Discussion Auteur:Camille Bélilon
Ajouter un sujet- Dans le Mercure de France [1]
Sources
[modifier]- Camille Bélilon, Le Journal des femmes, 1er juin 1904 [2]
Vous connaissez la fable de l’âne et du petit chien. Impossible au premier de prendre les allures du second.
C’est ainsi qu’une antiféministe enragée, Mme Collette Yver, parlant de la situation des femmes, essaye de se donner des airs d’apôtre.
Au début d’un article paru dans l’Écho de Paris, nous lisons ces lignes :
La femme en possession d’un métier, porte en elle un capital. Celui qui l’épousera ne connaîtra pas, dut-il mourir jeune, l’angoisse de laisser derrière lui un pauvre être désemparé, voué avec ses enfants, à la misère.
Voilà qui n’est pas en désaccord avec le bon sens, c’est féministe en même temps qu’humanitaire.
Mais quoi ! chassez le naturel, il revient au galop !
Aussi, Mme Yver s’empresse-t-elle d’ajouter :
La grande affaire de la vie conjugale est encore le pot-au-feu, l’ordre et la bonne cuisine. La femme qui aura sacrifié sa profession à son mari…
Est-ce seulement la profession qui sera sacrifiée ?
… n’attendra pas longtemps pour être récompensée de mille manières.
Et parmi ces mille manières d’être récompensée, il y a la dépendance absolue en l’état de mariage et la perspective de mourir de faim en cas de veuvage ! Le confort, la bonne cuisine sont sacrés lorsque c’est l’homme qui en jouit. La veuve n’y a aucun droit. Le pauvre être désemparé, voué, avec ses enfants, à la misère, Mme Collette Iver n’y pense déjà plus, si ce n’est pour lui conseiller de se sacrifier…
Non, Madame, n’essayez pas de plaider la cause des femmes :
Ne forçons point notre talent, Nous ne ferions rien avec grâce.
Dans le même journal, peut-être dans le même article, un fragment de lettre est reproduit.
Il est terrible, ce correspondant, il menace ! Lisez :
Savez-vous, Madame, qu’il existe une ligue dont je fais partie, où l’on s’engage à ne pas épouser une jeune fille ayant embrassé une carrière masculine.
Ô brave Monsieur, ô chers Ligueurs ! merci pour les jeunes filles qui ont ainsi l’heureuse certitude de ne point vous avoir pour époux !
Et vous, Mesdemoiselles, qui n’exercez pas une carrière dite masculine, vite embrassez en une pour être à l’abri du danger de devenir les conjointes de ces messieurs là !
Camille Bélilon.
À propos
[modifier]- A. Mansker, Sex, Honor and Citizenship in Early Third Republic France - Page 54, 2011
Camille Bélilon crée un petit groupe féministe, Le Jury féminin, en 1905 pour protester contre l'exclusion des femmes du jury et dénoncer ce qu'elle appelle la « justice unisexuelle ». Ce groupe a affirmé que le système judiciaire français était
- Fabrice Boyer, Viol des corps, Viol de la Nation, 2015 : Camille Bélilon aurait pris position pour l'avortement dans le cas des françaises enceintes d'Allemand pendant la guerre 14-18 [3]
- [4] Catalogue
Pelletier d’Escamps (Mme C.)
-- Histoire d’une femme. Préface d’Alfred Naquet In 18, 119 p., 1914. Imprimerie Dangon, 123 rue Montmartre, 75 c.
avec Mme Camille Bélilon.