Discussion:Le Fils d’Ugolin
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Critiques, résumés…
[modifier]- Un roman psychologique ; 13 avril 1946 Le Littéraire [1]
- Études : revue fondée en 1856 par des Pères de la Compagnie de Jésus, 1er avril 1947 [2]
Colette YVER. — Le Fils d'Ugolin, Calmann-Lévy, 1946. 232 pages.
Sous l'écrasante personnalité de son père, peintre de génie, Pierre Arbrissel développe difficilement des dons qui, cultivés, n'eussent pas été médiocres. Jalousement attaché à ce fils unique, l'artiste plus ou moins consciemment, mais avec persévérance, décourage une à une toutes ses tentatives d'émancipation. Successivement il étouffe en Pierre une vocation religieuse d'ailleurs bien sentimentale, le goût de la peinture, enfin une passion naissante. Pierre demeurera toute sa vie un pâle reflet de ce père insatiable qui, nouvel Ugolin, l'aura dévoré jusqu'au coeur. Robert du PARC.
- 20 sept 46 Les lettres françaises [3]
LE FILS D'UGOLIN, par Colette Yver (Callmann-Lévy, édit.). L'action de ce roman, qui se situe vers 1870, permet à l'auteur une évocation facile de cette époque et du milieu impressionniste. Mais l'histoire de ce fils faible et timoré d'un peintre célèbre qui renonce successivement à la vocation religieuse, à la peinture et à l'amour et qui gâche sa vie pour ne pas déplaire à son « grand homme » de père, dont la forte personnalité l'écrase, ne nous émeut guère.
L'égoïsme féroce et tyrannique du peintre est bien conventionnel et nous ne pouvons nous empêcher de penser que Pierre Arbrissel, qui ne sait pas trouver en lui-même assez de force et d'amour pour se libérer de cette emprise, n'a été qu'un raté. G. B.
- La Croix du Nord : supplément régional à la Croix de Paris 18 septembre 1946 [4]
Colette Yver : LE FILS D'UGOLIN. — Paris, Calmann-Lévy, 1946. — 109 fr. Le sujet de ce roman est contenu dans le titre. Ugotin ! Un père qui « dévore » son fils.
Hyacinthe Arbrilssel, un peintre célèbre aime jalousement Pierre, son fils unique.
Pierre est un sensible, un faible... Paralysé par un complexe d'infériorité parce qu'il se compare au grand homme, il est, dès son adolescence, accablé des confidences de l'ardent artiste.
« Est-ce que tous les pères sont ainsi ? » se demande-t-il, angoissé. Est-ce qu’ils initient aux désordres de leur vie passionnelle les fils qui n'auraient voulu voir en eux que l'inébranlable soutien de leur propre conscience ? »
Élevé chez les Dominicains de Neully, très pieux, d’une piéié moins solide que tendre, le jeune homme croit avoir une vocation religieuse. L’a-t-il vraiment ? Il parait plutôt enivré de consolations spirituelles et séduit par la poésie du cloître ; mais, il suffit qu’Hyacinthe Arbrissel s’afflige de ses projets d’avenir pour que Pierre y renonce.
De même, un peu plus tard à cause de son père encore, il renonce, la sacrifiant, à épouser une jeune fille qu'il aime, à réaliser en peinture ses conceptions personnelles, à être quelqu'un enfin.
Il se marie. Son tyran qu'il idolâtre d'ailleurs tolère la jeune femme parce qu'elle n'est guère aimée. Pierre a plusieurs enfants. Il n'échappe jamais à la terrible emprise de son père qui même après la mort « continue en quelque sorte de vivre » dans l'atelier musée » près duquel « le fils d'Ugolin » pauvre « être en veilleuse », monte une perpétuelle garde funèbre ».
Pénible cas de déformation des sentiments, d'ordinaire si beaux que sont l'amour filial et l'amour paternel. Drame familial émouvant que rend vraisemblable la sensibilité spéciale des deux Arbrissel — des natures d'artistes, excessives en tout.
L'ouvrage ne s’adresse pas à la jeunesse qui n'aurait que mépris, d'ailleurs, pour je pitoyable Pierre Arbrissel, dépourvu de caractère.
Les lectrices de Mme Colette Yver regretteront qu'aucun personnage du livre ne soit réellement sympathique et que les rôles féminins soient assez insignifiants ; mais elles retrouveront dans « le Fils d’Ugolin » les qualités qui ont gagné à la romancière un fidèle public. E M.