Discussion:Jacques Galéron
Éditions[modifier]
Titre et éditions | |||
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1864 : | Jacques Galéron ![]() ![]() |
en feuilleton dans Le Siècle, 7, 15 décembre | |
1864 : | Jacques Galéron ![]() ![]() |
Paris, Achille Faure | |
1865 : | Jacques Galéron ![]() ![]() |
Paris, Achille Faure [1] | |
1865 : | Jacques Galéron ![]() ![]() |
Gallica | en feuilleton dans Journal du commerce de l’île Bourbon |
1868 : | Jacques Galéron ![]() ![]() |
en feuilleton dans La Coopération |
Statistiques[modifier]
- 25421 mots environ soit un peu moins de deux heures de lecture à 250 mots par minute
Critiques[modifier]
- La Vie parisienne : mœurs élégantes, choses du jour, fantaisies, 7 janvier 1865 [1]
En vente à la même Librairie
JACQUES GALÉRON
PAR ANDRÉ LÉO
Un volume In-18 Jésus… 1 fr. 50 c.
Extrait du Journal LA VIE PARISIENNE du 11 mars 1865.
André Léo, ce pseudonyme qui cache une jeune femme du meilleur monde, continue sa série de succès. Après la Vieille Fille, le Mariage scandaleux et les Deux Filles de M. Plichon, voici Jacques Galéron, une œuvre toute masculine.
Ce roman, c’est une lettre — une lettre pour l’intrigue et quelques mots de réponse pour dénoûment. Mme Élise Vaillant écrit à son ancienne amie de pension, Mme Julie Mireteau, femme d’un recteur d’Académie, pour lui recommander ses protégées.
Madame Vaillant perdit une fille âgée de seize ans qui, à son lit de mort, pria sa mère de garder auprès d’elle Suzanne, sa sœur de lait. Madame Vaillant remplit le vœu de son enfant mourante ; seulement, comme il fallait décider les parents de la petite paysanne, elle lui attribua des gages, tout en l’élevant comme si elle eût été sa fille. De là commencement de la jalousie des bons bourgeois du village, qui continuent à appeler Suzanne la bonne à madame Vaillant et ne se décident à l’accepter que pour ne pas éloigner la mère adoptive, femme du médecin de l’endroit.
La petite fille devient jeune fille et embellit, quand arrive dans le village un nouvel instituteur, jeune et beau garçon qui vit avec son grand-père, un vieux soldat d’Afrique. Ils sont les lions du pays, toute la coterie s’empare d’eux, le curé ne les quitte plus. On mitonne déjà un mariage avec une coiffeuse de sainte Catherine. Mais, patatra ! le cœur de Jacques Galéron fait banqueroute et il demande Suzanne. Le mariage se conclut à travers les embûches, les intrigues, les calomnies. Une école laïque ouverte par Suzanne Galéron à côté de l’école des Sœurs déchaîne toutes les fureurs cléricales. Puis vient une scène entre le vieux soldat et le curé, et enfin la suspension de l’instituteur. Le dénoûment, c’est la réponse du recteur. Qu’il soit plus sage, qu’il fasse sa soumission aux puissants du jour, et on le replacera dans un trou, sur les limites du département.
Évidemment tout cela se passe avant le ministère Duruy. Comme toujours, le style est sobre, pas de phraséologie. Des périodes courtes, mais nettes, claires, précises. En quatre coups de plume, un portrait hardiment posé sur ses pieds et vivant bien. Écoutez celui-ci :
« Mlle Prudence Rochet est une fille de cinquante ans, un peu voûtée, brèche-dent, jaune de peau, l’œil vif et la voix mielleuse. Elle porte habituellement un bonnet à rubans roses et parle en s’écoutant. C’est elle qui pare l’autel le dimanche, qui raccommode les surplis et les chasubles, qui dresse les reposoirs de Pâques et de la Fête-Dieu. Elle surveille aussi quelque peu le presbytère et fait aux jours de gala les honneurs de la maison de M. le Curé. C’est sa voix un peu cassée qui, avec celles des bonnes Sœurs, dirige à l’église les cantiques chantés par les petites filles… Mlle Prudence enfin porte le nom de Sacristine dans tout le bourg de la Roche-Néré. »
Rien de frais comme l’aveu de Jacques à Suzanne. La veille, à la fête, dans une ronde, Jacques avait choisi Suzanne pour l’embrasser. La jeune fille, qui avait déjà été embrassée par d’autres, était devenue rouge comme une cerise et s’y était opposée. Le lendemain, le pauvre garçon arrive chez madame Vaillant et, ne sachant pas que cette dernière l’écoute, il parvient tout doucement a lâcher le grand mot :
« Vous n’allez pas au jardin, monsieur ?
« — Non, mademoiselle, répondit Jacques, » Et le silence recommença.
« Non, répéta Jacques au bout de quelques instants, je ne vais pas au jardin.
« Il se tut de nouveau, cela valait la peine de reprendre la parole ! En d’autres temps, la rieuse Suzanne eût éclaté. — Parce que… ajouta-t-il sans doute par un effort héroïque, parce que je suis vraiment bien malheureux depuis hier.
« — Ah !… vous êtes malheureux… pourquoi ?…
« — Parce que je vous fais peur… ou plutôt vous avez horreur de moi, n’est-ce pas, mademoiselle Suzanne ? — Mais non, monsieur, je vous assure… je ne trouve pas… ce que vous dites là n’est pas vrai du tout. — Enfin, vous avez pourtant quelque chose contre moi, bien sûr ? — Oh ! non… mais je sais bien pourquoi vous croyez cela, pour la chose d’hier… C’est moi qui avais tort, et j’en suis vraiment fâchée, monsieur Jacques, je vous en demande pardon. — Je ne vous en veux pas, répondit-il d’une voix rauque après un moment de silence ; mais je n’en ai pas moins de peine, parce que, voyez-vous, je ne suis fâché que d’une chose… c’est que vous ne m’aimez pas ? — Ah ! vous croyez ! — Voyons, mademoiselle Suzanne, dites la vérité… J’en suis comme fou, au moins… si vous saviez ce que j’ai souffert depuis hier soir ! — Oh ! je l’ai deviné, dit-elle en tremblant, et je ne peux pas vous exprimer combien j’en ai eu de peine aussi. J’en ai pleuré presque toute la nuit. Mais c’a été plus fort que moi… quand j’ai vu que vous vouliez m’embrasser comme ça… — Mon Dieu ! cela vous fait bien de la peine que je vous embrasse ? — Mais non !… c’est qu’il y avait du monde !…
« Chère et chaste enfant ! Maintenant je la comprenais : elle n’avait pas voulu livrer aux yeux de tous une émotion qu’elle sentait sacrée. Je me levai doucement et m’esquivai dans le jardin, par la fenêtre qui était ouverte. Il est une force dont on ne tient compte ni pour la conserver, ni pour en tirer parti, c’est l’honnêteté de la jeunesse. Moi, je la crois plus forte que toute précaution, etc., etc. »
Est-ce assez délicat ! On dira que j’abuse des citations. Eh ! mon Dieu ! nous ne sommes pas ici des critiques de profession… J’ai lu un livre, je dis ce que j’ai ressenti et je prends par la main celui auquel je redis mes impressions pour lui faire voir ce qui m’a plu ou déplu. Libre à lui de ne pas être de mon avis après cela.
En parlant de l’éducation donnée par les religieuses, l’auleur s’écrie :
« Elles croient servir le bien et le servent de toute leur âme, avec les passions qu’elles renferment ; la nature les y force à leur insu. Un de leurs premiers dogmes étant de croire au mal, et comme principe et comme incarnation, leur devoir doit être de le poursuivre à outrance et leur défaut de le voir partout.
« Ce pauvre monde, si anathématisé par l’esprit chrétien, ce monde dont le besoin et le goût*de vivre sont si opposés à cette religion de la mort, qui ne cherche la vie qu’au delà de la tombe, ce monde n’est et ne peut être pour elles qu’un adversaire et un ennemi.
« Relisez les Pensées du P. Bouhours et tant d’autres thèmes semblables : le monde est l’ennemi du christianisme. N’est-il pas rigoureusement vrai, d’après cela, que le christianisme est l’ennemi du monde ? Et n’avons-nous pas droit de nous plaindre d’être livrés pieds et poings liés à notre ennemi ? »
Trouvez-moi dans tout le fatras de nos philosophes anciens et modernes une argumentation plus serrée à la fois, plus éloquente que celle-ci. Quand j’ai terminé un livre d’André Léo, j’ai toujours envie, comme les dilettanti anglais, de crier : Encore ! encore ! Je disais un jour : C’est le George Sand de l’avenir ! Ma foi non ! — C’est l’André Léo ! deux noms qui marcheront de front un jour.
ÉDOUARD S.
- Une Amie, comédie en 1 acte et en vers, par Émile Bergerat, [2] reprise de l’article de la vie parisienne.
- Dictionnaire universel des contemporains [3] tableau de la situation difficile d’un instituteur.
- Almanach de la littérature 1866 [4]
— Jacques Galeron de M. André Léo… J’en suis fâché pour André Léo, mais la dame se donne une grande peine pour entourer d’une louange méritée et d’une popularité déjà très-grande un pseudonyme ingrat qui la laissera dans l’ombre, et quand elle voudra réclamer l’honneur d’avoir écrit le Mariage scandateux et les Filles de M. Plichon, les indifférents, qui sont très-nombreux, vont lui répondre : Vous n’êtes pas madame une telle, vous êtes M. André Léo. Jacques Galeron est le fils de son père, et comme disait Montesquieu, parlant de son propre livre : protem sine matre creatam.
- Le Petit journal du parti social français 1865 [5]
Voici venir encore Jacques Galeron, un petit volume à 1 fr. 50 c., signé André Léo. – André Léo est un valeureux capitaine, aide de camp de George Sand première manière, – et bien qu'écrit par une femme, il n'y a pas besoin de mettre des lunettes.pour constater le genre masculin de ce charmant ouvrage.
- Le Tintamarre : “ Quant à Jacques Galéron, c’est la dernière éclose des créations d’André Léo. Je ne vous en dirai rien par la raison excellente que je ne l’ai pas lu, l’éditeur n’ayant pas songé à me l’envoyer ou moi-même ne le lui ayant pas encore demandé.» (voir Discussion:Un mariage scandaleux)
- Le Nain jaune 1866
Paris, le 4 mars 1866
À Monsieur le Rédacteur en chef du Nain jaune
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Enfin, quand je traitai avec Mme André Léo pour la publication en volume de son Jacques Galéron, qui avait paru dans le Siècle', je lui payai 500 fr. le droit d'en faire une édition, soit 25 centimes par exemplaire tiré, ce qui, pour un ouvrage de six à sept feuilletons seulement, devant former un très petit volume au prix soit de 1 fr. 50 cent., était un prix fort élevé, et une rémunération aussi large, pour ne pas dire plus, que celle que les librairies les plus importantes accordent aux auteurs les plus célèbres et les plus accrédités.
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Achille Faure
- le complément d'information de Kergomar [8] disant qu'Hachette a fait plus de bénéfice sur le dos de l'auteur.