Discussion Auteur:Augustine Bulteau
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[modifier]- L’Âme des Anglais [1] (demande de libération du livre auprès de google faite le 27 novembre 2020).Fait
- Un voyage [2] (demande le 28 nov 2020)Fait
Éléments biographiques — Réception
[modifier]- dossier de légion d’honneur [3]
- Gaston Deschamps [4]
En consacrant le souvenir de son voyage « à la mémoire de celle qui fut bien longtemps sa compagne sur les routes de la vie », la femme éminente qui a signé du nom de Jacque Vontade et de Fœmina quelques-uns des récits les plus personnels et des essais les plus sincères qu’on ait écrits dans ces dernières années, nous fait savoir, tout de suite et, d’avance, quels sont ses paysages préférés. Ce sont des paysages pleins de pensée[1].
Ce fut, au détour d’une rue discrète comme un parloir de couvent, la perspective d’un camal d’eau dormante, en quelque silencieux faubourg de Bruges-la-Morte : une lumière douce, alanguie par les nuages qui ont voilé de blancheur l’azur du ciel, répand une clarté candide et tendre sur les vieilles pierres des béguinages. Ainsi ranimés, chaque jour, par une aube nouvelle qui possède une mystérieuse vertu de rajeunissement et de résurrection, ces asiles clos, avenants et austères attirent les âmes recueillies et charmées qui trouvent dans la méditation de la mort un avant-goût de la vie éternelle, et qui ne veulent point que la reprise du labeur humain fasse trop de bruit autour des tombes. Le glissement des cygnes, apparus dans ce décor ainsi qu’une vision de légende ancienne, entre-croise des sillages muets sur la nappe miroitante des eaux calmes. Un reflet d’ailes blanches frissonne en images fragiles au va-et-vient des remous légers. Il y a, dans ce refuge de paix mystique, une sorte de grâce surnaturelle qui, chaque matin et chaque soir, s’égaye en salutation angélique, à l’heure où toutes les cloches des églises, des hôpitaux et des chapelles font tinter, parmi l’enchantement des aurores et des crépuscules, l’appel quotidien de l’angelus. La sensibilité de l’intelligente voyageuse, initiée aux stoïques désillusions de la philosophie moderne, s’émeut cependant sous l’influence de la bénédiction qui console et de la prière qui réconforte. Le plus irréparable deuil cesse de nous incliner à la désespérance, lorsque notre coeur est soutenu par l’enviable exemple de la foi qui sauve. La plus cruelle douleur renonce aux gestes de révolte, lorsque nos peines sont bercées par le divin charme de la charité qui sourit à travers les larmes. Mais il y a des personnes d’héroïque volonté, d’énergie infatigable et d’allure invincible. Celles-là ne sauraient accepter la paix, s’il faut l’acheter au prix d’un trop complet renoncement et d’un sacrifice trop absolu. Elles savourent une sorte de volupté âpre dans l’obligation de souffrir en songeant aux morts qu’elles ont aimés. Le recours à une trop puissante anesthésie leur déplaît comme un commencement d’oubli. Après la halte reposante, elles continuent leur chemin, d’étape en étape, sur la route chaude et poudreuse, vers des horizons nouveaux.
Voici des paysages de Hollande : Delft, la Haye, Leyde, Amsterdam, Harlem… L’aspect de la campagne, aux Pays-Bas, convient aux tristesses de l’âme par un mélange de fraîcheur et de monotonie. Les angles des canaux rectilignes découpent en damier la surface plane des prairies vertes. À perte de vue, dans la grisaille des pluies fines et des brumes légères, s’étend jusqu’à l’horizon mouillé le large espace, ouvert et vide, dont le premier bienfait consiste en une permanente promesse de liberté. Les voyageurs qui ont précédé Jacque Vontade au pays de Johannès Vermeer, de Joris Van der Hagen, de Jean Steen, de Karel Dujardin et de Franz Hals ont éprouvé cette même impression de tranquillité que procure à l’esprit humain le calme des lignes naturelles. Lisez, par exemple, Fromentin, Octave Mirbeau, Dominique Durandy… Mais nul n’a mieux rendu la nuance d’apaisement singulier que produit en nous le plaisir de regarder ces terrains indéfiniment prolongés, dans lesquels il n’y a personne. La présence d’un moulin à vent, isolé çà et là, au bord des eaux, nous sert à préciser, chemin faisant, cette sensation de solitude champêtre et aquatique. On sait le parti qu’ont tiré de ces moulins les paysagistes hollandais. Hobbema, Ruisdaël aimaient à jalonner, à ponctuer, pour ainsi dire, leurs vues panoramiques en dressant au-dessus des étendues plates, sous un ciel très haut, pommelé de nuages, dans la banlieue d’Amsterdam ou de Harlem, les moulins dont la silhouette familière et fantastique avait amusé leurs yeux d’enfants.
Qu’il y ait eu tant de peintres dans les États du Taciturne, cela n’est point fait pour nous étonner, si nous songeons que rien n’est plus varié que cette originale monotonie du paysage hollandais. Jacque Vontade constate, avec une très fine justesse, qu’ « ici le calme des lignes laisse à l’esprit une tranquillité qui lui permet de saisir les plus subtiles variantes, de constater les moindres nuances… Et ainsi l’on devient coloriste à force d’amoureuse attention ».
Delf est une petite ville vernissée comme une porcelaine précieuse, enluminée de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Ni les roses de Jan Van Huijsum, ni les anémones de Jacob Marrellus, ni les tulipes d’Abraham Mignon, ni les œillets de Rachel Ruysch n’eurent, en leur nouveauté printanière, des tons plus frais que ce rouge incarnat, vermillon, carmin, lilas, mauve, ce jaune safran, jonquille, citron, cuivre, orange, ce bleu saphir, lapis, turquoise, ce vert bouteille, pomme, bronze, émeraude, dont se composent là-bas, sous une éclaircie de soleil, entre deux averses, les teintes métallisées des briques, les tonalités éclatantes des tuiles lavées, les bariolages des auvents peinturlurés, les diaprures dés bouquets épanouis, les innombrables jeux des rayons et des ombres. Ainsi bigarré, doré, blondi, empourpré, rosé, le moindre objet, sous cet éclairage, prend une valeur esthétique et une sorte de dignité pittoresque. L’on comprend, dès lors, que les peintres hollandais n’aient pas eu besoin d’aller très loin pour chercher des modèles faits à souhait pour le plaisir de leurs yeux émerveillés. C’est pourquoi — hormis Berchem qui visita probablement l’Italie, Frans Post qui transporta au Brésil sa palette et ses pinceaux, Jean-Baptiste Van Mour qui fut attiré à Constantinople par le comte de Ferriol, ambassadeur de France, et devint ainsi peintre orientaliste — des grands ou petits maîtres de la peinture hollandaise sont tous remarquablement fidèles au décor natal. On aime à les voir travailler sur place, en de modestes logis, où triomphe l’opulence de la lumière changeante.
Enracinés au sol, ils eurent, comme notre bon Chardin, des vies très simples, dont le récit, habituellement, tient en quelques mots. Rien n’est plus touchant que leurs notices biographiques, inscrites aux livres d’or des confréries de Saint-Luc. Cornélis Delff naquit à Delft en 1571 et y fut inhumé le 15 août 1643. Il fut élève de son père. Gérard Dou naquit à Leyde, le 7 avril 1613, et y fut inhumé le 9 février 1675. Les gens de son pays le voyaient souvent, accoudé au rebord de la fenêtre de son logis, et fumant sa pipe. On lui disait bonjour en passant. Richard Brakenburgh, baptisé à Harlem le 22 mai 1650, fut inhumé dans cette même ville, le 28 décembre 1702. Et ainsi de suite… Ils ont peint ce qu’ils ont vu. Une scène d’intérieur, un coin de rue, un marché aux légumes, une auberge de village, une mare avec des canards et canetons, des fleurs dans un pot de faïence ou de grès, un jardin potager, un fossé bordé de saules, un tisserand à son métier il ne leur en faut pas plus pour éveiller en nous des sensations riches de souvenirs. Dans les grandes occasions, ils font les portraits de leurs plus notables voisins, ils représentent des syndics de corporation ou de confrérie, des régents d’hospice ou d’orphelinat, des bourgmestres, des lauréats du concours d’arquebuse, des capitaines de la garde civique… C’est ainsi que Rembrandt a peint, pour les arquebusiers d’Amsterdam, un tableau célèbre, qui s’appelle, on ne sait pourquoi, la Ronde de nuit, et qui nous montre la compagnie du capitaine Frans Banning Cocq, sortant de son corps de garde…
Si ce n’est pas une « ronde de nuit », ce n’est pas non plus une ronde en plein midi. Jacque Vontade, contemplant ce chef-d’œuvre au musée d’Amsterdam, note avec une clairvoyante justesse que Rembrandt fut avant tout le poète du soleil couchant. « Le soleil couchant est dans tout ce qu’a créé Rembrandt… Il baigne de sa splendeur rêveuse le philosophe las ; il caresse la fuite de la Sainte Famille, jette une tristesse désespérée sur les pierreries au front de Saül délirant. Il est dans la Ronde surtout. Au centre du tableau, l’homme qui lève comme pour un salut son étendard frissonnant d’une lumière inouïe, n’est-ce pas qu’il rend hommage au soleil couchant, inspirateur généreux et splendide de la peinture hollandaise ? »
Il n’y a point de cité qui puisse être déclarée petite, si elle fut l’asile d’un grand homme. La ville de Weimar, ensevelie dans la verdure de ses parcs et de ses jardins, offre aux méditations des pèlerins passionnés le spectacle de la « maison sacrée » où Goethe est mort en faisant de ses dernières paroles un suprême appel à la lumière. « Nous avons redit sans fin son murmure suprême : « Plus de lumière ! » L’esprit s’attache à une si belle légende. Nous voulons trouver dans ces paroles le conseil du penseur magnifique… Qui sait ce qu’il désirait, ce qu’il pensait en cette minute suspendue ?… Avant qu’elle frappe, la mort réveille peut-être et colore prodigieusement bien des images lointaines — les images de ce qu’on a le plus chéri, le plus regretté… Qui peut dire si en cette journée de l’hiver allemand, au fond de cette obscure petite chambre, ce qu’il implorait, le vieillard sublime, ce n’était pas la clarté enivrante de la terre où les citrons mûrissent, où l’on est heureux… la terre d’Italie »
C’est pourquoi Jacque Vontade, ayant visité ensuite la maison de Schiller, celle de Herder, celle de Liszt, et aussi, plus loin, sur la colline, l’aimable demeure où « Frédéric Nietzsche acheva son mauvais rêve et doucement s’endormit », et enfin la chambre de Voltaire à Potsdam, Jacque Vontade voulut s’en aller vers le soleil levant, revoir les rives heureuses, les « routes vives » où la nostalgie des cités méditerranéennes avait entraîné le théoricien lyrique et déçu de la Volonté de puissance.
Vérone, Bologne, Ravenne, Padoue, l’Ombrie… Haltes éblouies, stations méditatives où le cœur et l’esprit d’un voyageur sincère trouveront toujours des paroles neuves. Chemin faisant, l’on rencontre Dante, lord Byron, la comtesse Guiccioli, saint François d’Assise, la poésie, le malheur, l’amour, la foi. Ce sont les génies familiers de ces lieux enchantés et mélancoliques. Ce sont aussi, comme sur la route de Thèbes, des sphinx que l’humanité anxieuse interroge tour à tour, afin d’avoir le mot de l’éternelle énigme, et d’élucider le mystère de sa destinée.
« Ma longue course va finir », nous dit Jacque Vontade, au terme de son voyage. Et, revoyant en imagination, ces « figures si nombreuses, sorties toutes vivantes du passé, l’auteur de la Lueur sur la cime nous donne cette conclusion : « La douce et puissante figure de saint François rayonne solitaire… Pourtant, sur cette belle colline d’Assise, verte, dorée, si calme dans le soleil d’automne, je songe à une colline du pays allemand. La colline où, après une nuit d’orage, mourut celui qui, d’une voix forte, nous a prêché l’orgueil : Nietzsche ! Quelle distance infranchissable entre ces deux âmes : l’une si humble, l’autre d’une fierté si dure ! ».
Et voici l’élégante solution de cette redoutable antinomie :
« François ne savait rien, ne voulait pas savoir ; Nietzsche ouvrait à la pensée des chemins inconnus. François recommandait à ses disciples l’obéissance ; Nietzsche ordonnait la domination. Cependant, les naïves paroles qui bouleversaient les cœurs, et les mots de feu qui embrasent l’esprit conseillent, pareillement de briser les esclavages. François baise la main du lépreux ; Nietzsche dit « L’homme doit être surmonté. » Et c’est la même chose. Le frêle et tendre petit saint, l’âpre penseur donnent la même leçon de liberté. Comprendre, aimer, ce sont deux routes qui, sur le sommet, se rejoignent. »
Pour atteindre ce sommet, il faut vouloir sans cesse, vouloir de plus en plus, vouloir de mieux en mieux. Vontade veut dire volonté.
- Henri de Régnier [5]
- 15 décembre 1922 Romans-revue : guide de lectures [6]
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Mme BULTEAU (décédée le 29 septembre 1922), en littérature FOEMINA et Jacques VONTADE. Sous le premier pseudonyme, elle avait publié des chroniques dans Le Figaro et les revues, et sous le second, des essais et divers romans, tels que Les histoires amoureuses d’Odile, La lueur sur la cime, L’âme des Anglais, Un voyage. Son « salon » fut célèbre ; mais depuis la guerre, elle vivait dans la retraite et n’écrivait plus.
- Eugène Montfort, Vingt-cinq ans de littérature
Le Roman
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De Mme Bulteau, dont les essais, signés « Femina «, sont de premier ordre, il a paru, sous le nom de Jacques Vontade, deux récits. Les Histoires amoureuses d'Odile, et la curieuse Lueur sur la Cime, œuvres de moraliste plus qu'ouvrages romanesques proprement dits, car M"^^ Bulteau n'était pas un romancier-né. La baronne Deslandes, sous le pseudonyme « Ossit », et la baronne Hélène de Zuylen de Nyevelt {^) ont écrit aussi des romans.
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Les Salons de Mme de Saint-Victor, de Mme de Pierrebourg et de Mme Bulteau
… … Tandis que le salon de Mme de Loynes réunissait des littérateurs à tendances conservatrices, et quelques hauts fonctionnaires, amis des lettres, un autre salon, celui de Mme Bulteau (alias Fœmina, alias Jacques Vontade), mettait en rapport, vers le même temps et un peu après, les hommes politiques et les écrivains dévoués au régime actuel. Cependant un assez bel éclectisme laissait se côtoyer là un garde des sceaux de la République et un pamphlétaire royaliste, sans qu'ils se dédaignassent. En outre, à l'opposé de ce que l'on pouvait voir chez Mme de Loynes, on rencontrait chez Mme Bulteau de nombreux étrangers, Italiens, Roumains, Espagnols, Argentins. Ce qui caractérisait l'esprit de Fœmina, c'était l'intérêt constant pour les problèmes intellectuels et moraux. On acclimatait dans ce milieu des esprits divers, rares, quelquefois assez excentriques. Médecins, artistes, journalistes, mettaient là en commun leurs expériences du cœur, de la psychologie et de la physiologie de l'homme, pour le plus grand plaisir de la maîtresse de la maison. Assurément, ce salon cosmopolite, original, rassemblait des personnalités que l'on n'a pas accoutumé de rencontrer partout. Son influence compta. Fœmina disposait de chroniques dans les journaux mondains, et par là elle pouvait faire connaître au public des artistes et des auteurs, parfois français, mais le plus souvent étrangers. Nous ne pouvons ici que citer, en signalant leur mérite et leur intérêt, les salons de Mmes Muhlfeld, Daniel Lesueur, Guillaume Béer (la poétesse Jean Dornis), Alphonse Daudet, Démange et Greffulhe.
- 1900 Gil Blas [7]
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— On m'a dit que Léon Bailby y damasquinait les mots d'esprit et que Albert Flament y arc-en-cielait les paragraphes lyriques. Mais qui sait ?
— En somme, le secret du pseudonyme y est bien scellé.
— Autant que celui de Cleg-Lash ou de Lash-Cleg dans la Vie Parisienne.
— Chut ! Vous savez bien que c'est Madame Bulteau.
— Indiscret ! -
— Elle voyage ; hier, elle était entre Mayenne et Cologne ; aujourd'hui, elle est entre Cologne et Coblentz.
— Elle n’est pas la seule.
— Je comprends. D’autres sont entre Coblentz et Fontainebleau.
— Pas de politique. Avez-vous vu le nouveau spectacle du Grand-Guignol ?
- Le Figaro [8]
L’écrivain très remarquable qui, sous son véritable nom, reçoit aujourd’hui la croix de la Légion d’honneur est, parmi les chroniqueurs de notre journal, l’un de ceux qu’on lit toujours avec le plus d’attrait, sous la signature : Fœmina.
À l’occasion d’un fait ou d’un incident récent et avec une admirable puissance de pensée, Fœmina excelle à présenter les éléments d’une forte et pénétrante philosophie. Que d’idées elle a répandues ! Et non ces idées qu’attrape aisément, à la surface des choses, une ingénieuse rêverie ; mais exactement les idées qui vont le plus loin dans les profondeurs de la réalité morale. Cette philosophie, il faudrait, un jour, la résumer, quand l’auteur aura, selon le vœu de ses lecteurs, réuni en volumes ses très nombreux « essais » : et l’on verra alors pleinement, et avec une grande joie de l’esprit, combien est magnifique, opulente, généreuse, et originale, cette méditation.
Le don, de saisir des paysages physiques et intellectuels, l’art de comprendre et puis, comme spontanément, le don d’aller tout de suite au delà des apparences, à l’essence même des objets : tels sont les caractères de cette littérature neuve et belle.
Aux chroniques de Fœmina, il faut ajouter les œuvres de Jacque Vontade, l’Âme des Anglais, qui, avant de paraître en librairie, fut publiée en feuilletons dans notre Supplément littéraire ; puis, ce roman si singulier, si vivant, la Lueur sur la cime, où se meuvent des foules ardentes et où s’agite un drame si poignant.
Essayiste et romancier, Jacque Vontade et Eœmina révèlent, à un degré très éminent, les plus rares qualités du moraliste : l’observation nette, la sincère pitié, l’indulgence du cœur limitée seulement la notion très ferme du devoir. Il y a, dans les chroniques de Fœmina, un tel accent de lucide bonté qu’elles mériteraient ce nom qu’on a malheureusement galvaudé, ce nom de causeries, tant le lecteur a l’impression qu’on s’adresse à lui directement, qu’on répond à son incertitude et qu’on traite, pour son usage, le problème qui l’inquiétait. L’art d’écrire, conçu de cette manière, est un bienfait de l’âme ; et il fallait qu’un tel art fût celui d’une femme, pourvue d’un grand talent.
- 1913 (23 février) - Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire [9]
L’erreur des Suffragettes
Il y a une façon d’être féministe qui est
tout à la fois charmante et politique :
c’est d’écrire en vers comme Renée Vivien
ou Mme de Noailles, en prose comme
Fœmina ou Colette Willy, d’être savante
comme Mme Curie, philosophe comme Mlle
Dugard.
Parlez-nous de ce féminisme-là. Il y en a un autre affligé de toutes les disgrâces de l’ « hominisme » le plus vulgaire. C’est celui qui consiste à verser de l’encre dans les boîtes aux lettres, à incendier les jardins botaniques, à dynamiter les demeures ministérielles.
Nous savons bien, hélas, qu’on n’exige pas des électeurs masculins qu’ils soient philosophes, ou savants, ou poètes. M. Jourdain pour voter n’a même pas besoin de faire de la prose, et peu importerait qu’il ne sût pas écrire : on lui remet son bulletin tout imprimé.
Il y a donc quelque injustice à ne revendiquer le droit de suffrage que pour les femmes supérieures, et toutes devraient en jouir.
Oui, seulement, elles ne devraient pas le revendiquer par les moyens habituels à tous les révolutionnaires barbus, qu’ils soient ou non sans culotte.
Même au forum, nous voulons qu’elles aient la joue lisse et qu’elles portent jupon et, vraiment, elles ne sont pas bien habiles féministes, les femmes qui nous donnent à penser qu’elles se comportent exactement. » comme des hommes.
- 1924 Le supplément littéraire du Figaro, sur Le Salon de « Fœmina »
Sur le livre de M. Vaudoyer sur Mme Bulteau [10]
- Robert Montesquiou, Brelan de dames [11]
Jean de Bonnefon, déjà nommé, a tracé, de Madame Bulteau, dans la même Corbeille des Roses, un portrait fort bien venu, plutôt que très bienveillant.
Moi qui le suis, j'insiste sur ce point, je ne fais que citer : « Adonnée au journalisme, cette dame a retrouvé les formes perdues de l'ancienne chronique d'idées, sans renouveler les idées. — Elle signe tour à tour Fœmina et Jacques Vontade ; mais sous l'un et l'autre pseudonyme, elle fait naître cette pensée dans l'esprit du lecteur : « Je suis tombé sur un vieux journal. » — C'est toujours le bavardage de Madame de Girardin, diminué par une préoccupation de philosophie virile. Quand elle signe Jacques Vontade, Madame Bulteau ne donne pas l'illusion de la virilité littéraire. Elle est simplement » — horresco referens ! — « une impuissance qui veut faire l'homme. »
« Madame Bulteau n'a, d'ailleurs, aucune prétention professionnelle. » — En êtes-vous bien sûr, Monsieur de Bonnefon ?... — « Femme du monde parfaite, digne de profond respect par la tenue de sa maison et de sa vie, elle écrit pour échapper à l'ennui de la route. Elle écrit vite des chroniques qui descendent plus vite dans l'oubli et s'y enfoncent sous le poids des admirations amicales. »
Un peu oursonnes, aussi peut-être.
« C'est Nietzsche ! » s'écriait, un jour, en parlant de la hautaine Bi-Mensuelle, une de ces admirations-là.
Un mauvais plaisant qui passait, rectifia désobligeamment : « Vous voulez dire : C'est Nichts. »
- https://archive.org/details/assembledenotab00montgoog/page/n153/mode/1up
- Léon Blum [12]
- Laure Rièse Les salons littéraires parisiens du Second Empire à nos jours [13]
Citations
[modifier]- La femme ne possède l’homme que dans la souffrance [14]
- https://archive.org/details/lesmatreshumor01gavauoft/page/n108/mode/1up?q=%22Jacques+Vontade%22
Sur ses écrits avant de transférer
[modifier]Lettres posthumes ?
[modifier]- Le Figaro [15]
LE FIGARO. MARDI 29 JANVIER 1924
Courrier des Lettres
Les papiers posthumes de Mme Bulteau.
En attendant que l'on compose un copieux florilège avec les plus belles chroniques que Mme Bulteau, avant la guerre, donna au Figaro sous les pseudonymes de Jacque Vontade et de Fœmina, l'on va publier, dans le courant de cette année, deux volumes contenant chacun une suite de let- tres qui lui furent adressées par deux écrivains prématurément disparus.
Les amitiés littéraires de cette femme supérieurement intelligente et généreuse furent à la fois nombreuses et choisies. Le rôle de Mme Bulteau ne fut pas celui d'une femme du monde qui a un salon et qui y reçoit une élite d'écrivains et d'artistes; Elle fut surtout une conseillère écoutée, une confidente attentive, une animatrice fervente. L'on sien 'rendra ̃- cornpte -en' lisant lés > lettrés que f 'lui adressa^ïj-j ̃•̃ Tolilet.- Qes. let&es paraîtront avec une introduction, de Jean-Louis Vaudoyer.. Beaucoup de lecteurs y découvriront, un Toulet peu connu moins, strictement sur la défensive un Toulet presque' tendre. L'on s'en rendra compte aussi IbïsqVoniÊonnaîtra l'émouvant « Journal par lettres* nb<5lM^!pêndant les- derniers mois de sa vie, Jean de TinBn?envoya régulièrement à Mme Bulteau, près, de laquelle il trouva une assistance quasi maternelle. Ces lettres de Jean de Tinan paraîtront en, librairie le dessinateur Maxime Dethomas, qui fut l'ami des deux correspondants, parlera sans doute d'eux au début du volume.
- ↑ Un voyage, par Jacque Vontade (Fœmina). Paris, Grasset,