Discussion:Mémorial de Sainte-Hélène (1842)/Tome 1/Chapitre 01

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Notes à reporter.


1 Dans une circonstance importante, on vint à bout de pousser un des membres de sa famille, le cardinal Fesch, à oser venir lui faire des représentations contre une de ses grandes entreprises. Ils se trouvaient dans une embrasure de fenêtre. L’Empereur, après avoir écouté assez longtemps, et avec plus de patience qu’on aurait pu le croire, interrompant tout à coup l’interlocuteur, et fixant le ciel : « Voyez-vous cette étoile ? lui dit-il (or on était au milieu du jour). – Non. – Eh bien, moi je la vois, et très distinctement. Sur ce, bon jour ! Retournez à vos affaires, et surtout fiez-vous-en à ceux qui voient un peu plus loin que vous… »

1 C’est dans cet esprit que fut rédigé, à l’exemple des autres corps, un projet d’adresse au roi, au nom des officiers de la maison de l’Empereur. En voici la substance :« Sire, les soussignés, qui firent partie de la maison de l’Empereur Napoléon sollicitent de Votre Majesté le bienfait d’un regard particulier.

Héritiers des obligations de leurs pères, ils furent dans les temps fidèles défenseurs du trône ; plusieurs ont suivi Votre Majesté, durant longues années, en terre étrangère, et scellé leur dévouement de la privation de leur patrimoine.

Ce furent précisément ces principes connus et cette conduite avouée qui devinrent leur titre, et firent jeter les yeux sur eux quand il s’agit de relever un trône et de l’entourer.

L’attente de celui qui s’environna de nous ne fut point trompée, elle ne pouvait l’être ; nous avons rempli ces nouvelles obligations avec honneur et fidélité. Ces sentiments, Sire, gages certains de tous les autres, nous suffiraient pour notre propre estime, si nous croyions pouvoir demeurer oisivement à l’écart ; mais doit-il être un repos absolu pour de loyaux et bons Français ? Et pourtant, si quelques-uns d’entre nous se croyaient réduits par délicatesse à attendre en silence de nouveaux devoirs, leur motif ne pourrait-il pas être méconnu ? D’un autre côté, ne pourrait-on pas se méprendre également sur ceux qui, ne cédant qu’à leur cœur, se précipiteraient au-devant des faveurs de Votre Majesté ? Telle est, Sire, la position particulière et si délicate dans laquelle nous nous trouvons ; mais elle a déjà cessé, si Votre Majesté a daigné l’entendre ; son âme royale comprendra le mouvement délicat qui nous guide en cet instant, et accueillera nos vœux sincères de la servir, ainsi que la patrie, avec notre zèle et notre fidélité accoutumés. »

Il devint difficile de trouver des signatures à un acte aussi mesure. On aurait de la peine à croire que cet aveu authentique et non réprouvé de nos fonctions, les mots d’Empereur Napoléon surtout, furent de grandes objections. Chacun y trouva la sienne, suivant son caractère ; telles furent les mœurs du jour. On ne put réunir que dix-sept signatures ; dix-huit ou vingt promirent de s’y joindre quand il y en aurait vingt-cinq, mais aucun ne voulait aider à compléter ce nombre. Deux même, croyant avoir commis une crânerie qu’ils n’avaient pas bien comprise, leur intention n’ayant été que de solliciter la confirmation de leurs places, recoururent après leur signature, et la raturèrent. L’original de cette pièce doit être demeuré entre les mains d’un des signataires à Paris ou à Versailles.


1 Ceci paraîtra incroyable ; moi-même, en relisant aujourd’hui mon manuscrit, je doute ; mais je ne peux oublier cependant que, lorsqu’il en fut question à Longwood, c’était à dîner ; ce devint l’objet d’une discussion assez longue, et je n’ai bien certainement écrit alors que ce qui demeura convenu. D’ailleurs il existe encore plusieurs de ceux qui l’accompagnaient ; on pourra vérifier.

1 Cette vérité se trouve développée par des documents authentiques qui présentent des résultats bien plus grands, sans doute, qu’on ne saurait se l’imaginer. (Voyez Situation de l’Angleterre, par M. de Montvéran.)FRANCE. ANGLETERRE.

HABITANTS.C.A. MORT. ANNÉES. HABITANTS.C.A. MORT.

34 000 000 882 1801 16 000 000 3 400

42 000 000 392 1811 17 000 000 6 400

D’où l’on voit qu’en 1801 en France il y avait vingt-six condamnations à mort par million d’habitants, et qu’en 1811, dix ans après, elles avaient déjà diminué de deux tiers, n’y en ayant plus que neuf par millions d’habitants.

En Angleterre, au contraire, où les condamnations étaient de deux cent douze par million en 1801, elles s’étaient accrues de plus de moitié, étant en 1811 de trois cent soixante-seize par million d’habitants.

On peut observer aussi en passant que ces condamnations en Angleterre se trouvaient alors à celles de France comme 9 est à 376, ou comme 1 à 42.

Le rapport de la mendicité en France aux pauvres à la charge des paroisses en Angleterre est bien autrement prodigieux : la France ne présentait en 1812 guère que trente mille individus sur quarante-trois millions d’habitants, tandis qu’en Angleterre, même année le quart de la population, ou quatre millions deux cent cinquante mille pauvres se trouvait à la charge des paroisses. (Montvéran.)




1 On trouve dans le chapitre correspondant à celui-ci, dans les campagnes d’Italie, dictées par Napoléon, et qui ont été publiées plus tard, l’addition curieuse suivante. « Le total présentait trente mille hommes sous les armes : il est vrai que l’effectif de l’armée se montait, sur les états du ministère, à cent six mille hommes ; mais trente-six mille étaient prisonniers, morts ou désertés. Depuis longtemps on attendait à passer une revue régulière pour les effacer des états de situation. Vingt mille étaient dans la huitième division militaire à Toulon, à Marseille, Avignon ; ils ne pouvaient être employés qu’à la défense de la Provence : sur les cinquante mille hommes effectifs restant sur la rive gauche du Var, cinq mille étaient aux hôpitaux ; sept mille formaient les dépôts ; huit mille étaient employés aux garnisons de Nice, Villa-Franca, Monaco, Saorgio, etc. : restait trente mille hommes prêts à entrer en campagne. »




1 On trouve dans les Mémoires de M. Larrey, comme phénomène ou du moins comme chose très remarquable, que la force des circonstances, dans la retraite de Saint-Jean-d’Acre, ayant fait réduire la nourriture des malades à quelques simples galettes de biscuit et leur pansement à de l’eau saumâtre, ces malades ont traversé soixante-lieues de désert sans accidents, et avec de tels avantages, que la plupart se sont trouvés guéris lorsqu’ils ont revu l’Égypte. Il attribue cette espèce de prodige à l’exercice direct ou indirect aux chaleurs sèches du désert, et surtout à la joie de retrouver un pays qui était devenu pour les soldats une espèce de nouvelle patrie.

2 Que j’étais loin de juger du cœur et de l’âme de ceux qui nous retenaient ! Madame de Las Cases s’est vue constamment repoussée, soit par divers prétextes ou même par le silence. Enfin, et comme pour se débarrasser de son importunité, lord Bathurst lui a fait écrire au commencement de 1817 qu’on pourra lui permettre de se rendre au Cap de Bonne-Espérance (500 lieues plus loin que Sainte-Hélène), d’où, « si le gouverneur de Sainte-Hélène (sir Hudson Lowe) n’y trouve aucune objection, elle pourra se rendre auprès de son époux. »J’abandonne sans commentaire cette espèce de mauvaise plaisanterie à quiconque se sent un cœur d’homme.


1 Le général Drouot a réclamé, avec raison et en toute justice, contre ce faux bruit. (Voyez ci-après à ce sujet le redressement en note, à la journée du samedi 14 septembre.) Si la rectification n’a pas été faite ici au texte même, c’est par l’extrême désir de s’éloigner le moins possible de la publication primitive.

2 Note de M. Benjamin Constant. Bonaparte mettait un grand prix à prouver que son retour n’avait pas été un mouvement militaire. Je suis fâché de n’avoir pas avec moi six pages qu’il avait écrites ou dictées à ce sujet, et qu’il avait soigneusement corrigées. Il me les remit lors de la communication que je rapporte ici. Il désirait que je répondisse à lord Castlereagh, qui avait, dans une harangue au parlement, attribué tout son succès à l’armée.Ne voulant rien écrire avant que d’être sûr que ce n’était pas un despote que je rendais à la France, je me refusai à ce travail ; et, en 1815 ; je confiai l’esquisse que Napoléon m’avait remise à un de mes amis qui partit pour l’Angleterre, d’où j’ai négligé jusqu’à présent de la faire revenir. Il y avait beaucoup de chaleur, des expressions bizarres, mais fortes, une grande rapidité de pensées, et quelques traits d’une véritable éloquence.


1 Cette scène se passait en présence de vingt-deux personnes :L’EMPEREUR ;

Dubois, Corvisart, Bourdier et Ivan ;

Mesdame de Montebello, de Luçai et de Montesquiou ;

Les six premiers dames d’annonces : Ballant, Deschamps, Durand, Hureau, Nabusson et Gérard ;

Cinq femmes de chambre : Mesdemoiselles Honoré, Édouard, Barbier, Aubert et Geoffroy ;

La garde madame Blaise et deux filles de garde-robe.


1 Circonstance assez singulière : c’est précisément de M. de Villèle, devenu depuis célèbre, que j’obtins en Languedoc cette assertion sur l’agriculture.

2 Parcourant un jour à Longwood le nom des sénateurs qui avaient signé la déchéance, l’un de nous fit observer celui de M. de Valence, signant comme secrétaire. Mais un autre expliqua que cette signature était fausse, que M. de Valence s’en était plaint et avait réclamé. « C’est très vrai, dit l’Empereur, je le sais, il a été très bien ; Valence a été national. »




1 Depuis mon retour en Europe, on m’a assuré qu’il existait deux billets au crayon, de l’Empereur Alexandre, sollicitant anxieusement qu’on le laissât passer. Si cela était vrai, quelle vicissitude de fortune ! Le vainqueur magnanime aurait péri dans les fers, au loin de l’Europe, privé de sa famille, et précisément au nom du vaincu qu’il avait si généreusement écouté !!!




N.B.écrit sous dictée. – 1° Alvinzi, quoi qu’on trouve dans les divers rapports, avait quatre-vingt mille hommes, Provera compris. Les forces du Tyrol étaient de plus de cinquante mille hommes. Provera en avait vingt-cinq, dont cinq mille combattaient à Saint-Michel, et dix-huit mille, formant deux divisions, avaient marché sur Mantoue. De ces dix-huit mille hommes, trois mille restèrent sur ses derrières, dix mille arrivèrent à Saint-Georges, et cinq mille restèrent en arrière sur la Molinella pour parer le mouvement d’Augereau qui suivait : tout cela fut pris. S’il ne se trouva que sept mille prisonniers dans la colonne de Provera, c’est qu’il avait livré deux combats, l’un à Anghiari, un autre à Saint-Georges, et donné la bataille de la Favorite, qui lui avait coûté du monde, et que beaucoup de soldats autrichiens entrés dans les hôpitaux ne sont pas compris dans le nombre des prisonniers. Les rapports ne marquent que vingt-trois mille prisonniers : le vrai est que les Français en firent plus de trente mille ; c’est qu’en général l’armée gardait mal ses prisonniers ; elle en laissait échapper un grand nombre. Le cabinet de Vienne avait organisé des administrations en Suisse et sur les routes pour favoriser leur désertion. On peut calculer qu’un quart des prisonniers se sauvait avant d’être arrivé au quartier-général central ; un autre quart avant de parvenir en France, où il n’en arrivait guère qu’une moitié. Beaucoup aussi s’encombraient dans les hôpitaux.

2° Si, dans le rapport officiel, Bessières ne présenta au Directoire que Soixante-et-onze drapeaux, c’est que les méprises communes dans les mouvements d’un grand état-major en retinrent treize en arrière. On les trouva dans le nombre de ceux que présenta Augereau après la prise de Mantoue.

3° Des soixante drapeaux qu’Augereau présenta au Directoire, treize étaient un reste des trophées de Rivoli et de la Favorite qu’aurait dû présenter Bessières. Les quarante-sept autres furent trouvés dans Mantoue, et font connaître les nombreux cadres de l’armée de Wurmser qui s’étaient renfermés dans cette place. Le choix d’Augereau pour porter ces drapeaux fut la récompense des services qu’il avait rendus à l’armée, surtout à la journée de Castiglione. Cependant il eût été plus naturel encore de les envoyer par Masséna, qui avait des titres bien supérieurs. Mais le général en chef comptait beaucoup plus sur celui-ci pour sa campagne d’Allemagne, et ne voulut point s’en séparer. Il en est qui ont cru que Napoléon s’apercevant qu’on affectait d’élever outre mesure le général Augereau, fut bien aise, en l’envoyant à Paris, de mettre chacun à même d’apprécier justement le caractère et les talents de cet officier, qui ne pouvait que perdre à l’épreuve. D’autres ont pensé, au contraire, que le général en chef avait eu pour but de fixer les regards de Paris sur un de ses lieutenants. Augereau était Parisien.



1 J’ai appris depuis que cette montre, la compagne fidèle des merveilleux travaux des campagnes d’Italie et d’Égypte, est passée dans les mains du grand maréchal.L’empereur se plaignait que sa montre n’allait pas ou allait mal ; on avait tenté vainement de la lui faire raccommoder ; et un jour en considérant une que le général Bertrand venait de recevoir du Cap, il lui dit : « Je la garde, et vous donne la mienne : elle ne va pas en ce moment, mais elle a sonné deux heures sur le plateau de Rivoli, quand j’ordonnai les opérations de la journée. »


1 Le temps qui apprend tout nous a fait connaître les petits ressorts qui ont amené un des plus grands dénouements.Voici ce que je tiens de la propre bouche des acteurs :

En apprenant l’arrivée de Napoléon à l’Élysée après Waterloo, Fouché court aux membres inquiets, défiants, ombrageux de la Chambre : « Aux armes ! leur crie-t-il. Il revient furieux et résolu à dissoudre les Chambres et à saisir la dictature ; nous ne devons pas souffrir ce retour de la tyrannie. » Et de là il court aux meilleurs amis de Napoléon : « Savez-vous, leur dit-il, que la fermentation est extrême contre l’Empereur parmi certains députés et que nous n’avons d’autre parti pour le sauver que de leur montrer les dents, de leur faire voir toute la force de l’Empereur, et combien il lui serait facile de les dissoudre ? »

Les amis de Napoléon, aisément dupés, au fort de cette crise soudaine, ne manquent pas de suivre, ou peut-être même dépassent les suggestions de Fouché, qui recourt ensuite aux premiers, leur disant : « Vous voyez bien que ses meilleurs amis en conviennent, le danger est pressant ; dans peu d’heures si on n’y pourvoit, il n’y aura plus de Chambres, et l’on serait bien coupable de laisser échapper le seul instant de s’y opposer » Alors la permanence des Chambres, l’abdication forcée de Napoléon, et un grand empire succombe sous les plus petites, les plus subalternes intrigues, à la faveur des rapports de vrais commérages d’antichambre. Ah ! Fouché !… Fouché !… que l’Empereur le connaissait bien, quand il disait qu’on était toujours sûr de trouver son vilain pied sali dans les souliers de tout le monde !




1 Des amis m’ont assuré que ces expressions avaient été bien pénibles à ceux qui en étaient l’objet ; cependant je puis assurer qu’elles avaient été prononcées dans des intentions tout à fait bienveillantes pour Caffarelli, et faites même pour le flatter. L’Empereur, en mentionnant les causes que l’intrigue avait mises en avant pour écarter du ministère cet administrateur distingué, avait été bien loin de prononcer qu’elles étaient réelles ; bien au contraire : et j’aurais été d’autant plus malencontreux dans mon récit, que c’est une famille à laquelle je suis fort attaché.

1 Et encore devrais-je confesser que mon opinion pourrait bien être erronée, si comme on me l’a démontré depuis le relevé des registres en France depuis l’introduction de l’égalité des peines, comparé à celui fait pendant le même espace de temps sous les anciennes lois pénales, présente un moindre nombre de criminels.

1 L’on m’a assuré depuis que cette circonstance est en effet erronée, et celle relative au prince Eugène inaxacte.


1 Effectivement, elle avait été obtenue dans la Belgique.

1 Dans la première édition il est dit à Saint-Sulpice. On m’a démontré qu’il y avait erreur matérielle. Napoléon se sera trompé de nom, ce qui lui arrivait quelquefois. Peut-être trouvera-t-on par la publication de ses Mémoires qu’il se sera redressé lui-même. Au surplus, celui qui tiendrait rigoureusement ici à l’exactitude locale peut se satisfaire aisément en cherchant dans les papiers du temps où s’est passé l’anniversaire du 21 janvier en 1798.



1 L’impartialité me commande de faire connaître ici que M. La Bouillerie réclame contre cette assertion.

1 Depuis mon retour en Europe, je tiens de M. l’évêque Grégoire qu’au plus fort de la crise du concordat, mandé avant le jour à la Malmaison, quand il y arriva, le Premier Consul se promenait déjà dans une allée, discutant vivement avec le sénateur Volney. « Oui, Monsieur, lui disait-il, on dira ce qu’on voudra, mais il faut au peuple une religion, et surtout de la croyance ; et quand je dis le peuple, Monsieur, je ne prétends pas encore dire assez, car moi-même, » et il étendait en cet instant ses bras avec une espèce d’inspiration enthousiaste vers le soleil qui précisément en cet instant apparaissait radieux à l’horizon, « moi-même, exprimait-il avec chaleur, à la vue d’un tel spectacle, je me surprends à être ému, entraîné, convaincu ; » et se tournant vers l’abbé Grégoire, il lui dit : « Et vous, Monsieur, qu’en dites-vous ? » À quoi celui-ci n’eût qu’à répondre qu’un pareil spectacle était bien fait pour donner lieu aux plus sérieuses et aux plus fécondes méditations.

1 On m’a dit plus tard qu’une partie de ces quolibets étaient étrangers à Le Tourneur, et ne devaient regarder que Letourneux, ministre vers ces temps-là.

1 Nous tous qui avons été à Sainte-Hélène, nous tous qui avons vu et avons été pour quelque chose dans les faits allégués au parlement d’Angleterre par lord Bathurst, nous pouvons affirmer devant Dieu et devant les hommes que les ministres anglais n’ont pas cessé de mériter les justes reproches encourus au temps de lord Whitworth. Nombre d’Anglais, sur les lieux mêmes, en sont demeurés d’accord avec nous, et en ont rougi, ont-ils dit, pour leur pays !!!…

1 Couronne, en anglais et dans plusieurs langues du continent, veut dire aussi un écu.

1 Les Mémoires de Napoléon (Paris, Bossange frères, 1823) présentent des notes de Napoléon sur une histoire de Saint-Domingue, qui renferment des détails précis et curieux sur l’expédition contre cette colonie, les causes qui l’ont fait entreprendre, celles qui l’ont fait échouer, etc.

1 En effet, le lin se file aujourd’hui comme le coton.

1 Depuis mon retour en Europe, je me suis procuré ces vers en original. Si ma traduction présente quelque différence, c’est qu’à Sainte-Hélène je citais de mémoire. Les voici :Weep daughter of a royal line,A sire’s disgrace, a realm’s decay ;Ah, happy ! if each tear of thineCould wash a father’s fault away !Weep for thy tears are virtue’s tearsAuspicious to these suffering isles ;And be each drop in future yearsRepaid thee by thy people’s smiles !

March 1812.

2 Depuis ces paroles, la grande victime a succombé ! Moi, son serviteur, j’ai vu commencer ses tortures ; d’autres m’ont transmis les angoisses de sa longue agonie ! ! !… Elle a expiré !!!… Et l’on n’a cessé de frapper constamment au nom du prince ! Aussi immortelle victime a-t-elle laissé de ses propres mains ces mots terribles : « Je lègue l’opprobre de ma mort à la maison régnante d’Angleterre !… »



Notes du tome 2


1 Ces cônes, de soixante pieds de hauteur, avaient cent quatre pieds de diamètre à leur base et soixante à leur sommet.

1 On trouve sur les prisons d’État un article spécial et développé, au tome Ier, p 165 des Mémoires de Napoléon, publiés par les généraux Montholon et Gourgaud ; Paris, Bossange frères, 1823. Je pourrais m’autoriser souvent aujourd’hui du témoignage de ce précieux recueil ; et ce n’est pas une petite satisfaction pour moi, à mesure que les volumes paraissent, que de retrouver dans les propres dictées de Napoléon, qui, n’ayant eu lieu qu’après mon départ de Sainte-Hélène, m’étaient conséquemment inconnues, une foule d’objets que je me trouve avoir saisis au vol dans ses conversations, et avoir reproduits fidèlement avec une concordance parfaite.


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1 Quelqu’un qui se tient pour bien informé m’a garanti que j’étais ici tout à fait dans l’erreur, M. de Calonne n’ayant gagné l’Allemagne que lorsque la mesure de l’émigration se trouvait déjà arrêtée ; ajoutant que bien, loin de l’avoir créée et provoquée, il l’avait même blâmée.


1 Je dois avoir dit qu’en travaillant, mon Journal de Longwood, circonspection et la prudence m’ordonnaient, souvent d’exprimer mystérieusement ma pensée. Aujourd’hui, depuis le temps que tout cela a été écrit, l’intervalle qui m’en sépare, les différentes situations où je me suis trouvé, font qu’il est bien des choses que je ne sais plus m’expliquer à moi-même. Par exemple, il y avait dans cet endroit des initiales et autres caractères dont je n’ai pu, en dépit de tous mes efforts, soupçonner, en quoi que ce fût, la véritable signification. Il est pourtant sûr qu’elles devaient exprimer des choses d’autant plus importantes et plus délicates, que j’ai mis plus de soin à les rendre inintelligibles.

1 Je dois faire connaître que M. le colonel Gustafson (Gustave IV) m’a écrit pour s’élever contre l’inexactitude de ce fait. Mais par sa lettre même on pourrait être conduit à penser que l’erreur ne provient que d’une interprétation forcée donnée à ses paroles véritables ; or chacun sait combien cette inexactitude est facile, même habituelle, lorsqu’il s’agit d’un fait qui ne peut avoir été transmis qu’à l’aide de plusieurs intermédiaires. Dans la crainte d’avoir mal entendu moi-même, ce qui eût été possible, je n’aurais pas hésité un instant à prendre l’erreur sur mon compte ; mais chaque lecteur jugera que l’étendue de la conversation de Napoléon, le développement de ses idées sur le sujet ne pouvaient me laisser aucun doute.



2 Montvéran, t. V ; Galerie historique, t. II et IV, etc.

3 Ceci me rappelle une circonstance personnelle qui présente un singulier rapprochement avec ce que rapporte cet ouvrage de Montvéran.Lors de l’attaque sur Anvers, ayant demandé à m’y rendre comme volontaire, le duc de Feltre, ministre de la guerre, avec lequel je me trouvais fort lié, me destina à l’état-major général du prince de Ponte-Corvo (Bernadotte). Ce ministre me dit, en m’expédiant, qu’il allait me charger pour son beau-frère, chef de l’état-major du prince, d’un message verbal qu’il n’eût pas voulu confier au papier, me priant d’en bien retenir les expressions. Elles étaient celles-ci : « Nous avons des raisons de croire à d’étranges menées de la part de Bernadotte, à une ambition tout à fait extravagante. Ainsi point de démarches, point de signatures qui pussent vous compromettre : veillez aux pièges. » Ces paroles, sans explications ni commentaires, et avec l’état politique des choses telles qu’elles me paraissaient alors à moi, portion du vulgaire, me semblèrent du véritable grec. Je les rendis comme je les avais reçues, sans m’en inquiéter autrement.

En addition à cette anecdote ; en voici une autre qui m’a été contée, depuis la première publication du Mémorial, par quelqu’un qui prétendait la garantir. Elle est bien propre à corroborer l’opinion émise au texte ci-dessus, touchant les machinations intérieures ourdies de longue main.

Immédiatement après la bataille d’Essling, m’a-t-on dit, un émissaire arriva du champ de bataille à Fouché pour lui faire connaître l’état désespéré des affaires, qu’on pensait pouvoir être très favorable à certains projets. Cet émissaire était chargé de prendre ses avis, et de savoir ce qu’on pouvait attendre du dedans. À quoi Fouché répondit dans un état de véritable indignation : « Mais comment venir nous demander quelque chose, quand vous auriez déjà dû avoir tout accompli à vous seuls ? Mais vous n’êtes là-bas que des poules mouillées qui n’y entendez rien : on vous le fourre dans un sac, on le noie dans le Danube, et puis tout s’arrange facilement et partout. »


4 J’ai entendu l’Empereur se faire précisément la même question, et y répondre en parcourant en peu d’instants huit ou dix hypothèses diverses avec cette fécondité d’idées et cette rapidité d’expression qui lui étaient si particulières. Si je ne l’ai pas mentionné en son lieu, c’est que, ne voyant pas qu’il en pût ressortir aucun bien, et y jugeant de nombreux inconvénients, j’ai cru devoir omettre le tout ; seulement il termina disant : « Je n’hésite pas à prononcer que mon assassinat à Schœnbrunn eût été moins funeste pour la France que ne l’a été mon union avec l’Autriche. »


1 Depuis la publication du Mémorial, on m’a fait observer qu’il y avait ici anachronisme ; la dorure du dôme des invalides ayant été commencée en effet avant la campagne de Russie. Ce seront les minarets du Caire, et non les clochers de Moscou qui en auront donné l’idée à Napoléon ; et c’est sans doute ce qu’il aura voulu dire ; mais cette méprise de sa part, dans une conversation courante et sans but spécial, est facile à comprendre ; il en arrive de pareilles à tout le monde.

1 Dans les temps qui ont suivi mon enlèvement de Longwood, Napoléon s’est occupé d’un travail spécial sur le grand Frédéric, de notes et de commentaires sur ses campagnes. (Voyez les Mémoires de Napoléon, tom. VIII. Bossange frères, 1823.)

1 Noble Vénitienne d’une grande beauté, dont la carrière et les aventures font une histoire toute romanesque et fort dramatique. Échappée de chez son père, errante à la suite d’un jeune marchand florentin, plongée dans la plus profonde misère, elle devient grande-duchesse de Toscane ; et dans cette situation s’empoisonne froidement à table, d’embarras et de dépit de voir son mari le grand-duc se servir d’un plat empoisonné qu’elle avait préparé contre son beau-frère le cardinal de Médicis, lequel avait persisté de s’en abstenir par défiance.




1 La victoire de Lutzen fut pour l’Empereur le moment d’une perte sensible, celle du maréchal duc d’Istrie, le brave et loyal Bessières, qui lui était si sincèrement dévoué. Le digne roi de Saxe lui avait fait élever un monument au lieu même où il fût frappé, et, par un bien glorieux rapprochement, il a été fait semblable à celui de Gustave-Adolphe, et se trouve non loin de celui-ci : une simple pierre entourée de peupliers. Et cet exemple, du reste, n’est pas le seul d’étrangers rendant à la mémoire de nos braves un hommage négligé par les nationaux.

2 Cette mort de l’illustre Moreau sous les drapeaux russes et contre une armée française a été et demeure la désolation, le supplice de ses plus vrais amis, de ses plus zélés partisans.

3 Lors de mon dernier voyage à Londres en 1814, il n’était bruit que des évènements récents, et la bataille de Leipsick y jouait un grand rôle. On racontait qu’au moment de sa défaite, Napoléon avait tellement perdu l’esprit, qu’il s’était égaré dans la ville, et que perdu dans une rue écartée, sur la muraille de laquelle, bien qu’à cheval, il s’était appuyé dans un moment de défaillance, il avait demandé à une bonne vieille son chemin et un verre d’eau-de-vie. L’explosion du pont n’était pas oubliée, et elle était racontée précisément comme à Paris. Ces détails et bien d’autres encore remplissaient les salons et couraient les rues, étaient racontés sérieusement par les personnes les mieux élevées comme par celles du dernier vulgaire ; les gravures en étaient exposées à toutes les boutiques. On y voyait la rue de Leipsick, le point précis de l’évènement, etc., et le torrent de ces absurdités était, tel qu’il ne restait d’autre ressource au bon sens que de hausser les épaules et de souffrir.

4 Il y avait quelque chose de si juste dans cette pensée, qu’il ne demeure nullement prouvé que le détrônement de l’Empereur n’ait pas été plutôt escamoté à l’Autriche que consenti par elle. Par une de ces fatalités si remarquables qui se sont attachées aux derniers pas de Napoléon, un de ses succès momentanés sépara les Autrichiens des Russes et l’ordre de marcher sur Paris, ainsi que la fameuse déclaration qui proscrivit Napoléon et sa famille, émanèrent d’Alexandre seul. Quand François se présenta, il n’eut plus que l’obligation d’adopter des mesures déjà accomplies. Mais bien des circonstances ont porté à croire que ce fut avec une grande répugnance et un extrême dépit.

5 Le vénérable, le fidèle, le bon roi de Saxe avait suivi Napoléon son allié, et s’était fixé à son quartier-général. Les coalisés, en entrant dans Leipsick, se saisirent de sa personne, et prétendirent disposer de ses États. On connaît ses malheurs : ils intéressèrent vivement tous les cœurs généreux en Europe.

6 Au milieu de la déloyauté générale, le roi de Wurtemberg présente une exception bien honorable. Ce prince, quoique déjà en guerre avec nous, cassa la brigade de cavalerie et les corps d’infanterie de ses troupes qui passèrent à l’ennemi, et retira à leurs officiers la décoration de son ordre.

1 Pendant que lord Lauderdale était à Paris et négociait avec les plénipotentiaires de l’Empereur, la Prusse courut aux armes et prit une attitude hostile. Lord Lauderdale paraissait ne point approuver cette conduite et croire la lutte fort inégale. Instruit que l’Empereur se préparait à se mettre à la tête de l’armée, il demanda si l’Empereur consentirait à retarder son départ et à s’arranger avec la Prusse, si l’Angleterre acceptait la base de la négociation, c’est-à-dire l’uti possidetis de part et d’autre, en y comprenant le Hanovre. La discussion était sur le Hanovre, que l’Angleterre voulait recouvrer indépendamment de cette base. Par la réponse du cabinet de Saint-James, lord Lauderdale fut rappelé : l’Empereur partit et la bataille d’Iéna eut lieu ; Fox était mort alors.Nous avons été, à cette époque, témoins oculaires des regrets et de la répugnance qu’avait le monarque français pour la guerre de Prusse ; il était disposé à laisser à cette puissance le Hanovre, et à reconnaître une confédération du nord de l’Allemagne. Il sentait que la Prusse n’ayant jamais été ni battue ni humiliée par la France, étant tout entière, n’avait aucun intérêt contraire aux siens, mais qu’une fois vaincue, il faudrait la détruire.


2 Le bruit est assez généralement répandu que le mariage de l’archiduchesse Marie-Louise avec l’Empereur Napoléon a été un des articles secrets du traité de Vienne : cette opinion n’est pas fondée. Le traité de Vienne est du 15 octobre 1809, et le contrat de mariage a été signé à Paris, le 7 février 1810.Tous les individus qui ont assisté au conseil privé du 1er février peuvent affirmer que les circonstances du mariage sont telles qu’elles sont rapportées ci-dessus ; qu’il n’était nullement question de l’alliance de la maison d’Autriche avant la lecture des dépêches du comté de Narbonne, et que le mariage avec Archiduchesse Marie-Louise fut proposé, discuté et décidé dans le conseil et signé dans les vingt-quatre heures.

Les membres du conseil étaient : l’Empereur, les grands dignitaires de l’empire les grands officiers de la couronne, tous les ministres, le président du Sénat, celui du corps législatif et les ministres d’État, présidents des sections du Conseil d’État, total vingt-cinq.


3 Je n’ai pas voulu supprimer ce résumé de la campagne de Saxe, bien que le même sujet se trouvât déjà traité. Si quelques-uns le considèrent comme une répétition, d’autres le trouveront une comparaison, une vérification ; car l’un des récits provient des documents publiés en Europe, tandis que l’autre a été dicté à Sainte-Hélène par Napoléon lui-même.

1 Au moment d’envoyer à l’impression, le hasard m’ayant fait mentionner cette circonstance à deux ou trois militaires, ils m’ont dit ne pas avoir eu connaissance de cette institution, sans me garantir toutefois qu’elle n’existât pas. Ne feraient-ils que l’ignorer, ou me serais-je trompé moi-même en prenant pour fait, dans les paroles de l’Empereur, ce qui n’eût été qu’intentionnel ?N.B. J’avais cru un devoir de consigner ici la défiance que j’avais de moi-même en cette occasion, et mes scrupules n’ont pas tardé à recevoir leur récompense ; car ce sont eux précisément qui m’ont procuré la certitude dont je manquais. À peine le Mémorial avait-il paru, qu’il m’a été adressé à la fois, bien que de deux points fort éloignés, l’assurance positive que je ne m’étais point trompé, et que je devais reprendre pleine et entière confiance dans l’exactitude de mon récit ; et chacun des bienveillants informateurs a eu le soin de joindre à son témoignage des détails authentiques que je vais transcrire ici.

« L’institution que vous mentionnez, me mandait le premier, officier au 9e de ligne, existait réellement ; ces sous-officiers étaient choisis et armés ainsi que vous le dites, etc. ; je les ai constamment vus au régiment dont je faisais partie jusqu’en 1814, etc. »

Le second, ancien sous-inspecteur aux revues, allait plus loin encore ; il me transmettait le texte même des décrets relatifs à cette institution.

Premier décret, du 18 février 1808. (BERRIAT, Législation militaire, 2e vol., p. 47.) « Deux braves, pris parmi les anciens soldats non lettrés, qui, par cette raison, n’auront pu obtenir d’avancement, seront toujours placés à côté de l’Aigle ; ils sont nommés par nous et ne peuvent être destitués que par nous. »

Deuxième décret du 25 décembre 1811. (BERRIAT, Législation militaire, 1er vol., p 422.) « Le deuxième et le troisième Porte-Aigle auront un casque et des épaulettes défensives ; ils seront armés d’un épieu avec flamme, ou esponton de parade et de défense, avec une paire de pistolets. »

Ainsi, et je me plais à le redire, parce que je ne saurais trop le répéter, toutes les fois que les circonstances m’ont conduit à vérifier jusqu’aux moindres parties d’une conversation journalière, bien qu’elle fût parfois abondante et souvent des plus négligées, j’ai eu lieu de me convaincre que le tout en était de la plus stricte vérité.


1 Ce n’est pourtant pas qu’il négligeât de s’occuper de ces hommes, car un moment il chargea le commissaire des guerres, M. Ch. Vauthier, qui se trouvait près de lui de courir en toute hâte sous les murs d’Antibes, et de délivrer les prisonniers, en essayant d’enlever la garnison, lui répétant à diverses reprises, lorsqu’il s’éloignait déjà : « Mais surtout n’allez pas vous faire bloquer aussi. »

2 Le 1er mars, débarque sur la plage de Canne, au golfe Juan ; le 2, entre à Grasse ; le 3, couche à Barème ; le 4, dîne à Digne et couche à Maligeai ; le 5, couche à Gap ; le 6, couche à Corps, au-delà duquel, le lendemain, l’Empereur harangue et rallie les soldats du 5e. Peu d’heures après, il est joint par Labédoyère, à la tête du 7e ; le 7, à Grenoble, séjour ; le 9, couche à Bourgouin ; le 10, à Lyon, reste trois jours ; le 13, couche à Maçon. Fameuse proclamation de Ney, prince de la Moskowa ; le 14, couche à Chalons ; le 15, à Autun ; le 16, à Avalon ; le 17, à Auxerre, reste un jour, y est joint par le prince de la Moskowa ; le 20, arrive à Fontainebleau à quatre heures du matin et entre aux Tuileries à neuf heures du soir.

1 Sir Walter Scott et le capitaine Maitland assurent que la lettre de Napoléon au prince régent se trouve datée du 13 juillet, veille même du jour où le comte de Las Cases vint à bord du Bellérophon ; et ils en déduisent la preuve évidente que la détermination de Napoléon de se rendre en Angleterre était déjà arrêtée avant la mission du comte de Las Cases. À cela le comte de Las Cases confesse qu’une pareille date lui deviendrait tout à fait inexplicable, et qu’il ne pourrait l’attribuer qu’à une pure inadvertance ; car il adjure toutes les personnes qui furent présentes à cette circonstance, lesquelles toutes vivent encore : le duc de Rovigo, les généraux Bertrand, Lallemand, Becker, Montholon, Gourgaud, le colonel Planat et sans doute d’autres encore ; il les adjure de déclarer si ce ne fut pas aussitôt après son retour que fut tenu l’espèce de conseil où l’Empereur arrêta son départ, et si ce ne fut pas aussitôt après cette décision que Napoléon écrivit de sa main la minute de sa lettre au prince régent, retranscrite à l’instant même officiellement par le comte Bertrand, au milieu de tous, si bien que plusieurs en prirent des copies. Cette minute existe encore dans les mains du général Gourgaud ; elle ne porte point de date, et les diverses autres copies n’en portaient pas non plus.



1 Voyez cette lettre au tome Ier.

2 Je me trompais ; voir la relation du capitaine Maitland, publiée en 1826, et la réfutation qu’elle a amenée.

3 Voyez cette protestation au tome Ier.

1 « Cette lettre est pareille à huit ou dix autres que vous avez écrites à la même personne et que vous avez envoyées décachetées. Le commandant de ce pays ayant eu l’indélicatesse d’épier les expressions que vous confiez à l’amitié, vous en a fait des reproches dernièrement ; vous a menacé de vous renvoyer de l’île, si vos lettres contenaient davantage des plaintes contre lui. Il a par là violé le premier devoir de sa place, le premier article de ses instructions et le premier sentiment de l’honneur ; il vous a ainsi autorisé à chercher les moyens de faire arriver vos épanchements dans le sein de vos amis, et de leur faire connaître la conduite coupable de ce commandant. Mais vous avez été bien simple, votre confiance a été bien facile à surprendre ! ! !On attendait un prétexte de se saisir de vos papiers ; mais votre lettre à votre amie de Londres n’a pu autoriser une descente de police chez vous, puisqu’elle ne contient aucune trame ni aucun mystère, qu’elle n’est que l’expression d’un cœur noble et franc. La conduite illégale, précipitée, qu’on a tenue à cette occasion, porte le cachet d’une haine personnelle bien basse.

Dans les pays les moins civilisés, les exilés, les prisonniers, même les criminels, sont sous la protection des lois et des magistrats ; ceux qui sont préposés à leur garde ont des chefs, dans l’ordre administratif et judiciaire, qui les surveillent. Sur ce rocher, l’homme qui fait les règlements les plus absurdes, les exécute avec violence, et transgresse toutes les lois : personne ne contient les écarts de ses passions.

Le prince-régent ne pourra jamais être instruit de la conduite que l’on tient en son nom : on s’est refusé à lui faire passer mes lettres, on a renvoyé avec emportement les plaintes qu’adressait le comte Montholon ; et depuis on a fait connaître au comte Bertrand qu’on ne recevrait aucunes lettres, si elles étaient libellées comme elles l’avaient été jusqu’à cette heure.

On environne Longwood d’un mystère qu’on voudrait rendre impénétrable, pour cacher une conduite criminelle, et qui laisse soupçonner de plus criminelles intentions ! ! !

Par des bruits répandus avec astuce, on voudrait donner le change aux officiers, aux voyageurs, aux habitants, et même aux agents que l’on dit que l’Autriche et la Russie entretiennent en ce pays. Sans doute que l’on trompe de même le gouvernement anglais par des récits adroits et mensongers.

On a saisi vos papiers, parmi lesquels on savait qu’il y en avait qui m’appartenaient, sans aucune formalité, à côté de ma chambre, avec un éclat et une joie féroce. J’en fus prévenu peu de moments après ; je mis la tête à la fenêtre, et je vis qu’on vous enlevait. Un nombreux état-major caracolait autour de la maison ; il me parut voir des habitants de la mer du Sud danser autour du prisonnier qu’ils allaient dévorer. »


2 « Il y a dans ce pays, depuis six mois, un botaniste allemand qui les a vus dans le jardin de Schœnbrunn, quelques mois avant son départ. Les barbares ont empêché soigneusement qu’il ne vînt me donner de leurs nouvelles ! »

3 « … dont les derniers moments seront un acte d’opprobre pour le caractère anglais ; et l’Europe signalera un jour avec horreur cet homme astucieux et méchant ; les vrais Anglais le désavoueront pour Breton. »

1 Cette lettre est écrite par un des gens de l’Empereur ; mais lui-même en a marqué, de sa propre main, la ponctuation ; et je ferai observer, en passant, à l’appui de la singularité que j’ai fait remarquer beaucoup plus haut, que lui, qui quand il écrivait ne mettait pas un mot d’orthographe, se trouve en avoir corrigé ici de légères imperfections.