Discussion:Valvèdre
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[modifier]- Françoise Massardier-Kenney, Valvèdre : Étude du manuscrit, p. 85-93, in George Sand Pratiques et imaginaires de l'écriture… : aurait été publié en septembre 1860 [1]
- http://henri-sch.be/George_Sand/Oeuvre_romanesque.htm#Valvedre => 1861
Statistiques
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Critiques
[modifier]- Karénine
de Musset — Mme Sand dit que « ce pamphlet » lui remplaça son herbier oublié lorsqu’elle suivait la trace de ses héros dans les montagnes du Puy de Dôme et du Sancy et « les pages du livre infâme furent purifiées par le contact des fleurs, suaves choses de Dieu qui lui firent oublier les fanges de la civilisation ».
Dans ce roman qui se passe en Auvergne — le héros, absorbé par sa personnalité, analyse ses sentiments, ceux de sa fiancée, la jeune Anglaise Love Butler, et se trouve inférieur à cette jeune fille sans expérience, parce que celle-ci, dès son plus jeune âge, a travaillé sérieusement, étudié la nature, et que sa vie n’a été qu’un acte de dévouement : elle a acquis ainsi, pour lutter contre toutes les épreuves de la vie, une force morale que Jean, malgré son intelligence, son âge, sa sensibilité, ne possède pas, son amour n’étant qu’une passion égoïste. Love Butler, ainsi que son père et l’ami de la maison, le ridicule savant Junius Black, sont tous, bien entendu, épris de minéralogie, de botanique et collectionnent avec fureur.
De même dans Valvèdre (dédié à Maurice) Mme Sand dit dans sa Préface qu’elle a mis, dans ce roman, une idée savourée en commun : « la nécessité de sortir de soi » en étudiant la nature, au lieu de se complaire à l’éternelle analyse de ses sentiments ou de ses sensations. En effet, la coquette et nonchalante Alida de Valvèdre, et le poète dilettante Valigny, êtres futiles et égoïstes, se meurent d’ennui. Leur passion seule compte pour eux et ils se trouvent ainsi entraînés à commettre une foule de mensonges, de tromperies, de forfaits sans nombre et doivent finalement baisser pavillon devant le mari d’Alida — Valvèdre — un homme déjà âgé, entièrement voué à la science, devant Mlles Obernay, habituées, dès leur jeune âge, à s’intéresser aux choses sérieuses et devant le vieil Israélite Moserwald, qui, malgré tous ses travers, tout son prosaïsme bourgeois, est capable de sacrifice et de vrai amour, tandis que ces deux amants aptes à jouer uniquement la comédie de la passion, ont voué au malheur la famille des Valvèdre.
On dit souvent que Valvèdre est la contre-partie de Jacques, que c’est la défense des vieux maris trompés, que c’est le procès fait à la liberté d’aimer, tandis que Jacques en est le plaidoyer. Il y a là une erreur. Jacques est une apologie de l’amour tout-puissant ; Valvèdre est un jugement prononcé contre l’amour passe-temps, né du désœuvrement.
Ce Moserwald — soit dit par parenthèse — est un des très rares Israélites que l’on trouve dans les romans de George Sand. Mme Sand avait peu de sympathie pour la race d’Israël, la trouvant antisociale, empreinte d’esprit bourgeois. C’est ainsi que dans une lettre à Victor Borie (du 16 avril 1857) elle dit à propos du poème d’Edouard Grenier, le Juif errant :
…Son poème est très remarquable. Moi, je vois dans le Juif errant la personnification du peuple juif, toujours riche et banni au moyen âge, avec ses immortels cinq sous, qui ne s’épuisent jamais, son activité, sa dureté de cœur pour quiconque n’est pas de sa race, et en train de devenir le roi du monde et de tuer Jésus-Christ, c’est-à-dire l’idéal. Il en sera ainsi par le droit du savoir-faire, et, dans cinquante ans, la France sera juive. Certains docteurs israélites le prêchent déjà. Ils ne se trompent pas…
L’antipathie de Chopin pour les juifs a aussi un peu son écho dans les œuvres de Mme Sand. Dans les Sept cordes de la lyre on voit paraître un juif avide : c’est un usurier sordide.
Moserwald, lui, représente un autre type de juif, un bourgeois riche, un sac à or, croyant que tout s’achète. Mais sous l’influence de son amour malheureux pour Alida, il comprend, lui aussi, qu’avec de l’argent on peut, tout au plus, conjurer des désastres matériels, que l’argent est un instrument pour faire le bien, mais qu’il peut aussi faire le mal.
Le héros de Valvèdre s’appelle Francis. Ce roman parut en 1861. Or, au commencement de 1862, George Sand fit la connaissance d’un israélite, auquel elle soutint, d’une part, que la richesse, l’argent, gâtent les hommes ; qu’étant riche il fallait posséder une grande force d’âme pour rester bon, et d’autre part c’est à propos de cet israélite, venu si délicatement en aide à un certain Francis fort réel, que Mme Sand demandait à Dumas fils s’il avait remarqué… « qu’avec les juifs il n’y avait pas de milieu ; quand ils se mêlent d’être généreux et bons, ils le sont
- Françoise Massardier-Kenney, La singularité sandienne : de Jacques à Valvèdre, in Littérature Année 2004 134 pp. 37-48 [2]
- Françoise Massardier-Kenney, Construction et déconstruction du personnage dans Valvèdre [3]
- Les derniers romans de George Sand par E. Caro [4]
- Causeries parisiennes [5]
- George Sand et Leibnitz, Revue d'histoire littéraire de la France : Comparaison du personnage du mari avec celui de Jacques [6]
- George Sand, son œuvre — sa vie littéraire dans La Normandie littéraire.
... mariage... Valvédre, le philosophe à l'âme grande, le type de ces hommes chers à G. Sand, qui excusent les pires folies de leur femme et les leur expliquent avec une compassion toute apostolique, le mari hors nature, très malheureux, en résumé, et rendant sa femme plus malheureuse encore.
- La Jeunesse : journal littéraire, paraissant le samedi , 27 juillet 1861 [7]
Il est fort rare, il est même à peu près sans exemple qu’un écrivain persiste jusqu’à la fin dans sa première manière. Rien de plus dissemblable que la Salamandre et les Mystères de Paris ; que les Orientales et la Légende des siècles. Autant et plus peut-être que tout autre, le talent de Georges Sand a connu ces vicissitudes. L’illustre romancier est entré depuis quelque temps dans une phase nouvelle : sa manière a subi une modification extrêmement sensible. Jean de la Roche, la Ville noire, le Marquis de Villemer et en dernier lieu, Valvèdre, tels sont les fruits glorieux de ce changement. — Est-il en lui-même profitable ou non, indique-t-il un mouvement en avant ou en arrière, c’est là une question fort délicate, et que je ne me hasarderai certainement pas à trancher. Il me sera permis cependant, sans me départir en rien de la modestie que m’imposent et mon obscurité et mon enthousiasme pour l’auteur de tant de chefs-d’œuvre, de chercher avec le lecteur quels sont en général le caractère, la tendance et la portée des derniers livres de madame Sand, et plus particulièrement de Valvèdre.
Le talent de madame Sand a traversé déjà plusieurs périodes. Dans celles qui ont précédé la période actuelle, ce qui le caractérisait, c’était une ardeur martiale, une allure militante. L’auteur n’était pas seulement un romancier racontant avec éloquence les scènes successives d’un drame, faisant émouvoir ses personnages suivant les lois de l’optique, mettant à nu leur cœur et analysant leurs sentiments les plus secrets, — l’auteur était avant tout un soldat, et un brave soldat, toujours prêt à la lutte, toujours sur la brèche, toujours donnant l’assaut aux erreurs, aux injustices et aux préjugés. Il n’en est plus de même aujourd’hui. Non pas que Georges Sand ait abdiqué sa mission d’enseignement ; non pas qu’elle se soit enrayée dans la triste ornière de l’art pour l’art. Son noble cœur, sa foi vivace, ses croyances éprouvées la préserveront toujours d’un pareil malheur. Mais l’âge, en amenant son génie à la perfection et à l’entière maturité, lui a fait perdre en partie cette verdeur, cette passion, cette audace quand même, qui nous ont tant charmés autrefois.
Le roman de Valvèdre est le développement d’une idée morale, idée qui se trouve formulée en trois mots dans la dédicace : « Sortir de soi ; » c’est-à-dire comprendre que l’homme n’est pas « le centre et le but de l’univers ; » comprendre qu’en dehors de l’homme il y a le monde, et à côté de nos déchirements intérieurs, à côté de nos haines, de nos joies et de nos fureurs, le spectacle grandiose et serein des phénomènes de la nature. Cette idée a dû naître, on le sent, dans une âme tranquille, pure, reposée ; dans une âme qui a vu nombre d’illusions s’envoler à tire-d’ailes, mais qui a contemplé leur départ avec résignation, qui n’en a pas garde rancune à l’humanité et qui se les rappelle aujourd’hui sans amertume ; dans une âme enfin dont le calme n’est pas celui qui précède l’orage, mais celui qui l’a connu et qui lui a succédé pour toujours. Elle est développée avec une ampleur et une sûreté sans égales. C’est quelque chose de magnifique et de consolant, que de considérer cette sublime intelligence en pleine possession d’elle-même ; ne connaissant plus les défaillances, les faiblesses de l’inexpérience, conduisant à son gré une pensée dont elle est entièrement maîtresse ; disant tout ce qu’elle veut et ne disant que ce qu’elle veut ; marquant toutes les ombres, faisant sentir toutes les nuances ; semant son récit des aperçus les plus ingénieux, des considérations morales les plus élevées ; — et tout cela dans cette langue admirable que Gustave Planche a pu comparer avec une singulière justesse « à une lampe d’albâtre qui laisse apercevoir la lumière intérieure. »
Voilà, me dira-t-on, un bien pompeux éloge. — J’ai voulu qu’il fût sans restrictions, et qu’il répondît à mon admiration sans bornes. Quelque louangeurs que soient les termes dont je me suis servi, ils ne rendront qu’imparfaitement l’émotion profonde dont j’ai été pénétré en parcourant ces pages qui n’ont pas été inspirées seulement par le génie, mais aussi par le sentiment de la dignité et par la conscience. Tout y est sain, généreux, vivifiant. D’une théorie sur les poètes et sur les savants où brillent les lueurs de la plus judicieuse critique, on passe à une théorie d’un genre tout différent, et où respire l’âme de Jean Reynaud. — En résumé, si jamais je m’inscris en faux contre l’opinion de Chateaubriand, qui voulait qu’à l’examen des défauts on substituât l’examen des beautés, ce ne sera pas à propos de Valvèdre. Quand même il me semblerait voir quelques pailles dans ce beau et solide métal, plutôt que de me hasarder à les signaler, j’aimerais mieux me taire et me garder de faire indiscrètement connaître au public la faiblesse de ma vue.
Il m’est impossible toutefois de ne pas revenir sur une idée que j’ai déjà émise plus haut. Il m’est impossible d’oublier que les livres de Georges Sand avaient autrefois des conclusions sinon plus nettes, au moins plus pratiques. En lisant Valvèdre, je suis ému ; mais en lisant Indiana, Consuelo, le Péché de M. Antoine, le Meunier d’Angibault, j’étais remué jusqu’au fond des entrailles, j’étais entraîné, j’étais convaincu. — Que l’illustre écrivain ne perde pas de vue l’exemple de Quinet, de Hugo ; eux aussi sont dans la maturité de leur génie ; ils ne croient pas cependant que cela les dispense de mettre ce même génie, toujours et tout entier au service d’idées moins générales et moins sereines que celles de Valvèdre, mais qui n’en sont que plus propres à réveiller au fond des cœurs le sentiment du devoir et la foi dans l’avenir.
Remarquons en terminant qu’à côté d’œuvres plates ou immorales, telles que Jessie, Sylvie, la Considération, les Lumières de la vie, les Effrontés, qui sont pour un jour en possession de la faveur populaire, — d’autres œuvres se produisent et ajoutent d’éclatants rayons à l’auréole de la France : La Légende des siècles, Valvèdre, Merlin l’enchanteur, les Funérailles de l’Honneur. Comment pourrions-nous constater sans un pénible sentiment de tristesse que les premières sont patronnées, que la majorité de leurs auteurs occupent des positions officielles ; tandis que les secondes, les seules que doive lire la postérité, sont signées par des écrivains dont la plupart ont connu ou connaissent encore les poignantes mélancolies de l’exil ?
JOËL LEBRENN.
- La Presse, par Charles de Mouy [8]
Vocabulaires, orthographe
[modifier]- poëte…
- au delà
- diamans, parens
- complétement
- camellias
- résolûment
- goîtreuse
- siége, collége
- eussé-je
- mépriseries
- grand’faim, grand'chose
- Il a retenu quelque chose de la doctrine ésotérique des hypogées, à laquelle Moïse avait été initié.
- Il se posait sur les rochers les plus élevés, et, les faisant crouler sous son poids, il m’environnait en riant de lavanges de pierres et de glaçons.
- des rimailleries de pensionnaire ?
- je voyais bien qu’elle se consumait dans le rêve d’un bonheur puéril et d’impossible durée, tout d’extase et de parlage, de caresses et d’exclamations, sans rien pour la vie de l’esprit et pour l’intimité véritable du cœur.
- Voilà, mon cher ! ce n’est pas plus malin que ça ? => que ça ! le ? serait une erreur du prote cf. Valvèdre : Étude du manuscrit