Discussion:Madame Sourdis
Éditions[modifier]
- 1880 : avril, dans "Le messager de l'Europe", en russe
- 1900 : 1er mai, "La Grande revue", en français remanié
- 1928 : Contes et Nouvelles d’Émile Zola en 2 volumes, Paris Bernouard (œuvres complètes)
- 1929 : Madame Sourdis avec d'autres nouvelles, Paris Fasquelle
- 1929 : Recueil (avec : l’attaque du moulin — une victime de sa réclame — Voyage circulaire — Une farce, ou Bohèmes en villégiature — Comment on se marie — Trois guerres. Angeline, ou la Maison hantée) Bibliothéque-Charpentier, 1929 - 265 pages [1]
Madame Sourdis ne fait pas partie du recueil Naïs Micoulin d'après ces sources : [2], [3]
Critique - Revue de presse[modifier]
- Le Temps 17 mai 1929 [4]
Chronique bibliographique
Anatole France Œuvres complètes (tome XV); (Calmann-Lévy, éditeurs.)
Le tome XV de la monumentale édition ...
Emile Zola : Madame Sourdis.
(Eug. Fasquelle, éditeur.)
L’oeuvre complète d’Emile Zola vient de s’enrichir d’un petit roman qui était resté inédit jusqu’aujourd’hui. On ne nous indique pas vers quelle date il a été écrit. Mais c’est évidemment une œuvre de début. Elle est d’ailleurs très, attachante.
La jeune Adèle Morand s’est éprise d’un répétiteur du collège de la bourgade du Nord où ses parents sont établis. Ce répétiteur est un peintre et un peintre de talent, qui, pour vivre, est devenu fonctionnaire. Adèle Morand a une petite fortune. Elle la met à la disposition du jeune peintre qui l’épouse et voici le nouveau ménage à Paris. Or, ce peintre Ferdinand Sourdis a en effet les dons les plus heureux, mais c’est un faible. Sa femme, au contraire, est une créature énergique et concentrée et dont la volonté est infatigable. Elle a fait elle-même de l’aquarelle dans sa ville natale, mais son travail est sec et sans élan. Qu’importe ! Elle connaît assez le style de son mari pour remplacer celui-ci le jour où il abandonnera sa tâche afin de courir à de répugnantes débauches, Grâce à elle, le nom de Ferdinand Sourdis restera intact et ses œuvres continueront de figurer, honorablement dans les expositions annuelles.
Madame Sourdis est accompagnée de plusieurs nouvelles, également inédites Une victime de la réclame, Voyage circulaire, Une farce, Comment on se marie, Trois pierres, Angeline ou la maison hantée, et la maison Fasquelle a eu l’heureuse pensée d’y ajouter l’Attaque du moulin, qui ne figurait jusqu’à présent que dans le recueil les Soirées de Médan, dû, comme on sait, à la collaboration des principaux disciples d’Emile Zola.
- Le Radical 26 mai 1900 [5]
LES LIVRES
Madame Sourdis, Grande Revue (Fasquelle) ; Trois Femmes de la Révolution, …
Le numéro du 1er mai de la Grande Revue contient une nouvelle d’Emile Zola : Madame Sourdis.
Zola eut raison jadis de s’écrier, en parlant de l’auteur de la Comédie humaine : « Balzac, notre maître à tous » ; c’est bien, en effet, en disciple de Balzac qu’il a écrit Madame Sourdis ; il lui a suffi de quelques pages pour nous présenter son héroïne, laquelle par son attitude, ses actes, le dessin de sa physionomie, le milieu dans lequel elle vit, est bien une des « femmes » de l’auteur de Modeste Mignon ; l’étude se poursuit, se complète, et s’achève, laissant le lecteur surpris d’avoir, en une demi-heure, pu étudier tout le cœur, fouillé tout le cerveau d’une femme, et de l’avoir vue à l’œuvre, simple et résignée, effleurant la terre de ses pas, se dissimulant derrière l’homme qu’elle a pris pour mari, mais s’enorgueillissant intérieurement de contribuer à sa gloire, juste assez pour prendre courage, continuer son œuvre, et... se substituer à lui. C’est un drame émouvant, en sa grande simplicité, et l’effet est considérable.
« Tous les samedis, régulièrement, Ferdinand Sourdis venait renouveler sa provision de couleurs et de pinceaux, dans la boutique du père Morand, un rez-de-chaussée noir et humide, qui donnait sur une étroite place de Mercœur, à l’ombre d’un ancien couvent transformé en collège communal. Ferdinand, qui arrivait de Lille, disait-on, et qui, depuis un an, était pion au collège, s’occupait de peinture avec passion, s’enfermant, donnant toutes ses heures libres à ses études qu’il ne montrait pas.
« Le plus souvent, il tombait sur Mlle Adéle, la fille du père Morand, qui peignait elle-même de fines aquarelles dont on parlait beaucoup à Mercœur. Il faisait sa commande. ».
Voilà nos deux personnages. Ferdinand Sourdis et Adèle Morand, qui, plus tard, sera Mme Sourdis, et leur cadre.
Lisons les dernières lignes de la nouvelle : « Rennequin (un peintre, ami de Ferdinand), se tut en voyant Adèle le regarder fixement. D’un bras solide, sans appui-main, elle venait d’ébaucher toute une figure, enlevant du coup le morceau, avec une carrure magistrale : — N’est-ce pas que c’est joli, ce moulin ? dit complaisamment Ferdinand, toujours penché sur la feuille de papier, bien sage, à cette place de petit garçon. Oh, vous savez, j’étudie, pas davantage.
« Et Rennequin resta saisi. Maintenant c’était Ferdinand qui faisait les aquarelles. »
Vous avez compris tout le drame. Ferdinand, livré aux pires débauches, a vu s’éteindre rapidement la flamme qui illuminait jadis son cerveau ; Adèle, sa femme, qui l’avait épousé « parce qu’il était beau », trop heureuse d’être l’esclave de cette brute, qu’elle parvint cependant à assouplir, se substitue à l’artiste -- car le pion fut un artiste -- et insensiblement prend le pinceau, étale les couleurs, s’empare de l’idée qui sommeille latente en la tête du malheureux. Rennequin a suivi le travail d’envahissement jusqu’au dénouement physiologique et psychologique, envahissement tout naturel, domination facile, puisque Ferdinand n’est plus qu’une apparence d’homme. Elle a ravi l’étincelle, et le cerveau s’est éteint. C’est là l’idée tout originale de la nouvelle de Zola : la femme qui saisit la pensée de l’homme et se l’approprie et devient forte de l’impuissance du mâle.
Léopold Lacour vient de publier, d’après des documents inédits, la première histoire authentique des Trois femmes de la Révolution : Olympes de Gouges, Théroigne de Méricourt, Rose Lacombe. L’auteur s’empare de ces trois héroïnes pour établir l’origine du féminisme actuel. Son livre présente le double intérêt du récit historique, très documenté, avec des aperçus nouveaux, et de l’étude philosophique de l’individu conduisant à celle de l’humanité.
A. Biguet
- Le Petit chose : juillet 2002 : sur Madame Heurtebise… La nouvelle est construite sur un double mouvement, ascendant et descendant : au fur et à mesure que Madame Heurtebise prend de l'aplomb, son mari est ravalé,
éteint, vidé jusqu'à l'inconsistance et poussé à la mort. On songe à "Madame Sourdis" de Zola, nouvelle qui peint un ménage d'artistes, les Daudet, pense-t-on.