Discours de la gloire

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Pierre Le Petit (p. T-24).

DISCOVRS
DE
LA GLOIRE.


A PARIS,
Chez Pierre le Petit, Imprimeur ordinaire
du Roy, & de l’Academie Françoiſe,
ruë S. Iacques, à la Croix d’Or.

M. DC. LXXI.
AVEC PRIVILEGE DE SA MAIESTE’.

AVIS DE L’IMPRIMEVR.


L’Academie Françoiſe ayant donné le Prix de la Proſe à ce Diſcours le dix-huitiéme Aouſt 1671. j’ay crû que le public me ſçauroit gré de luy en faire part ; & meſme, que je ne ferois en cela rien de contraire aux intereſts de la perſonne illuſtre qui a fait tant d’honneur à ſon ſexe en cette celebre occaſion ; n’eſtant pas facile d’empeſcher autrement, qu’il ne couruſt de mauvaiſes copies à la main ou imprimées, d’un ouvrage, dont il en a falu par neceßité donner ou laiſſer prendre pluſieurs außi bien que des autres, afin de les expoſer au jugement de Meßieurs les Academiciens. I’eſpere que cet exemple invitera pour l’avenir les plumes les plus renommées, & de la reputation la mieux établie, à entrer dans vne carriere, où l’on peut acquerir de l’honneur, ſans courre fortune de rien perdre. I’ajoûte à la fin pour ceux qui ſont moins inſtruits des conditions de ce Prix, le propre Imprimé, que l’Academie m’ordonna de publier il y a quelques mois en ſon nom, qui m’exemtera de faire vne plus longue preface.

SVIET
DONNE’ PAR FEV MONSIEVR
DE BALZAC,
De la Loüange & de la Gloire.

Qu’elles appartiennent à Dieu en proprieté ; Et que les hommes en ſont ordinairement vſurpateurs.

Non nobis Domine, non nobis: sed nomini tvo da gloriam.


TOvt le monde parle de la Gloire, & cherche la Gloire ; & preſque perſonne ne ſçait, ou ne peut dire ce qu’elle eſt. I’ay cent fois admiré que les hommes, qui ſont naturellement curieux, de qui l’eſprit veut ſonder les ſecrets les plus cachez, penetrer juſques au centre de la terre, & s’élever au deſſus des cieux pour tâcher de connoiſtre ce qui paſſe leur connoiſſance, s’appliquent ſi peu à connoiſtre la gloire qu’ils deſirent ſi ardemment. On cherche, il y a plus de deux mille ans, quelle eſt la veritable ſource du Nil, encore qu’il ne nous importe en rien de le ſçavoir : & nous voyons pourtant que ces meſmes hommes, dont la curioſité va ſi loin, ignorent la ſource de la veritable gloire ; & ne ſçavent, ni ce que c’eſt, ni à qui elle appartient, quoy qu’ils s’en eſtiment eux-meſmes les poſſeſſeurs, & les juges.

C’eſt pour elle qu’on entreprend les choſes les plus difficiles, qu’on étudie, qu’on voyage, qu’on donne des batailles, qu’on expoſe ſa vie à mille perils. Nul de ceux qui la deſirent, ne doute qu’il ne la merite. Pluſieurs penſent la poſſeder, qui ne la poſſedent point, & ne la poſſederont jamais. On la cherche par mille chemins oppoſez, où l’on ne ſçauroit la trouver. Quelques-vns l’ont meſme cherchée, en croyant la mépriſer. Chacun la met où il luy plaiſt, & s’en forme vne idée ſelon ſa fantaiſie. Plus les hommes ont d’élevation de cœur & d’eſprit, plus ils ſont touchez de l’amour des loüanges, & d’vn violent deſir d’acquerir de la reputation. Enfin, la gloire eſt le reſſort le plus vniverſel du monde, quoy que le plus inconnû. Car ceux-là meſmes qu’elle agite ſans ceſſe, ignorent ce qu’il faut preciſement appeller Gloire ; & bien plus encore, ce qu’il faut faire pour la meriter.

C’eſt par là qu’ils en deviennent les vſurpateurs, au-lieu d’en eſtre les poſſeſſeurs legitimes, comme ils le pourroient eſtre, s’ils reconnoiſſoient vn peu mieux de quelle main ils la tiennent, & s’il faiſoient vn peu plus de reflexion aux belles paroles de mon ſujet :

Non nobis, Domine, non nobis : sed nomini tvo da gloriam.

Feu Monſieur de Balzac qui les a ſi judicieuſement choiſies, & qui a laiſſé vn prix plus glorieux qu’vtile, à celuy qui écriroit le mieux ſur vne ſi noble matiere, connoiſſoit ſans doute la Gloire, il l’avoit aimée, il la meritoit, il la poſſedoit, & pouvoit meſme la donner aux autres, autant que la foibleſſe humaine le peut permettre. Cependant aprés s’eſtre acquis en l’art d’écrire toute la gloire qu’on peut acquerir, il a voulu par la gloire meſme exciter tout le monde à reconnoiſtre qu’elle n’appartient veritablement, proprement & ſouverainement qu’à Dieu ; & aprés luy, imparfaitement & foiblement à ceux qui ſçavent luy en rendre hommage.

Nous ne pouvons ce me ſemble, mieux ſeconder ce grand homme dans vn ſi beau deſſein, qu’en cherchant avec quelque ſoin ce que c’eſt que la Gloire, avant que de la chercher elle-meſme. La pluſpart des gens ne la conçoivent que comme vne vaine repetition de loüanges, vrayes ou fauſſes, qui n’a rien en ſoy de ſolide, & qui dépend de la diſpoſition des eſprits ; comme la repetition que l’echo fait de la voix humaine, dépend de la ſituation & de la diſpoſition des lieux.

Pour moy je croirois qu’elle a beſoin d’autruy & de nous-meſmes, & la comparerois plûtoſt à l’image qui paroiſt dans vn miroir, & qui dépend autant ou plus de l’objet que du miroir meſme. La Gloire a beſoin d’autruy ; car vn homme ſeul & abſolument inconnu à tout le monde, n’auroit point de gloire, quelque merite qu’il pût avoir. Mais elle a auſſi beſoin de nous-meſmes ; parce que ſi elle ne ſubſiſtoit qu’en autruy, il n’y auroit rien qui la rendiſt noſtre, & qui l’attachaſt veritablement à nous.

Le monde convient de cette verité, par les expreſſions dont il ſe ſert, nommant vne fauſſe gloire, cette opinion que nous acquerons dans l’eſprit d’autruy, ſans la meriter. Si l’or faux ſuppoſe neceſſairement vn or veritable, dont il n’a que l’éclat : cette fauſſe gloire ne ſuppoſe pas moins vne gloire veritable, dont elle n’a que les apparences, manquant interieurement de je ne ſçay quoy de plus eſſenciel & de plus ſolide.

La Gloire donc, pour le dire en peu de paroles, conſiſte, ſi je ne me trompe, à ſe voir également accompli en ſoy-meſme, & en l’opinion d’autruy ; & comme les miroirs ſont plus ou moins eſtimez, ſelon qu’ils repreſentent bien ou mal les objets qui leur ſont oppoſez, on peut dire que la gloire eſt veritable ou fauſſe, à proportion du rapport qu’il y a de cette image qui eſt dans l’eſprit des hommes, avec le merite qui la cauſe. Quand nous trouvons en nous-meſmes que cette image qui erre par le monde nous flatte, c’eſt vne fauſſe gloire, qui bien loin de nous plaire, nous doit choquer, comme vn reproche ſecret des defauts que nous connoiſſons en nous-meſmes. Toutes les fois qu’on me loüe de ce qui me manque, je ſens au contraire combien je merite le blaſme oppoſé à cette loüange.

De ce premier fondement il me ſemble qu’on peut tirer toutes les conditions de la veritable gloire ; & montrer en ſuite par ces conditions, qu’elle n’appartient qu’à Dieu en proprieté, quoy qu’il nous en laiſſe quelquefois vn court & leger vſage ; ou plûtoſt vne ombre de cette gloire proprement dite, qui n’eſt que pour luy.

Il faut que la gloire ſoit l’image d’vn bien reel & ſolide qui ſoit en nous : il faut par conſequent que ce bien ne ſoit pas meſlé de beaucoup de mal qui le corrompe, & en diminuë le merite : il faut enfin que ce bien nous ſoit propre, & ne nous vienne pas d’autruy. Car autrement l’image de ce bien n’eſt noſtre image, mais celle de quelque autre objet qui merite d’en eſtre eſtimé. Examinons ces trois conditions l’vne aprés l’autre, pour mieux reconnoiſtre combien elles ſe trouvent imparfaitement dans cette gloire que nous cherchons avec tant d’ardeur.

En premier lieu, puiſque la Gloire doit eſtre l’image d’vn bien qui eſt en nous, il faut d’abord retrancher de la veritable gloire des hommes, celle qu’ils pretendent tirer de tout ce qui n’eſt pas vn bien, ou qui n’eſt pas en eux : il faut retrancher celle qu’ils mettent à des bagatelles indignes d’vn ſi grand honneur ; à eſtre plus riche qu’vn autre, à de belles maiſons, à de grands équipages, à ſe vanger, à s’affranchir de la bienſeance & des loix.

Quelle folie, de mettre ſa gloire en des richeſſes, qui ſans produire nulle perfection en ceux. qui les poſſedent, paſſent continuellement d’vne main en vne autre ; en des palais, que le temps détruit infailliblement ; à de grands équipages, ſouvent inutiles ; à ſe vanger, plûtoſt qu’à la generoſité de pardonner ; à s’affranchir de la bienſeance, qui ſeule empeſche les hommes d’eſtre barbares ; & enfin à mépriſer les loix, ſans leſquelles ils ne pourroient ni commander, ni obeïr juſtement !

I’ay marqué pour la ſeconde condition de la Gloire, qu’il faut que ce bien qui eſt en nous, ne ſoit pas meſlé de beaucoup de mal. Car il eſt de la Gloire comme de la beauté. Vn beau trait tout ſeul ne peut faire vne belle perſonne : c’eſt vn aſſemblage de beaux traits qui fait la beauté : c’eſt vn aſſemblage de grandes qualitez qui fait le fondement de la Gloire. La grande naiſſance, le grand pouvoir, la grande beauté, la grandeur de l’eſprit, & la valeur y peuvent contribuer. Mais toutes ces choſes qui ſemblent des biens, ſont pourtant des biens imparfaits en eux-meſmes, que nous rendons bien plus imparfaits encore, puis qu’ils deviennent meſme des maux par le mauvais vſage que nous en faiſons.

Pour commencer par la valeur, qui eſt vne qualité plus propre à produire la Gloire, qu’aucune autre, on peut dire toutefois qu’elle n’en eſt pas vne ſolide matiere, ſi elle n’eſt accompagnée de beaucoup de choſes qui luy manquent preſque toûjours. Il n’appartient qu’à Dieu d’eſtre le Dieu fort, le Dieu des armées & des vangeances, à qui rien ne peut reſiſter, & qui n’employe jamais ſa force que juſtement.

D’ordinaire la gloire des Conquerans n’eſt qu’vne fauſſe gloire, parce que leur valeur n’eſt qu’vne grande injuſtice. Ils font avec deux cens voiles la meſme choſe que fait vn pirate avec vn brigantin, & ne prennent pour regle de leur devoir, que leur ſeule avidité, ne comptant pour rien le ſang qu’ils répandent, & la deſolation des peuples.

A la verité, s’il ſe trouve vn Prince tel que le noſtre, capable de la guerre autant que l’ayent jamais paru les plus grands Conquerans, & auſſi rapide dans le cours de ſes victoires, qu’ils l’ayent jamais eſté ; qui neanmoins ne faſſe la guerre que quand elle eſt juſte, pour faire obſerver les loix ; qui ſçache ſe retenir au milieu de ſes proſperitez, & pouvant tout emporter, ſe contente de beaucoup moins qu’il ne luy appartient, pour épargner à ſes ſujets, à ſes voiſins, & à toute l’Europe les maux d’vne longue & ſanglante guerre : la valeur ſera ſans doute vn bien en luy, & ne ſera pas fureur comme dans les autres Conquerans, ou comme dans les lions & les autres animaux ſauvages. Mais ces grandes qualitez qui nous le font admirer ſe trouvent ailleurs ſi rarement enſemble, qu’on peut connoiſtre combien il y a de fauſſe gloire de cette eſpece en l’eſtime generale qu’on fait de la valeur, dont neanmoins, ſelon vn grand Philoſophe, la gloire eſt proprement le partage ; puis que cette valeur au lieu d’eſtre vn bien, eſt elle-meſme vn mal en tous ceux qui la poſſedent ſans les conditions qui la rendent loüable ; mal pour eux-meſmes ; & mal pour le genre humain.

Mais pour éviter la longueur, je diray en deux mots, que la haute naiſſance ſans vertu, eſt honteuſe, par la comparaiſon qu’on fait de nos anceſtres à nous. Tout ce qui eſt grand aujourd’huy, a eſté autrefois petit ; ou le deviendra quelque jour. Ainſi l’extraction illuſtre peut augmenter la gloire jointe à vertu, mais elle ne la peut cauſer toute ſeule.

Quant au grand pouvoir, il eſt ſi ſouvent accompagné d’injuſtice & de violence, que la honte le ſuit auſſi ſouvent que la gloire.

La beauté eſt trop fragile pour en eſtre vn ſolide fondement, ſur tout quand on l’employe, comme on fait ſouvent, à ſeduire ſa propre raiſon, & celle des autres.

La grandeur de l’eſprit humain n’eſt que tres-rarement vn veritable ſujet de gloire. Cet eſprit n’eſt bien ſouvent qu’vn ſujet revolté, qui employe ſes propres lumieres contre celuy qui les luy a données, & qui s’admirant luy-meſme, mépriſe tout ce qu’il connoiſt & tout ce qu’il ne connoiſt pas. Plus il eſt élevé en certaines choſes, plus il eſt petit en d’autres : & cherchant quelquefois inſolemment des defauts dans tous les ouvrages de Dieu & des hommes, il ne connoiſt pas les ſiens propres. Ainſi voulant ſe faire de nouvelles routes dans la connoiſſance de la verité, il ſe trompe d’ordinaire le premier ; il trompe enſuite ſes admirateurs, qui ſont auſſi aveugles que luy ; & n’eſt que l’eſclave de toutes les paſſions déreglées les vnes aprés les autres, quoy qu’il en deuſt eſtre le maiſtre.

Nous n’abuſons pas ſeulement de tous les biens dont je viens de parler, & de cent autres : nous abuſons meſme de la Gloire la plus legitime, & du deſir de l’acquerir ; quoy que l’on puiſſe regarder l’vn & l’autre comme des biens qui ſont en nous. En effet ce deſir, s’il eſt moderé, eſt tres-loüable : mais quand il eſt exceſſif, il rend bien ſouvent ridicules ceux qui en ſont poſſedez.

I’oſe meſme avancer qu’il eſt la ſource la plus ordinaire de la médiſance. On ne cherche à rabaiſſer les autres, que pour s’élever au deſſus d’eux. Il ſemble que le mal qu’on dit d’autruy ſe change en loüange à l’avantage de ceux qui médiſent ; & c’eſt autant par cette fauſſe gloire, que par malignité, que la médiſance eſt ſi generale.

Cependant, ce meſme deſir exceſſif de gloire, qui fait la médiſance d’vn coſté, produit en nous de l’autre l’amour de la flatterie : & l’on a la foibleſſe d’avoir vne credulité pleine d’orgueil, qui fait accepter les loüanges les plus éloignées de la verité, ſans nul ſentiment de modeſtie morale, ni d’humilité chreſtienne ; au-lieu que les plus juſtes eloges doivent donner vne modeſte confuſion à ceux qui les meritent le mieux.

Ce meſme deſir de gloire cauſe encore cent injuſtices & contre Dieu, & contre le prochain. On craint plus de faire vne bonne action, quand elle peut eſtre mal expliquée par les hommes, que d’en faire vne mauvaiſe ſelon Dieu, pourveu qu’elle ſemble belle ſelon les maximes de cette multitude corrompuë qu’on appelle le monde.

Quelle apparence donc de trouver vn bien qui ne ſoit meſlé de beaucoup de mal, puis que nous abuſons de toutes ſortes de biens, grands & petits, faux ou veritables ? Les richeſſes nous font ordinairement avares ou prodigues : les palais magnifiques nous font mépriſer les pauvres & la pauvreté : le grand nombre de domeſtiques flattant l’orgueil humain, fait qu’on les traite quelquefois comme des eſclaves : la valeur eſt ſouvent injuſte ou brutale : la haute naiſſance fait qu’on ſe contente des vertus de ſes predeceſſeurs, ſans en acquerir d’autres pour ſoy-meſme : l’autorité nuit plus à celuy qui s’en ſert injuſtement, qu’à ceux qu’elle fait ſouffrir : la beauté eſt vne illuſion qui ſe détruit preſque dés qu’elle paroiſt : l’eſprit le plus éclairé, n’eſt, comme je viens de le dire, que foibleſſe, qu’erreur : & l’amour de la gloire mal conduit, eſt vn de ces ardens qui nous menent à des precipices, au-lieu de nous éclairer.

I’ay dit en dernier lieu que la troiſiéme condition de la gloire, eſtoit que le bien nous ſoit propre, qu’il ſoit en nous-meſmes, & qu’il ne nous vienne pas d’autruy. Il eſt aiſé de montrer que l’homme n’a rien de tel. Car il tient toutes choſes ou de la naiſſance, ou de l’education, ou de la fortune, du moins de ce qu’on appelle ainſi, qui ſont à ſon égard toutes cauſes étrangeres ; & il ne ſçauroit marquer vn ſeul bien qui vienne de luy, qui luy ſoit propre, qui luy ſoit aſſuré, qu’il ne puiſſe perdre en vn inſtant. Que s’il y a quelque choſe de luy qui merite d’eſtre loüé, c’eſt quand il ſçait reconnoiſtre que ce qu’on eſtime en luy, ne vient pas de luy ; au lieu de ſe remplir d’vne vaine image de ſa perſection & encore cela meſme luy vient d’ailleurs, c’eſt à dire, de Dieu, ſans qui il ſeroit comme tant d’autres, qui s’imaginent que ces biens viennent d’eux-meſmes, & ſont à eux.

Ainſi l’homme ne poſſedant aucun bien que fort imparfait, que pour peu de temps, que tant qu’il plaiſt à Dieu ; & la veritable gloire eſtant l’image d’vn bien : il ne poſſede la gloire que de la meſme ſorte ; j’entens imparfaitement, pour peu de temps, comme vne choſe qui luy eſt preſtée plûtoſt que propre ; Rien ne peut mieux exprimer cette verité que les belles paroles de M. de Balzac ; Que la loüange & la gloire appartiennent à Dieu en proprieté : Dieu ſeul poſſede la gloire avec ces trois conditions eſſencielles ; ſeul il ne la tire jamais de ce qui n’eſt point vn bien ; ſeul il poſſede ce bien ſans nul mélange de mal ; ſeul il le tient de luy-meſme.

Nous le confeſſons, grand Dieu, vnique Sauveur du monde ; la gloire ne nous appartient pas ; vous l’avez poſſedée de tout temps, & par tout ; vous l’avez meſme trouvée ſur la Croix, au milieu de l’opprobre qui nous appartenoit, & que vous avez voulu ſouffrir pour nous. Faites, mon Dieu, que nous ne la cherchions plus qu’en vous ; & que s’il nous arrive de nous glorifier de quelque choſe, ce ſoit comme ſaint Paul, de vous ſeul, & de vous ſeul crucifié.



EXTRAIT DV PRIVILEGE DV ROY.


PAr grace & privilege du Roy, en date du 19. jour de Septembre 1671, il eſt permis à Pierre le Petit, Imprimeur ordinaire de ſa Majeſté, de faire imprimer pendant le temps de cinq années pluſieurs Diſcours ſur le ſujet : De la Loüange & de la Gloire ; enſemble les Pieces de Poëſie, avec les autres Ecrits qui pourront eſtre faits à l’occaſion deſdites Proſes & Poëſies Et defenſes à toutes perſonnes d’imprimer, vendre ou diſtribuer aucune deſdites compoſitions contrefaites, à peine de mille livres d’amende, &c. comme il eſt plus au long porté par ledit Privilege.