’ung peu de cendre,
De moy ie veulx non d’aultruy rendre cõpte.
Aimant l’honneur de tous, craignant la honte
Et le venin d’enuie, & ſa morſure.
Ie me ſubmetz a l’aduis & cenſure
De ceulx qui ont le meilleur iugement :
Car bon vouloir m’eſt ſeul coutentement.
Et n’entendz point la bouche au ciel leuer,
Blaſmer le bien, & le mal approuuer :
Mais ſi mõ œuure en maintz lieux eſt mal pris
Des igorantz, & des ſcauantz repris,
Me reputant entre les bons poetes
Moins que Saul entre tous les prophetes,
Ce ne ſeront des roſes eſpandues
Ains ſeullement des parolles perdues,
Et ne m’en veulx aultrement excuſer,
Qui trop ſ’excuſe, il ſe faict accuſer,
Ou de vouloir vſer de fiction,
Ou de parler par grande affection :

Et tel ſouuent barbare ſe dict eſtre
Qui neantmoings docte veult apparoiſtre
Quel moyen doncq y ſcaurois ie tenir
Ny par quel bout commencer, ou finir ?

DEpuys qu’Adam le fruict voulut gouſter
Dont il debuoyt le deſir reiecter
Changeãt la vie en mortelle douleur,
Felicite en miſere & malheur,
Le bien en mal, richeſſe en pauureté,
Repoz en peine, en malice bonté,
Le vray en faulx, doulceur en violence,
Le ſeur en doubté, en vice lin’nocene,
Tant a eſte nature deprauee
En tous eſtatz Corrumpue et greuee
Que ie ne ſcay ſi doibz, comme heraclite,
Plourer, ou rire, ainſy que democrite :
Et quant de pres contemple & conſidere
Qu’elle eſt la farce heureuſe, ou mal pſpere,
Q’uon veoit iouer a pluſieurs perſonnaiges,
Souuent meſlez les folz parmy les ſaiges,
Suz leſchafault & theatre du monde,
Tant plus auant a y penſer me fonde
Tant plus me ſens confuz & eſtonne :
Et m’eſt aduis que ſuis enuironne
En mon eſprit d’opinions diuerſes :
L’ung ſe tient fort, lautre craind les trauerſes,
L’ung plaint ſon aage, & lautre maladie,

Et n’y a fin a ceſte tragedie,
L’ung eſt oy fif en grand folicitude,
Et l’aultre libry en dure feruitude,
Autant de gens autant d’actes diuers.
L’ung a choify pour lendroit tout lenuers,
L’ung en richeſſe eſt poure tant eſt chiche,
En poureté l’aultre trenche duriche.
La plufgrand part plus ha, plus ſe tourmente,
Et n’en veois nul qui d’aſſez ſe contente.
L’ung ha plaiſir, & l’aultre eſt languoureux.
Et fi i’auoys l’eſprit aſſez heureux
Pour figurer fi eftrange fpe&tacle
On le tiendroit pour fably, ou pour miracle.
Mais quoy ? ie fuis tout plein d’obſcurité
Cherchant par tout la claire verité
Pour y trouuer le chemin & la voye
De vray repos & de parfaicte ioye,
Ayant conceu pour refolution
Ardent defir, & ferm& affection
De defpouiller ma robbe d’ignorance
Et me veftir du bien de congnoiffance
Qui ne ſe peult par trefors acquerir,
Ny par l’effort des armes conquerir,
Ains par labeur & trauail aſſidu
Nous eſt pour vray moins donne que vendu.
Et fur ce poinct brálant deffoubz l’enſeigne
De la raiſon, qui le chemin enſeigne

Pour paruenir a la felicité,
I’ay longuement debatu & doubté
Si ie debuois choiſir la vie actiue,La vie actiue & contemplatiue.
Oum’arrefter a la contemplatiue.
Toutes deux font ſubiectes a l’oraige,
A la tempeft, & perilleux naufraige
Des paſſions humaines, mais le vent
D’ambition, qui abbaiffe fouuent
Le gouuernail de faigefly & prudence,
Et obeyt a la concupiſcence,
En l’une eſt plus qu’en l’aultre impetueux.
Toutes deux font maintz a&tes vertueux.
L’une eſt commune, & l’aultre ſolitaire.
Aux hommes l’une, a dieu l’aultre veult plaire
L’ung en habitz garde ſimplicité,
L’aultre ſe plaift en la diuer fité.
L’une eſt a foy totallement redui&te,
L’aultre entreprend d’affaires la conduite.
L’une demourg en fa maiſon priuée,
D’aller par tout l’aultre n’eſt point priuée.
L’ung eſt fans foing, & l’aultre eſt curieuſe.
L’une au mylieu de la mer dangereuſe,
Et l’aultre flottg a la riu & au bort
Que lon maintient la plus pres de bon port.
Mais congnoiffant du monde l’armonie
Tant conſiſter a eftré en compaignie
Que celuy la qui fuyt ſocieté

Sembly approcher de la brutalite.
Voulant auffy en ce pelerinaige
Viure non trop congneu, ny trop fauluaige,
I’ay apart moy fongneufement penſé
Par quelz moyens pourroys eftre poulfy
En quelque eftat dignity ou office
De vertueux & honneft& exercice,
Pour n’eftre point des aultres contemny,
Et pour monftrer au moins que ie fuis nc :
Rendant raiſon du talent que ie doibz :
Le bien & mal calculant par nies doigz
Pour ne choiſir en lieu du fruit, lefcorce :
Et bien fonder ma foibleffe ou ma force,
Mais quant par tout me fuis bien efpluché
I’ay pour certain eſte fort empefché
A bien fcauoir meſurer & congnoiftre
Que c’eſt de moy, ny que ce fcauroyt eftre
Et n’y trouuant que toute vanité
En defefpoir eftoys precipité
Quant l’appercoy deuant moy franc Arbitre
Franc arbitre.Qui ſe prefent& auecques vng bean tilire
De grand’puiſſance, & plaine liberte
Et efleuoit fort ſon authorite :
Il eftoit vieil, car de Dieu fut donng
Au premier pere, & depuis ordonne
Aux ſucceſſeurs, comme par heritaige :
Petit de corps : & tref beau de vifaige :

Car pour certain Adam ne le perdit
Si quelque peu abaiſſa ſon credit,
Se defpouillant non de la voulente,
Ains alterant de ſon ſens la fant
Quant tellement certes il f’efgara
Qu’a tout iamais la playe en feignera :
Auffi eftoit franc Arbitre courbe
Sus vng baſton, fans lequel feuft tumbe :
Et ce baſton ou fa force il affigneGrace diuine.
Eftoit de tous nomme grace diuine :
Que chafcun ſent, & nul ne peult fcauoir
Combien il eſt capable de l’auoir :
Ne f’il fera feelle du petit ſeau,
Ou f’il pourra eftre receu vaiſſeau
Pluftoft d’honneur que de contumelie,
A celle fin que chafcun f’humilie :
Mais on fcait bien que pretendre fans elle
Ou que ce ſoit, feroit voller fans aelle,
Chaffer en lair, pefcher deſſus la terre,
Et des geans renouueller la guerre :
En dieu conuient finir & commencer,
Et qui vouldra, fors par luy f’aduancer
Il ſe reculle, & en lieu de flourir,
Il veoit ſes fleurs defefcher & perir :
Car c’eſt la pierre, &ile vray fondement
Ou fault aſſeoir tout noftre baftiment :
Mais figurer ceſte grace indicible

Il n’eſt a moy ny a aultre poſſible.
Tout en eſt plein en la terre & es cieulx.
Elle doming & reluyt en tous lieux,
D’elle depend tout l’ordre de nature,
Et tout le bien de toute creature,
Tous noz effetz, penſées & parolles
Sans elle font & vaines & friuolles.
Par elle fut remiffion donnée,
Grace par grace au ciel interinée
Et le ſalut des hommes recouuert.
L’enfer fermé aux bons, le ciel ouuert.
En approchant doncques de ceſte grace
I’ay apperceu pres d’elle face a face
Dame Efperance honneftement parée.
EſperanceSarobbé eftoit de couleur azurée,
Les yeulx riantz, & qui monftroient aſſez
Que tous ennuys par elle font chaſſez.
C’eſt celle la qui paift les malheureux,
Aux affligez chetifz & langoureux
Donne confort, & quelque allegement.
Des priſonniers adoulcit le tourment,
Aux laboureurs la terre fait ſemer,
Les mariniers nauiger en la mer.
Des couraigeux augmente la proueſſe,
Aux couardz donné vng peu de hardieſſe.
Et me voyant efmeu & fort efpris
Comme qui m’euft en extaſe ſurpris,

A bien daigné me prendre par la main,
Et d’ung vifaig& affably & bien humain
Sans f’informer de ma profeſſion,
De mes parentz, ny de ma nation,
De mon pouoir, ny de ma volunte
Comme fi bien congneu luy euſſe eſte,
Et que de moy defia cuft pris la charge,
Elle me monftr& vng chemin grand & large
Tant frequenté & tant battu de gentzLe chemin de la Court.
De tous endroictz, de riches, d’indigentz,
Qu’il n’en eſt point ailleurs tell affluence :
Et tous y font condui&tz par l’influence
De ceſte dam& ancienny & aagée,
Et tellement de promeſſes chargée
Quine fcauroient correſpondre aux eſſe&tz,
Que bien fouuent fuccumbe foubz le fais.
Elle me dict (pour trencher le mot court)
Ce beau chemin, eſt le chemin de court,
Ou eſt la fin de tout bon heur encloſe.
Et fi de rien veulx eftre quelque choſe,
Et en eftim entre les hommes viure,
Auecques moy il te la conuient fuyure,
Et tu pourras feruir le plus grand Roy
Qui oncques fut. Dont foubdain ie la croy,
Car il n’eſt tel que naiger en grand eau :
Et fault la noix rompré auant le noyau.
Soit donc l’inftin& ordonné de nature

Ou ſoit le fort fatal de l’aduanture,
Heureux feray fi ien puis approcher,
Et de ce roy a la robbe toucher :
Mais y allant rencontray laretin,
Paſquin & laretin meſdiſãs.Auec pafquil, l’ung me parloit latin,
L’aultre tufcan, & m’eftoient incongneuz
Fors de renom, car ilz eftoient venuz
En leurs habitz tiffuz de mocquerie,
Qui poin& & picque, & fi fault qu’on en ries
Ilz eſtaient noirs comme ethiopicns,
Et me fembloient quelques bohemiens
Difpos aſſez pour prédre vng lieure acourfe
Riens touteffoys ne prindrent en ma bourſe.
Pafquil f’aproche & a moy f’arraiſonne
Voulant parler de ma fortune bonne,
Iugeant quaſi par phifionomye
De mes deffeingtz toute lanathomye :
Me meſurant ainſi que par compas,
Sy ſeray moyne ou ne le feray pas :
Et me getoit pluſieurs propos enſemble :
Dont l’un a l’aultre aucunement ne ſemble
Saultant du coq en lafne, ſans raiſon,
De maladie & puys de gueriſon,
Tant qu’on ne feait ou pluftoft prendre pié :
Et ne fcay pas ſ’il m’auoit efpié
Lors qu’eſperance auec moy deuiſoit,
Mais on l’oreille & tout bas me diſoit,

Soubz la belle herbe eft cache le ferpent,
Tel y va toft qui pluftoft fen repent,
Et me parloit par enigmes couuertz
Aucuneffoys en profe, & puys en vers,
De lancelot, de gauuain, & d’Artus,
Des mal chauffez, & des trop bien veftuz,
En comprenant(fi ien ay fouuenance)
Peu de parolle & beaucoup de fubftance,
Il eft bien vray que rien il ne nomma
Et en commun feullement il blafma
Ce qu’en priue neuft ofe pronuncer.
Craignant quelcung (non fans caufe) offencer,
Mais fon propos eftoit fi defhonnefte
Que les cheueulx m’en dreffoient en la tefte :
Et grandement ie men trouuay fafche :
Parquoy le laiffe, & me fuys approche
De cefte bonne & heureufe efperance
Pour tirer droict a la grant conrt de France :
Ouregne vng roy premier de nom Francoys
Premier de force, & premier fus tous roys,
Roy beaucoup plus de fon peuple eftime
Qu’ung pere n’eft de fes enfans ayane :
Que n’eft lenfant vnique ayme du pere :
De luy i’actendz ce qu’il fault que i’efpere,
Et le defir de le veoir feullement
Me rapportoit vng grant contentement :
Dont me vouay du tour a fon feruice.

Labeur.
Et voulu faird aux mufes facrifice
Pour n’eftre point trouué defaggreable
A vng tel Roy qui n’a point de femblable
Cherchant des fleurs au iardin de Minerue
Pour luy offrir, & les mettre en referue.
Quand ie verroys qu’il y prendroit plaifir.
Mais ie n’euz pas l’efpace ny loifir
Fors de mouiller les lebures en paffant :
Car mon eſprit en Helicon paiffant
Plus le de fir de paiftre me croiffoit,
Plus Efperancé a chercher me preffoit
Le grain pour paille, & pour gland le forment
Dont m’arreftay a fon feul iugement,
Et mys mon but & ma fin principalle
De paruenir en cefte Court royalle, hues
Ou m’accointay de dame Diligence,
Et de Labeur qui y font refidence, odaftoo
Accompaignez toufiours de Bon vouloir.
Et chafcun d’eulx fe veult faire valoir
A qui mieulx mieulx & deca & dela..
Sans Diligence oncquès Labeur n’alla
Vng pied en l’air, & les yeulx tous ouuer tz :
Car c’eft celuy qui en actes diuers
A furpaffé par fa grand vigilance.
Des plus fcauantz la doctring & fcience,
Faifant porter a vng chafcun fa fomme.
Et fe difoit le compaignon de l’hommento

Donné de Dieu, ainfi le fault il croire
Et que fans luy ne doibt menger ny boire.
Ie diray plus & affeurer vous l’ofe
Que le Labeur furmonte toute chofe.
Et a la fin qui bien labourera
Defon labeur la recompenfaura
D’autant que l’œuur& eft de Dieu couronné,
Qui le labeur a tous ha ordonné
Conuertiffant l’amertumg en doulceur.
Aupres de luy Diligence fa fœur
Et nuit & iour eftoit efperonnée,
Et n’euft voulu attendré vne iournée
Que proprement n’euft parfourny fa charge
D’habillementz elle n’auoit grand charge,
Et ne penfoit finon a pouoir eftre
Des fauoris, & des prochains du maiftre.
On ne la veit oncques aller le pas,
Ny eftré affife en prenant íon repas,
Monftrant par tout l’ardeur de fon bon zele
Bon vouloir fut le proche voifin d’elle
Qui a chafcun monftroit vng doulx vifaige,
Et n’euft voulu faire a perfonné oultraige,
S’on luy en fait, il l’endur & appaife.
Et ne penfa oncques chofe mauluaife,
Ayant toufiours le foulcy & le foing
De fecourir vng chafcun au befoing,
Dont auec foy porte pour recompenfe
Diligêce.
Bon vouloir.

Ioye d’eſprit, repos de confcience :
Or donc ces troys diligence et labeur.
Et bon vouloir, ennemyz de malheur,
Sont les moyens principaulx pour entres
En congnoiffance, & faueur rencontrer :
Il est bien vray qu’a larriver ic fuz
De prime face, auffi trifte & confuz
Que fi l’on meuft condemne par iuftice
D’aller defcendre au trou de faint patrice,
Quant i’apperceu iauelines & bardes
Picques, harnoys.archiers, & hallebardes,
Et tant de gens a pied & a cheual,
Les vngtz a mont & les aultres a val,
Les vng tz en ordre, & d’aultres mal enpoin&,
Les vngtz en robbe, & d’aultres en pourpoin&,
Lung chiquetg a barbe d’efcreuiffe,
L autre a facon de tudefque & fuyffe,
Les vngtz en houffe, & les aultres bottez,
Et la plus part bien mouillez & crottez,
Tant de mulletz, de chariotz branflans,
De toutes parts des venans & allans,
Des mulletiers qui le ciel defpitoient,
Des viuandiers qui les viure sportoient,
Tant de nouueaulx & diuers efquipaiges.
Tant defcuiers, de poftes, & de paiges,
Lesvngtz au guet, les aultres, aux attentes,
Tant de chartiers, de pauillons & tentes,

Tant de lacquaiz qui faifoient les gambades,
Tant de cheuaulx qui geoient les ruades
Que ie penfoys en lieu d’auoir trouué
La court du Roy eftre au camp arriué :
Parquoy ie fuz longuement aux efcoutes,
Et ne m’eftoyt ayfay fouldre les doubtes
Qui me venoient alors deuant ces yeulx,
N’eftant pas moins, faché qué curieux
De m’enquerir a qui font les liutees,
Et qui les porte, & qui les a liurees,
De lung m’aproche, & auec luy deuife,
Pour m’informer qu’elle eft telle denife,
Que fignifie ou cela cu cecy,
Que fait vng tel, de quoy fert ceftuy cy,
Ie veulx tout veoir, tout fcauoir, & cognoíftre,
Et tout ainfi qu’ng veau qui vient de n’aiftre
Par tout regarde, & de tout m’efmerueille,
Mais pres de moy fe fouffloient en l’oreille
Aulcuns difans voicy quelque eſcollier,
Que l’on pourroit attacher fans collier,
Et me venoient, ainfy comme on les leurre :
A demander fi la paille eft du feurre :
Sy i’ay point veu vng bafton fans deulx boutz
Sy i cognoys quant les chatz ont la toux,
Sy dieu a faict montaigne fans vallees.
Sy en la mer ya de leau fallee
Sy i’ay point len les liures des quenoilles,

Les paiges.
S’il fault de leau, on du vin au grenoilles,
Si ie crains point quelque nouueau deluge,
A qui ic fuys, & on eft mon refuge :
Auec vng tas de petiz motz fucrez
Qu’ilz font fonner comm oracles facrez :
Et en parlant il contrefont les graues,
Ainfy qu’ilz font bien dyaprez & braues,
Car ilz faifoient li&tiere de velours :
Et nonobftant que ie foys des plus lourdz
Si me fut il bien facile d’entendre
Qu’en f’enqueranr, ilz me voulloient reprendre
Mais fans du tout refifter ny flefchir,
Partant de la pour myeulx me refrefchir
Ie rencontray vne troupe de paiges
Qui ne fcauroient, qui leur donneroit gaiges
Pour faire mal, y faire py squ’ilz font :
Cappes, bönetz, chapeaulx, mâteau x, tout föd
Entre leurs mains, c’eft ieu de paffe paffe,
Ce que l’ung ge& vng autre toft l’amaffe :
Et au matin ne font meilleurs, qu’au foir :
L’ung pres de luy me voulut fair& affeoir
Pour fe gaudir de moy plus a fon ayfe :
L’aultre me di&t monfieur, ne vous defplaife :
L’ung m’a laué des piedz iufqu’a la tefte.
L’aultre me di&t ne vous faites point befte,
Et gardez bien de trop vous efchaulfer :
L’ung me voulut ma faincture chaulfer :

L’aultre qui n’eft de mocquer degoufté
Faire me veule la barbe d’ung coufté
Puys tout foubdain ilz parlent de me tondre,
Tant que ne fcay quafi que leur refpondre,
Ne fi i’en ay ou du bon, ou du pire,
Ne fil conuient f’en fafcher, ou en rire :
Honneur fe font felon leur feigneuries,
Et plus qu’ung finge ilz font de fingeries :
Puis tout foubdain fe herpent aux cheueulx
Pour vng nenny, ou pour vng ie le veulx.
L’ung diet, ie fuis des fauoritz du Roy
Car ce matin il a crafche fuz moy :
Et l’aucre crye vng peu en plus bas ton
Il m’a chargé lefpaulle d’ung bafton,
Et m’a efté tant doulx & tant humain
Que ie fuys fait cheualier de fa main :
Mais par le temps le meurift la ieuneffe
Et conuertift fa folye en faigeffe
Quant elle eft bien inftruit & enfeignee
Leurs efcuyers donneront la feignee
Pour en tirer les mauuaifes humeurs
Et les reduyré a toutes bonnes meurs.
Paffant plus oultre apperceu les fourriers
Lefquelz feroient bons & parfai&z ouuriers
S’ilz pouoient plaire a meffire chafcun :
A lentour d’eulx toufiours y a quelcun
Qui les mauldia, & d’iniures prouocque,

L’ung les menaffe, & l’autre d’eulx fe mocque,
Dont ilz ne font que fecouer l’oreille,
Tant plus d’approche & plus ie m’efmerueille,
Car il ya tant de gens a loger
Que l’on ne fca yt ou la plus part renger :
Et ne croy pas que l’on fache tant faire
Que ces fourriers y puyffent fatiffaire :
Ce que ie dys non pas pour leur excuſe,
Ny pour leur blafme, affin qu’on ne f’abbufes
Car ie nay pas oublyé que fouuent
Ilz mont laiffe a la pluye & au vent :
Et m’enfeignant lenſeigne de l’eftoille
Mon faict coucher dedans des draps fans toille,
Deffus vng banc, quelque foys fuz la terre, It
Sans aduifer a efclair ny tonnairre, E
Ne f’il faifoit ou trop froid ou trop chault
Dont ie les qui&te, & plus il ne m’en chault,
Car maintenant de leur grace & mercy op 1
A tout fouffrir ie fuys tout endurcy :
Et ne les veulx irriter, n’y m’en plaindre,
car ce feroit pour m’acheuer de paindre : ano
Confideré qu’enuers tant de complaintes
Que l’on en fait, les myennes feroiét fainctes
Dieu leur pardoint pourtant, car peu feront
Comme ie croy qui leur pardonneront : l
Et conuiendra fi pardon fault donner unst A
Pluftoft qu’a eulx aux paiges pardonner :

En proteftant touteffois que ne veulx.p
En tout cecy toucher a lhonneur d’eulx :
Car pour certain quant vng fourrier eft rude
Cela prouient de la grant multitudes
Qu’on ne fcauroyt de logis contenter
Sy en fen malle on ne les veult porter :
Mais ie tire oultre au grant palais royal
Ou nul ne doibt entrer f’il n’eft loyal.
Et le portail d’ouuraige fumptueulx
N’eft point ouuert finon aux vertueux :
Vulcan y a efte fort diligent
A forger clefz & ferrures d’argent,
Et la ferrure y eft toute tailleel
De fine eſpargne & d’azur efmaillee,
Tous les foubzbaftz de marbre blanc & bys
Les vafes font de perles & rubis :
Et du parron les eſcompartimans,
sont en richiz de tous vrays d’yamans,
Tous les feftons cyrages & cartouches
D’or de du cat ont chafcune deulx touches
A l’arquitraue arcades & balluftre
Mille faphirs donnent merueilleux luftre
Termes auffi pillaftres & collomnes
Garnies font de royalles couronnes,
Tous les carneaulx & les mafficolyz
Y font par tout femez de fleurs de lyz :
Arcs triumphans, piramides, theatres
Le palais
du Roy.

Le manfolex, & les amphiteatres
N’ont approché de la magnificence
De l’artiffic, & parfai&% excellence,
De ce palais, & ne fault que perfonne
Vienng alleguer Memphys ne Babillonne :
Le fimulacré auffi tant fort loué
A iuppiter olímpique voué,
Ny la maiſon de Cyrus pour exemple,
Ny de Diang en Ephefe le temple,
Le pantheon & les aultres fpectacles
Que tout le monde a receu pour miracles.
Il n’eft couuert ny de plombny d’ardoife :
Les combles font tous garnys de turquoife,
Et les cheurons, auffi les frontifpiffes :
Par tout y a autour des coroniffes
Infinitè de belles antiquailles :
De marbre dur font toutes les murailles :
Et y eft l’or refpandu & femé
Comme fi rien il n’eftoit eftymé
Dont l’œuure autant la matiere furpaffe
Que le foleil tout autre clarté paffe.
L’architectur& y eft bien obferuce
Eta lentour maina hyftoire grauce,
De ceulx qui ont preferé les vertuz
A tous plaifirs & f’en font reueftuz,
Pour acquerir suecques main armee
L’eternel loz d’heureufe Renommee :

Mais fi parfaicté eftoit larchitecture
Moindre ne fut du dedans la painature,
Ou l’on peult voir pres du vif les pourtraiz
De ceulx qui font de la couronng extraicz
Et ont gardé aux guerres la iuftice
Comme en la paix equité & pollice,
Dont ilz feront a iamais honnorez :
Et pour certain ilz eftoient figurez
Myeulx que Zeufis, ny que Praxiteles
N’euft pe u pourtraire ou le grant A pelles :
Doibs ie parler des pretieux ioyaulx
Qui font dreffez pour les feftins Royaulx
Trefor pour vray du tout imcomparable ?
Doibs ie oublyer l’accord tant aggreable
De la mu fiqug, harpes, lucz & haultz boys
Qui font de loing retentir les haultz boys,
Mais tout cela eft bien peu par raifon
Sy au furplus on faict comparaifon :
Car quin’a veu du Roy la grand chapelle
Laquelle n’eft moins magnifique & belle
Que le fain temple ou Salomon le faige
Fift a dieu feul noftre faul ueur hommaige
C’eft oule Roy en faifant facrifice
Au Roy des Roys accomplift fon office
De trefchreftien, & y va par raifon
Luy prefenter l’hoftic d’oraifon :
En l’adorant non en obícurité
Le Roy
a la meffe

Châtres
Le fain&
Euágile.
Loffräde
Difcours de la Court., d
Mais en efprit & pure verite,
Croyant de cueur & confeffant de bouch e
Car c’eft trop peu fi tout cela n’y touche
Ses heures porte vng Cardinal d’honneur
De tous aymé qu’on nomme le veneur
Qui a chaffé tout vice, & fans mefpris
De la vertu le bon chemin a pris.
Le Roy ne fault vng feul iour d’ouyr meffe,
En confermant la creance & promeffe
Faicte au baptefme, & depuys tant iuree
Et par plufieurs facrementz affeuree
Chantres y font qui ont voix argentines
Pfalmodiantz les louenges diuines
Ainfi le Roy qui porte au Createurs
L’honneur que doibt au mailtre vng feruiteur,
Recongnoift bien que dieu le faict regner,
Craindry, obeir, & fur nous dominer,
Baiffant les yeulx fe confeffant fragile,
Et quant ce vient qu’il baile leuangile
Il monftre a tous qu’il fault entretenir
La verite, & fa foy maintenir,
apres qu’ant il va a l’offrande
C’eft enuers dieu recognoiffance grande
Et de Dauid recitantz les chanfonso al edio Siga
Auec motetz de diuerfes facons,
Soit de Claudin pere aux muficiens :
Ou de Sandrin efgal aux anciens,

Exemple a nous, qu’a luy font tous les biens,
Spirituelz comme les terriens.ognduoh s
Puys quant il voit la faincte euchariftie
Qui eft pour vray la falutaire hoftie nimA
Entre les mains du prebftre fus l’aurel
A
Ou eft le corps & fang de l’immortel
Qui fe voulut fi fort humilier vuls
C
29
Qu’ataché fut pour tous nous deflyer, el ng
Il fe profterng en deuotion tellesinos
Que par cela il geâte vne eftincelle
Pour enflammer cryantz grace & mercy C
Tous fes loyaulx fubgetz a faire ainfy.
La paix recoit en grant cerymonye
Signifiant que du tout eft banye
Hors de fon cueur enuieufe rancune,
Et d’affaillir voulente n’a aulcune
Car il fcait bien que la paix eft laiffée
A tous Chreſtiens pour nourrir la penfee
Vers noftre dieu en toute purité eisig
Vers noz prochains en vraye charité
Dont n’eft celuy qui ne le veuille enfuyure
Et en fa loy & foy mourir & viure
Ayant conioinct les œuures de la loy
A vne ferme & infallible foy, dm do
Et aduouant que le faint facrement
Eft larry & pris de noftre fauluement,
De dieu attend toute felicité nos II
D
DA
1
10
M
La Sain-
&te eucha
riftie.
La paix.

Et le requiert en fa neceffité,
Ne doubtant point, car il le prig en foy
Qu’il n’ait foubdain de fa priere octroy,
Aumoins autant qu’il luy eft neceffaire :
A l’eſprit veult, non a la chair complaire :
Et au feigneur tous biens il attribue,
Comme a celuy qui feul les diftribue
Par fa bonté & grand mifericorde :
En conferuant l’union & concorde
De faineteglif, efpoufd immaculee
De Iefuchrift, & a nous reuelee
Par les docteurs de l’efcripture faincte
Dont ne fera la grand lumicr & eftainate :
Car a iamais durera fa parolle.
th
Ainfi le roy nous conduit a l’efcolle coll
De faire bien, & a la cong noiffanceal
Des faictz de Dieu, & de noftr& impuiffances
En efleuant au plus eminent lieu
latent
De fon palais lhonneur de ce hault Dieu :
Et c’eft cela qui le faict profperer :
Ie viens au refte, & vous puis affeurer,
Que ce palais tant magnifique & beau
Ne fe doibt dire vng Fontainebelleau
Ny vng chambort ny Amboife, ny Bloys
Ce n’eft auffi de Vincennes le boys
Ny en Paris le Louure, ou les Tournelles,
Il volle ainfi que f’il auoit des aeflessa
Non pa
Comm
Faire d
Eten
Danc
Ce p
Et d
Quit
Pour
Et les
Qui
Del
Def
Pl
Anx
Etc
ME
Aya
Vne
Qui
Co
Vo
Ac
Ch

M
L
TICH
y’s
iles)"}
Difcours de la Court
Non par raifon qui foit mathectatique
Comme trouua architas la praticque
Faire de boys vag pigeon qui volloyt
Et en cela furmonter il vouloyt
Dame nature, ains a bien en parler d
Ce palais eft toufiours pendu en l’air,
Et eft par tout ou il plaift au grant Roy
Qui va, & vient en triumphant arroy
Pour vifiter fes peuples & vaffaulx
Et les garder d’alermes & d’affaulx :
Voulant partout donner bonne pollice,
Et arracher la femence du vice :
Qui eft vng figng & certaing euidence
De fa bonté, & grande prouidence
De fon bon zely & confcience entiere.
Plufieurs on di&t que fortune eft portiere :
De cefte court, a aulcuns mal traictable
Aux aultres doulce, & mere fauorable :
Et qu’aux vngs nuyt & les aultres fupporte.
Mais quoy que foyt, tout de bout a la porte
Ay apperceu fuz vne boulle ronde
Vne deeffe en cheueleure blonde,
Qui regardoit ca, & la, toute nue,
Couurant fon nez pour eftre peu congneue,
Voulant donner ou defnyer lentree
A qui luy plaift, quant ell & eft rencontree :
Chaulue cft derrier : & deuant fi tu yeulx
ET

L’apprehender ce ne font que cheueulx, q not
le ne fcay pas fi c’eft illufion,
Occafio
portie
re de la Mais ie la pris pour dame occafion
Court.
1
Qu’on doibt chercher ainfy que ie lentens d
Selon le lieu, les hommes, & le temps,
C
Et a chafcun il la conuient attendre
Pour paruenir ou l’on veult entreprendre,
Car point ne fault fouffler contre le vent,
Elle peule plus que la loy bien fouuentia
L’on eft receu par elle ou reiecté,
Sy feiz ie tant qu’au donion me getay
Et au meilleu ie vys vne fontaine
Ou plus l’on puyff & tant plus elle eft plaine
Ce n’eft pas celle ou par vouloir diuin
Qui en a beu il perd le gouft du vin,
Clitorius par les latins nommee,
Ce n’eft auffy celle tant efty mee
Des anciens qu’on difoit cabaline
Dont diftillait la licqueur de doctrine
Qui de fureur les poëtes eniure up You
C’eft celle la ou pour aprendre a viure
Lafotai— Pariny le monde, en gran dciuilité,
ne de Ci puyfer fa peult parfaicte honnefteté,
uilité,
pla
14
M
Grace agreable, vng maintien affeuré,
Vng attrait doulx, difcret & mefuré
Et qui en boit il vomift bien foubdain qiling A
Rufticite, & deuient tout mondain.
Erne fa
Affind
Cet o
Et prou
C’eft on
Du tras
C’eft ou
Se bien c
Efper
Quan
La mom
Decem
Permet
Non po
Car fe
Quera
Ilet

Et ne fault point a aultre efcolle aller
Affin d’apprendre a bien dire & parler :
C’eft ou l’on fcait bien faire des amys
Et prouffiter auec les ennemys :
C’eft ou fe prent du bien la recompenfe,
Du trauail ioye, & du mal patience,
C’eft ou l’on doibt en toutes chofes bonnes
S’accommoder au temps & aux perfonnes,
Diffimuler par prudence, & fe taire
Quant eft befoing, bien mener fon affaire,
Se bien cognoiftre, & bien femcfurer,
Eſperer tout, en rien ne f’affeurer auto
Qu’en la vertu, qui en defpit d’enuie
La mort rend mort, & redouble la vie,
De c’eulx qu’on voit fe monftrer heroiques,
En tous exploitz tant priuez que publicques
Mais(O Clio)qui des Roys plus parfaicz
Scauez trefbien reciter les grans faiaz
Permettez moy en mon bas ſtild & metre
A tout le moins quelque mot icy mettre
De mo grăt Roy, plus grát q nul aultre home
Du Roy francoys de rechief ie le nomme :
Non pour vouloir aorner telle matiere
Car fe feroit au iour donner lumiere :
M Mais pour monftrer a chafcun le grand heur
Que i’ay receu d’auoir veu fa grandeur :
Il eft fi fort qu’on le doibt eftymer
a

Difcours de la Court.
Mars fuz la terre, & neptune fuz mer :
Et eft fi doulx qu’a tous eft ag reable,
Et a nul, fors aux mefchans, redoubtable :
Faifant la guerr& affin de paix auoir :
Ce qu’il ignord aultre ne peult fcauoir,
Des letres c’eft le vray reftaurateur,
Filz d’Apollo des mufes protecteur :
Il eft en grace & de Dieu & des hommes :
De dieu recoit tout bon heur, & nous ſommes
Heureux par luy, car les dons de nature
Dont il ne cede a nulle creature
Sont moins que riens au pris de fa bonté,
Y comprenant fa parfaicte beaulté
Qui eft la perla enchaffex en or fin.
Tous fes effors tendent a bonne fin :
Et fi quelcung tafche par voy& oblique
De perturber l’amour & paix publique,
Il fcayt par tout les remedes donner,
Et entre lepr & lepre difcerner :
Gardant la france entierement vnie
Sans arracher auec la Zizanic
Le pur forment, & la bonne femence,
Car par doulceur & non par vehemence
Toufiours a faict purger le vieilleuain
Affin que Dieu feruy ne foit en vain :
Parqui luy eft entré aultres biens donnes
Deffus tous roys la plus belle lignee
Que
Louat
Lhear
Quann
Taut
Qu’il
Alle
Les
Aufry
Moin
Let
Mais
Caric
Gefte
Et tom
Fa
0
O qu
Vecin
Pill
Lat
Roy
Non
Car

Quelon fcauroit efperer n’y attendre.
Peuple francoys les mains au ciel doibs tedre
Louant de Dieulagrant benignité,
Lheur de ton Roy, & ta felicité,
Quant pres de luy tu voys fes beaulx enfantz
Tant vertueulx faiges & triumphantz
Qu’il n’eft poffible affez les eftimer,
Affez feruir, reuerer, ny aymer :
Meffei-
Le grát Daulphin eft preux comg Alexadre gneurs le
Daulphí
& duc
D’orleas
Hardy au faict, prudent a l’entreprendre :
Auffy le duc D’orléans, n’eft en ceft âage
Moins belliqueux qu’hannibal de carthaige :
Lexperience en tous deulx en fait preuue.
Mais d’en parler trop indigne me treuue :
Car ie fcay bien que petite chandelle
Gecter ne peult que petite eftincelle :
Et touteffois en les voyant venir
Fault que ie crid, & ne m’en puys tenir.
quelle force en ce double lieu,
O quel plaisir au Roy, a nous quel bien,
Veoir telz Aleurons gecter de fibeaulx fruitz
Au pres de l’arbré ou ont efte produictz.
Pallas leur tant entre les marguerites
La fleur des fleurs l’eflicte des eflictes
Royne en Nauarre a merité louange
Non de la voix d’ung home, mais d’ung ange,
Car elle eft moins humaine que diuinos
La roy-
ne de Na
arre.

Difcours de la Court.
Et fil conuient que de leur feur deuines D.
Ma da— Ce qu’il luy peult & doibt a l’aduenir ques
Selon le cours des aftres adueniri obins
guerite, Ie la diray trefdigne fans erreur
me mar-
De rencontrer trop my eulx qu’ung empereur,
Car elle donné a tous certaine attente
D’eftre en fcauoir comparable a fa tante,
Sans oublyer qu’une grande clarté
En elle luy de diuine bonté,
&
Leur compaignid eft tant a honorer
Qu’on ne fcauroit laquelle preferer,
Parquoy ma plumd ailleurs fen vollera
En attendant qu’apollo dreffera
Monftile en hault, pour extoller les dames
De c’efte Court & les illuftres femmes,
Aymant trop myeulx totalement me taire
Qu’en dire peu, & poin& ne fatiffaire
A lexigence & merite des graces simpl
De leurs efpritz, & angeliques faces, lleng
Leonor Royne en tous biens accomplye
De grandz vertus par fus toutes remplye
La roy— Et la daulphine en vertu fi parfaite b
ne, & ma
dame la
daulphi-
Que toute france vng beau filz luy foubhaicte
Qui puiffe apres en fort une profpere
Reprefenter le pere & le grant pere, sayo
Doibuent ma mufé a bon droit empefcher
Car elle eft trop rufticque, d’y toucher,
ne.
-j.M
zšolvola
Les da —
mes de la
Court.
og.1
un
Mais qu
Afel
Ceft le
Gardam
Auec
En bon
Qu’alle
Hely, R
Si m’en
Y com
Quil
Nymp
Reto
Pres d
De
A qui
Eta’d
Que la
Non
Coll
Gard
Tenan

Spr
4
It
194
a
ye
Baiste
the
21
Difcours de la Court.
Mais qui pourroit d’Eftampes la ducheffe
Affez louer (entre toute princeffe
Ceft le foleil d’immortelle beaulté,
Et le miroir de toute honnefteté :
Gardant le ranca Montpencier fans fi
Auec Diane, & la gente Macy :
Sans delaiffer ma dame l’Admiralle
En bonne grace aux plus belle efgalle : o
Canaples eft dame tant eftimée el votes D
Qu’elle doibt eftr en bon endroit nommée :
Hely, Rieux, Tallard, auff, L’eftrange,
Si m’en taifois, le rouueroient eftrange.
Y comprenant les autres damoy felles
Qui font en court ce qu’au ciel les eftoilles, o
Nymphes de corps, deeffes du maintien.
Retournant donc au propos ie maintien
Que quand le Roy en fon trofne eft monté
Pres de luy fiet Royalle authorité
De dieu donnee, & du ciel defcendue,
A qui defplaire eft chofe defendue :
Et n’eft celluy qui n’ayt bien congnoiffance
Que luy debuons loyalle obeiffance :
Non feulement pour crainte de fon ire
Mais confcience & raifon nous y tire.
Ceft celle la qui en tranquillité
Garde fon peuple & donne liberté
Tenant la bride aux folles paffions,
A
Authori-
te royale

Difcours de la Court
A tout tumulte, & aux feditions :
Les magiftratz eftablift & ordonne,
Et manyment de ſon glaiue leur donne,
Pour extirper des crimes la racine,
Soit par exces de faict ou de doctrine.
Dont tous malings font fort efpouentez,
Et tous les bons a bon droit contentez,
Car pour certain dieu fi fort l’authorife
Que celuy la qui contemne & mefprife
Son grand pouoir, ou dieu toufiours affifte,
A la diuine ordonnance il refifte,
Et eft befoing bien noter cefte claufe
Qu’ng Roy n’a point l’efpee fans grand caufe
Soit pour remede aux belliques dangiers,
chaffer les tirans eftrangiers
Ou
pour
Ou pour tenir es chofes politicques
En grand concorde & paix les Republicques.
Et qui plus eft le dieu regnant es cieulx
De tous feigneur, les Roys appelle dieux
Les illuftrant de tiltre fi haultain
Pour vng chafcun rendre feur & certain
Combien leur eft la reuerence deue
Et deffus tous leur haulteffe eftendue,
Et qu’ainly foit n’eft ce chofe trefgrande
Qu’ng homme feul a infiniz commande
A infiniz certes qui voulentiers
Pour le feruir fe mettroient en quartiers.
Nep
Ny qu
Et de
Etfe
Take
Nec
Qi
Opp
Pour
Dien
D’e
Et
Nom
Erle
Se con
Selo
Qu
Etn
Nyo
Boa
Dear
Ai
Et
De

cafe
3
C
1
Difcours de la Court.
Ne penfes pas qu’en cela rien defguife :
Ny que ce foit flaterie ou fainctife :
C’eft verite, monftrant que leur office
Eft de regir en bon ordre & pollice,
Et fe prouuer en tous lieux & endroitz
luftes, prudentz, veritables, & droitz :
Ne commettant rien par authorité
Qui defroguer puyifle a leur deité :
O pour le Roy digne vocation
Pour fes fubiectz grand confolation,
Dieu auec nous a toufiours contracte
D’eftre ferui felon fa volante :
Et bon plaifir, c’eft fon commandemente
Non pas
felon noftre fol iugement
Et le Roy veult qui tient icy fon lieu
Se conformer au feul vouloir de dicu :
Selon lequel en vertusul x obiectz
Seruice attend de fes loyaux fubieaz :
Qui le praticque aultrement, il f’abufe
Et ne doibt nul aller cherfer d’excufe
Ny de couleur pour cuyder auoir place.
En fa faueur & en fa bonne grace
le dys du Roy, fi de dieu n’eft aymé
Ains au contraire il eft defefty mé,
Et fa ruine, en voulant f’entremettre
De hault monter, porte au bout de fa lettre.
Qui fert le Roy il fert dieu tout puy ffant :

Difcours de la Court.
que mordre
Et dieu veoit tout, & eft tout congnoiffane
Iufques au fons du cueur & des entrailles :
Soit doncq en paix ou au fait des batailles
Ce n’eft affez que de feruir aux yeulxs
Faire le beau, le doulx, & gratieux,
N’aucir le foing que d’eftre bien en ordre
Si bien peigné qu’on n’y fcauroit que
Doré par tout ainfy comme vng calice.
Ie ne dys pas pourtant que ce foit vice,
Mais pour feruir dignement vng tel maiftre
Eftre conuient tel qu’on veult apparoiftre :
Je diray plus f’il fault que me defpite,
Autour de luy ne fault eftre hypocrite :
Ny eftymer qu’on foit tenu pour veau
Sy lon ne fcayt bien eftriller fauueau.
Mais en craignant toufiours de luy defplaire,
La verité conuient dire, ou fe taire,
Sans porter mafqué, & par tout fe farder :
Le Roy entend ce qu’il fault commander
Et nous debuons de noftre part entendre
A bien fcauoir obeir fans inefprendre :
Soit Citadin ou foit vng domefticque,
Par ces deux pointz chafcune Republicque,
Tout magiftrat & toute monarchie
Soubz vng feul Roy en feruant affranchie a
Non feulement ſe doibt inftituer, alpril sa
Mais pour certain fe peult perpetuer. To
Manc
Dont
Julki
C’eft
Quand
Cefice
De
Defint
Ne vo
Deslo
Ung t
Tout
Elle of
Elled
Car
Despa
Oale
De tou
Ende

tre
MA
aire,
31
der
cole,
Difcours de la Court.
Et fans cela viennent maintz accidentz
Maintz gros dangiers & perilz euidentz
Dont nous exempte authorite royalle.
Iuftic a pris la charge principalle
Dieftre au tour d’elle, & deuát le Roy marche,
C’eft celle la qui de Noe feift l’arche
Quand dieu voulut enuoyer le deluge
Se monftrant per auxvngz, aux aultres iuge :
Ceft celle la qui donne recompenfe
De tous bienffaietz, des maulx faict lavégeace,
Defend la vefug & le pupille garde,
Ne veoit le paoure, au riche ne regarde,
Des loix eft ferue & en eft la mailtreffe :
Vng chafcun iuge, & perfonne n’oppreffe :
Tout faia egal au poix de la balance :
Sans touteffoys vſer de violence,
Elle eft fans frauld, & fans deception
Et n’a iamais des gens acception.
Elle eft aueuglé au moins elle ne veoit
Que l’equité, & foubdain y pourueoit.
Elle congnoit vng dieu, en luy f’arrefte :
Et aultrement feroit vng corps fans tefte
C’eſt l’origine & fource des fontaines
Des parlementz, & des courtz fouueraines,
Ou le grand Roy adreffe la colomne
De tous les droitz qui gardent fa couronne
En defchargeant par tout fa confcience
Iuftice

Difcours de la Court.
Se referua nt touteffoys la clemence
Dont nous fentons l’odeur qui au ciel monte :
Et en cela foy mefmes il furmonte
Comme tous Roys il precelle en faigeffe,
En opulence, en force & hardieffe,
Et entre tous feul n’a point d’efguillon :
Plus on l’efpreuue & tant plus treuue lon
Qu’il eft bening, & que quand il fouldroye
C’eft lors qu’au malla medecine ottroye :
Dieu nous femond a faire penitence
Quand il attend noftre refipifcence :
Auffy le Roy a l’imitation
De fon feigneur, par grand compaffion
Affez fouucnt aux deliuquentz remet
Les cas commis : & pour eulx fe permet
Aux dures Loix par doulceur commander :
Voyant quilz ont vouloir de f’amender :
N’ayant iamais, tant eft doulx & humain,
Du fang des fiens voulu fouiller fa main.
Pour infolence ou pour rebellion,
Dont ie ne croy my Paris ny Lyon :
Mais feullement deuant tous en appelle
Pour tout exemple, a tefmoing la Rochelles
Ou il a fait vng acte de pitie
Qui fent trop plus paternelle amytie
A pardonner les faultes adonnee
Qu’une puy ffance a punir ordonnee
Et la b
Le ciel
Et les e
Pour to
L’emp
Si ong
Qo’lle
A l’en
Mais am
Se dec
Etlet
De les
Lafcha
Pour
De fom
Mais
Soat
Quan
Qua
End
Del’E
Coqu

Difcours de la Court.
MMais c’eft trop peu d’alleguer les grans biens
Et la bonte dont vſe enuers les fiens
Pour tefmoignaige & pour preuue autentique
Sans que iamais il y ayt de replique.
L’empereur meimg en croy a fon ferment
Si onques Roy fut fi doulx & clement
Qu’il ayt donne non feullement paffaige
A l’ennemy a fon defauantaige,
MMais ayt voulu (comme le noftre a fait)
52 Se declairer par tout amy parfaict :
Et le tenant en fadifcretion
De leurs debatz ne faire mention :
Lafchant par tout de clemence la bonde
Pour mettre en paix & eulx & tout le monde,
SilEmpereur qui toufiours le prouoque
De fon cofte euft fait le reciproque.
Mais de tous Roys les cueurs & voulentez
Sonten la main de Dieu feul, n’en doubtez :
Qui amolit ce qui eft endurcy,
34 Et n’appartient de toucher a cecy
Qu’auec vng zel & pur intention
Que de fon peuple il ayt compaffion
En deftournant l’ambition notoire
De l’Empereur, ou nous donnant victoire :
Ce qu’efperer debuons de fa bonte,
alla
5
Le ciel inuocque & la terre & la mer
Et les enfers fi les ofe nominer
1
ROLE

Difcours de la Court.
Et de la force & magnanimité
De noftre Roy, qui par grande prudence
Mene la guerre & bonne prouidence :
Lefquelles font deux fœurs filles dufaige
Et du futur nous donnent bon prefaige.
Maturité auec difcretion,
Le con-
La diligenc, & bonny election,
feil priué Grand induftric, & feur& intelligence,
Ferm equité, & longud experience
Ont mis leur fieg en fon confeil priué :
Ou comme l’or en fournaifd efprouué
Sont les fcauantz & faiges retenus,
Et en credit & honneur maintenus. nes
Mais les nommer tous icy n’eft mestier,
Car il fauldroit en fair& vng liure entier,
Et n’eft poffible en fi grand compaignie
De grandz feigneurs, dõt la Court eft munie,
Que le vray renc a chafcun foit rendu
Sans que fouuent l’ordre y foit confondu,
Ven qu’on ne peult les mettre tous enfemble :
Parquoy la inain en ceft endroict me tremble,
Craignant que ceulx que ie n’auray nommez
Penfent que peu ie les ay & eftimez.
Et ceulx auffiqui nommez y feront
Si ie n’en dis affez me blafmeront :
Ainfi ie fuis de tous couftez en doubte,
Et d’autant plus quele defir me boute
Expo
Sifa
Et com
An pr
Leque
Dela
Non
Tele
Op
Quir
You
La
Con
Lon
Qu
Por
Del
Q
Part
L
Dec
Non
Ma
De
Ac

Et poulf& auant, tant plus crainte m’affault.
Si fauldra il en fin franchir le fault
Et commencer(c’eft cbofe bien certaine)
Au prince grand Cardinal de Lorraine :
Lequel i’eftime eftre la vraye Idée
De la faueur par grand vertu guidée :
Ayant du Roy qui congnoit fa bonté
Non feullement credit, mais priuaulté
Telle qu’auoit Achates a AEnée.
O prince heureux, ô perfonne bien née,
Qui vous pourra celebrer dignement
Vous furpaffez trop mon entendement.
Le Cardinal de Bourbon en faigeffe
Correfpondant a fa haulte nobleffe
Louer ne puis tant qu’il a merité.
Quel temps, quelle aage, & quelle antiquité
Pourra iamais abollir le renom
De l’excellent Cardinal de Tournon,
Qui maintenant par fur tous fe defcœuure
Parfait ouurier a manier grand œuure.
Le Cardinal de Ferrare eft aymé
De ce grand roy, & de tous eftimé,
Non pour l’efgard feulement de fa race,
Mais par vertu qui iamais ne fe laffe
De pourchaffer honneurs & dignitez
A ceulx qu’elle ha de fes biens heritez.
N’ont pas receu & Gyury & Meudon
Cardinaulx.

Princes.
Difcours de la Court.
Des vertueux (telz qu’ilz font)le guerdon ?
Et Du bellay ? certes il n’eft pas moins
Scauant
que faig&, en voullez vous tefmoings
Plus fuffifantz que les effe&z y ffuz
Des biens qu’il ha de ce grand Roy receuz ?
Qui cognoiffant fes vertus en luy monftre
Que qui bien fait en la Court bien rencotre :
Mais tant plus eft digne d’eftre loué
Moins en cela de luy fuis aduoué.
Boulloigne auffi auecques Lenoncourt
Peu eftymez ne font en cefte Court.
Et i’ofe bien dire que Chaftillon
De la vertu ha grand efchantillon.
Doibs ie mefler parmy ces Cardinaulx
En hault degré les princes principaulx ?
Vendofmé y eft, & de fain & Pol le conte
Qui ont toufiours rendu fi trefbon compte
De leur proueffe & vertu fans reproche,
Que celuy la qui de leurs faitz approche
Aux Scipions peult eftre comparé.
Et Anguyen fe monftre preparé
Pour imiter la louenge des fiens.
Le duc de Guyff entre les anciens
Se doibt nommer vng Camille Romain,
Bon heur toufiours luy a tenu la main.
Et de Neuers tant l’oncle que nepucu ?
L’ung donné efpoir, & l’aultre ha bon aducu
Dela
Que
Ie
Sive
Par
E
Vo
D :
C
0
F

P
aduct
Difcours de la Court.
Dela vertu, qui fon plege fera
Que fon bon bruyt en maintz lieux florira.
Ie craindz tüber en quelque oultrecuidance
Si veulx parler des grandz eftatz de France
Par le menu : car c’eft chofe increable.
En premier lieu qu’eft ce qu’ung Coneftable ?
C’eft vng eftat qui requiert vng Pompée
Voire Cefar : puis qu’il porte l’efpée
De ce grand Roy, qui malgre tous hazardz
A furmonté Pompee & les Cefars.
Conefta
ble.
Admyra !
Et l’Admyral ? C’eft le fecond Neptune
Qui vaincre peult les ventz & la fortune :
Tefmoing Bryon en fes faictz tant louable.
Qu’il n’eft pas plus Admyral qu’admirable."
Et au furplus qu’eft ce qu’ung Chancelyer Chance-
C’eft de Iufticg vng ferm & fort pilier,
lier.
Ou pour mieulx diré en faiſant fon office
Vng Chancelier eft la mefmes Iuftice.
Notez ce point, car ainfi monte lon
Aux dignitez comme a faict Monthelon,
Quí de Paris nágueres prefident
Fut efleue par meritg euident :
Et on le voyt, ay ant a fon defceu
Et fans prochatz, ce grand honneur receu.
En quoy le Roy fe feit a tous cognoiftre
Inge trefinft, & feit vng tour de maiftre
Ne permertant l’equité fe deftordre.

Anne-
bault.
LÀ NHIỆM
Boify.
Difcours de la Court.
Et qu’eft ce auffi des cheualiers de l’ordre pr
Des marefchaulx de France ? par raifon
De chafcun d’eulx fe faict comparaifon
ald
Qu’il eft trefprompt, & prudent fans doubter,
A entreprendre & a executer :
Donnant eſpoir qu’il pourra maintenir-5
Et vers le Roy & les fiens fonbftenir
L’opinion grande de fa grandeur.
Si en ma plume il y auoit tant d’heur
Qu’aux aultres peuffy & a luy fatiffaire
I’auroys vaincu Cretin & Ichan le maire,
Qui de leur temps la palmy ont emportée.
Etquelle gloirg ha Boify meritée
Que nous voyons par tout fuyure la trace
De fes maieurs & treflouable race
Eftant adroit aux armes, & hardy.
Sourdy.
Au preux Hector, Annebault le nous preuue,
Qui entre tous a faia loyalle preuue
CI
Et qui ne fcait & congnoit que Sourdy
Eft pres du Roy & point ne l’abandonne
Tant que vertur & foing credit luy donne.
le nommeroys voluntiers Villeroyus to l
Qui de fortung ha prins le bon charroy. no
Auffi Babou qui eft induftrieux dorganis
Ayant du Roy les ioyaulx pretieux youpna
Deffoubz fa charge, & en architecture ag
Eft vng Vitruue, embelliffant nature. mag
Dois
Promp
Chalc
Quand
Pour
Tant
Et Bo
Grand
De
Ce qui
Etne
Dura
Quic
Etfca
De L
D’al
Del
Diren
Excel
De rou
En Gr
Dont
En tou
Caff

De Laubefpine eft maintenant en chance
Pour bien prouuer quelle cft fa fuffifance,
D’aultres y font fecretaires notables
En diligence, & de fçauoir louables.
De Marchaulmont, du recepueur de fens
Dire ne puis tout le bien que ie fentz.
Et c’eft tacher d’efpuifer la grand mer
De vouloir tous les illuftres nommer.
Et mefmement les doctes perfonnaiges
En Grec, Hebrieu, Latin & tous langaiges
60 Dont fort touffours quelque propos notable
En toutes artz, qua nd le Roy eft a table.
Caftellanus digne euefque de Tulles
ET
1
Difcours de la Court.
Doibs ielaiffer les doctes fecretaires
Promptz & prudentz pour manier affaires ?
Chafcun cognoit Bayard & Bochetel :
Quand a Bayard, il n’en eft point de tel
Pour bien toucher au point de confequence
Tant eft fcauant, & plein d’experience.
Et Bouchetel faifant bien fon debuo ir
Grande bonté conioin&t a grand fcauoir.
Des Robertetz n’eft faillye la fcuche
Ce qui en refté eft de la bonne touche.
Et ne fault pas cy endroict que l’efpargne
Duval le feul treforier de l’efpargne.
Qui eft loyal en compte & diligent,
Et fcait trop mieulx que manier argent.
50
Secretai
res.
Caftella-
nus.

Colin.
Difcours de la Court.
Et de Mafcon qui approche de Tulles :
Et a attainet, il fault que ie le dye,
Iufques au but de L’encyclopedie.
N’eft moins loué d’eftre la paruenu,
Que par tout dignd il en eft maintenu.
Auflil’Abbé de fain& Ambroys Colin
Qui a tant beu au ruyffeau Cabalin
Que lon ne fcait f’il eft poete ne
Plus qu’orateur a bien dir& ordonné.
Eft du grand Roy qui les fiens fauorife,
Et les letrez aduance & authorife,
Non feulement voulentiers efcouté
Mais tant plus plaift, que plus il eft goufté.
Pour tout exemple il fuffit de ces deux,
Et touteffois puys dire fi ie veulx
Qu’en cefte court y a vne caterue
De gentz fcauantz, allaitez de Minerue,
Qui foubz le Roy defployent leur enfeigne,
Defquelz apprend, & lefquelz il enfeigne.
Et entre tous il ne fault oublyer
Celuy qui eft Euefqué a Montpellier
Qui eft tenu en toure difcipline
Bien comparable(ou peu f’en fault)a Pline.
Et de Roddetz ambaffadeur a Rome
Chafcun le tient pour faig& & fcauat homme.
Et fi ne veulx faillir aux circonftances
Paffer ne fault l’euefque de Conftances,
Im
Sans le
Tout p
Quiba
Etn’c
Quel
Velly
Et en
Ne tro
Chen
Tref
Et pro
D’aut
Bayf B
Bon
Et Ma
Et
Do&
En pom
Lay &

fo
V
g
13
Pline
od
ho
sy
Difcours de la Court.
Sans le louer, ny celuy d’Angoulefme
Tout plein d’esprit & de fcauoir de mefme.
Auffi de Thou eft fcauant le paſteur
Qui ha bon maiſtr&, & eft bon feruiteur.
Et n’eft befoing faire grandes enqueftes
Quel fcauoir ont les maiftres des Requeftes :
Velly de foy le defcouurd a noz yeulx
Et en Velly le Roy le monftre mieulx.
Le Chancelier d’Alencon quoy qu’il face
Ne trouuera nul aultre qui l’efface.
Chemant eft tel qu’ila efte trouué
Treffuffifant d’eftre au confeil priué,
Et promet bien que plus hault montera
D’autant que plus du Roy cong neu fera,
Bayf ha bien auecques la fcience
Boniugement & grande experience.
Et Marillac a faict tresbon debuoir
En Angleterre & prouue fon fcauoir.
Et Maiuus qui a trouue ceft heur
Que de meffieurs a efte precepteur,
Et maintenant en degre honnorable
Eft au grand duc d’Orleans trefaggreable,
Er faint Gelaiz a nul aultre fecond,
Docte a efcripré, a parler treffacond,
D’inuentions tout plein & de doctrine,
En poefie & Francoife & Latine.
Luy de Recluz, l’auler abbe de Beaulien.
Maiftres
des reque
ftes,

Difcours de la Court.
Et Sallignac fi fcauant en Hebrieu,
Grec & Latin qu’entre tous fe peult mettre
Pour bien iuger lefperit de la letre.
Danefius qui les plus grandz deffie
En rhetorique & en philofophie.
Salmonius qui en fes vers liriques
Cede bien peu aux poëtes antiques :
Et Rabelais a nul qu’a foy femblable
Par fon fcauoir par tout recommandable
D’aultres affez qui font lampes ardantes
Pour illuftrer les chofes reluy fantes
Dont ne fe peult la memoire adnuller.
Ne doibz ie pas en ce propoz mefler
Les medecins du grand Roy fi fcauantz
Que nous voyons icy plufieurs viuantz
Leur debuoir vie, au moins autant en fomme
Que leur art peult en departir a l’homme :
D’eftre premier merite Burgenfis
Fort efprouué, & de fens bien raffis
Pour fecourir la perfonne mallade :
Trefdiligentz font Millet & Varade,
Et ont la grace & parolle fi bonne
Que leur ceil feul fanté mainteffoys donne :
Mais fi ie veulx dechafcun en effect
Medecis
Toucher vng motie n’auray iamais faict :
Car en la court c’eft vne infinité
Tant il y a de gens de qualité
sog
A ob qul
Ma
Qu’el
(Car 1
Tant
Hoy
Per
Accom
Ad
Con
Oni
Etf
Prop
ka
Qua
Eta
Suv
Mec
Qu’e
Ven
A
M
Let
An

tre
E
domme
Fid
Difcours de la Court.
Maiftres d’hoftel le premier Monchenu
Qui eft trefbon ceconome tenu,
Et voulentiers auec luy nommeroys
(Car il eft vray courtifan)le Barroys,
Tant d’efchanfons, & tant de pannetiers,
Huyfliers de fall, & trenchantz efcuyers,
Varletz de chambre, & de la garde robbe,
Aufquelz ne fault que l’honneur, ie defrobbe
Peray, Rauftin, Briues, & le Buyffon,
Accompaignez de Lamy, & Sanfon,
Et entre tous Lauau, & Difernay,
Aufquelz le roy a fouueut ordonné
Commiffions de difficila emprife,
Ou fe font bien acquitez fans reprife.
Et fi du Roy, les barbiers y fault mettre,
Propres y font Gros boys, & lehan le Prebftre.
le me rairay des officiers menuz,
Qui a bon droit tous exemptz font tenuz
Et affranchiz de fubfides & taille,
Suyuantz le Roy, quelque part ou il aille :
Me croyrez vous ? tant eft la court istigne
Qu’en fruiterie & iufqu’en la cuifine
Verrez trefbien deduyre vng bon fubie&
A lefcuyer Sanfon, & a Forget :
Mais qui pourroit dire par le menu
Le train qui eft en fa court maintenu ?
Aulcuns y ont voulu chercher adreffe
Officiers
domefti-
ques.

Difcours de la Court.
Pour le reſpect feulement de nobleffe
Et de feruir le Roy ont telle enuye
Que ce leur eft gaing d’y perdre la vie.
Les grandz feigneurs y prennent alliances,
Et les petitz y font des congnoiffances,
Car cefte court perfonne ne rebutte,
Chafcun y tire ainſy qu’au blanc en butte :
Aux vicillardz c’eft fontaine de iouuence,
Er la ieun effe aux dignitez adu ance,
Les vngz y font tous chargez de promeffes
Tendantz le bec aux trefors & rich effes,
Et vont chercher en court d’or la toifon :
Non en Colchos ainfy que feift Iafon
Aulcuns en gracy & credit apparentz
Gettent leurs retz pour haulfer leurs parentz,
Et tel y eft fans negocd & affaire
Qui neantmoins faiat femblant de tout faire,
Et a la fuyurg eft fi fort adonné
Qui fembleroytquil y feuft encheiné.
Neceffité aulcuns y a conduit z
Qui tellement y font ftilez & dui&z
Quilz ne fcauroient eftre aille urs, & y font
Comme a cloz yeulx fans fcauoir quilz y font
Et fuyuent l’ung ainfy que le corps lumbre,
Et bien fouuent n’y feruent que de nombre :
D’autres plufieurs y vont pour leur offices :
D’aultres auffy pour auoir benefices :
Delque
D’autre
Ilyen
Quiny
Depoi
Quilz
Qacion
A qu
Pour la
Et aur
Ceo
Au
Vng
D’aul
En lea
De que
Fors les
Lom
Les
Et co
Soub
Inne

Difcours de la Court)
Defquelz aulcus n’y treuuet ries que blacque
dD’aultres en ont affez pour tenir bancque.
Il y en a, & ainfy ie le croy
Qui ny font rien qu’importuner le Roy :
De poil ardent & fi prompt d’approcher,
Quilz femblent lavenuz pour le fafcher :
Quelqu’ung y va fans y faire fe iour
A qui fuffift d’y eftre quelque iour
Pour la parade, & pour compter apres.
Qu’il a couru en la court tout expres
Et au retour de nouueau comptera
Ce qui n’eft point", ne fut, & ne fera.
Aulcuns y ont fe tenantz des plus fortz
VVng pied dedans, & le refte dehors :
D’aultres y vont pour eftre myeulx venuz
En leurs pays, & eftre foubftenuz
De quelque princé & feigneur de credit.
Fors les fafcheux nul n’en eft interdit.
Lefquelz en font reie&tez comme au bort
Leau de la mer repoulfe le corps mort.
Les gaudiffeurs qui mordent en riant
Et ont toufiours quelque bon mot friane
Suyuyz des folz, des faiges dechaffez
Toft font congneuz & bien tard aduancez :
Et ceulx qui trop veulent réplir leurs bouges
Soubdaiufen võt le grant chemin de Bourges.
Innouateurs, miniftres, de menfonges,
6
CHI

Les pref-
cheurs.
Difcours de la Court.
Qui font valoir pour verite leurs fonges
Apres auoir ca & la tout brouillić
S’en vont couuers de quelque fac mouillié
Et les
trop fins paffez par l’eftamyne
A mauluais ieu y font bien bonne myne,
Car la monnoye aux vendeurs de fumee
N’y a point cours, & n’eft riens efty mee.
Les glorieux braues defefperez,
Couadz de faict, de la langue affeurez
S’en vont ailleurs leurs coquilles eftendre :
Car en la court il ne les fcauroient vendre.
Ceulx que lon voit corriger, tât font beftes
Beaucoup pluftoft les bonnetz que les teftes,
Folz en leurs faiz, & faiges en habitz,
Ne vont pas la pour tondre les brebyz.
Et ceulx auffy qui donnent a tous bons
Treuuent en lieu dung trefor, des charbons,
Les orateurs y portent leurs harengues,
Et les prefcheurs y defployent leurs langues,
Et y font tous pour verite preſcher,
Non pour
vouloir des euefchez pafcher.
Gaigny y eft, docteur fi bien apris
Qu’il a gaigné en Sorbonne le pris.
Bynet, Ory, Chantereau, Guyencourt,
De leurs fermons contentent ceftc court.
Chafcun poete y voue fon poefme,
Poetes. Et d’en auoir fupport faict fon proefine :
Ou que
Maro
Que la
Ne for
Lal
Philolo
Oulem
Exle
Choles
la
De com
De ce
Yealte
Avec
Letran
Et f
Ou por
Et fo
Etilm

Difcours de la Court.
soyt qu’il produyfe vne tranflation
Ou que ce foit de foninuention.
Marot y fut, & ny eft plus Brodeau
Que la mort a caché de fon bandeau,
Et Marot cri, o Roy, fur tous clement
Ne foyez pont rigoureux a Clement.
La Maiſon neufug en fon ftil heroique
Philofophi a ioingta rethorique
Ou le trefor de fon bon fens defploye.
Et le gentil Macault le temps employe
Diligemment a efcripré ou traduyre
Chofes qui font noftre langue reluyre,
La Broderie, & Salel font merueille
De contenter la delicate oreille
De ce grand Roy, qui tout homme fcauant
Veult efleuer & poulfer en auant
Gar toufiours tumbe au deffoubz de la table
Quelque my ette aux docteurs profitable :
Auec lefquelz abon droit nommeray
Le tranflateur d’Amadis Herberay.
Et fi quelcun concoyt en fon cerueau
Bon ou mauluais quelque difcours nouueau
En court courra, foit pour les loix ciuiles
Ou pour fcauoir fortifier les villes
Et fi quelque aultre a fouffert vng exces
En fa perfonne, ou en quelque proces,
Et il maintient fon iuge pour fufpe&,
Maiſtres
des reque
ftes.

Difcours de la Court.
Incontinent fans nul aultre refpe&
On le verra faire grande pourſuitte
Pour euoquer la matier& introduite ?
Et pour vng riens former mille complaintes
D’aultres auffy fe treuuent aux attaintes
Et puys f’en vont fans congié demander,
Comme ilz y font arryuez fans mander.
Chafcun y va pour y tronuer fupport
Ainfy qu’al’anchre affeured & au port.
Car lon y voit fouuent tourner la chance
De pauureté extreme, en habondance :
Quelcung auffy y va faifant grant fefte
Qui l’en retourne apres gratant fa tefte :
Car il eft vray, & ne fe peult nyer
Que tel y eft euefque, & puys Meufnyer.
Surquoy fouuent a penfer me ſuys mys
Sy tout aduient comme dieu la permys
ce diuine Selon fa feuld, & feure prefcience,
A qui ne peult nul faire refiftence,
Ou f’il ya icy quelque fortune
Fortune. Qui fans refpe& & fans raifon aulcune
Diftribuer nous puyffe le bon heur
Prefcien
Le grant credit, la richeffe & lhonneur,
Et qui n’eft pas aucugle feulement
Mais aucugler veult noftr& entendement,
N’ayant en foy fermeté, ny conftance
Ains vfurpant temeraire puyffance
Sur les
Et from
Quilm
Laure
Qui
En li
Tanto
Pourt
Qui fa
Oupa
De di
Teh
Les m
Les pl
Les pl
Les m
Et ce
Ca
11
D’aller
88
Quan

O
O
T
10
Difcours de la Court.
Suz les petitz, aux plufgrans ne pardonne,
Et brouillant tout a lung plus elle donne,
Qu’il ne merite ou qu’il n’a efperé,
Lautre par ell a long temp s profperé
Qui tout foubdain a moins de clyner lœil
En lieu de ioy &, helas meine grant dueil
Tant qu’on leftimd eftre m onté bien hault
Pour recepuoir apres vng plus grant fault :
Qui fai& cela ? eft ce par accident,
Ou par vouloir fatal & euident
De dieu, qui ſeul difpofe toutes chofes ?
inentz de
dieu.
Telz iugemëtz pour moy font letres clofes Les iuge
Les myeulx voyans n’y voient quafy goutte,
Les plus certains y font fouuent grant doubte
Les plus fcauantz n’en fcauent que par foy,
Les myeulx croyans n’y fcauroiét doner løy :
Et ceulx qui ont les meilleures oreilles
N’entendent rien du tout en telz merueilles.
C’eſt vng abifme ou nul ne peult attaindre :
Il ne f’en fault enquerir, Mais les craindre :
Et n’appartient a creature humaine
D’aller cercher la fource & la fontaine
De telz fecretz, car la clarte diuine
Qui noz efpritz aueuglez illumine"
Eft fi luy fant, & gefte telz rayons,
Qu’impoffible eft qu’efblouys ne foyons
Quant on la veult de trop pres regarder

Colin.
Difcours de la Court.
Le beau vifaige il ne fault point farder,
Car lon deftruit la naifue beaulté :
Auffy pour vray la curiofité
Nous fai tumber par folly affection
En herefi ou fuperftition.
Croyre fuffift que de Dieu le pouoir
Eft tout efgal a fon diuin vouloir
Que luy feul peult les cornes abaiffer
De ceulx qui trop fe font vouluz haulfer
Qu’il peult(non autre)a fon gré tout deffaire,
Qu’il eft tout bon, & ne fcauroit mal faire,
Que de tout temps il voit tout & preu oit,
Que feul a tout par fa bonté pouruoyt,
Que tout aduient comme il a decreté
Par fon vouloir, non par neceffité
Qu’il eft en nous du bien le feul autheur
Qu’il eft le maiftre, & que le feruiteur
Saichant la fin a laquelle il eft né,
D’auoir fa gracq, ou d’eftre condemné
Chercher ne doibt les caufes des effe&tz
Qui font par luy commencez & parfaictz
Mais fi quelcun perd eftat ou office,
Il doibt penfer fi c’eft point par fon vice,
Car ce feroit trop enorme blafpheme
D’en accufer vng aultre que foymefme
Veu que ce n’eft ny l’erreur de nature,
Ny le deffault d’une aultre creature,
Ny d
De D
Dela
Etfon
Mau
Den
Icy a
Qu
Cea
Soutb
Cen
Etc
Et
Nel
Main
Que
Nef
Eto
Soya
Car
D’ell
Que
0
C’e
Que

1
fare,
Difcours de la Court.
Ny de fortuné, ou de la prefcience
De Dieu, qui ha la certaine ſcience
De l’aduenir, du prefent, & paffé,
Et fon arreft ne peult eftre caffé :
Mais foit arreft, ou foit permiffion,
De nous prouient noftre perdition.
Et foit malheur, ou foit felicité,
Icy n’auons permanente cité.
Qui eft de bout, regarde de ne cheoir,
Ce qu’a vng aultre aduient luy peult efcheoir :
Soit bien ou mal, foit plaifir ou foit dueil,
Certes autant il luyen pend a loil :
Et celuy la qui n’a le vent a gré,
Et fe voit cheut de quelque haalt degré,
Ne fe doibt pas du tout defefperer :
Mais en fon cueur toufiours confiderer
Que de vertu la grande fermeté
Ne fe parfaict fors en infirmité.
Et qui veult bien par raifon fe renger
Soymefmes doibt, & non aultruy iuger :
Car c’eft au Roy, & qui l’engardera
D’efleuer ceulx que bon luy femblera ?
Et ceulx auffi qui feront exaulfez,
Quand luy plaira fe verront abbaiffez.
Cela n’eft point fortung, a bien l’entendre,
C’eſt vng fecret de Dieu, pour nous apprendre
Quelle eft la force & puiffance des hommes,
H

Difcours de la Court.
Et que fans luy moins que paille nous főmer :
Affez en eft qui y fement leurs biens,
Ethors la Court n’eftiment eftre riens.
Aulcuns y vont pour la feule vertu
Et du furplus ne donnent vng feftu.
La pluſgrand part y va cueillir la gerbe.
D’aultres auffi mengent leurs bledz en herbe.
C’eſt la grand mer ou toute chofe abonde,
Et ou tout fleuud & fontaine redonde.
Brief, de bon lieu n’eft venu qui n’y court.
Pardonnez moy fi parlant de la Court
Ie parle plus langaige d’artifan
Que d’loquent & gentil courtifan.
Et fi quelqu’ung fe trouuoit offenfé,
Ie luy refpondz qu’en luy ie n’ay penfé :
Car qui le mal en general blafonne.
Ce bien y a, qu’il ne taxe perfonne.
Et ie ne veulx eftre pris pour efpie,
Ny caqueter comme en caigé vne pie.
Il y a gentz de toutes nations,
Italiens tous pleins d’inuentions.
Venife riche y meine grand practique
Pour conferuer toufiours fa Republique.
Rome la fainc y enuoye difpenfes,
Bulles, indultz, pardons, & indulgences
Pour maintenir en feure liberte
Le fiege faina & la chreftienté,
SE
Cuis
Pla
Les
Lem
Et
Pour
To
Enny
Maise
Call
Qu
Lo
Rov
L
Sinon
Et
Tat
Que
Pom
Enc
Le
Plast
YG
Etc
Que
L

Difcours de la Court.
Qui n’a fouftien plus certain que des Gaulles.
Plufieurs Lombardz y haulfent les efpaulles
En attendant de Millan l’entreprife.
Les Florentins y crient fans fain&tife
Leur feigneurid a tort eftré vfurpee.
Et Allemaigny en maintz lieux occupee
Pour reformer (foit a tort ou à droict)
Tous les eftatz qui croyre l’en vouldroit
Enuoy en Court pour auoir vng Concile :
Mais en ce temps il eſt trop difficile,
Car l’Empereur qui fainet d’eftre fafché
Qu’on ne le tient, l’ha toufiours empefché.
Lon voit auffi (dont nous doibt fouuenir)
Roys, Empereurs, & Papes y venir.
Le puiffant Roy d’Angleterre n’y vient
Sinon alors que la caufd y furuient.
Et Henry Roy du peuple Nauarroys
Tant eſtimé entre les aultres Roys
Que le grand Roy (il eft notoir& & feur)
Pour fe s vertus lury a baillé fa fœur,
En cefte Court a choify fa demeure.
Le Roy d’Efcoff y receut en peu d’heure
Plufieurs honeurs & biens, lors qu’en téps deu
Y fut pluftoft arriné qu’attendu.
Et que le ciel tant le fau orifa
Que du grand Roy la fille il efpoufa.
Le noble Duc & faige de Lorraine

1
Difcours de la Court.
Y eft aymé c’eft chofe bien certaine.
Taire ne puis que ma dame Renee
L’ung des fleurons de Royalle lignee,
Dame en vertus treffingulier & rare
Cherchee y fut par le Duc de Ferrare.
Cleues auffi Duc de grande efperance
Et de vertu y a pris l’alliance
(Pour f’affeurer & en paix & en guerre)
De la princeffe vnique de Nauarre.
Le dy s vniqué, a fuyur & imiter
Ce que ie croy qu’on ne peult limiter
Tant eft parfait d & digne de la mere
De qui l’abfency au Roy mefme eft amere.
Icy me rend fterile l’abondance
Et ignorant me faict la congnoiffance,
Car il y fault comprendre tous eftatz.
Ambaffadeurs de Roys & potentatz,
Qui bien fouuent fe treuuent pefle me fle.
L’ung ne fait rien, l’aultre de tout fe mefle.
Tant d’officiers, gouuerneurs de prouinces,
Tant de feigneurs de vieulx & ieunes princes,
Tant de maifons nobles & anciennes
Que le grand Roy peult dire toutes fiennes.
Car tant plus grans font les feigneurs en Frace
Tant plus au Roy portent d’obeiffance.
Mais i’en puys bien vng grad nobre oublier
Qui font de nom : Et le grand efcuyer
Qu’ac
Enver
Clor
Rob
Lorge
Jarnac
Dube
Brofe
D’aline
Ma
Que la
O gra
Long
C’eft
Et ma
Tanti
Encor
Du M
Ne
Etler
D’aco
Expo
Netr
Caric
Et fca
Pour

ACC
Difcours de la Court.
Qui a changé floriffante ieuneffe
En vertueufg & louable vieilleffe,
Se monftrant grand par tout, ne doibt il pas
Clorry a bon droit des illuftres le pasa
Rohan, Pointieure, Humieres, & Laual,
Lorges, Sedan, Canaples, Longueual,
Iarnac, Dampierr &, & Briffac, & Defcars,
Du bellay, Tais, d’aultres de toutes partz,
Broffe, Mouy, Douar ty font tous dignes-
D’eftre nombrez auecques les infignes.
Mais eft il vray, ou fiie l’ay fongé
Que la mort a pris le fieur de Langé ?
O grande pert, & dont France foufpire,
Long temps y a qu’il n’en aduint de pire :
C’eftoit vng ang en homme transformé,
Ft maintenant il eft ange formé,
Tant f’eft monftré vertueux & fcauant,
Encor eft il en fes freres viuant.
Du Mans l’euefqué eft fi bon, que fa peau
N’l’efpargneroit pour garder fon tropeau.
Et le petit Roy d’yuetot ne ceffe
D’acquerir bruyt par vertu & proueffe.
En proteftaut que ceulx que i’ay laiffez
Ne fe pourront eftimer offenfez :
Car ie ne puys tout congnoiftry & fcanoir,
Et fcay tresbien que ie n’ay le fcauoir
Pour obferuer de point en point les chofes

La chan-
celerye.
Difcours de la Court.
Qui au dedans de la Court font enclofes.
C’eft tout triumphe & toute feigneurie.
Ie n’ay rien dit de la Chancelerie
Ou fault paffer pour les prouifions
De la Iuftice, & les conclufions
D’affaires grandz, d’eftatz & de finances,
De dignitez, & de præeminences
Que mon eſprit ne fcauroit concepuoir.
Et auffi peu louer pour le debuoir.
Le grand confeil, ou les iurifperites
conteil. Qui fcauent tous edi&z & loix efcriptes
Le grant
Sont affemblez auec vng Prefident
Ce que iamais ne fut au precedent.
Mais le grand Roy y a Breflay commis
Pour fon fcauoir, non par fupport d’amys.
le n’ay parlé des fingularitez
Des paffetemps, & tant de nouueaultez
Que lon y voit, du deduit de la chaffe
Qui hors la Court toute oy fiueté chaffe,
Et contre vic& eft vne fauluegarde.
Cappitai
nes, & ar
l’ay delaiffé les archiers de la garde
Qui font le guet pour ofter tout mefchief.
Et ceulx qui font capitaines en chief
Le marefchal tant loue d’Aubigny
Auquelcomient conioindre Chauigny,
gardes. Le fenefchal D’agenes, & Nanfay,
chiersdes
Qui ont des biens plus que dire n’en fcay.
Etc
Leke
Pour
A con
Repe
Cho
Et pl
Tant
Car
Ma
Qu’e
Qu’a
Quel
Trop
Qugy
Cat
Le pem
Et e
Veoir

gr
Difcours de la Court.
Et des preuoftz de l’hoftel qu’en dict on ?
Le Roy y a nagueres mis Genton
Auec La voult, eftimant qu’ilz feront
Pour bien renger ceulx qui faulte feront
A contenter leur hofte, & es villaiges
Reprimeront des varletz les oultraiges.
Chofe non moins bonne que neceffaire,
Et plus ayfed a commander qu’a faire,
Tant puiffent eftré & promptz & diligentz :
Car il y a trop de fortes de gentz.
Mais fi quelqu’ung allegue les trauaulx
Qu’en court lon treuu, & p inontz & p vaulx
Le mal, le foing, les charges & ennuys
Qu’aulcuns y ont & les iours & les nui&tz,
Ie le fupply qu’il confidere bien
Quel aduantaige il en vient, & quel bien.
Trop eft heureux le trauail & la peine
Qui tant d’honneurs aux courtifans ameine.
Quoy ? vouldroit on viure fans trauailler ?
C’eſt la fanté de fouuent changer l’air,
Le peu dormir, endurer chauld & froid
Rend l’hommune fort, plus allaigre & a droit.
Et a l’efprit c’eft plaifir aggreable,
Et non pas moins vtile & profitable
Veoir les pays, congnoiftre les humeurs
Des nations, leurs langues, & leurs meurs.
Ainfi le corps & l’esprit en tout temps
Preuoftz
delhoftel

J
Faueur.
Difcours de la Court.
Entretenuz par raifon, font contentz.
Et tant y a en court de chofes belles
Que chafcun veult en fcauoir des nounelles.
Chafcun f’enquiert qu’on y faict, qu’on y dift,
Qui eft en grac, ou qui eft interdict,
Qui eft au plein, ou qui eft en decours.
Il n’eft celuy qui n’en face difcours.
Et la nobleffe affemblee & vnie
Pour bien feruir le Roy eft infinie :
Car vng chafcun complaire luy defire,
Et cefte court petitz & grandz attire
Mieulx que n’attrat l’amye fon amant,
Mieulx que le fer n’attir a foy l’aymant,
Et tous y vont comme la mouche a nyel
Prendre le doulx, & delaiffer le fiel :
Cherchant toufiours faueur, auffi fault il
Pour mieulx tirer le fubtil du fubtil.
Cefte Faueur eft bien accompaignee
Chafcun la fuyt, de nul n’eft defdaignee,
Et comme il plaift au Roy elle eft veftue.
Par luy feul eft haulfed ou abbatue :
Car pour certain feulement eft nourrye
De fon bon œil, qui iamais ne varie.
Etf’il le tourné ailleurs en quelque forte,
En vng moment Faueur eft pys que morte :
Et n’eft de nul aymee ne fuyuie,
A dire vray ell ha perdu la vie.
Erd’s
Mon
Qu
C’eft
Main
D’h
On
S’on
Que
Sy el
Que
Ma
Lap
Et
Po
Et d
Pal
D’a
Dom
Car
Nem
Ou
11 pe
Que

Diſcours de la Court,
Et n’eft ce pas la raiſon que le maiftrep
Monftre a faueur que fan s luy ne peult eftre ?
Quand on la voit changer d’accouftrement
C’eft a luy feul d’en faire iugement.
Mais quoy que foyt toufiours eft acconftree
D’habicz pompeux : & en toute contree
On la cognoift, vng chafcun parle d’elle
S’on luy a point roigne quelque bout d’æfle :
Quelz gentz elle ha, & de quelle conduyate : 1
Sy elle a grande, ou trop petite fuyte.
Icy deffus beaucoup de chofes penfe
Que ie ne puys bien dire qu’en filence : bri
Mais ie diray que faueur en fa malle
La pierre auoit qu’on dict Philofophale
Et l’almanach portoyt en vne main
Pour bien fcauoir iuger du lendemain,
Et difcerner le temps, quand il fai& bon
Parler au Roy, f’en approcher, ou non.
D’aultre cofte vng horloge tenoyt
Dont la bonne heure, & mauluaife fonnoyt :
Car celuy la qui d’elle eft fupporté
Ne peult auoir ennuy ny pauureté.
Sy a quelqu’ung elle dia, dieuvous gard
Ou feulement luy gece vng doulx re gard,
Il penſera eftre au de ffuz du vent,
Quoy que faueur penfe ailleurs bien fouuent
Sy a vng aultre elle eſcript en effect
it.

Difcours de la Court.
Ce qu’elle veult n’eft fi toft dit que faict.
Et tont foubdain foit en profé ou en metre
A chafcun il monftrera fa letre :
vng
Et en faict cas comme fi fuft triacle
Pour le venin, ou d’Apollo l’oracle. youp in
Elle pouruoit les loyaulx feruiteurs d
Sans efcouter les affe&tez menteurs : 00 slo
Et de fa chambre a nul n’eft l’huys ouuert
Fuft il du tout veftu de veloux verdag sla
S’il n’eft congnu. Chafcun d’elle f’approche
Quand il y a quelque anguille foubz roche,
Afin d’auoir portion au gaſteau,
al sug
Et fe fait bon couurir de fon manteau.
Lors que du Roy elle a eu bon vifaige
Vous la verrez accouftrer fon pennaige,
Se dreffer hault, aux grandz feigirs foubzrire
Et n’oferoit perfonne la defdire.
Elle many affaires d’importance,
Et ha befoing de grande vigilance.
Les pacqtz ouur, & nuit & iour f’empefche
A recepuoir, ou a faire defpefche. he
Toufiours trauaille & iamais ne ſommeille,
Ayant du Roy le bon ceil & l’oreille :
Mais de fcauoir iuger ce qu’elle di&
Il n’appartient qu’a ceulx qui ont credit.
Auffi elle eft par tout tresbien logee
Et n’eft iamais des fourriers eftrangee.
Dum
Etala
Chalc
Chelc
Huy
A to
De
Et ne
Quell
Aur go
Tou
Quin
Carc
Que
Ades
Etf
Dont
Nef
Mais
Eta
Lede
Siv
D’eft
Daca

E
Difcours de la Court.
Dame Opulence eft tout vys avys d’elle
Et n’eft celuy qui ne la treuue belle.
Chafcun l’honnore & chafcun en di&t bien.
Chafcun efpere, & en attend du bien.
Huyffiers elle ha qui crient gare gare
A tous propos afin que ne f’efgare.
De requerantz eft toute enuironnee
Et ne fe paffe vne feulle journee
Qu’elle ne face ou donner benefices
Aux gentz fcauantz, ou les pouruoir d’offices.
Et quand on voit qu’elle fort d’une place
Tont fe remue, & n’a pas bonne grace
Qui ne luy fai&t reuerence & honneur :
Car c’eft la fille aifnee de bon heur,
Que du grand Roy la liberalité
A de tout temps nourry & allaité.
Et fault fcauoir que cefte grand faueur
Dont ie vous parle, ou chafcun prend faueur,
Ne f’eftend point finon aux vertueux,
Mais d’y toucher trop fuis prefumptueux.
Je l’ay bien veue, & iamais ne m’a veu.
S’elle me voit en brief feray pourueu,
Et n’aduiendra que de la court ie forte
Le defir vif, & l’efperance morte.
Si veulx ie bien(fi ie puis) me garder
D’eftre importun, & n’ofe regarder
Du cabinet de faueur la grand porte,

Dont ſans doubter le Roy ſeul la clef porte
Pour obuier a tous noz accidentz :
Et ſcait luy ſeul tout ce qui eſt dedens.
Parquoy icy ſur la faueur concludz.
Que moins en ſcait qui penſe en ſcauoir plus.
Et de la Court tant ne ſcaurois eſcripre
Que plus ne ſoit ce qui en reſte a dire,
Dautant que c’eſt vng paradis terreſtre,
Et eſtre ailleurs au monde n’eſt pas eſtre.


In ſpe contra ſpem.