Discussion:Mirabelle de Pampelune
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1916 : | Mirabelle de Pampelune | Nouvelle | Google ou Gallica | dans Lectures pour tous, nouvelle Mirabelle : Comme au temps des preux |
1917 : | Mirabelle de Pampelune | Recueil |
Traductions :
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1919 : | Mirabelle of Pampeluna |
Critiques, résumés…
[modifier]MIRABELLE DE PAMPELUNE, par Colette Yver.
Mirabelle de Pampelune est une héroïne du temps des croisades, mais ce n’est pas sa légende qui est le sujet de ce roman tout moderne ; elle n’y intervient que par analogie et symbole. Il évolue avec grâce au milieu des terribles actualités de la guerre ; il mêle la sensibilité la plus sincère et la plus délicate à un pittoresque savoureux. Mme Colette Yver a mis dans ces pages un charme particulier. D’autres nouvelles également bien venues complètent ce joli volume.
- Mercure de France 1er octobre 1917 [https : //gallica.bnf.fr/ark : /12148/bpt6k2018038/f129.image]
Mirabelle de Pampelune, par Colette Yver. Ou l’introduction brutale de l’héroïsme dans la vie très quotidienne des humbles. Les femmes qui aiment l’impossible et le chevalier monté sur Le palefroi dédié à leur enlèvement moral ; auront toujours la force qu’il faut pour voir mourir les hommes de loin et même les soigner de près. Cette petite Mirabelle de librairie épousera son héros revenu aveugle de la guerre. L’aurait-elle épousé ou aimé aveugle sans autre raison héroïque ? Non. Alors, ce qu’elle aime, c’est la guerre, goût du sang ?… Enfin, ça peut correspondre à la raison patriotique, au moins dans un roman de chevalerie bien moderne.
- Revue des deux mondes 1er juillet 1917 Bulletin bibliographique [2]
- La Revue hebdomadaire : romans, histoire, voyages 3 nov 1917 [3] sur 2 pages
MEMENTO BIBLIOGRAPHIQUE
Mirabelle de Pampelune, par Colette YVER. — (Calmann-Lévy.) « Un conteur d’imagination est un miroir plus vrai de son temps que le chroniqueur le plus scrupuleux qui écrit avec sécheresse et omet la couleur t. Ainsi s’exprime M. des Assernes, « chevalier servant de la littérature languedocienne au moyen âge, qui ressuscite brillamment l’époque la plus poétique, la plus vigoureuse et la plus charmante de la France 1. C’est par allusion au chroniqueur de Mirabelle de Pampelune, qui inventa probablement son héroïne, que M. des Assernes émet cette proposition, assis confortablement dans la boutique de son ami, le libraire Duval, entouré de Mlle Louise Duval, extatique audi trice, de l’excellente Mme Duval, écouté de loin par Henri Lecointre, commis timide et mélancolique. Chaque jour M. des Assernes vient apporter à ses amis et fervents auditeurs le résultat des recherches auxquelles il se livre dans des parchemins du XIIIe siècle. Chaque jour on connaît un nouvel épisode de la merveilleuse histoire de Mirabelle de Pampelune et du comte Mainfroy son doux ami, qui partit guerroyer contre les Sarrasins. Et le dimanche, dans les promenades de banlieue, la rêveuse Louise narre à son tour l’aventure de Mirabelle elle la conte à sa cousine Edith Bouchaud, fille d’un chef de rayon de ganterie. Edith a pour soupirant Robert Picot, commis aux gants, comme Louise a pour amoureux M. Henri, commis de son père. Et toutes deux, s’exaltant sur les héros du moyen âge, considèrent avec regret la taille gringalette, l’allure débonnaire de ces gentils garçons, dont la plus grande ambition, après la bienveillance de ces demoiselles, est d’attraper beaucoup de goujons à la pêche à la ligne, le dimanche.
Vous devinez bien ce qui arrive, et que tout ce début se place au printemps de 1914. La guerre éclate et, le plus simplement du monde, les petits pêcheurs banlieusards, les pacifiques petits boutiquiers montent vers l’effroyable mêlée Vont-ils devenir en un instant des guerriers d’estoc et de taille, des paladins d’autrefois ? C’est bien plus simple ; ils restent de modestes garçons un peu étriqués ; mais ils ont sous cette forme moderne et dans cette absence d’attitude tant de courage, tant de foi, tant de patience, tant d’oubli de soi-même, qu’ils sont pourtant de magnifiques héros et que depuis ceux du XIIIe siècle et d’ailleurs de toute l’histoire de France, on voit que ces Français sont les mêmes et n’ont pas diminué d’un pouce. Quant à ceux à qui ils pensent en se battant, ce ne sont pas de nobles châtelains dans de romantiques domaines, mais de petits bourgeois dans des boutiques ; leurs discours, dans l’attente, dans l’angoisse, dans l’espérance, ont une forme un peu terne et un peu terre à terre : mais que la pensée est belle, que le cœur est noble, oui, que d’âme dans le bon sens français de ces famines !
On conçoit le but de l’auteur affronter la France ancienne avec tout le panache et la splendeur de la légende, à la France bourgeoise de 1914 ; démonter l’âme française d’aujourd’hui et la montrer entièrement digne de l’autre ; insister sur ce fait qu’il n’y a pas eu besoin de transformation, de changement d’attitude et de langage chez le Français d’aujourd’hui ; ni le heaume, ni le hennin ne font le couple héroïque, et l’auteur a su avec beaucoup d’esprit — un esprit très ému, je vous assure, et d’une émotion assez contagieuse — nous montrer l’immortelle âme française surgissant sans effort du cadre médiocre et du dialogue sans éclat.
« Où suis-je ? — peut s’écrier des Assernes au repas de noces qui fête l’union du lieutenant Henri Lecointre, aveugle de guetre, et de la romanesque Louise — où suis-je ? Est-ce le xxe siècle ? Est-ce le XIIIe ? Assistai-je aux noces de Mirabelle de Pampelune ou à celles d’une Parisienne de nos jours ? Le héros que je vois ici est-il le commis-libraire aussi modeste qu’érudit, ou bien le seigneur croisé, aveuglé devant Mansourah par les coups d’une pierrière sarrasine ? Aujourd’hui comme hier, je retrouve chez les femmes la même noblesse, la même vaillance, la même idée de l’honneur. Chez les hommes, l’indomptable courage et l’abnégation au profit de la gloire du pays. Quelle harmonie entre les siècles ! Malgré les vicissitudes, les évolutions, les transformations, la France est une et toujours semblable à soi. Telle elle était il y a sept cents ans, sous le manteau blanc de la chevalerie, telle je la retrouve aujourd’hui, le visage plus grave, un peu assombrie par les méditations de la science, environnée des fumées de l’industrie, mais ornée de la même flamme, de la même jeunesse et du même attrait qui séduit le monde et trouble jusqu’à ses barbares ennemis. Je lève mon verre à la France de Mirabelle et la à France d’Edith Bouchaud et de Louise Lecointre !
Et chacun leva son verre à la France immortelle.
- L’Intransigeant 14 août 1017 [4]
Yver — Quelles excellentes gens nous montre l’auteur, et que tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, le leur, si facilement honnête, si complètement réjoui ! Avec l’histoire de Mirabelle, demoiselle de Pampelune, nous sommes — transportés au temps des croisades ; avec l’histoire de Louise, aimable jeune fille, nous croyons revivre dans la guerre d’aujourd’hui comme une autre guerre en dentelles. L’épisode sans doute est affreusement tragique, puisque le fiancé de Louise, combattant héroïque, est devenu aveugle. Mais il met une telle bonne grâce à accepter son destin que nous n’osons le plaindre ni l’admirer, par crainte de l’offenser. Il y a dans ce livre des premières pages charmantes, et nous ne nous hérissons qu’à l’instant où, les hostilités survenant, le volume rentre dans cette « littérature de guerre » à laquelle des écrivains par ailleurs pleins de talent, ainsi que Mme Colette Yver, sacrifient pour le plaisir du public.
Mais, au fait, le public demande-t-il tant de romans de guerre ?